Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 décembre 2014 3 24 /12 /décembre /2014 20:15

RULES FOR RADICALS

Vous trouverez ci-dessous la première partie d’un message relatif à Saul Alinsky

Le message est disponible en totalité à l’adresse ci-dessous.

Bernard Fischer

http://www.les-renseignements-genereux.org/fichiers/10682

La méthode Alinsky

Synthèse du livre « Rules for Radicals » de Saul Alinsky, un manuel pour les révolutionnaires « made in USA »

Comment combattre efficacement les inégalités sociales, les discriminations et le capitalisme ? Que faire pour surmonter la résignation et le fatalisme ambiants ? Par où commencer ?

Nous vous proposons quelques réponses à travers l'expérience et la pensée d'un militant des Etats Unis méconnu en France, Saul Alinsky. De 1940 à 1970, cet activiste a semé la révolte dans les taudis et les quartiers pauvres de Chicago, de New York, de Boston ou de Los Angeles. Son objectif était d’aider les personnes les plus démunies à s'organiser pour améliorer leurs conditions de vie et combattre les méfaits du capitalisme. Ses méthodes étaient le travail de terrain, la patience, la ruse et l'action directe, de préférence non violente et ludique.

En 1971, dans « Rules for Radicals », un livre-testament principalement destiné aux jeunes révolutionnaires, il décrit ses expériences, ses stratégies, sa vision du changement social.

Quarante ans plus tard, découvrons ou redécouvrons la « méthode Alinsky ».

Qui est Saul Alinsky ? Né en 1909 de parents immigrés russes, Saul Alinsky grandit dans un quartier pauvre de Chicago, au plus près de la misère sociale. En 1927, plutôt bon élève, il intègre l’université et débute des études de sociologie. Passionné de criminologie, il se lance en 1930 dans une thèse sur les gangs urbains de Chicago. Pendant plusieurs années, en pleine période de crise économique, Saul Alinsky étudie la mafia, approchant de près le réseau d'Al Capone. De cette plongée dans la « face obscure » de la ville, Saul Alinsky aboutit à une conclusion qui le suivra toute sa vie, les principales causes de la criminalité sont les mauvaises conditions de vie, le chômage, la discrimination raciale, et de manière plus générale l'organisation capitaliste de la société. Pour affaiblir les gangs, il faut avant tout lutter contre un système social et économique injuste, raciste et inégalitaire.

Nommé criminologue dans une prison d’état de l'Illinois, Saul Alinsky s'engage de plus en plus dans la lutte politique. Il organise des collectes pour les travailleurs saisonniers de Californie, soutient financièrement les brigades internationales en Espagne, rejoint le CIO, le plus grand syndicat ouvrier des États-Unis. Toutes ces années, plusieurs questions l'obsèdent, comment lutter plus efficacement, comment surmonter le climat de passivité, de divisions fratricides et de fatalisme qui règne la plupart du temps dans les milieux sociaux les plus exploités et comment réduire l'asymétrie entre, d'un côté, une population pressurisée, précarisée et inorganisée, et, de l'autre, des autorités, une administration et des organisations patronales solidement structurées ?

Au fil de ses expériences, Saul Alinsky imagine une stratégie possible, pour aider les personnes les plus opprimées à s'organiser, à construire des luttes autogérées, radicales et efficaces, pourquoi ne pas implanter des « animateurs politiques » dans les quartiers pauvres, des organizers, des spécialistes de l'organisation populaire ?

En 1939, à trente et un ans, Saul Alinsky décide de mettre ses idées en pratique. Il quitte son travail et s'installe dans Back of the Yards, le quartier le plus misérable de Chicago. Au milieu des chômeurs, des ouvriers sous-payés, des baraquements sales, du climat de haine entre immigrés polonais, slaves, noirs, mexicains et allemands, Saul Alinsky commence par écouter et observer.

Patiemment, il s'intègre à la vie du quartier, tisse des liens amicaux, identifie les rapports de force, cerne les principaux problèmes et des solutions possibles. Peu à peu, il suggère des rencontres entre habitants, encourage les uns et les autres à prendre la parole, à exprimer leur colère face aux propriétaires, aux autorités ou aux patrons locaux, puis à définir des revendications et imaginer des stratégies de victoire. Parmi ces stratégies, Saul Alinsky appuie fortement les propositions d'actions directes non violentes et ludiques, et participe activement à leur organisation. Bientôt, les premières actions s'organisent, sit-in festif devant la villa d'un propriétaire véreux qui refuse de rénover un immeuble, boycott d'un magasin pour exiger des prix plus bas, lâcher de rats au conseil municipal pour obtenir la mise aux normes sanitaires de logements sociaux, auto-réduction collective des loyers, occupations d'usines, manifestations et pétitions. De luttes en luttes, les succès s'accumulent, la participation des habitants s'intensifie, les actions prennent de l'ampleur. Trois ans plus tard, les améliorations du quartier Back of the Yards sont nettement visibles et font la une des médias locaux, de nombreux loyers ont été réduits, des bâtiments réhabilités, les services municipaux améliorés, les salaires de certaines entreprises locales augmentées, tandis que plusieurs collectifs autonomes d'habitants maintiennent une forte pression populaire.

Pour Saul Alinsky, le bilan de ces trois années d'engagement est largement positif, il a le sentiment d'avoir expérimenté une stratégie efficace et reproductible. Pendant plus de trente ans, il va sillonner les États-Unis pour diffuser ses méthodes, former des centaines d’organizers, proposer ses talents de stratège et sa notoriété croissante au service des saisonniers mexicains en Californie, des ouvriers de l'entreprise Kodak de Rochester, des populations noires de New York et plusieurs dizaines d'autres luttes dans tout le pays. Si Saul Alinsky déménage régulièrement, les cibles de ses actions restent généralement les mêmes, des propriétaires véreux, des maires racistes, des patrons cupides et la police. Dans le contexte de répression politique du maccarthysme, Saul Alinsky est plusieurs fois emprisonné.

À la fin des années 1960, alors que les luttes étudiantes, les mouvements civiques et les manifestations contre la guerre du Vietnam sont en plein essor, Saul Alinsky s'intéresse à l'organisation politique des classes moyennes. Dans quelle mesure ses méthodes sont-elles pertinentes et transposables dans des milieux sociaux plus aisés ? En 1971, un an avant sa mort soudaine, il publie « Rules for Radicals », un manuel principalement destiné aux jeunes révolutionnaires. Saul Alinsky y décrit sa vision de l'activité politique, ses réflexions et ses expériences sur les conditions du changement social.

Partager cet article
Repost0

commentaires