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30 octobre 2016 7 30 /10 /octobre /2016 17:08

 

http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2016/10/29/dans-le-nord-de-paris-des-migrants-de-plus-en-plus-nombreux_5022396_1654200.html

 

Dans le nord de Paris, de plus en plus de tentes de fortune abritent des migrants

Plus de deux mille exilés survivent dans les campements de la capitale que le ministre de l’intérieur a promis de démanteler « dans les jours qui viennent ».

Par Adrien Pécout

Dehors, concert improvisé, « mon cœur est touché quand je vois toutes ces souffrances dans un pays qui s’appelle la France ». A côté du bassin de la Villette et de sa rotonde aménagée en restaurant branché, dans le dix neuvième arrondissement de Paris, deux musiciens réinterprètent du Bob Marley. Face à eux, il y a une quarantaine de migrants. D’autres tapent dans un ballon pour feinter la froidure de l’automne. Il est 21 heures passées, Vendredi 28 Octobre 2016, et le duo chante en soutien à tous les réfugiés installés dans les campements de la capitale.

Ils sont de plus en plus nombreux en situation d’urgence, depuis le début de la semaine, à avoir disposé leurs tentes de fortune et déroulé des couvertures de survie. « Selon les associations qui font des maraudes ici, même si tout décompte est très compliqué, on est passé d’environ mille cinq cent migrants à deux mille deux cent migrants en quelques jours », estime Colombe Brossel, adjointe à la mairie de Paris chargée de la sécurité, de la prévention, de la politique de la ville et de l’intégration. Sous le métro aérien de la station Stalingrad, des grillages restreignent pourtant les possibilités depuis l’intervention policière de septembre. Restent le terre-plein de l’avenue de Flandre et le quai de Jemmapes.

Alentour, il y a beaucoup d’hommes, certains aux traits d’adolescents, et aussi quelques femmes. « Au moins cinquante nouveaux migrants arrivent chaque jour à Paris », précise Colombe Brossel, laissant entrevoir la diversité de leur provenance. Tous assurent vivre ici depuis des semaines.

Soudan, Afghanistan, Erythrée, Libye ou Egypte, à chacun son exil et ses besoins d’obtenir des papiers et un logement. Bilal Abdel-Aziz, vingt sept ans, survit dans les rues depuis deux mois et demi, « nous sommes des êtres humains. Le froid qu’il fait maintenant, même les pigeons ne peuvent pas le supporter ». Fataliste, ce soudanais poursuit, toujours en français, « quand je vois que la police vient pour nous embarquer et qu’elle jette nos affaires dans des poubelles, je vous le jure, je me dis qu’il est inutile de vouloir rester en France. Maintenant, je veux aller en Allemagne ».

Plus tard dans la soirée, un de ses compatriotes prend la parole en arabe, « au Soudan, on dit qu’en France il y a la liberté et la justice, ce sont de très beaux mots, des mots qui réchauffent le cœur, mais il y a une différence entre cet affichage et la vie dans la rue », regrette Khalid, trente ans, à l’aide d’un traducteur. Malgré cette désillusion, ce dernier désire rester dans ce « beau pays et cette belle ville où j'ai rencontré des gens biens », en allusion aux bénévoles qui l’accompagnent dans ses démarches juridiques et administratives.

L’objectif étant pour lui, à terme, de « pouvoir quitter la rue et de pouvoir s’occuper de soi-même sans être dépendant » d’autrui.

Vendredi 28 Octobre 2016, une fois encore, selon plusieurs témoins cités par l’Agence France Presse (AFP), « une trentaine de migrants » ont été contraints de monter dans un bus de la police. Les Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS) appellent cela une « opération de contrôle » censée vérifier la situation administrative des occupants et l’état sanitaire du campement. Houssam al Assimi, traducteur bénévole et parisien bien connu des réfugiés arabophones, parle plutôt de « rafles », tout comme Baptiste Pelletan. Ce dernier est membre d’une association, le Bureau d'Accueil et d'Accompagnement des Migrants (BAAM), qui donne des cours de français tous les soirs à « environ cinq cent apprenants chaque semaine ».

Les deux parisiens insistent, l’urgence pour les migrants à Paris n’est pas neuve et leur situation avait déjà connu une ampleur similaire à plusieurs reprises depuis 2014, alors même que le futur « camp humanitaire de pré-accueil pour migrants », annoncé par la mairie pour le mois d'octobre 2016 porte de la Chapelle, n’a toujours pas ouvert ses portes. Sur une carte, Baptiste Pelletan énumère les divers campements qui se sont succédé depuis 2014 et qui n’ont été suivis d’aucune réponse durable. « Pour l’instant, nous n'en sommes même pas à construire un projet d’accueil, les négociations et les crispations avec la mairie ont jusque-là plutôt concerné la pose de toilettes et l’ouverture d’un accès à l’eau pour les campements ».

Quel lien entre la situation du nord est parisien et, dans le même temps, le démantèlement du bidonville de Calais ? Colombe Brossel concède « une porosité » ayant toujours entraîné un va-et-vient. Bernard Cazeneuve, pourtant, réfute tout « mouvement de migrants » ces derniers jours entre ces deux villes distantes de moins de trois cent kilomètres. En visite dans un Centre d'Accueil et d'Orientation (CAO) à Gelos, dans le département des Pyrénées-Atlantiques, le ministre de l’intérieur a annoncé Vendredi 28 Octobre 2016 vouloir démanteler « dans les jours qui viennent » les campements de la capitale.

 

 

 

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