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26 janvier 2016 2 26 /01 /janvier /2016 20:20

Les discussions sur la Syrie programmées Vendredi 29 Janvier 2016 à Genève (Reuters)

L’Organisation des Nations Unies (ONU) a formellement invité Mardi 26 Janvier 2016 le gouvernement syrien et l'opposition aux discussions qui doivent s'ouvrir Vendredi 29 Janvier 2016 à Genève mais les opposants à Bachar al Assad, soutenus par l'Arabie Saoudite, entretiennent toujours le doute sur leur présence.

Les services de Staffan de Mistura, l'envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, n'ont pas publié la liste des participants conviés, au centre de vives controverses.

Mais plusieurs personnalités soutenues par la Russie, alliée de Bachar al Assad, ont annoncé à l'agence Reuters qu'elles figuraient sur la liste.

Leur présence pourrait envenimer davantage encore les choses alors que les négociations, qui auraient dû débuter Lundi 25 Janvier 2016, ont déjà dû être repoussées de quatre jours. Car le Haut Conseil pour les Négociations (HCN), créé au mois de décembre 2015 avec l'appui de l'Arabie Saoudite par des groupes de l'opposition politique et armée, refuse la participation de plusieurs de ces personnalités, à commencer par Saleh Muslim. Le coprésident du parti de l'union démocratique (PYD), la principale formation kurde syrienne, n'a pas confirmé qu'il était formellement convié par Staffan de Mistura. « Nous serons invités mais nous ne savons pas avec quel statut », a-t-il simplement déclaré dans la matinée.

Mais selon Randa Kassis, présidente du Mouvement de la Société Pluraliste, également retenue par l’ONU, Saleh Muslim est bien au nombre des participants invités par l'envoyé spécial de l’ONU.

Réuni à Ryad, le HCN n'a pas encore réagi. Mais l'un de ses membres, Asaad al Zoubi, qui doit diriger l'équipe des négociateurs de l'opposition, avait prévenu dans la matinée que Staffan de Mistura, troisième envoyé spécial nommé par l’ONU depuis le début du conflit, en mars 2011, « ne peut pas imposer de conditions » à l'équipe des négociateurs de l'opposition.

Pour l'opposition sunnite syrienne, le parti de l'union démocratique (PYD), qui chapeaute la puissante milice des unités de protection du peuple (YPG), devrait plutôt siéger dans le camp du gouvernement.

Saisissez cette occasion

La Russie soutient fermement la présence des kurdes syriens à Genève.

Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, a réaffirmé Mardi 26 Janvier 2016 qu'il ne serait pas possible de parvenir à un accord de paix en Syrie s'ils ne participaient pas aux négociations. Exclure les kurdes de la table des négociations, a-t-il jugé, serait « injuste et contre-productif ».

Sur le terrain, les YPG contrôlent de vastes territoires dans le nord et le nord-est de la Syrie et la milice s'est imposée comme une alliée importante des Etats-Unis dans la lutte contre l'Etat Islamique.

Les Etats-Unis, accusés par les opposants réunis à Ryad d'avoir cédé aux pressions de Moscou, les ont exhortés pour leur part à participer aux discussions de Genève.

« Notre conseil à l'opposition syrienne est de saisir cette occasion de mettre à l'essai les intentions du régime et de montrer à l'opinion publique internationale quelles sont les parties qui veulent sérieusement un règlement politique en Syrie et quelles sont celles qui n'en veulent pas », a dit Michael Ratney, représentant spécial des Etats-Unis pour la Syrie.

En France, interrogé sur l'insistance des russes à intégrer la formation kurde syrienne aux discussions de Genève, le ministère des affaires étrangères a rappelé que « le groupe de l'opposition issu de la conférence de Ryad rassemble pour la première fois un large spectre de politiques et de militaires non djihadistes qui se sont engagés autour d'un projet commun pour une Syrie unie, libre, démocratique et respectueuse de tous. C'est donc à lui qu'il revient d'être l'interlocuteur du régime dans les négociations », a ajouté le porte-parole du Quai d'Orsay.

Le processus de transition politique, fruit de l'initiative diplomatique menée par les puissances du groupe de soutien international à la Syrie, a été validé par la résolution 2254 adoptée à l'unanimité le 18 décembre 2015 par le conseil de sécurité de l’ONU.

Il prévoit la mise en place dans les six mois d'un gouvernement de transition puis la tenue dans les dix-huit mois « d’élections libres et régulières qui seraient conduites sous la supervision de l’ONU ».

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26 janvier 2016 2 26 /01 /janvier /2016 19:59

Colère en Grèce où la réforme des retraites arrive au parlement (Reuters)

Le mouvement social s'est accentué Mardi 26 Janvier 2016 en Grèce où le parlement a engagé l'examen du projet gouvernemental de réforme des retraites qui prévoit de réduire d’un milliard huit cent millions d'euros le montant annuel des pensions, condition des créanciers internationaux pour le déblocage de fonds du troisième plan d'aide.

Les infirmières sont descendues dans les rues et les agriculteurs, qui devraient être mis davantage à contribution pour financer les retraites, ont annoncé une montée en puissance de leurs actions. Depuis plusieurs jours déjà, ils bloquent sporadiquement des autoroutes du pays.

