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20 juin 2016 1 20 /06 /juin /2016 20:14

http://www.liberation.fr/debats/2016/06/17/ce-gouvernement-a-peur_1460153

Ce gouvernement a peur

Vendredi 17 Juin 2016

Une soixantaine d'intellectuels, de militants et de syndicalistes appellent à résister au gouvernement et à poursuivre les grèves, blocages et occupations.

Les voilà, leur grande peur et leurs grands moyens pour essayer de la masquer en jouant les fiers-à-bras qui ne cèdent pas. Nous nous y attendions depuis des mois, et la voici brandie, la menace d’interdiction des manifestations. Ce n'est pas un sommet dans l’inacceptable, il peut toujours y avoir pire avec ce gouvernement. Celui-là même qui commémore cyniquement les grèves du Front Populaire. Qu’il défende ses intérêts, ceux des puissants, ceux des profits et de l’argent, c’est de bonne guerre, c’est sa guerre, mais qu’il ravale ses célébrations et ses récupérations d’un passé qu’il ne cesse de fouler au pied.

Ce gouvernement a peur, rien d’étonnant. Car il y a de quoi, devant nos solidarités face au pouvoir et son bras armé. Combien de témoignages sur ces manifestants qui, sans avoir besoin de rien se dire, prennent soin des blessés, malgré les gaz, les coups de matraque et les grenades de désencerclement ? Combien d’images de blessés que des policiers continuent de frapper à terre, tandis que spontanément se forment des chaînes pour les entourer et les protéger ? Combien d’initiatives, de textes, de rassemblements et de soutiens résolus contre les gardes à vue, les mises en examen et les condamnations iniques ? Pour les manifestants blessés, mutilés, éborgnés et dans le coma, combien de policiers seront inculpés ?

François Hollande, Manuel Valls et leurs alliés voudraient briser cette vague énorme, celle qu’on a vu manifester par centaines de milliers. Ils mènent leur guerre sur tous les fronts, par une violence physique déchaînée, par une violence judiciaire de magistrats aux ordres qui emprisonnent et brisent des vies, par une violence médiatique faite de désinformation et de discrédit, par une violence antidémocratique à coups de quarante neuvième article de la constitution, d’interdictions de manifester et d’assignations à résidence au nom de l’état d’urgence, et par la violence sociale infligée à des millions d’hommes et de femmes précarisés ou licenciés. Ce pouvoir voudrait à toute force empêcher ce qui lui apparaît dangereux et qui est immense par ses convergences, des quartiers populaires où l’on bataille depuis des années contre les violences policières, des luttes des migrants et des sans-papiers, des syndicalistes mobilisés, des étudiants et des lycéens qui ne lâchent rien. La détermination est puissante, tout comme le sentiment que des personnes, des collectifs et des organisations qui jusque-là ne se parlaient pas ou peu se sont trouvés ou retrouvés. Ce pas franchi est si important qu’il le restera et pour longtemps.

Mépris

Nous ne convaincrons pas les tenants de ce monde et nous ne cherchons pas à le faire. Mais contre le discours dominant et tout-puissant, nous pouvons convaincre celles et ceux qui connaissent bien la violence au quotidien. La violence du mépris social et des abîmes qui nous séparent des possédants. La violence du chantage à l’emploi qui conduit à tout accepter, fait voler en éclats les solidarités et jusqu’à la dignité parfois. La violence de la souffrance, au chômage, au travail, de la mise en concurrence et du management par l’obéissance. La violence des contrôles au faciès et des discriminations. Forces de l’ordre, mais de quel ordre, l'ordre social des évadés fiscaux, du CAC 40 et des marchés financiers.

Quelques devantures de banques, d’assurances ou de supermarchés cassées ne sont rien comparées à cette violence. Quoi qu’on pense de leur pertinence, ces actions sont au fond surtout des questions, qu’est-ce qu’une banque et ce qu’il y a derrière, la tragi comédie financière ? Bertold Brecht l’avait résumé d’un trait, « il y a pire que braquer une banque, c’est d’en fonder une ». Comment pourrait-on nous faire croire que la violence de ce monde serait dans ces vitrines brisées ? Les médias sont doués pour cela, avec leurs scoops, leurs images en boucle et leurs sélections éhontées. Mais vient un temps où cela ne marche plus, il semble que ce temps soit venu.

Les patrons peuvent s’arrêter de patronner, nous n’avons pas besoin d’eux. Mais quand les éboueurs, les dockers, les électriciens, les cheminots, les raffineurs, les personnels hospitaliers, les personnels de l’éducation, les postiers et les intermittents s’arrêtent, tout ce qu’elles et ils nous apportent devient soudain plus visible et plus évident. Quoi qu’il advienne de ce gouvernement, nous continuerons de manifester, mais pas seulement. Nous poursuivrons grèves, blocages et occupations. Ce sont les armes de celles et ceux qui en ont peu. Mais elles peuvent frapper bien plus fort que leurs matraques et leurs tonfas.

Premiers signataires

Jean-Claude Amara, Etienne Balibar, Eric Beynel, Eric Fassin, Bernard Friot, Eric Hazan, Olivier le Cour Grandmaison, Philippe Marlière, Christine Poupin

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20 juin 2016 1 20 /06 /juin /2016 19:56

https://www.powerfoule.org/campaigns/réfugiés/calais/laissez-passer-laide-humanitaire-pour-les-réfugiés-de-calais

Laissez passer l'aide humanitaire pour les réfugiés de Calais

Le collectif « nous ne céderons pas » vient d'apprendre l'interdiction d'accès à la France d'un convoi humanitaire destiné aux réfugiés en attente d'asile dans les environs de Calais, qui devait prendre le ferry à Douvres, Samedi 18 Juin 2016.

Cette interdiction lui a été annoncée par la délégation à Douvres de la Police Aux Frontières (PAF) française.

