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7 avril 2016 4 07 /04 /avril /2016 13:19

http://www.slate.fr/story/116503/indignes-francais-2011#xtor=RSS-2

On les avait oubliés, mais, en 2011, il y a déjà eu des Indignés français

Par Aude Lorriaux

Jeudi 7 Avril 2016

Feu de paille ou mouvement de fond, une semaine après le début de Nuit Debout, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur la pérennité du mouvement, que l’on appelle déjà celui des indignés. Mais qui se souvient aujourd’hui de l'échec de la mobilisation de 2011 ?

On les a vus émerger en 2011, au moment où les indignés espagnols prenaient de l’ampleur.

Cette année-là, le 19 mai 2011, cent à deux cent jeunes prennent l’initiative de se poster tous les jours place de la Bastille à Paris. Le 29 mai 2011, ils sont même un millier, venus afficher leur soutien. « Comme les madrilènes, les manifestants parisiens demandent une réelle démocratie, maintenant et dénoncent les politiques d'austérité menées partout en Europe », raconte à l’époque le Monde.

Oui, nous l'avons pour la plupart oublié, mais il y avait déjà des indignés français, il y a cinq ans.

Car leur joli mois de mai va plutôt vite et mal se terminer. Dimanche 29 Mai 2011, la police les évacue et démonte les trente tentes qu’ils ont installées. « Non à la violence », crient les militants, encerclés par une dizaine de fourgons de Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS).

Le 11 juin 2011, rebelote, les forces de l’ordre les dispersent avant même l’installation d’un campement pacifique. Il y aura encore quelques soubresauts du mouvement avant les vacances d'été, avec une évacuation le 19 juin 2011 et un campement démonté le lendemain.

Quel est le rôle des anciens dans le mouvement de 2016 ?

À la rentrée 2011, le mouvement reprend un peu du poil de la bête. Près de deux mille personnes se retrouvent devant l’Hôtel de Ville de Paris pour « la journée mondiale des indignés ». L’économiste Frédéric Lordon est déjà là et prononce quelques discours. Un indigné estime alors dans le journal Libération que « dix mille personnes environ participent au mouvement en France, dont un noyau dur d'un millier de personnes particulièrement impliquées ». Des assemblées générales hebdomadaires sont tenues sur le quai Saint Bernard. Et au mois de novembre 2011, ils occupent pendant près de dix jours le parvis de la Défense.

Depuis, plus rien, explique Yannis Lehuédé, qui faisait partie de la commission communication à l’époque et a écrit un livre sur cette période, « on nous appelle les indignés, chronique parisienne ».

Quel rôle ont joué les anciens indignés dans le mouvement Nuit Debout ? Certains ont pris le train en marche, quelques-uns étaient là dès le départ, mais ils ne sont « pas aux manettes », explique Yannis Lehuédé.

« Nous pouvons être là pour donner des conseils sur ce qui n’a pas marché mais, globalement, il faut que les gens se réapproprient les choses, il faut leur laisser l’initiative. Nous repartons de zéro ».

Échec en 2011, réussite en 2016 ?

Pourquoi la Nuit Debout semble prendre aujourd’hui alors que le mouvement avait échoué en 2011? Vaste question mais, pour le militant, il est certain qu’il se passe quelque chose de différent, notamment du côté des forces de l'ordre. « Je suis surpris que la police ne soit pas plus méchante. Il doit y avoir un rapport de force différent ».

Le mouvement d’aujourd’hui aurait aussi commis moins d’erreurs, en étant « moins dogmatique », selon Yannis Lehuédé, et en s’adaptant au contexte français, « à l’époque, nous avions exclu les associations, les syndicats et les partis. Nous ne voulions pas de structures déjà organisées. Nous avions copié le modèle espagnol. Mais c’était une erreur ».

La France a un tissu associatif assez fort et les syndicats jouent traditionnellement un rôle important dans les mobilisations. Nuit Debout a su pour l’instant les inclure, tout en les neutralisant, la grande diversité des associations, collectifs, partis et syndicats représentés empêche pour l'instant qu'une structure ne prenne le dessus sur les autres.

Le contexte politique est aussi différent. La France de 2011 était celle de Nicolas Sarkozy et de l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP). La gauche de 2016, avec François Hollande, subit une déception bien plus grande, parce qu’elle a peu d’espoir d’alternative. « Les militants étaient abasourdis de voir que Manuel Valls expulse plus de roms que la droite. Avec la loi de Myriam el Khomri, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase », commente Yannis Lehuédé.

Résultat, le public semble plus réceptif. En témoigne, en plus des centaines de personnes présentes place de la République à Paris et dans plusieurs villes de France, les quatre vingt mille spectateurs qui ont suivi le mouvement Dimanche 3 Avril 2016 sur l’application Périscope.

Mais ce frémissement suffira-t-il pour poser les graines d'une révolution ?

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