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13 mars 2022 7 13 /03 /mars /2022 16:26

 

 

https://www.courrierinternational.com/article/guerre-en-ukraine-le-journaliste-americain-brent-renaud-tue-dans-les-environs-de-kiev

 

Le journaliste américain Brent Renaud tué dans les environs de Kiev

Travaillant pour différents médias américains, Brent Renaud est mort Dimanche 13 Mars 2022 à Irpin, dans la banlieue de Kiev. Sa voiture aurait essuyé des tirs russes.

C’est le ministère ukrainien qui a annoncé sa mort, écrit le New York Times (NYT), le journaliste et documentariste américain Brent Renaud a été tué Dimanche 13 Mars 2022 alors qu’il était en reportage dans la banlieue de Kiev. « Les autorités ukrainiennes précisent qu’il a été tué à Irpin, une banlieue qui est bombardée sans relâche par les forces russes depuis plusieurs jours », rapporte le journal américain dans son live.

Brent Renaud aurait trouvé la mort après que des soldats russes aient tiré contre sa voiture, précise le Times, en citant Andriy Nebytov, le chef de la police de l’oblast de Kiev. Deux autres journalistes auraient été blessés et conduits à l’hôpital, ajoute le quotidien britannique.

Âgé de cinquante ans, il a collaboré avec de nombreux médias, dont les chaînes de télévision Home Box-Office (HBO) et National Broadcasting Company (NBC) et leNew York Times. En Ukraine cependant il n’était pas envoyé par le quotidien new-yorkais, même s’il a été retrouvé avec un badge du journal.

Il travaillait souvent avec son frère, Craig Renaud, sur des projets de films ou de reportages de télévision dans des zones de conflit et des points chauds à travers le monde. Ainsi, précise le New York Times en se référant à leur site web, « au cours de la décennie écoulée, les deux frères ont couvert la guerre en Irak et en Afghanistan, le tremblement de terre à Haïti, les violences des cartels au Mexique et les jeunes réfugiés en Amérique Centrale ».

Partageant l’annonce de la mort du journaliste, le parlement ukrainien a appelé le monde entier sur Twitter à une condamnation du président Vladimir Poutine, écrit le Times, « ne restez pas silencieux ». Mary Ellen Klas, journaliste du Miami Herald et amie de Brent Renaud, lui a rendu hommage, elle aussi sur Twitter, « il était courageux et remarquable. C’est une perte immense pour la liberté ».

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13 mars 2022 7 13 /03 /mars /2022 16:06

 

 

https://crid.asso.fr/russie-hors-dukraine-solidarite-partout-rassemblements-en-france-le-17-mars/

 

Russie hors d’Ukraine, solidarité partout, rassemblements dans toute la France, Jeudi 17 Mars 2022

Alors que l’inacceptable invasion russe se poursuit en Ukraine, réunissons-nous Jeudi 17 Mars 2022 sur toutes les places de France pour montrer notre solidarité envers la population ukrainienne, les russes et les biélorusses engagés contre la guerre, et tous les exilés.

Les associations signataires appellent à venir manifester Jeudi 17 Mars 2022, dans toutes les villes de France, pour exprimer notre solidarité avec la population d’Ukraine victime du crime d’agression commis par le gouvernement russe contre leur pays.

Ces rassemblements sont organisés à l’appel d’un large collectif inter-associatif, avec le soutien de syndicats et de membres des différentes diasporas, afin de porter collectivement les revendications suivantes.

Les associations organisatrices invitent tous les responsables politiques européens à mobiliser toute leur énergie pour obtenir un cessez-le-feu et le retrait des troupes russes d’Ukraine.

Elles appellent à la mobilisation pour obtenir la fin immédiate des attaques ciblées et indiscriminées contre les civils et contre les infrastructures civiles en Ukraine.

Elles appellent à fournir aux victimes de la guerre toute l’assistance humanitaire possible et à assurer un passage sûr pour les civils pris dans le conflit.

Elles appellent à accueillir dans les différents pays toutes les personnes fuyant l’Ukraine à la recherche d’un refuge.

Elles appellent à s’assurer qu’aucune personne, quelle que soit sa nationalité, ne soit bloquée aux frontières ukrainiennes ou européennes, aux frontières externes ou internes de l’Union Européenne, et que toutes puissent trouver une protection dans des conditions dignes et respectueuses de leurs droits, dans l’Union Européenne.

Elles appellent à mobiliser des moyens pour que les activistes ukrainiens pour la démocratie et les droits humains soient protégés, accueillis et soutenus.

Elles appellent à assurer par tous les moyens possibles un soutien et une protection aux acteurs des sociétés civiles russes et biélorusses qui sont opposés à la guerre.

Elles appellent à préserver les canaux d’information permettant aux populations ukrainiennes, russes et biélorusses, de recevoir des informations fiables.

Elles appellent à lutter contre l’impunité des responsables des crimes d’agression et des crimes de guerre.

A l’heure où une guerre aux graves conséquences sévit en Europe, il est impératif que vive la solidarité internationale pour la défense des libertés de tous.

Jeudi 17 Mars 2022, soyons nombreux à manifester pour exprimer notre solidarité et notre soutien aux citoyens et aux organisations ukrainiennes, russes et biélorusses, engagées pour les droits humains et contre la guerre, et à toutes les victimes de cette guerre.

Premières organisations signataires

Amnesty International France (AIF), Assemblée Européenne des Citoyens (AEC), Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF), Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l'Action Citoyenne (ATTAC), Fédération Internationale des Droits Humains (FIDH), Fondation Copernic, Fédération Syndicale Unitaire (FSU), Syndicat des Avocats de France (SAF), Union Syndicale Solidaire (USS)

Premières personnalités signataires

William Bourdon, Vincent Brengarth, Karine Clément, Yves Cohen, Emmanuel Daoud, Laurence de Cock, Didier Epsztajn, Anne Le Huérou, Patrick Silberstein,

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13 mars 2022 7 13 /03 /mars /2022 15:37

 

 

https://www.lemonde.fr/international/article/2022/03/11/guerre-en-ukraine-oleg-sentsov-un-artiste-au-front-pour-la-defense-de-kiev_6117027_3210.html

 

Guerre en Ukraine, Oleg Sentsov, un artiste au front pour la défense de Kiev

Icône de la révolution de Maïdan, ancien prisonnier politique en Russie, prix Andreï Sakharov en 2018, le cinéaste, engagé dans l’armée ukrainienne, raconte au Monde la vie qui bascule en un instant et sa lutte contre Vladimir Poutine et pour la survie de son pays.

