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10 août 2010 2 10 /08 /août /2010 16:16

 

Assassinat de Rafic Hariri : M. Nasrallah pointe une "piste" israélienne

LE MONDE | 10 août 2010 | Benjamin Barthe (avec Laure Stephan) | 532 mots

Le chef du Hezbollah accuse le Tribunal spécial pour le Liban de ne pas "chercher la vérité".

En parfait tacticien convaincu que l'attaque est la meilleure défense, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a répondu, lundi 9 août, à la mise en cause de son mouvement dans l'assassinat de l'ex-premier ministre libanais Rafic Hariri, en février 2005, en pointant du doigt son ennemi juré, l’Etat juif.

Dans une vidéo conférence de plus de deux heures, au crescendo soigneusement dosé, le leader de la milice chiite a incité le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), qui enquête sur l’affaire Hariri et s’apprête à inculper deux membres du Hezbollah, à creuser la piste d’une machination israélienne.

A l’appui de ses dires, Hassan Nasrallah a diffusé des images aériennes du parcours emprunté par le convoi de Rafic Hariri le jour de sa mort, qui ont été, selon lui, tournées par des avions espions israéliens avant d’être interceptées par ses services. « Ce que je montre n’est pas une preuve irréfutable mais cela ouvre la porte à une telle hypothèse. Depuis cinq ans, personne, ni le tribunal de l’ONU, ni l’enquête, ni personne au Liban n’explore cette piste », a déploré le chef du Hezbollah. Ce dernier s’exprimait depuis un lieu tenu secret, son intervention était diffusée à un parterre de journalistes et d’hommes politiques libanais, réunis dans la banlieue sud de Beyrouth.

Mardi 10 août au matin, Israël n’avait pas réagi officiellement mais sous le couvert de l’anonymat, un haut responsable tournait cette thèse en dérision. « La communauté internationale, le monde arabe et plus important, le peuple libanais savent tous que ces accusations sont simplement ridicules », affirmait il. L’idée qui prévaut en Israël veut que le dirigeant chiite cherche à faire diversion au moment où le travail du TSL le met en difficulté.

Les images présentées par Monsieur Nasrallah ne sont pas datées et rien ne permet d’en certifier l’origine. Elles montrent les routes entre le Parlement, dans le centre de Beyrouth, et la résidence de Rafic Hariri, sur les hauteurs de la ville, notamment la route côtière et l’hôtel Saint Georges, près duquel il a été assassiné, le 14 février 2005, dans l’explosion d’une camionnette piégée. « Quand on prend ce genre d’images, c’est généralement en introduction à l’exécution d’une opération », a estimé Hassan Nasrallah, ajoutant qu’un collaborateur d’Israël, Ghassan Al Jidd, qui a fui aujourd’hui le Liban, se trouvait la veille sur le lieu de l’attentat.

Selon son chef, le Hezbollah a acquis dans les années 1990 la capacité de capter les signaux émis par les appareils de surveillance israéliens. Cette expertise aurait notamment permis aux combattants chiites de mettre au point l’embuscade d’Ansariyyeh, au Liban Sud, en septembre 1997, au cours de laquelle une dizaine de commandos israéliens, débarqués par la mer, avaient été tués.

Afin d’asseoir sa démonstration, Hassan Nasrallah avait brossé au début de son exposé un historique de l’espionnage israélien au Liban, en détaillant le parcours de plusieurs collaborateurs notoires. L’un d’eux, Mahmoud Rafeh, impliqué selon le Parti de Dieu dans quatre assassinats, facilitait l’infiltration d’agents israéliens au Liban. « La commission d’enquête internationale est elle jamais venue l’interroger ? », a lancé Monsieur Nasrallah. « Celui qui cherche véritablement la vérité sur l’assassinat de Rafic Hariri devrait commencer par là.  «

A défaut de peser sur l’acte d’accusation du Tribunal spécial pour le Liban, attendu cet automne, qu’il qualifie de « projet israélien », Monsieur Nasrallah espère saper sa crédibilité auprès des libanais. Il a promis, comme à son habitude, de nouvelles révélations dans le futur.



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