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6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 12:34

 

http://www.leplus.nouvelobs.com/contribution/209437;quand-ruquier-pulvar-et-onfray-font-le-coup-du-diner-de-cons-a-un-ouvrier.html

 

 

Quand Ruquier, Pulvar et Onfray font le coup du dîner de cons à un ouvrier

 

Le Plus, samedi soir sur France 2, chez Laurent Ruquier, le candidat du NPA à l’élection présidentielle, Philippe Poutou, a subi son baptême du feu médiatique. Le piège était presque parfait.

 

Par Bruno Roger Petit, chroniqueur politique

 

Philippe Poutou est ouvrier et il est aussi le candidat du NPA à la prochaine élection présidentielle. Samedi soir, il a eu le droit à son baptême du feu médiatique, dans l'émission de Laurent Ruquier sur France 2 "On n'est pas couché". Sans doute ce lundi matin, après avoir rencontré Ruquier, Audrey Pulvar et Michel Onfray se demande-t-il s'il n'a pas été la victime d'un dîner de cons, tant le traitement qui lui a été infligé a été exemplaire.

 

Qui voudra enquêter un jour sur la télévision française des années 2010, son mépris des personnes, son dévoiement du politique, son insondable cruauté envers les faibles, sa dérision érigée en philosophie, sa domination de classes devra exhumer des archives de l'INA cette émission, où un ouvrier, candidat à l'élection présidentielle, dut endurer, une heure complète, moqueries, sarcasmes, quolibets, cours d'économie, leçon d'instruction civique, conseils en médiatraining et on en passe.

 

Grand oral médiatique

 

De la difficulté d'être en position de faiblesse dans un univers inconnu. Car bien évidemment, Philippe Poutou, n'était pas préparé à affronter la télévision, et plus encore cette émission-là, arène médiatique aujourd'hui sans équivalent.

 

On résume la soirée. Dès son arrivée sur le plateau, Philippe Poutou dut subir les jeux de mots sur son nom, "On a envie de vous faire un poutou !" (sic) avant  l'examen de son parcours scolaire et professionnel, "Oh ! Un ouvrier ! Comme c'est amusant ! Vous avez même raté votre bac mécanique !", insistant lourdement sur le côté : "Oh ! Et vous avez eu un CDI grâce aux 35 heures !" Puis Florent Pagny lui expliqua que dans son métier, à lui, l'artiste, métier aussi harassant que le travail à la chaine, les 35 heures, voire les 32 heures, ce n'est pas du boulot et que décidément, ce n'est pas réaliste (alors que la fraude fiscale, ça c'est un métier, hein, Florent ?).

 

On enchaina ensuite avec le grand O d'Audrey Pulvar, questionnant Philippe Poutou comme s'il passait l'examen de sortie du cours de première année d'Economie à Sciences po : "Quelles sont les étapes nécessaires à la sortie du nucléaire en dix ans et quelles en seront les conséquences sur l'économie française ?" Et cette première partie se termina avec les questions de Natacha Polony sur le voile intégral et le NPA, sujet obsessionnel de la journaliste du "Figaro" qui n'a pas encore pris connaissance du nombre infime de contraventions dressées depuis que le voile intégral est interdit, preuve que ce débat n'existe pas dans le monde réel.

 

La leçon de Michel Onfray

 

Enfin, cerise sur le gâteau de ce dîner de cons télévisuel, Philippe Poutou fut soumis au juge ultime, à l'arbitre suprême des élégances de la vraie gauche, de la classe ouvrière et des classes populaires, à savoir le philosophe de gauche Michel Onfray, néo-soutien d'Arnaud Montebourg.

 

Pauvre Philippe Poutou ! Tassé dans son fauteuil, le regard perdu, jouant nerveusement avec son verre à eau, donnant le sentiment de s'être perdu sur ce plateau, si peu préparé à pareille épreuve, le candidat du NPA écouta dans broncher la leçon en électoralisme ouvrier du Maître Onfray (auquel il faudra expliquer ce qu'était l'Union de la gauche sous Mitterrand, car visiblement, s'il croit qu'une alliance Montebourg-Mélenchon-Poutou relève de la même logique, il commet une légère erreur d'appréciation).

