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28 juin 2014 6 28 /06 /juin /2014 19:45

BILAN DE LA GREVE DU METRO DE SAO PAULO

Vous trouverez ci-dessous la deuxième et dernière partie d’une déclaration de la Ligue Stratégie Révolutionnaire Quatrième Internationale relative au bilan de la grève du métro de Sao Paulo.

Le message est disponible en totalité à l’adresse ci-dessous.

Bernard Fischer

http://www.ccr4.org/Pourquoi-les-travailleurs-du-metro-de-Sao-Paulo-n-ont-ils-pas-gagne

Déclaration de la Ligue Stratégie Révolutionnaire Quatrième Internationale

Pourquoi les travailleurs du métro de São Paulo n’ont-ils pas gagné ?

Jeudi 26 Juin 2014

Coordination réelle des luttes contre confiance en la bureaucratie et utilisation des assemblées comme une tribune

Le PSTU n’a pas seulement empêché la coordination avec les conducteurs de bus, les cheminots, les professeurs de la ville de Sao Paulo et l’Université de Sao Paulo avant la grève. Quand la grève a commencé seule l’Université de Sao Paulo restait en lutte er lançait des appels à l’unité, des manifestations dont l’axe central était la solidarité avec les metroviários et d’autres initiatives n’ont pas manqué.

Au lieu de diffuser ces initiatives parmi les travailleurs et d’organiser concrètement l’unité dans tous les secteurs où le syndicat CSP Conlutas est présent, les dirigeants n’ont fait qu’envoyer des motions et autres soutiens individuels (qui, même s’ils sont fondamentaux, ne demandent aucune organisation de la base). Ajouté à cela il faut mentionner la venue de candidats aux élections ou des figures syndicales qui sont venus prendre la parole dans nos assemblées comme s’il s’agissait d’une tribune. Dans la jeunesse, le PSOL et le PSTU n’ont fait que boycotter toutes nos initiatives. Enfin, ils ont alimenté toute sorte d’illusions vis-à-vis de la bureaucratie syndicale, le summum ayant été atteint lorsqu’ils ont dit que s’il y avait des licenciements, alors il y aurait une grève générale au niveau de la ville de São Paulo, prouvant alors leur sincérité en donnant la parole aux bureaucrates syndicaux de tout poil.

Pour nous, la CSP Conlutas aurait dû mettre toutes ses forces en action pour que la grève au métro de São Paulo soit victorieuse, et à partir de cette action unifiée, exige l’intervention des grandes centrales syndicales, tout en expliquant les limites de cette exigence pour que les travailleurs ne fassent confiance qu’en leurs propres forces en alliance avec les autres secteurs en lutte et la population qui les soutenait.

Une alliance réelle avec la population contre des fausses exigences au gouvernement

La population a beaucoup soutenu la grève. Même si l’exigence opposée au gouvernement de permettre aux gens de voyager gratuitement le temps des négociations était très populaire, la raison de ce soutien était plus profonde. En effet, depuis les manifestations de juin 2013, la revendication d’un transport public de qualité est devenue centrale et les grèves des travailleurs ont connu un soutien inouï. Ce soutien était la base pour concrétiser l’alliance entre les metroviários et la population, ce qu’en tant que MPB (Metroviarios Pela Base, Travailleurs du Métro par la Base) nous défendons depuis des années. Mais il était nécessaire d’aller au-delà de cette exigence.

Il était nécessaire de mettre au centre de nos revendications effectives (et pas seulement en parole) la lutte pour la réduction des tarifs du transport et pour l’étatisation des transports sous contrôle des travailleurs et des usagers. C’est cela que nous défendions même avant la grève. Si nous voulons sortir du cadre routinier et entamer une grève longue pour nos revendications structurelles, c’est seulement à travers cette alliance solide que nous pouvons le faire. C’est seulement comme ça que nous pouvons lutter contre la manipulation de la population par le gouvernement qui l’a retournée contre nous à cause des perturbations du trafic provoquées par la grève. La lutte pour de meilleures conditions de travail pour les metroviários doit être menée avec la population pour le transport public, et sous contrôle des travailleurs et les usagers.

Le PSTU et la majorité de la direction mettent fin à la grève alors qu’il y avait des licenciés et qu’il était possible de retourner la situation !

Ici nous développons une politique alternative à celle qui a été imposée par la direction du syndicat. Une politique que nous n’avons même pas pu défendre dans des assemblées bureaucratiques. Avec cette stratégie erronée de la direction, avant et pendant la grève, il était très difficile de gagner, même avec toute la force héroïque dont la base avait fait preuve au cours de cette mobilisation.

Mais une chose était claire pour des secteurs très larges des metroviários, sortir de cette grève avec des salariés licenciés, c’est-à-dire avec une défaite, était complètement inacceptable. Après que la grève ait été déclarée illégale, certains travailleurs ont eu peur et ont repris le travail. Mais il s’agissait d’une minorité. Leur nombre n’a augmenté que lorsque le syndicat a commencé à enterrer la grève. Maintenant, la direction du syndicat rejette la faute exclusivement sur les travailleurs qui ont repris le travail, comme si elle n’était pas la principale responsable de la défaite.