Par Rémy Ourdan

Vendredi 11 Mars 2022

C’est un checkpoint sur un rond-point comme tant d’autres. Un checkpoint ordinaire, sur le périphérique de Kiev, avec des chevaux de frise, des blocs de béton et des sacs de sable, et une casemate pour se reposer et pour boire un thé. Des combattants contrôlent les voitures qui passent sur cet axe que l’armée russe pourrait emprunter lors de son offensive contre la capitale ukrainienne.

A côté du checkpoint, l’armée a installé un camp militaire improvisé dans une maison et un magasin de meubles. Lorsqu’ils ne sont pas de garde, c’est là que les combattants viennent grappiller quelques heures de mauvais sommeil. La base accueille une unité de la défense territoriale, cette troupe de centaines de milliers de volontaires, encadrés par des officiers à la retraite et des vétérans, qui ont rejoint l’armée ukrainienne dans la défense du pays.

Oleg Sentsov avait disparu depuis la déclaration de guerre de Moscou à l’Ukraine. Le cinéaste ukrainien, l’un des anciens prisonniers politiques les plus célèbres de la Russie de Vladimir Poutine, artiste mondialement reconnu et icône de la révolution démocratique ukrainienne, s’est engagé sur le front, comme tant de ses concitoyens, et il s’est coupé du monde extérieur.

C’est sur le checkpoint du rond-point, ainsi qu’il demande de le nommer, sans plus de précisions afin de ne pas être localisé par l’armée russe, que la défense territoriale a posté Oleg Sentsov. L’artiste, sans expérience militaire antérieure, est commandant adjoint de l’unité du colonel Arkadich, un officier de l’armée à la retraite. Après une semaine à tenir le checkpoint, en seconde ligne, le cinéaste a intégré un groupe mobile de la défense territoriale qui parcourt, dans les faubourgs de Kiev, la première ligne de front.

La vie d’Oleg Sentsov, qui travaillait sur son prochain film et à l’écriture de divers scénarios, a basculé, comme celle de tous les ukrainiens, Jeudi 24 Février 2022 à 5 heures du matin. « Ils ont tiré les premiers missiles contre Kiev. J’ai été réveillé par un ami garde-frontière qui m’a annoncé que les tanks russes étaient entrés en Ukraine », raconte le cinéaste lors d’une rencontre avec le Monde au checkpoint du rond-point, « j’ai fait les valises et, quinze minutes plus tard, j’ai pris la route pour emmener ma mère et mes deux enfants à Lviv, la ville refuge dans l’ouest de l’Ukraine. Puis je suis revenu à Kiev Jeudi 24 Février 2022 et je me suis engagé dans la défense territoriale, pour combattre Vladimir Poutine et pour défendre mon pays ».

Oleg Sentsov est une icône du mouvement démocratique en Ukraine. En 2014, après avoir participé à la révolution de la dignité sur la place Maïdan à Kiev, il est retourné dans sa Crimée natale envahie par l’armée russe et les séparatistes prorusses. Il aidait alors les soldats ukrainiens en leur livrant des provisions dans les bases militaires. Il est arrêté avec d’autres opposants politiques par le FSB, les services du renseignement russe, et il est accusé de terrorisme. Condamné en 2015 à vingt ans de prison au terme d’un procès qualifié de stalinien par Amnesty International, il est envoyé dans une colonie pénitentiaire en Sibérie.

Il devient célèbre dans le monde entier. Le milieu international du cinéma se mobilise suivi par les organisations de défense des droits humains, puis par les gouvernements européens et par le gouvernement américain. En 2018, l’assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU) adopte une résolution réclamant sa libération et il reçoit le prix Andreï Sakharov, décerné par le parlement européen à une personne ayant consacré sa vie à la défense des libertés, le dernier prix en 2021 a été décerné à un autre prisonnier politique de Vladimir Poutine, l’opposant russe Alexeï Navalny. Oleg Sentsov est finalement libéré en 2019 au cours d’un échange de prisonniers politiques entre la Russie et l’Ukraine.

Lorsqu’il s’est rendu à Strasbourg, après sa libération, pour finalement recevoir le prix Andreï Sakharov, Oleg Sentsov a appelé, dans son discours, à la méfiance contre le pouvoir russe. Il raconte aussi en souriant avoir aussi eu un aparté avec le président français, Emmanuel Macron. Oleg Sentsov a demandé à Emmanuel Macron s’il croyait Vladimir Poutine. Emmanuel Macron lui a répondu que « Vladimir Poutine ne m’a jamais trompé ». Oleg Sentsov a répondu à Emmanuel Macron que « vous verrez, Vladimir Poutine le fera à l’avenir ». Le visage grave, Oleg Sentsov estime que « c’est clair, le monde entier peut voir comment Vladimir Poutine mène cette guerre contre l’Ukraine et contre les civils ».  

L’artiste avoue ne pas avoir cru à cette guerre dans les derniers mois, « j’ai commencé à comprendre seulement deux semaines avant le début de la guerre qu’elle arrivait, car il y avait trop de signes annonciateurs, et puis, soudainement, le dernier jour, je n’y croyais plus de nouveau, car cela semblait tellement fou, jusqu’à ce que je me réveille sous les tirs des roquettes ».

Oleg Sentsov est resté discret pendant que la crise couvait. Il a juste mis en garde, dans un entretien publié le 26 janvier 2022 par l’agence Reuters, contre la stratégie du chaos et de la déstabilisation du président russe, « Vladimir Poutine veut faire de l’Ukraine un état déchu et, si l’Ukraine tombe, alors il avancera davantage vers l’ouest. La Crimée, le Donbass, l’Ukraine, la Pologne, les pays baltes, la Moldavie, la Géorgie et le Kazakhstan, sont, dans son esprit, une seule et même guerre ».      

