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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 18:52

L’Ukraine déloge des militants pro-russes à Kharkiv (Reuters)

La police ukrainienne a délogé des dizaines de militants pro-russes qui occupaient le siège de l'administration régionale à Kharkiv mais le mouvement en faveur d'un rattachement des régions de l'est de l'Ukraine à la Russie se poursuivait Mardi 8 Avril 2014 à Donetsk et Louhansk.

L'Ukraine, appuyée par les Etats Unis et les pays de l'Union Européenne, accuse la Russie d'orchestrer l'agitation dans l'est de son territoire en répétant le scénario qui a vu Moscou reprendre à Kiev la péninsule de Crimée début mars. Comme en Crimée, des manifestants ont pris d'assaut dimanche soir des bâtiments officiels à Kharkiv, Donetsk et Louhansk pour exiger la tenue d'un référendum d'autodétermination.

C'est à la suite d'une telle consultation populaire, dénoncée par Kiev et les pays occidentaux, que la Russie a absorbé la Crimée, ukrainienne depuis 1954.

La Russie, qui a massé des forces le long de la frontière, a de nouveau averti mardi les nouvelles autorités ukrainiennes qu'elles ne devaient pas ignorer les revendications des régions russophones du sud est, coeur industriel et minier de l'Ukraine.

Le ministre ukrainien de l'Intérieur, Arsène Avakov, a déclaré que les manifestants pro-russes à Kharkiv avaient été dispersés lors d'une opération « anti terroriste » éclair, qui n'a duré que dix huit minutes.

La police, qui a essuyé des coups de feu sans en tirer, est intervenue en raison du refus des manifestants de se rendre et de déposer les armes, a précisé un collaborateur du ministre. Un policier a été grièvement blessé.

SÉPARATISME

Arsène Avakov a imputé la responsabilité de cette occupation au président russe Vladimir Poutine et à l'ancien président ukrainien pro-russe Viktor Ianoukovitch, destitué le 22 février à la suite de trois mois de contestation dans la rue.

« Tout ce qui se passe à Kharkiv a été inspiré et financé par le clan Poutine Ianoukovitch », a-t-il déclaré.

Les soixante dix militants pro-russes interpellés sont accusés entre autres « d'activités illégales liées au séparatisme, organisation de troubles de masse, atteinte à la santé humaine », a précisé le ministère de l'intérieur.

Le face-à-face continue en revanche à Donetsk, fief de Viktor Ianoukovitch, où un groupe d'élus pro-russes retranché à l'intérieur du siège de l'administration régionale a proclamé lundi la création d'une république séparatiste.

A Louhansk, des manifestants se sont emparés du bâtiment de la sécurité d'état (SBU), où ils ont saisi des armes, selon la police.

« Nous espérons que les bâtiments occupés à Donetsk et Louhansk seront bientôt libérés », a dit le président par intérim Oleksander Tourtchinov.

Rien n'indique toutefois que la police s'apprête à intervenir dans ces deux villes.

Les effectifs des manifestants pro-russes semblent limités et les nationalistes ukrainiens considèrent que l'occupation des bâtiments publics a été facilitée par l'inaction de policiers locaux corrompus.

« GUERRE CIVILE »

A Donetsk, l'homme le plus riche d'Ukraine, Rinat Akhmetov, qui a fait fortune dans la sidérurgie et l'énergie, a entrepris une médiation avec les militants pro-russes mais son initiative et ses appels à la retenue pourraient réduire la marge de manoeuvre des autorités.

Régulièrement vilipendé par Moscou en raison de son orientation pro-européenne, le nouveau pouvoir ukrainien pourrait toutefois privilégier la retenue et attendre que l'agitation s'éteigne d'elle-même afin de ne pas fournir d'arguments à la Russie en faveur d'une intervention militaire.

La situation dans l'est de l'Ukraine est observée avec inquiétude par les pays occidentaux, avec en toile de fond la crainte de voir la Russie utiliser l'arme du gaz, dont dépend en partie l'Union européenne.

Les Etats-Unis ont prévenu lundi la Russie qu'elle ne devait pas intervenir en sous-main dans l'est de l'Ukraine, où, selon la Maison Blanche, des indices crédibles montrent que les manifestants pro-russes sont payés.

Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a rejeté mardi ces accusations et réclamé une nouvelle fois la prise en compte des intérêts des régions russophones d'Ukraine.

Son ministère a appelé un peu plus tôt dans la journée Kiev à suspendre « immédiatement » ses préparatifs militaires dans le sud-est de l'Ukraine, en mettant en garde contre le risque de « guerre civile » en cas d'intervention contre les manifestants pro-Kremlin.

Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a averti mardi la Russie qu'elle commettrait une « erreur historique si elle intervenait davantage » en Ukraine.

Seul signe pointant vers un apaisement, Sergueï Lavrov a confirmé qu'un forum quadripartite impliquant la Russie, les Etats-Unis, l'Ukraine et l'Union Européenne pourrait être formé afin de chercher une issue à la crise, ce que Washington avait annoncé lundi.

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