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16 avril 2009 4 16 /04 /avril /2009 19:53

Je réagis au fil de la plume au courriel de Raoul Marc Jennar. Nous nous connaissons suffisamment à travers nos travaux et notamment à travers le Sarkophage et la décroissance pour qu'il soit utile de (re)préciser ici nos analyses. J'irai donc directement à l'essentiel :

1) Outre mon impossibilité matérielle d'assister à cette réunion en raison du bouclage de nos journaux (la décroissance et le sarkophage), je pense que ma présence dans ce cadre inter-organisationnel (non prévu initialement) serait fort peu justifiée. Je ne pourrai y figurer qu'en mon nom personnel et au titre du Sarkophage. Cette réunion semble être davantage une inter-orga entre le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), le Parti Pour La Décroissance (PPLD) et le Mouvement des Objecteurs de Conscience (MOC). J'ai fait personnellement (comme l'immense majorité des Objecteurs de Conscience) le choix de ne pas nous doter (à ce jour) d'un appareil politique spécifique à la décroissance convaincu, d'une part, qu'il ne s'agit pas d'un concept scientifique ni d'un courant homogène, d'autre part que la décroissance n'est pas la petite grenouille ayant vocation à se faire aussi grosse que le boeuf. Bref ce n'est pas autour de nous que les choses doivent se recomposer. Notre fonction est davantage de pousser les diverses gauches à assumer pleinement leur positionnement écologique (ce qui est neuf) ce qui  suppose pour elles de solder un passé/passif. Nous avons fait (jusqu'à présent) le choix de privilégier le combat culturel et trans courant. D'où notre place dans les mouvements anti-Malbouffe, anti pub, anti harcèlement. D'où aussi le lancement du mensuel la décroissance et du plus classique le Sarkophage. D'où l'organisation du Contre-Grenelle 1 (durant lequel nous avons invité la LCR Vincent Gay) et du contre-Grenelle 2 le 2 mai prochain à Lyon (durant lequel Corcuff représentera le NPA).

2) L'expériences des listes Audaces sur Lyon lors des dernières municipales a prouvé deux choses. D'une part que nous pouvions travailler ensemble sur la base d'un programme politique et mener des luttes. D'autre part que notre discours (celui de l'Objection de Conscience) était entendable puisque notre tête de liste a obtenu plus de 13 % des voix dans le 1er arrondissement de Lyon soit beaucoup plus que les autres têtes de liste LCR

3) Nous pensons donc qu'il est politiquement nécessaire qu'une nouvelle gauche anticapitaliste et anti productiviste apparaisse et assume pleinement d'une part son caractère anticapitaliste (aucune crainte sur ce terrain avec le NPA) et, d'autre part, son caractère écologique/anti productiviste/anti consumériste. Notre appel au NPA est justifié par le fait que nous connaissons bien les luttes menées par la LCR depuis des décennies contre certaines formes du productivisme (nucléaire notamment). Nous pensons cependant qu'il est nécessaire d'aller encore plus loin dans ce double positionnement. Etre anticapitaliste est indispensable mais ne suffit pas à nos yeux. On ne peut faire l'impasse sur 70 ans de "socialisme réellement existant" et sur les tendances productivistes qui ont fortement marqué le mouvement révolutionnaire. Je me retrouve donc pleinement dans les propositions anticapitalistes du NPA. Je pense cependant que le versant anti productiviste demande à être non seulement grandement étoffé mais surtout mis au même niveau que le versant social/économique.

D'accord à 100 % avec l'idée de quotas gratuits (ce que j'appelle la gratuité de l'usage) mais si nous affirmons en même temps le renchérissement ou interdiction du mésusage. D'où la revendication centrale pour nous d'un revenu minimum inconditionnel couplé à un revenu maximal autorisé. Sinon le risque est grand d'entretenir l'illusion sur la généralisation d'un mode de vie petit bourgeois. D'autres thèmes comme le ralentissement, la relocalisation devraient être au coeur de la campagne.

Nous sommes donc convaincus que nos sensibilités peuvent apporter beaucoup à la refondation de l'anticapitalisme. Nous sommes convaincus que le grand Sud-Est pourrait être cet espace politique permettant d'expérimenter cette convergence pour "en finir avec la domination des uns sur les autres et de tous sur la planète".

Pour des raisons historiques lourdes, la région Rhône-Alpes fut (et reste) depuis au moins un siècle un des hauts lieux de l'écologie, de l'anti productivisme, de l'anti consumérisme, de la coopération. Nous attendons donc du NPA un geste politique fort, à la hauteur du passif productiviste des gauches. Ce geste ne peut être que d'accorder une tête de liste   régionale à un militant identifié comme Objecteur de Conscience et de lui permettre de développer le volant anti productiviste au-delà du programme/projet national du NPA. Nous regrettons par exemple que le NPA n'ait pas choisi de se nommer NP2A anticapitaliste et anti productiviste. Il ne peut être question d'accord global entre le NPA d'une part et la décroissance d'autre part puisque cette dernière n'existe pas (jusqu'à ce jour) de façon structurée et partisane, à l'exception de certains groupes (extrêmement minoritaires) comme le MOC et le PPLD. Il est fort probable que des militants Objecteurs de Conscience choisissent également de faire campagne avec le Front de Gauche en particulier des élus proches de nos sensibilités anti productivistes comme René Balme le maire de Grigny.

L'initiative ne peut donc venir que du NPA choisissant d'ouvrir ses listes à des mouvances de la décroissance et à des personnalités représentatives de certaines de ses sensibilités. Le succès de notre appel paru dans Politis prouve que beaucoup de militants attendent un tel geste. Nous faisons et publions depuis des années la même analyse que vous en ce qui concerne le PS. Le choix de prôner une indépendance totale (et pas seulement pour ces élections) est en effet vital...mais comme le remarque (je crois) Daniel Bensaïd dans le dernier contre-temps cette épineuse question ne peut se régler uniquement sur la scène électorale. Peut être dans le cadre d'une recomposition serait-il nécessaire de distinguer les élections locales et nationales... car on ne fait du neuf qu'avec du vieux. Le risque autrement est de précipiter des élus locaux vers par exemple le Parti de Gauche.



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