L’artiste s’est ensuite joint à un appel aux dirigeants du monde de la communauté culturelle et scientifique d’Ukraine en faveur de la paix, publié le 14 février 2022, alors que la Russie avait déjà ses troupes aux frontières du pays. Les pressions internationales n’ont eu aucun effet sur Moscou et l’invasion a commencé.

Oleg Sentsov, qui a présenté son dernier film, Rhino, en avant-première ukrainienne sept jours avant la guerre, a rangé ses deux scénarios en cours, un scénario en ukrainien pour une comédie dramatique coproduite avec l’Allemagne et la Pologne et un autre scénario en anglais coproduit avec Hollywood. « Ces projets appartiennent au passé. En deux semaines, nos vies ont changé, tout a changé », constate l’artiste, qui vit désormais en treillis dans la maison à côté du checkpoint du rond-point et qui ne retourne que rarement chez lui pour prendre une douche chaude.

Sa seule intervention publique depuis que la guerre a éclaté, fut un court texte dicté par téléphone à son assistante et publié Jeudi 3 Mars 2022 par le site hollywoodien Deadline. Il y raconte la vie qui bascule en un instant et il annonce qu’il a rejoint la défense territoriale de Kiev. Il y dénonce les bombes russes qui s’abattent contre les enfants ukrainiens et il appelle au soutien des intellectuels et des artistes russes qui s’opposent au régime sanguinaire de Vladimir Poutine.

Si Oleg Sentsov affirme qu’il ne comprend toujours pas les raisons pour lesquelles Vladimir Poutine ruine ainsi l’Ukraine et aussi la Russie, il se prépare, comme tous ses camarades, à une guerre longue, « c’est une guerre pour notre survie. Soit l’Ukraine survit et gagne la guerre, soit le système de Vladimir Poutine survit. Il n’y a pas d’autre choix. La seule question est désormais d’être ou de ne pas être. Vladimir Poutine veut nous tuer et anéantir notre pays ».

Le cinéaste ne croît plus en une négociation de dernière minute et il se prépare, comme tous les habitants de Kiev engagés dans la défense de la ville, à un assaut de l’armée russe, « même si notre président Volodimir Zelensky concluait un accord avec Vladimir Poutine, le peuple ukrainien ne l’accepterait pas. Le seul accord désormais possible serait le suivant, premièrement la libération des territoires de notre pays, deuxièmement que Vladimir Poutine et sa clique soient jugés pour crimes contre l’humanité et troisièmement que la Russie paie la reconstruction de l’Ukraine. Je suis confiant dans la victoire de l’Ukraine, avec le soutien international. Vladimir Poutine est devenu un problème pour le monde entier. Il menace d’utiliser l’arme nucléaire, il est un danger. Afin de bâtir un empire russe, le maître du Kremlin veut détruire l’Ukraine indépendante. C’est une guerre contre la culture ukrainienne, contre la mentalité ukrainienne et contre la liberté. Si l’Ukraine, comme pays libre et indépendant, gagnait la guerre, les russes demanderaient à Vladimir Poutine les raisons pour lesquelles ils vivent si mal en Russie, un pays bâti sur des mensonges. Vladimir Poutine veut détruire la nouvelle Ukraine, celle qui a commencé sur la place Maïdan en 2014. L’Ukraine a beaucoup changé en huit ans, en dépit du conflit avec la Russie dans ses régions orientales. Avec cette guerre, l’Ukraine est forte et unie comme jamais. Même les russophones, qui auparavant étaient neutres et qui avaient une opinion positive de la Russie, brandissent maintenant des drapeaux ukrainiens. Tout le monde a compris que l’avenir du pays, c’est l’indépendance et l’Europe ».

Oleg Sentsov fait visiter la chambre qu’il partage avec quatre autres soldats. Son matelas est posé sur le sol, dans un coin de la chambre. A côté, il y a son arme et un casque militaire où est inscrit son groupe sanguin, puis il rejoint des camarades qui viennent d’arriver devant la maison du checkpoint du rond-point. Il vérifie une lunette de fusil. Le colonel Arkadich confie discrètement que l’artiste est un excellent commandant adjoint, malgré sa très récente intégration dans l’armée. « Il n’y a d’ailleurs plus de civils en Ukraine », dit l’officier, « il n’y a que des combattants ».

Le cinéaste regarde autour de lui, « il y a deux semaines, je me promenais, pas très loin d’ici, avec ma mère et mes enfants, tranquillement ». Ce constat teinté de nostalgie ne l’empêche pas d’avoir le moral au beau fixe, « toute ma vie, j’ai regardé des films hollywoodiens avec des super agents qui combattent le mal. Vladimir Poutine est le mal et l’Ukraine n’a pas de super agents, mais elle nous a, nous, le peuple ukrainien et nous allons combattre rue par rue dans tout le pays jusqu’à la libération ».

Le soleil orangé se couche à l’horizon. Le checkpoint du rond-point se prépare à une nouvelle nuit en état d’alerte. L’armée russe n’est pas loin, à l’entrée de Kiev. Oleg Sentsov s’engouffre dans une jeep avec deux autres combattants. Ils partent en mission sur la première ligne de front.

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13 mars 2022 7 13 /03 /mars /2022 14:09

 

 

https://agencemediapalestine.fr/blog/2022/03/09/salah-hamouri-nous-sommes-des-palestiniens-et-nous-refusons-de-quitter-notre-terre-natale/

https://jacobinmag.com/2022/03/salah-hamouri-palestinian-liberation-israeli-occupation/

 

Nous sommes palestiniens et nous refusons de quitter notre terre natale

Par Salah Hamouri

Mercredi 9 Mars 2022

Salah Hamouri est un avocat qui a passé en tout plus de dix ans comme prisonnier politique dans les prisons israéliennes. Il écrit pour Jacobin sur la façon dont Israël essaie de rendre la vie en Palestine invivable et sur les raisons pour lesquelles les palestiniens refusent de céder.

Salah Hamouri est un avocat, chercheur et ancien prisonnier politique franco-palestinien vivant à al-Quds. Ses arrestations répétées par Israël ont fait l’objet d’une considérable polémique en France pays natal de sa mère, avec d’énormes campagnes de mobilisation de la société civile pour sa libération. Dans cet article, il donne un récit de première main de son combat, la bataille pour Jérusalem et, plus largement, le combat pour la justice pour les palestiniens.

