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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 19:46

 

http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/11/07/younes-bounouara-personnage-cle-de-l-affaire-dassault-se-rend-a-la-justice_3509857_3224.html

 

Younès Bounouara, personnage clé de l’affaire Dassault, se rend à la justice

 

Neuf mois. C’est le temps qu’il aura fallu à Younès Bounouara, un proche de Serge Dassault, pour mettre fin à sa cavale en Algérie et se rendre à la justice française. Cet ancien habitant de Corbeil Essonnes, accusé de tentative d’assassinat et soupçonné d’être lié à un système présumé d’achat de votes dans la commune autrefois dirigée par Serge Dassault, a été interpellé Mercredi 6 Novembre 2013 à l’aéroport de Roissy par la police judiciaire de Versailles. Présenté aux juges d’Evry, il a été mis en examen pour tentative d’assassinat, puis écroué à la prison de la Santé.

 

Le 19 février 2013, un homme de trente deux ans, Fatah Hou, était la cible de tirs en plein centre ville. Younès Bounouara, que des témoins ont désigné comme étant le tireur, avait expliqué au Point, en octobre, avoir été harcelé par un « gang qui pense que Dassault a donné beaucoup d'argent pour qu' le redistribue. C'était eux ou moi », ajoutait-il, affirmant avoir été menacé de mort le matin des faits. Il aurait alors tiré « sans viser et sans l’intention de tuer ».

 

David-Olivier Kaminski, l'avocat de Younès Bounouara, assure d'ailleurs avoir déposé plainte en octobre pour une tentative d'extorsion de fonds dont son client aurait été victime.

 

« Gros lézard »

 

Dans une vidéo tournée clandestinement en novembre 2012, mise en ligne en septembre par Mediapart, Serge Dassault reconnaît avoir donné de l'argent à Younès Bounouara.

 

La somme d’un million sept cent mille euros est évoquée. La justice cherche à savoir si la tentative d'assassinat est liée à des dons d'argent effectués par l'ancien édile dans le cadre d'un système présumé d'achat de votes. Fatah Hou et René Andrieux, ancienne figure du quartier des Tarterêts, ont participé au tournage de cette vidéo. Pour le clan Dassault, il ne s'agirait que de maîtres chanteurs.

 

Younès Bounouara est bien connu à Corbeil-Essonnes. Personnage charismatique de la cité des Tarterêts, il a d'abord milité chez les Jeunesses Communistes. Puis il s'est peu à peu rapproché de l'entourage de Serge Dassault, maire de la ville de 1995 à 2009, jusqu'à devenir son principal trait d'union avec les quartiers dits « sensibles ». Il est décrit comme séducteur, impulsif et opportuniste. Ses qualités d'orateur et son physique imposant lui valaient le respect dans les quartiers et le surnom de « gros lézard »

 

Dans une relation d'intérêts bien compris, Serge Dassault s'est appuyé sur lui pour obtenir la paix sociale, voire, selon certains, pour en faire son agent électoral. Il s'agit d'une relation « importante, affective et ancienne » avaient expliqué les conseils du sénateur UMP de l'Essonne en octobre, précisant que Younès Bounouara avait aidé leur client « à connaître les quartiers et à mieux comprendre qui étaient les habitants et les difficultés qu'ils traversaient ».

 

« Fixeur » occasionnel pour les journalistes, il n'était pas rare, au milieu des années 2000, de croiser Younès Bounouara au Clos des Pinçons, la résidence corbeil essonnaise de l'industriel. Sous l'œil bienveillant et généreux du « vieux », il s'est lancé dans les affaires et a monté plusieurs entreprises dans le bâtiment, l'entretien ou la sécurité. D'abord en France puis en Algérie.

 

En 2009, il est condamné pour avoir menacé de mort Bruno Piriou, l'élu Front De Gauche et opposant de Serge Dassault. « Une fois, il est arrivé à l'espace ville des Tarterêts et a menacé le directeur avec une arme. Je voulais porter plainte au nom de la ville mais le cabinet du maire m'en a dissuadé, arguant qu'il s'agissait d'une affaire privée », se souvient Joël Roret, ancien adjoint au maire chargé de la jeunesse.

 

L'argent de Serge Dassault a-t-il fait tourner les têtes ? Celui que Younès Bounouara a touché a-t-il servi à acheter des voix lors de l'élection du successeur de l'industriel à la tête de la ville, Jean-Pierre Bechter ? A-t-il, comme le supposent certains, gardé cet argent pour lui, attisant les convoitises ?

 

Lui s'en défend et explique que la somme d’un million sept cent mille euros correspond à un marché public de la ville, dont dix pour cent ont été attribués légalement à son entreprise. Son avocat reconnaît que Serge Dassault lui a fait « à titre privé » un don de deux millions d'euros, « comme un homme richissime qui a pris sous sa coupe un gamin des cités ». Pour le reste, il clame que son client est une victime, comme à peu près tous les acteurs du dossier.

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