Pour justifier cette mesure inhumaine et inacceptable, les autorités ont cru bon, une fois de plus, d'invoquer, entre autres motifs, l'état d'urgence.

Nous exigeons que le gouvernement français lève cette interdiction immédiatement.

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20 juin 2016 1 20 /06 /juin /2016 19:42

Percée du Mouvement Cinq Etoiles (MCE) aux élections municipales en Italie, revers pour Matteo Renzi (Reuters)

Le Parti Démocrate du chef du gouvernement italien Matteo Renzi a été battu à plates coutures à Rome et à Turin par le MCE, Dimanche 19 Juin 2016 lors du second tour des élections municipales.

Ce résultat représente une percée majeure pour le MCE de l'humoriste Beppe Grillo. Il met aussi en position difficile le président du conseil qui a lié son avenir politique aux réformes constitutionnelles qu'il veut faire adopter par référendum au mois d'octobre 2016.

A Rome, Virginia Raggi, candidate du MCE, l'emporte haut la main avec soixante sept pour cent des suffrages exprimés, face au candidat de centre gauche Roberto Giachetti et entre dans l’histoire en devenant la première femme maire de la capitale.

L'intérim était assuré depuis fin 2015 par le préfet Francesco Paolo Tronca, le maire de centre gauche, Ignazio Marino, ayant démissionné après avoir été mis en cause dans une affaire liée à ses notes de frais.

« C'est une nouvelle ère qui commence avec nous », s'est félicitée Virginia Raggi. « Nous travaillerons à redonner égalité et transparence aux institutions de la ville ».

Magnanime, Matteo Renzi a reconnu les victoires « claires et incontestables » du MCE et assuré que le Parti Démocrate aurait une discussion « très concrète et très franche » sur les implications nationales et politiques du scrutin Vendredi 24 Juin 2016 lors d'une réunion de sa direction.

« Je ne crois pas ce que soit un vote de protestation, c'est un vote pour le changement », a déclaré le président du conseil devant des journalistes à Rome, promettant que son gouvernement collaborerait avec les maires nouvellement élus, quelle que soit leur étiquette politique.

« Les résultats du second tour à Rome et à Turin sont un échec clair et total pour les candidats du Parti Démocrate », a commenté la direction du Parti Démocrate dans un communiqué.

Le Parti Démocrate doit se réorganiser

Le vice-président du Parti Démocrate Matteo Ricci a déclaré Lundi 20 Juin 2016 que son parti devrait se livrer à une « analyse profonde » des résultats et « se réorganiser », en particulier à la base.

« Nous avons besoin d'un parti plus fort et plus structuré, avec une direction plus visible qui soutient Matteo Renzi », a-t-il dit, par allusion aux divisions internes au Parti Démocrate, qui devraient encore être exacerbées par les résultats de ces élections municipales.

Le Parti Démocrate reste toutefois aux commandes à Milan, la capitale financière, ainsi qu'à Bologne, où ses candidats ont devancé leurs adversaires traditionnels de centre droit.

Matteo Renzi avait exclu de démissionner dans tous les cas de figure, mais a promis de se retirer de la vie politique si ses réformes, qui prévoient notamment la réduction des pouvoirs du sénat, sont rejetées par les électeurs au mois d'octobre 2016.

Le chef du gouvernement les juge nécessaires à la stabilité politique.

Les défaites du Parti Démocrate à Rome et à Turin laissent toutefois planer le doute sur sa capacité à les faire adopter. L'opposition y est hostile et son mouvement lui-même est divisé.

Arrivé au pouvoir en 2014 après avoir promis de revitaliser l'Italie, le chef du gouvernement a du mal à relancer la croissance économique et la création d'emplois après des années de stagnation. Il a aussi été affecté par des affaires à répétition dans le secteur bancaire.

Le Parti Démocrate avait anticipé sa défaite à Rome après les critiques acerbes sur sa gestion de la ville, mais la perte de Turin, bastion traditionnel du centre gauche et berceau du groupe automobile Fiat, constitue un choc.

Le maire sortant, Piero Fassino, un poids lourd du Parti Démocrate, a été balayé par la candidate du MCE, Chiara Appendino, trente et un ans, élue avec cinquante cinq pour cent des suffrages alors qu'elle accusait onze points de retard à l'issue du premier tour.

Faible taux de participation

Créé il y a sept ans, le MCE ne détenait jusqu'à présent qu'une poignée de communes de taille moyenne. S'il arrive à gérer efficacement Rome et Turin, le parti anti système, qui prône l'abandon de l'euro, sera en position de force pour les élections législatives de 2018.

L'impétueux Beppe Grillo, soixante sept ans, s'est retiré de la ligne de front politique ces dix huit derniers mois pour laisser la place à une génération de jeunes dirigeants qui ont donné du MCE une image plus modérée et lui ont permis de toucher un public plus vaste. Il a toutefois salué le succès de son mouvement en prédisant qu'il « volerait haut jusqu'au gouvernement national ».

Quelque huit millions six cent mille personnes, soit un cinquième de l'électorat, étaient concernées par ce second tour qui se déroulait dans les cent vingt six communes où aucun candidat n'avait remporté plus de cinquante pour cent des voix au premier tour, Dimanche 5 Juin 2016.

A Naples, le maire sortant sans étiquette, Luigi de Magistris, l'a facilement emporté face au candidat de droite. Celui du Parti Démocrate avait été battu dès le premier tour.

Le centre droit ne remporte aucune des cinq plus grandes villes d'Italie dont la mairie était à pourvoir, mais il a réussi à prendre Trieste au centre gauche.

Le taux de participation est tombé à cinquante pour cent. Il était d'environ soixante pour cent il y a deux semaines.