En 2011, j’ai été libéré d’une prison israélienne dans le cadre d’un échange de prisonniers qui a vu la libération de plus de mille vingt sept palestiniens du régime colonial israélien d’emprisonnement. Ayant été emprisonné pendant neuf ans depuis l’âge de dix-neuf ans, j’étais maintenant ravi de reprendre le cours de ma vie, étudier, avoir une famille et rattraper les années que les autorités d’occupation m’avaient volées. Je ne me doutais guère que ma libération n’était que le début d’une épreuve dans laquelle j’allais devenir un terrain d’expérience pour les attaques grandissantes et incessantes d’Israël contre les palestiniens.

Après ma libération, je suis allé en France, pays natal de ma mère, pour rencontrer ceux qui avaient sans relâche fait campagne pour ma libération. En France, ma détention était devenue une sorte de cause célèbre à gauche et j’ai rencontré quantité de personnalités publiques et de politiques qui s’étaient exprimés en mon nom. C’est là aussi que j’ai rencontré Elsa Lefort, la femme que j’allais épouser et qui allait devenir la mère de mes deux enfants. A mon retour en Palestine, j’ai changé l’orientation de mes études de la sociologie vers le droit, espérant devenir un avocat et défendre ceux qui, comme moi, étaient retenus en prison par l’occupation israélienne. J’ai commencé à voir comment, malgré le poids écrasant du régime colonial brutal d’Israël, je pouvais me forger une vie dans ma ville natale d’al-Quds.

Mais Israël avait d’autres projets. En 2015, le commandant militaire de Cisjordanie, Nitzan Alon, formé par l’armée française, m’a interdit l’entrée en Cisjordanie depuis Jérusalem, décision qui m’a empêché de passer mes examens de droit. L’année suivante, ma femme enceinte a été arrêtée à l’aéroport, en route pour notre maison familiale à Jérusalem, elle a été interrogée par la police israélienne et elle a été déportée en France. En 2017, j’ai été à nouveau arrêté et détenu treize mois sans procès. En 2020, j’ai à nouveau été incarcéré pour neuf semaines avant d’être libéré sous conditions dans des termes vagues.

Hors de prison aussi, l’étau a continué de se resserrer. En 2018, le parlement israélien a voté la loi sur la rupture d’allégeance, dont le nom même atteste de ses intentions draconiennes. Cette loi donne au ministère israélien de l'intérieur le pouvoir de dépouiller les palestiniens de Jérusalem de leur statut précaire de résidents qui détermine nos droits dans la ville. Depuis 2020, je me suis battu devant les tribunaux israéliens contre cette tentative pour m’expulser de Jérusalem et je me trouve maintenant sur le point d’être déporté, dans ce que la Fédération Internationale des Droits Humains (FIDH) a jugé être une campagne de harcèlement judiciaire. Elle comportait le fait de m’interdire d’aller en France voir ma femme, à l’exception d’un permis de deux semaines qui m'a été accordé pour assister à la naissance de mon deuxième enfant au mois d'avril 2021.

Le harcèlement que j’ai subi n’est qu’une partie d’une plus vaste démarche concertée, qui s’intensifie pour affaiblir et rendre inopérante la société civile palestinienne. En 2021, Israël a classifié certaines des associations palestiniennes de défense des droits de l’homme les plus connues comme des organisations terroristes, dont l’organisation de défense des droits des prisonniers pour laquelle je travaille, Addameer.

Ses bureaux ont été régulièrement dévalisés, ses équipements ont été confisqués, son personnel a été arrêté et des pressions ont été exercées contre les donateurs pour qu’ils mettent fin à leur soutien. A la fin de l’année dernière, j’ai découvert que mon téléphone avait été ciblé par le logiciel espion Pegasus et que, moi même et cinq autres membres du personnel d'Addameer, nous nous retrouvions avec nos téléphones contrôlés par Israël.

Le seul but de ces actions est de m’obliger à quitter la Palestine. Depuis sa création, le mouvement sioniste s’est engagé à expulser de notre terre autant de palestiniens que possible. Les livres d’histoire témoignent d’intenses débats dans les conférences sionistes sur les meilleurs moyens pour encourager le départ des palestiniens. Dans la nakba palestinienne de 1948, les arguments en faveur de l'expulsion forcée des palestiniens l’ont remporté de manière décisive et plus de sept cent cinquante mille palestiniens ont été chassés de force de chez eux.

Depuis lors, Israël a inventé des méthodes de plus en plus complexes pour nous pousser à partir. C’est absolument évident dans ma ville natale, Jérusalem, qui se retrouve aujourd’hui directement dans le collimateur des urbanistes israéliens dont l’intention est de transformer les palestiniens en une minorité isolée, sans droits et sans présence.

L’expulsion de familles palestiniennes de Sheikh Jarrah, à nouveau mise en évidence par la démolition de la maison de la famille Salhiya à 5 heures du matin le jour le plus froid de l’année, n’est que l’incident le plus connu du nettoyage ethnique, des initiatives similaires prenant place partout dans la ville.

Grandir à Jérusalem au milieu de cette injustice extrême m’a contraint à protester, à trouver un moyen de résister. Dans mon enfance, j’ai été le témoin de démolitions de maisons et d’arrestations et j’ai vu quotidiennement le harcèlement des familles par les soldats israéliens au checkpoint israélien voisin. Même très jeune, j’ai su que je ne pourrais pas rester assis à ne rien faire et je me suis jeté dans le militantisme politique. A seize ans, j’ai été atteint à la jambe par une balle et j'ai été arrêté pour cinq mois simplement parce que je distribuais des flyers et que j’étais membre d’un syndicat étudiant. J’ai été à nouveau arrêté en 2004 et emprisonné pendant cinq mois en détention administrative, vieille loi britannique qui permet une arrestation prolongée sans procès.