Dans le secteur du transport maritime, dockers et marins sont appelés à une nouvelle grève de quarante-huit heures à partir de Mercredi 27 Janvier 2016.

Devant les députés, le premier ministre Alexis Tsipras a défendu le projet de réforme, une mesure selon lui difficile mais nécessaire pour éviter une implosion du système.

« Pour payer les retraites en 2016, le système de sécurité sociale doit trouver neuf cent quatre vingt millions d'euros supplémentaires », a-t-il dit. « Nous choisissons une voie difficile, mais c'est pour ne pas nous retrouver dans une impasse », a-t-il ajouté.

Le gouvernement d'Alexis Tsipras s'est engagé à réformer le système des retraites, qui représente un coût annuel de vingt huit milliards d'euros, dans le cadre du troisième plan de renflouement des finances publiques grecques négocié l'été dernier avec les créanciers d'Athènes à hauteur de quatre vingt six milliards d'euros.

A défaut, la première « revue » de la mise en conformité de la Grèce avec ses engagements pris en août 2015 ne pourra être conclue et les discussions sur un éventuel allègement de la dette ne pourront s'engager.

Mais le relèvement des cotisations des employeurs et des employés retenu par le gouvernement d’Alexis Tsipras est à l'origine de tensions sociales. De ce fait, des millions de personnes vont voir leurs prélèvements atteindre vingt pour cent environ de leurs revenus.

Le débat prévu Mardi 26 Janvier 2016 permettra de prendre la température des parlementaires sur ce projet de loi, dont l'examen formel est programmé au mois de février 2016. Le gouvernement d’Alexis Tsipras n'a que trois voix de majorité.

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26 janvier 2016 2 26 /01 /janvier /2016 16:41

Xavier Bertrand veut que François Hollande vienne constater la situation à Calais (Reuters)

Le président de la région Nord Pas De Calais Picardie, Xavier Bertrand, a exhorté, Lundi 25 Janvier 2016, François Hollande à se déplacer en personne à Calais, avec ses ministres, pour comprendre la situation dans la ville, où la tension est forte en raison de la présence de milliers de migrants dans un bidonville.

« J’en appelle au président de la république pour qu’il vienne lui-même se rendre compte de la situation à Calais », a-t-il dit après une réunion avec la maire de la ville, Natacha Bouchart, et le directeur du port, Jean-Marc Puissesseau.

« Je vois l'exaspération qui monte et ce ne sont pas seulement des mots. Je redoute qu'à un moment ou à un autre on ait des affrontements », a-t-il ajouté.

Xavier Bertrand a également demandé l'organisation à Calais d'un conseil des ministres et d'un conseil européen des chefs d’état et de gouvernement, tout en reformulant sa requête de l'envoi de l'armée pour éviter les violences.

« Le chef de l’état est chef des armées, je pense qu'il n'y a que l'armée pour venir sécuriser en plus les sites qu'on a besoin de sécuriser ici à Calais », a-t-il dit.

Sans attendre, il a annoncé que la région qu'il préside installerait une antenne à Calais avant la fin du mois de février 2016.

Xavier Bertrand s'exprimait au lendemain d’un week-end de tension dans la ville entre habitants et migrants, dont quatre à six mille vivent dans un bidonville dans l'espoir de passer au Royaume-Uni par tous les moyens.

Samedi 23 Janvier 2016, des migrants et militants avaient réussi à pénétrer sur le port et pour certains à monter à bord d’un ferry avant d’en être délogés. Dimanche 24 Janvier 2016, environ deux mille habitants, commerçants et élus, se sont rassemblés pour demander à l’état « une solution pour Calais ».

Des migrants et des militants devaient comparaître devant le tribunal correctionnel de Boulogne sur Mer, Lundi 25 Janvier 2016, notamment pour avoir monté à bord du ferry, mais leur procès a été reporté au 22 février 2016.

« Il faut une réponse judiciaire beaucoup plus forte. Que ceux qui s'en prennent aux installations aujourd'hui comprennent bien qu'il n'y a pas d'impunité », a dit Xavier Bertrand.

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26 janvier 2016 2 26 /01 /janvier /2016 16:28

http://www.humanite.fr/hollande-valls-levez-letat-durgence-596846?IdTis=XTC-FT08-G2SO1W-DD-DLH85-FQR8