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20 juin 2016 1 20 /06 /juin /2016 19:08

Bernard Cazeneuve ne veut pas de défilé contre la loi travail à Paris (Reuters)

L'exécutif, qui souhaite limiter la mobilisation de Jeudi 23 Juin 2016 contre la réforme du travail à un simple rassemblement statique à Paris, et les syndicats, hostiles à cette idée, se sont renvoyé la balle Lundi 20 Juin 2016 sans trouver de solution de compromis.

Dans une lettre au numéro un de la Confédération Générale du Travail (CGT), Philippe Martinez, le ministre de l'intérieur lui demande de « prendre en considération » la proposition du préfet de police d'organiser un rassemblement statique place de la Nation à Paris et menace en termes à peine voilés d'interdire toute autre forme de manifestation.

Les syndicats opposés au projet de loi travail ont dénoncé en réponse « une remise en cause d’un droit fondamental » et demandent à Bernard Cazeneuve de « faire une nouvelle proposition de manifestation garantissant la sécurité de tous ».

Un défilé comme celui du Mardi 14 Juin 2016 à Paris, marqué par des violences et des dégradations, « n'apparaît pas envisageable », explique dans sa lettre le ministre de l’intérieur, soulignant la mobilisation des forces de l'ordre contre la menace terroriste et pour la sécurité du championnat d’Europe de football.

La place de la Nation est le point d'arrivée envisagé par les sept syndicats organisateurs, dont la CGT et la CGT Force Ouvrière, pour le cortège de Jeudi 23 Juin 2016.

« Je vous demande de prendre en considération cette proposition qui, aujourd'hui, apparaît comme la seule voie responsable de l'expression des revendications que vous portez », écrit Bernard Cazeneuve.

Il rappelle que les violences du Mardi 14 Juin 2016, imputées pour l'essentiel à des casseurs, qui s'en sont notamment pris à une façade vitrée de l'hôpital pour enfant Necker, ont fait vingt huit blessés parmi les policiers.

Cela porte à cinq cent cinquante quatre le nombre de membres des forces de l'ordre blessés depuis le début du mouvement, au début du mois de mars 2016, précise Bernard Cazeneuve, qui fait également état de mille sept cent soixante seize interpellations, mille cent quatre vingt dix huit gardes à vue et quatre vingt quinze condamnations.

Le premier ministre, Manuel Valls, a accusé Mercredi 15 Juin 2016 la CGT ne pas avoir su assurer le bon déroulement de la manifestation du Mardi 14 Juin 2016. Il a même dénoncé « l’attitude ambiguë » du service d'ordre du syndicat à l'égard des casseurs.

Souricière

François Hollande et Manuel Valls ont menacé d'interdire tout nouveau défilé ne présentant pas de garanties contre le risque de dégénérer.

Dans leur réponse à Bernard Cazeneuve, les syndicats réunis autour de la CGT et de la CGT Force Ouvrière réfutent une nouvelle fois les accusations de l'exécutif, en particulier celle selon laquelle des militants auraient agressé des policiers.

La CGT, la CGT Force Ouvrière et les cinq autres membres de l'intersyndicale, la Fédération Syndicale Unitaire (FSU), l’Union Syndicale Solidaire (USS), l’Union Nationale des Etudiants de France (UNEF), l’Union Nationale Lycéenne (UNL) et la Fédération Indépendante et Démocratique Lycéenne (FIDL), ont renouvelé, à plusieurs reprises au cours de la journée, leur appel à deux nouvelles journées de mobilisation, Jeudi 23 Juin 2016 et Mardi 28 Juin 2016.

Ces organisations ont déposé auprès de la préfecture de police de Paris, pour Jeudi 23 Juin 2016, un projet de parcours entre les places de la Bastille et de la Nation.

Pascal Joly, numéro un de l’union régionale de l’Ile de France de la CGT, a expliqué à Reuters le choix de cet itinéraire, plus court que celui de la semaine dernière, par des impératifs de sécurité.

« Je ne vois pas ce qui pourrait nous inciter à renoncer à notre droit constitutionnel de manifester », a-t-il ajouté. Il a cependant précisé que la décision serait prise in fine à sept, « cela sera une réponse unitaire ».

Son homologue de la CGT Force Ouvrière à Paris, Gabriel Gaudy, a pour sa part jugé inacceptable la proposition du ministère de l’intérieur.

« A chaque rassemblement place de la Nation, nous nous sommes fait canarder des deux côtés, par les forces de l'ordre et par les casseurs », a-t-il expliqué à Reuters. « Jamais nous n’irons dans une telle souricière. Le premier ministre prendra ses responsabilités. Nous, nous maintenons la manifestation telle que nous l'avons prévue », avait-il auparavant déclaré.

Selon un sondage de l’Institut Français de l’Opinion Publique (IFOP) réalisé du Mercredi 15 Juin au Vendredi 17 Juin 2016 auprès de mille trois personnes, à paraître Jeudi 23 Juin 2016 dans Valeurs Actuelles, les français se déclarent à soixante et onze pour cent pour l'interdiction des manifestations à risque, dont soixante dix neuf pour cent parmi les sympathisants socialistes et quatre vingt sept pour cent parmi les électeurs des Républicains. Seuls les sympathisants du Front De Gauche (FDG) y sont défavorables, trente neuf pour cent d'approbation.

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19 juin 2016 7 19 /06 /juin /2016 16:53

Pas de compensation pour la Société Générale requise contre Jérôme Kerviel (Reuters)

L'avocat général a demandé Vendredi 17 Juin 2016 à la cour d'appel de Versailles de rejeter la demande de la Société Générale, qui réclame à son ancien trader Jérôme Kerviel quatre milliards neuf cent millions d'euros en guise de compensation d'un préjudice colossal subi en 2008.

Au terme de trois jours d'audience consacrés au seul volet civil de l'affaire, Jean-Marie d'Huy n'a pas retenu la thèse de la défense, selon laquelle la banque avait connaissance des risques pris par Jérôme Kerviel sur les marchés et lui a même donné sa bénédiction, au moins tacite.

