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10 décembre 2015 4 10 /12 /décembre /2015 20:41

A Ryad, l’opposition syrienne s’engage, un groupe en désaccord (Reuters)

Les représentants de l'opposition syrienne réunis à l'initiative de l’Arabie Saoudite appellent dans une déclaration commune à la création d'un état « civil » inclusif et démocratique en Syrie et exigent le départ du président Bachar al Assad dès le début de la période de transition.

Le texte du communiqué de la conférence de Ryad, que Reuters a pu consulter, assure qu'il n'y aura pas dans la nouvelle Syrie de discriminations ou d'exclusions « sur des bases religieuse, sectaire ou ethnique ».

Il promet la préservation des institutions étatiques et la restructuration de l'armée et des services de sécurité.

Selon l'agence de presse saoudienne, les opposants appellent aussi le gouvernement syrien à faire des gestes de bonne volonté avant le début de négociations de paix, en libérant des prisonniers politiques et en levant le siège militaire de zones rebelles.

Il n'est pas certain que ce texte sera signé par tous les opposants réunis depuis Mercredi 9 Décembre 2015 à Ryad, le groupe rebelle Ahrar al Cham, le mouvement armé le plus puissant participant à la conférence, ayant annoncé son départ.

Les insurgés islamistes ont justifié leur décision par la trop grande place accordée, selon eux, à l'opposition politique interne, le Comité National de Coordination des Forces de Changement Démocratique (CNCFCD), basé à Damas et jugé trop proche du régime de Bachar al Assad.

Ahrar al Cham a également jugé dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux que la conférence n'avait pas assez mis en avant « l'identité musulmane de notre peuple ».

Délégation commune

Un peu plus tôt, un membre de la Coalition Nationale Syrienne (CNS), principal organe de l'opposition en exil, avait déclaré que les opposants s'étaient entendus sur le principe de la formation d'une délégation commune réunissant mouvements politiques et groupes armés.

Monzer Akbik, qui s'exprimait à Dubaï, où il a été informé des décisions prises en Arabie Saoudite, a précisé que ce groupe de vingt cinq délégués serait composé de six membres de la CNS, six représentants des factions rebelles, cinq représentants de la CNCFCD et huit personnalités indépendantes.

« Ils représenteront toutes les factions de l'opposition, politique et militaire, et seront chargés de prendre les décisions en vue d'un règlement politique », a-t-il déclaré.

Monzer Akbik n'a cependant pas été en mesure de dire si les participants à la conférence de Ryad avaient pu s'entendre sur les noms des délégués en question. « Dieu seul sait » si les discussions aboutiront sur ce point, a-t-il ajouté.

La formation d'une délégation commune constituerait une avancée importante après les accords conclus Mercredi 9 Décembre 2015 sur des points plus consensuels, comme le refus de voir Bachar al Assad et ses proches jouer un rôle dans la transition politique et le départ des forces étrangères de Syrie.

La volonté de priver Bachar al Assad de tout rôle dans l'avenir du pays est exprimée de manière bien plus vigoureuse par ses opposants que par les pays occidentaux qui les soutiennent.

Si les occidentaux appellent au départ du dirigeant syrien, ils restent relativement évasifs sur la date à laquelle ils souhaiteraient le voir quitter le pouvoir, certains n'excluant pas son maintien pendant une période de transition.

John Kerry se veut optimiste

A Paris, le secrétaire d’état américain, John Kerry, a qualifié la conférence de Ryad de « très constructive » et a estimé qu'elle progressait.

« Je pense que tout le monde va dans la direction souhaitée pour que débute un processus politique », a-t-il dit. « Il y a donc des progrès mais il reste des sujets ardus à aborder ».

Une réunion, Vendredi 18 Décembre 2015 à New York est possible mais pas certaine, les différentes parties attendant toujours le résultat de la conférence de Ryad, a ajouté le chef de la diplomatie américaine, qui doit se rendre la semaine prochaine à Moscou pour discuter du dossier syrien.

Les dissensions au sein de l'opposition ont fait échouer la précédente tentative de pourparlers, à Genève, il y a près de deux ans. Elles compliquent aujourd'hui la tâche des occidentaux, qui s'efforcent de soutenir des rebelles « modérés », et profitent aux groupes islamistes les plus radicaux, Etat Islamique ou Front al Nosra, qui s'appuient sur ces divisions pour renforcer leur pouvoir.

Jeudi 10 Décembre 2015, le vice-ministre iranien des affaires étrangères, Hossein Amirabdollahian, dont le pays est avec la Russie le principal soutien de Bachar al Assad, a accusé, sans les nommer, « certains groupes » représentés à Ryad d'être liés à l’Etat Islamique.

« Certains groupes terroristes liés à l’Etat Islamique participent aux discussions. Nous ne laisserons pas ces groupes terroristes décider de l'avenir de la Syrie », a-t-il déclaré selon des propos rapportés par l'agence de presse semi-officielle Fars.

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10 décembre 2015 4 10 /12 /décembre /2015 20:12

https://www.entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2015/10/13/entretien-avec-un-ouvrier-social-democrate-a-propos-du-front-unique-de-defense-deux-extraits/#more-20137

http://www.syllepse.net/lng_FR_srub_66_iprod_633-contre-le-fascisme.html

Entretien avec un ouvrier social-démocrate à propos du front unique de défense

Par Léon Trotsky

Jeudi 23 Février 1933

Les adversaires serrent les rangs devant le danger commun

Imaginons un instant qu’un membre communiste du comité d’entreprise d’Aschinger déclare au membre-social-démocrate, « puisque le Vorwärts a qualifié mon attitude dans la question des salaires d’acte de trahison, je ne veux pas défendre avec toi ma tempe et ta nuque contre les balles fascistes ». Malgré la plus grande indulgence, on ne saurait qualifier cette réponse autrement que d’inepte. Le communiste sensé, le bolchevik sérieux, dira au social-démocrate que « tu connais mon hostilité à l’égard du Vorwärts. Je m’emploie et m’emploierai de toutes mes forces à saper l’influence néfaste qu’a ce journal parmi les ouvriers. Mais je le fais et le ferai par la parole, par la critique et par la persuasion. Les fascistes veulent, eux, anéantir physiquement le Vorwärts. Je te promets de défendre avec toi ton journal jusqu’à la limite de mes forces, mais j’attends de toi qu’au premier appel tu viennes aussi défendre la Rote Fahne, quelle que soit ton opinion à son égard ».

N’est-ce pas une façon irréprochable de poser la question ? Cette façon ne répond-elle pas aux intérêts élémentaires de l’ensemble du prolétariat ?

