Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
29 janvier 2010 5 29 /01 /janvier /2010 21:13


http://www.liberation.fr/politiques/0101616316-freche-se-prend-le-ps-dans-la-tronche


Frêche se prend le PS dans «la tronche»

Martine Aubry envisage d’opposer une liste au président de région sortant après ses propos contre Laurent Fabius. Les socialistes pourraient s’allier avec Europe Ecologie.

Par MATTHIEU ECOIFFIER

De la difficulté de se débarrasser de l’impossible Monsieur Frêche. Jusqu’à hier le PS faisait le dos rond en soutenant aux régionales - tout en se pinçant le nez - le président de la région Languedoc-Roussillon. Patatras. Le féodal montpellierain, multirécidiviste des dérapages verbaux s’est livré à un nouveau raptus nauséabond : dans l’Express de cette semaine, il cible Laurent Fabius en déclarant à l’adresse de l’ex premier ministre, issu d’une famille juive : « voter pour ce mec en Haute Normandie me poserait un problème, il a une tronche pas catholique ». Sitôt connus, ces propos ont déclenché hier un concert de réactions « indignées », plus ou moins sincères et embarrassées chez les socialistes. Et en quelques heures la mise en place d’un cordon sanitaire.

Ténors. Hélène Mandroux, la maire (PS) de Montpellier, s’est dite prête à conclure une liste « de la gauche et des écologistes ». A la demande expresse de Martine Aubry qui a saisi la direction du PS. « Après avoir courbé l’échine depuis toujours devant Frêche, les leaders socialistes se réveillent. Mieux vaut tard que jamais », s’est réjoui Arnaud Montebourg. Hier matin, la plupart des ténors socialistes se sont succédé sur les ondes pour dénoncer des propos « à vomir » (Aurélie Filippetti), « antisémites et condamnables » (Arnaud Montebourg), inqualifiables (François Hollande). Même Vincent Peillon a réclamé des « excuses » à son « ami ». « Le risque de perdre une région ne pèse rien par rapport au risque de perdre l’essentiel, nos valeurs », a philosophé Manuel Valls. Frêche, comme à l’accoutumée, a crié à la « chasse à l’homme », estimant que son propos a été « déformé à dessein ». « Il est suffisamment intelligent et féru d’histoire pour savoir qu’avec ces propos il ne se livre pas à une blague locale. Il ne dit pas ça de François Hollande, mais de Laurent Fabius », confie le fabiusien Claude Bartolone. A droite, on a sauté sur l’occasion pour faire la morale au PS sur son soutien à celui qu’Eric Raoult qualifie de « Le Pen de gauche ».

 

Sur le cas Frêche, Martine Aubry est effectivement en porte à faux. Après avoir tenté de le déboulonner pendant des mois, elle s’était finalement inclinée devant le plébiscite des militants régionaux en sa faveur le 3 décembre. Bien qu’exclu du PS depuis 2007 pour ses multiples dérapages, Frêche devait conduire les candidats socialistes sous l’étiquette « divers gauche ». Sans le logo du PS. Crédité de 29 % des voix face à l’ UMP dans les sondages, il devait apporter son fief au grand chelem promis par Aubry, et les bonnes grâces de ses affidés lors des primaires pour la présidentielle de 2012. Voterait elle Frêche si elle habitait dans sa région ? « Ben oui », a-t-elle répondu le 17 janvier. Depuis hier, c’est non.

 

Pied. Coïncidence. Mardi à 18 heures quand les déclarations de Frêche ont fuité, François Lamy, le bras droit d’Aubry, venait de recevoir, rue de Solferino, Hélène Mandroux et Paul Alliès, secrétaire national adjoint à la rénovation. Ces deux socialistes  « résistants » étaient venus l’informer qu’ils s’apprêtaient à rejoindre la liste Europe Ecologie « avec ou sans le soutien du PS ». Hélène Mandroux serait tête de liste départementale dans l’Hérault. Mais laisserait au vert Jean Louis Roumégas la tête de liste régionale. François Lamy a alors contacté Martine Aubry, qui leur a opposé une fin de non recevoir.

 

Changement de pied complet quelques heures après la publication des propos de Frêche. La maire de Montpellier depuis 2004 est rappelée fissa. « On les avait prévenus qu’il recommencerait. Cette nouvelle séquence a été insupportable pour Aubry », raconte Paul Alliès. Avec Hélène Mandroux, les voilà priés de monter « en trois jours » le rassemblement anti Frêche qu’ils prônaient en vain « depuis septembre ». Reste à convaincre « les fédérations embringuées derrière Frêche de tourner casaque ». « Ils ne vont pas se rendre sans combattre. Frêche a de beaux restes électoraux », prédit Alliès. Et quid des écologistes ? Cécile Duflot s’est dite « prête à travailler avec le PS », à condition que les Verts mènent la liste. Noël Mamère, lui, s’est montré plus ouvert : « il faut que tous les démocrates s’unissent pour battre Frêche. Europe Ecologie est bien sûr disponible ». Mais attention, prévient Daniel Cohn Bendit : « les socialistes ont laissé faire Frêche et ils se posent maintenant en sauveurs ! Si c’est une question d’hygiène démocratique, arrêtons les calculs d’appareil ! » Ou plutôt électoraux : « les études montrent qu’avec Mandroux en tête de liste on gagne », assure Claude Bartolone. « Et qu’avec le vert on perd ! »     

Partager cet article
Repost0

commentaires