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23 décembre 2015 3 23 /12 /décembre /2015 21:13

Salah Abdeslam aurait échappé à la police belge (Reuters)

Salah Abdeslam, l'un des suspects des attaques djihadistes du Vendredi 13 Novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, a peut-être échappé à la police belge deux jours seulement après les attentats et son retour en Belgique, selon la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF).

Le parquet belge a cependant affirmé qu'aucune preuve ne venait étayer cette affirmation et a également démenti que les policiers n'avaient pu capturer le suspect en raison de la législation belge qui interdit les perquisitions en pleine nuit.

La RTBF, citant des sources proches de l'enquête, affirme pour sa part que Salah Abdeslam, un français de vingt six ans né en Belgique, se trouvait alors dans une maison surveillée par la police à Molenbeek, dans l'agglomération de Bruxelles. Lorsque les policiers sont intervenus dans cette maison, Lundi 16 Novembre 2015, Salah Abdeslam n'y était plus, ajoute la RTBF.

L'homme a peut-être pu prendre la fuite caché dans une voiture ou dans un meuble car un déménagement avait lieu à ce moment-là, selon la télévision publique.

Le ministre belge de la justice, Koen Geens, a déclaré que rien ne prouvait que Salah Abdeslam était dans la maison, placée sous surveillance à la suite d'un « tuyau », Dimanche 15 Novembre 2015.

Il a cependant reconnu qu'une loi de 1969 interdisait aux policiers belges d'intervenir dans une maison entre neuf heures du soir et cinq heures du matin, un texte que le gouvernement entend abroger.

« Nos agents nous ont dit qu'on ne pouvait pas totalement exclure qu'il était là et les heures durant lesquelles on ne pouvait pas mener de perquisitions ne nous ont pas vraiment aidés à trouver Salah Abdeslam », a admis Koen Geens. « Comme nous ne l'avons pas trouvé, je ne peux pas vous garantir qu'il était là », a-t-il cependant ajouté.

Un porte-parole du parquet fédéral, lui, a « catégoriquement démenti » que Salah Abdeslam soit parvenu à s'enfuir parce que la police avait dû attendre l'aube pour intervenir.

Il a ajouté que les enquêteurs n'avaient trouvé dans la maison de Molenbeek aucune preuve de la présence de Salah Abdeslam, contrairement à ce que dit la RTBF. « Il n'y avait rien », a-t-il assuré.

Salah Abdeslam est considéré comme le logisticien du commando djihadiste de Paris et de Saint-Denis.

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23 décembre 2015 3 23 /12 /décembre /2015 20:56

La déchéance de nationalité des terroristes maintenue (Reuters)

Le gouvernement français a proposé Mercredi 23 Décembre 2015 d'inscrire l'état d'urgence dans la constitution et de déchoir de leur nationalité les binationaux nés français reconnus coupables d'actes de terrorisme, une mesure saluée à droite mais critiquée à gauche.

Manuel Valls a confirmé à l'issue du conseil des ministres que ces deux mesures annoncées par François Hollande devant le congrès Lundi 16 Novembre 2015, trois jours après les attentats de Paris, figureraient bien dans le « projet de loi constitutionnelle sur la protection de la nation ».

Contrairement à ce qu'avait cru pouvoir annoncer Mardi 22 Décembre 2015 la ministre de la justice Christiane Taubira lors d'un déplacement à Alger, le président de la république et son premier ministre ont maintenu l'extension à tous les binationaux la déchéance de nationalité limitée jusqu'ici aux français qui le sont devenus.

Selon le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, elle a concerné sept personnes depuis 2007, dont six depuis 2012.

« En aucun cas cette déchéance ne permettra d'échapper à la justice, ils seront poursuivis et condamnés en France », a dit Manuel Valls lors d'une conférence de presse, ajoutant que ces personnes pourront être expulsées une fois leur peine purgée.

« L'efficacité n'est pas l'enjeu premier », a reconnu Manuel Valls à propos de cette « mesure symbolique ».

Soutenue par la droite et l'extrême droite mais contestée à gauche, l'idée a déjà commencé à faire débat au parlement et, ces derniers jours, beaucoup laissaient entendre que François Hollande et Manuel Valls allaient y renoncer.

Confusion

A cette impression de confusion, le premier ministre a opposé la parole « première et dernière » du président de la république et annoncé que Christiane Taubira, qui a maintenu ses doutes, défendrait avec lui le texte devant le parlement.

« Je suis convaincu que nous aurons une large majorité à l’assemblée nationale et au sénat », a déclaré Manuel Valls Mercredi 23 Décembre 2015 sur TF1, dont il était l'invité du journal de 20 heures.

L'opposition de droite, qui exigeait le maintien de la déchéance de nationalité pour prix de son indispensable soutien à la réforme de la constitution, a réclamé la démission de la ministre de la justice.

Mais si le gouvernement a probablement gagné des voix à droite, il voit sa majorité ruer dans les brancards.

La déchéance de nationalité « déshonore la gauche et la France », écrit le socialiste François Kalfon sur twitter.

Un autre « frondeur » du Parti Socialiste, Pouria Amirshahi, annonce qu'il votera contre cette « idée d'extrême droite. Un gouvernement socialiste légitime ainsi les thèses du Front National, offrant par là même une victoire culturelle et symbolique supplémentaire au bloc réactionnaire », écrit-il.

La présidente du Front National, Marine Le Pen, a mis de l'huile sur le feu en écrivant sur son compte twitter que la « déchéance de nationalité est le premier effet des six millions huit cent mille voix pour le Front National aux élections régionales ».

Les écologistes, qui en avaient fait une « ligne rouge », ont jugé Mercredi 23 Décembre 2015 par la voix du porte-parole d'Europe Ecologie Les Verts (EELV) Julien Bayou que la déchéance de nationalité était une mesure « honteuse ».

L'autre mesure phare du projet, l'inscription dans la constitution de l'état d'urgence prononcé pour trois mois en France après les attentats du Vendredi 13 Novembre 2015, est plus consensuelle mais promet elle aussi des débats ardus.

Mille français partis faire le djihad

Pour Manuel Valls, inscrire dans la constitution les critères de déclenchement et les procédures de prolongation de l'état d'urgence permettra de le mettre « à l'abri de toute dérive partisane » lors d'un changement de majorité.

Mais pour de nombreux députés, de gauche comme de droite, le fait que le conseil constitutionnel ait validé Mardi 22 Décembre 2015 les assignations à résidence prévues dans ce cadre montre que sa constitutionnalisation est inutile.

Le gouvernement n'a pas retenu son idée initiale d'une sortie progressive de l'état d'urgence, dont les mesures, perquisitions administratives de nuit et assignations à résidence, prendront fin dès qu'il aura expiré.

Pour être adoptée, la réforme constitutionnelle doit être votée dans les mêmes termes par les deux assemblées puis soumise, la voie référendaire, trop risquée, est exclue, au parlement réuni en congrès à Versailles où la majorité requise est des trois cinquièmes des suffrages exprimés.

Le premier ministre a présenté en outre les grandes lignes d'un « projet de loi renforçant la lutte contre le crime organisé et le terrorisme ».

A titre d'exemple de mesures « fortes », il a cité des investigations renforcées en matière de communication électronique, la transposition des directives européennes en matière de lutte contre le blanchiment ou encore le renforcement des dispositions relatives aux contrôles d'identité.