Hollande-Valls, levez l’état d’urgence

Nous, mille cinq cent participants au meeting convoqué pour la levée de l’état d’urgence à l’appel des trois cent trente trois, Samedi 23 Janvier 2016, à Paris, réunis au lendemain de l’annonce provocatrice de François Hollande de prolonger pour trois mois l’état d’urgence, et de l’affirmation de Manuel Valls, pour qui celui-ci pourrait être maintenu « jusqu’à ce qu’on puisse en finir avec l'Etat Islamique », appuyés par les douze mille signataires de l’appel des trois cent trente trois, après avoir entendu les prises de parole de Patrick Baudouin, avocat et président d’honneur de la Fédération Internationale des ligues des Droits de l'Homme (FIDH), Esther Benbassa, sénatrice et vice-présidente de la commission des lois, Denis Collin, philosophe, Jean-Jacques Marie, historien, Nicolas Bonnet-Oulaldj, membre du conseil national du Parti Communiste Français (PCF), Olivier Besancenot, militant du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Sergio Coronado, député d'Europe Ecologie Les Verts (EELV), Daniel Dutheil, syndicaliste à l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (APHP), Wladimir Susanj, syndicaliste, Mathilde Zylberberg, militante du Syndicat de la Magistrature, Vincent Présumey, syndicaliste enseignant, Noël Mamère, député, Danielle Simonnet, coordinatrice du Parti de Gauche, Jean Hedou, syndicaliste, Dominique Gros, universitaire, Daniel Gluckstein, secrétaire national du Parti Ouvrier Indépendant et Démocratique (POID), Éric Le Courtois, syndicaliste des Côtes-d’Armor, Dominique Coujard, magistrat honoraire et ancien président de la cour d’assises de Paris, Patrick Picard, syndicaliste, Jean-Jacques Karman, membre du conseil national du Parti Communiste Français (PCF), Claude Charmont, syndicaliste de Seine-et-Marne, et Jacques Cotta, journaliste et réalisateur, et les messages de Mickaël Wamen, syndicaliste de Goodyear condamné, Rony Brauman, médecin, Isabelle Attard, députée, et Jacques Nikonoff, porte-parole du parti de l’émancipation du peuple, nous adressons un message de solidarité aux travailleurs condamnés de Goodyear et exigeons l’arrêt immédiat des poursuites à leur encontre.

Nous réaffirmons notre exigence de levée immédiate d’un état d’urgence dont tous les orateurs, dans leur diversité, ont montré qu’il est liberticide et menace tous les droits démocratiques existants.

Nous appelons à amplifier la campagne pour la levée de l’état d’urgence et contre sa prolongation annoncée par le président.

Nous nous félicitons de la multiplication d’initiatives qui, comme nous, exigent la levée de l’état d’urgence.

Nous appelons à soutenir la délégation qui se rendra auprès de François Hollande pour faire entendre cette exigence.

Nous appelons à la mobilisation la plus large dans l’unité pour mettre en échec le projet de réforme constitutionnelle par lequel François Hollande prétend graver dans le marbre cette remise en cause permanente de la démocratie.

Dans le respect des positions et des engagements des uns et des autres, mobilisons-nous dans tout le pays pour dire, par dizaines et centaines de milliers, « non à la réforme constitutionnelle, levée immédiate de l’état d’urgence ».

Nous mandatons la tribune du meeting pour faire connaître cet appel et développer la campagne au niveau national, dans les communes et les départements.

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25 janvier 2016 1 25 /01 /janvier /2016 20:56

Manuel Valls veut déverrouiller les trente cinq heures dans le code du travail (Reuters)

Manuel Valls a annoncé Lundi 25 Janvier 2016, sans plus de précision, que la future réforme du code du travail modifierait le mode de rémunération des heures supplémentaires pour assouplir les contraintes de la durée légale du temps de travail à trente cinq heures.

L'ancien ministre de la justice Robert Badinter a remis Lundi 25 Janvier 2016 au premier ministre des propositions qui serviront de base à la réforme que présentera la ministre du travail, Myriam el Khomri, le 9 mars 2016 en conseil des ministres.

« La dérogation à la durée légale du temps de travail à trente cinq heures n'est plus une transgression », a déclaré Manuel Valls lors d'un discours à cette occasion.

Déterminé à « déverrouiller » les trente cinq heures, le chef du gouvernement a dit l'importance de « sortir des postures, en revoyant, sans attendre, les règles, tout en donnant le plus de place possible à l'accord d'entreprise ».

Il a souligné que la durée légale du travail et le droit à la compensation pour les heures supplémentaires seraient inscrits dans la future loi sur le travail.

S'il n'est pas question selon lui de remettre en cause les trente cinq heures, ce que réclame notamment le mouvement des entreprises de France (MEDEF), le premier ministre a estimé que les heures supplémentaires devaient « être rémunérées différemment », sans indiquer le futur ratio applicable.

La loi prévoit actuellement une majoration de vingt cinq pour cent des heures supplémentaires pour les huit premières heures et de cinquante pour cent au-delà. Ce taux peut toutefois être abaissé jusqu'à dix pour cent par accord de branche.

Débat entre Myriam el Khomri et Emmanuel Macron

Le président François Hollande avait déclaré la semaine dernière lors de ses voeux aux acteurs de l'entreprise et de l'emploi que les accords d'entreprises pourraient « fixer les modalités d'organisation du temps de travail, notamment le taux de majoration ou le nombre d'heures supplémentaires ».

La réforme du temps de travail fait débat jusqu'au sein du gouvernement, où le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, a pris des positions différentes de celles de sa collègue du travail.

Myriam El Khomri a affirmé la semaine dernière que le gouvernement maintiendrait le taux plancher de majoration des heures supplémentaires à dix pour cent. Lundi 25 Janvier 2016, à Matignon, la ministre, actuellement en pleine consultation des partenaires sociaux sur sa future loi, s'est contentée de rappeler ce taux.

