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3 juin 2016 5 03 /06 /juin /2016 16:59

http://www.liberation.fr/france/2016/05/31/anne-hidalgo-cree-un-camp-de-migrants-je-veux-pouvoir-me-regarder-dans-la-glace_1456482

Anne Hidalgo crée un camp de migrants, « je veux pouvoir me regarder dans la glace »

La maire de Paris a annoncé, Mardi 31 Mai 2016, la construction prochaine d’un campement humanitaire, avec ou sans le soutien de l’état.

Faire de Paris une « ville refuge », le mantra d’Anne Hidalgo depuis un an a pris un tour spectaculaire, Mardi 31 Mai 2016, lorsque la maire de la capitale a annoncé l’ouverture, d’ici « un mois et demi », d’un camp humanitaire de réfugiés dans le nord de la ville. Le site retenu sera précisé « dans les jours qui viennent ». Il se trouvera « intra-muros », un « symbole important » selon son cabinet, et devrait être composé d’habitations modulables, de type chalet en bois.

Cette annonce soudaine illustre les tensions croissantes entre Paris et l’état. « Nous faisons face depuis un an et demi à un flux de migrations sans précédent », explique-t-on dans l’entourage de la maire. « Nous avons dû aller bien au-delà de nos compétences. Et malgré des courriers et des communiqués réguliers, nous avons repris depuis trois mois cette triste habitude de voir des campements dans Paris ».

Ces dernières semaines, plusieurs évacuations ont eu lieu dans des camps de fortune du nord de la capitale, notamment sous le métro Stalingrad et au lycée Jean-Jaurès, dans le dix neuvième arrondissement de Paris. Plusieurs milliers de personnes ont pu bénéficier des opérations de relogement. Mais les capacités d’hébergement en Ile-de-France restent insuffisantes pour faire face à un flux d’arrivées continu, une centaine par jour dans la capitale, qui va encore s’accentuer avec la période estivale. En attendant d’être orientés vers les lieux adéquats, les migrants sont donc contraints de s’entasser dans des bidonvilles où les conditions sont déplorables. Actuellement, le point de tension se situe dans les jardins d’Eole, une vaste esplanade du nord de Paris où la population, soudanais, érythréens et afghans, autant de réfugiés potentiels, est passée en dix jours d’une cinquantaine de personnes à près de huit cent personnes. Evoquant la boue et les rats, Anne Hidalgo a jugé la situation ni acceptable, ni tenable. « L’Europe n’est pas à la hauteur de son histoire et notre pays non plus », a-t-elle martelé. « Nous avons un devoir d’humanisme. Dans dix ou quinze ans, je veux pouvoir me regarder dans la glace et ne pas me sentir coupable de non-assistance à personne en danger ».

Dans ce dossier, les pouvoirs publics, tant au niveau local que national, ont tous peu à peu évolué. Il y a un an, alors que la France semblait découvrir l’ampleur de la crise migratoire et humanitaire autour de la Méditerranée, les évacuations se faisaient encore dans une relative improvisation. Souvent, les migrants étaient envoyés dans des hôtels aux quatre coins de l’Ile-de-France, isolés et parfois privés de nourriture.

Le dispositif, s’il s’est rodé, demeure toutefois insuffisant selon la maire.

« Il est temps de passer à la vitesse supérieure et d’apporter des solutions dimensionnées », a-t-elle annoncé.

La première urgence est donc d’accueillir ces exilés dignement, dans un « campement conforme aux normes du Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) de l’Organisation des Nations Unies (ONU) ». Pour ce faire, la mairie dit s’être inspirée de l’initiative de Damien Carême, l’édile écologiste de Grande-Synthe, qui a ouvert unilatéralement un camp humanitaire de mille cinq cent places cet hiver, sans le concours de l’état. Hasard du calendrier, le campement de la Linière a reçu Lundi 30 Mai 2016 la visite de Bernard Cazeneuve, le ministre de l’intérieur, qui s’est engagé à reprendre la gestion du site. En fera-t-il de même à Paris ? Sollicitée par Libération, la place Beauvau a indiqué n’avoir « aucun commentaire à faire sur l’initiative d’Anne Hidalgo, qui relève de la libre administration des collectivités locales ». Le cabinet de Bernard Cazeneuve a aussi assuré que l’état « prend ses responsabilités pour fluidifier un dispositif national cohérent ».

Anne Hidalgo, de son côté, « espère que l’état sera partenaire ». Mais elle se dit prête à se passer de ce soutien et à « prendre les devants », avec l’aide des associations et des parisiens. Pour l’instant, plusieurs sites font encore l’objet d’évaluations par les services techniques.

L’endroit retenu devra « être suffisamment vaste pour accueillir plusieurs centaines de personnes », selon l’édile, qui n’a pas précisé la capacité exacte du dispositif. « Mais s’il faut plusieurs sites, nous le ferons », a-t-elle ajouté.

Ce premier campement humanitaire aura pour objectif d’offrir un hébergement digne et un accueil de jour, destiné à orienter les exilés au bout de quelques semaines vers les dispositifs adéquats. C’est cependant sur ce point que la politique d’Anne Hidalgo pourrait atteindre ses limites. Car s’il salue l’annonce de la création de ce camp humanitaire, Pierre Henry, le directeur général de l’association France Terre d’Asile (FTA), rappelle aussi la nécessité de changer de braquet.

« Nous pouvons enregistrer quatorze mille demandes d’asile par an à Paris. Or, le rythme actuel est deux fois plus élevé. Sans un dispositif cohérent national, l’initiative d’Anne Hidalgo sera vite confrontée à une embolie ».

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