A la veille des fêtes de fin d'année, Manuel Valls a dit que la menace terroriste « est particulièrement importante » au lendemain de la révélation qu'un projet d'attentat visant les forces de l'ordre avait été déjoué à Orléans.

Manuel Valls a annoncé le franchissement du seuil des mille français ayant rejoint les groupes djihadistes en Syrie et en Irak. Environ six cent d'entre eux y sont toujours et cent quarante huit d’entre eux y ont trouvé la mort. Environ deux cent cinquante d’entre eux sont revenus en France.

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22 décembre 2015 2 22 /12 /décembre /2015 21:10

Accord préliminaire de gouvernement entre séparatistes catalans (Reuters)

Les partis séparatistes catalans sont parvenus Mardi 22 Décembre 2015 à un accord sur la formation d'un gouvernement régional susceptible de relancer un processus d'indépendance de la Catalogne, au moment même où l'Espagne a basculé dans une période d'incertitude politique sur le plan national à la suite des élections législatives du Dimanche 20 Décembre 2015.

Les partis favorables à l'indépendance de la Catalogne ont remporté une majorité de sièges au parlement régional lors des élections régionales de septembre 2015 mais les divisions entre ces différents mouvements les ont empêchés de progresser vers leur objectif.

Initialement hostile à Artur Mas, la direction de la Candidature d'Unité Populaire (CUP) a finalement accepté de le soutenir et de lui permettre de rester à la tête de l'exécutif régional.

L'accord annoncé Mardi 22 Décembre 2015, qui comprend aussi des mesures économiques et un calendrier de dix huit mois vers l'indépendance, doit néanmoins encore être approuvé par les militants de la CUP qui se réuniront en assemblée générale Dimanche 27 Décembre 2015. Si les adhérents de la CUP rejettent l'accord, de nouvelles élections devront être organisées d'ici le mois de mars 2016 en Catalogne.

Les résultats des élections nationales du Dimanche 20 Décembre 2015 ne modifient pas notre feuille de route qui demeure valable », a déclaré Raul Romeva, de la principale coalition de formations séparatistes Ensemble pour le oui.

Le Parti Populaire conservateur, qui s'efforce de bloquer toute tentative d'indépendance de la Catalogne, est arrivé en tête des élections législatives organisées Dimanche 20 Décembre 2015 dans l'ensemble de l'Espagne. Il a néanmoins perdu sa majorité absolue et ne paraît pas en mesure de former une coalition majoritaire.

Son principal opposant, le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE), pourrait tenter de son côté de former une alliance alternative pour revenir au pouvoir. Il lui faudra pour cela unir ses forces à celles de partis de gauche catalans favorables à l'indépendance mais aussi et surtout à Podemos, mouvement qui prône la tenue d'un référendum d'auto détermination en Catalogne même s'il appellerait à voter contre l'indépendance.

La cour constitutionnelle espagnole a révoqué le 2 décembre 2015 une résolution adoptée le 9 novembre 2015 par le parlement de Catalogne, censée déboucher sur la proclamation d'une république indépendante dans un délai de dix huit mois.

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22 décembre 2015 2 22 /12 /décembre /2015 20:57

http://www.humanite.fr/une-nouvelle-ere-politique-souvre-en-espagne-593745?IdTis=XTC-FT08-ABJ9JI-DD-DLH85-FOTX

Oui, ils le pouvaient, Podemos secoue le vieux système espagnol

Par Cathy Ceïbe, envoyée spéciale de l’Humanité à Madrid

Le bipartisme est à bout de souffle, comme en témoignent les scores obtenus par Podemos et Ciudadanos, qui deviennent respectivement les troisième et quatrième forces nationales. La droite comme les socialistes ne sont pas en mesure de gouverner seuls, ouvrant ainsi le chapitre d’intenses négociations.

«Oui, c’est possible ». Vers minuit, Dimanche 20 Décembre 2015, une foule de plusieurs milliers de personnes a scandé l’un des célèbres slogans du mouvement citoyen des indignés de 2011 et de résistance à l’austérité et acclamé les dirigeants de Podemos réunis sur le parvis du musée Reina Sofia à Madrid. La jeune formation de Pablo Iglesias a connu une ascension fulgurante, moins de deux ans après sa fondation, au point de venir bousculer le paysage politique espagnol.

Podemos est l’un des phénomènes des élections générales qui se déroulaient Dimanche 20 Décembre 2015, à l’image du score obtenu par Ciudadanos, parti de la droite conservatrice, désormais quatrième force politique alors que cette formation régionale n’existait qu’en Catalogne il y a encore quatre ans. « Nous sommes la première force en Catalogne et en Euzkadi. Nous sommes la seconde force à Madrid, en Galice, aux Canaries et aux Baléares. Nous sommes parvenus à mettre un terme à la politique d’alternance et à ouvrir une nouvelle ère. Nous avons dit que nous ne faisions pas une campagne électorale mais que nous construisions une patrie pour gagner la prochaine décennie. Ce soir, l’Espagne est autre et elle le sera demain. C’est un acquis. Il y a un futur pour notre patrie populaire et plurinationale », s’est exclamé depuis la tribune Iñigo Errejon, le numéro deux de Podemos.

La mutation politique bat son plein. Au terme des élections générales du Dimanche 20 Décembre 2015, soixante treize pour cent des électeurs ont profondément transformé le parlement espagnol. Les résultats démontrent, après les scrutins municipaux et régionaux de mai 2015, que le bipartisme est à bout de souffle. Si le Parti Populaire au pouvoir reste la première force du pays avec 28,72 % des suffrages et cent vingt trois députés, il essuie un vote sanction des plus sévères puisqu’il perd la majorité absolue, établie à cent soixante seize sièges, et près de trois millions cinq cent mille voix. Il avait en effet totalisé 44,62 % des suffrages, soit cent quatre vingt six députés, en 2011. Ses politiques d’austérité et de « recortes », de coupes budgétaires dans les dépenses publiques, singulièrement dans les secteurs de la santé et de l’éducation, ou encore les scandales de corruption qui éclaboussent les dirigeants de cette formation sont autant de facteurs qui expliquent sa nette dégringolade.

Hier encore, cette punition électorale aurait bénéficié au Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE), selon la règle de l’alternance, quasi institutionnalisée depuis la fin du franquisme en raison d’une législation électorale injuste.

Mais là encore, l’échiquier a été modifié. La formation emmenée par Pedro Sanchez est certes arrivée en deuxième position, avec vingt deux pour cent des voix. Mais le PSOE perd un million quatre cent mille voix et vingt parlementaires, il en obtient quatre vingt dix contre cent dix en 2011. De ce fait, les deux grands partis qui ont structuré la vie parlementaire se retrouvent en minorité, à la merci des autres formations, sur lesquelles il faudra désormais compter. Podemos, qui s’est présenté pour la première fois à des élections lors des élections européennes de juin 2014, fait une entrée fracassante aux Cortes, le Congrès des députés. Il a totalisé pas moins de cinq millions cent quatre vingt mille voix et soixante neuf députés. Ce score vient confirmer la capacité de ce parti à capter le mécontentement d’une société lessivée au terme de quatre ans de crise économique qui a ruiné des millions de familles. On reconnaît à ses dirigeants le flair d’avoir senti le moment de basculement historique dans lequel se trouve l’Espagne. Leur discours en faveur du « changement » a trouvé un écho dans l’électorat de gauche mais également du centre et auprès d’une classe moyenne frustrée qui ne l’a jamais vraiment été en raison même de la crise. Ce résultat est également à mettre au compte des listes de confluence, dont Podemos ne peut seul revendiquer la paternité puisqu’il englobe les scores enregistrés avec les nationalistes de Compromis dans la région de Valence, qui obtiennent neuf députés, avec Marea en Galice, qui comprend des nationalistes, la variante galicienne d’Izquierda Unida et des indépendants, qui obtient six députés. En Catalogne, la coalition, qui a raflé douze sièges, compte, outre Podemos, les partis écologistes Equo et Initiative pour une Catalogne Verte (ICV), Esquerra Unida i Alternativa, ainsi qu’une majorité de représentants de la plate forme unitaire d’Ada Colau, la maire de Barcelone. Durant la campagne, ces trois listes régionales ont plaidé pour la création de groupes parlementaires propres. Quoi qu’il advienne, Podemos détient l’une des clés de la future majorité gouvernementale.

