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21 avril 2017 5 21 /04 /avril /2017 16:29

 

https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/210417/le-jour-d-apres

 

Le jour d’après le premier tour des élections présidentielles

 

Vendredi 21 Avril 2017

 

Insatisfaits de l'offre politique à gauche, treize militants de partis, de syndicats et du monde associatif, expliquent pourquoi ils se projettent déjà dans l'après-élection.

 

La refondation d'un projet politico-social et idéologique alternatif à ce capitalisme destructeur de droits sociaux et de l'environnement ne sera crédible et attractive que si elle émerge de pratiques pluralistes et démocratiques, ancrées dans les réseaux militants

Nous sommes de ceux et celles qui se sont mobilisés avec Nuit Debout contre la loi travail. Derrière elle, nous rejetions une république française de plus en plus liberticide et discriminatoire, rouage d'un capitalisme du vingt et unième siècle qui nous ramène au dix neuvième siècle, et d'une Union Européenne qui nous y enfonce. Nous cherchions aussi ce que pourrait être l'alternative à la profonde crise de la démocratie représentative, incluant celle des partis, sans réponse claire à ce jour, mais certainement pas convaincus par la stratégie dite de populisme de gauche opposée au populisme de droite.

Nous faisons nôtres les objectifs des réseaux associatifs contre l'état d'urgence et de guerre, ou encore défendant nos droits contre leurs privilèges comme ceux de la manifestation du Dimanche 19 Mars 2017 pour la justice et la dignité, reprenant les slogans des soulèvements du monde arabe. Nous combattons les politiques prétendument universalistes de mise en concurrence généralisée des populations, de même que les pseudo alternatives nationales et libérales qui dressent des murs contre les étrangers, roms, musulmans, non blancs ou non français, qui nous voleraient notre sécurité sociale, nos emplois et notre identité. Ce sont les mêmes faux dilemmes qui sont à l'oeuvre aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Hongrie comme en France. Hilary Clinton n'était pas davantage une réponse à Donald Trump qu'Emmanuel Macron ne le serait à Marine Le Pen ou à François Fillon.

L'espoir d'une recomposition progressiste, à gauche d'un Parti Socialiste discrédité qui tarde à mourir, ne trouvera pas de réponse dans ces élections, ni du côté de Benoît Hamon, valorisant la politique de François Hollande au Mali et confronté à l'impasse de tout colmatage du Parti Socialiste, ni de celui de Jean-Luc Mélenchon, qui combat la monarchie présidentielle en reprenant ses méthodes et dont la stratégie politique est ancrée dans un discours tricolore aux dérives internes et internationales inquiétantes. Pourtant, des axes communs de ces deux candidats s’opposant à la loi travail et aux politiques d'austérités françaises et européennes, soulignant les urgences écologiques et refusant les politiques racistes et sécuritaires, ont fait légitimement naître l'espoir d'une candidature unique sur de telles bases. Et, à défaut, le vote pour Jean Luc Mélenchon est apparu de plus en plus comme susceptible de l'emporter à la fois contre Marine Le Pen, François Fillon et Emmanuel Macron, et d’ouvrir une crise politique autour de l’exigence d’une sixième république.

Pourtant, la conception populiste de Jean Luc Mélenchon ne permet pas de concevoir le Mouvement de la France Insoumise (MFI) comme émanant d'une dynamique d'en bas, réellement plurielle et démocratique.

La candidature de Philippe Poutou a dans ce contexte plusieurs mérites, exprimer une rupture avec le présidentialisme, ne pas laisser l'expression politique aux politiciens et mettre l'accent sur la nécessité des mobilisations sociales et auto-organisées pour bâtir d'autres possibles, tout en affichant un programme internationaliste. Mais pas plus que Nathalie Arthaud, Philippe Poutou ne s’inscrit dans une démarche politique et sociale pluraliste crédible, permettant de construire un bloc alternatif qui réponde aux enjeux majeurs de société, respectant l'autonomie et la diversité des cheminements pour assurer la convergence des mobilisations.

Il y aura donc aussi beaucoup d'abstentions et d'hésitations et les signataires de ce texte n'opteront pas nécessairement pour le même bulletin. Mais face aux menaces, quels que soient les choix tactiques de votes et les résultats des élections présidentielles et des élections législatives, à ce jour totalement imprévisibles, l'indispensable troisième tour doit être, mais ne peut être seulement, social et dans la rue. La refondation d'un projet politico-social et idéologique alternatif à ce capitalisme destructeur de droits sociaux et de l'environnement ne sera crédible et attractive que si elle émerge de pratiques pluralistes et démocratiques, ancrées dans les réseaux militants, rejetant la subordination des mouvements sociaux aux partis politiques et donc en inventant une redéfinition radicale du politique. Celle-ci doit imprégner les luttes comme les futures campagnes législatives et européennes.

Le jour d'après le premier tour, quels qu'en soient les résultats, nous appelons celles et ceux se réclamant d'une alternative au capitalisme à multiplier les rencontres en ce sens.

 

Les signataires sont des militants des réseaux associatifs, altermondialistes, syndicalistes, antiracistes, féministes, LGBT et autogestionnaires, pour certains membres de diverses organisations de la gauche radicale.

 

Premiers signataires

 

Bernard Chapnik, Florence Ciaravola, Thomas Coutrot, Bruno Della Sudda, Jacques Fortin, Laurent Lévy, Philippe Marlière, Richard Neuville, Catherine Samary, Nadine Slyper, Patrick Silberstein, Josette Trat et Sophie Zafari.

 

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