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17 mai 2012 4 17 /05 /mai /2012 15:52

 

http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/05/16/me-mokhtari-l-etrange-avocate-du-pere-de-merah-promet-de-faire-l-evenement_1702160_3224.html?xtmc=merah&xtcr=2

 

Maître Mokhtari, l’étrange avocate du père de Merah, promet de « faire l’évènement »

 

LE MONDE | 16.05.2012 à 12h46 • Mis à jour le 17.05.2012 à 08h24

 

Par Isabelle Mandraud

 

Cette fois, "c'est sûr". Elle ne va "pas tarder". Elle sera à Paris "avant lundi 21 mai".

 

Zahia Mokhtari, l'avocate du père de Mohamed Merah, auteur de la tuerie de Toulouse et Montauban, est catégorique : elle déposera bien plainte contre le RAID, la police d'intervention française, pour "outrepassement de leur mission". "Pour nous, dit-elle, Mohamed Merah a été abattu avant le matin, pendant la nuit" du 21 au 22 mars.

 

"Nous " est un groupe de quatre autres avocats algériens et de trois avocats français, dont elle continue à ne pas citer les noms, mis à part la Française Isabelle Coutant-Peyre. "Dès le début, j'ai dit que je n'étais pas seule, mais bientôt vous connaîtrez tout le monde", affirme Zahia Mokhtari. Un ultime visa pour l'un des avocats algériens et l'élection présidentielle française dont elle a "préféré attendre la fin", justifie, selon elle, le retard pris dans ce dossier. "L'élection de François Hollande nous rassure un peu."

 

Zahia Mokhtari, 48 ans, reçoit chez elle, ce lundi 14 mai, la tête couverte d'un hidjab bleu et vêtue d'un long imperméable sombre, dans un petit appartement de cité entretenu avec coquetterie, dans le quartier populaire Aïn Naadja, à Alger. "Nous y serons plus à l'aise ", avait-elle prévenu. Pour appuyer sa plainte, l'avocate algérienne mandatée par la branche paternelle de la famille Merah, qui s'exprime en français hors caméra, affirme disposer de deux vidéos, quasi identiques, de près de vingt minutes, tournées par Mohamed Merah lui-même, à l'intérieur de l'appartement dans lequel il s'était retranché. "Elles prouvent qu'il n'est pas mort à l'extérieur, assure Zahia Mokhtari, qui refuse de les faire visionner avant le dépôt de la plainte. On l'entend dire aux policiers : "Pourquoi vous me trahissez ? Pourquoi vous me tuez ?" Il y avait quelque chose entre eux. Il tremblait." Comment ces vidéos ont-elles pu parvenir en Algérie ? "Aucune idée, répond-t-elle, mais elles vont faire l'événement."

 

Des affaires d’islamistes

 

"Il [Mohamed Merah] a demandé à parler à la presse, on lui a refusé. Sa soeur est venue", affirme-t-elle. L'avocate demandera aussi l'audition de deux policiers français dont elle tait les noms, et d'un "indicateur marocain" qui se serait trouvé sur place avec les forces de sécurité. "Il est connu à Toulouse", assure-t-elle. Enfin, deux témoins attendraient l'ouverture de la procédure pour se manifester. "Ce sont eux qui nous ont contactés.""Mon travail, assure l'avocate, porte seulement sur les circonstances de la mort de Mohamed Merah."

 

Contacté par le père du tueur, Mohamed Benalal Merah, à qui elle aurait été "conseillée ", Zahia Mokhtari, n'est pas une ténor du barreau d'Alger. "Elle n'a pas défendu de grandes affaires", assure l'un de ses confrères. "J'ai hésité, avoue-t-elle. J'ai demandé s'il y avait des bases solides, j'ai étudié ça. Je n'ai rien àcraindre." "Mes collègues ne me connaissent pas bien, poursuit-elle, car je me suis arrêtée pour élever mes trois filles." Zahia Mokhtari dément avoir été l'épouse d'un ex-militant du Front islamique du salut (ex-FIS), ou la belle-soeur d'un repenti du GIA, le bras armé du FIS, comme la presse l'a rapporté. Mariée à l'avocat Lounès Guerrache, dont elle avait été l'étudiante à la faculté de droit, elle a repris son étude après sa mort en 2000. "En 1994, à la sortie de son bureau, mon mari a été enlevé, raconte-t-elle. Le groupe terroriste qui l'a kidnappé voulait le tuer mais l'un de ses membres s'y est opposé. Je n'ai jamais oublié son visage à son retour." Son stage d'avocate, elle dit l'avoir effectué chez Zoubida Amrani, connue à Alger mais qui n'a pu être jointe.

 

Née à Hussein Dey, à Alger, d'un père commerçant en meubles et d'une mère issue d'une famille de magistrats, Zahia Mokhtari fait partie d'une fratrie dispersée entre l'Algérie, la France et l'Arabie saoudite. Avec le sourire, elle explique qu'elle met le hidjab depuis "quatre ou cinq ans seulement". "J'étais veuve, raconte-t-elle. Un jour, un juge du tribunal d'El-Harrache [banlieue d'Alger] m'a fait une réflexion. Le lendemain, j'ai mis le foulard. Pour une femme seule, c'est plus dur et j'évite ainsi beaucoup de choses." Ses trois filles, toutes voilées ? "Elles m'ont suivie." En pouffant, l'avocate extirpe d'un porte-documents des photos d'identité la montrant souriante, les cheveux courts aux reflets blonds, les lèvres rouges.

 

En 2005, elle défend à Fribourg, en Allemagne, un étudiant, Ibrahim Boulbadaoui, accusé en Algérie de terrorisme, condamné à mort par contumace, arrêté en Allemagne pour falsification de passeports. Rentré au pays dans le cadre de la réconciliation nationale, arrêté, il sera relâché. Zahia Mokhtari finira cependant par déposer plainte contre lui pour harcèlement. Un an plus tard, elle prendra également la défense d'Adel Ouali, un autre étudiant arrêté en Grande-Bretagne, également condamné à mort par contumace, "à tort", selon elle, pour avoir fait partie du GIA. Puis, après quelques autres affaires d'islamistes, dit-elle, "j'ai décidé deprendre un peu de champ par rapport à ce domaine". Jusqu'ici.

 

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