Tout comme Ciudadanos, une nouvelle formation néo conservatrice et ultra libérale, son leader, Albert Rivera, a annoncé que ses quarante parlementaires ne s’opposeraient pas à l’investiture du premier ministre sortant, Mariano Rajoy, sans toutefois voter en sa faveur de crainte d’entamer son influence grandissante en s’adossant à un parti critiqué et en perte de vitesse. Pablo Iglesias a lui été beaucoup plus clair, en déclarant que « Podemos ne permettra pas la formation d’un gouvernement du Parti Populaire, ni avec des votes en faveur ni avec l’abstention ». Il a également mis en garde le chef de file du PSOE, « il semblerait que ces messieurs n’ont pas compris que l’Espagne est un pays divers et pluriel », a-t-il rappelé. Dès Dimanche 20 Décembre 2015, le secrétaire général de Podemos a réfuté toute idée de pacte et conditionné son vote à un changement de constitution afin de blinder les droits sociaux des citoyens mais également d’ouvrir la voie à des référendums d’auto détermination comme en Catalogne aujourd’hui interdits par la loi fondamentale. Un point sur lequel le PSOE a peu de chances de donner son feu vert.

Tous les scénarios sont possibles pour une possible coalition

Comme jamais donc, tous les scénarios sont possibles même si l’idée d’une grande coalition entre le Parti Populaire et le PSOE n’est envisagée par personne, du moins à l’heure où ces lignes sont écrites. D’aucuns aimeraient se passer de l’influence des deux nouveaux partis mais cela est impossible au vu du reste de la composition du parlement.

Les forces nationalistes d’Euzkadi et de la Catalogne, qui ont respectivement obtenu un total de huit et dix sept députés, ne sont bien évidemment pas insensibles à la posture référendaire de Podemos.

Quant à Izquierda Unida, avec ses deux députés, si l’on excepte les trois autres obtenus en Catalogne et en Galice, elle n’est pas en mesure de constituer un groupe parlementaire autonome à même de faire entendre son discours de « défense sociale », selon l’expression de son candidat Alberto Garzon, qui a, une nouvelle fois, regretté l’impossible unité avec Podemos et critiqué la loi électorale à géométrie territoriale variable qui l’a contraint à rassembler quatre cent soixante et un mille voix pour élire un parlementaire, contre cinquante huit mille six cent pour le Parti Populaire. Une page de la vie politique s’est bel et bien tournée. Et le nouveau chapitre qui s’ouvre promet d’être intense au point de ne pouvoir écarter l’idée d’élections anticipées faute d’un accord au sein des Cortes.

Un parlement un peu plus féminisé.

Pour la première fois dans l’histoire politique espagnole, cent quarante femmes siégeront au parlement à l’issue des élections législatives du Dimanche 20 Décembre 2015, contre cent vingt cinq dans le Congrès sortant et cent vingt six dans le précédent. Cependant, la parité pleine et entière est encore loin d’être atteinte avec deux cent dix élus masculins au total. Toutes listes confondues, deux mille deux cent soixante trois candidats titulaires de sexe masculin, soit cinquante deux pour cent, et deux mille quatre vingt dix femmes, soit quarante huit pour cent, ont présenté leur candidature.

Dans la nouvelle législature, quarante six pour cent des quatre vingt dix sièges obtenus par le PSOE seront occupés par des femmes contre seulement 36,5 % des cent vingt trois sièges du Parti Populaire.

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22 décembre 2015 2 22 /12 /décembre /2015 20:21

http://www.campvolant.com/2015/12/12/jacques-ranciere-le-fn-est-un-pur-produit-de-la-ve-republique

http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20151210.OBS1156/jacques-ranciere-le-fn-est-un-pur-produit-de-la-ve-republique.html

Le Front National est un pur produit de la cinquième république

Interview de Jacques Rancière par Eric Aeschimann

Jeudi 10 Décembre 2015

Eric Aeschimann. Avez-vous été surpris par l’ampleur de la progression du Front National ?

Jacques Rancière. Je n’aime pas bien jouer les prophètes, mais il se trouve que j’avais écrit en 1997 un texte satirique intitulé « sept règles pour aider à la diffusion des idées racistes en France ». J’y mettais à nu le double jeu des politiciens, journalistes et intellectuels qui stigmatisaient le Front National et ses électeurs tout en diffusant ses idées et notamment en relayant l’obsession du « problème » des immigrés. Depuis lors, on a fait encore mieux. Des intellectuels dits « de gauche » ont aidé à rénover l’idéologie du Front National en enrôlant la république, la laïcité, l’universalisme et l’égalité des sexes au service de la stigmatisation des « barbares ». Et les partis de gouvernement qui ont permis la destruction du tissu industriel et des solidarités sociales ont pris le relais avec leurs campagnes « républicaines ». Quand tous ces gens viennent dire que « nous sommes le seul rempart contre le Front National », je ne m’étonne pas du nombre de ceux qui pensent que, somme toute, les assaillants sont peut-être préférables à ces remparts.

Eric Aeschimann. Face à ce désastre, peut-on reconstruire la gauche ?

Jacques Rancière. Si on appelle « gauche » ce qui gravite autour du Parti Socialiste et de ses parasites institutionnels et culturels, je ne vois pas comment elle remédierait, plus que la droite qui lui fait pendant, à la situation qu’elle a créée. On n’a jamais vu une classe gouvernante se suicider. L’espoir ne peut venir, à long terme, que de forces populaires neuves qui se développent de façon autonome avec des propositions et des formes de discussion et d’action à l’écart des agendas politiques fixés par les partis étatiques et relayés par les médias.

Eric Aeschimann. Les expériences de mobilisation à l’étranger, Syriza, Podemos et Occupy Wall Street, ne vous apparaissent pas comme des sources d’espoir ?

Jacques Rancière. Le « mouvement des places » a posé l’exigence de cette radicale autonomie par rapport aux agendas étatiques et médiatiques. Il n’a pas trouvé les moyens de s’inscrire dans le temps ou alors il a été récupéré par la logique parasitaire de la « gauche de la gauche ».

Eric Aeschimann. Vous ne croyez pas à la possibilité de reconstruire la gauche dans le cadre actuel ?