Sans dédouaner l'ancien courtier, il a toutefois insisté sur les défauts de contrôle de la banque, les qualifiant de faute.

« La Société Générale a laissé en toute connaissance, non pas de cause mais des imperfections et des failles de son organisation, le champ libre aux volontés délictuelles de Jérôme Kerviel », a déclaré l'avocat général, qui s'est largement appuyé sur un rapport de la commission bancaire datant de 2008.

« La Société Générale a accepté dans le temps et la continuité, et quel qu'en soit le prix, les risques d'un sinistre qui ne peut s'expliquer que par un relâchement volontaire des règles et la recherche d'un profit à court terme », a-t-il encore dit, avant d'en arriver à sa conclusion.

« Je sollicite le rejet de la demande de dommages et intérêts formulée par la Société Générale », a-t-il requis en ajoutant qu'il s'agirait d'un « message fort envoyé aux banques pour éviter qu'à l'avenir de tels faits ne se reproduisent ».

Jérôme Kerviel a exprimé sa satisfaction, même si la décision ne sera connue que le 23 septembre 2016.

« Je n'en ai pas cru mes oreilles, cela fait huit ans que j'attends cela », a-t-il déclaré.

La Société Générale surprise

Dans une déclaration écrite envoyée à Reuters, la Société Générale s'est dite surprise par les réquisitions.

« Nous avons toujours reconnu les faiblesses et négligences de nos systèmes de contrôle et nous les avons d’ailleurs corrigées, mais ce sont les agissements frauduleux de Jérôme Kerviel qui les ont mis en échec », explique la banque.

Le gouvernement a annoncé que la France demanderait à la Société Générale de rembourser les deux milliards deux cent millions d'euros de crédit d'impôt que l’état lui a accordé en raison de la perte enregistrée lors de l'affaire si la justice française suit l'avocat général de la cour d'appel de Versailles.

L'avocat général a mis à mal la stratégie de la banque, déjà ébranlée la semaine dernière au conseil des prud'hommes de Paris, qui a condamné le géant bancaire à verser plus de quatre cent cinquante mille euros à son ancien courtier, licencié d'après lui « sans cause réelle ni sérieuse ».

Le conseil des prud'hommes a estimé que les faits justifiant son renvoi, la prise de positions non couvertes ayant mené à des pertes record en 2008, étaient prescrits au moment de son licenciement pour faute lourde, le 12 février 2008.

Jusque-là, Jérôme Kerviel avait essuyé plusieurs défaites judiciaires depuis la tourmente déclenchée il y a huit ans, alors que les marchés étaient déjà fébriles, par les révélations sur ses dizaines de milliards d'euros de prise de position.

Au pénal, l'ancien trader a été condamné en première instance puis en appel à cinq ans de prison, dont trois fermes, et à verser à la banque l'équivalent du trou dans ses comptes.

Une révision du procès pénal

La cour de cassation a confirmé en 2014 le volet pénal, la peine de prison, mais rejeté la somme demandée par la Société Générale, en lui reprochant d'avoir failli dans ses mécanismes de contrôle. Le dossier a alors atterri à Versailles.

Durant les trois jours d'audience, la question a porté sur les responsabilités des uns et des autres, Jérôme Kerviel a-t-il agi seul, au mépris de toutes les règles ? A-t-il bénéficié d'un manque de vigilance ou d'un consentement de sa hiérarchie ?

Pour Jean Veil, l'un des avocats de la banque, « c'est un escroc, c'est quelqu'un qui abuse de la confiance ».

La défense de l'ancien opérateur de marché, qui fait une lecture toute différente du dossier, estime que les juges ont été manipulés par la Société Générale, les uns après les autres.

Jeudi 16 Juin 2016, elle a diffusé à l'audience les extraits d'une conversation durant laquelle l’ancienne vice-procureure de la république de Paris, Chantal de Leiris, enregistrée à son insu, fait part de ses doutes sur l'instruction.

« Dans cette affaire, il y avait des choses en effet qui ne sont pas normales. Quand vous en parlez, tous les gens qui sont un peu dans la finance, ils rigolent », dit-elle dans lors de cet échange avec une ancienne enquêtrice de la brigade financière qui a suivi l'enquête, Nathalie le Roy.

Sur la foi notamment de cet enregistrement, les avocats de Jérôme Kerviel, David Koubbi en tête, espèrent obtenir auprès de la cour de révision une reprise du procès pénal à zéro.

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19 juin 2016 7 19 /06 /juin /2016 16:31

http://www.liberation.fr/planete/2016/06/16/espagne-le-parti-socialiste-deborde-sur-sa-gauche_1460012

Le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) débordé sur sa gauche

Par François Musseau, correspondant permanent de Libération à Madrid

Jeudi 16 Juin 2016

Dans le quartier ouvrier madrilène de Vallecas, la gauche radicale est sur le point de devancer le PSOE aux élections législatives du Dimanche 26 Juin 2016

Un sentiment d’exaltation règne dans les locaux d'Izquierda Unida, dans le quartier de Vallecas, un énorme bourg de tradition ouvrière du sud-est de Madrid, le seul de la capitale qui se targue, en quarante ans de démocratie, d’avoir toujours voté majoritairement à gauche. A l’antenne locale, située au numéro trente deux de la rue Sierra Carbonera, un groupe de militants commente les chances de la formation pour les élections législatives du Dimanche 26 Juin 2016.

« Nous pourrions bien vivre un moment historique », dit ce professeur auxiliaire, la trentaine, qui émarge petitement au gré des remplacements qu’on lui propose. « Moi, depuis tout jeune, je milite dans ce parti militant, noble et fidèle à ses électeurs populaires, mais avec une mentalité de perdant. Or, aujourd’hui, nous pouvons créer la surprise, gagner et vraiment changer les choses ».

