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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 13:38

  

http://www.liberation.fr/politiques/01012356906-a-port-leucate-la-crise-de-la-quarantaine-du-npa

A Port Leucate, la crise de la quarantaine du NPA

Par Nicolas Chapuis, envoyé spécial à Port Leucate

Mardi 30 août 2011 

Le NPA le martèle haut et fort : «La France ne doit pas payer la dette.» Mais en interne, le parti, lui, n’a pas fini de payer le tribut de ses divisions. Après une conférence nationale en juin très tendue, l’université d’été du NPA devait marquer le début de la campagne et du rassemblement derrière le candidat désigné, Philippe Poutou. Sur la plage de Port-Leucate (Aude), les tenants de la position majoritaire, opposés à une alliance avec le Front de gauche, ont pu mesurer les conséquences douloureuses de leur victoire à la Pyrrhus. Parmi eux, Olivier Besancenot se veut quand même positif : «Quand on n’a pas le vent dans les voiles, nos divisions ressortent, mais il ne faut pas nous enterrer trop vite.»

Devant la baisse d’affluence (huit cent cinquante personnes contre plus d’un millier les années passées) un photographe s’amuse : «C’est marée basse ici.» Beaucoup d’adhérents ont quitté le parti pour rejoindre le Front de gauche ou d’autres formes de militantisme. Philippe Poutou l’admet : «Le NPA n’est pas en forme, mais il ne faut pas bousiller ce qu’il reste. Il y a eu des espoirs déçus sur les luttes sociales. La crise détruit le collectif. On peut presque établir un lien direct avec notre crise interne, on se sent impuissant, et donc on s’engueule.»

Pour l’un des membres de la minorité, «la direction est dans le déni par rapport à la gravité des divisions. La campagne, je la sens très mal. Philippe Poutou est sympathique, mais il n’a pas une personnalité qui transcende. Je ne suis pas très optimiste. On ne peut pas être prêt en bouffant des fiches pendant deux mois».

L’hémorragie des adhérents ne semble même pas endiguée. Une militante accoudée à la terrasse au bord de la mer semble résignée : «Je n’ai pas payé ma cotisation depuis mars. Je crois que je vais partir et rejoindre Attac. Je n’ai pas digéré qu’on ait deux femmes porte-parole, et qu’on finisse par choisir un homme comme candidat.»

En mettant l’accent sur l’annulation de la dette, les dirigeants espèrent fédérer les militants autour du programme. «Cette dette est illégitime», scande inlassablement Poutou. Pour se redonner espoir, certains regardent ce qui se passe ailleurs en Europe. «Je suis allé samedi en Espagne voir les Indignés, ils s’éclatent», s’enthousiasme Besancenot. Celui qui assure être «en paix», depuis qu’il a laissé la candidature à un autre, regrette que le «souffle» de ce mouvement ne prenne pas encore en France. «L’échec de la contestation sur les retraites pèse sur nous, les gens s’étaient mobilisés en masse, ils ont besoin d’une victoire concrète.»

A la vue de la foule éparse sur la grève de Port-Leucate, l’élan de la création du parti en 2009 et du mouvement des retraites semble bien s’être essoufflé. Dans la crise, le mouvement anticapitaliste s’est révélé incapable de faire fructifier son propre capital.

 

 

 

 

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