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24 octobre 2016 1 24 /10 /octobre /2016 20:11

 

Un tiers des migrants de la jungle de Calais évacués (Reuters)

 

Plus d'un tiers des quelque six mille migrants présents dans la jungle de Calais ont été évacués dans le calme Lundi 24 Octobre 2016, première journée de cette opération à haut risque pour le gouvernement. 

La préfecture prévoyait pour Lundi 24 Octobre 2016 le départ de soixante bus, soit environ deux mille cinq cent personnes, puis quarante cinq bus Mardi 25 Octobre 2016 et quarante bus Mercredi 26 Octobre 2016. Ils se rendront dans l’un des quatre cent cinquante Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO) français dans lesquels sept mille cinq cent places ont été réservées pour les migrants. 

Quelque deux mille trois cent dix huit migrants ont été « mis à l'abri » au premier jour de l'opération d'évacuation de la jungle de Calais, a annoncé le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve. 

Sur ce total, « mille neuf cent dix huit majeurs ont quitté Calais pour rejoindre quatre vingt CAO situés dans onze régions de France », a-t-il précisé dans une déclaration à la presse. 

Quatre cents mineurs ont pour leur part été orientés au Centre d’Accueil Provisoire (CAP), situé sur le campement, dans l'attente de l'instruction de leur dossier. 

Une aide supplémentaire de quarante millions d'euros sera versée par le Royaume-Uni, a ajouté Bernard Cazeneuve, pour qui cette première journée de démantèlement s'est effectuée « dans le calme et la maîtrise ». 

La grille bloquant l'accès à un vaste hangar, sorte de gare routière où se déroule la répartition des migrants, a été ouverte Lundi 24 Octobre à 8 heures du matin pour accueillir les centaines de candidats à l'acheminement vers des CAO qui faisaient la queue, parfois depuis des heures. 

A la différence des précédentes opérations, cette fois l'objectif est de « démanteler totalement le camp de la Lande », d'où une présence importante des forces de l'ordre qui se maintiendra pour « éviter que des gens ne viennent réinvestir la lande ou pour que des squats se multiplient », a expliqué Pierre-Henry Brandet, le porte-parole du ministère de l’intérieur. 

« Il n'y a pas de moyens coercitifs employés à l’encontre » des migrants et le dispositif policier conséquent est là « simplement pour sécuriser la lande », a-t-il ajouté. 

Le démantèlement proprement dit, destruction des tentes et des abris, doit commencer Mardi 25 Octobre 2016. 

Sept mille cinq cent places réservées dans des CAO 

Lundi 24 Octobre 2016 peu avant 8 heures, des bus sont venus stationner aux abords du hangar de départ et les forces de l’ordre ont pris place pour permettre l’accès aux migrants répartis entre quatre groupes, mineurs isolés, personnes vulnérables, familles et adultes. 

Les premiers migrants qui ont pénétré à l’intérieur du hangar ont eu le choix entre deux régions d’accueil, la Bretagne et la région Auvergne Rhône Alpes. Devant une carte de France, ils ont choisi l’une de ces deux régions et un bracelet de couleur correspondant leur a été distribué. 

Le premier bus est parti en direction de la Bourgogne suivi rapidement de plusieurs autres, en direction du Morbihan, de la Haute-Saône, de la Haute-Loire et de la Drôme. 

« Je voulais partir depuis un moment mais il n’y avait pas de place, maintenant c’est possible », dit Idriss, la vingtaine, parti avec un petit groupe de soudanais.

Amadou Diallo, dix sept ans, qui dit avoir fui la Guinée Conakry, espère pouvoir débuter des études en France. 

« Mes parents sont morts et je suis seul, je dois essayer de m'en sortir », a-t-il expliqué. « Peu importe où je vais. Je m'en fiche. Ce n'est pas le plus important ». 

D'autres, en revanche, sont récalcitrants. 

« Moi je veux aller en Grande-Bretagne, pas aller dans une autre région française loin de Calais », dit Hamid, un afghan de vingt quatre ans.

« Pourquoi on ne peut pas passer ? Pourquoi ils ne veulent pas ? Vous ne voulez pas de nous à Calais mais ailleurs en France oui et en Grande-Bretagne non ? Je ne comprends pas ». 

Le sort des mille trois cent mineurs isolés du bidonville est toujours incertain, mais les négociations avec les autorités britanniques, qui ont accepté d'en accueillir un certain nombre, « progressent », assure-t-on au ministère de l’intérieur. 

« Le Royaume-Uni accueillera tous les mineurs isolés présents à Calais dont les attaches familiales en Grande-Bretagne sont établies », a assuré Bernard Cazeneuve. 

Possibilité de retour 

Pierre-Henry Brandet a indiqué que deux cent d'entre eux avaient pris le chemin du Royaume-Uni la semaine dernière. Le ministère de l’intérieur a fait savoir que le processus était suspendu jusqu’au Mardi 25 Octobre 2016, le temps d'effectuer le plus gros du transfert des migrants vers les CAO. 

Le climat de relative sérénité observé Lundi 24 Octobre 2016 s’explique par le fait que les migrants désireux de quitter Calais et ses conditions de vie très précaires ont été les premiers à se rendre au point de rassemblement. 

« Nous allons vivre une forme de phénomène d’entraînement, les départs vont en provoquer d’autres, les choses se mettent en place », a dit Fabienne Buccio, le préfet du Pas-de-Calais. 

Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui viennent en aide depuis des années aux migrants présents à Calais ont elles aussi exprimé leur satisfaction initiale mais sont plus perplexes sur la suite des opérations. 

« Il va falloir ensuite décider les autres qui sont soit interrogatifs, soit rétifs au départ », dit Christian Salomé, de l’Auberge des Migrants. « L’état a ouvert des Centres de Rétention Administrative (CRA), qui sont des prisons. Ces migrants qui iront en CRA seront ensuite libérés et reviendront ». 

Les risques de débordements existent, notamment avec les militants alter mondialistes du mouvement No Border présents sur le site et quelque mille deux cent cinquante policiers et gendarmes sont prévus pour encadrer cette opération.

 

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