Emmanuel Macron, demande, lui, que les heures supplémentaires ne soient plus obligatoirement majorées.

Cela mettrait fin « de facto » à la semaine de trente cinq heures « mais à travers des accords majoritaires », a-t-il déclaré la semaine dernière en marge du forum économique de Davos, en Suisse.

Manuel Valls a refusé de prendre parti pour l'un ou l'autre.

« Ma confiance est totale dans le travail que mènent Myriam El Khomri ou Emmanuel Macron », a-t-il dit, évoquant une « opposition stérile entre le social et l'économie ».

Mise en place pour inspirer la future réforme du code du travail, la commission de Robert Badinter plaide pour la rédaction d'un préambule à ce texte afin d'en clarifier le contenu.

« Nous sommes unanimes à considérer que les principes doivent figurer dans un chapitre autonome placé en tête du droit du travail », a dit l'ancien garde des sceaux.

Le père de l'abolition de la peine de mort en 1981 a insisté sur la dimension « éthique » du travail.

« Ce qui constitue le coeur du droit du travail français, c'est pour nous la volonté d'assurer le respect des droits fondamentaux de la personne humaine au travail », a-t-il dit.

Déception des partenaires sociaux

« Déception et complexité », a déploré le MEDEF après avoir pris connaissance du rapport de la commission de Robert Badinter.

« Ce n'est pas d'une reformulation dont notre droit du travail a besoin, mais d'une évolution profonde », explique l'organisation patronale dans un communiqué, s'inquiétant « d'un décalage grandissant entre l'affichage réel d'une ambition de réformes et des textes très loin de traduire cette ambition ».

L'organisation patronale de la Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises (CGPME) a jugé quant à elle que « vouloir redonner toute sa place à l'accord d'entreprise est positif. Mais se limiter aux seuls accords majoritaires passant impérativement par des syndicats de salariés reviendrait à transformer une bonne idée en miroir aux alouettes pour les Petites et Moyennes Entreprises (PME). Il est par ailleurs impératif de lever le verrou des trente cinq heures en accentuant encore les possibilités de modulation du temps de travail », poursuit-elle dans un communiqué.

Au nom de la Confédération Française et Démocratique du Travail (CFDT), Marylise Léon, secrétaire nationale, s'est félicitée de « la réaffirmation de certains grands principes au coeur de notre droit du travail dont le principe du Contrat de travail à Durée Indéterminée (CDI), la durée légale du travail et l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. En revanche, parce qu'il a procédé à droit constant, sans innover ni créer de droits nouveaux, le rapport manque d'audace », ajoute-t-elle.

La Confédération Générale du Travail (CGT) Force Ouvrière a estimé que le rapport s'apparentait à « une déclaration de bonnes intentions avec des dangers. Nous constatons qu'aucune précision n'est donnée s'agissant du temps de travail, l'ambiguïté demeurant », souligne-t-elle dans un communiqué, et « le principe de faveur et de la hiérarchie des normes n'est pas affirmé clairement malgré nos revendications ».

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25 janvier 2016 1 25 /01 /janvier /2016 20:32

https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/250116/appel-contre-la-derive-autoritaire-de-l-etat

Appel contre la dérive autoritaire de l'état

Lundi 25 Janvier 2016

Plusieurs personnalités du monde intellectuel et médiatique se mobilisent « contre ce qui n’apparaît plus seulement comme une dérive sécuritaire de l'état mais aussi comme une dérive autoritaire ». Vous pouvez signer cette pétition en bas de cette tribune.

Depuis le début de l’état d’urgence déclaré à la suite des terribles événements du Vendredi 13 Novembre 2015, s’est mise en place dans notre pays une politique sécuritaire qui n’a peut-être jamais, durant toute la cinquième république, mis en péril à ce point les libertés fondamentales. C’est ainsi que, en deux mois, trois cent quatre vingt cinq personnes ont été assignées à résidence sans qu’une enquête judiciaire ait pu prouver leur implication criminelle.

On peut de surcroît douter de l’efficacité de la politique mise en oeuvre puisque, à titre d’illustration, sur trois mille vingt et une perquisitions, seulement quatre ont donné lieu à une procédure anti-terroriste.

Le fait que le premier ministre ait annoncé à plusieurs reprises durant le mois de janvier 2016 la prolongation de l’état d’urgence tant que l'Etat Islamique existera, ce qui revient à une prolongation indéfinie, nous laisse pour le moins dubitatifs.

Les prises à partie et discours véhéments de Manuel Valls dans cette période de fragilisation des droits de l’homme se sont multipliés. Il a pu ainsi invectiver le monde de la recherche en sciences sociales, accusant les sociologues en particulier qui cherchaient à expliquer les causes sociales des attentats de chercher en réalité à excuser les terroristes.

Dans ce contexte, l'observatoire de la laïcité, organe indépendant de conseil localisé à Matignon afin de fournir des informations objectives, des rapports et des avis sur la situation de la laïcité dans notre pays, a été la nouvelle cible du premier ministre lors d’une réunion du Conseil Représentatif des Institutions juives de France (CRIF) auquel il assistait.

