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13 juin 2015 6 13 /06 /juin /2015 18:18

http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/06/13/grece-le-scenario-du-defaut-de-paiement-se-precise_4653522_3234.html#xtor=AL-32280515

Le scénario du défaut de paiement se précise

Par Cécile Ducourtieux, correspondante du Monde à Bruxelles, et Adéa Guillot, correspondante du Monde à Athènes

Samedi 13 Juin 2015

Les responsables de la zone euro se préparent au pire. Ils craignent qu’un accord « réforme contre argent frais » entre Athènes et ses créanciers, la Banque Centrale Européenne (BCE), la commission européenne de Bruxelles et le Fonds Monétaire International (FMI), ne puisse pas être trouvé. Et qu’un défaut de paiement grec, aux conséquences imprévisibles, advienne d’ici quelques semaines, quand la Grèce, à court d’argent, se retrouvera dans l’incapacité de rembourser le FMI, un milliard six cent millions d’euros, dus au 30 juin 2015, ou la BCE, trois milliards cinq cent millions d’euros dus au 20 juillet 2015.

Pour la première fois depuis le début du bras de fer avec le gouvernement de la gauche radicale du premier ministre Alexis Tsipras, il y a maintenant presque cinq mois, ses partenaires de l’union monétaire « ont évoqué la nécessité de préparer un plan B, lors de la réunion des directeurs du trésor de la zone euro, Jeudi 11 Juin 2015, à Bratislava », assure une source européenne. Selon nos informations, ces responsables se seraient inquiétés du fait que la Grèce ne dispose pas d’une loi encadrant le contrôle des capitaux. En cas de défaut de paiement de l’état grec, les créanciers craignent un mouvement de panique des épargnants, entrainant des sorties massives de capitaux pouvant conduire des banques à la faillite.

« Il y a une prise de conscience dans les institutions, la BCE, le FMI et la commission européenne, qu’il faut se préparer à un défaut de paiement de la Grèce », ajoutait Vendredi 12 Juin 2015 une autre source européenne, pourtant d’habitude très prudente. Un scénario qui a provoqué la chute de la bourse d’Athènes le même jour qui perdait 5,92 %.

« Prendre la mesure de la situation »

« Nous devons évaluer toutes les possibilités, mais j’espère que les autorités grecques vont prendre la mesure de la situation », a dit à l’AFP, Vendredi 12 Juin 2015, Rimantas Sadzius, le ministre lituanien des finances. Jean-Claude Juncker, le président de la commission européenne, qui se démène depuis des semaines pour éviter le scénario du pire, et qui a passé à nouveau deux longues heures avec Alexis Tsipras, jeudi à Bruxelles, « a fait à ce moment-là une dernière tentative pour rendre un deal possible », selon une source diplomatique.

Ces messages alarmistes sont-ils un moyen d’obtenir de la Grèce le compromis décisif ? Probablement, car même si Athènes a démenti, Vendredi 12 Juin 2015, que de telles discussions sur un défaut aient eu lieu, même si des sources gouvernementales ont relativité les menaces, « à chaque fois, ces cinq dernières années, que les négociations se sont tendues, on nous a dit que le Grexit était imminent, les grecs n’y croient plus », Alexis Tsipras a tout de même annoncé qu’il dépêchait une nouvelle fois à Bruxelles, Samedi 13 Juin 2015, une équipe de négociateurs, dont son bras droit, Nikos Pappas, avec dans ses bagages une proposition pour sortir de l’impasse. « Les négociations devraient reprendre Dimanche 14 Juin et Lundi 15 Juin 2015 et se conclure si les propositions grecques sont acceptables » précise une source à Bruxelles.

Malgré ce nouveau signe d’ouverture, le sentiment était au pessimisme à Bruxelles, Vendredi 12 Juin 2015. Car cela fait plus de dix jours que les européens se sont mis dans la situation de « faire le deal », depuis que la chancelière Angela Merkel et le président François Hollande ont réuni à Berlin, Lundi Premier Juin 2015, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, et le président de la commission européenne, Jean Claude Juncker, afin qu’ils se mettent d’accord sur un projet d’accord commun.

Or, malgré la multiplication des réunions au sommet, Alexis Tsipras n’a pas cédé. Il a fait une première série de « contre-propositions », Lundi 8 Juin 2015, mais n’a pas semblé comprendre que les créanciers n’étaient plus prêts à transiger. « Ils ne peuvent pas aller plus loin dans le compromis. Cette proposition de début juin 2015 est la seule qui ait une chance de passer la barre d’un Euro-groupe à dix-neuf membres de la zone euro », précisait une source proche des négociations, Vendredi 12 Juin 2015.

