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2 juin 2016 4 02 /06 /juin /2016 20:16

http://www.lemonde.fr/référendum-sur-le-brexit/article/2016/06/02/en-grande-bretagne-les-divisions-du-labour-pesent-sur-la-campagne-du-referendum_4930838_4872498.html

En Grande-Bretagne, les divisions du parti travailliste pèsent sur la campagne du référendum

Le parti de Jeremy Corbyn est divisé et son message est presque inaudible

Par Philippe Bernard, correspondant permanent du Monde à Londres

Jeudi 2 Juin 2016

Les électeurs de gauche se mobiliseront-ils, lors du référendum du Jeudi 23 Juin 2016, pour maintenir le Royaume-Uni dans l’Union Européenne ?

La réponse est cruciale, plus de deux électeurs du parti travailliste sur trois sont partisans de l’ancrage dans l’Union Européenne, alors que moins de quarante pour cent des conservateurs partagent cette position. Sans un vote massif des travaillistes, le Brexit est probable. Et ce, alors même qu’une sortie de l’Union Européenne se traduirait probablement par l’éviction de David Cameron et son remplacement par un premier ministre europhobe et plus à droite encore.

Or le parti de Jeremy Corbyn est divisé, sa campagne est faible et son message est flou et presque inaudible. Au point que seule la moitié des électeurs du parti travailliste ont vraiment conscience que leur parti est favorable au vote pour le maintien dans l’Union Européenne, l’autre moitié oscillant entre l’ignorance et la croyance qu’il est pour le Brexit, selon des documents internes à la campagne pour le maintien dans l'Union Européenne rendus publics Lundi 30 Mai 2016 par le Guardian.

Jeremy Corbyn devait prononcer, Jeudi 2 Juin 2016, à Londres, un discours sur la nécessité de « rester dans l’Union Européenne et de la réformer, afin de défendre les droits des travailleurs menacés par une sortie gérée par les conservateurs ». Cette expression alambiquée reflète le souci de la direction du parti de se démarquer des tories, alors que les deux partis prônent officiellement le vote oui au référendum.

Les travaillistes ont un mauvais souvenir de leur association avec les conservateurs dans la campagne pour contrer les indépendantistes écossais lors du référendum de 2014. Les électeurs, remontés contre les tories, n’avaient pas pardonné au parti travailliste d’avoir fait cause commune et l’ont presque éliminé de la scène politique écossaise depuis lors.

Cette fois, le parti joue les contorsionnistes. Jeremy Corbyn, qui a longtemps milité contre l’Union Européenne, « club des capitalistes », s’est converti à l’Europe par nécessité. Europhobe contrarié, il est quasiment absent de la campagne car chacun redoute que ses interventions, notamment son credo pour l’immigration, n’aliènent les électeurs au profit du camp du non et singulièrement du parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP). Gisela Stuart, l’une des rares députés travaillistes contre l’Union Européenne, qui préside la campagne Vote Leave, estime qu’en soutenant le maintien dans l’Union Européenne, son parti sert « d’agent de recrutement à l’UKIP ».

La campagne référendaire du parti travailliste a d’ailleurs été confiée à Alan Johnson, ancien ministre de Tony Blair, et Gordon Brown, dont les relations avec Jeremy Corbyn sont pour le moins distantes. Son message est centré sur les bénéfices de l’Union Européenne en matière d’investissements, d’emploi, de droits sociaux et de sécurité.

La division du parti travailliste est ressortie au grand jour, Mardi 31 Mai 2016, lorsque John Mac Donnell, un proche de Jeremy Corbyn, a reproché au nouveau maire travailliste de Londres, Sadiq Khan, d’être apparu publiquement aux côtés de David Cameron. Cela « démotive précisément les gens que nous tentons de mobiliser », a critiqué John Mac Donnell, rappelant que David Cameron est favorable à la suppression des droits sociaux garantis par l’Union Européenne.

La fracture à gauche a été confirmée, Mercredi Premier Juin 2016, lorsqu’ont été confrontés, sur la British Broadcasting Corporation (BBC), Frances O’Grady, secrétaire générale des Trades Union Congress (TUC), et Mick Cash, le patron du puissant syndicat des transports britanniques (RMT). Pour Frances O’Grady, un Brexit se paierait par des pertes d’emplois et des diminutions de salaire que son organisation évalue avec une étonnante précision à trente huit livres sterling, quarante neuf euros, par semaine d’ici à 2030. Mick Cash, à l’inverse, a soutenu que l’Union Européenne « tire vers le bas les droits des travailleurs ». L’Europe, « ce n’est pas le paradis des travailleurs », a-t-il lancé, tirant argument du taux de chômage et du malaise social français.

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