Manuel Valls a attaqué nommément le président de l'observatoire de la laïcité, Jean-Louis Bianco, parce qu’il a signé un appel en novembre 2015 publié dans le journal Libération dont certains signataires, quatre vingt au total, seraient à son sens des ennemis de la laïcité, « on ne peut pas signer des appels, y compris pour condamner le terrorisme, avec des organisations que je considère comme participant du climat que l’on a évoqué tout à l’heure ».

Cet appel, « nous sommes unis », était pourtant une condamnation du terrorisme et appelait à l’apaisement, y compris religieux. Il a été signé par une multitude de personnalités qui ne peuvent être soupçonnées d’être anti-laïques comme le président de la ligue de l’enseignement ou même de copiner avec l’islamisme intolérant comme le grand rabbin de France. Dans le même souffle et à la même occasion, le premier ministre s’en est pris au rapporteur général du même organisme indépendant, Nicolas Cadène, parce qu’il a envoyé le 6 janvier 2016 un tweet dans lequel il reproche à la philosophe Elisabeth Badinter d’avoir manqué de pédagogie dans certaines de ses affirmations lors de la matinale de France Inter du même jour. L’une des affirmations de la philosophe se trouvait être simplement fausse et contraire au droit. La laïcité n’impose pas en effet, contrairement aux dires d'Elisabeth Badinter, « la neutralité dans l’espace public », mais la neutralité des agents publics justement pour préserver la liberté d’expression des publics, autrement dit de tous les citoyens. Par ailleurs, lors de la même émission, Elisabeth Badinter lança « qu’il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobe ». Cette dernière phrase laisse entendre que l’islamophobie n’est pas une manière de voir honteuse et illégitime.

Une telle affirmation peut en outre entrer dans la catégorie répréhensible d’incitation à la haine. Lorsque le premier ministre devant le CRIF défend ainsi Elisabeth Badinter et ses propos contre l'observatoire de la laïcité, il semble vouloir implicitement accréditer l’idée que s’il n’est évidemment pas légitime de se dire antisémite, il serait en revanche acceptable d’être islamophobe. Manuel Valls contrevient dès lors lui même, en tant qu’agent public, à la neutralité qui supposerait une égalité de traitement, y compris dans les discours des responsables politiques, de toutes les composantes religieuses vivant dans notre pays.

Nous nous élevons fermement contre ce qui n’apparaît plus seulement comme une dérive sécuritaire de l'état mais aussi comme une dérive autoritaire. Lorsqu’un premier ministre, en raison de ses idées et affects personnels, se laisse aller à remettre en cause publiquement un organisme indépendant, laissant entendre sur un ton menaçant qu’il allait lui-même le recadrer, il y a véritablement un abus de pouvoir qui ne peut être toléré dans un état de droit démocratique digne de ce nom.

Premiers signataires :

Raphaël Liogier, Christine Delphy, Alain Gresh, Jean Bauberot, Edwy Plenel, Marwan Muhammad, Rokhaya Diallo

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25 janvier 2016 1 25 /01 /janvier /2016 20:16

http://paris.demosphere.eu/rv/43983

Manifestation unitaire de la fonction publique

Mardi 26 Janvier 2016 à 14 heures à Paris de la place Montparnasse à la place des Invalides

Communiqué unitaire de la Confédération Générale du Travail (CGT), de la CGT Force Ouvrière, de la Fédération Syndicale Unitaire (FSU) et de l'Union Syndicale Solidaire (USS)

Les organisations syndicales, CGT, Force Ouvrière, FSU et Solidaire d'Île-de-France participeront et contribueront au succès de la mobilisation à l'occasion de la journée nationale d'actions unitaires, de grève et de manifestation du mardi 26 janvier 2016.

Dans la fonction publique, comme ailleurs, les salariés subissent les politiques d'austérité souhaitées par le mouvement des entreprises de France (MEDEF) et misent en œuvre par le gouvernement avec le pacte de responsabilité. Ces politiques ont des conséquences sur les salaires des fonctionnaires dont le point d'indice est bloqué depuis huit ans mais également sur leurs conditions de travail, sur les moyens dont ils doivent disposer et sur l'emploi.

Pour ce qui concerne le secteur privé, non seulement les salaires n'évoluent pas, mais la loi d'Emmanuel Macron entraîne des conséquences considérables sur les conventions collectives, le travail du dimanche, l'emploi et la destruction des services publics en terme de transport.

Dans les services publics de l'enseignement, de l'hôpital, des transports et de l'énergie, cela contribue également à la perte de pouvoir d'achat pour les salariés et à la destruction de tous les services publics de proximité, c'est pourquoi les mobilisations unitaires sont fortes dans ces secteurs.

Les salariés sont également confrontés à de graves atteintes à l'action syndicale.

Dans plusieurs entreprises, des militants syndicaux sont menacés de poursuites pouvant aller jusqu'à des peines de prison, cela est inacceptable et intolérable.

Dans ce contexte, les fonctionnaires ont besoin de se faire entendre, les revendications sont justes et légitimes, une augmentation significative de la valeur du point d'indice, prenant en compte l'inflation subie depuis plusieurs années et, en particulier, depuis 2010, le développement de l'emploi public statutaire par des créations nettes, dans les très nombreux secteurs qui en ont besoin, des moyens financiers à la hauteur des besoins du service public et la défense d'un service public de proximité garant de la cohésion sociale.

