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13 mai 2016 5 13 /05 /mai /2016 19:12

http://www.liberation.fr/france/2016/05/13/a-rennes-la-maison-du-peuple-evacuee_1452414

A Rennes, la Maison du Peuple évacuée

Par Pierre-Henri Allain, correspondant de Libération à Rennes

La salle de la cité, ancien fief de la Confédération Générale du Travail (CGT) et des Transmusicales, était occupée depuis une semaine par des opposants à la loi travail, des intermittents du spectacle et des militants du mouvement des Nuits Debout. Ils ont été délogés par le RAID, Vendredi 13 Mai 2016, sans heurts.

Après une douzaine de jours d’occupation, la Maison du Peuple, ou salle de la cité, à Rennes, a été évacuée, Vendredi 13 Mai 2016, sans heurts majeurs, ni blessés, comme on pouvait le craindre. Depuis la décision de la ville de Rennes, Mercredi 11 Mai 2016, de ne pas prolonger l’autorisation d’occupation de cet ancien fief de la CGT et des Transmusicales, situé dans le centre névralgique de la ville, opposants à la loi travail, précaires, chômeurs et intermittents avaient pris leurs dispositions, barricadant les accès à la salle dans l’attente d’une intervention.

Celle-ci a eu lieu vers 6 heures du matin Vendredi 13 Mai 2016 avec les grands moyens. Des gendarmes mobiles et une équipe du RAID ont d’abord forcé les barrières métalliques du côté de la rue Saint-Louis pour accéder à la salle. Une cinquantaine de militants ont alors été délogés sans violences.

« Nous nous tenions tous les uns contre les autres et les gendarmes ont dû nous saisir un par un pour nous évacuer », raconte Camille, jeune mère de famille de vingt quatre ans. « Mais cela n’a pas été trop violent. Lorsque certains gendarmes ont voulu nous prendre par la tête, nous avons protesté et cela s’est fait plutôt en douceur. Nous sommes sortis en faisant un maximum de bruit et en chantant ».

Mélange bigarré

Pendant ce temps, une vingtaine de militants s’étaient réfugiés sur le toit de la salle de la cité où des policiers du RAID, suspendus dans une nacelle accrochée à la grue d’un chantier voisin, étaient prêts à intervenir. Finalement, la grande échelle des pompiers a pu s’approcher du toit du bâtiment et permettre d’évacuer un à un les derniers militants. L’un d’eux a fait état « de clés de bras pour nous maîtriser » et les forces de l’ordre ont procédé à une interpellation. Après environ trois heures d’opération, la salle de la cité était vidée de ses derniers occupants et les policiers ont alors repoussé à l’aide de gaz lacrymogènes les quelque deux cent manifestants qui s’étaient regroupés dans les rues adjacentes. Vers midi, le quartier était bouclé mais avait retrouvé un certain calme.

Camille, assise à la terrasse d’un café avec son bébé, regrettait toutefois une occupation pacifique et inédite à Rennes, ayant pendant près de deux semaines mobilisé un mélange bigarré d’opposants à la loi travail et autres adeptes du mouvement des Nuits Debout. « C’était génial », lâche la jeune femme, qui s’est occupée plus spécialement de la cantine collective. « Il y a toujours eu une très bonne ambiance, avec beaucoup de débats. Sans tapage pour le voisinage et sans que personne ne pose de problème ».

Au lendemain du premier mai, une bonne centaine de militants en avait fait leur quartier général, multipliant les initiatives, projections de films, concerts, soirées débats, kermesse, assemblées générales et groupes de réflexion autour des thèmes du moment, l’état d’urgence, les violences policières et la loi travail. Le tout relayé par une « radio pirate » diffusant musiques et informations tout au long de la journée. Dès la Maison du Peuple évacuée, des agents de la ville sont allés inspecter les lieux. Selon la préfecture, une remise en état sera nécessaire en raison de dégradations. Camille, comme beaucoup de militants, ne songeait plus, elle, qu’à récupérer ses biens personnels restés à l’intérieur du bâtiment.

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