Jacques Rancière. Je ne vois pas comment ce cadre pourrait annuler les effets qu’il a produits. Le Front National est un pur produit du système de la cinquième république qui permet à un parti minoritaire de gouverner sans entraves, quitte à laisser périodiquement la place au parti concurrent. Le Front National a su occuper la place que le système dit « majoritaire » et la professionnalisation de la politique dessinent en creux, celle de l’exclu du système. La règle du jeu, conçue pour permettre à la classe politique de gouverner tranquillement, n’a pas seulement produit l’effet électoral inverse de celui recherché. Elle a aussi tué la vie politique démocratique et les énergies militantes susceptibles de résister. Est-ce que la gauche de gouvernement, les médias et la classe intellectuelle sont prêts à se demander quel monde sommes-nous en train de construire ? Seule une vie politique où le tirage au sort aurait sa part et où les gouvernants seraient là pour un temps limité interdirait des situations comme celle que nous connaissons.

Eric Aeschimann. Mais n’y a-t-il pas urgence à agir ? Le Front National n’est-il pas une menace pour la démocratie ?

Jacques Rancière. N’inversons pas les causes et les effets. Le succès du Front National est un effet de la destruction effective de la vie démocratique par la logique consensuelle. On voudrait identifier le Front National aux bandes paramilitaires d’hier recrutées dans les bas-fonds pour mettre à bas le système parlementaire au nom d’un idéal de révolution nationale. Mais c’est un parti parlementaire qui doit son succès au contre-effet du système électoral en vigueur et à la gestion médiatique de l’opinion par la méthode du sondage et du commentaire permanents. Je ne vois pas ce qu’il gagnerait dans des aventures antiparlementaires et paramilitaires imitées des mouvements fascistes des années 1930. Ses concurrents électoraux espèrent tirer profit de cette assimilation. Mais ceux qui veulent « constitutionnaliser » l’état d’urgence sont-ils les protecteurs de la démocratie menacée ? La lutte contre le Front National est la lutte contre le système qui l’a produit.

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21 décembre 2015 1 21 /12 /décembre /2015 21:11

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36727

Le Front National, ni Vichy, ni antisystème, « capitalo présidentialiste »

Par Hugo Melchior

Mardi 15 Décembre 2015

Les spécialistes du Front National que sont Nomma Meyer, Sylvain Crépon et Alexandre Dezé, dans la conclusion de leur excellent ouvrage collectif « les faux semblants du Front National », écrivent que « le Front National est le cas typique d’un parti antisystème, un parti qui évolue dans un système dont il ne partage pas les principes et les valeurs ». Ils rajoutent que celui-ci, malgré la succession de 2011 à la tête du parti, demeure un parti « hors normes et extrémiste ». De cette lecture, il nous est venu la question suivante, quelles sont ces fameuses normes du système que le Front National mariniste récuserait encore aujourd’hui ? De plus, que désigne cette notion de système ? Désigne-t-elle le mode de production capitaliste, productiviste et consumériste, le caractère républicain du régime politique français, les partis politiques traditionnels ou bien le triptyque républicain ?

Le Front National pro capitaliste

Pourtant, loin d’être un parti à l’idéologie révolutionnaire, contrairement à un Parti Socialiste défendant encore au congrès de Metz de 1979, une « stratégie de rupture avec le capitalisme », le Front National a toujours défendu, et défend encore à l’instar des deux autres grands partis du système français, la propriété privée de tous les moyens de production. Depuis ses débuts, il n’a eu de cesse de se poser en défenseur de la libre entreprise, du capitalisme concurrentiel et de la maximisation du profit. Le Front National a toujours défendu, y compris depuis que Marine Le Pen est devenue sa présidente, le maintien d’un secteur productif privé fort et compétitif. Et si le secteur public pouvait connaître une extension, elle serait modeste et l’on demeurait toujours dans une économie mixte avec une prééminence incontestable du secteur privé.

À côté de cela, il continue à récuser des propositions qui relèvent, selon ses propres mots, de « l’économie administrée ou soviétique », comme peut l’être l’interdiction des licenciements de salariés dans les entreprises pourtant bénéficiaires. De plus, contrairement à ce qui pouvait être défendu par l’ensemble des gauches dans les années 1970, le Front National ne compte nullement faire pénétrer la citoyenneté dans le monde du travail en remettant en cause l’unité de direction et commandement au sein des unités productives. Aussi, est-il improbable que les salariés français et étrangers puissent jouir de nouveaux droits qui leur permettraient d’avoir une meilleure maîtrise du procès de production. Le capitalisme, en tant que cadre fondamental de la vie des salariés français, ne risque donc pas d’être mis en accusation par le parti de Marine Le Pen.

Enfin, il ne cherche nullement à rompre avec le modèle fondé sur la croissance du Produit Intérieur Brut (PIB). Le productivisme et le consumérisme, en un mot le « capitalocène », le capitalisme destructeur de l’environnement, ne font pas partie de son champ de réflexion. Au regard de ces faits, le Front National s’inscrit pleinement, à l’instar des autres partis politiques dominants, au sein du « consensus pro-capitaliste », pour reprendre une expression d’Alain Badiou.

Ainsi, par-delà les mesures « protectionnistes » qu’il prône pour protéger les travailleurs et les produits français, ce « souverainisme intégral », comme le nomme Nicolas Lebourg, le Front National fait preuve en dernière instance d’un conformisme idéologique patent en matière économique, ce qui le classe de ce point de vue non pas à gauche, mais bien à droite du champ politique, si l’on considère avec l’anthropologue Emmanuel Terray que « le fondement de la pensée de droite reste la défense de l’ordre établi ».

En effet, faut-il rappeler qu’une fois la question du régime politique républicain réglée au début des années 1880, c’est bien le rapport au mode de production capitaliste et la question sociale qui ont structuré la dichotomie entre la gauche et la droite en France. Le Front National depuis 1972, en dépit des évolutions depuis le début des années 1990, s’est toujours situé à droite au regard des réponses qu’il apporte à cette question centrale. Le Front National ne se présente en définitive que comme le défenseur d’un nouveau compromis social au sein de l’ordre capitaliste national dans lequel le salarié serait censé être mieux traité qu’il ne l’est dans l’ordre productif néolibéral et transnational, toujours en crise.

Le Front National pour la cinquième république

Le Front National ne compte nullement rétablir la monarchie dans sa forme la plus autoritaire, anti parlementaire, contre-révolutionnaire et catholique en France, a contrario de certains groupuscules d’inspiration maurassienne, comme le Renouveau Français ou l’Action Française. De plus, le Front National mariniste, contrairement aux derniers nostalgiques du régime de Vichy et autres néo fascistes du Parti Nationaliste Français, n’entend nullement dans son programme porter atteinte aux principes démocratiques structurants le système partisan en France, que ce soit les libertés publiques fondamentales, le droit de réunion, de presse, de manifestation et de grève, le suffrage universel intégral, le principe de l’alternance ou encore le pluripartisme.

Si Marine Le Pen dit vouloir changer certaines mauvaises habitudes dans la cinquième république, ce n’est pas pour sortir du régime présidentiel, cette « monarchie républicaine ». Elle ne dénonce jamais dans ses discours le « pouvoir personnel » découlant de la constitution gaullienne de 1958. Elle ne milite pas non plus en faveur d’un rééquilibrage réel entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif au profit de ce dernier et encore moins pour que soit mit fin à l’irresponsabilité permanente du président de la république. Mieux, le Front National de Marine Le Pen souhaite avant tout instituer un rapport direct entre le président et le peuple dans la tradition bonapartiste en court-circuitant les corps intermédiaires, jugés insuffisamment représentatifs des opinions, par l’usage répété du référendum sur le modèle suisse. Les électeurs du Front National, considérant être bien mal représentés dans les différents centres de décisions, ne peuvent qu’approuver le recours intensif à ce mode de délibération permettant aux citoyens et aux électeurs d’avoir le dernier mot dans le procès de fabrication des lois.

