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20 janvier 2017 5 20 /01 /janvier /2017 19:29

 

http://www.clubpolitiquebastille.org/spip.php?article180

 

QUE FAIRE

 

Par Charles Jérémie

 

La désignation du châtelain chrétien a mis fin aux gesticulations sarkozystes comme aux prudences d'Alain Juppé. L’heure est à la charité pour les pauvres, au denier du culte obligatoire et à la brutalité sociale extrême.

L’objectif est simple, tout pour les propriétaires, enrichissons-nous encore plus et plus vite, clame celui qui va supprimer l’impôt symbolique sur la fortune, de l’ordre bon dieu, de l’or et de l’ordre.

C’est l’alliance de la Cotation Assistée en Continu (CAC) et du goupillon.

Chef des dévots du capital et bigot du libéralisme, François Fillon s’engage à frapper vite et fort. Il prend évidemment appui sur le sale travail de la gauche, Crédit d'Impôt pour la Compétitivité et l'Emploi (CICE), suppression des charges sociales, saccage de la sécurité sociale, réforme de l’hôpital et loi travail.

Le vendéen veut s’attaquer, frontalement, à la sécurité sociale et au code du travail et réformer le marché du travail. François Fillon va donc tenter de s’engouffrer dans la brèche ouverte par le Parti Socialiste.

Les classes populaires ne veulent plus de la prétendue gauche.

Elles ne veulent pas plus de la véritable droite.

Il n’y a pas, malgré le battage médiatique, d’envie de François Fillon.

François Fillon est un petit politicien. L’ancien premier ministre a fait traduire en français le programme libéral anglo-saxon. Il n'y a pas une idée. C'est une copie. Le candidat s’exprime peu convaincu qu’ainsi il paraîtra intelligent. Élu d’une des circonscriptions les plus riches de Paris, dans le septième arrondissement, il est terne, sans talent ni allant. Il y a de l'Edouard Balladur chez François Fillon.

Son programme inquiète, y compris dans certains secteurs de la bourgeoisie. Et si le blitzkrieg qu’il veut mettre en œuvre se transformait en débâcle ?

Et puis dans l’air, il y a un curieux sentiment. François Fillon sent le moisi clérical.

Les femmes au foyer, quant à l’avortement conquis de haute lutte, d’une manière ou d’une autre, il sera mis en cause. C’est ce que Sens Commun et la Manifestation pour Tous nomment « une politique familiale ».

Il est cocasse d’entendre l’ancien premier ministre rappeler son gaullisme alors qu’il met ses pas dans ceux de Philippe Pétain.

Tous les secteurs de la société sont dans son viseur, chômeurs, jeunes, salariés, fonctionnaires, émigrés, femmes et homosexuels.

François Fillon n’est pas encore élu. Imaginons qu’il le soit. De justesse, car cette fois le vote « contre le fascisme » ne marchera plus.

Qui va l’emporter ?

La peur, l’angoisse des exploités impuissantés craignant l’affrontement ou l’énergie nouvelle manifestée par les combattants contre la loi travail et les participants à la Nuit Debout ?

La résignation l’emportera-t-elle sur la mobilisation ?

C’est une question, la question.

À cet égard, il faut réfléchir à l’opération d’enfumage médiatico-idéologique menée par Jean Luc Mélenchon. Pour lui le champ social n’est plus le lieu de l’affrontement entre deux classes antagoniques, la bourgeoisie et la classe ouvrière, non, dorénavant, c’est la lutte du « bas » contre le « haut ». Le capital n’est plus un rapport social, mais une affaire de hiérarchie. Ce n’est plus le combat classe contre classe mais le mouvement de la France Insoumise contre les sommets, la plèbe contre les élites politiques, économiques et médiatiques.

C’est une affaire sérieuse. Si vous escamotez le salariat, tout n’est plus affaire que de bonnes réformes répondant aux revendications du peuple, le poujadisme et le populisme répété en talentueuses âneries intéressées. L’affrontement escamoté, le mouvement de la France Insoumise doit exprimer la « révolte du peuple » donc remettre entre les mains d’un homme providentiel le soin de régler les problèmes, un Hugo Chavez à la française, le bonapartisme de gauche.