A côté de lui, un quadragénaire, ancien ouvrier du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP) au chômage et qui vit depuis de chapuzas, des mini-jobs mal payés et non déclarés, partage cet enthousiasme, « à Izquierda Unida, nous étions jusqu’ici des figurants. Cette fois-ci, nous pouvons jouer un rôle central. Beaucoup de gens en ont marre de la corruption, de la morgue des politiciens, des inégalités qui n’arrêtent pas d’augmenter et de cette démocratie qui ne veut plus rien dire. Nous, nous sommes une alternative ».

Si Izquierda Unida a ces jours-ci la foi chevillée au corps, c’est parce qu’elle s’est trouvé un allié de choix, Podemos. Ce parti émergent né en 2014, produit du mouvement des indignés apparus au mois de mai 2011, a scellé une alliance avec cette coalition de la gauche de la gauche, un ensemble disparate constitué autour du Parti Communiste Espagnol (PCE), légalisé à la fin du franquisme. Et cette alliance inédite pourrait bien être la révélation du prochain scrutin. Certes, les conservateurs du Parti Populaire sont donnés favoris, mais ils seraient talonnés par Unidos Podemos, la fusion pré électorale de la vieille Izquierda Unida et du néophyte parti indigné.

Orgueil

Autrement dit, si cette projection se réalise, le sorpaso aura lieu pour la première fois en Espagne. Le PSOE, l’historique rival des conservateurs, serait devancé sur sa gauche par des mouvements plus radicaux.

Dans les rangs d’Izquierda Unida, on se frotte les mains. A l’issue des très disputées élections législatives du mois de décembre 2015, dont aucun exécutif n’est sorti, ils n’ont obtenu qu’un petit million de suffrages et, en raison d’un découpage électoral défavorable, deux malheureux sièges de députés, sur trois cent cinquante sièges. Main dans la main avec Podemos, troisième force parlementaire avec soixante neuf sièges, derrière le Parti Populaire et le PSOE, la donne change du tout au tout. Elle permettrait à Izquierda Unida de tutoyer la pole position.

Lorsqu’il évoque Vallecas, qui compte près de trois cent vingt mille habitants, Jorge Luis, musicien de vingt neuf ans, parle de « l’orgueil » de son quartier. Et ce, même si depuis une dizaine d’années, ce gros bourg accolé à Madrid a perdu de son homogénéité. Les habitants vieillissent, les jeunes ont rejoint la grande banlieue pour vivre dans des logements plus vastes et des immigrés venus du Maroc, de Chine et d’Amérique Latine ont transformé l’environnement.

« J’y suis né », dit Jorge Luis, « et Vallecas restera toujours Vallecas, un village d’Astérix, de résistance et de fierté populaire. C’est truffé de collectifs libertaires, d’associations d’entraide et de locaux pour ouvriers à la retraite. Et même d’un club de football qui fait souvent trembler les meilleurs ».

La nouveauté, à ses yeux, c’est que, désormais, ce bastion de la gauche peut influer sur la destinée politique du pays. Aux élections municipales du mois de mai 2015, Vallecas a ainsi voté massivement en faveur de l’ancienne juge Manuela Carmena, soixante et onze ans. La désormais maire de Madrid est en effet une ancienne communiste de l’ère franquiste, fervente partisane de la démocratie directe, de la transparence dans les comptes publics et du rapprochement entre élus et administrés, bref, de la fin des privilèges des politiques. Comme elle, des personnalités de la société civile, au nom de l’indignation, dirigent les municipalités de Saragosse, de Valence, de la Corogne ou de Cadix.

Désillusion

« Un an s’est écoulé », poursuit Jorge Luis. « Les conservateurs avaient prédit un cataclysme, la paralysie de la ville et le chaos. Or, tout le monde peut constater que rien de pareil ne s’est produit. Au contraire, avec Manuela Carmena, les élus sont plus responsables, plus honnêtes et plus volontaristes. Et cela, c’est l’atout de la vraie gauche. Pas les socialistes, qui font partie de l’establishment ».

Une promenade dans Vallecas, dominé par des pâtés de maisons basses délimités par de grandes artères, l’atteste, cette mutation n’est pas évidente pour tous. Même si les sympathies sont majoritairement à gauche, beaucoup affichent une désillusion virulente à l’égard de leur classe politique. Accoudée à un bar, le visage résigné, Maria del Carmen, quarante sept ans, couturière au chômage qui ne touche plus que le subsidio, sorte de Revenu de Solidarité Active (RSA), d’un montant de quatre cent vingt six euros, explique ainsi son regard désabusé, « mon unique objectif est de survivre. Nos politiques ne font rien pour nous et ne pensent qu’à se remplir les poches ». En contrebas, devant l’église San Ramon, des dizaines de gens font la queue pour la soupe populaire.

Partout, le chômage et la pauvreté sont palpables, en dépit des indicateurs de légère reprise économique, comme la baisse des demandeurs d’emploi de vingt six pour cent à vingt et un pour cent. A l’échelle nationale, de source officielle, environ trente deux pour cent des espagnols se trouveraient « en risque d’exclusion sociale ». L’opinion de Maria del Carmen s’avère très représentative. Un récent sondage de Metroscopia l’atteste, plus de quatre vingt pour cent des espagnols qualifient la situation politique de « mauvaise ou très mauvaise ».

La montée en puissance d’Unidos Podemos pourra-t-elle inverser la tendance ? « Ce qui est sûr », dit Juan Manuel, cinquante sept ans, métallurgiste reconverti en chauffeur de taxi, « c’est qu’au moins, Izquierda Unida, et surtout Podemos, ont permis de calmer les frustrations et de donner un peu d’espoir. Au moins, en Espagne, cela ne passe pas par l’extrême droite ».