Avec elle au pouvoir, ce ne sera sans doute pas « le retour de Vichy », contrairement aux fantasmes du premier secrétaire du Parti Socialiste Jean-Christophe Cambadélis se noyant dans un antifascisme de mauvaise foi aux formules éculées, mais bien la survivance de cette « monarchie quinquennale ou septennale », si Marine Le Pen décide d’imposer, comme elle le préconise, un septennat non renouvelable.

Le Front National électoraliste et légaliste

Le Front National ne compte pas prendre le pouvoir autrement que par la médiation de la règle majoritaire. Les dirigeants du Front National n’ont jamais dit qu’ils considéraient la « marche de Rome » de 1922 ou la tentative de coup d’état raté d’Adolf Hitler à Munich en 1923, comme des modèles stratégiques à suivre dans la France de 2015 pour les « nationalistes et les patriotes » français.

Le Front National est une organisation exclusivement légaliste et électoraliste, une orientation qui lui est d’ailleurs vivement reprochée par d’autres organisations nationalistes. Il subordonne depuis le début sa stratégie de conquête du pouvoir au respect des règles du jeu structurant le champ politique en France. Les élections sont considérées non pas comme une simple tribune qui permettrait de conférer aux idées une large publicité, mais bien comme l’unique mode d’accès au pouvoir central.

Ainsi, il nous paraît que le terme « d’antisystème » pour caractériser le Front National en 2015 est un abus de langage qui ne correspond pas à la réalité. Son programme discriminatoire et xénophobe, immigration zéro et priorité nationale, ne peut pas être un élément suffisant pour faire de lui un parti « antisystème ». Sinon, il faudrait dire, pour ne prendre que cet exemple, que le Rassemblement Pour la République (RPR) et l’Union pour la Démocratie Française (UDF), au regard de leurs propositions développées lors des « états généraux de l’opposition » consacrés à l’immigration, des 31 mars et premier avril 1990 à Villepinte, furent aussi des organisations « antisystèmes ».

Rappelons-nous le temps où le RPR et l’UDF dénonçaient, à l’instar du Front National d’hier et d’aujourd’hui, que « la France ne doit pas être considérée comme un simple espace géographique sur lequel plusieurs civilisations pourraient coexister » et en appelaient alors clairement à « la fermeture des frontières et à la suspension de l’immigration ». Flirtant avec la « préférence nationale » toujours prônée sous un autre vocable par le Front National, la droite soi-disant républicaine allait jusqu’à s’interroger « s’il ne convient pas de réserver certaines prestations sociales aux nationaux ».

De notre point de vue, bien que le Front National puisse faire de cette posture antisystème une marque attractive sur le marché électoral, lui permettant de singulariser son offre politique, et qu’il soit perçu ainsi par des millions de français prêts à voter pour lui, il n’en demeure pas moins, qu’au regard du contenu de son programme, de son rapport à la légalité et de sa stratégie d’accès au pouvoir, le Front National ne nous paraît pas avoir les caractéristiques d’un « parti antisystème ». Le Front National a été diabolisé pendant des décennies par l’ensemble de la classe politique, cela ne l’a pas empêché de progresser spectaculairement.

Il nous semble urgent d’opérer un changement de stratégie dans la lutte menée contre lui, en le ramenant à ce qu’il est vraiment, c’est-à-dire un parti pro-capitaliste et pro-productiviste qui ne cherche nullement à refonder l’ordre institutionnel. En ce sens, il partage l’essentiel avec les deux grands autres partis vis-à-vis desquels il cherche continuellement à se situer. Ces trois partis ne sont évidemment pas interchangeables, il existe des différences incontestables entre eux. La question européenne constitue en cela une différence majeure. Elles rendent d’ailleurs impossible toute alliance à droite entre les Républicains et le Front National de Marine Le Pen.

Au lieu de l’ériger en mal absolu, de le faire passer pour un parti « pétainiste », ce qu’il n’est pas, et de l’exclure systématiquement du « cercle républicain », ce qui lui permet d’assumer opportunément une posture victimaire, il faut au contraire s’efforcer de le « banaliser ». Mais banaliser le Front National, ce n’est nullement se reconnaître dans ses valeurs réactionnaires, ni opter pour la stratégie de la triangulation en essayant d’apparaître comme une copie qui puisse être préférée à l’original. Bien au contraire, il s’agirait de s’en distinguer radicalement, en le renvoyant au conformisme de sa pensée et de son programme.

Il faudrait expliquer pourquoi le Front National doit être considéré comme une partie intégrante du fameux « système » qu’il prétend combattre, ce « système » jamais vraiment défini, mais qui n’est en fait rien d’autre que le « capitalo-présidentialisme » dont le Front National demeure toujours l’un des fervents partisans.

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21 décembre 2015 1 21 /12 /décembre /2015 20:47

http://www.eurocitoyenne.fr/content/votre-deputee/pourquoi-je-suis-allee-au-meeting-de-saint-denis-du-11-decembre-dernier-pour-u

Pourquoi je suis allée au meeting de Saint Denis du Vendredi 11 Décembre 2015 pour une politique de paix, de justice et de dignité

Par Marie Christine Vergiat, députée européenne du Front De Gauche (FDG)

Depuis ce « diabolique » meeting du Vendredi 11 Décembre 2015 auquel j'ai participé, j'ai été pas mal interpellé sur les réseaux et mise en cause par une certaine presse. J'assume complètement cette participation et je ne regrette rien mais il me semble naturel d'expliquer cette participation.

Ce meeting était organisé par un certain nombre d’organisations et de personnalités avec lesquelles je travaille depuis longtemps autour de la nécessité de lutter contre l’islamophobie et la montée des discriminations dont sont aujourd’hui victimes les musulmans « réels ou supposés ». Devait en outre y intervenir un représentant de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) dont je suis membre depuis plus de trente ans.

Ce meeting « pour une politique de paix, de justice et de dignité » avait pour objectif de faire le point sur un certain nombre de sujets essentiels après les attentats de janvier 2015 et de novembre 2015. Et notamment de mettre en cause la fuite en avant du gouvernement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les conséquences liberticides de l’état d’urgence, la montée du racisme et de l’islamophobie qui en résulte faisant le lit de l’extrême droite et y associer la dénonciation d’une politique étrangère catastrophique du fait d’une réponse purement guerrière sans remise en cause des alliances diplomatiques, pour ne pas dire purement mercantilistes et mortifères avec des pays qui portent une lourde responsabilité dans la création et la progression de l’Etat Islamique. Bref, tout ce que je dénonce au quotidien dans mes combats au parlement européen.

Je n’ai guère été surprise des diatribes habituelles de certains qui ont l’habitude de diaboliser tant Tariq Ramadan que le Parti des Indigènes de la République (PIR), notamment au nom d’une laïcité qu’ils connaissent si mal, mais le délire a dépassé toutes les bornes au-delà des accusations d’antisémitisme habituelles de tous ceux et toutes celles qui refusent que l’on reproche quoi que ce soit au gouvernement israélien, les organisateurs ou du moins certains d’entre eux ont été accusé pèle mêle d’être proches des fondamentalistes, voire directement de l’Etat Islamique, rien que cela, d’attiser la confusion entre la nécessité de lutter contre tous les racismes et le communautarisme, d’être responsable de la décomposition de la gauche et d'avoir causé l'échec du Parti Socialiste aux élections régionales. Fichtre, le summum ayant sans doute été atteint par Gilles Clavreul, le délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme qui, en l'espèce, est plus apparu comme un « délégué à la discorde » alimentant les haines et agressant littéralement les organisations antiracistes qui ne partagent pas ses vues.

