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12 juillet 2017 3 12 /07 /juillet /2017 18:52

 

https://www.marianne.net/politique/le-parti-de-macron-en-passe-de-devenir-le-moins-democratique-de-france

 

Le parti d'Emmanuel Macron en passe de devenir le moins démocratique de France

 

Par Étienne Girard

 

S'ils assurent que le parti d'Emmanuel Macron appartient à ses adhérents, les futurs statuts ne prévoient aucune élection interne. Toutes les décisions seront prises par une majorité d'élus.

Ce n'est pas si facile de construire un parti différent. Samedi 8 Juillet 2017 au Paris Event Center, dans le dix neuvième arrondissement, la question de la structuration du mouvement fondé par Emmanuel Macron aura occupé la majeure partie des interventions, lors de la première convention de la République En Marche (REM). Modernité, ouverture et renouvellement, ont répété la plupart des orateurs. A la lecture des grandes lignes des futurs statuts du parti, présentés en marge de la convention, il semble indéniable que le parti macroniste s'oriente vers un modèle inédit, qui ne brillera pas par ses dispositifs de votation interne. A force de vouloir se démarquer des autres formations politiques, la REM est au contraire en passe de devenir le parti le moins démocratique de France.

Si les adhérents vont voter pour avaliser ces statuts d'ici au 30 juillet 2017, ils n'auront ensuite plus aucune prise sur les décisions au sein du mouvement. Bien sûr, ces trois cent soixante treize mille militants auront un rôle, mais il sera tout sauf central. Ils pourront par exemple saisir le bureau exécutif de toute information utile à l'organisation et à la vie du mouvement, mais ils ne pourront pas imposer une position. Un certain nombre d'adhérents intègreront quant à eux le conseil, présenté dans les statuts comme le parlement de la REM, après avoir été tirés au sort, mais ces militants ne constitueront que vingt pour cent des membres de l'organe.

Pour le reste, si les statuts précisent que la REM appartient à ses adhérents, les procédures internes ne leur donneront pas souvent l'occasion de s'exprimer.

Les parlementaires auront la main sur toutes les décisions. Avec les élus locaux du parti et les référents territoriaux, au nombre de cent dix, ils formeront quatre vingt pour cent du conseil.

Autant dire que les trois cent huit députés et les vingt cinq sénateurs macronistes disposeront probablement de la majorité absolue au sein de l'instance et ils pourront ainsi imposer, s'ils le souhaitent, leur point de vue.

Cela tombe bien puisque le conseil contrôlera l'ensemble des instances importantes du parti, dans une organisation en forme de poupées russes, où chaque collège s'emboîte dans un autre. Le ou les dirigeants seront nommés par le conseil. La commission d'investiture, chargée de sélectionner les candidats aux élections, sera désignée par le bureau exécutif, lui-même nommé par le conseil.

Quant aux référents territoriaux du mouvement d'Emmanuel Macron, ils ne seront pas non plus élus mais nommés par la direction de la REM.

Contacté, l'entourage de Catherine Barbaroux, la présidente par intérim de la REM, assume une volonté de privilégier l'efficacité du mouvement sur des élections internes qui pourraient susciter des ambitions mal placées, « en observant le fonctionnement des autres partis, nous nous sommes aperçus que plus vous créez des postes, plus vous risquez de créer des ambitions pas forcément tournées vers l'intérêt du mouvement. Nous voulons éviter cela ». Arnaud Leroy, ancien député pressenti pour intégrer la direction collégiale, se veut plus direct, « nous ne voulons pas de baronnies locales et de rivalités où le succès de l'un dépend de l'échec de l'autre, comme cela a pu être le cas au Parti Socialiste ».

Ce type de fonctionnement est en tout cas une curiosité en France, où la plupart des partis restent organisés autour du principe de la démocratie interne. Au Parti Socialiste, chez les Républicains ou au Front National, la légitimité du leader du parti procède ainsi de son élection par les militants.

Ces dernières années, l'organisation des élections primaires du Parti Socialiste, des Républicains ou d’Europe Ecologie Les Verts (EELV), a accentué le phénomène. Au Parti Socialiste, on vote même pour chaque désignation interne. Tous les candidats aux élections législatives ont été adoubés par les militants de leur circonscription.

C'est une chose inenvisageable dans le parti macroniste, objectif de parité oblige. « Si nous faisions élire les candidats, beaucoup plus d'hommes se présenteraient », constate un cadre du mouvement.

La REM apparaît imperméable à cette culture de l'élection. La seule tête à dépasser restera celle du président de la république, Emmanuel Macron. A la direction de la REM, on veut pourtant croire que cette absence de démocratie interne n'empêchera pas les débats, « avec leur pouvoir de faire remonter des sujets, les adhérents auront au final beaucoup plus de poids qu'ils n'en auraient eu en élisant un premier secrétaire tous les deux ans ».

Finalement, le parti dont le fonctionnement se rapproche le plus de celui de la REM pourrait bien être le Mouvement de la France Insoumise (MFI) de Jean-Luc Mélenchon. On retrouve dans les deux organisations la même absence d'élections internes et la même centralisation des investitures des candidats. Chez les supporters de Jean-Luc Mélenchon, ce type de procédure se veut toutefois transitoire puisque le MFI n'est actuellement pas structuré en forme de parti. Au Parti de Gauche, la formation précédemment créée par le député de Marseille, les adhérents peuvent voter pour chaque nomination interne, mais aussi révoquer les dirigeants. Ce n’est pas vraiment la philosophie de la REM.

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