Augmenter les salaires dans la fonction publique mais aussi dans le secteur privé, c'est bon pour la croissance, pour l'emploi et pour tous les salariés.

Dans toutes les entreprises, mettons les salaires à l'ordre du jour et poursuivons ainsi la lutte contre l'austérité.

Mardi 26 Janvier 2016, tous et toutes dans l'action.

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24 janvier 2016 7 24 /01 /janvier /2016 17:08

http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/01/20/gare-aux-laicards-extremistes_4850710_3232.html

Gare aux laïcards extrémistes

La laïcité est victime d'un détournement de l'idée selon laquelle l'état, comme sous l'ancien régime, doit contrôler les religions

Par Jean Baubérot

Vendredi 22 Janvier 2016

Une violente mise en cause de l'observatoire de la laïcité s’effectue depuis quelques jours. Elle a franchi un nouveau palier avec Manuel Valls, prétendant que cet organisme n’avait pas le droit de signer un appel contre l'Etat Islamique, comportant certains signataires qui déplaisent au premier ministre.

Il ne s’agit en rien d’un conflit entre partisans d’une « laïcité molle » et d’une « laïcité dure ». A ceux qui en douteraient, la vigoureuse défense de l'observatoire de la laïcité par la Fédération Nationale de la Libre Pensée (FNLP) le prouve. La FNLP critique certaines positions prises par l'observatoire de la laïcité. Mais elle estime cela « normal dans un débat démocratique ». Elle trouve, en revanche, « inacceptables » les attaques contre cet organisme et dénonce les « conceptions liberticides d'inquisiteurs d’un temps nouveau ».

En fait, la polémique actuelle s’enracine dans une controverse ancienne. C’est Jacques Chirac qui décida de créer un observatoire de la laïcité, mais celui-ci ne vit pas le jour et deux organismes représentèrent des conceptions divergentes de la laïcité, d’un côté la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité (HALDE), qui veilla à ce que la loi de 2004 interdisant les signes ostensibles à l’école publique ne déborde pas son objet, de l’autre, le Haut Conseil à l'Intégration (HCI), dont l’historique de la laïcité comporte onze erreurs, souvent grossières, qui ne s’expliquent que par sa volonté de relier étroitement laïcité et gallicanisme, politique séculaire des rois de France. Celui-ci contrôle la religion, réprime celle qu’il estime mauvaise et protège celle qu’il considère comme bonne.

Avec Nicolas Sarkozy, la HALDE fut normalisée puis supprimée et le HCI devint le conseiller du prince. Il continua à énoncer des contre-vérités. Ainsi, il prétendit que la loi de séparation des églises et de l'état de 1905 comporte un « vide juridique » concernant les manifestations religieuses dans l’espace public, alors qu’il s’est agi d’un choix, les parlementaires ont refusé les amendements qui les limitaient. D’une manière générale, comme l’a montré l’historien Emile Poulat, la loi de 1905, « loi de liberté » selon Aristide Briand, constitue une rupture avec le gallicanisme. Cependant, un courant gallican a continué à exister dans le camp laïc.

Avec François Hollande, l'observatoire de la laïcité fut véritablement créé et le HCI supprimé. Cependant, l'ancien HCI publia, à l’été 2013, un avis. Il voulait étendre l’interdiction des signes religieux ostensibles à l’enseignement supérieur, faisant peu de cas des franchises universitaires. Cet avis montre que, dès la création de l'observatoire de la laïcité, certains souhaitent le parasiter.

Or, le remplacement du HCI par l'observatoire de la laïcité a une signification très claire, celle de considérer la laïcité comme s’appliquant à tous. Même s’il avait été moins ignare, le HCI symbolisait la réduction de la laïcité aux « problèmes » de l’immigration, en lien avec l’instauration d’un ministère de l’identité nationale. Ainsi, il aurait été incongru que le HCI se saisisse de la question du droit spécifique de l’Alsace-Moselle, ce qu’a fait l'observatoire de la laïcité. Il faut donc rendre cette justice à François Hollande, il a remis la laïcité sur des rails non discriminatoires.

Apologie de l’obscurantisme

Depuis longtemps donc, des personnes, qui se prétendent partisans de la loi de séparation, mais sont en fait des gallicans républicains, rongent leur frein, n’ont jamais véritablement accepté la légitimité de l'observatoire de la laïcité. Un tweet pointant les raccourcis d’Elisabeth Badinter posté par le rapporteur de l'observatoire de la laïcité sur son compte personnel a déclenché l’hallali.

Si on examine un peu froidement les choses, la situation devrait paraître ridicule, la liberté d’expression serait quasi absolue quand il s’agit de Charlie Hebdo et autres, critiquer Elisabeth Badinter reviendrait à blasphémer contre la république.

Mais quand il s’agit de laïcité, certains deviennent fondamentalistes et défendent le premier degré contre toute démarche de connaissance. La position que vient de prendre Manuel Valls face à l'observatoire de la laïcité est dans la logique de celle où, refusant toute démarche de sciences humaines et sociales, il s’est récemment livré, sans doute à son insu, à une apologie de l’obscurantisme.