Etant sur place, j’ai pu constater la réalité de ces accusations et j’ai surtout vu et entendu dans ce meeting une jeunesse des quartiers populaires, environ six cent personnes dans la salle dont quatre vingt pour cent devait avoir entre dix huit et trente ans, une jeunesse en mal de gauche, désespérée de la gauche actuelle et notamment de la « gauche » de gouvernement, plus prompte à tenter de récupérer ses voix à chaque élection qu’à répondre à ses problèmes de vie quotidienne, une jeunesse qui en a marre d’être stigmatisée du fait de ses soi-disant apparences et une jeunesse qui réclame d’abord et avant tout de l’égalité et de la justice sociale.

Et partant de ce constat, je pense que, plus que jamais, il y a urgence à reprendre le dialogue avec cette jeunesse qui est l’avenir de notre pays et de lui laisser prendre la place qui lui revient au-delà de toute appartenance culturelle, sociale ou religieuse.

Refuser de le faire, c’est laisser béante les portes de l’extrême droite et du communautarisme. Et s’il faut tirer les leçons des élections régionales, c’est d’abord par là qu’il faut commencer.

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21 décembre 2015 1 21 /12 /décembre /2015 20:32

https://www.ensemble-fdg.org/content/reconstruire-apres-le-desastre

Reconstruire après le désastre

Par Laurent Lévy

Lundi 21 Décembre 2015

L'échec du Front National à conquérir les présidences de régions qui lui semblaient acquises après le premier tour des élections régionales a été interprété comme le résultat d'un « sursaut » électoral. Mais cet échec ne saurait masquer le résultat profond de la séquence électorale et ce qu'elle sanctionne, la victoire hégémonique remportée par l'extrême-droite « populiste », raciste et nationaliste. Une victoire électorale en aurait bien sûr rajouté, et sur le plan symbolique, et quant aux politiques effectivement menées dans les régions concernées, nous ne pouvons donc que nous féliciter qu'elle n'ait pas eu lieu. Mais il y aurait quelque électoralisme à y voir l'essentiel.

La crise politique que nous vivons est aussi une crise de la politique, une crise de l'ensemble des conceptions et des pratiques qui président à la vie politique de ce pays, de la démocratie représentative, du fossé existant entre les aspirations du plus grand nombre et des canaux par lesquels elles peuvent s'exprimer. Une crise du « champ politique » dans son ensemble. Nos responsabilité dans la période sont à la hauteur de cette crise.

Même si aucune discussion proprement stratégique n'a jamais abouti à des documents de référence pour Ensemble, on peut isoler deux points parmi nos orientations stratégiques partagées.

Une alternative émancipatrice suppose un rassemblement majoritaire autour d'objectifs de rupture avec les politiques austéritaires, inégalitaires et antidémocratiques.

La « question du pouvoir » ne sera pas posée sous une forme insurrectionnelle, si bien que la participation au jeu institutionnel, malgré ses fortes contraintes, apparaît nécessaire. L'action politique pour une alternative doit se déployer tant « dans la rue » que « dans les urnes ».

Le choix du Front De Gauche (FDG) s'inscrivait pour nous, de façon fondatrice, dans cette perspective. Mais le fait est que le FDG n'a jamais été ce que nous aurions souhaité qu'il devînt. Il est demeuré ce qu'il était à son origine, un cartel à visée essentiellement électorale, il est par ailleurs en tant que tel entré en crise dès l'après-coup de l'élection présidentielle par son incapacité à saisir ce moment où il aurait été possible d'en faire une véritable force politique capable de rassembler des centaines de milliers de militants parmi les millions qui avaient porté sur lui un espoir en 2012. Nous n'avons eu de cesse depuis de chercher à en préserver l'existence et l'unité précaire et à l'élargir à d'autres composantes que celles qui sont issues de la gauche traditionnelle et avant tout à la gauche écologiste.

Un élément de la crise de la politique est le caractère dorénavant très flou de la notion même de « gauche », elle aussi constitutive de notre existence politique. Si la distinction entre ce qui est à gauche et ce qui ne l'est pas demeure, et demeurera sans doute longtemps, un élément essentiel de choix politiques, une difficulté a surgi, l'expression « la gauche » est dans le discours public largement associée au parti socialiste. Or, si la question de savoir si « le parti socialiste est de gauche » est assez vaine, parce qu'elle est mal posée, nous savons bien que bien des considérations conduiraient à répondre par la négative, la politique menée par le gouvernement socialiste soutenu par la direction du parti et par son groupe parlementaire n'est pas une politique « de gauche ». La question fondamentale de l'égalité est devenue étrangère à ses préoccupations et cette politique est entièrement soumise, quelles que soient les surenchères de la droite, aux impératifs du capital. Elle est en outre de plus en plus autoritaire et répressive, ce caractère ayant connu une inflexion dramatique avec l'état d'urgence et le projet de sa constitutionnalisation. Elle est enfin largement contaminée par les thèmes idéologiques, xénophobie, islamophobie et nationalisme, par lesquels le Front National construit son hégémonie sur la société et d'abord sur l'ensemble de la droite du spectre politique. Pourtant, de larges secteurs de l'électorat du parti socialiste, de ses sympathisants, de ses membres et de ses cadres restent d'une manière ou d'une autre « de gauche ».

Dans le nouveau contexte, travailler à un rassemblement majoritaire suppose d'élargir plus encore notre focale. Il ne peut simplement s'agir du rassemblement de la seule « gauche radicale », mais bien plus largement de toutes celles et de tous ceux qui contestent sur sa gauche la politique du gouvernement, qu'il s'agisse de sa politique économique, sociale ou anti démocratique. Du point de vue idéologique et plus généralement culturel, notre lutte hégémonique doit donc désormais se déployer sur deux plans distincts ce qui n'ira pas sans contradiction, contre ce qui fait le succès du Front National et contre la domination à gauche des orientations sociales libérales, pour une société ouverte, égalitaire et émancipée du règne de la marchandise et du capital.

Cela ne peut pas être le seul fait des militants déjà acquis à l'idée de l'action politique institutionnelle. C'est l'ensemble de celles et ceux qui, de mille manières, résistent à l'ordre dominant qui doivent trouver les chemins du rassemblement. Cela suppose que nous soyons attentifs et modestes à l'égard de toutes les expériences d'action collective, qu'elles soient syndicales, sociales, antiracistes, écologistes ou démocratiques. Et cela suppose la mise en question des cadres politiques traditionnels auxquels nous sommes accoutumés.

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21 décembre 2015 1 21 /12 /décembre /2015 20:18

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/12/21/avec-la-percee-historique-de-podemos-la-gauche-espagnole-plus-divisee-que-jamais_4835861_3214.html

En Espagne, une percée historique de Podemos et une gauche divisée

Par Sandrine Morel, correspondante du Monde à Madrid

Au siège du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE), rue Ferraz, à Madrid, régnait Dimanche 20 Décembre 2015 une ambiance étrange entre soulagement et douleur. Un peu comme si la formation avait évité la mort mais avait perdu une jambe. Avec vingt deux pour cent des voix et quatre vingt dix députés, le parti réalise le pire score de son histoire, il perd vingt sièges et près d'un million cinq cent mille voix par rapport aux élections de 2011 qui avaient déjà été un séisme pour la formation.