Le bolchevik ne demande pas au social-démocrate de modifier l’opinion qu’il a du bolchevisme et des journaux bolcheviks. Il ne demande pas davantage que le social-démocrate prenne l’engagement, pour toute la période de l’accord, de taire l’opinion qu’il a du communisme. Cette exigence serait absolument inadmissible. « Aussi longtemps », dit le communiste, « que je ne t’aurai pas, ou que tu ne m’auras pas convaincu, nous nous critiquerons l’un et l’autre en toute liberté en employant les arguments et les expressions que chacun de nous jugera nécessaires. Mais quand le fasciste voudra nous enfoncer un bâillon dans la bouche, nous lui donnerons ensemble la riposte ». Un ouvrier social-démocrate sensé peut-il opposer un refus à cette proposition ?

La polémique entre journaux communistes et sociaux-démocrates, aussi acerbe soit-elle, ne saurait empêcher les typographes de ces journaux de conclure un accord de combat pour organiser une défense commune de leurs imprimeries contre l’agression des bandes fascistes. Les députés sociaux-démocrates et communistes au Reichstag et aux Landtags et les conseillers municipaux sont eux-mêmes obligés de se prêter main-forte quand les nazis font appel aux cannes et aux chaises. Faut-il encore des exemples ?

Ce qui est vrai dans chaque cas particulier est aussi vrai en règle générale, la lutte irréductible à laquelle se livrent la sociale démocratie et le communisme pour la direction de la classe ouvrière ne peut pas et ne doit pas les empêcher de serrer les rangs quand les coups menacent l’ensemble de la classe ouvrière. N’est-ce pas évident ?

Les tâches et les méthodes du front unique

Le front unique doit avoir ses organes. Point n’est besoin d’imaginer quoi que ce soit, la situation même dicte la nature de ces organes. En maints endroits, les ouvriers ont d’ores et déjà suggéré la forme d’organisation du front unique, en l’espèce des cartels de défense s’appuyant sur toutes les organisations et entreprises prolétariennes locales. C’est une initiative qu’il faut saisir, approfondir, affermir et élargir, en couvrant les centres industriels de cartels, en les rattachant les uns aux autres et en préparant un congrès de défense ouvrier allemand.

Le fait que les sans-travail et les ouvriers occupés deviennent de plus en plus étrangers les uns aux autres porte en lui un danger mortel, non seulement pour les conventions collectives, mais aussi pour les syndicats, sans même qu’il soit besoin de croisade fasciste. Le front unique entre sociaux-démocrates et communistes signifie avant tout le front unique des ouvriers occupés et des chômeurs. Sans cela, toute lutte sérieuse en Allemagne est en général inconcevable.

L'opposition syndicale rouge (RGO) doit entrer dans les syndicats libres en tant que fraction communiste. C’est là une des principales conditions de succès du front unique. Les communistes doivent jouir à l’intérieur des syndicats des droits de la démocratie ouvrière et en premier lieu d’une entière liberté de critique. De leur côté, ils doivent respecter les statuts des syndicats et la discipline de ces derniers.

La défense contre le fascisme n’est pas une chose isolée. Le fascisme n’est qu’un gourdin dans les mains du capital financier. Le but de l’écrasement de la démocratie prolétarienne est de relever la norme d’exploitation de la force de travail. Il y a là un champ immense pour le front unique du prolétariat, la lutte pour le pain quotidien, étendue et accentuée, aboutit directement, dans les conditions actuelles, à la lutte pour le contrôle ouvrier sur la production.

Les fabriques, les mines et les grands domaines ne remplissent leurs fonctions sociales que grâce au labeur des ouvriers. Est-il possible que ceux-ci n’aient pas le droit de savoir où le possédant achemine l’entreprise, pourquoi il réduit la production et chasse les ouvriers et comment il fixe les prix ? On nous répondra, « secret commercial ».

Qu’est-ce que le secret commercial ? C'est un complot des capitalistes contre les ouvriers et le peuple tout entier. Producteurs et consommateurs, les ouvriers doivent à ce double titre, conquérir le droit de contrôler toutes les opérations de leurs entreprises et démasquer la fraude et le mensonge pour défendre leurs intérêts et les intérêts du peuple entier, faits et chiffres en mains. La lutte pour le contrôle ouvrier sur la production peut et doit devenir le mot d’ordre du front unique.

Sur le terrain de l’organisation, les formes nécessaires de coopération entre ouvriers sociaux-démocrates et ouvriers communistes se trouveront sans peine, il faut seulement passer des paroles aux actes.

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10 décembre 2015 4 10 /12 /décembre /2015 19:48

http://www.anv-cop21.org/appel-a-un-rassemblement-declarant-letat-durgence-climatique

Appel à un rassemblement pour déclarer l’état d’urgence climatique

Samedi 12 Décembre 2015 à 14 heures à Paris sur le Champ de Mars devant la Tour Eiffel

Nous, Amis de la Terre France, Alternatiba, Bizi, Confédération Paysanne, Coordination de l’Action Non-Violente de l’Arche, Mouvement pour une Alternative Non-Violente, Collectif National Pas Sans Nous et Village Emmaüs Lescar Pau, appelons à un rassemblement massif, pacifique et déterminé déclarant l’état d’urgence climatique Samedi 12 Décembre à 14 heures à Paris sur le Champ-de-Mars devant la Tour Eiffel.

Nous vous appelons à signer et relayer massivement la pétition appelant à ce rassemblement et à se mobiliser massivement Samedi 12 Décembre 2015 à Paris sur le Champ de Mars devant la Tour Eiffel.

Mobilisés par l’urgence climatique, l’exigence de justice sociale, la lutte contre toutes les formes de domination et la protection des populations affectées, nous sommes hautement préoccupés par le déroulement actuel de la conférence climatique. Alors que ce sommet international avait pour mission d’aboutir à un accord permettant de stabiliser le climat, tout indique qu’il n’en sera rien.

Les engagements actés de réduction d’émissions de gaz à effet de serre ne garantissent aucunement une stabilisation de la température moyenne au-dessous du seuil de deux degrés à l’horizon 2100. Au contraire, ils nous mènent vers un dérèglement de plus de trois degrés, nous faisant franchir les seuils irréversibles et incontrôlables d’emballement du climat. L’absence de mesures suffisantes et contraignantes pouvant être mises en place entre 2015 et 2020 renforce la certitude de franchir ces seuils et pose les bases d’un véritable crime contre l’humanité. En outre, la facture humaine que nous devrons payer est alourdie par l’insuffisance criante de financements propres permettant aux pays et populations les plus vulnérables de se protéger contre les conséquences catastrophiques du dérèglement climatique en cours et à venir.

Aujourd’hui, les chefs d'état du monde entier, et notamment les états du Nord, ne sont pas à la hauteur du défi et de leur responsabilité historique dans ce moment décisif pour notre avenir commun. Or, les climatologues le confirment, il ne nous reste plus que quelques années pour agir.

