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9 juin 2008 1 09 /06 /juin /2008 20:31
Edito du Monde


L'enjeu irlandais


LE MONDE | 07.06.08 | 13h26  •  Mis à jour le 07.06.08 | 13h26


'Union européenne retient son souffle à quelques jours du référendum irlandais sur le traité de Lisbonne. Si l'Irlande dit oui, la laborieuse réforme des institutions européennes, lancée en décembre 2001 au sommet de Laeken, interrompue en mai-juin 2005 par le rejet franco-néerlandais du projet de Constitution, remise en chantier ensuite par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy sous la forme d'un traité "simplifié", parviendra enfin, selon toute vraisemblance, à son terme. On imagine mal, en effet, que les Parlements des autres Etats membres, dont quinze ont déjà ratifié le texte, mettent en échec le nouveau traité.

 


En revanche, si l'Irlande dit non, tout l'édifice s'effondrera. Des années de négociations, dans lesquelles l'Europe a investi beaucoup de temps et d'énergie, seront réduites à néant. Le coup sera rude, comme l'a été il y a trois ans le double non de la France et des Pays-Bas. La crise, dont l'Europe avait cru se sortir, sera de retour. Les progrès attendus du nouveau traité, qui devait, selon ses promoteurs, renforcer le rôle de l'Union européenne dans le monde, seront à remiser au rayon des illusions perdues. Ceux qui ne veulent pas de cette Europe-là s'en réjouiront, ceux qui jugent positifs les changements promis s'en désoleront.


Ce ne serait pas la première fois que l'Irlande choisirait de faire cavalier seul. En juin 2001, les Irlandais avaient rejeté, à 54 %, le traité de Nice. En octobre 2002, consultés une seconde fois, ils l'approuvaient par 62,89 % des voix. Entre-temps, les Européens, dans une déclaration solennelle, les avaient assurés que leur neutralité serait garantie. Grâce à une forte participation, le oui l'emportait au second essai. De cette adoption ou non du traité dépendait l'élargissement de l'Union aux anciens pays communistes.


Un tel scénario peut-il se répéter ? C'est l'une des hypothèses envisagées au cas où les Irlandais voteraient non le 12 juin. A supposer qu'ils disent oui dans un second temps, moyennant de nouvelles garanties, le calendrier des réformes serait retardé, mais non abandonné. Mais il n'est pas sûr que les Européens puissent demander deux fois de suite aux Irlandais de se dédire. En attendant, si le seul pays appelé à se prononcer par référendum sur le traité de Lisbonne le rejette, c'est mauvais signe pour l'Europe.


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