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28 février 2017 2 28 /02 /février /2017 18:18

 

Avis de tempête sur la campagne de Benoît Hamon (Reuters)

 

Elu à l’élection primaire de la gauche sur une ligne frondeuse et en panne dans les sondages, Benoît Hamon est attaqué de toutes parts au Parti Socialiste, où certains dénoncent l’impasse stratégique de sa campagne présidentielle, sur fond de mouvement vers Emmanuel Macron.

Après l'accord passé avec l'écologiste Yannick Jadot et l'échec des négociations avec Jean-Luc Mélenchon, le candidat socialiste désormais allié à Europe Ecologie Les Verts (EELV) stagne en quatrième place dans les intentions de vote, autour de quinze pour cent des voix.

A moins de deux mois du premier tour des élections présidentielles, l'inquiétude ronge les rangs du Parti Socialiste, où les tenants d'une ligne sociale démocrate se désolent de voir leur candidat absent du trio de tête composé de la présidente du Front National, Marine Le Pen, et de l'ancien ministre de l’économie Emmanuel Macron, qui a pris l'avantage dans les sondages sur le candidat de la droite François Fillon.

Si certains lui reprochent d'avoir perdu trop de temps à discuter avec des formations étrangères au Parti Socialiste, la plupart des critiques ciblent le projet de Benoît Hamon, jugé « utopiste, irréaliste voire dangereux » par le député Marc Goua.

« Nous sommes extrêmement inquiets de la tournure prise par la campagne menée par Benoît Hamon et Yannick Jadot », a déclaré le député Gilles Savary au sortir d'une réunion d'une quinzaine de députés réformateurs à l’assemblée nationale, Mardi 28 Février 2017.

La réunion s'est tenue en présence de lieutenants d'Emmanuel Macron, comme le maire de Lyon, Gérard Collomb, et le député Christophe Caresche, qui a rejoint le fondateur du mouvement En Marche, dont le programme sera dévoilé Jeudi 2 Mars 2017.

Autre converti macroniste, le député radical de gauche Alain Tourret décrit « une dynamique en train de se faire autour d’Emmanuel Macron dans tous les secteurs de l'opinion, en rupture avec le programme de Benoît Hamon qui ce n'est pas celui d'une gauche rationnelle et raisonnable marquée par l'esprit des Lumières ».

Gilles Savary décrit un moment extrêmement compliqué. « Il y a aujourd'hui des gens qui sont tentés tout de suite d'aller chez Emmanuel Macron, d'autres qui sont tentés de le faire plus tard et d'autres qui sont dans l'attentisme », a-t-il dit.

Signe de la mauvaise humeur générale, la réunion du comité parlementaire du Mardi 28 Février 2017 a fait l'objet d'une passe d'armes entre Benoît Hamon et ses contradicteurs. Les réformistes et les vallsistes ne voulaient pas aller au siège de campagne de Benoît Hamon, qui a lui-même refusé de se rendre à l’assemblée nationale, rapporte une source parlementaire.

Le résultat est que la réunion s'est tenue en terrain neutre à l'espace Tapis Rouge, non loin du quartier général du candidat qui a dit à son arrivée que le climat à l’intérieur du Parti Socialiste était excellent.

« Pendant deux ans, la gauche s'est disloquée. La responsabilité de Benoît Hamon, notre candidat, c'est de cimenter à nouveau la gauche et il s'y emploie. Ce n'est pas toujours facile et il y encore des dispersions et des ambitions », a reconnu devant la presse le député Christian Paul.

Pour son collègue Alexis Bachelay, « l'arbre de quelques voix discordantes ne saurait cacher la forêt de l'immense majorité des parlementaires qui souhaitent que Benoît Hamon l'emporte et fasse une bonne campagne ».

Le Mardi 28 Février 2017 a aussi marqué le grand retour du finaliste malheureux de l’élection primaire du Parti Socialiste, Manuel Valls.

Après de longues vacances en Espagne, l'ancien premier ministre a déjeuné avec des députés de son courant au ministère de Laurence Rossignol, ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes, a-t-on appris de source parlementaire.

Manuel Valls réunit ses troupes à l’assemblée nationale Mardi 28 Février 2017 en fin de journée pour tenter de peser sur une campagne jugée mal engagée.

« Quand on veut être président de la république, il faut tendre la main à son camp et à ceux qui sont au sein même du Parti Socialiste. Jusqu'à présent, je n'ai pas vu cette main tendue », a déploré le député vallsiste Hugues Fourage.

Jean-Marie Le Guen a dénoncé quant à lui l’impasse stratégique dans laquelle s'est engouffré Benoît Hamon, tenant d'une ligne trop radicale à ses yeux pour séduire une majorité.

« Il ne peut pas s'adresser simplement à vingt pour cent des français qui, pour telle ou telle raison, sont sensibles à des thèmes d'une gauche radicalisée », a insisté sur Radio Télévision Luxembourg (RTL) le secrétaire d’état à la francophonie, proche de Manuel Valls.

« Nous sommes dans une élection présidentielle, il est le candidat d'un parti de gouvernement et nous ne sommes pas un parti altermondialiste pour mener la contestation sociale ».

De l'avis d'une ministre, tout devrait se jouer avant la fin du mois de mars 2017, date à laquelle la question de faire rempart au Front National deviendra prioritaire pour les socialistes, au point de les faire éventuellement basculer du côté d'Emmanuel Macron.

« Dans dix à quinze jours va se poser la question du vote utile à gauche », explique-t-elle.

 

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