Et pourtant, Dimanche 20 Décembre 2015, dans les bureaux des cadres socialistes, on respirait nettement mieux que le matin, quand des sondages officieux donnaient la gauche alternative de Podemos en deuxième position, en voix et en sièges. « Cela aurait pu être pire », résume un membre du PSOE. Pris en étau entre Podemos à gauche et Ciudadanos au centre droit, le PSOE a résisté mais il a souffert.

Centrant sa campagne sur l’idée qu’il était la seule alternative possible à Mariano Rajoy et appelant au vote utile, comme si l’Espagne répondait encore aux schémas du bipartisme, il n’a pas éveillé d’enthousiasme.

Conscient du risque, Pedro Sanchez, son chef de file, peinant jusqu’alors à transmettre ses convictions politiques, est devenu plus agressif en fin de campagne, allant jusqu’à qualifier le chef du gouvernement « d'indécent » lors d’un débat particulièrement tendu. Sa survie politique était en jeu.

Il n’est pas encore tout à fait sûr que Pedro Sanchez, contesté au sein du PSOE, résiste aux pressions de sa rivale, la présidente socialiste de l’Andalousie, Susana Diaz, qui n’a pas manqué de rappeler que c’est sur ses terres que le PSOE a fait, encore une fois, son meilleur score, avec « cinq des sept provinces dans lesquelles il est arrivé premier ». S’il n’arrive pas à sceller de pactes avec les forces de la gauche pour pouvoir gouverner, ses jours pourraient être comptés à la tête du parti.

Car dans plusieurs régions, la chute des socialistes est vertigineuse. Il n’est plus que le quatrième parti à Madrid, derrière le Parti Populaire, Podemos et Ciudadanos, après avoir perdu un quart des voix récoltées en 2011. Il est troisième en Catalogne, où il a perdu plus d’un tiers des voix, derrière Podemos et les indépendantistes d'Esquerra Republicana de Catalunya (ERC). Tout comme en Euzkadi, où Podemos obtient deux fois plus de voix que le PSOE. Dans la ville de Valence, il arrive en quatrième position.

« Le fantôme de José Luis Rodriguez Zapatero »

Le tournant de la rigueur pris en 2010 par le précédent président du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero avait marqué une première rupture entre le PSOE et une partie de son électorat. Sa décision de convoquer des élections anticipées, en 2011, avait été perçue comme un aveu d’échec et une incapacité à affronter la crise économique. Depuis, le PSOE ne cesse de perdre des voix à chaque élection. « Notre principal adversaire est le fantôme de José Luis Rodriguez Zapatero », avoue un membre du parti.

Affaibli par un scandale de détournement présumé de fonds destinés aux chômeurs, boudé par les jeunes, il craignait de devenir résiduel, comme le Pasok grec. Il a finalement résisté à la vague Podemos, mais devra encore mener la bataille des pactes s’il veut ravir le pouvoir à Mariano Rajoy. « Podemos s’est cogné contre le mur qu’est encore le PSOE », se félicite José Manuel Albares, conseiller aux affaires étrangères et membre de l’équipe de campagne de Pedro Sanchez.

Mais le parti de gauche radical n’a pas, lui-même, les mains libres sur toutes les questions. Pour l’emporter, il a dû sceller des alliances compliquées avec des partis et plates-formes régionales. En Catalogne, avec Barcelona en Comu, de la maire Ada Colau, l’accord prévoit la tenue d’un référendum sur l’indépendance. A Valence, où il s’est allié avec la coalition anti corruption et régionaliste Compromis, celle-ci a déjà annoncé qu’elle composerait un groupe propre au parlement afin de conserver son indépendance. En Galice, avec les Mareas, plus radicales que le parti de Pablo Iglesias, l’entente est complexe.

« Remontada » de Podemos

Malgré cela, Podemos se sent assez fort pour faire désormais pression sur le PSOE. Alors que certains avaient voulu l’enterrer trop vite, Pablo Iglesias a montré qu’il était capable, encore une fois, de créer la surprise. Il y a quelques mois, le parti avait chuté à treize pour cent, voire onze pour cent dans certains sondages, alors qu’il n’avait pas de programme et que son alliance avec les écolo-communistes d'Izquierda Unida échouait.

Porté par le soutien d’Ada Colau, la très populaire maire de Barcelone et ancienne activiste du droit au logement, après être parvenu à associer l’économiste Thomas Piketty à l’élaboration de son programme, il a réussi dans le dernier mois à opérer sa « remontada », sorte de mot-valise employé pour redonner de l’énergie aux troupes.

« Je ne pensais pas voter Podemos. Je ne suis pas d’accord avec leur manichéisme et leur discours sur la caste. Mais j’ai pris ma décision avant-hier, je me suis dit que si je vote PSOE comme d’habitude, je vais le regretter toute ma vie, car c’est l’opportunité ou jamais de changer ce pays », expliquait Dimanche 20 Décembre 2015, à deux pas du siège de PSOE, Inés, coach de trente six ans qui préfère ne pas donner son nom.

Ce changement est toutefois conditionné à un accord de la gauche qui reste largement hypothétique. Pour espérer gouverner, le PSOE devra en effet non seulement s’entendre avec Podemos, mais aussi avec les écolo-communistes, les nationalistes basques et les régionalistes canariens. Et il faudra que les nationalistes catalans s’abstiennent. De quoi rendre tout accord particulièrement fragile.

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20 décembre 2015 7 20 /12 /décembre /2015 17:24

REPONSE A RAOUL MARC JENNAR ET A CLAIRE BOUTHILLON

Par Robert Duguet

Mardi 15 Décembre 2015

Raoul Jennar prend l’initiative d’un appel à un débat politique sur le fond, ceci recoupant plusieurs contributions que des militants m’ont fait parvenir avant et après le résultat du deuxième tour des élections régionales. Une aspiration s’y fait jour.

Je cite Claire Bouthillon, « la Vague Citoyenne est née en Aquitaine, de cette colère qui mine au quotidien l’existence de tous ceux qui misèrent en silence. Elle est mue par cette indignation partagée face à la trahison du trop petit nombre de ceux à qui l’on a confié le pouvoir de gouverner les affaires de la cité et qui ont trop souvent confondu l’intérêt général et l’intérêt particulier. Elle croît avec la volonté de dépasser ces sentiments immédiats par l’action joyeuse et le rassemblement populaire. Elle ne croit plus en la simple représentation mais veut la participation concrète. Elle a des fondamentaux simples mais à dimension universelle et les affiche depuis le départ, sans se cacher, la démocratie, la solidarité et l’écologie. Parce qu’il n’y a pas d’autre enjeu politique que celui de remettre le peuple au centre des décisions collectives, de redistribuer les richesses pour rendre l’existence de tous digne d’être vécue et de protéger notre écosystème pour qu’il continue à être le lieu commun de la vie sur terre ».

Je reprends ce qu’écrit Raoul Jennar, « j’appelle à un débat de fond. Nous seulement pour analyser les causes de la destruction de la gauche par la gauche elle-même, mais surtout pour construire l'avenir. Un chantier immense s'ouvre au peuple de France, celui de construire un autre système politique où le peuple garde la maîtrise de son destin et où celle-ci n'est plus confisquée par une classe politique pour qui faire carrière est devenu le seul projet politique. Un système politique fondé sur un principe absolu, seul le peuple décide ».