On ne peut pas nous demander d’accepter l’inacceptable. Nous devons alerter la population mondiale sur ce qui se joue à Paris. En invitant tout d’abord l’ensemble de la société civile à renforcer les alternatives et solidarités concrètes permettant de réduire immédiatement les facteurs de dérèglement et d’augmenter nos capacités à faire face à leurs effets. En appelant ensuite à la mise en place d’une vaste mobilisation citoyenne interpellant sans relâche au cours des années à venir les dirigeants politiques et économiques en vue de changer le cours des choses pendant qu’il est encore temps.

Samedi 12 Décembre 2015 à 14 heures sur le Champ de Mars devant la Tour Eiffel nous constituerons de très larges chaînes humaines portant les messages d’alerte et de mobilisation que nous adresserons aux peuples du monde. Les murs que nous ferons tomber ensemble deviendront des ponts. Nous aurons le visage découvert comme signe de notre participation strictement non-violente à ce rassemblement.

Samedi 12 Décembre 2015, toutes et tous à Paris pour déclarer l’état d’urgence climatique.

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9 décembre 2015 3 09 /12 /décembre /2015 21:06

Le troisième kamikaze du Bataclan identifié grâce à sa mère (Reuters)

Un djihadiste français de vingt trois ans parti en Syrie fin 2013 a été identifié comme étant le troisième kamikaze du Bataclan, où quatre vingt dix personnes ont été tuées lors des attentats du Vendredi 13 Novembre 2015, grâce à sa mère qui a reçu un message de Syrie, a-t-on appris Mercredi 9 Décembre 2015 de sources judiciaire et proches de l'enquête.

Foued Mohamed-Aggad faisait partie d'un groupe de jeunes radicalisés ayant quitté le quartier de la Meinau à Strasbourg, dans le Bas Rhin, en décembre 2013 pour rejoindre la Syrie, ont indiqué ces sources, confirmant une information du Parisien.

Sept de ces jeunes sont rentrés en France au printemps 2014 et ont été interpellés et incarcérés en mai 2014 après une surveillance d'un mois des services de renseignements.

C'est la mère de Foued Mohamed-Aggad qui a permis de l'identifier après avoir reçu un SMS depuis la Syrie lui annonçant la mort de son fils, a dit l'avocate de la famille.

« Ce SMS lui indiquait que son fils était mort, il est mort Vendredi 13 Novembre 2015 avec ses frères. Elle a eu immédiatement une terreur, celle de penser qu'éventuellement il pouvait être un des kamikazes du Bataclan », a dit Françoise Cotta sur iTELE.

« C'est elle qui m'a contactée, qui m'a demandé d'informer le juge d'instruction et qui a souhaité que des tests ADN soient réalisés », a-t-elle ajouté.

Françoise Cotta a souligné que le jeune homme était resté en contact avec sa mère et avec son frère et qu'il leur avait annoncé avoir un projet kamikaze en Irak, d'où l'étonnement de sa famille de savoir qu'il est revenu en France.

« Il leur a toujours dit jusqu'aux derniers échanges il y a quelques mois qu'il ne reviendrait pas en France et qu'il repartirait en Irak. Son projet d'être kamikaze, c'était pour l'Irak », a-t-elle dit sur BFM TV.

Le frère du kamikaze détenu en France

Le frère aîné de Foued Mohamed Aggad, Karim Aggad, avec qui il s'est rendu en Syrie, est actuellement détenu en France, selon une source judiciaire.

Invité sur BFM TV-Radio Monte Carlo, le premier ministre Manuel Valls a confirmé que le troisième kamikaze avait été identifié par les enquêteurs mais n'a pas donné plus de détails.

« Le nom du kamikaze a été donné mais il ne m’appartient pas de donner les éléments de l’enquête », a-t-il dit.

Les deux autres assaillants du Bataclan avaient eux été identifiés rapidement après les attentats revendiqués par l'Etat Islamique.

Le premier, Ismaël Omar Mostefaï, était âgé de vingt neuf ans. Né à Courcouronnes, dans l’Essonne, il avait été condamné à huit reprises entre 2004 et 2010 sans jamais être incarcéré. En 2010, il avait fait l'objet d'une fiche S pour radicalisation mais il n'avait jamais été impliqué dans des filières djihadistes.

Le second, Samy Animour, était originaire de Drancy, en Seine-Saint-Denis, et était âgé de vingt huit ans. Il avait été mis en examen le 19 octobre 2012 pour association de malfaiteurs terroriste en lien avec un projet avorté de départ vers le Yémen. Il avait alors été placé sous contrôle judiciaire mais il avait disparu à l'automne 2013 et a réussi à se rendre en Syrie.

Il faisait depuis le 29 octobre 2013 l'objet d'un mandat d'arrêt international, renouvelé le 20 octobre 2015, après avoir violé son contrôle judiciaire plus d'un mois auparavant. Il devait être jugé en janvier 2016 à Paris.

Au total, les attentats du Vendredi 13 Novembre 2015 à Paris et à Saint-Denis ont fait cent trente morts et des centaines de blessés. Trois ans après les attentats de Toulouse et de Montauban commis par Mohammed Merah, les attaques du Vendredi 13 Novembre 2015 ont ravivé le débat sur le suivi de personnes radicalisées.

Une source gouvernementale estimait à la fin du mois de novembre 2015 que l'accent devait « être sans doute remis sur du renseignement de proximité et sur tout ce qui permet de capter et de faire remonter des signaux faibles, notamment le début de radicalisations ».

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9 décembre 2015 3 09 /12 /décembre /2015 20:47

http://unitepopulaire-fr.org/2015/12/08/face-au-desastre-par-stathis-kouvelakis

Face au désastre

Par Stathis Kouvelakis

Mardi 8 Décembre 2015

Inévitablement, l’image d’une carte de l’hexagone qui « noircit » à mesure de la progression du vote pour le Front National fait surgir la question de savoir si, à l’instar de l’Italie ou de l’Allemagne de l’entre-deux guerres, la France ne serait pas à la veille d’un basculement vers une forme « d’état d’exception », en d’autres termes vers le fascisme. D’autant que dans les pays en question, la mise en place de cet état a débuté par une prise du pouvoir par la voie électorale et que, en matière « d’état d’exception », le chemin semble avoir déjà été pris, avec l’instauration de « l’état d’urgence » à la suite des attentats du Vendredi 13 Novembre 2015.