Joug bruxellois

Il est proposé à Athènes une marge de manœuvre budgétaire, un surplus primaire, avant paiement des dettes, de un pour cent de son Produit Intérieur Brut (PIB) en 2015, deux pour cent en 2016, trois pour cent en 2017 et 3,5 % en 2018. « On a beaucoup desserré le verrou budgétaire », assure un responsable de haut niveau de la zone euro. Les créanciers exigeaient un objectif de 3,5 % pour 2015, avant l’arrivée d’Alexis Tsipras au pouvoir.

En revanche, les créanciers imposent à Athènes une nouvelle réforme des retraites et de la TVA. Mais, ils l’ont répété au premier ministre grec, ces derniers jours, ils sont flexibles. S’il refuse de supprimer les primes aux petites retraites ou d’instaurer une Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) à vingt-trois pour cent pour l’électricité, libre à lui de trouver des mesures alternatives.

A Athènes, Vendredi 12 Juin 2015, signal inquiétant, les positions politiques se figeaient. Le vice-ministre de la sécurité sociale, Dimitris Stratoulis, proche d’Alexis Tsipras, a couru les plateaux de télévision pour marteler qu’il n’était pas question que le gouvernement « cède aux pressions des créanciers et accepte de nouvelles baisses des retraites ». Tout au long de la journée, à mesure que les rumeurs de défaut grec enflaient à Bruxelles, Athènes a multiplié les notes aux médias expliquant pourquoi l’offre des créanciers ne pouvait être acceptée en l’état car, à part la revue à la baisse des objectifs d’excédent primaire, elle ne « reprenait aucune des propositions formulées ces quatre derniers mois par les négociateurs grecs ».

L’exercice est de fait périlleux pour Alexis Tsipras, élu sur la promesse d’en finir avec le joug bruxellois, mais obligé de naviguer entre un parti, Syriza, qui menace de ne pas voter au parlement un « mauvais accord » et une opinion publique partagée entre son désir d’en finir avec l’austérité et sa volonté de rester dans la zone euro.

« Faire de la pédagogie »

Ce qui inquiète aussi à Bruxelles, Paris ou Berlin, où le message lui a été clairement passé, est que le leader grec ne semble pas vouloir non plus accepter le « processus » de décision, les « règles du jeu européennes » que les créanciers veulent lui imposer. Malgré les heures passées par Jean Claude Juncker à « faire de la pédagogie » au leader grec. De fait, Alexis Tsipras a toujours dit vouloir un accord politique, et pourrait parier sur une résolution du conflit au conseil européen des 25 et 26 juin 2015.

Ce sera trop tard, lui répètent ses partenaires. D’abord, il faut que la liste des réformes auxquelles s’engage Athènes soit validée par l’Euro-groupe. Une réunion de ce type est programmée Jeudi 18 Juin 2015 à Luxembourg, il faudrait qu’elle soit conclusive. Puis l’accord doit décrocher le feu vert de plusieurs parlements nationaux, dont le Bundestag, pas un des plus favorables à Athènes.

Ce processus prenant au bas mot une petite dizaine de jours, c’est pour cela qu’il « ne reste plus que quatre ou cinq jours utiles », confiait, Vendredi 12 Juin 2015, une source européenne proche des négociations, pour qu’un accord soit encore possible. Et que puisse être envisagé avant le 30 juin 2015 un déboursement de tout ou partie des sept milliards deux cent millions d’euros encore à verser à la Grèce dans le cadre de son plan d’aide internationale.

« Personne ne veut passer pour le responsable de l’échec des négociations », ont confié ces derniers jours au Monde des sources diplomatiques, pour expliquer les efforts répétés, à tous les niveaux, notamment au plus haut, pour décrocher un accord. « Surtout Angela Merkel », ajoute une de ces sources. « La chancelière veut aider Alexis Tsipras, elle pense qu’il est comme un étudiant en médecine à qui on demande de faire une opération à cœur ouvert », croyait savoir une source diplomatique européenne, Vendredi 12 Juin 2015.

A la BCE, en l’absence de signal fort avant Jeudi 18 Juin 2015, on réfléchit à la conduite à tenir. Faut-il envoyer un signal aux marchés ? Une réunion des gouverneurs devrait se tenir, Mercredi 17 Juin 2015, « la question d’une réponse adéquate à la situation y sera soulevée », selon une source européenne. « Si le risque d’un défaut grec grandit, la BCE devra probablement faire une annonce aux marchés » expliquait une source de même niveau ce printemps, quand déjà les inquiétudes sur un possible accident de paiement, à Athènes, étaient apparues.

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