Pour piloter ce possible changement, les leaders sont jeunes, épargnés par les scandales de corruption, Podemos est dirigé par le politologue Pablo Iglesias, trente sept ans. Izquierda Unida, elle, vient de se débarrasser de son vieux leader communiste, Cayo Lara, au profit d’un jeune économiste de trente ans, très versé dans les réseaux sociaux, Alberto Garzón. « Il ne faut pas s’attendre au miracle, mais si le pouvoir passait à gauche », dit Juan Ramon, cinquante trois ans, buraliste, « ces deux là ont tout en main pour corriger le tir, réduire l’austérité et résister à Bruxelles et à Angela Merkel. Donnons-leur au moins un vote de confiance ».

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19 juin 2016 7 19 /06 /juin /2016 15:59

https://www.socialistworker.co.uk/art/42813/Say+no+to+Fortress+Europe+-+vote+Leave+on+23+June

Dites non à la forteresse Europe

Votez pour quitter l’Union Européenne Jeudi 23 Juin 2016

L'Union Européenne dresse des frontières et enferme les réfugiés dans des camps.

Les réfugiés sur l'île grecque de Chios sont en grève de la faim contre le refus de l'Union Européenne de les laisser partir.

La police anti émeutes a expulsé les réfugiés du camp d’Idomeni à la frontière nord de la Grèce, Mardi 24 Mai 2016, et elle les a enfermés dans des camps.

Un accord entre l'Union Européenne et la Turquie contre les réfugiés a vu des réfugiés renvoyés illégalement en Syrie.

La commission européenne non élue a mis en garde la Grèce contre le fait que ses citoyens perdraient leur visa de libre circulation si elle ne bloque pas les réfugiés.

Le ministre grec Yiannis Mouzalas a rapporté que, lors d'une réunion de l'Union Européenne, il a été invité à « rejeter les migrants dans la mer ».

C’est l’Union Européenne qui a ordonné la construction du mur sur la frontière terrestre de la Grèce qui oblige les réfugiés à voyager par des routes maritimes plus dangereuses. Sa force des frontières FRONTEX effectue des déportations massives de Grèce en Turquie.

Des discussions à un haut niveau interne à l’Union Européenne envisagent même un centre de détention flottant au large de la côte de la Libye.

Voilà ce qui est en jeu dans le référendum sur l'Union Européenne au mois de juin 2016. Mais vous ne le saurez pas si vous lisez la plupart des couvertures des journaux.

La propagande médiatique dit que les antiracistes devraient forcément défendre l’Union Européenne, tandis que seuls les nationalistes, les racistes et les xénophobes s'y opposeraient.

Cette propagande est renforcée par les défenseurs de gauche de l’Union Européenne. Et elle est renforcée par la campagne raciste officielle pour quitter l’Union Européenne.

Mais l'Union Européenne ne réunit pas les peuples à travers les frontières.

Les frontières

L’Union Européenne réunit les classes dirigeantes de certains pays contre les classes dirigeantes d’autres pays, en partie en mettant en place des frontières.

L'Union Européenne rend plus difficile de voyager en Europe à partir de l'Afrique, de l'Asie et de l'Amérique du Sud.

Pour ce faire, elle favorise les mythes de boucs émissaires qui peuvent ensuite être retournés contre les migrants européens, par ses mécanismes de contrôle des frontières et de répression.

Construire une forteresse Europe raciste est au cœur du projet européen. Faire tomber cette forteresse est essentiel pour tout internationalisme réel ou antiracisme.

Certains militants affirment que le plus grand ennemi est la forteresse Grande-Bretagne. Mais les deux ne sont pas contradictoires. Les dirigeants de la Grande-Bretagne utilisent l'Union Européenne pour la police de leurs propres frontières.

David Cameron est parmi les meilleurs défenseurs de l'accord entre l’Union Européenne et la Turquie parce qu'il veut faire en sorte que les réfugiés en Grèce ne parviennent jamais en Grande-Bretagne.

Quitter l’Union Européenne serait une attaque contre ses plans.

Les antiracistes doivent se battre pour l'ouverture des frontières et la liberté de mouvement.

Cela signifie construire le convoi à Calais, Samedi 18 Juin 2016. Cela signifie combattre la politique raciste de bouc émissaire venant des deux côtés du débat référendaire.

Et cela signifie aussi le vote pour quitter l’Union Européenne, pour faire un trou dans les murs de la forteresse Europe.

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19 juin 2016 7 19 /06 /juin /2016 15:07

Manuel Valls souhaite que les syndicats ne manifestent pas Jeudi 23 Juin 2016 (Reuters)

Manuel Valls estime que les syndicats opposés au projet de loi travail devraient renoncer aux rassemblements prévus lors de leur prochaine journée d'action, Jeudi 23 Juin 2016, en raison du contexte de sécurité actuel.

Dans une interview au Journal Du Dimanche (JDD), le premier ministre indique qu'il y aura des discussions sur le sujet dans les prochains jours entre les organisateurs et la préfecture de police de Paris et que le gouvernement prendra ses responsabilités s'il le faut.

« Compte tenu de la situation, des violences qui ont eu lieu, de l'attentat odieux contre le couple de policiers mais aussi de la tenue du championnat d’Europe de football, les organisateurs devraient annuler eux-mêmes ces rassemblements. C'est du bon sens », dit-il, ajoutant que « la Confédération Générale du Travail (CGT) doit sortir de l'impasse. Il y aura dans les prochains jours des discussions entre la préfecture de police de Paris et les organisateurs afin de voir si les conditions sont réunies pour qu’un rassemblement se tienne », déclare Manuel Valls.

« Le principe de notre droit, c'est la liberté de manifester. La responsabilité du gouvernement, c'est s'assurer que les conditions de sécurité sont remplies », poursuit-il.

« Or c'est un fait, des syndicalistes peuvent agir avec des casseurs, c'est inadmissible. Les organisateurs ne veulent pas prendre leurs responsabilités et se désolidariser clairement des violences, si nous constatons que ces manifestations font peser de nouveau un danger pour les forces de l’ordre et les biens publics, alors le gouvernement prendra ses responsabilités ».