En effet, lors de l’assemblée qui a suivi l’annonce des licenciements, l’aile de la direction liée au PSTU a proposé une défense très faible de la continuité de la grève. Une autre aile a proposé de suspendre la grève pour la reprendre le jour du match d’ouverture de la Coupe du Monde. Ce secteur s’est allié au PCdoB qui voulait mettre fin à la grève dès le Dimanche 8 Juin 2014. Malgré toutes ces manœuvres la base démontrait sa détermination et le vote de la suspension de la grève n’est passé que grâce à une petite majorité (soixante pour cent contre quarante pour cent pour continuer la grève).

Mercredi 11 Juin 2014, la veille du début de la Coupe du Monde, le PSTU est venu à l’assemblée avec l’intention ouverte de mettre fin à la grève. Ils ont employé un discours hypocrite et enflammé sur une « déclaration de guerre contre les licenciements, guerre » que jusqu’à présent personne n’a vu, à part les efforts de la LER-QI en ce sens. Même après les discours démoralisateurs, près de vingt pour cent des travailleurs ont voté pour continuer la grève.

Des centaines de travailleurs savent que nous avions les forces au moins d’empêcher les licenciements et d’obtenir le paiement des jours de grève, ce qui aurait constitué une grande victoire politique, car ceux d’en face étaient divisés de peur que la grève ne continue pendant la Coupe du Monde. En ce sens même Lula avait déclaré qu’Alkmin devait céder. Dans cette conjoncture, il aurait été difficile pour le gouvernement de l’état de São Paulo de maintenir les quarante-deux licenciements et la menace qui pesait sur trois cent autres salariés car il avait déjà utilisé tous ses atouts et la pression sur le gouvernement augmentait au fur et à mesure que le début de la Coupe du Monde s’approchait. Le PSTU et le PSOL, qui lors des manifestations de juin 2013 n’avaient joué aucun rôle déterminant dans la lutte de classes, ont montré encore une fois la faillite stratégique dans laquelle ils se trouvent, cette fois à la direction du syndicat des travailleurs du métro.

La lutte conséquente pour la réintégration des licenciés dépend de la mobilisation de la base

Il est possible encore de revenir sue les licenciements. Mais nous ne pouvons plus faire confiance en la politique « faciliste » du syndicat qui affirme qu’étant donné les irrégularités du dossier la réintégration des licenciés est garantie, qu’il suffirait de s’occuper de la partie juridique et de faire une campagne pour la forme. Non, nous devons développer la plus grosse lutte contre les licenciements que ce pays n’ait jamais vue, et nous ne pouvons pas nous attendre à ce que ce soit la direction du syndicat qui mène cette lutte.

Une telle campagne cependant dépend de la mobilisation de la base.

Continuons à montrer notre force. Nous devons évidemment utiliser tous les ressources juridiques et les brèches de la justice. Mais il y a une grande détermination dans d’autres secteurs et dans la jeunesse pour s’allier à notre lutte. Nous pouvons gagner mais seulement si nous reprenons en nos mains cette bataille, non seulement avec les très importants soutiens symboliques, mais en discutant avec les bases des mesures à prendre comme des grèves partielles et des manifestations.

Construisons un courant de centaines de metroviários pour une alternative combattive et de classe !

Malgré la défaite, les metroviários ont donné un grand exemple de mobilisation et se sont intégrés à l’avant-garde de la classe ouvrière. Mais nous pourrons faire peser notre secteur en tant que tel seulement si nous arrivons à construire un courant combattif et de classe de centaines de metroviários, à partir de la base, pour prendre la direction du syndicat et pour mener une politique conséquente comme celle que nous défendons. Nous devons nous appuyer sur les leçons des mobilisations de juin 2013, qui ont commencé à travers la lutte pour la réduction des tarifs des transports publics, et des diverses grèves des travailleurs du transport qui ont eu lieu cette année. Cette tache va au-delà des forces actuelles de la LER-QI et du MPB dans notre secteur. C’est pour cela que nous appelons tous les metroviários à nous rejoindre dans cette perspective.

Laisser la défaite des travailleurs du métro se consolider serait une défaite pour l’ensemble de notre classe et pour la jeunesse engagée dans les mobilisations de juin 2013, qui ont changé la situation dans le pays. Laisser passer ces licenciements signifierait donner de la confiance au gouvernement, et le laisser se renforcer au point de pouvoir augmenter à nouveau les tarifs du transport public. Et surtout ce serait un coup porté à notre lutte stratégique pour l’étatisation des transports publics sous contrôle des travailleurs et des usagers.

C’est pour cela que nous appelons aussi la jeunesse qui a lutté en juin 2013 et à tous les travailleurs et travailleuses à lancer avec nous cette grande campagne pour la réintégration des quarante-deux metroviários.

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