Là est l’enjeu premier de cette disputatio. Certains, au nom de convictions laïques prétendues, s’autorisent à récuser tout savoir sur la laïcité. Les avis de l'observatoire de la laïcité reposent pourtant sur une analyse minutieuse de la loi de 1905 et de la double rupture qu’elle a représentée, face à toute officialité de la religion et face au gallicanisme que mettait en œuvre Emile Combes. Alors bien sûr, de la connaissance à la prise de position, il y a toujours un écart et donc un espace pour la discussion. Mais nous avons, plus que jamais, besoin de cette laïcité qui, en 1905, dans une situation de quasi-guerre civile, a permis un rapide apaisement.

Nous avons besoin d’une laïcité rassembleuse face à l’extrémisme de l'Etat Islamique. Or, face à l’importante augmentation d’actes anti musulmans, vouloir mettre ceux qui sont engagés dans le combat contre la haine anti-islam, quels que soient les désaccords que l’on peut avoir avec eux, hors du pacte républicain constitue une faute énorme, un acte totalement contre-productif dont le premier ministre sera comptable devant l'histoire.

C’est également un très mauvais service rendu aux français juifs, dont la situation douloureuse actuelle mérite une amitié plus intelligente. D’abord parce que prôner une laïcité dite « intransigeante », pour reprendre une expression de Manuel Valls, qui, contrairement à 1905, ne limite pas la neutralité religieuse à la puissance publique, atteint forcément les juifs. Ainsi la terrible agression de Marseille contre un enseignant juif Lundi 11 Janvier 2016 s’est-elle transformée, dans certains médias, en débat sur le droit de porter la kippa dans l’espace public.

Ensuite, parce que le meilleur, et le seul juste moyen de combattre l’antisémitisme est de lutter contre toutes les haines, et non de tenir des discours déséquilibrés. Aristide Briand demandait une « laïcité de sang-froid », cette exigence est toujours d’actualité.

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24 janvier 2016 7 24 /01 /janvier /2016 16:57

http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/01/21/31001-20160121ARTFIG00286-nkm-devedjian-mariton-nous-ne-voterons-pas-la-revision-constitutionnelle.php

Nous ne voterons pas la révision constitutionnelle

Par Sylvain Berrios, Bernard Debré, Patrick Devedjian, Guy Geoffroy, Philippe Gosselin, Jean-Jacques Guillet, Nathalie Kosciusko-Morizet, Thierry Lazaro, Hervé Mariton, Patrice Martin-Lalande, Édouard Philippe, Christophe Priou, Jean-Sébastien Vialatte, Gilbert Barbier, Jérôme Bignon, Jean-Pierre Grand, Michel Heinrich, Claude Malhuret, Louis Pinton et Hugues Portelli.

Jeudi 21 Janvier 2016

Depuis plusieurs semaines déjà, la révision constitutionnelle occupe largement le débat public. Ensemble, nous combattons ce projet inutile et dangereux. Nous dénonçons une manipulation politique et la désinvolture avec laquelle François Hollande la conduit. Nous regrettons enfin l'effacement du débat à droite sur notre position de vote.

Cette révision est d'abord inutile, que de temps perdu et d'énergie gâchée. Certes, les français attendent des mesures fortes dans la lutte contre le terrorisme. Mais ni l'état d'urgence ni la déchéance de nationalité ne requièrent une révision constitutionnelle. Tout peut se faire dans la loi. Sur l'état d'urgence, le conseil constitutionnel a répondu dès 1985 aux objections et à nouveau en décembre 2015. Les termes mêmes de l'exposé des motifs du dernier projet de loi trahissent une forme de gêne, donner un fondement constitutionnel serait « nécessaire pour moderniser le régime » de l'état d'urgence. On est bien loin du rôle de la constitution.

La déchéance de nationalité ne requiert pas plus de modification constitutionnelle. Des décisions du conseil constitutionnel de 1996, puis de janvier 2015, sont venues la conforter. Et l'article vingt trois alinéa sept du code civil prévoit déjà que « le français qui se comporte de fait comme le national d'un pays étranger peut, s'il a la nationalité de ce pays, être déclaré par décret avoir perdu la qualité de français ».

Inutile, donc, cette révision est aussi dangereuse. Tout le monde s'accorde à dire que la déchéance de nationalité ne sert à rien. Et chacun répète qu'il s'agit surtout d'un « symbole ».

En effet, en inscrivant dans la constitution une distinction entre les français uni nationaux et binationaux, on envoie aux derniers un signal de défiance. Voilà finalement le seul effet de cette mesure, un symbole oui, mais pas celui qu'on croit.

« Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires », cette citation de Montesquieu, souvent reprise, trouve ici tout son sens. Les français attendent de l'action. Sur le front du terrorisme, mais aussi sur celui de l'emploi et des réformes. Or on les amuse avec des polémiques stériles.

Le président de la république devrait être le gardien de nos institutions et de la cohésion nationale. Il joue avec les premières et abîme la seconde. Et finalement faillit à ces deux responsabilités.

