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5 octobre 2008 7 05 /10 /octobre /2008 19:11

Lettre ouverte aux militants de Forces Militantes et de PRS.

 

Par Robert Duguet (militant de Forces militantes)

 

Chers camarades,

 

Au moment où le mode de production capitaliste connait la plus grave crise qu’il ait connu depuis 1929, les positions de la direction actuelle du PS ainsi que la façon dont se met en place la mascarade du congrès de Reims, désarment les militants socialistes et particulièrement ceux qui se situent à la gauche du parti. Les dirigeants politiques de la classe capitaliste courent au feu, Nicolas Sarkozy en tête, convoquent des réunions d’urgence pour tenter d’enrayer les effets de la crise et éviter la perspective d’un effondrement total du système. Le même Sarkozy qui a fait depuis sa venue au pouvoir une politique ultra-libérale et de destruction de tous les acquis de civilisation obtenus par la classe ouvrière à l’issue de la seconde guerre mondiale, pose précipitamment la question de la régulation du capitalisme, promet des sanctions exemplaires contre les responsables de la crise, Fillon recule sur la question de la privatisation de la poste… Contrairement à la façon dont les médias présentent la situation, il n’y a plus de pilote dans l’avion, le capitalisme conduit à nouveau la civilisation à l’abîme et les effets sur l’économie réelle vont se développer maintenant : à partir du moment où les banques ne prêtent plus d’argent, ou prêtent à des taux trop élevés, un chômage de masse va se développer, notamment dans les petites entreprises. Beaucoup de gens de gauche se réjouissent que le pouvoir en revienne à l’intervention de l’Etat et que la régulation soit remise sur le métier. Dans le cadre du capitalisme en crise, c’est un cautère sur une jambe de bois. Les Etats vont socialiser les pertes et, lorsque de leur point de vue nous sortirons de la crise, ils privatiseront les gains. Celui qui va donner le la à l’orientation social-libérale défendue par la bande des trois Hollande-Delanoë-Aubry du PS, c’est Dominique Strauss Kahn, président du FMI, qui vient d’inventer la notion de « nationalisation provisoire ».

 

Dans la situation politique et sociale dans laquelle nous sommes entrés avec cette crise structurelle du mode de production, nous avons besoin que la gauche se rassemble sur une orientation clairement anticapitaliste. Il n’y a pas de solution pour le salariat, et au-delà pour la civilisation humaine, que des mesures radicales de nationalisation sans indemnisation pour les spéculateurs. Le congrès du parti se prépare t’il sur cette orientation, bien évidemment non, cela nous le savons depuis longtemps. Mais la gauche du parti ?

 

Le courant Forces Militantes avec Marc Dolez, député du nord, s’est adressé le 28/06/2008 aux militants socialistes en disant en substance :

 

« Notre tâche est de tout mettre en œuvre pour faire front contre la droite et le MEDEF, pour combattre leur politique de destruction totale, pour offrir un débouché aux luttes et à la colère sociale, pour créer dès que possible les conditions d’une véritable alternative à gauche, d’un gouvernement rompant enfin avec les logiques libérales. Notre tâche est de participer à la reconstruction d’un parti authentiquement socialiste, qui allie la protestation à la proposition, pour une gauche digne de ce nom… »

 

Depuis son intervention à la fête de l’Humanité en septembre 2007, suite à la publication de son livre « En quête de gauche », Jean Luc Mélenchon et son association PRS défendait la perspective d’un Linke à la française, courant socialiste de gauche en rupture avec le social-libéralisme, donc posant de fait la question de la sortie du PS, qualifié d’organisation se transformant en « parti démocrate ».  

 

A la fin de l’été un communiqué Dolez-Mélenchon, définissait un accord clairement à gauche, notamment pour l’abrogation des mesures anti-ouvrières appliquées par Sarkozy et son gouvernement et pour une VIème République, démocratique, laïque et sociale : on ne pouvait que s’en féliciter.

 

Suite à de multiples tractations d’appareil, desquelles les militants ont été éjectés, une motion C a vu le jour autour des têtes de file suivantes : Emmanuelli, Hamon, Lienneman, Filoche, Mélenchon et Dolez. Le journal de PRS « A gauche » titre : « Une chance historique », se félicitant que la gauche du parti soit enfin rassemblée autour d’une motion commune. Le rédacteur de l’article François Delapierre dit « nous avons pris le vent hors du huis clos confiné » des  « vendettas obscures et autres batailles de groupuscules qui caractérisent le paysage éclaté des courants et sous-courants socialistes, gauche du PS incluse. » Ce qui est manifestement faux, puisque, comme nous le disions, les militants ont été exclus de ce qu’ont décidé les chefs. Mieux, une liste de camarades de Forces Militantes et Trait d’Union ont été portés signataires d’une motion qu’ils n’avaient pas lu. Et pour cause : sur le contenu du texte l’essentiel du contenu socialiste de l’accord Dolez-Mélenchon contre Sarkozy et son gouvernement a disparu, laissant les militants désemparés par rapport à ce qu’ils peuvent attendre d’une orientation clairement à gauche, d’autant que la crise structurelle du capitalisme est là et bien là. Elle commande une orientation anticapitaliste précise et que nous sortions des approximations floues d’un antilibéralisme qui ne fâche personne. Si Mélenchon et Hamon mettent pour l’instant une sourdine à une éventuelle synthèse avec Martine Aubry, Gérard Filoche lui est clair, il écrit : « … c’est l’heure de la gauche socialiste ! Cela inclut une vraie dynamique à gauche dans notre parti, à nous de la construire et cela devrait modifier la donne, ancrer la future majorité qui ne devrait pas pouvoir se faire sans nous à gauche(…) » Il s’agit donc de « peser » dans la composition de la nouvelle majorité qui sortira du congrès de Reims autour de Martine Aubry.

 

A l’heure où la revue Marianne titre : « faut-il dissoudre le PS ? », nous estimons que la motion qui prétend rassembler la gauche du Parti, nous désarme au lieu de nous rassembler. La contribution « Debout la gauche », dont Marc Dolez est le premier signataire, déclarait : « l’enjeu du congrès n’est pas de peser un peu à gauche sur une ligne social-libérale ou de se livrer à d’obscures manœuvres d’appareil pour aboutir, comme au congrès du Mans, à une stérile synthèse… » En allant vers l’accord avec Hamon et les autres, c’est très exactement ce qui a été fait. Au regard de la gravité de la situation économique et sociale, comment peut-on penser qu’une telle démarche, ouvre quelque alternative que ce soit : dans tel et tel département des collectifs de militants syndicaux ou autres se forment pour préparer un « tous ensemble ». Le 30 septembre une manifestation de plusieurs milliers de travailleurs de la santé privée s’est déroulée à Paris et s’est terminée, face à un service d’ordre imposant de policiers, au cri de « sarko démission »…

 

Il y urgence. La crise est là et menace l’emploi, les petits épargnants…

 

Estimant que la motion C ne permet pas de rassembler des militants sur une base clairement anticapitaliste, nous refusons de la soutenir, nous retirons notre signature lorsque nos grands chefs ont pris la liberté d’utiliser notre nom, alors que nous n’avons ni participés à la rédaction, ni même lus le texte.

 

Aujourd’hui, nous lançons un appel, pour que les militants qui considèrent que le socialisme est la seule alternative possible à cette crise, se regroupent et s’organisent pour discuter de ce qu’il convient de faire dans la situation présente.

 

 

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