La fameuse rencontre entre un « candidat et le peuple », c'est le retour à la case départ de la cinquième république. Le débat, sur le « haut et le bas » nous vient d’Amérique Latine, de philosophes intéressés. Que tout change pour que rien ne change. Ce débat s’est mené dans Podemos avec toujours le même objectif, contourner la lutte des classes. Il suffirait donc de changer les hommes, l’organisation des sommets pour que le « bas » soit satisfait. Surtout que les opprimés ne contrôlent pas leurs représentants, qu’il ne puisse pas révoquer et agir en permanence pour briser le rapport social.

Rien n’a été débattu collectivement. Le candidat s’est auto-désigné. Il s’est coopté, comme dans la franc-maçonnerie, foulant ainsi aux pieds, avec quel mépris pour les militants, le contrat démocratique, l'essentiel.

Un mot sur Emmanuel Macron, c'est la vacuité libérale et un produit du marketing des médias. Ils n’y croyaient pas eux-mêmes et ils faisaient des émissions, du papier et des débats.

Emmanuel Macron y a cru. L’incapacité de François Hollande lui a donné des ailes. La nullité absolue des candidats aux élections primaires du Parti Socialiste qui, pour cinq d’entre eux, ont un fil à la patte, leur participation au gouvernement, et les deux autres rêvant d’y arriver, donne à Emmanuel Macron des espoirs. Et puis, insistons, François Fillon n’est pas bon, mais c’est le candidat de la bourgeoisie et Emmanuel Macron est le suppléant, un Matteo Renzi de sous-préfecture.

Donc du rejet et du vide, Emmanuel Macron est arrivé et il peut durer jusqu'au mois de mai 2017.

L’opération est simple. Il y aura un écart considérable, Manuel Valls battu, entre Arnaud Montebourg ou Benoît Hamon et lui. Les élus et les cadres du Parti Socialiste et une partie de l’opinion publique exigeront et obtiendront le retrait du candidat de gauche pour Emmanuel Macron.

Les électeurs, ceux qui iront voter, utiliseront ce banquier libéral comme un projectile contre François Fillon. Ensuite, tous les démocrates et tous les républicains s’uniront contre Marine Le Pen.

Mais élu, il n’aura pas de majorité à l’assemblée. Rions. Oui rions, tant que nous pouvons.

En temps de paix, de stabilité internationale et de calme social, cette situation électorale ne mériterait même pas que nous nous y arrêtions.

Aujourd’hui c’est différent. Nous sommes entrés dans l’ère du chaos. Instabilité gouvernementale récurrente en Italie, en Espagne, en Islande et en Grande Bretagne, alors que de véritables foyers de guerre prospèrent, au Proche Orient et au Moyen Orient, mais également au cœur de l’Europe, en Ukraine.

La guerre est de retour.

Au nom de la lutte contre les fauteurs d’attentats, chaque jour les libertés sont encadrées et réduites. Guerres locales, réchauffement climatique, dictature et misère, chassent les peuples sur les routes de l’exil. Les réfugiés sont les premières victimes de la nouvelle barbarie. L’insoumis Jean Luc Mélenchon entend régler ces problèmes en discutant avec Vladimir Poutine et avec Bachar al Assad.

Quant aux réfugiés, la France ne peut accueillir toute la misère du monde. Nous connaissons le discours.

Les experts de la bourgeoisie, toujours plus nombreux, s’inquiètent du baril de poudre économique qui à chaque instant peut exploser.

L’élection de Donald Trump est à cet égard un événement considérable.

Un mot sur l’élection elle-même, Donald Trump a été élu par les grands électeurs alors qu’il a obtenu deux millions sept cent mille voix de moins qu’Hillary Clinton. Et n’oublions pas que des millions d’électeurs se sont rassemblés sur le nom de Bernie Sanders. le candidat ne valait rien mais le processus de mobilisation anti-libéral est important et aura, inévitablement, des lendemains.

Donald Trump veut que les Etats Unis reprennent la première place sur le plan économique, militaire et stratégique. Il est le produit de l'alliance des petits blancs marginalisés, des ouvriers déclassés et de Wall Street. Jamais gouvernement n’a compté autant de milliardaires. Celui qui dénonçait les banques a remis son sort à Goldman Sachs.

