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23 janvier 2014 4 23 /01 /janvier /2014 21:10

 

http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/01/23/l-inlassable-combat-pour-l-etat-de-droit-en-chine_4352964_3232.html

 

L’inlassable combat pour l’état de droit en Chine

 

Editorial du Monde

 

Jeudi 23 Janvier 2014

 

En Chine, le pouvoir communiste a longtemps usé et abusé des notions de « peuple et de masses » pour désigner le milliard trois cent millions d’humains qu’il administre. Au mieux, les chinois sont des habitants (jumin), le vocable qui figure sur la carte d’identité de tout chinois. Mais il est un mot qui fait peur à l’état parti, « citoyen ».



Xu Zhiyong vient de l’apprendre à ses dépens. Ce professeur d'université et docteur en droit de quarante ans a été l'animateur du Mouvement des Nouveaux Citoyens. Le procès qui lui est intenté pour trouble à l'ordre public s'est ouvert Mercredi 22 Janvier 2014, le jour des révélations dites « Chinaleaks », l’enquête sans précédent sur la fortune secrète des élites chinoises placée dans des paradis fiscaux, publiée par Le Monde et d'autres grands médias internationaux.

 

Le combat de Xu Zhiyong se situe dans le respect des lois chinoises, intégralement. Il réclame l'avènement d'un véritable état de droit. Il veut que les dirigeants soient responsables devant les « citoyens ». Xu Zhiyong et ceux qui l'ont suivi se sont fait connaître sur les réseaux sociaux et en manifestant dans la rue. Leur revendication prioritaire est qu’ils demandent que le patrimoine des dirigeants de la deuxième économie mondiale soit public.

 

La revendication des Nouveaux Citoyens a touché un nerf sensible, les élites chinoises n'ont pas leur pareil pour siphonner les richesses du pays, avec la complicité de banques et de cabinets comptables occidentaux. Parmi les noms de ceux qui ont recours aux paradis fiscaux figurent des proches des plus hauts dirigeants chinois, actuels ou passés, dont le beau-frère du président Xi Jinping.

 

Corruption des élites

 

Ce dernier a fait de la lutte contre la corruption une de ses priorités, affirmant vouloir s’attaquer aussi bien aux « mouches qu’aux tigres », aux petits qu'aux puissants. Il a pris des mesures. Elles ont sanctionné plusieurs dizaines de milliers de faits de corruption, y compris au plus haut niveau. Mais ces mesures sont le fait du parti, exclusivement, pas d'une justice indépendante. Elles relèvent moins de l'application de la loi que du fait de l'empereur. Car, dans le même temps, le pouvoir écrase les citoyens qui réclament la transparence. Il censure les réseaux sociaux et les sites des journaux étrangers, comme Le Monde, après les révélations sur l'argent caché des « princes rouges ».

 

Cet acharnement à faire taire les Nouveaux Citoyens est dissimulé à la grande majorité des chinois en raison du silence imposé à la presse. C’est dans la logique du régime, le principe du maintien du parti unique outrepasse toute autre considération. Même si le Parti Communiste Chinois sait et dit que sa légitimité est rongée par la corruption des élites.

 

Des appels à la supervision citoyenne se sont fait entendre fin 2012, lors de la transition politique au sommet de l'état. Il n'empêche, la nouvelle équipe dirigeante recourt aux méthodes de ses prédécesseurs, en suscitant la peur, pas en appliquant le droit.

 

Le président Xi Jinping ne manque pas d'énergie réformatrice. Mais à quoi bon s'il réduit au silence ceux qui prennent au sérieux sa lutte anti corruption ? 

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