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6 novembre 2013 3 06 /11 /novembre /2013 19:37

 

http://www.lejpb.com/paperezkoa/20131106/431421/fr/En-refusant-rendre-a-Madrid-Emilie-Martin-met-pression-sur-Paris

 

En refusant de se rendre à Madrid, Emilie Martin met la pression sur Paris

 

Par Antton Rouget

 

Mercredi 6 Novembre 2013

 

Le bras de fer est engagé. Convoquée par l’audience nationale dans le cadre des poursuites contre Herrira, la porte-parole du mouvement au Pays Basque Nord Emilie Martin a refusé, hier, de se rendre à Madrid. Elle défie ainsi la sacro-sainte coopération franco-espagnole.

 

Dans un entretien accordé à l’AFP, la jeune militante a justifié son choix en rejetant la légitimité de l’audience nationale, « tribunal qui bafoue les droits de l’homme ». Emilie Martin assume également les conséquences de sa décision, « mon absence à l’audience va entraîner automatiquement l’émission d'un mandat d'arrêt européen délivré par Madrid et la France va devoir décider si elle l’applique ou non ».

 

La citation à comparaître du sixième juge d’instruction de l’audience nationale (révélé par Le Journal du Pays Basque le 12 octobre 2013) ne laisse guère de place au doute, « la présence d’Emilie Martin est obligatoire. Si elle venait à ne pas comparaître, la présente convocation se transformerait en ordre de détention, européen inclus ».

 

Un palier juridique et politique

 

La balle est donc désormais dans le camp de Madrid, mais surtout de son fidèle allié français.

 

Sur le plan juridique d’abord, si un Mandat d’Arrêt Européen est émis, le dossier d’Emilie Martin constituerait un nouveau précédent dans l’utilisation du dispositif européen.

 

La jeune femme se voit en effet reproché des faits « d’appartenance à une organisation terroriste, financement et apologie du terrorisme » alors qu’elle ne s’est jamais rendue dans l’état espagnol depuis qu’elle est porte-parole d’Herrira. La justice espagnole prend ainsi l’initiative de poursuivre un ressortissant étranger sur un territoire qui lui est tout aussi étranger pour des faits, appartenance à Herrira, qui sont légaux dans l’espace juridique concerné. Une porte ouverte à toutes les dérives mais aussi une totale négation du principe de la territorialité de la loi pénale difficilement concevable pour nombre de juristes et de responsables politiques.

 

« Comment réagirait l’Espagne si la France poursuivait un ressortissant espagnol pour des faits commis en Espagne » s’interroge la députée socialiste de la cinquième circonscription des Pyrénées Atlantiques et avocate Colette Capdevielle. « Cela me paraît vraiment hallucinant ».

 

Le dossier est aussi éminemment politique. Depuis l’arrivée des socialistes au pouvoir, la parfaite entente entre les deux ministères de l’intérieur, pourtant opposés sur l’échiquier politique, n’est plus à démontrer. Dés lors, impossible d’imaginer qu’un ordre de détention soit émis à l’encontre d’Emilie Martin, sans l’aval de Paris.

 

Surtout après l’épisode « Aurore Martin », ses grandes manifestations et ses élus socialistes remontés. À quelques mois des municipales, relancer les vives protestations contre le Mandat d’Arrêt Européen pourrait aussi se révéler suicidaire pour les socialistes locaux en ballottage…

 

Le prochain sommet entre la France et l’Espagne, le 27 novembre à Madrid, pourrait contribuer à affiner les positions.

 

Pour le mouvement Herrira, citant également le mandat d’arrêt européen appliqué à Jokin Aranalde, l’intention de Paris et Madrid ne fait aucun doute, « face à la mobilisation populaire, les états français et espagnol n’ont  pour réponse que des mesures répressives ».

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