Le fascisme comme révolte dévoyée

Comparaison n’est pourtant pas raison. La France de 2015 n’est ni l’Italie de 1920 ni l’Allemagne de Weimar, l’horizon n’est pas celui d’une guerre mondiale, le régime parlementaire n’est pas sur le point de s’effondrer, l’extrême-droite est pour l’essentiel une machine électorale et non une milice armée et les organisations ouvrières sont tellement faibles que leur destruction n’est aucunement une condition de survie de la domination bourgeoise. Il manque à la fois la condition d’une crise générale de l’état et celle d’une compétition militaire inter-impérialiste qui constituent la base du « procès de fascisation » comme l’analysait Nicos Poulantzas dans son ouvrage classique « fascisme et dictature », en 1970. Même si le Front National vient au pouvoir par la « voie électorale », ce ne sera pas une « dictature fasciste » qui s’ensuivra mais un considérable durcissement du processus déjà en cours de verrouillage autoritaire de l’état et des mécanismes d’exclusion racialisante qui pourront alors prendre une forme s’approchant d’un état d’apartheid et de séparation institutionnalisé entre groupes qui sont pour l’essentiels des groupes de nationaux, totalement endogènes à la société française, mais qui constituent la cible de mécanismes puissants de discrimination. Disons le autrement, le Front National est bien porteur d’un projet politique tout à fait cohérent qui consiste à construire un « bloc social » soudé par un consensus autoritaire et raciste visant à résoudre les contradictions sociales et tout particulièrement la trajectoire de « déclassement » de secteurs croissants de la société française, par l’instauration d’un régime de ségrégation racialisante.

Il y a cependant quelque chose qui rapproche la dynamique du Front National avec celle des fascismes de l’entre-deux guerres et qui va au-delà des origines historiques de ce parti ou des filiations idéologiques entre ces courants politiques, c’est la capacité de ses forces à présenter comme des forces « anti-système » capable d’articuler une colère populaire multiforme en la cristallisant vers le ciblage d’un « ennemi intérieur ». Il manque bien sûr au Front National le projet impérialiste et expansionniste des fascismes historiques, en ce sens, sa dynamique est « défensive », il est le produit de l’époque du capitalisme mondialisé, non de celle des impérialismes en lutte pour le partage du monde.

Toutefois, c’est précisément cet aspect du Front National, sa capacité d’avoir capté et « hégémonisé » une forme de révolte, qui fait que toute stratégie de « front républicain », intégral au partiel, ne peut que le nourrir en légitimant son discours du « seul contre tous » et son statut revendiqué de seule force à s’opposer au « système » et même de façon « radicale ».

L’extrême-droite actuelle tire se force précisément de cette captation de la colère et de la radicalité et c’est en ce sens que, comme tout fascisme, elle est une forme dévoyée de révolte.

L’autre face de ce processus n’est donc autre que l’impuissance radicale de la gauche dite « radicale » et son incapacité non seulement à proposer une contre-hégémonie des subalternes mais tout simplement à se faire reconnaître comme la force qui porte la véritable contestation face à l’ordre existant.

Un désastre qui vient de loin

L’affaiblissement extrême de la « gauche radicale », attesté par le record négatif du scrutin du Dimanche 6 Décembre 2015, autour de cinq pour cent des suffrages exprimés, peut être attribué à des causes immédiates relativement simples à cerner. Tout d’abord, une stratégie d’alliance « à géométrie variable » qui, lors de scrutins précédents, incluait également des alliances entre la principale composante du Front De Gauche (FdG), le Parti Communiste Français (PCF), avec le Parti Socialiste, qui ont mis à l’épreuve l’unité et la cohérence de cette coalition et rendu « illisible », comme on dit, son positionnement. A cela il faut ajouter la forme cartélisée de cette coalition qui a empêché un véritable ancrage « par en bas » et reproduit la fragmentation et des formes de compétition interne. Pourtant, pour sérieuses qu’elles soient, ces processus sont plutôt des symptômes que des causes du déclin.

Ce qui est plus fondamentalement en cause c’est un processus de délitement de l’identité idéologique et programmatique de la « gauche radicale » qui tout à la fois se nourrit de et conduit à sa subalternisation accentuée à une sociale démocratie elle-même devenue un loyal gestionnaire du néo libéralisme. Un tel processus est jalonné d’un enchaînement de renoncements et de petites et grandes compromissions et omissions qu’illustrent, dans le cas de la France, le ralliement au consensus sécuritaire et impérialiste incarné par le vote unanime des députés du FDG en faveur de la prolongation pour trois mois de l’état d’urgence, Jeudi 19 Novembre 2015, suivi par les fusions de listes du FDG avec celles du Parti Socialiste « pour faire barrage au Front National » lors du second tour du scrutin régional.

Pour dire les choses de façon ramassée, la « gauche radicale » française, et pas seulement, a cru et croit que l’opposition aux politiques néo libérales, assortie d’un soutien aux mobilisations sociales dont elles sont la cible, suffit à faire une proposition politique. Derrière cette croyance on trouve, en grattant un peu, une autre qui consiste à croire que, la sociale démocratie s’étant ralliée au néo libéralisme et le projet d’une révolution anticapitaliste ayant sombré avec la fin de l’union soviétique, un espace politique s’ouvrait aux forces qui persistaient dans la défendre des acquis de l’état social, seul héritage désormais défendable des luttes du mouvement ouvrier.

Acquis dont on peut légitimement penser qu’ils ont une incontestable portée historique, nonobstant les discours pseudo-subversifs de dénonciation de l’état social véhiculés par Toni Negri et l’ extrême gauche du bloc néo libéral, mais dont la défense est très loin de constituer un projet politique digne de ce nom, a fortiori d’un projet porteur d’une rupture avec l’ordre capitaliste. Dans le meilleur des cas nous avons ici affaire à ce qu’Antonio Gramsci appelait la dimension « économico-corporative » de l’action politique, celle de la défense des intérêts immédiats des classes subalternes détachés de tout horizon « hégémonique », visant à exercer un rôle dirigeant pour orienter la formation sociale dans une direction antagoniste à l’ordre existant.

Le pouvoir économique et politique du capital et des institutions qui en sont la forme condensée, au niveau national et international, comporte toutefois bien d’autres aspects qui font système. Pour nous limiter au cas de la France, citons dans le désordre, les interventions impérialistes, du Mali et de la Libye à la Syrie, la dérive autoritaire des institutions étatiques, verrouillées par un régime présidentiel qui vide de toute substance la politique représentative, la racialisation accentuée de groupes sociaux issus de l’immigration post coloniale visant à fragmenter les classes populaires et l’Union Européenne et ses institutions, dont la Banque Centrale Européenne (BCE) et l’euro mais aussi le système de contrôle des frontières, comme moyens de « sanctuariser » les politiques néo libérales, de briser les résistances et de contrôler sur un mode hiérarchisant les populations.


C’est sur tous ces aspects que les renoncements n’ont fait que s’accumuler.

C’est le renoncement à s’opposer à l’offensive racialisante menée sous couvert de « laïcité » et de « défense de la république » et devenue politique officielle sous la présidence de Nicolas Sarkozy et le lepénisme « allégé » qui a ouvert un nouveau boulevard au lepénisme tout court.

