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30 juin 2010 3 30 /06 /juin /2010 15:19

 

MESSAGE DE LAURENT LEVY

LES SŒURS ENNEMIES DE L’INTEGRISME LAÏQUE

Deux mouvances se disputent la légitimité de ce que le national-républicanisme a pu produire de pire dans le paysage politique de « la gauche » française. L’Union des Familles Laïques (UFAL), et la feuille électronique ResPublica, d’une part, et d’autre part le groupe Riposte Laïque , sur lequel s’adosse désormais un nouveau groupuscule pompeusement – et significativement – baptisé « Résistance Républicaine ». Cette seconde mouvance, dont l’un des principaux animateurs est Pierre Cassen (ex-chevènementiste qui fut un temps membre de la LCR) est issue d’une scission de la première, dont le représentant emblématique est Bernard Teper (ex-chevènementiste qui fut un temps membre de la direction de Attac). Les excès rhétorique de Riposte Laïque permettent à peu de frais à la mouvance UFAL de se donner des allures de modération : supposons une scission néo-nazie au Front National, et imaginons que Le Pen en profite pour se dire de gauche…
 
Il faut dire que les animateurs de Riposte Laïque poussent le bouchon très loin : assumant l’islamophobie compulsionnelle, que les autres déguisent derrière de prétendues « critiques de l’islamisme », et qui caractérise en réalité les deux mouvances, ils sont allés, lors d’un récent évènement jusqu’à se féliciter de l’alliance réalisée avec des mouvements de droite et d’extrême droite – allant des partisans parisiens de Dupont-Aignan au « Bloc Identitaire », en passant par divers devillieristes – à l’occasion d’une abjecte initiative de provocation raciste dans le quartier de la Goutte d’Or. La reconquête était en marche, la résistance à ce qu’ils n’hésitent pas à qualifier de nouvelle invasion de la France. Une telle franchise était évidemment pain béni pour les intégristes laïques de l’autre camp, et l’UFAL n’a guère eu de mal, ni sans doute d’état d’âme, à dénoncer cette alliance d’un genre nouveau et à s’en désolidariser.
 
Mais c’est là que le bât blesse : entre les deux mouvances, il y a bien des différences de style, comme il y a des conflits d’égos, de préséance et de légitimité. Mais au-delà du spectacle et de questions accessoires, il est difficile de faire passer une feuille de papier à cigarette entre leurs postures respectives. Tout au plus peut-on dire que les dissidents ont le mérite de la clarté et de la cohérence, disant tout haut ce qu’implique la logique même de ce que les autres partagent avec eux : les arguments qu’ils ont durant des années pris l’habitude de développer ensemble, et dans une touchante unité, sont seulement développés sans vergogne jusqu’à leurs ultimes mais naturelles conséquences. Ce n’est pas sur les bases d’un changement d’avis que leur scission s’est faite : les uns ont poursuivi la logique des autres, là où ces autres ont préféré marquer le pas, sans pour autant jeter sur leur parcours commun le moindre regard critique, sans renoncer aux thèses qu’ils développaient ensemble naguère, et que les scissionnaires poursuivent désormais seuls, mais avec un esprit de suite parfaitement cohérent.
 
C’est ainsi bien avant la scission que les joyeux compères, dans une parfaite entente, attribuaient a priori, et contre toute évidence, tel meurtre crapuleux à l’influence de « l’islamisme », au seul prétexte que la victime était une jeune femme pourvue d’un prénom arabe, assimilaient les jeunes musulmans de nos quartiers aux auteurs des sanglants attentats terroristes de Londres, ou voyaient « les caïds de l’Islam politique » à l’origine des révoltes de novembre 2005, auxquelles ils refusaient toute signification politique, n’y voyant que délinquance sommaire, et s’opposant avec vigueur à la revendication d’amnistie pour les jeunes gens impliqués. Sur ces positions là les sœurs ennemies demeurent bien d’accord. Et c’est encore aux temps de leurs combats communs qu’ils avaient élaboré, pour défendre le principe de la loi tendant à déscolariser les lycéennes musulmanes portant le foulard, une batterie d’arguments fleurant bon le racisme islamophobe le plus sommaire – fermant ainsi la porte aux débats sérieux que la question aurait pu susciter.
 
