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28 avril 2017 5 28 /04 /avril /2017 19:34

 

http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/04/27/nouvelle-epuration-dans-les-rangs-de-la-police-en-turquie_5118291_3214.html

 

Nouvelle épuration dans les rangs de la police en Turquie

 

Par Marie Jégo, correspondante permanente du Monde à Istanbul

 

Ralenties au moment du référendum qui a renforcé les pouvoirs du président, Recep Tayyip Erdogan, les purges sont reparties de plus belle en Turquie, Mercredi 26 Avril 2017, lorsque des poursuites ont été engagées contre onze mille policiers, « une opération de choc », selon le quotidien gouvernemental Milliyet.

Accusées d’être des adeptes du prédicateur Fethullah Gülen, montré du doigt par Ankara comme l’instigateur du putsch raté du mois de juillet 2016, les personnes visées représentent, selon les autorités, une menace à la sécurité nationale. A l’issue des opérations du Mercredi 26 Avril 2017, mille policiers ont été placés en détention et neuf mille cent trois ont été suspendus.

En tout, sept mille mandats d’arrêt ont été émis contre des policiers dans quatre vingt une villes du pays. Parmi les personnes concernées par ces mandats, mille neuf personnes sont décrites comme ayant joué le rôle d'imams secrets agissant au sein de la police. Les autres seraient de simples adeptes de Fethullah Gülen, un ancien allié de Recep Tayyip Erdogan devenu sa bête noire depuis 2013.

Avant la brouille entre les deux chefs, le parti de la justice et du développement (AKP) et la confrérie de Fethullah Gulen travaillaient de concert. Des années durant, celle-ci a eu tout le loisir d’infiltrer les institutions de l'état, notamment la police et l’appareil judiciaire, avec la bénédiction du parti au pouvoir.

« Que ne leur a-t-on pas donné », a pour coutume de répéter Recep Tayyip Erdogan. Les listes des gülenistes sont d’autant plus faciles à établir que l’AKP a largement contribué à leurs nominations, puis à leurs promotions dans les rangs de l’administration et la justice.

Il était une époque où le président envoyait régulièrement ses saluts transatlantiques à l’imam Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis depuis 1999. Les ministres du gouvernement se bousculaient, c’était à qui ferait le voyage jusqu’en Pennsylvanie pour embrasser les mains du maître. Bien sûr, aucun de ces responsables n’a été inquiété, seuls des fonctionnaires de rangs inférieurs ont été mis en examen ou limogés.

Cette purge s’inscrit dans la vaste vague de répression engagée par le président turc après la tentative de putsch par une partie de l’armée.

Depuis, cent vingt cinq mille salariés, dans le public comme dans le privé, ont été limogés, et quarante sept mille personnes, dont dix mille sept cent policiers et sept mille quatre cent militaires, ont été privées de liberté.

Alors que l’état d’urgence mis en place depuis le mois de juillet 2016 vient d’être prolongé de trois mois, le gouvernement a toute latitude pour réprimer. Quinze jours avant le référendum du Dimanche 16 Avril 2017, remporté de justesse par Recep Tayyip Erdogan, le porte-parole du gouvernement, Numan Kurtulmus, avait prévenu que la lutte contre les gülenistes allait se poursuivre et qu’elle allait prendre des années. « Ils sont encore très présents dans les institutions et nous savons qui marche dans la neige sans laisser de traces », avait-il déclaré à la presse le 31 mars 2017.

Cette vaste épuration intervient alors que l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a placé la Turquie sous contrôle, Mardi 25 Avril 2017, en raison de ses violations de l'état de droit et des droits de l’homme.

C’est la première fois qu’un pays membre du conseil de l'Europe se retrouve astreint à une nouvelle procédure de suivi. En 1996, la Turquie était passée par cette procédure avant d’en être libérée en 2005 grâce aux réformes entreprises par le gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan dans le cadre des négociations d’adhésion à l’Union Européenne.

La décision de l’APCE est politique, déplore le président turc dans une interview publiée Mardi 25 Avril 2017 par l’agence Reuters. Fustigeant l’attitude des européens, il a de nouveau indiqué qu’il était prêt à organiser un référendum sur l’adhésion de son pays à l’Union Européenne, « le Royaume-Uni a demandé à son peuple et celui-ci a choisi le Brexit. Les britanniques ont l’esprit tranquille et ils cheminent vers un nouvel avenir. La même chose peut s’appliquer à la Turquie ».

 

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