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26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 19:17

 

http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/02/26/le-basta-cosi-des-electeurs-italiens_1839025_3232.html?xtmc=basta_cosi&xtcr=1

 

Le « basta cosi » des électeurs italiens

 

Editorial du Monde

 

Beaucoup le redoutaient : c’est le pire des scénarios qui s’est produit en Italie, au terme des élections générales du 24 et du 25 février. C’est inquiétant pour la péninsule. C’est alarmant pour l’Europe.

 

Trois choix s'offraient aux électeurs italiens. La poursuite de la cure d'austérité mise en oeuvre depuis quinze mois par Mario Monti, soit sous la houlette du « professore », soit sous celle du candidat de la coalition de centre gauche emmenée par Pier Luigi Bersani. Le retour en arrière, avec Silvio Berlusconi, parti sous les huées en novembre 2011, mais increvable démagogue, prêt à toutes les promesses pour remonter en scène.

 

Enfin le saut dans l'inconnu, avec Beppe Grillo, ancien comique devenu le porte-voix d'un rejet composite de toutes les élites, politiques, médiatiques et européennes.

 

Aucun ne s'est imposé, et l'Italie se retrouve ingouvernable. Si Mario Monti a été sèchement désavoué, trois forces divergentes se neutralisent et se paralysent.

 

Majoritaire en voix d'extrême justesse, le centre gauche le sera, ipso facto, à la chambre. Mais il est nettement devancé par la droite de Berlusconi au sénat, où aucune coalition ne semble en mesure de former une majorité. Et il est sérieusement concurrencé, dans le pays, par le Mouvement Cinq Etoiles de Beppe Grillo, dont tous les élus sont d'absolus novices en politique et dont rien ne permet de préjuger ce que sera leur attitude.

 

La crise politique est donc patente. Au-delà d'improbables bricolages immédiats, elle ne peut guère déboucher, à terme, que sur un nouveau scrutin. Sur fond de scandales à répétition et de corruption lancinante, elle exprime un « basta cosi » (« cela suffit ») généralisé à l'égard des responsables publics. Elle traduit également, et menace d’amplifier, une grave crise économique et sociale : la récession est installée, la dette publique abyssale, le chômage en crue, la pauvreté et la précarité sans cesse plus déstabilisantes. Si, hier, Mario Monti a rassuré les marchés, il paie aujourd'hui cette facture sociale.

 

Enfin, l'impasse italienne est aussi un sévère avertissement adressé à l'Europe. Dans ce pays signataire du traité de Rome en 1957, et dont l'engagement européen était le ciment, il s'est trouvé plus de la moitié des électeurs pour soutenir des candidats qui ont fait toute leur campagne sur un « non » à « l'Europe allemande » (Berlusconi) ou sur un « non » à l'Europe tout court, à l'euro et à ses contraintes (Grillo).

 

C'est à Bruxelles, Berlin ou Paris que la question est désormais renvoyée : jusqu'où sera-t-il possible d’imposer des politiques de rigueur à des opinions qui les rejettent de plus en plus, en Italie, mais aussi en Espagne, en Grèce et au Portugal ? Jusqu'où sera-ce possible sans approfondir cette inquiétante fracture démocratique ? Jusqu'où cette contradiction sera-t-elle tenable sans menacer, demain, l'unité même de l'Union Européenne ? Les responsables européens ne peuvent plus éluder ces interrogations.

 

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