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3 août 2017 4 03 /08 /août /2017 18:38

 

 

https://www.ensemble-fdg.org/content/jlm-la-france-le-vel-dhiv-et-la-republique

 

Jean Luc Mélenchon, la France, la rafle du Vélodrome d'Hiver et la république

 

Mercredi 26 Juillet 2017

 

Je viens de lire avec une grande attention, une fois n’est pas coutume, le billet du 17 juillet 2017 de Jean Luc Mélenchon sur son blog.

Ce billet est en deux parties. La première partie porte sur les ordonnances du gouvernement pour modifier en profondeur le code du travail. La verve et le talent de Jean Luc Mélenchon s’y expriment avec pédagogie et conviction. Comme à son habitude, quand il aborde ces sujets sous l’angle de la confrontation capital travail, Jean Luc Mélenchon va à l’essentiel et se situe sur une ligne de classe, celle du monde du travail. 

Bien entendu, sur cette partie il y aurait matière à débattre, à compléter ou à contredire sur tel ou tel point, les propos de Jean Luc Mélenchon. Mais le débat contradictoire, parfois virulent, est un héritage du mouvement ouvrier, de sa diversité et de son histoire. Cette discussion est nécessaire, avec la volonté de progresser collectivement sur ces questions. Mais comme je l’ai dit, Jean Luc Mélenchon se situe incontestablement sur le terrain de la lutte des classes en ce qui concerne la loi d'Emmanuel Macron contre le code du travail. Face à l’agression sociale que constituent ces ordonnances, l’urgence est de faire front commun.

Mais ce qui suscite ma réaction, c’est la deuxième partie de son billet et plus particulièrement la fin du billet dans laquelle il réagit à la déclaration d'Emmanuel Macron sur la responsabilité de la France dans la rafle du Vélodrome d'Hiver.

Jean Luc Mélenchon reprend la position traditionnelle de Charles de Gaulle à François Mitterrand selon laquelle Vichy, ce n’était pas la France. Il complète cette position par l’affirmation que « dire que la France, en tant que peuple et en tant que nation, est responsable de ce crime, c’est admettre une définition essentialiste de notre pays totalement inacceptable. La France n’est rien d’autre que sa république ».

Si la France n’est que sa république, nous pourrions convenir que, en 1942, au moment de la rafle du Vélodrome d'Hiver, la république étant abolit par la révolution nationale du maréchal Philippe Pétain, la France n’est pas ce gouvernement.

Mais sur le temps long historique, cette assertion nous amène à considérer que la France disparaît et réapparaît entre 1792 et l’avènement de la troisième république dans les années 1870.

Plus sérieusement et plus proche de 1942, est ce la France, ou pas, qui organise en 1940, avant les pleins pouvoirs donnés à Philippe Pétain, une autre rafle, toujours au Vélodrome d'Hiver ?

Le 15 Mais 1940, le très républicain gouvernement de Paul Reynaud organise l’arrestation de cinq mille femmes. « Avis à la population, les femmes célibataires et mariées sans enfant rejoindront le Vélodrome d'Hiver », voilà l’ordre adressé aux forces de l’ordre par le gouvernement de la république française. L'injonction s'adresse aux immigrées d'origine allemande, juives, communistes et opposantes, toutes celles qui s'étaient réfugiées à Paris, fuyant leur pays sous la botte nazie depuis le milieu des années 1930.

Certes il n’y a pas d’enfants, certes elles ne sont pas toutes juives, mais cinq mille femmes sont entassées au Vélodrome d'Hiver puis transportées au camp d’internement de Gurs dans les Pyrénées Atlantiques.

A l’entrée de ce que fut ce camps, il est rappelé ceci, « ici furent internés vingt trois mille combattants républicains espagnols, sept mille volontaires des brigades internationales, cent vingt patriotes et résistants français, douze mille huit cent soixante juifs immigrés aux mois de mai et de juin 1940, six mille cinq cent juifs allemands du pays de Bade et douze mille juifs arrêtés sur le sol de France par Vichy entre 1939 et 1944. Souvenez- vous ».

Si, ici, il est fait une distinction entre les mois de mai et de juin 1940 et Vichy, il est tout de même difficile de percevoir une différence de nature entre les deux périodes. En tout cas la performance du gouvernement républicain est à souligner.

Tous, ou presque, finirent dans les camps de concentrations ou d’exterminations, rouges ou juifs ou les deux.

En suivant le raisonnement induit par l’argumentation de Jean Luc Mélenchon, on peut se demander quand la France, qui n’est que la république, a-t-elle cessé d’être, en tout état de cause avant la suppression de la république. 

En fait, il suffit de reprendre le fil de la lutte acharnée contre le fascisme et le nazisme pour voir que, de la déclaration du patronat français en 1935, « plutôt Adolf Hitler que le Front Populaire », à la collaboration active de l'état français à la mise en œuvre de la solution finale, il y a une continuité et une lente adaptation aux plus terribles circonstances de la lutte.

Philippe Pétain, ce n’est pas la disparition de la France et de sa république, c’est aussi l’exacerbation de la lutte contre le péril rouge dont le fascisme a été la forme la plus virulente. Dire cela ce n’est nié la spécificité raciste et antisémite du régime nazi.

Mais le patronat allemand n’a pas été le seul à profiter ou à s’adapter à la politique du régime nazi. Les maitres de forge en France se sont coulés par lâcheté ou cynisme, à moins que cela ne soit par intérêt, dans la collaboration. Combien ont-ils été déchus de leurs prérogatives et de leur rang social lorsque, en 1945, la France fut revenue dans la république ?

 Bien entendu la lutte contre le nazisme ne peut se résumé par l’unique lutte des classes. Mais force est de constater que la lutte de classe n’avait pas disparue dans la lutte contre le nazisme.

Bien entendu, La France ne peut être niée, elle existe comme langue, comme pays, comme histoire et comme état. Mais c’est une réalité mouvante, changeant au gré de l’évolution historique et des rapports de force.

Que dire de la république qui tout au long de son histoire incarna à la fois l’espoir d’émancipation de la révolution, la fameuse sociale rêvée par les révolutionnaires du dix neuvième siècle et l’autoritarisme de l'état. Et nous ne parlerons pas de la république coloniale, de ses massacres et de ses guerres.

On objectera qu’il nous faut prendre en compte les valeurs de la république, les conquêtes sociales, la liberté, l'égalité et la fraternité.

Mais ces valeurs et ces conquêtes ne sont que le résultat des luttes sociales. La république ne se rempli d’un contenu social et émancipateur que sous la poussée de la lutte des classes.

Le reste du temps, la république s’incarne dans les politiques concrètes de l'état, elle réprime le salariat révolutionnaire, elle soumet par la violence les peuples à coloniser et elle enferme au Vélodrome d'Hiver les opposants, les réfugiés, les indésirables, les rouges et les juifs.

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