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17 décembre 2016 6 17 /12 /décembre /2016 15:08

 

http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/12/17/piratage-du-parti-democrate-barack-obama-accuse-vladimir-poutine_5050527_829254.html

 

Piratage du Parti Démocrate, Barack Obama accuse Vladimir Poutine

 

Le président américain a demandé à Donald Trump d’accepter une enquête indépendante alors que la Central Intelligence Agency (CIA) et que le Federal Bureau of Investigation (FBI) estiment que Moscou a cherché à favoriser le candidat républicain.

 

Par Gilles Paris, correspondant du Monde à Washington

 

Il n’a pas prononcé son nom, mais cela a été tout comme. La dernière conférence de presse de l’année du président Barack Obama, Vendredi 16 Décembre 2016, l’une des dernières de ses huit années à la Maison Blanche, a été dominée par la question du piratage visant le Parti Démocrate pendant la campagne présidentielle, de la responsabilité d’un état, la Russie, et de celle de son président, Vladimir Poutine.

Des milliers de courriers électroniques montrant les arrières cuisines démocrates avaient été dérobés au printemps. Publiés à partir du 7 octobre 2016 par le site Wikileaks, ils avaient ponctué les dernières semaines de campagne jusqu’au vote du Mardi 8 Novembre 2016.

L’affaire a été relancée le Vendredi 9 Décembre 2016 par un article du Washington Post, suivi quatre jours plus tard par une longue enquête du New York Times mettant en évidence l’enchaînement de négligences qui avaient conduit au piratage. Le premier article précisait que la CIA estimait désormais que l’objectif de ces cyber-attaques avait été de favoriser un candidat, le républicain Donald Trump, aux dépens de son adversaire démocrate, Hillary Clinton. Le Washington Post a ajouté, Vendredi 16 Décembre 2016, que le FBI partage désormais ce point de vue.

Dès le 7 octobre 2016, le département américain de la sécurité intérieure et le directeur national du renseignement avaient mis en cause nommément la Russie, précisant que, compte tenu de l’ampleur du piratage et de la sensibilité de la cible, « seules les plus hautes autorités russes auraient pu l’autoriser ».

C’est autour de cette phrase que Barack Obama n’a cessé de tourner, Vendredi 16 Décembre 2016, alors que Moscou a toujours réfuté en bloc des accusations jugées également « risibles » par Donald Trump, sur un ton devenu ces derniers jours toujours plus exaspéré. « Il faut soit cesser d’en parler, soit apporter enfin des preuves. Sinon, tout cela est plus qu’indécent », a pour sa part lancé, Vendredi 16 Décembre 2016, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en marge d’un déplacement de Vladimir Poutine au Japon.

Alors qu'Hillary Clinton a évoqué, Jeudi 15 Décembre 2016, le rôle de ce piratage dans sa défaite, sans en faire cependant le facteur prépondérant, Barack Obama a refusé d’évaluer son impact sur l’élection, laissant cela aux « commentateurs ». Il s’est efforcé au contraire de dissiper toute ambiguïté à propos du rôle de Moscou et de Vladimir Poutine, précisant avoir demandé explicitement à son homologue « d’arrêter cela » lors du sommet du groupe des vingt en Chine, au mois de septembre 2016, lui laissant entrevoir des « conséquences sérieuses s’il ne le faisait pas ».

A cette époque, le FBI s’inquiétait de possibles intrusions dans les systèmes informatiques consacrés aux élections à la suite d’alertes dans l’Arizona et dans l’Illinois. Barack Obama a jugé que son intervention avait payé en assurant que le vote s’est déroulé sans perturbations externes. Les documents publiés un peu plus tard avaient cependant déjà été saisis par les pirates.

Le président a assuré qu’il ne s’arrêterait pas là. Un « message clair » qu’il s’est refusé d’expliciter, a-t-il promis, sera envoyé à Moscou.

« Nous pouvons vous toucher », a-t-il dit en parlant de la partie russe.

Mercredi 14 Décembre et Jeudi 15 Décembre 2016, le ton était monté entre le porte-parole du président, Josh Earnest, et l’une des principales conseillères de Donald Trump, Kellyanne Conway, après que le premier avait estimé que le candidat républicain ne pouvait pas ne pas être au courant de ces piratages.

Vendredi 16 Décembre 2016, Barack Obama s’est gardé de porter un jugement sur les commentaires souvent méprisants multipliés par Donald Trump sur son compte Twitter à propos des analyses du renseignement américain ou des démocrates. Le magnat de l’immobilier estime que ces derniers tentent d’instrumentaliser ces cyber-attaques pour masquer leurs responsabilités dans la défaite de leur candidate.

La controverse est pourtant loin de s’éteindre et pourrait compromettre le projet de Donald Trump de renouer un véritable partenariat avec Vladimir Poutine. Un rapport du renseignement doit être remis à Barack Obama avant son départ de la Maison Blanche, le 20 janvier 2017, et les commissions concernées du congrès devraient également s’en saisir en dépit du fait qu’elles sont présidées par des républicains. Barack Obama a d’ailleurs invité Donald Trump à accepter une enquête « bipartisane et indépendante » sur le sujet comme signe d’ouverture.

Barack Obama n’a pas limité son propos sur la Russie à la controverse du piratage. Il a inscrit au contraire cette dernière dans le contexte d’une nouvelle guerre froide asymétrique. La Russie, a asséné le président, « est un pays plus petit et plus faible. Son économie ne produit rien que quiconque veuille acheter, à part du pétrole, du gaz et des armes. Ils n’innovent pas ».

Mais selon Barack Obama, « Vladimir Poutine peut nous affaiblir comme il tente d’affaiblir l’Europe si nous oublions ce que nous sommes, si nous commençons à admettre l’idée qu’il est acceptable d’intimider la presse, ou d’enfermer les dissidents ou de discriminer les gens sur la base de leur foi ou de leur apparence ».

Pointant un sondage, publié par l'Economist, montrant que trente sept pour cent des électeurs républicains ont désormais une bonne image de Vladimir Poutine, Barack Obama a estimé que « Ronald Reagan doit se retourner dans sa tombe ».

Quatre ans après avoir moqué la menace que constituerait la Russie, selon l’approche traditionnelle républicaine, et celle du candidat républicain qui lui était opposé lors de l’élection présidentielle de 2012, Mitt Romney, Barack Obama s’apprête à quitter le pouvoir en ayant totalement modifié son analyse. De l’Ukraine à la Syrie, une série de crises internationales y a, il est vrai, largement contribué.

 

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