C’est le silence sur le rôle de l’impérialisme français, notamment dans son pré-carré africain et dans le déchaînement de ses ambitions de pacotille, mais terriblement dangereuses, au Moyen-Orient.

C’est l’européisme béat, même après l’écrasement de la Grèce.

C’est l’absence totale de réflexion sur la déréliction démocratique et la fuite en avant autoritaire.

Pour couronner le tout, la condamnation des politiques néo libérales elles-mêmes est devenue de plus en plus rhétorique, de moins en moins liée à des propositions alternatives, et cela au moment même où le rouleau-compresseur austéritaire tend à accréditer l’idée que toute résistance est futile et toute alternative impraticable.

La capitulation d’Alexis Tsipras, qui a reçu la bruyante approbation de Pierre Laurent, de Gregor Gysi ou de Pablo Iglesias, a puissamment contribué à cette baisse drastique du niveau d’attente, au point où le rôle d’un correctif de la sociale démocratie apparaît comme le maximum de ce que la « gauche radicale » peut espérer obtenir dans la conjoncture actuelle, ainsi que l’indiquent l’accord entre le Parti Socialiste Portugais (PSP), le Bloco de Esquerda (BE) et le Parti Communiste Portugais (PCP) au Portugal et le recentrage de Podemos en Espagne. La subalternisation idéologique et politique et l’impuissance devant la détérioration de la situation sociale et politique sont fort logiquement au bout de ce processus de délitement graduel mais ininterrompu.

Dans un tel contexte, les injonctions à « l’unité » ont quelque chose d’inopérant et vain. Il en est strictement de même des appels incantatoires à un « grand mouvement social », ou un « nouveau mai 1968 ». Si on veut sortir de l’impuissance actuelle, il faut commencer par reconnaître que les formes sous lesquelles a été tentée la recomposition politique au cours de la dernière période ont toutes échouées et cela inclut les tentatives de faire émerger des constructions viables à partir des mobilisations sociales qui n’ont pourtant pas manqué tout particulièrement entre 1995 et 2006. Il en est de même pour les forces qui ont persisté dans la voie qui est celle de l’extrême-gauche depuis les années 1970 quels que soient par ailleurs les mérites des prises de position des uns et des autres en fonction des sujets. C’est le délitement idéologique et politique qui produit la fragmentation organisationnelle et amplifie les effets corrosifs de l’offensive néolibérale autoritaire sur le corps social.

Pour les faibles forces restantes qui se conçoivent comme antagonistes au capitalisme, et dans la mesure où elles se conçoivent ainsi et non comme des forces de « refondation des valeurs de la gauche » comme on peut le lire si souvent ces derniers temps, le ralliement derrière les forces les plus gestionnaires et les plus systémiques au nom du « barrage contre le Front National » relève d’un suicide pur et simple. Ou plutôt de la phase terminale de leur subalternisation et de leur digestion par un social libéralisme ayant viré à un néo libéralisme de pus en plus musclé et autoritaire.

S’il reste encore un espoir, il ne peut que résider dans la possibilité d’une réaction face au désastre qui se dessine et dans l’affirmation d’une rupture d’avec les discours lénifiants et le train-train mortifère de l’interminable renoncement.

Il serait « plus » que temps, et c’est dans ce « plus » que réside la possibilité, peut-être.

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9 décembre 2015 3 09 /12 /décembre /2015 20:18

https://blogs.mediapart.fr/guillermo-saavedra/blog/091215/le-cynisme-dans-tous-ses-etats-0

Le cynisme dans tous ses états

Par Claire Bouthillon, directrice générale d’Alliances Alternatives Sud

Il est insoutenable d'entendre dans son émission de France Info, Mercredi 9 Décembre 2015, Jean-Luc Mélenchon soutenir la « fusion technique » du Parti de Gauche, dont il est le fondateur, aux côtés de Claude Bartolone, tête de liste du Parti Socialiste français à la région Ile de France, au motif que celui-ci a été correct avec le Front De Gauche (FDG). Tout en décrivant par ailleurs le cynisme de François Hollande face au gain du vote utile contre le Front National dans ces élections, lesquelles n’ont pas bougé en gain de voix dans ce premier tour. On connait en revanche Claude Bartolone dans sa gestion féodale implacablement stratégique de noyautage de tous les postes clefs du département de la Seine Saint-Denis dans cette même région.

Je constate deux points fondamentaux au détriment des justifications de Jean-Luc Mélenchon.

La fusion technique est déconnectée dans sa bouche du contexte dictatorial qui contrôle notre opposition. Nous sommes pourtant techniquement dans un état d'exception en voie de prolongation. Toute collusion de près ou de loin dans ce contexte, même au motif d’une fusion purement technique actée par le Parti de Gauche, met la gauche alternative, dont il était le dernier rempart, en collusion toute aussi technique à l’image avec une politique néo libérale collaborative.

Celle-ci a introduit, comme sous Augusto Pinochet au Chili, les mêmes artifices d’infiltration qui ont légitimé le matraquage, les assignations et les arrestations arbitraires, Dimanche 29 Novembre 2015, des manifestants pacifiques de la chaîne humaine contre la conférence climatique. Cela s’est passé sur notre place des libertés, place de la République à Paris. Jean-Luc Mélenchon n’en a pas tenu compte.

Par ailleurs, le Parti de Gauche, dont il est le fondateur, a suspendu des adhérents qui participaient à une liste citoyenne indépendante des élections régionales en Aquitaine. En interne, son appareil en pleine dérive, à la façon du gouvernement Syriza en Grèce, a menacé de toutes les façons les résistances à cette fusion technique. C'est une faute lourde qui engage actuellement de fortes démissions.

D’autre part, on a vu depuis le premier tour de ces élections régionales improbables mais significatives d’un tournant inquiétant pour notre vie démocratique, l'arrogance incroyable du premier ministre Manuel Valls, dans sa façon d’intimer l'ordre à la droite, en pleine assemblée nationale, de faire le rassemblement contre Marine Le Pen, chef de file de l’extrême droite en France.

François Hollande, qui a reçu Marine Le Pen en consultation comme tous les responsables politiques de France, a engagé l’état d'urgence sous les pressions de celle-ci. Si on en doutait, ceci révèle que son gouvernement en est l’allié objectif. Jean-Luc Mélenchon démontre très bien d'ailleurs ce paradoxe, tout en continuant à soutenir ses alliés du FDG, dont parmi eux ou elles, des élus qui ont voté l'état d'urgence. La souveraineté du peuple s’en trouve compromise.