Dans la matinée, le numéro un de la CGT a réaffirmé que le problème venait selon lui des consignes de non-intervention données aux policiers et qu'il n'était pas question d'annuler la journée d'action du Jeudi 23 Juin 2016, ni celle du Mardi 28 Juin 2016.

« Tant que nous aurons ce problème avec le texte du gouvernement, et il existe encore, ce sera maintenu », a déclaré Philippe Martinez, rejetant la responsabilité de la mobilisation sur un gouvernement qu'il juge inflexible.

« L'été, tout le monde a besoin de se reposer, mais il y aura des formes de mobilisation », anticipe-t-il par ailleurs.

Insinuations

Cette semaine, le premier ministre a laissé entendre que le gouvernement pourrait interdire des manifestations après les violences qui ont émaillé celle du Mardi 14 Juin 2016 à Paris contre le projet de loi.

« Je demande à la CGT de ne plus organiser ce type de manifestation sur Paris », avait-il dit.

Manuel Valls prend la défense des forces de l'ordre face aux accusations de violence policière des opposants au projet de loi et dément fermement qu'elles aient reçu pour consigne de laisser les casseurs agir.

« Jamais nos forces de l’ordre n’ont eu à faire face à autant de situations difficiles en même temps », dit-il au JDD, pour ajouter « qu’alors que deux policiers viennent d’être sauvagement assassinés, je supporte encore moins les insinuations concernant notre police républicaine sur des prétendues consignes de laisser-faire pour discréditer le mouvement ou sur les soi-disant violences policières. Ceux qui discréditent les mouvements sociaux sont ceux qui ne condamnent pas les violences, voire même y participent. Donc il est temps de se désolidariser de toute forme de violence », déclare-t-il encore.

Manuel Valls se défend de toute posture dans la bataille autour du projet de loi qui l'oppose à la CGT et à son secrétaire général.

« Je crois au compromis dans l’entreprise et dans la nécessité de faire confiance aux acteurs de terrain », souligne-t-il.

« Nous sommes dans un moment de clarification syndicale mais aussi de clarification politique au sein de la gauche. Si nous cédions à la rue, si nous retirions le texte, si nous remettions en cause sa philosophie, ce serait une régression pour les salariés, un coup porté à l’autorité de l’état, cela voudrait dire qu’on ne pourrait plus réformer sauf par la brutalité ».

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18 juin 2016 6 18 /06 /juin /2016 19:55

http://www.revolutionpermanente.fr/Paris-Temoignage-d-un-docker-du-Havre-sur-la-manifestation-du-14-juin

Manifestation dans la capitale

Témoignage d’un docker du Havre sur la manifestation du Mardi 14 Juin 2016

La manifestation du Mardi 14 Juin 2016 à Paris a été une vraie première pour beaucoup de jeunes dockers du Havre. Habitués à des défilés massifs, mais sans réelle confrontation avec les forces de l’ordre, pourtant bien présentes dans les rues normandes, où tout se passe en général de façon tranquille. Les anciens, les délégués nous ont prévenu du potentiel face à face, de l’inévitable présence bien visible cette fois des forces de l’ordre et de la tension qui allait s’en résulter.

Déjà depuis la semaine dernière, nous savions que la montée sur la capitale allait être compliquée et trouver des cars et des trains pour venir de la province était problématique.

Finalement, au petit matin de ce Mardi 14 Juin 2016 tout se met en branle, le premier train part, les cars se remplissent et prennent la route.

Casques et gilets rouges floqués à nos couleurs syndicales sont du voyage. Ils sont surtout indispensables pour nous identifier entre nous, savoir qui est qui et qui peut faire partie de notre cortège. Un service d’ordre, un encadrement composé de trois cent de nos camarades a même été prévu, une première chez les dockers.

Toute la matinée, les groupes arrivent, se retrouvent place d’Italie, les drapeaux sont préparés et l’ambiance, bonne forcément, est de circonstance.

Les camarades dockers affluent de tout l’hexagone, Nantes, Fos, Marseille et Bordeaux, un drapeau basque se hisse même plus vite que l’habituel drapeau breton, les gens nous reconnaissent et beaucoup saluent notre implication sans faille dans le mouvement. Cela fait chaud au cœur. Vers 13 heures, une fébrilité se fait sentir, la banderole est déployée, nous nous mettons en ordre de marche derrière elle et notre ligne de tambours, parmi une foule immense et bigarrée de manifestants d’univers variés, de professions et de syndicats de tous horizons.

Mardi 14 Juin 2016, à 13 heures 30, le grand moment est arrivé pour nous, premier roulement de tambour, premier pas et nous voilà parti pour ce défilé.

C’est lent et saccadé, nous n'y sommes pas habitués. Nous, qui normalement défilons sur une douzaine de kilomètres à un rythme assez soutenu, sommes un peu fébriles mais la joie de tous se retrouver et de communier ensemble sur les avenues de la capitale prend le dessus et les slogans et la bonne humeur font de ce début de manifestation un bon moment.

Très vite, nous rencontrons, fermant les accès aux rues perpendiculaires, les forces de l’ordre et les gardes mobiles, mais notre encadrement très efficace empêche tout contact avec eux, ainsi pas de provocation possible. Notre mauvaise réputation, bien infondée de nos jours, nous colle toujours à la peau. A nous de démontrer que nous savons gérer un défilé dans le plus grand calme possible.

Nombreux sont les autres manifestants massés sur le bord des rues à nous saluer et féliciter notre cortège ainsi que notre encadrement efficace, si efficace même que certains des gardes mobiles en sont étonnés.

Malgré cela au loin devant, le tout début du cortège, un premier rideau de fumée se devine.

La tension monte au sein du cortège. Nous nous approchons de l'esplanade des Invalides. Au bout d’un moment d’arrêt, les tambours cessent.

