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22 décembre 2014 1 22 /12 /décembre /2014 20:00

Béji Caïd Essebsi remporte l’élection présidentielle en Tunisie (Reuters)

Béji Caïd Essebsi, candidat de l'alliance laïque Nidaa Tounès, a remporté la première élection présidentielle libre en Tunisie, ultime étape de la transition démocratique entamée avec le soulèvement populaire qui avait provoqué la chute de Zine ben Ali en janvier 2011.

Selon les résultats officiels, Béji Caïd Essebsi a obtenu 55,68% des suffrages lors du second tour de scrutin organisé Dimanche 21 Décembre 2014 contre 44,32% à son rival Moncef Marzouki, qui assurait les fonctions de président par intérim depuis sa désignation par l’assemblée constituante en décembre 2011.

Après l'annonce de la victoire du candidat de l'alliance laïque, des manifestants ont incendié le bureau de Nidaa Tounès à Tataouine, dans le sud du pays. Avant même la publication des résultats officiels, des affrontements avaient opposé les forces de l'ordre à des groupes de jeunes manifestants à Hamma, également dans le sud.

« Des centaines de jeunes, mécontents de l'annonce faite par Béji Caïd Essebsi de sa victoire, ont brûlé des pneus dans les rues de la ville et la police a procédé à des tirs de gaz lacrymogène et interpellé plusieurs d'entre eux », a déclaré Ammar Giloufi, un habitant d’Hamma. « Tous les magasins sont fermés. Les manifestants chantent non à l'ancien régime ».

Selon un autre habitant, les protestataires ont tenté de s'en prendre à un commissariat de police mais ont été repoussés par des tirs de gaz lacrymogène.

Une partie de la population tunisienne considère que la victoire de Béji Caïd Essebsi, qui est âgé de quatre-vingt-huit ans et occupa le poste de président de la chambre des députés en 1990 et en 1991 à l'époque de Ben Ali, marque un retour au pouvoir des membres de l'ancien régime.

« BRILLANT EXEMPLE »

Béji Caïd Essebsi, qui fut également ministre de Habib Bourguiba, premier président après l'indépendance de la Tunisie, se présente comme un technocrate laïc dont, dit-il, le pays a besoin après trois années de gestion par une coalition dominée par les islamistes.

Devant le siège de Nidaa Tounès, à Tunis, des centaines de partisans ont célébré dans la rue la victoire de leur candidat, chantant et agitant des drapeaux tunisiens.

« Nous avons en partie réussi notre lutte », déclare Aya Khiari, un sympathisant du président nouvellement élu. « Ces élections n'étaient qu'une étape, la bataille pour construire la Tunisie ne fait que commencer ».

Moncef Marzouki, qui s'était réfugié en France sous le régime de Zine Ben Ali, n'a pas fait de déclaration dans l'immédiat mais a félicité son adversaire dans un message mis en ligne sur la page officielle de sa campagne sur facebook.

Le président sortant, qui s'est vu reprocher son alliance avec les islamistes d’al Nahda qui lui avait permis d'être élu président de transition, estime que l'accession de Béji Caïd Essebsi au poste de chef de l’état est de nature à remettre en cause la « révolution de jasmin », il y a quatre ans, qui fut le déclencheur d'une série de soulèvements dans le monde arabe.

Le président Barack Obama et son secrétaire d’état, John Kerry, ont félicité Béji Caïd Essebsi pour sa victoire ainsi que la Tunisie pour la conclusion de sa première élection présidentielle sous la nouvelle constitution.

« La Tunisie a fourni un brillant exemple à la région et au monde de ce qui peut être réalisé à travers la démocratie, le consensus et un processus politique ouvert », a déclaré John Kerry dans un communiqué.

Le parti de Béji Caïd Essebsi devra désormais désigner un premier ministre et former un nouveau gouvernement de coalition avant de s'attaquer au contrôle de l'extrémisme islamiste et à des réformes économiques qui s'annoncent délicates.

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