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13 août 2016 6 13 /08 /août /2016 18:11

https://www.theguardian.com/commentisfree/2016/aug/11/trotskyists-on-the-march-chaos-ahead?CMP=share_btn_fb

Les trotskystes sont là, le chaos arrive

Par John Harris

Jeudi 11 Août 2016

Tom Watson met en garde contre la nouvelle infiltration de l’extrême gauche à l’intérieur du parti travailliste. Je sais par expérience personnelle la perturbation qu'ils vont causer.

Il y a un peu plus de vingt ans, je me suis rendu sur le lieu de l'assassinat de Léon Trotsky.

J'étais en vacances à Mexico, un voyage à son ancienne maison dans la banlieue de Coyoacán semblait à peu près obligatoire. Pratiquement rien n’avait changé, le bureau, laissé pratiquement dans l’état dans lequel il était quand l'agent stalinien Ramon Mercader a plongé le piolet infâme dans sa tête, les hauts murs, le tour de guet et la tombe, avec un énorme marteau et une faucille.

J'ai été intrigué d'apprendre que, pendant un certain temps, Trotsky avait pris l'habitude de fréquenter la maison voisine de l'artiste Frida Kahlo, heureux aussi d'apprendre que, après que le pic à glace ait fait son travail, il avait réussi à combattre son agresseur et permettre son arrestation. J'ai même acheté un T-shirt. Mais ce qui m'a frappé le plus était l'air du lieu de déclin poussiéreux et le sentiment que l'héritage de Trotsky était maintenant presque terminé.

Mais maintenant, regardez, soixante seize ans après sa mort, le pseudonyme de Lev Bronstein est à la première page du Guardian. Le leader des députés d’un parti qui a été récemment dans le gouvernement met en garde contre les entristes trotskystes. Tom Watson, en effet, a écrit à Jeremy Corbyn pour dénoncer les déclarations des soutiens du leader relatives aux théories du complot et citant des preuves que, parmi la grande vague de nouveaux supporters de Jeremy Corbyn, il y a des trotskystes du Socialist Party et de l’Alliance for Worker’s Liberty qui, dit-il, utilisent des tactiques essayées dans les années 1980 et s’organisent à l’intérieur du parti pour accroître leur influence.

Reconnaissons que, même si les personnes dont parle Tom Watson sont peu nombreuses, leur présence est bien réelle. J’en ai rencontré quelques unes, participant avec enthousiasme aux meetings de Jeremy Corbyn et parlant avec de vieux militants du parti travailliste complètement séduits par leur slogans. Et pour dire une chose absolument claire, la consternation au sujet de leur présence est limitée aux adversaires de l'actuel leader. Tom Watson dit qu'entre les vieux et les jeunes trotskystes, les membres de Momentum, le groupe des jeunes supporters de Jérémy Corbyn bien intentionnés, « il y a quelques vieilles mains tordant de jeunes bras ». Cela peut être ou ne pas être vrai, mais il y a beaucoup de personnes de Momentum qui n’ont rien à voir avec ces agitateurs aguerris, encore une fois, je leur ai parlé, et avec de bonnes raisons.

Les jeunes lecteurs peuvent se demander ce que tout cela veut dire. La réponse implique quatre vingt ans d’une histoire déconcertante de groupes dissidents et de cliques, de l’International Marxist Group, du Workers Revolutionary Party, du Socialist Workers Party et de la Revolutionary Socialist League. Nous n’avons pas d'espace pour les énumérer tous ici et cela n’interesse pas beaucoup de personnes.

Disons que beaucoup de l'agitation actuelle remonte à Militant, la tendance Militant, qui existait d’abord dans le Merseyside et dont les militants ont commencé à rejoindre le parti travailliste au début des années 1960. Une vingtaine d'années plus tard, encouragés par le fait que de nombreuses sections locales du parti travailliste étaient moribondes, qu’elles étaient repliées sur elles mêmes et que certaines personnes voulaient une politique beaucoup plus énergique, ils avaient beaucoup de choses pour eux, leur propre journal, une organisation clandestine à l'intérieur du parti travailliste et deux députés, ainsi que le contrôle du conseil de la ville de Liverpool, dont le plus important porte parole était le légendaire Derek Hatton, un homme qui a fini par être impliqué dans la grande activité prolétarienne du développement de la propriété. On appelait tout cela l’entrisme, qui remonte à l'une des tactiques de Trotsky dans les années 1930, par laquelle il a exhorté ses partisans en France à cesser leurs activités comme une unité politique distincte et à entrer dans le parti socialiste traditionnel.

