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24 novembre 2016 4 24 /11 /novembre /2016 19:52

 

http://www.liberation.fr/france/2016/11/24/colere-a-beaumont-sur-oise-apres-l-incarceration-de-deux-freres-d-adama-traore_1530671

 

Colère à Beaumont-sur-Oise après l'incarcération de deux frères d'Adama Traoré

 

Par Ismaël Halissat

 

Les deux jeunes hommes sont poursuivis pour des incidents en marge d'un conseil municipal à Beaumont-sur-Oise. Ils étaient venus protester contre l'attitude de la maire de leur commune qui a engagé une plainte en diffamation contre leur sœur qui s'en était indignée.

 

Bagui et Youssouf Traoré, deux frères d’Adama Traoré, le jeune homme mort cet été après son arrestation par des gendarmes, ont été placés en détention provisoire Mercredi 23 Novembre 2016 en attente d’un procès prévu au mois de décembre 2016. La justice les poursuit pour « outrages et violences » à l’encontre d’agents dépositaires de l’autorité publique.

Leur incarcération intervient après plusieurs jours de tensions à Beaumont-sur-Oise, dans le département du Val d'Oise, où vit une partie de la famille Traoré. Côté judiciaire, le dossier est pratiquement vide selon leur avocat.

Cette nouvelle séquence débute le Jeudi 17 Novembre 2016. Ce jour-là, la maire de l'Union des Démocrates et des Indépendants (UDI) de Beaumont sur Oise, Nathalie Groux, annonce son intention de porter plainte en diffamation contre Assa Traoré, la sœur d’Adama Traoré, pour des propos tenus le 28 septembre 2016 sur Canal Plus. « La maire de Beaumont-sur-Oise a choisi son camp, elle se met du côté des gendarmes, c’est-à-dire du côté des violences policières », avait réagi Assa Traoré. Peu de responsables politiques ont exprimé un soutien à la famille. Nathalie Groux en premier lieu, dont le seul lien établi avec les proches d’Adama Traoré est désormais une plainte. Le conseil municipal doit même voter la prise en charge des frais de justice de l’élue, une somme pouvant aller jusqu’à dix mille euros. Plusieurs soutiens de la famille veulent alors se rendre au conseil municipal où sera débattue la prise en charge de ces frais. L’accès leur est refusé, « faute de place suffisante », explique le parquet de Pontoise. C’est à ce moment-là, selon les dépositions des policiers municipaux et des gendarmes, qu’ont eu lieu des outrages et des violences de la part de Bagui et de Youssouf Traoré.

Syndrome asphyxique

Ces faits interviennent plus de quatre mois après la mort du jeune homme de vingt quatre ans, dont les circonstances précises demeurent toujours floues. Le 19 juillet 2016, Adama Traoré est interpellé dans un appartement après avoir tenté de prendre la fuite lors d’un contrôle.

Selon leurs propres déclarations, les gendarmes se jettent sur lui pour le maintenir avec un plaquage ventral. Une technique policière controversée qui peut dans les cas les plus graves entraîner la mort.

Au moment de l’interpellation, Adama Traoré leur fait part de difficultés à respirer. Il perd connaissance quelques minutes plus tard et meurt menotté, face contre terre dans la cour de la gendarmerie de Persan Beaumont, commune limitrophe de Beaumont-sur-Oise.

Dans la foulée, le procureur de la république de Pontoise en poste à l’époque, Yves Jannier, communique sur les causes du décès. Selon lui, Adama Traoré avait une « infection très grave touchant plusieurs organes » puis évoque une « pathologie cardiaque ». Mais ses déclarations sont contredites par les éléments du dossier d’enquête.

Les deux autopsies indiquent notamment que l’une des causes de la mort est un « syndrome asphyxique ». Ce qui pose la question des conditions d’interpellation par les gendarmes, non évoquées dans la communication du procureur. Aujourd’hui, l’affaire est « dépaysée » à Paris sur demande de la famille. Yves Jannier a depuis été muté, sans lien avec cette affaire officiellement. Et les résultats définitifs de plusieurs examens médicaux ne sont toujours pas connus.

Risque de renouvellement des violences

Les deux frères d'Adama Traoré ont été interpellés le Mardi 22 Novembre 2016. Après deux jours de garde à vue, Bagui et Youssouf Traoré se sont retrouvés Marcredi 23 Novembre 2016 devant le tribunal en comparution immédiate. Leur avocate a demandé le renvoi du procès pour préparer leur défense. En réponse, le parquet requiert leur placement en détention provisoire dans l’attente de l’audience.

Contacté, le procureur de Pontoise par intérim, Jacques Cholet, motive ses réquisitions par la « gravité des faits poursuivis et le risque de renouvellement des violences ». Bagui et Youssouf Traoré sont incarcérés dans la foulée sur décision des juges. Le parquet de Pontoise a également profité d’avoir Bagui Traoré sous la main pour mettre à exécution une condamnation antérieure à la mort de son frère, de six mois ferme. Les deux frères seront jugés le 14 décembre 2016 pour les faits allégués de violence devant la mairie de Beaumont-sur-Oise.

« Tout repose sur des déclarations des policiers municipaux et gendarmes qui sont critiquables », selon Yassine Bouzrou, avocat de la famille. Aucun témoin extérieur n’a été auditionné.

Les violences les plus importantes commises contre une policière municipale ont été estimées à un jour d’Incapacité Totale de Travail (ITT). Après l’annonce de l’incarcération des deux frères, des violences urbaines ont eu lieu à Beaumont-sur-Oise, dans la nuit du Mercredi 23 Novembre au Jeudi 24 Novembre 2016. Une dizaine de personnes y auraient participé.

Selon la préfecture, « un bus a été incendié, ainsi que six autres véhicules ». Un rassemblement est organisé à Beaumont sur Oise Jeudi 24 Novembre 2016 pour demander la libération des deux frères.

 

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