Donald Trump va pilonner les concurrents des américains, à commencer par l’Europe. Malgré les appels inquiets du directeur de la Central Intelligence Agency (CIA) à se « discipliner » dans l’expression, il va continuer, dans les faits.

L’objectif est d'accélérer la dislocation de l’Europe, de faire sauter l'euro et de restaurer la place du dollar.

À l’époque de l'union soviétique, traditionnellement, les Etats Unis soutenaient la construction européenne, d’autant plus que les investissements américains étaient les bienvenus.

Le mur est tombé, l'union soviétique est disloquée et les Etats Unis n'ont plus besoin d’une Europe solide qui devient dangereuse sur le plan de la concurrence. Il faut défaire l’ennemi.

Avec les méthodes du gangster chef impérialiste un peu cinglé, feu contre Bruxelles et soutien à la Grande-Bretagne, l'Allemagne devra se soumettre ou prendre le risque d’un affrontement. Quant à la France, à l’Italie et à l’Espagne, aux yeux de Donald Trump, ils n’existent pas, ce sont des nains. Et nous allons voir les alliés des Etats Unis comme la Pologne jouer le cheval de Troie dans l’Europe. La messe est dite. Avancez les brancards.

Donald Trump va s’allier avec la Russie. Les défenseurs des droits de l’homme peuvent pétitionner, il s’en moque. L’objectif, ce n’est plus l'ancienne union soviétique, c'est la Chine. Les frictions et les affrontements avec l'empire chinois vont se multiplier. Sans que nul, aujourd’hui, ne mesure les conséquences de cette tension.

La Russie en Europe. Israël et la Turquie pour contrôler les zones de guerre au Moyen-Orient, c'est dorénavant la stratégie des Etats Unis, frapper et laisser les décombres et les guerres locales sous le contrôle des alliés.

Ces événements sont considérables.

Certes, installé à la Maison Blanche, Donald Trump s’exprimera probablement avec plus de modération. Mais le dispositif stratégique ne changera pas sauf si les classes opprimées et les peuples s’opposent à Donald Trump et ses alliés. Ce qui n’est pas une mince affaire. Les événements se bousculent au portillon de l’histoire.

Combien dérisoire apparaît face à cette situation la campagne électorale française.

Le monde est en train de changer de base.

Protectionnisme, dumping fiscal et baisse d’impôts historique, tout le pouvoir aux pollueurs comme à la banque d’affaire. Le programme de Donald Trump est tellurique. Les conséquences mondiales sont considérables d’autant que le développement de l’économie robotique numérique ubérisée n’est pas qu'un simple progrès technologique.

La troisième guerre mondiale n’est pas à l’ordre du jour, mais l’explosion des dépenses militaires et la multiplication des conflits locaux sans oublier que, au bout du bout, le protectionnisme, c’est la guerre, font peser sur l’humanité des menaces considérables.

Pour ceux qui ont été exclus comme ceux qui ont quitté l’Organisation Communiste Internationaliste (OCI), le temps du deuil est terminé.

C’était au siècle dernier. L’importance et la complexité des problèmes posés à l’humanité appellent travail théorique et élaboration politique.

Bien au delà des anciens trotskystes, tous ceux qui partagent ces préoccupations devraient se rassembler et donner l’exemple du débat démocratique.

Ce qui est frappant, à l’échelle mondiale, c’est la rapidité des événements. Après une longue période de stabilité, produit du partage des responsabilités mondiales entre Washington et Moscou, a succédé une instabilité croissante. Les délais entre crise révolutionnaire et contre-révolution sont encore réduits. L’Égypte en est un parfait exemple.

C’est, me semble-t-il, en réfléchissant à ces problèmes qu’une réponse politique programmatique peut être discutée. À travers la dégénérescence de l’OCI, c’est l’échec de la quatrième internationale dont nous allons discuter.

Certes, mais maintenant, que faire ?

 

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commentaires

M
L'ère du chaos...peut être...L'Humanité s'est affranchie du Créateur (et de ses droits). Puis des Dix commandements. Elle entre dans l'ère de l'Horizontalité. Et donc de la négation du but qualifié de réel... Ce qu'exprime parfait nuit debout et son prochain symposium cuillère cinéma debout que je proposerai prochainement dans un café parisien .
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