Il est naturel que ResPublica et l’UFAL de Bernard Teper cherchent, en enfonçant d’un mâle coup d’épaule la porte honteusement ouverte par la nouvelle alliance de leurs anciens amis, à se refaire la respectabilité qu’ils ont alors perdue. Mais comme cette homme qui cherchait sous le réverbère son trousseau de clés qu’il avait perdu ailleurs, parce qu’au moins, ici, on y voyait clair, ils cherchent au mauvais endroit. C’est dans la manière dont ils ont combattu – avec un succès certain – quelques adolescentes qu’ils ont perdu leur honneur, et avec lui leur statut de partenaire possible dans quelque combat émancipateur que ce soit. Mais de ce succès, ils préfèrent persévérer à se vanter, quitte à en travestir la portée, présentant une loi d’exclusion comme « libératrice pour des dizaines de milliers de jeunes filles d’origine maghrébine ». Le réverbère minable allumé par Riposte Laïque ne saurait éblouir personne. Encore un effort, messieurs : vous êtes loin, très loin du compte !
 
REPONSE DE ROBERT DUGUET
 
Un ami, militant politique ayant toujours défendu les valeurs de laïcité, m’a fait parvenir votre article « les sœurs ennemies de l’intégrisme laïque » que je trouve très intéressant. J’ai toujours combattu non pas ce que vous appelez « l’intégrisme laïque », mais l’utilisation frauduleux du combat laïque à des fins politiques qui n’ont plus rien à voir avec l’émancipation sociale de la pensée, dont le journal électronique «  Riposte laïque  » exprime l’aboutissement crapuleux ; «Riposte laïque» aujourd’hui c’est pas très loin des chemises brunes après l’affaire de l’apéro géant à la Goutte d’or.
 
Il y a deux ans j’ai écrit un article pour plusieurs revues, dont le journal électronique « Socialisme Maintenant » dont je suis un animateur, sous le titre : « remettre le combat laïque sur les bons rails » ; je vous l’envoie pour information. Mon objectif était alors de démontrer qu’une dérive politique de certains courants du mouvement laïque prenait son origine dans la capitulation honteuse du CNAL et de la FEN en 1984 face aux lois Savary et projets divers de réformes contre l’école publique. Je crois qu’il faudrait affiner aujourd’hui l’analyse et dire qu’à partir de cette capitulation-trahison s’est développé une offensive qui a son origine dans un courant ou des courants de la franc-maçonnerie. Le curseur politique qui partait du contrat sur lequel s’était fondé le CNAL en 1960 contre les lois antilaïques de la Vème république favorisant les écoles catholiques et rétablissant de fait une forme de concordat a été lentement déplacé vers ce que ces messieurs appellent « l’islamisme ». C’est ce qui s’appelle trouver un bouc émissaire. Le ci-nommé Bernard Teper a un rôle central dans cette affaire. Il fait partie de ceux qui se déchaînent en 1986 dans l’affaire des trois gamines voilées de Creil, affaire scandaleusement médiatisée au plus haut niveau de l’Etat. Le principal du collège concerné se retrouve comme par hasard quelques mois plus tard promu à l’investiture du RPR aux élections législatives. Quelques mois plus tard encore, le même Bernard Teper constitue l’éphémère mouvement « Initiative Républicaine », appuyé sur d’importants réseaux du Grand Orient de France et de la confédération Force Ouvrière. Même ligne politique sur la question laïque. Je pense que s’est cristallisée aujourd’hui une idéologie franc-maçonne qui désigne l’islamisme comme le principal ennemi de la république laïque. Riposte laïque est l’aboutissement outrancier de cette dérive, mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Le dénommé Bernard Teper, responsable de l’UFAL, a joué un premier rôle dans cette affaire. Aujourd’hui Bernard Teper est membre du Parti de Gauche.
 
En vous priant de recevoir mes salutations de militant laïque.
 
Robert Duguet 
  
 




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commentaires

T
<br /> Je tiens juste à vous préciser que DLR n'était associé en aucune manière aux organisateurs de l'apéro saucisson pinard, pas plus que ses militants parisiens.<br /> <br /> <br />
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