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15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 17:37

 

Victoire surprise du modéré Rohani à la présidentielle en Iran

 

DUBAI (Reuters) - Le religieux Hassan Rohani, le plus modéré des candidats à l'élection présidentielle iranienne, a créé la surprise en remportant dès le premier tour l'élection présidentielle de samedi en Iran après avoir bénéficié de l'émiettement du camp conservateur.

 

Mostafa Mohammad Najjar, ministre de l'intérieur, a précisé à la télévision publique que soixante douze pour cent des cinquante millions d'électeurs s'étaient rendus aux urnes et qu’Hassan Rohani avait dépassé de peu la barre des cinquante pour cent des voix exprimées, ce qui rend inutile la tenue d'un second tour.

 

« Hassan Rohani a obtenu la majorité absolue des voix et est élu président », a-t-il dit.

 

La victoire d’Hassan Rohani ne changera pas fondamentalement la nature des relations entre l'Iran et l'occident, les grandes lignes de la politique de Téhéran dépendant des choix du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.

 

Le nouveau président sera cependant chargé de redresser l'économie, affaiblie par une inflation élevée et la multiplication des sanctions internationales. Il devrait adopter une politique étrangère moins conflictuelle que celle de son prédécesseur, Mahmoud Ahmadinejad.

 

Hassan Rohani s'est engagé au cours de la campagne à défendre en tant que président une politique étrangère « d'interaction constructive avec le monde » et à faire adopter une « charte des droits de l'homme ».

 

Peu avant l'annonce officielle de la victoire d’Hassan Rohani, des groupes de partisans avaient commencé à se rassembler autour des locaux de campagne du candidat, dans le centre de Téhéran.

 

« Vive la réforme, vive Rohani », scandaient certains d'entre eux, tandis que d'autres disaient « au revoir » à Mahmoud Ahmadinejad.

 

REVERS CONSERVATEUR

 

A Paris, le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, indique que la France prend acte du résultat de l'élection et salue « l'inébranlable aspiration à la démocratie du peuple iranien ».

 

« Les attentes de la communauté internationale à l'égard de l'Iran sont fortes, notamment sur son programme nucléaire et son engagement en Syrie », souligne-t-il dans un communiqué. « Nous sommes prêts à y travailler avec le nouveau président iranien ».

 

Pour Téhéran, la priorité de ce scrutin était de faire oublier la réélection contestée en 2009 de Mahmoud Ahmadinejad, qui avait poussé des millions d'iraniens à manifester et provoqué ainsi la crise la plus grave traversée par la république islamique depuis la révolution de 1979.

 

Au cours de la campagne, Hassan Rohani et ses cinq adversaires conservateurs ont eux mêmes demandé à leurs partisans de ne pas organiser de grands rassemblements publics afin de ne pas encourager une contestation violente.

 

Le maire de Téhéran, Mohammad Baqer Qalibaf, arrive en deuxième position, avec moins de dix sept pour cent des voix, tandis que Saïd Jalili, actuel négociateur en chef sur le nucléaire et favori du camp conservateur, enregistre un net revers à la troisième place.

 

Malgré le net échec des candidats conservateurs qu'il soutenait officieusement, Ali Khamenei a jugé que la forte mobilisation, qu'il avait appelée de ses voeux, démontrait la confiance des Iraniens dans les institutions.

 

MODÉRÉS ET RÉFORMATEURS RASSEMBLÉS

 

« Un vote pour n'importe lequel de ces candidats est un vote pour la république islamique et un vote de confiance envers le système », a dit le guide suprême sur son compte Twitter.

 

Quelque cinquante millions d'Iraniens étaient appelés aux urnes pour désigner le successeur de Mahmoud Ahmadinejad. Certains bureaux de vote sont restés ouverts pendant cinq heures supplémentaires en raison de l'affluence.

 

Hassan Rohani, qui a notamment mené entre 1998 et 2005 les négociations avec les pays occidentaux sur le programme nucléaire controversé de Téhéran, a bénéficié en fin de campagne du désistement du seul candidat réformateur, Mohammad Reza Aref.

 

Il a aussi reçu le soutien des anciens présidents Mohammad Khatami et Akbar Hashemi Rafsanjani, ce dernier ayant lui-même été exclu du scrutin par le conseil des gardiens de la constitution, une institution proche du guide.

 

S'il apparaît à ce titre comme le candidat le moins conservateur, Hassan Rohani n'en est pas moins un pur produit de la théocratie iranienne et a joué un rôle actif dans la révolution qui a renversé le chah en 1979, puis dans la guerre contre l'Irak dans les années 1980.

 

« Sur le plan personnel, je le trouve chaleureux et sympathique », estime Jack Straw, ancien secrétaire au Foreign Office, qui a négocié avec Hassan Rohani sur le dossier nucléaire. « C'est un patriote iranien convaincu, qui faisait peu de concessions mais jouait franc jeu et qui maitrisait ses dossiers ».

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