J’ai été à nouveau arrêté en 2005, accusé de tenter d’assassiner un politicien israélien d’extrême droite, chose que la police israélienne n’a pas pu établir, ni armes, ni projet, ni preuve physique n’ont jamais été présentés, seulement le témoignage d’autres personnes, obtenu sous la torture par la police israélienne. Sachant que je serais vraisemblablement condamné quel que soit le bien-fondé de l’affaire, j’ai négocié un accord pour sept ans. A cette époque, on m’a proposé l’alternative d’un exil de quinze ans en France mais, connaissant l’intention d’Israël de me déporter, j’ai refusé.

Tout ce que le régime d’apartheid d’Israël a fait l’a été dans le but de me réduire au silence et de m’encourager à baisser les bras et à quitter le pays, ce qu’ils font avec tout palestinien qui refuse de baisser la tête et de se soumettre au nettoyage ethnique. Les autorités israéliennes créent un plan de harcèlement sur mesure contre tous les militants ayant une activité politique, les arrêtant et les harcelant et, si cela ne marche pas, les privant de leur carte d’identité ou de leur assurance maladie et ciblant leur famille et leurs entreprises. Ils ciblent ceux qui s’expriment afin d’affaiblir notre résistance collective et de nous expulser plus facilement.

Ma propre histoire démontre que le régime israélien est absolument sans pitié et qu’il agit avec une cruauté délibérée qui ne connaît aucune limite. La séparation forcée de notre famille est faite dans l’intention de nous infliger des souffrances et de refuser un père à mes enfants et les expériences et les joies de grandir dans leur patrie avec l’amour de ma grande famille. Les échanges avec mes enfants se limitent à des moments volés lors d’un appel vidéo, des tentatives pour forger et maintenir une connexion malgré la distance.

Ce n’est pas ce que je veux pour mes enfants. Mais il vaut mieux qu’ils sachent que je me suis battu pour la justice plutôt que d'accepter passivement le nettoyage ethnique. Il vaut mieux que je fasse tout ce que je peux pour rester debout sur notre terre plutôt que consentir au harcèlement d’Israël. Je continue mon combat parce que je veux que tous les palestiniens vivent dans la liberté et la dignité et je sais que nous n'y arriverons pas sans combat et sans le sacrifice de ceux qui veulent prendre position.

L’année dernière, les palestiniens se sont levés par milliers pour défendre Jérusalem, déclenchant un soulèvement qui s’est répandu dans toutes les communautés palestiniennes par rejet de la colonisation israélienne. Une nouvelle génération a répété son engagement à faire progresser la lutte pour la justice, pour la libération et pour les droits des réfugiés palestiniens qui vivent en exil depuis des décennies. Comme notre peuple n’a pas cédé, je ne le peux pas non plus, ni les millions de ceux qui à travers le monde soutiennent la Palestine et dont l’engagement pour notre cause est plus important maintenant que jamais auparavant.

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12 mars 2022 6 12 /03 /mars /2022 18:27

 

 

https://www.huffingtonpost.fr/entry/en-ukraine-larmee-russe-est-elle-deja-embourbee_fr_622868a1e4b004a43c11e412

 

En Ukraine, l'armée russe est-elle déjà embourbée

Vendredi 11 Mars 2022

Deux semaines après le début de l'invasion de l'Ukraine, les forces russes semblent déjà embourbées dans un conflit qui dure bien plus longtemps que prévu.

Une offensive éclair, une armée ukrainienne débordée au point de déposer les armes et des russes accueillis en libérateurs par la population, voilà comment les dirigeants du Kremlin, Vladimir Poutine en tête, avaient imaginé l’invasion du voisin ukrainien, encore et toujours qualifiée d’opération de maintien de la paix dans les médias nationaux.

Sauf que, après deux semaines de conflit, il n’en est rien et la conquête express de la Crimée, en 2014, semble bien lointaine. Cette fois, le monde occidental se mobilise pour soutenir l’Ukraine, de nombreuses villes résistent ardemment aux attaques russes, à commencer par la capitale Kiev, et l’immense colonne de véhicules blindés censée mettre un terme à la résistance du pouvoir ukrainien progresse toujours à très faible allure.

Tant et si bien que, après la rapide percée russe des premiers jours, que ce soit à partir de la frontière biélorusse, dans le Donbass largement pro-russe ou depuis la Crimée annexée, les rapports des spécialistes se font de plus en plus succincts.

Peu de changement ou situation inchangée pour l’ancien soldat et historien Michel Goya, progression laborieuse pour le spécialiste militaire de Cable News Network (CNN) Jim Sciutto et aucun chemin vers la victoire pour les russes d’après l’ancienne analyste américaine Chelsea Manning.

Au point qu’une petite musique commence à se faire entendre, selon laquelle la Russie était en train de s’enliser dans un conflit parti pour durer.

Le premier élément qui accrédite cette idée a largement fait parler ces derniers jours, y compris sur le Huffington Post, il s’agit de la raspoutitsa, que l’on pourrait traduire par la météorologie des mauvaises routes. Cette contrainte météorologique n’a visiblement pas été anticipée par les russes, convaincus de leur victoire rapide en Ukraine. Sauf que, après deux semaines de combats, le redoux printanier, les pluies et la fonte des neiges se précisent et risquent de transformer les plaines ukrainiennes en un bourbier inextricable, comme ce qu’ont vécu par le passé les armées de Napoléon Bonaparte durant la campagne de Russie ou les nazis dans leur tentative avortée de prendre Moscou pendant la seconde guerre mondiale. Ce qui fait s’interroger Michel Goya sur le choix de la date de l’offensive russe dans la plus mauvaise période météorologique de l’année pour l’engagement d’importantes forces mécanisées.

Car ces conditions déjà très complexes à l’heure de la cavalerie napoléonienne ont des effets encore pires sur du matériel mécanique, surtout quand celui-ci est mal entretenu. Or comme le notent plusieurs spécialistes, c’est le cas d’une bonne partie des véhicules russes. Sur Twitter, Trent Telenko, un ancien contractuel de l’armée américaine spécialisé dans la maintenance des blindés, décrit comment certains véhicules russes sont incapables de résister à quelques jours d’immobilité, du fait justement de leur mauvais état.