La pratique de la politique trotskyste a longtemps été construite autour de l'idée des revendications transitoires, une manœuvre plutôt cynique dans laquelle on encourage les gens à s’agiter pour ceci ou cela, une augmentation énorme du salaire minimum, peut-être, ou la fin de tous les contrôles de l'immigration, sachant très bien que c’est impossible dans l'ordre actuel des choses mais que, lorsque l'impossibilité devient apparente, les travailleurs se réveillent. En d'autres termes, les masses vont se mobiliser à propos de quelque chose que vous savez qu’elles n’auront pas, alors que vous êtes assis tranquillement en espérant que, si tout se passe bien, une autre fissure apparaîtra dans le grand édifice bourgeois. Pour les non trotskystes, ce que ce genre de jeu implique est évident, comme conséquence de l'entrisme ci-dessus, cela signifie que vous ne savez jamais à qui vous avez affaire.

Je connais bien cette situation. En 1986, j’avais des passions socialistes qui venaient de musiciens tels que Billy Bragg et Paul Weller et j’ai participé à la fondation d’une section de jeunesse du parti travailliste dans le foyer socialiste bien connu de Tatton, alors représenté par le député Neil Hamilton, et qui est devenue la maison adoptive de George Osborne. Mais les Labour Party Young Socialists, comme ils s’appelaient alors, ont ensuite été contrôlés par Militant et bientôt quelques-uns de leurs militants ont surgi dans la circonscription, gagnant rapidement le contrôle de la section et les deux sièges du comité de direction générale de la section. Dieu sait ce qu'ils pensaient, aujourd'hui Wilmslow, Knutsford et Northwich, demain le monde ?

Ce qui m’est arrivé à ce moment là était sinistre, à plusieurs reprises, j’ai été accusé de « ne pas connaître mon histoire », c’est vrai, j'avais seize ans, cela provoquait un mélange de comportement désagréable et d’arrière-pensées et un soir je suis rentré d'une réunion en fondant en larmes. Après une dernière tentative de militantisme dans une circonscription voisine où Militant n’était apparemment pas actif, je passais dans le parti travailliste la meilleure partie de mes quinze ans.

Telle était une très petite manifestation d'une phase brève mais sombre de l'histoire du parti travailliste. Mais ce qui est encore pertinent, c’est le fait que, bien que la direction du parti ait exclu Militant, qui réapparaîtra sous le nom de Socialist Party, parmi les gens qui se sont opposés à son exclusion, il y avait Jeremy Corbyn.

Les détails sont dans une édition récente d’un livre de Michael Crick. Quand les expulsions ont commencé, Jeremy Corbyn a écrit un message de solidarité de sa tendance de la gauche travailliste, « si les expulsions sont à l’ordre du jour pour Militant, elles devraient s’appliquer à nous aussi », et il a même été le « coordonnateur provisoire » de quelque chose qui s’est appelé la défaite de la campagne de chasse aux sorcières. Sa position reflétait la position de son gourou Tony Benn, qui défendait la vieille maxime, « nous n’avons pas d'ennemis à gauche ».

Au-delà de la position officielle selon laquelle le Socialist Party reste une « organisation interdite », le fait que le leader du parti travailliste croit encore à ces choses est plutôt clair, nous pourrions bientôt le voir, je suppose.

Il y a quelque chose de noble dans le fait que les trotskystes sont toujours là. Ils peuvent même avoir eu leur propre processus de New Labour, c'est-à-dire de révision et de réforme, les militants que je connaissais m’ont toujours assuré que leur plan révolutionnaire était basé sur rien de moins que la nationalisation des deux cent plus grandes entreprises mais, quand je consulte le site internet du Socialist Party, je vois que cela a maintenant été réduit à cent cinquante entreprises.

Mis à part tout cela, le fondateur de Militant Peter Taaffe estime que, non seulement il a une bonne chance d’être bientôt réadmis dans le parti qui l’a exclut il y a de nombreuses années mais, quand il parle de l’insurrection de Jeremy Corbyn, il écrit que « la lave de la révolution est encore chaude » et que les adversaires du nouveau leader « n’arrêteront pas les vents de l’histoire qui soufflent en ce moment ». Il est maintenant devenu un partisan de Jeremy Corbyn, ou peut être simplement un partisan « transitoire ». C’est le problème à propos des trotskystes, on ne sait jamais.

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