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20 novembre 2008 4 20 /11 /novembre /2008 22:18

 

http://www.liberation.fr/societe/0101266561-des-amis-dans-la-presse

 

Des amis dans la presse

Yves Bertrand a souvent manipulé les journalistes.

 

Yves Bertrand, rédacteur en chef rentré? L’ancien patron des RG adorait fréquenter les journalistes. Certains (de Libération ou du Parisien) le rencontraient sur des sujets ponctuels comme l’antiterrorisme. D’autres (du Monde ou de L’Express), chargés des affaires politico-financières, le fréquentaient plusieurs fois par semaine, voire plusieurs fois par jour.

Dans les carnets, sous certains noms de journalistes apparaissent des chiffres, ou plutôt des multiplications. Auraient-ils été soudoyés? Rien ne le prouve et Yves Bertrand le dément. D’autant que l’ancien patron des RG n’hésitait pas à écrire «a touché du fric», s’agissant d’hommes politiques dans sa ligne de mire. Mais, selon d’anciens collaborateurs, il lui serait arrivé de «participer aux frais» de certains enquêteurs indépendants.

Sa proximité avec les journalistes lui permettait d’être renseigné sur les affaires en cours. Mais aussi d’en faire sortir de nouvelles. Eric Branca, journaliste à Valeurs Actuelles, a poussé la fréquentation d’Yves Bertrand jusqu’à coécrire son livre Je ne sais rien mais je dirai presque tout. En pleine campagne présidentielle de 2002, alors que Bertrand collationne fiévreusement dans ses carnets tout ce qui concerne le passé trotskiste de Lionel Jospin, Branca aligne six pages sur le sujet dans son hebdomadaire.

Mais son journaliste préféré, c’est Gérald Penciolleli, patron de Minute reconverti dans le commerce au Proche-Orient. Ils passent leur vie à déjeuner ensemble. Avant de faire faillite en 1999, le journal d’extrême droite avait ceci de pratique qu’il permettait de diffuser des «informations» impubliables ailleurs : le microcosme était alors au courant, le reste de la presse boycottant tout ce qui provenait de Minute. Un ancien du journal se souvient que Penciolleli distribuait les sujets à sa rédaction sitôt sorti du bureau de Bertrand.

Le patron des RG aurait également jeté son dévolu sur L’Investigateur. Ce site Internet basé au Luxembourg avait initié en 2001 une Bertrand Story, saga des coups tordus du patron des RG. Yves Bertrand a retourné L’Investigateur, via un ancien journaliste de Paris Match, un de ses contacts très régulier. Sous l’impulsion de Bertrand, L’Investigateur devient magazine vendu en kiosque. En septembre 2003, il note avec satisfaction: «n°7 de l’Investigateur livré à 30 000 exemplaires». Mais il finit par s’inquiéter dans ses carnets: «Jean Nicolas (fondateur du site) recherché pour diffamation, mandat d’arrêt international pas exécutoire.»

Selon ses carnets, Yves Bertrand se serait également appuyé sur Thierry Meyssan et son réseau Voltaire pour faire passer quelques torpilles. Et notamment s’en prendre à Alain Bauer, conseiller en sécurité proche de Nicolas Sarkozy: «Le réseau Voltaire va "tuer Bauer". Il a deux boîtes privées et travaille pour la CIA et le FBI.» Une autre fois, Bertrand compte sur le réseau Voltaire pour s’attaquer au syndicat de la magistrature : «Meyssan, sortir le dossier.»

Tout cela n’empêche pas Yves Bertrand d’être fidèle en amitié. Eté 2002, il déjeune à plusieurs reprises avec André Rougeot, ancien du Canard Enchaîné s’étant fourvoyé dans l’affaire Yann Piat (accusant François Léotard et Jean-Claude Gaudin d’avoir commandité son assassinat). Il le surnomme affectueusement «Dédé». Pour se faire pardonner de l’avoir orienté sur une fausse piste?

 

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