Je constate en « prime time », Mercredi 9 Décembre 2015 sur les chaînes de télévision, que le vote utile de toutes les compromissions est encore très efficace puisque des files interminables citoyennes viennent faire procuration pour voter Dimanche 13 Décembre 2015 contre le Front National. Si j'avais douté que ce vote était mal conseillé par la colère et la frustration, on ouvre là le risque d’une montée parallèle en refus d’une tentative de contrôle des votes, d’un contre-front issu d'abstentionnistes du premier tour à voter pour le Front National.

Jean-Luc Mélenchon​ adhère lui-même à ce vote utile qui a contribué à l’identification du Front National en prônant le vote pour Claude Bartolone. Il acte le fait que François Hollande a vraiment raflé la mise pour tuer toute opposition radicale. La gauche alternative en France est morte. Elle n’est qu’une entente inter partidaire pour une prise de pouvoir, in fine concertée.

Je croyais que cet homme visionnaire dont j’apprécie l’humanisme et que j’aime profondément, adepte comme moi de l’alter mondialisme, grand géo stratège, irait courageusement, comme en 2012, à contre-courant de toute cette politique politicienne des divisions de façade mais des arrangements en coulisse. Il en est finalement un adepte. Je suis convaincue que si Claude Bartolone gagnait, qu’il nous demande d’aider, il n’y aurait aucune différence dans le traitement des associations qui est son alibi d’orientation des votes, contradictoire avec son souci exposé dans cette émission de laisser les électeurs en décider. Valérie Pécresse ne peut faire pire que Claude Bartolone contre les associations. Ma boîte aux lettres déborde déjà de demandes de dons désespérées.

Au mieux, comme avec Emmaüs cet été, à l'occasion de l'affaire des réfugiés de Paris, ces associations se maintiendront avec lui en organes sous-traitants de la gestion de la misère humaine.

J’acte aujourd’hui en outre que, dans la configuration d’alliances aux intérêts contraires dans le cartel du FDG français, Jean-Luc Mélenchon défend la position collaborationniste au pouvoir de Pierre Laurent, tête de liste du premier tour des élections régionales en Ile de France et secrétaire réformiste du Parti Communiste Français (PCF), satellite du Parti Socialiste français. Le Parti de Gauche est aussi aujourd’hui devenu un parti réformiste.

En tant qu’adepte de la révolution citoyenne, au sens de chercher les solutions à la racine des problèmes, de cause à effet, en tant que responsable coordinatrice d’un mouvement citoyen international, ainsi que co-présidente de la fondation internationale de coopération internationale en construction, le front des peuples non alignés, je décide, après consultation avec mon alter-ego Guillermo Saavedra, de dégager notre organisation internationale d’un conflit d’intérêt avec notre charte en soutien bolivarien mondial.

Je démissionne donc immédiatement du Parti de Gauche mais resterai en soutien actif, par tous moyens, des mouvements citoyens d’opposition de la gauche alternative en France, conjointement avec notre engagement bolivarien.

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8 décembre 2015 2 08 /12 /décembre /2015 21:13

http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/12/07/que-la-gauche-cesse-de-gouverner-par-la-peur_4826486_3232.html#

La dérive sécuritaire a toujours été mortelle pour la gauche

Par Noël Mamère

Lundi 7 Décembre 2015

Ils ont gagné. La réponse ultra-sécuritaire que le président de la république, François Hollande, et le gouvernement socialiste sont en train de donner aux attentats du Vendredi 13 Novembre 2015 en région parisienne n’est, en effet, rien d’autre qu’une capitulation devant l’infâme et un renoncement aux valeurs de notre pacte démocratique. Au nom de la « guerre contre le terrorisme », ils construisent, jour après jour, les fondements d’un régime policier, sous les applaudissements d’une grande majorité de français, qui se réveilleront demain avec la gueule de bois, quand ils prendront enfin la mesure des atteintes à leurs libertés collectives et individuelles.

Contaminée par les trois maladies du siècle, la tyrannie de l’émotion, la dictature de l’instant et la simplification, la gauche de gouvernement perd son âme. A force de reprendre, mot pour mot, les formules de la droite la plus sécuritaire, elle a fini par banaliser ses idées. Alain de Benoist et ses amis du Groupement de Recherche et d'Etudes pour la Civilisation Européenne (GRECE) peuvent se frotter les mains, leur pari gramscien de l’hégémonie culturelle est en passe de réussir. L’impensé politique de la gauche n’aura pas été pour rien dans cette effarante victoire.

La famille Le Pen était sans doute à cent lieues d’imaginer que ce cadeau viendrait de la gauche devenue une machine à recycler quelques-unes de ces idées les plus folles, comme la déchéance de nationalité pour des doubles nationaux nés français, première brèche ouverte dans le sacro-saint droit du sol. Pour ceux qui, minoritaires sans doute en ces temps de présentisme perpétuel dont la principale fonction est d’effacer la mémoire, se référeront à l’histoire, ils découvriront que cette abominable disposition remonte à Vichy, quand ce régime, sous-traitant des nazis, pourchassait les juifs et les résistants de la Main d'Oeuvre Immigrée (MOI). Que le président de la république veuille inscrire cette infamie dans notre constitution, pour des raisons bassement politiciennes, est une insulte à leur mémoire.

Il y a juste soixante ans, la quatrième république avait entamé son agonie par le vote de la loi de 1955 sur l’état d’urgence suivie, un an plus tard, des pouvoirs spéciaux au gouvernement de Guy Mollet. On sait ce qu’il est advenu, la guerre d’Algérie, avec ses morts pour rien et la banalisation de la torture, qui s’est terminée, en mai 1958, par la prise de pouvoir du général Charles de Gaulle à la faveur d’un putsch qui ne dit pas son nom, puis par le massacre des algériens, le 17 octobre 1961, et la tuerie de Charonne en février 1962, sous les ordres du sinistre préfet Maurice Papon. Certes, comparaison n’est pas raison et certains crieront à la caricature. Pourtant, en installant l’état d’urgence permanent, François Hollande retrouve les accents de Guy Mollet qui, lui aussi, avait cru engranger une popularité fugace en enfourchant les positions de la droite et de l’extrême droite, déjà représentée par un député poujadiste du nom de Jean-Marie Le Pen.

La gauche le paiera cher

L’état d’urgence a été instauré et prolongé, nous dit-on, pour donner à la police une efficacité qu’elle n’aurait pas en temps normal. Mais en quoi les interdictions de manifestations, en raison « de troubles à l’ordre public », comme celles des écologistes, ou en faveur des migrants, servent-elles à la lutte contre le terrorisme ? Comment peut-on affirmer respecter l'état de droit quand tout individu peut être suspecté en fonction de son « comportement », être assigné à résidence ou empêché de se déplacer librement en fonction de « menaces fondées sur des présomptions sérieuses » ? Comment ne pas s’inquiéter de perquisitions administratives, qui relèvent de la décision des préfets, en dehors de tout cadre judiciaire ? Sans oublier la mise sous contrôle d'internet, la conservation de données informatiques ou des fadettes de téléphone. Trop, c’est trop.