C’est ce que montre l’exemple d’un Pantsir, un véhicule lourd transportant des armes anti-aériennes, dont les pneus se détruisent lorsque le véhicule commence à être arraché à la boue. Une absence d’entretien qui a comme conséquence une progression très lente des troupes du Kremlin et qui ne sera qu’aggravée par la boue collante de la raspoutitsa.

Un autre facteur qui explique la lente progression des armées russes réside dans l’absence d’anticipation d’une campagne pouvant durer. Pensant rencontrer un soutien populaire et avancer bien plus rapidement, les troupes de Moscou se retrouvent en effet face à des pénuries de carburant et d’équipement et à un matériel qui peine à soutenir deux semaines de combats et de voyage.

Comme prévu, les tentatives de la Russie pour se réapprovisionner se heurtent aux manques bien connus de leurs troupes en matière de logistique. Des camions citernes sont aussi bloqués que les véhicules qu’ils sont censées alimenter.

Les difficultés se retrouvent aussi sur le plan des effectifs humains dont disposent les russes pour mener leurs offensives. Avec des pertes estimées à cent ou deux cent soldats par jour par l’analyste Michel Goya dans la revue du Grand Continent, et à entre deux mille et quatre mille par le renseignement américain depuis le début de l’offensive, une chose est sûre, les dégâts sont bien plus lourds qu’attendu. En ajoutant les blessés à ce bilan, le recours aux conscrits et aux réservistes aura donc lieu à un moment ou à un autre si le conflit s’éternise, avec une perte en qualité et en motivation qui sera nécessairement dommageable pour les troupes russes.

Même chose du côté du matériel où le site spécialisé Oryx estime les pertes à près de mille véhicules. Parmi ceux-là, des dizaines de chars d’assaut ont été abandonnés aux mains des ukrainiens, une dizaine d’avions de chasse ont été abattus et de très nombreuses pièces d’artillerie ont été détruites. Des pertes qui jouent sur la force de frappe russe et qui entraînent des délais supplémentaires, entre la nécessité de la réorganisation des troupes et l’attente des renforts.

Mais si les russes ne sont pas encore parvenus à remplir leurs objectifs, c’est aussi parce qu’ils ont affaire à une féroce résistance de la part de l’armée ukrainienne. En milieu urbain notamment, les troupes régulières, renforcées par des combattants étrangers souvent très expérimentés et des partisans issus de la population civile, se mettent à former des guérillas qui rendent les opérations russes encore plus compliquées.

L’ardeur des combattants est par ailleurs exacerbée par la stratégie adverse, qui multiplie, à mesure que sa progression ralentit, les bombardements contre des villes, jusqu’à faire des martyrs des habitants de certaines métropoles, à l’image notamment de Karkhiv et de Marioupol, coupées du monde et accablées par l’armée adverse. Car sur ce terrain urbain, la domination numérique et technique des russes peine à s’exprimer.

D’autant que ceux qui choisissent de prendre les armes du côté ukrainien sont largement soutenus par l’occident. Depuis l’annexion de la Crimée, en 2014, les américains ont notamment bien cerné l’enjeu géopolitique que constitue l’armement de l’Ukraine, au point de verser plusieurs milliards de dollars chaque année pour encourager l’équipement et la formation des troupes ukrainiennes.

Ces financements étrangers ont aussi été utilisés pour s’équiper en drones low cost, pour reprendre la formulation de l’ancien colonel Michel Goya. En l’occurrence des Bayraktar produits par une entreprise privée turque. Dans les colonnes du média spécialisé Opexnews, on apprend que ces appareils coûtent beaucoup moins cher que ceux conçus par les armées occidentales et, s’ils peuvent évidemment être détruits par des avions de chasse ou une défense anti-aérienne, ils causent des dégâts très importants aux effectifs au sol, notamment aux blindés grâce aux quatre missiles qu’ils peuvent embarquer. La preuve de cette efficacité est la résistance des ukrainiens alors que leur aviation a été mise en déroute dès les premières heures du conflit.

Les financements occidentaux ne se sont pas limités aux mois précédant l’invasion russe. Depuis le début du conflit, les ukrainiens ont reçu et vont continuer à recevoir du matériel en quantité. D’après des sources militaires américaines, Mercredi 9 Mars 2022, ce sont dix-sept mille missiles antichars d’assaut et trois mille sept cent missiles anti-aériens qui ont été fournis. Généralement projetés grâce à des lanceurs portés à l’épaule par les combattants ukrainiens, ils permettent une résistance efficace contre les blindés et les hélicoptères russes.

Autant d’éléments qui font que, dans le Wall Street Journal (WSJ), Michael Kofman, spécialiste de la Russie au sein du cabinet CNA, aux États-Unis, se montre extrêmement critique envers la stratégie russe en Ukraine. Il explique même que, en ayant donné du crédit au plan de Vladimir Poutine et en acceptant d’y engager des troupes aussi nombreuses, le ministre de la défense Sergueï Choïgou a, pour faire court, précipité l’armée russe vers un désastre annoncé.

Une assertion qui pourrait toutefois ne pas tenir dans les jours qui viennent. En effet, à entendre ce même Michael Kofman, les problèmes logistiques de la Russie pourraient avoir été exagérés dans les premiers jours de l’invasion et ils seraient en cours de résolution. Tant et si bien que, avec des forces qui ont mieux résisté que prévu à leur immobilité, la grande offensive pour couper Kiev du reste du pays pourrait connaître une vive accélération ces prochains jours.

Comme le rapporte le Guardian, Nick Reynolds, expert du combat d’infanterie au sein du think tank britannique Rusi, résume ainsi la problématique des jours à venir. Les russes ont-ils suffisamment réapprovisionné leurs troupes pour achever l’encerclement de Kiev et ainsi frapper un coup décisif ? Si oui, les ratés et l’embourbement des troupes du Kremlin pourraient n’avoir été que passagers. D’après le renseignement américain, une chose en tout cas est certaine, ce ne sont pas les revers et les retards dans la conquête de l’Ukraine qui freineront les ardeurs de Vladimir Poutine.

