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5 avril 2017 3 05 /04 /avril /2017 19:18

 

http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/04/05/debat-presidentiel-nous-on-n-a-pas-d-immunite-ouvriere_5106148_4854003.html

 

Philippe Poutou et Nathalie Arthaud à l’offensive sur les affaires

 

Le leader du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) et la candidate de Lutte Ouvrière n’ont pas été relayés par les autres candidats sur cette question.

 

Par Jean-Baptiste de Montvalon

 

Etrange omerta que ce silence persistant sur les affaires, dont une accablante litanie rythme pourtant la campagne présidentielle depuis des semaines. Lors du premier débat télévisé, qui avait réuni les cinq principaux candidats sur la première chaîne de la télévision française, le Lundi 20 Mars 2017, Jean-Luc Mélenchon avait été le seul à briser le non-dit régnant sur le plateau en moquant les pudeurs de gazelle des journalistes qui venaient d’évoquer, sans plus de précision, le climat des affaires. « Ici, il n’y a que deux personnes qui sont concernées, François Fillon et Marine Le Pen. Nous n’avons rien à voir avec tout cela. Alors, s’il vous plaît, ne nous mettez pas dans le même sac », avait souligné le candidat du Mouvement de la France Insoumise.

S’il n’a assurément pas contribué à clarifier les positions des uns et des autres, le deuxième débat élargi aux onze candidats aura au moins permis aux téléspectateurs d’entendre des mots nettement plus clairs à ce sujet. Nous les devons à certains de ces petits candidats, les recalés du Lundi 20 Mars 2017, généralement ignorés, souvent moqués et parfois méprisés lorsqu’ils accèdent à l’antenne à une heure tardive. Un statut peu enviable, mais qu’ils ont retourné à leur profit, Mardi 4 Avril 2017, en faisant preuve d’une singulière et salutaire liberté de style et de paroles. Dans ce registre, Philippe Poutou s’est montré particulièrement efficace.

En refusant de poser pour la photographie de groupe, le candidat du NPA a marqué d’emblée sa différence. « Je suis ouvrier à l’usine Ford de Bordeaux. A part Nathalie Arthaud, je crois que je suis le seul à avoir un travail normal », a-t-il indiqué au moment de se présenter. Lorsque fut abordée la question de l’exemplarité en politique, c’est ce petit candidat en polo, comme égaré au milieu d’une flopée de costumes et de cravates, qui a rhabillé pour l’hiver certains de ses adversaires en mode très direct. « Depuis le mois de janvier 2017, c’est le régal. François Fillon, que des histoires, plus on fouille et plus on sent la corruption et la triche. Nous avons aussi Marine Le Pen, c’est pareil, on pique dans les caisses publiques et le Front National, qui est contre le système, ne s’emmerde pas car il se protège grâce à l’immunité parlementaire, donc peinard ».

Marine Le Pen et François Fillon, ce dernier marmonnant « je vais vous foutre un procès, vous », ont tenté de l’interrompre. Mais le candidat du NPA a poursuivi sur sa lancée, jusqu’à ce scud qui fera date, « nous, quand nous sommes convoqués par la police, nous n'avons pas d’immunité ouvrière ». Pour la présidente du Front National, qui use de son immunité parlementaire pour refuser de se rendre à toute convocation policière ou judiciaire, le coup, salué par des applaudissements nourris dans le public, était rude et à double tranchant, côté pile, les affaires et, surtout, côté face, la remise en cause d’une candidate qui se veut la porte-parole des oubliés.

Nathalie Arthaud a pris le relais en s’en prenant au candidat de la droite. « Quand on est élu, on a plus de devoirs que les autres et on ne devrait pas avoir tous ces privilèges et ces passe-droits », a-t-elle souligné.

« Quand nous entendons François Fillon s’en prendre aux privilèges des cheminots quand lui-même s’accorde des largesses, cela choque. Je ne trouve pas cela normal. Quand on est travailleur, qu’on est ouvrier et qu’on est au chômage, des comptes, on en rend tous les jours. Quand on est au Revenu de Solidarité Active (RSA), là aussi, il y a des contrôleurs qui viennent. Et dans une entreprise, la caissière qui récupère un bon d’achat, elle est licenciée. Vous avez admis des erreurs mais, pour moins que cela, les gens sont mis à la porte », a-t-elle conclu en s’adressant directement à François Fillon.

Faute d’avoir été relayés par de plus grands candidats, ces quelques rappels à la réalité n’ont pas suffi à déstabiliser l’ancien premier ministre.

Mis en examen, notamment pour détournement de fonds publics, François Fillon a pu filer une anaphore un brin surréaliste, « moi, président exemplaire ». Après une brève relance de l’une des journalistes, le candidat des Républicains a opposé une fin de non-recevoir, « je refuse de répondre aux journalistes qui, pendant deux mois et demi, ont fait mon procès. On a voulu me faire taire et on a voulu m’éliminer, je suis toujours là, personne ne viendra m’intimider. Ce sont les français qui porteront un jugement dans un peu moins de trois semaines ».

 

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