Un peu plus tôt ou un peu plus tard, les obstacles politiques qui ont été placé sur notre route pour interdire au mouvement social de déboucher sur la construction d’un Podemos à la française seront brisés. Pour ma part je partage cette conviction, nous avons absolument besoin d’un mouvement de ce type et, de toutes les façons, il va se produire. La question n’est pas de savoir si ce mouvement se produira, mais plutôt quel bilan nous tirons nous de notre activité passée et quelle orientation politique nous serons capable d’y défendre.

Si nous analysons ce qui s’est produit dans plusieurs pays du sud de l’Europe néo libérale, cette prison des peuples, ces dernières années, principalement en Grèce et en Espagne, c’est une émergence de mouvements politiques de type nouveau dépassant la crise de représentation des vieux partis institutionnels issus de la deuxième internationale « socialiste » et des anciens partis staliniens. Le mouvement Izquierda Unida d’Espagne qui représentait un cartel électoral du même type que le Front De Gauche (FDG) français s’y déclarait submergé par le tsunami Podemos. Toutefois, l’expérience de Syriza en Grèce doit nous forcer à aller au fond des problèmes, à peine les drapeaux et les pancartes électorales étaient-elles repliées que le gouvernement d’Alexis Tsipras tournait le dos à son propre programme électoral, implosait et capitulait devant les exigences de la troïka. Gageons que Podemos d’Espagne accédant au pouvoir sera confronté à des difficultés identiques.

Aussi bien l’analyse qui est faite par Raoul Jennar que par Claire Bouthillon revendique un mouvement du peuple construisant un système politique « où le peuple garde la maitrise de son destin ». Jean Luc Mélenchon, dans l’ouvrage écrit pendant l’été 2014, « l’ère du peuple », et préparant la constitution dans l’espace feutré de son bureau du Mouvement pour la Sixième République (MSR), n’a pas écrit autre chose. Il y a, d’un côté, l’oligarchie politique et, de l’autre, le peuple. Pour régler la question de la représentation alternative, il faut la révolution citoyenne.

Celle-ci étant sensée prendre la place de la révolution socialiste de nos aînés. Aujourd’hui où en est-on avec cette orientation? L’absence de lisibilité politique du FDG a conduit au fait que d’un côté l’électorat ouvrier et la jeunesse s’abstiennent tandis que les couches moyennes lourdement ponctionnées par la crise expriment leur volonté de renverser la table en votant pour l’extrême droite nationaliste. Jean Luc Mélenchon aujourd’hui prend sa place dans l’union de la gauche, dans la version de Jean Christophe Cambadélis. Il faut donner une explication, sans rire ni pleurer, comme disait Baruch Spinoza, pour éviter les ornières à venir.

Ce qui s’est passé aussi bien en Grèce qu’en Espagne, c’est un mouvement qui gagne toutes les classes de la société, pas seulement le salariat, mais tout le corps social est en face d’une impasse. Nous l’avons constaté à l’échelle d’une région au moment du mouvement des bonnets rouges en Bretagne, deux entreprises en voie de liquidation entrainent un mouvement social à Quimper qui fait apparaitre les problèmes économiques cruciaux de toute une région. On a vu alors la position désastreuse du FDG qui laisse le terrain aux organisations régionalistes. Quand le corps social dans son ensemble entre en mouvement, le problème est de savoir quelle est la classe sociale qui est alors en capacité de diriger la société ? Qui doit être le maître, le banquier, l’actionnaire ou le salariat constitué en mouvement politique autonome et quel est le programme ? Aujourd’hui, la gauche radicale et l’extrême gauche française sont un champ de ruine. On ne fera pas l’économie d’une critique positive de l’électoralisme, Raoul Marc Jennar pose la question de fond qui est celle de la « confiscation par une classe politique pour qui faire carrière est devenu le seul projet politique ».

Il faut discuter sur le fond de ce qu’est la démocratie, ce n’est pas le droit de coller des affiches et de distribuer des tracts aux élections pour élire des représentants aux assemblées qui ensuite demandent aux militants de rentrer chez eux jusqu’à la prochaine fois. Depuis le virage de la rigueur de 1983, toutes les tentatives de construire une alternative à gauche de la sociale démocratie se sont heurtées à la question de la place des élus par rapport à l’organisation dont ils étaient issus.

Dans la courte histoire du Parti de Gauche, on pourrait prendre quelques exemples locaux et voir comment les élus du Parti de Gauche ont très vite repris les mauvaises habitudes du Parti Socialiste et se retrouvent en opposition parfois violentes avec les militants, quand ils ne sont pas tout simplement retournés au Parti Socialiste, comme dans ma commune. En fait le Parti de Gauche n’a jamais vraiment été construit comme un parti, outil démocratique offert au militants, mais comme instrument à la botte d’un chef suprême qui décide de la pluie et du beau temps. Le Parti de Gauche, avec son cortège d’excommunications majeures et mises sous tutelle des fédérations récalcitrantes, s’est construit comme un parti de la cinquième république bonapartiste, l’ombre portée du successeur de Charles de Gaulle et dont l’élection présidentielle est le seul but. Passé l’objectif de la présidentielle, le FDG et le Parti de Gauche se sont fracturés. Quant au hochet du MSR, Jean Luc Mélenchon a réussi ce tour de force de proposer la construction d’un parti virtuel, plus besoin d’exclure les opposants, il suffit d’un clic de souris pour décider qui est digne de porter son drapeau.

La démocratie ne peut se concevoir que par son contenu anticapitaliste, sans la démocratie interne à un mouvement politique, il ne peut y avoir de constitution du salariat comme classe politique sortant la société et la civilisation de l’impasse dans laquelle le néo-libéralisme l’a plongé. Nous devons avoir une exigence double, la république sociale, c’est la destruction des institutions issues du coup d’état de 1958, dans laquelle la gauche mitterrandienne s’est vautrée. Souvenons-nous de l’admiration sans borne de Jean Luc Mélenchon pour François Mitterrand. Dans l’histoire de la gauche institutionnelle, le recours au mot d’ordre de la sixième république s’est toujours limité à sa définition institutionnelle, mais jamais à la question fondamentale, qui doit exercer le pouvoir, le banquier et l’actionnaire ou l’ouvrier qualifié, le technicien et l’ingénieur, le capital ou le travail ? Il n’y a pas de voie institutionnelle, c’est le mouvement pour une république sociale qui détruira les institutions bonapartistes. A l’âge du capitalisme mondialisé et du néo-libéralisme, à l’échelle internationale, c’est la nécessité de construire un mouvement de rupture avec l’Union Européenne, prison des peuples.

L’alternative aujourd’hui n’est pas 2017, de ce point de vue les dés en sont jetés, mais comment renverser la table avant 2017. Est-ce qu’un tel mouvement aura lieu dans les mois qui viennent, nous ne sommes pas devins, ce n’est pas quelque officine politique qui en décide, mais ce sont les masses.

En revanche, le travail militant que nous avons à faire, c’est de mettre à l’ordre du jour la question de savoir qui doit gouverner la société, quel mode de production du travail social, quelle redistribution des richesses au profit du corps social dans son ensemble et quelle représentation ?

Socialisme ou barbarie, pour l’instant, si on prend toutes les réformes accomplies depuis 1983, c’est la barbarie qui l’emporte.

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