 

Entre arrogance et condescendance, le philosophe réussit même le tour de force de peser les arguments de Poutou non pas à raison de ce qu'il avait dit, mais en fonction des mimiques que ce dernier avait arborées tout au long de sa prestation. "On l'a vu sur votre visage !" lanca Onfray au candidat du NPA à plusieurs reprises, terrible procédé, qui consiste à débattre avec l'autre non pas en fonction de ce qu'il dit, mais en fonction de ce que vous décrétez qu'il pense mais ne dit pas.

 

Procédé terrible, oui, mais aussi exemplaire de ce que peut être la domination de classe, même intellectuelle, même exercée par un philosophe qui se réclame de la gauche.

 

Procédé répugnant en somme, parce qu'imposé à un Philippe Poutou sans défense, car ne maitrisant pas les codes de la télévision et livré en pâture à la bête médiatique Onfray qui n'aura donc même pas eu l'élégance de ne pas abuser de sa position dominante.

 

La leçon d'Onfray à Poutou se termina par une condamnation sans appel : "Faut pas dire ce que vous ne savez pas !" qui valait exclusion du dîner de cons télévisuel. On avait assez ri de l'ouvrier candidat en CDI grâce aux 35 heures et qui avait raté son bac mécanique. Ruquier pouvait ainsi clore définitivement le dossier en suggérant à Philippe Poutou un slogan de campagne : "Poutou changer !" Rires.

 

C'était samedi soir, sur France 2. Chaine publique. Service public.

 

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commentaires

D
<br /> Je lis votre commentaire mais pourquoi ne pas le poster directement sur votre blog ?<br /> L’élection présidentielle est l’élection la plus antidémocratique de la Vème République, elle favorise outrageusement le bipartisme, en clair la pensée unique.<br /> Si elle a une vertu c’est de bénéficier d’une forte couverture médiatique. Ainsi, un candidat disons anticapitaliste peut en profiter pour populariser des idées qui , dans une autre période, n’ont<br /> pas voix au chapitre sur les médias principaux.<br /> <br /> <br />
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D
<br /> J'ai vu cette émission et j'avoue que j'ai été très déçu par le discours (si l'on peut dire) de notre camarade Poutou.<br /> Je ne suis pas, loin s'en faut membre ou électeur du NPA mais je considère ce militant comme un frère de classe et je le respecte.<br /> Or, j'ai eu un peu honte pour lui ce soir-là,et ce ne sont pas les propos moqueurs ou condescendants des journalistes et de Onfray qui ne peuvent lui servir d'excuses. Car, quand on vient à la télé<br /> on sait a quoi s'attendre.<br /> En fait, il n'était pas préparé du tout pour cette émission et sa tenue n'était pas digne, je m'excuse, d'un militant ouvrier candidat à une élection: débraillé, en jeans délavé...<br /> En fait il n'avait rien à dire et il a donné une image déplorable de son parti déjà bien en difficulté il me semble.<br /> J'ai déjà assisté lors de cette même émission à des interventions d'Arlette Laguiller, ainsi que de la nouvelle représentante de LO et ça avait une autre gueule croyez moi.<br /> Franchement là le NPA s'est foutu de la gueule des gens qu'il prétend représenté! C'est triste !<br /> Salut et fraternité,<br /> Diablo<br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je lisais bien ton message ci-dessous. Je ne suis pas moi non plus au NPA. Le rédacteur du message n’est<br /> pas non plus au NPA. Le NPA traverse une crise inimaginable. Toutes les organisations politiques de l’extrême gauche française connaissent la même crise. Il n’y a pas de candidat révolutionnaire<br /> au premier tour des élections présidentielles de 2012. En faudrait il un ? Qui appelle à une campagne de boycott militant ? S’il y en avait un, qui serait-il, que dirait-il, que ferait-il ? Ces<br /> questions sont entières et il n’y a pas le plus petit début de commencement de réponse. Dans le mouvement des indignés français, il n’y a pratiquement aucun militant d’aucune organisation.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bernard Fischer<br /> <br /> <br /> <br />