La dérive sécuritaire a toujours été mortelle pour la gauche et celle-ci le paiera cher. Les démiurges cyniques qui gèrent la communication de l’Elysée et de Matignon s’imaginent sans doute qu’ils peuvent à eux seuls remplacer la société et décréter quelles sont les bonnes et les mauvaises manières de se mobiliser contre le terrorisme. Ils pensent que la démagogie sécuritaire, inefficace mais spectaculaire, va leur permettre de déstabiliser leurs adversaires politiques de droite et de gauche, tout en rassurant les citoyens. Ils ont peut-être raison, à très court terme, mais dans quelque temps, au prochain attentat ou à la prochaine catastrophe, ceux qui les applaudissent aujourd’hui se retourneront contre eux.

En ayant fait le choix de gouverner par la peur, François Hollande et Manuel Valls, l’homme qui n’a pas hésité à parler de « menace chimique » quelques jours après les attentats, sont en train de donner les derniers coups de marteau sur le cercueil de la gauche.

Cette tentation libérale autoritaire n’est pas née en janvier 2015 ou le Vendredi 13 Novembre 2015. Elle est, en fait, le révélateur d’une faillite politique qui a conduit la gauche de gouvernement dans cette tragique impasse. Les premiers signes forts sont apparus avec la mort de Rémi Fraisse, que le pouvoir a d’abord présenté comme un dangereux zadiste, alors que ce jeune militant écologiste et pacifiste était bel et bien la victime des décisions d’une chaîne de commandement.

Décisions irresponsables

La commission parlementaire sur « le maintien de l’ordre dans le respect de la liberté d’expression et du droit de manifester », que j’ai présidée à la suite de cette tragédie, a été détournée. Au lieu de se demander comment adapter le maintien de l’ordre au respect du droit de manifester, elle a prôné une série de mesures visant à criminaliser les manifestants, à restreindre le droit de manifestation et à mettre en cause les libertés fondamentales. La belle unanimité des commissaires de droite et de gauche, moins la députée du Parti Communiste Français (PCF) Marie-George Buffet et moi-même, laissait présager le pire. Il est arrivé.

C’est sur ce terreau que Marine Le Pen et ses amis du Front National pourront accéder demain à la présidence d’une ou de plusieurs régions et peuvent penser sérieusement aux plus hautes fonctions de l'état. Imaginez, alors, ce qu’un état d’urgence constitutionnalisé pourrait devenir entre les mains d’un gouvernement dirigé par le Front National. Nous n’aurions alors que nos yeux pour pleurer.

Ceux qui prennent des décisions irresponsables aujourd’hui auront des comptes à rendre demain. Non seulement ils vont perdre le pouvoir, mais ils font disparaître pour longtemps les principes fondateurs et l’imaginaire de la gauche, Georges Clemenceau remplacera Jean Jaurès, l’état de guerre deviendra l’ordinaire et l’ordre policier se substituera à l’égalité et à la liberté. L'état socialiste n’aura pas terrorisé les terroristes mais la société au prétexte de la sauver. Qu’il ne compte pas sur moi et quelques autres pour l’accompagner dans cette descente aux enfers.

La cinquième république est née de l’excès de l’état d’urgence. Elle peut aussi en mourir. Jamais le combat pour une sixième république, fondée sur la citoyenneté sociale et la démocratie, n’a été aussi impérieux. Décrétons l’état d’urgence démocratique.

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8 décembre 2015 2 08 /12 /décembre /2015 18:55

Couac à gauche dans la région Grand Est, la ligne de Nicolas Sarkozy contestée (Reuters)

La liste socialiste dans le Grand Est de la France a désobéi Mardi 8 Décembre 2015 aux instances nationales du parti en refusant de se retirer dans une troisième région pour faire barrage au Front National au second tour des élections régionales du Dimanche 13 Décembre 2015.

La majorité des membres de la liste du Parti Socialiste en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine (ACAL) ont refusé de subir le même sort que leurs homologues en Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) et dans le Nord-Pas-De-Calais-Picardie (NPDCP), qui disparaîtront de la scène politique régionale pendant les six prochaines années.

Les règles permettent de confirmer la liste puisque seuls soixante et onze colistiers sur cent quatre vingt neuf se sont désistés auprès de la préfecture jusqu'à 18 heures, il fallait quatre vingt quinze désistements pour que l'invalidation devienne automatique.

Les pressions du premier ministre Manuel Valls et du premier secrétaire du Parti Socialiste Jean-Christophe Cambadélis n'ont donc pas payé, pas plus que les appels des colistiers de Jean-Pierre Masseret.

« Je demande que Jean-Pierre Masseret, en son âme et conscience, entende l'appel des militants socialistes et retire sa liste », a dit à la presse Pernelle Richardot, tête de liste départementale dans le Bas-Rhin.

La liste est arrivée en troisième position du premier tour des élections régionales, Dimanche 6 Décembre 2015, avec 16,11% des suffrages, loin derrière celle des Républicains, avec 25,83% des voix, et celle du Front National, avec 36,06% des voix.

Avant de connaître le résultat de ses appels dans le Grand Est, Manuel Valls avait de nouveau attaqué Nicolas Sarkozy.

Il a accusé l'ancien chef de l’état de « courir derrière l'extrême droite » après le refus des Républicains de créer un front pour le second tour des élections régionales.

« Quand on a été président de la république, quand on est chef d'un parti, on prend ses responsabilités », a-t-il souligné. « On fait des choix, on ne court pas derrière l'extrême droite et le Front National, on est au clair et on ne met pas au même niveau la gauche et l'extrême droite », a-t-il déclaré.

« Sang froid », dit Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy n'est pas seulement la cible des socialistes et a dû s'employer Mardi 8 Décembre 2015 à calmer ses troupes inquiètes.

Il a exhorté le groupe des Républicains à l’assemblée nationale au « sang froid » et à l'unité afin de gommer la « déception » du premier tour des élections régionales, Dimanche 13 Décembre 2015, tout en concédant qu'un débat sur la ligne des Républicains, réclamé par ses rivaux, s'imposerait après le scrutin.

Si les listes de droite sont arrivées Dimanche 6 Décembre 2015 en tête dans quatre régions, Normandie, Pays de la Loire, Ile de France et Auvergne-Rhône-Alpes, elles n'ont pour l'heure que la certitude d'une victoire dans les Pays de la Loire.

En face, le Front National est en mesure de remporter au moins deux régions, celles où le Parti Socialiste s'est désisté, et la gauche pourrait, dans une hypothèse favorable, s'imposer dans une demi-douzaine de régions, voire plus.

En Bretagne, Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin et Corse, elle est en tête. Un bon report de voix au second tour pourrait la faire gagner en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté et Ile-de-France.