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12 mars 2022 6 12 /03 /mars /2022 17:50

 

 

https://www.institut-tribune-socialiste.fr/wp-content/uploads/2022/03/Quelques-eclairages-historiques-sur-la-Russie-de-Poutine-par-Michel-Capron.pdf

 

Quelques éclairages historiques sur la Russie de Vladimir Poutine

Par Michel Capron

Lundi 7 Mars 2022

Un impérialisme ne peut être justifié par le rejet d’un autre impérialisme.

La notion de social-impérialisme avait été forgée au début du vingtième siècle par des marxistes de la sociale démocratie allemande pour distinguer les organisations ou les états qui étaient socialistes dans les mots et impérialistes dans les actions, comme l'écrivait Vladimir Lénine dans l'Etat et la Révolution en 1916. La phrase a été utilisée pour la première fois dans les cercles marxistes au cours des discussions du début du vingtième siècle au sein de la Deuxième Internationale ouvrière concernant l’imminence de la première guerre mondiale.

L'usage de cette notion s’est retrouvé plus tard dans la critique maoïste de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS). Pour Mao Tsé Toung, l'URSS était elle-même devenue, après la mort de Joseph Staline, un pouvoir impérialiste tout en maintenant une façade socialiste. L’expression fut reprise par l’Albanie socialiste d’Enver Hodja pour qualifier à la fois l’URSS et la Chine de Mao Tsé Toung.

Aujourd’hui, aux côtés de l’impérialisme dominant mais déclinant des Etats Unis et des impérialismes secondaires britanniques et français avec leur bras armé de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN), un impérialisme plus national-impérialiste que social impérialiste cherche à s’affirmer à travers la politique de Vladimir Poutine, un impérialisme nationaliste russe qui, emboîtant le pas au social-impérialisme de l'URSS, renoue avec l’impérialisme tsariste des siècles antérieurs au vingtième siècle.

Nous avons, en effet, trop vite oublié ou pas suffisamment mis l’accent dans l'histoire mondiale sur le fait que la Russie a été un grand pays colonisateur qui a opprimé beaucoup de peuples n’ayant rien à voir avec la civilisation russe.

Du dix-septième siècle jusqu’à la fin du dix-neuvième siècle, elle a conquis progressivement la Sibérie, des terres à l’est de l’Oural, habitées par des peuples asiatiques, les tatars, les iakoutes et les koriaks, qu’elle a asservi grâce à sa puissance militaire. Elle n’a achevé cette conquête sur les bords de l’Océan Pacifique qu’au début du vingtième siècle avec une guerre avec le Japon, qu’elle a perdu. Après la défaite japonaise en 1945, l’URSS s’empara de l’île Sakhaline et des îles Kouriles au nord du Japon qui font encore l’objet en partie d’un contentieux entre les deux puissances.

En Asie centrale, pendant le dix-neuvième siècle, ce sont des peuples musulmans, kazakhs, turkmènes, ouzbeks, kirghizes et tadjiks, qui ont été colonisés avant de devenir des républiques soviétiques, portées par le premier congrès des peuples d’Orient organisé par l’Internationale Communiste à Bakou au mois de septembre 1920, mais rapidement inféodées à Moscou par Joseph Staline. Dans le Caucase, la Géorgie et l’Azerbaïdjan avaient été conquises au début du dix-neuvième siècle.

A l’Ouest, en Europe, la Russie a conquis la Finlande et les pays baltes au dix-huitième siècle avant de les perdre après la première guerre mondiale, puis les trois états baltes ont été intégrés de force dans l’URSS en 1944. La Moldavie, l'ancienne Bessarabie, à popula1on majoritairement roumaine, a suivi à peu près le même sort. La jeune république d’Ukraine a aussi été intégrée dans l’URSS en 1922 et la moitié de la Pologne, déjà annexée en partie au dix-huitième et au dix-neuvième siècle, a été annexée après le pacte germano-sovié1que de 1939.

La Russie a guerroyé contre les impérialismes britanniques et français autour de la Mer Noire pour tenter de récupérer une partie de l’empire ottoman en décomposition à la fin de la première guerre mondiale. C'est ainsi que l’Arménie, après le génocide perpétué par les turcs, a été intégrée en 1920, avant même la constitution officielle de l’URSS au mois de décembre 1922.

L’ambition de Vladimir Poutine, avec la guerre de Géorgie, conduisant à l’indépendance autoproclamée de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, la guerre de Tchétchénie, l’annexion de la Crimée, la vassalisation de la Biélorussie, la répression féroce du récent mouvement populaire par l’armée russe au Kazakhstan et maintenant l’invasion de l’Ukraine, n’est pas de reconstruire l’URSS dont il est si éloigné idéologiquement, mais de reconstituer la Grande Russie des tsars, en étant encouragé par le repli américain et poussé par un ressentiment nationaliste du à l’effondrement de l’URSS, vécu comme une humiliation du peuple russe.

Pour l’instant, Vladimir Poutine n’a réussi qu’à isoler le peuple russe de la communauté internationale et à raviver l’OTAN. Même la Suède et la Finlande, si attachées à leur neutralité, commencent à s’interroger sur leur adhésion à l’OTAN.

Partout dans le monde ont lieu des manifestations de soutien au peuple ukrainien. Nous n’avons pas vu de manifestations de soutien à l’armée russe, surtout pas en Ukraine. Mais c’est peut-être une censure des médias occidentaux dépendants de Cable News Network (CNN).

« Le travestissement de l’agression en victimisation est le piège tendu par la propagande poutinienne qui y dissimule sa volonté de puissance en nécessité défensive. La supposée menace militaire de l’OTAN est brandie pour étouffer l’aspiration démocratique des peuples d’Europe centrale et orientale », écrit Edwy Plenel, que nous ne pouvons pas soupçonner d’être un agent de l’OTAN.

« La gauche internationaliste, qui n’a l’habitude de combattre que l’impérialisme occidental, devrait repenser sa stratégie », écrit le Mouvement Social, une organisation de la gauche ukrainienne.

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12 mars 2022 6 12 /03 /mars /2022 16:44

 

 

https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/03/12/alain-krivine-ancien-leader-de-la-ligue-communiste-revolutionnaire-est-mort_6117262_823448.html?utm_campaign=Lehuit&utm_medium=Social&utm_source=Twitter

 

Alain Krivine, ancien leader de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), est mort

Figure historique de la gauche radicale, il a traversé plus de cinquante ans de vie politique sans jamais dévier de la conviction que la révolution est possible. Il est mort à l’âge de quatre-vingt ans.

