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26 janvier 2015 1 26 /01 /janvier /2015 19:24

Alexis Tsipras mandaté par les grecs pour combattre l’austérité (Reuters)

Alexis Tsipras a prêté serment Lundi 26 Janvier 2015 en Grèce comme nouveau premier ministre d'un gouvernement déterminé à négocier pied à pied avec les créanciers internationaux et à tourner la page de cinq années d'austérité.

Quelques heures seulement après sa très nette victoire aux législatives, le jeune chef du parti de gauche Syriza, âgé de quarante ans, a conclu dans la matinée un accord de gouvernement avec le mouvement des grecs indépendants, droite souverainiste, ce qui lui permettra d'entamer rapidement les négociations avec les bailleurs de fonds d'Athènes.

« Nous avons une route abrupte à gravir », a déclaré Alexis Tsipras au président Karolos Papoulias juste avant de prêter serment, sans cravate comme à son habitude, ni la bénédiction orthodoxe qui accompagne traditionnellement cette cérémonie, il en avait fait la demande à l'archevêque Ieronymos.

Syriza a frôlé dimanche la majorité absolue, avec plus de trente-six pour cent des voix et cent quarante-neuf députés sur un total de trois cent à la Vouli. Avec le renfort des grecs indépendants, qui disposent de treize élus au parlement, le nouveau gouvernement disposera d'une majorité de cent soixante-deux sièges.

L'accord conclu avec le petit parti de Panos Kammenos donne naissance à une alliance entre la gauche et la droite inhabituelle mais soudée par l'opposition aux conditions dont dépend l'aide financière de la troïka, Union Européenne, Banque Centrale Européenne et Fonds Monétaire International.

« La Grèce laisse derrière elle une austérité catastrophique, elle laisse derrière elle la peur et l'autoritarisme, elle laisse derrière elle cinq années d'humiliation et d'angoisse », a affirmé dimanche soir Alexis Tsipras, le poing levé, devant plusieurs milliers de ses supporters réunis à Athènes.

Les marchés financiers ont réagi plutôt calmement à la victoire de Syriza, la bourse d'Athènes a cédé plus de trois pour cent mais l'euro, tombé dans la nuit à 1,11 dollar, est remonté à 1,126. Le rendement des obligations d’état grecques à dix ans, lui, se tendait légèrement mais restait sous la barre de neuf pour cent.

UN NOUVEAU GOUVERNEMENT DÉVOILÉ MARDI

Le gouvernement que s'apprête à former Alexis Tsipras sera le premier, dans la zone euro, élu sur un programme d'opposition aux politiques de rigueur budgétaire et d'austérité économique prônées par l'Union Européenne depuis le début de la crise et toujours défendu par plusieurs pays membres, Allemagne en tête.

La composition du cabinet devrait être dévoilée mardi. Yanis Varoufakis, un économiste farouchement hostile aux politiques d'austérité, devrait obtenir le portefeuille des finances.

« Le peuple de Grèce a offert un vote d'espoir. Il s'est servi des urnes, dans une splendide célébration de la démocratie, pour mettre un terme à une crise qui s'auto alimente, nourrit l'indignité et les forces les plus sombres en Europe », a-t-il écrit sur son blog.

Pour la première fois depuis quarante ans et la fin de la dictature du régime des colonels en 1974, ni les socialistes du Pasok, ni les conservateurs aujourd'hui regroupés dans Nouvelle Démocratie, le parti du premier ministre sortant Antonis Samaras, ne seront au pouvoir à Athènes.

Nouvelle Démocratie a pris la deuxième place du scrutin avec vingt-sept pour cent des voix devant le parti d'extrême droite Aube Dorée (6,3%) et le parti centriste To Potami (6%), le Pasok terminant à la septième place (4,7%).

Le mouvement des grecs indépendants, né en 2012 d'une scission de la Nouvelle Démocratie, diffère de Syriza sur nombre de sujets de société, comme l'immigration illégale, qu'il veut réprimer, ou les liens entre l’état et l’église orthodoxe, qu'il défend.

Mais les deux partis se retrouvent sur la même ligne dans leur rejet des contreparties liées aux deux cent quarante milliards d'euros des plans d'aide accordés à la Grèce.

Le parti de droite a notamment bataillé pendant la campagne des législatives contre la levée d'un moratoire sur les saisies de biens immobiliers réclamée par les créanciers internationaux.

« Pas de maisons aux mains de banquiers, le chantage est terminé », a lancé Panos Kammenos.

LA GRÈCE « DOIT PAYER, CE SONT LES RÈGLES DU JEU »

Les ministres des finances de la zone euro devaient débattre de l'issue du scrutin grec lors de leur réunion mensuelle en fin de journée à Bruxelles.

Les européens se sont dits prêts à accorder plus de temps à Athènes pour rembourser son passif mais ne semblent guère disposés à négocier une réduction de la dette.

Le ministre italien de l’économie Pier Carlo Padoan a toutefois relevé que le message envoyé par la Grèce était le besoin de croissance et d'emploi, qu'il fallait concilier avec la rigueur budgétaire, ce que ne cesse de répéter le président du conseil italien Matteo Renzi.

« La France sera aux côtés de la Grèce » pour préparer son avenir, a de son côté déclaré François Hollande au nouveau premier ministre grec, Alexis Tsipras, lors d'un entretien téléphonique.

Du côté de la Banque Centrale Européenne, Benoît Coeuré, l'un des six membres du directoire de l'institution, a d'ores et déjà exclu tout effacement, même partiel, de la dette grecque, sans pour autant non plus fermer la porte à un rééchelonnement.

Alexis Tsipras « doit payer, ce sont les règles du jeu européen, il n'y a pas de place pour un comportement unilatéral en Europe, cela n'exclut pas une discussion par exemple sur le rééchelonnement de cette dette », a-t-il dit.

La Grèce, dont la dette, à trois cent vingt et un milliards d'euros, représente cent soixante-quinze pour cent du produit intérieur brut, est incapable de se financer seule sur les marchés alors qu'elle devra faire face à environ dix milliards d'euros d'échéances cet été.

Elle doit donc trouver un compromis avec la troïka pour débloquer le paiement des sept milliards d'euros d'aide en suspens, alors que le plan de financement en cours expire le 28 février 2015. Une suspension de six mois des échéances prévues pourrait être le premier sujet à l'ordre du jour des négociations.

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