Nous ne lui prêterons pas main-forte. La constitution n'est pas un panneau électoral où chacun vient inscrire ses slogans. Certains à droite voudraient refermer le débat, au motif des déclarations passées des uns et des autres.

C'est oublier les motifs qui avaient par la suite conduit les mêmes à renoncer. De toute façon à cet argument, nous préférons ceux de notre conscience et de notre responsabilité. Nous voterons contre la révision constitutionnelle et nous appelons les parlementaires qui partagent notre analyse à en faire autant.

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24 janvier 2016 7 24 /01 /janvier /2016 16:31

http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2016/01/23/comment-halim-a-a-convaincu-le-conseil-d-etat-de-sa-bonne-foi_4852428_1653578.html

Comment Halim a convaincu le conseil d'état de suspendre son assignation à résidence

Scène inaccoutumée, Mardi 19 Janvier 2016, lorsque, sous le regard sévère des portraits d’anciens membres du conseil d'état suspendus aux murs lambrissés, l’assistance se retrouve secouée d’un rire discret.

En s’appliquant à mimer les gestes, Halim, assigné à résidence depuis le 15 novembre 2015 à Vitry-sur-Seine, dans le Val de Marne, dans le cadre de l’état d’urgence, est en train de démontrer au juge des référés et à la représentante du ministère de l’intérieur qu’il est possible de tenir son téléphone à bout de bras quand on est en conversation haut-parleur. Et que ce geste ne saurait être confondu avec celui de la prise d’une photographie.

Comique, la démonstration résume à elle seule les incohérences qui, depuis le début, sous-tendent ce premier cas d’assignation suspendue par la haute juridiction administrative, Vendredi 22 Janvier 2016.

« Si j’avais vraiment eu envie de prendre des photographies douteuses du domicile de Riss, directeur de Charlie Hebdo, je ne me serais pas bêtement posté à l’angle de la rue, en plein jour, et devant un camion des Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS) », insiste Halim en plantant ses yeux dans ceux du juge, Francis Lamy, ancien préfet de région. Est-ce à ce moment précis que le magistrat a commencé à se laisser convaincre de sa bonne foi ?

Il est certain que les audiences n’auraient pas été les mêmes si Halim n’avait pas obtenu de sauf-conduit pour pouvoir y assister et se défendre au côté de son avocat, William Bourdon.

Une note blanche de cinq lignes

Ce dossier d’assignation apparemment semblable aux quelques quatre cent autres a pris la tournure d’une saga. Au soir de la première audience, Mardi 19 Janvier 2016, rien ne laisse présager une issue favorable, le juge invite Halim à réfléchir à demander un aménagement de sa mesure, plutôt qu’une suspension. Ce à quoi il s’est toujours refusé, par principe. Le magistrat demande alors un « supplément d’instruction », des éléments complémentaires que le ministère doit fournir pour le lendemain, à midi. Puis il fixe une nouvelle audience au Jeudi 21 Janvier 2016 et le ministère de l’intérieur est à nouveau prié de fournir des éléments prouvant ses accusations, photographies et procès-verbaux d’audition.

Dans l’urgence, la représentante de la place Beauvau, la sous-directrice du conseil juridique et du contentieux, Pascale Léglise, produit pour la deuxième audience une note blanche de cinq lignes sur un document word, librement modifiable et offrant la possibilité à tout un chacun de connaître sa durée de fabrication, sept minutes. « Un tel bricolage au mépris du juge, je n’avais jamais vu cela en trente-cinq ans de barreau », s’exclame William Bourdon.

Tiraillement du juge

Francis Lamy n’aura laissé passer aucun détail, décortiquant pièce après pièce chacun des trois motifs avancés, repérages supposés autour du domicile de Riss, mise en cause dans une affaire de trafic de véhicules et appartenance présumée à la « mouvance islamiste radicale ».

Plus d’une fois, il a semblé tiraillé entre une défense ne pouvant que clamer sa bonne foi et un ministère de l’intérieur campant sur ses affirmations. « Si les services de renseignement ont écrit tout cela, c’est que c’est vrai. Ils ne se lèvent pas le matin pour écrire de fausses notes blanches. Faut-il attendre, un nouvel attentat », a fini par s’impatienter Pascale Léglise.

En vain, à 16 heures, Vendredi 22 Janvier 2016, la nouvelle tombe, l’assignation à résidence est suspendue. Le juge estime que « l’intéressé a pu justifier sa présence et son comportement aux abords du domicile de la personnalité en question, car il rendait visite à sa mère, qui habite à proximité immédiate et ne prenait pas de photographies mais utilisait son téléphone portable en mode haut-parleur, aucun élément suffisamment circonstancié produit par le ministre de l’intérieur ne permet de justifier qu’il appartiendrait à la mouvance islamiste radicale et, enfin, en ce qui concerne l’affaire de trafic de véhicules, l’intéressé a, en réalité, été entendu comme simple témoin ».

Après presque dix semaines enfermé dans sa prison sans barreau de Vitry-sur-Seine et deux audiences éprouvantes où il s’est senti « mis à nu car obligé de se justifier pour des choses qu’il n’avait pas faites », Halim a « retrouvé confiance dans la justice ».

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