Nous sommes arrivés au bout de notre manifestation. Tout le monde se réjouit de cette réussite, de cette foule et du fait qu’aucun heurt n’est encore à déplorer de notre côté. Un dernier virage à l’angle du dôme doré et les cars sont en vue.

C’est alors qu’un premier nuage nous enveloppe. Ce sont des gaz lacrymogènes lancés par les Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS) dans cette fin de cortège pacifiste et pacifique.

Nous nous regroupons vite, toussant, pleurant et vomissant sur la place où se trouvent les cars nous attendant pour nous ramener vers nos villes d’origine.

Certains présentent déjà des traces de brutalité avec des ecchymoses dues à des flashballs, éclats de grenade de désencerclement et bombes lacrymogènes d’aveuglément utilisées.

La provocation est énorme du côté des CRS, leur réaction et leur réactivité nous surprend. Nous voyons débouler entre les colonnes de cars leurs renforts. Par dizaines, les CRS accourent mais, surprise, ils s’en prennent aux familles et aux manifestants ayant fini leur défilé qui tentent de rejoindre leur car. Gazage en masse, quelques coups de matraque pleuvent aussi, dans l’incompréhension la plus totale. Au bout de quelques dizaines de minutes d’incrédulité face à une telle injustice, nous pouvons enfin, dans un calme sommaire nous regrouper afin de repartir vers le Havre.

Tous plus ou moins choqués à notre façon, nous essayons de débriefer les dernières minutes si brutales d’une manifestation pourtant tranquille pendant le trajet du retour.

Comment ces CRS ont pu intervenir si rudement contre nous, un défouloir, une volonté de casser l’envie de revendication ou bien un moyen de dissuasion ?

Cette intervention musclée injuste et indigne aide de plus le gouvernement à nous assimiler a des « casseurs », décrédibilisant le mouvement auprès des téléspectateurs toujours prêts à gober ce que mère télévision veut bien leur faire ingurgiter.

Comme le dit un de nos mots d’ordre, « you will never walk alone », notre unité est notre force et nous sauront, si nécessaire, en faire encore une fois la démonstration massive et pacifique.

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18 juin 2016 6 18 /06 /juin /2016 19:42

https://www.ensemble-fdg.org/content/attaques-contre-les-syndicats-le-droit-de-manifester-et-le-droit-du-travail-uni-es-pour-dire

Attaques contre les syndicats, le droit de manifester et le droit du travail, unis pour dire non

Depuis des semaines le gouvernement tente de discréditer la mobilisation sociale contre la loi travail en fustigeant tout particulièrement la Confédération Générale du Travail (CGT) et son leader Philippe Martinez, alors que sept syndicats soutiennent le mouvement. Les grèves sont assimilées à des « prises d’otage » et tout est bon pour appeler à leur fin, les inondations, le championnat d'Europe de football et les menaces contre les personnes et les biens.

Depuis Mardi 14 Juin 2016, Bernard Cazeneuve puis Manuel Valls ont franchi un nouveau cap. Sur la deuxième chaîne de la télévision française, le ministre de l'intérieur n’a pas hésité à instrumentaliser le crime terroriste contre les deux policiers des Yvelines pour faire l’amalgame avec les violences constatées en marge des manifestations. Manuel Valls, sur France Inter, est allé jusqu’à dénoncer la complicité des syndicats avec une partie des manifestants venus dans l’objectif de « tuer » des policiers. Dans la foulée, le préfet de police de Paris dénonce aujourd’hui une forme de solidarité entre « casseurs » et syndicalistes.

La boucle est ainsi bouclée, les manifestants sont assimilés aux « casseurs » et les « casseurs » sont assimilés aux terroristes, appliquer l’état d’urgence à tous devient la conséquence logique. Manuel Valls et son gouvernement reprennent en définitive à leur compte la logique du mouvement des entreprises de France (MEDEF) qui avait accusé les syndicats de terrorisme et usent de ce prétexte pour annoncer la possible interdiction des manifestations contre la loi travail, approuvé en cela par la direction du Parti Socialiste à travers son premier secrétaire.

Nous condamnons les violences qui entravent la vie des citoyens et attaquent le service hospitalier public et qui sont d’ailleurs préjudiciables au mouvement social. Mais imputer cette violence aux organisateurs et organisatrices de la mobilisation est un mensonge, le maintien de l’ordre en marge des manifestations est de la responsabilité du gouvernement.

Pour la première fois depuis des décennies, un gouvernement propose d’interdire une manifestation syndicale. Cette annonce est d’une extrême gravité pour les libertés publiques.

Sans légitimité populaire ni parlementaire pour imposer sa loi, le gouvernement aura donc tout tenté, l’état d’urgence maintenu et utilisé contre les mobilisations écologistes et sociales, le passage en force via le quarante neuvième article de la constitution et l’utilisation de la division comme de la répression pour tenter de juguler le mouvement. Il en vient maintenant à cette menace inacceptable pour la démocratie.

Les organisations politiques signataires demandent à François Hollande de cesser d’attaquer le mouvement syndical et le monde du travail.

Elles défendent une tout autre politique, respectueuse des salariés et non guidée par les intérêts des grandes entreprises.

Elles rappellent que la loi travail est rejetée par trois confédérations syndicales sur cinq et que les manifestations sont organisées par sept syndicats de salariés et de jeunes.

Elles dénoncent les attaques intolérables contre les syndicats et tout particulièrement contre la CGT.

Elles appellent à refuser toute remise en question du droit de manifester et à se mobiliser plus fortement encore aux côtés des syndicalistes lors des prochaines manifestations.

Elles exigent enfin le retrait de la loi travail, seule décision raisonnable à même de calmer les tensions sociales dont le gouvernement est le principal responsable.

Premiers signataires

Ensemble, Europe Ecologie Les Verts (EELV), Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), Nouvelle Donne, Parti Communiste Français (PCF), Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF), Parti de Gauche, Parti Ouvrier Indépendant (POI), République et Socialisme.

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