Quant aux régions Auvergne-Rhône-Alpes, Normandie et Pays-de-la-Loire, elles pourraient basculer à droite comme à gauche mais le total des voix de gauche est potentiellement supérieur.

La gauche s'est par ailleurs mise en ordre de bataille pour le second tour en concluant des accords d'union partout où c'était possible, sauf en Bretagne, où les listes emmenées par le ministre de la défense, Jean Yves Le Drian, et celle d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) n'ont pas réussi à trouver un compromis.

La secrétaire nationale d'EELV, Emmanuelle Cosse, a réagi sur twitter en estimant que Jean-Yves Le Drian ne voulait pas d'accord et dénoncé « une attitude lamentable ».

Le ministre de la défense est quasiment assuré de l'emporter au deuxième tour en Bretagne après avoir largement devancé le candidat de la droite et du centre Marc Le Fur, qui a obtenu 23,46% des voix, et le candidat du Front National Gilles Pennelle, qui a obtenu 18,2% des voix.

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7 décembre 2015 1 07 /12 /décembre /2015 20:18

DE GUY MOLLET A FRANCOIS HOLLANDE

Siné Mensuel publiait au mois d’octobre 2015 une interview de Philippe Corcuff dont le titre était « la gauche radicale en pleine confusion ».

Après les résultats du premier tour des élections régionales, Philippe Corcuff écrivait un post scriptum à cette interview.

Vous trouverez ci-dessous le post scriptum de Philippe Corcuff et son interview du mois d’octobre 2015 est disponible en intégralité si vous consultez son blog Mediapart à l’adresse ci-dessous.

Bernard Fischer

https://blogs.mediapart.fr/philippe-corcuff/blog/071215/extreme-droitisation-et-crises-des-gauches

Extrême droitisation et crises des gauches

Par Philippe Corcuff

Le premier tour des élections régionales du Dimanche 6 Décembre 2015 a vu une nouvelle avancée du Front National. Ce qui était analysé en octobre 2015 dans un entretien à Siné Mensuel s’est prolongé avec des aggravations dans le contexte d’après les attentats du Vendredi 13 Novembre 2015. Á cette occasion, l’aimantation par des thèmes portés au départ par l’extrême droite a encore plus nettement affecté la gauche sociale-libérale au gouvernement, recul des libertés individuelles et collectives avec l’état d’urgence, en voie de constitutionnalisation, et augmentation des possibilités de déchéance de nationalité, affaiblissant les logiques les plus républicaines en matière de nationalité française. Au-delà, la concurrence autour d’un sécuritaire ethnicisé fait de plus en plus rage entre extrême droite, droite sarkozyste et gauche hollando vallsienne. Le Parti Socialiste n’avait pas atteint un tel niveau de décomposition morale, de dérive politique et de léthargie intellectuelle depuis l’époque où Guy Mollet présidait le conseil au cours de la guerre coloniale en Algérie. La gauche radicale de 2015, presque paralysée et en voie d’auto-marginalisation, apparaît de moins en moins comme une alternative possible, écartelée entre ceux qui n’ont pas combattu l’état d’urgence à l’assemblée nationale et au sénat, en votant pour ou en s’abstenant dans le cas de tous les élus du Front De Gauche (FDG) et ceux dont les langues de bois gauchistes ripent de plus en plus sur les secteurs de la population auxquels elles s’adressent, en particulier ceux qui mettent en avant des valeurs multiculturelles et qui se sont particulièrement exprimés dans le mouvement « je suis Charlie » et dans ce qui a été appelé « la génération Bataclan ». Dans ce contexte d’après les attentats, la suspicion vis-à-vis de ceux qui sont identifiés comme « musulmans » s’est accrue, autorisant davantage d’agressions islamophobes isolées comme plus largement des votes aux justifications xénophobes. Par contre, la logique ultra-sécuritaire privilégiée par les sommets de l’état a rendu difficile le nécessaire développement d’une auto-organisation démocratique contre les menaces réelles venant de fondamentalismes islamistes. Dans une conjoncture si périlleuse, des mobilisations et des expérimentations citoyennes, sociales, multiculturelles, antiracistes, libertaires, internationalistes, pragmatiques et convergentes sont plus que jamais à l’ordre du jour.

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7 décembre 2015 1 07 /12 /décembre /2015 19:48

La Turquie justifie l’envoi de troupes dans le nord de l’Irak (Reuters)

Ankara a justifié Lundi 7 Décembre 2015 l'envoi de troupes turques près de Mossoul, dans le nord de l’Irak, par la nécessité de protéger ses soldats présents pour y entraîner l'armée irakienne après que Bagdad eut exigé leur départ.

Plusieurs centaines de soldats turcs ont été envoyés Jeudi 3 Décembre 2015 dans un camp de la région de Bachika, au nord-est de Mossoul, dans le cadre d'une rotation de routine, assure le gouvernement turc. Ce déploiement est, selon Ankara, justifié par la nécessité de protéger les instructeurs turcs.

Mais l'Irak a dénoncé une violation de sa souveraineté et le premier ministre Haïdar al Abadi a déclaré qu'il saisirait le conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) si les troupes turques n'étaient pas retirées dans les quarante huit heures.

Le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a toutefois assuré qu'Haïdar al Abadi avait demandé à plusieurs reprises à Ankara d'amplifier son soutien et, selon lui, plusieurs pays ont incité Bagdad à réagir aussi vigoureusement, sans donner davantage de précisions.

« Nous devons offrir une sécurité à nos soldats qui dispensent des formations là-bas », a dit Mevlut Cavusoglu, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision turque Kanal Vingt Quatre.

« Leur rôle est clair. Des entraînements sont dispensés et des équipements sont fournis. Notre présence là-bas n'est un secret pour personne », a-t-il encore déclaré, prévenant au passage, qu'à son avis, les frappes aériennes ne suffiront pas pour déloger les combattants de l'Etat Islamique des positions qu'ils occupent en Syrie.

Un responsable turc a expliqué qu'Ankara avait été surpris par la réaction de Bagdad. « Rien dans ce qui a eu lieu ne s'est produit sans que le gouvernement central en ait été informé », a-t-il dit.

« Les militaires présents pour des entraînements resteront. Pas parce que nous y tenons particulièrement mais parce que cela correspond à une demande du gouvernement irakien. Les discussions avec le gouvernement central se poursuivent ».

Le nombre de soldats turcs présents en Irak est bien inférieur à un millier, a-t-il précisé.

Brett Mac Gurk, représentant de la Maison Blanche au sein de la coalition montée contre l'Etat Islamique, a déclaré sur twitter que Washington n'approuvait pas les missions menées sur le territoire irakien qui n'auraient pas au préalable recueilli l'assentiment de Bagdad, ce qui est selon lui valable aussi pour les missions menées par l'armée américaine.

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