Le président Alain Krivine est mort Samedi 12 Mars 2022 à Paris, à l’âge de quatre-vingt ans, a appris le Monde auprès de sa famille. Président, c’était le surnom affectueux que lui donnaient ses amis en souvenir des élections présidentielles de 1969 où un bidasse portant cravate, il effectuait alors son service militaire comme deuxième classe au cent cinquantième régiment d’infanterie de Verdun, un peu raide, la tignasse et le regard sombre, se revendiquant du mouvement du mois de mai 1968, s’était présenté au suffrage des électeurs tout en dénonçant la duperie des élections. « Le pouvoir n’est pas dans les urnes », professait celui qui débutait chacune de ses interventions télévisées par « pour la première fois, un candidat révolutionnaire s’adresse à vous ».

Né le 10 juillet 1941 à Paris, Alain Krivine est issu d’une famille de juifs ukrainiens émigrés en France après les pogroms antisémites de la fin du dix-neuvième siècle. Entré à dix-sept ans au Mouvement des Jeunes Communistes de France (MJCF), l’organisation de jeunesse du Parti Communiste Français (PCF), où militent également ses quatre frères, il exprime son désaccord avec la ligne politique du PCF qui rejette l’indépendance de l’Algérie. Il rejoint une organisation clandestine, Jeune Résistance, qui multiplie les actions pour inciter les jeunes soldats à refuser d’aller faire la guerre en Algérie. C’est sa première expérience du militantisme radical, qui va rapprocher de la Quatrième Internationale trotskiste ce militant modèle, éduqué dans le creuset de la famille communiste, et qui va l’amener à rompre avec le stalinisme.

Alain Krivine est discrètement cornaqué par des responsables trotskistes du Parti Communiste Internationaliste (PCI), dont Pierre Franck, ancien secrétaire personnel de Léon Trotsky, lorsqu’il devient un des dirigeants du Front Universitaire Antifasciste (FUA), créé en réaction au putsch d’Alger du 22 avril 1961. Le 23 mars 1962, une charge de plastic explose devant la porte de l’appartement de son père, le docteur Pierre Krivine, spécialiste en stomatologie, provoquant d’importants dégâts.

Bien qu’étant déjà gagné à la cause du trotskisme, il continue à militer au sein de l’opposition de gauche de l’Union des Etudiants Communistes (UEC). Animateur du secteur des lettres de l’université de la Sorbonne de l’organisation liée au PCF, il se bat pour le droit de tendance et pour la déstalinisation du PCF. Le congrès du mois de mars 1965 donne lieu à de violents accrochages. Orateur éloquent, à l’ironie mordante, Alain Krivine interpelle à la tribune les gardiens de la ligne. Un an plus tard, le secteur des lettres, qui a notamment refusé de soutenir la candidature de François Mitterrand au premier tour des élections présidentielles de 1965, contrairement à la direction du PCF, est exclu de l’UEC.

Alain Krivine et les militants du secteur des lettres de l’université de la Sorbonne créent alors la Jeunesse Communiste Révolutionnaire (JCR), qui jouera un rôle important dans les mobilisations contre la guerre du Vietnam puis pendant les événements du mois de mai 1968. Alain Krivine, dont le frère, Jean-Michel Krivine, chirurgien, a pris part à deux commissions d’enquête médicales au Vietnam, est un des fondateurs du Comité Vietnam National (CVN) au côté du mathématicien Laurent Schwartz. La JCR, si elle se réclame du trotskisme, se veut ouverte aux courants nouveaux du marxisme et notamment à ceux qui ébranlent le tiers-monde, le castrisme et le guévarisme, et la jeunesse occidentale. Elle établit de nombreux contacts avec des leaders de mouvements révolutionnaires de pays étrangers comme Rudi Dutschke en Allemagne ou Tariq Ali en Angleterre.

Lorsqu’en 1968 commencent les premières secousses de ce qui allait se transformer en grève générale et ébranler le pouvoir gaulliste, Alain Krivine est secrétaire de rédaction à mi-temps chez Hachette. Il déserte rapidement son poste pour s’immerger dans le mouvement. Le service d’ordre de la JCR forme l’ossature de celui de l’Union Nationale des Etudiants de France (UNEF) lors des principales manifestations du mouvement du mois de mai 1968. Les cadres de la JCR jouent un rôle d’encadrement et d’animation, notamment lors de la première nuit des barricades du Vendredi 10 Mai 1968, ou de la tentative de jonction entre les étudiants et les ouvriers de chez Renault, Vendredi 17 Mai 1968, violemment repoussée par les bataillons de la Confédération Générale du Travail (CGT) et du PCF.

Après que le pouvoir gaulliste ait repris la main, la JCR est dissoute par décret du 12 juin 1968. Alain Krivine entre alors dans une semi-clandestinité. Il est appréhendé le 16 juillet 1968 en compagnie de sa femme, Michèle Krivine, fille de l’ancien secrétaire général adjoint du Parti Socialiste Unifié (PSU), Gilles Martinet. Inculpé pour maintien et reconstitution de ligue dissoute, il est écroué pendant cinq semaines à la prison de la Santé avant d’être remis en liberté provisoire sur les instances du nouveau ministre de l’éducation nationale, Edgar Faure, qui essaie de se ménager une rentrée apaisée.

La nouvelle Ligue Communiste naît au mois d’avril 1969. Au côté d’Alain Krivine, ses principales figures s’appellent Daniel Bensaïd, Henri Weber et Charles Michaloux. Présenter un candidat à l’élection présidentielle est un véritable défi. « Nous voulons faire entendre la voix révolutionnaire des mois de mai et de juin 1968 à la télévision », expliquent ses jeunes dirigeants, « cette candidature révolutionnaire tendra à dissiper les illusions électoralistes et parlementaristes du PCF. Nous voulons rompre avec cette vision et affirmer une force à gauche du PCF ».

Des personnalités des milieux intellectuels, littéraires et artistiques, comme Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, Michel Leiris et Maurice Nadeau, lancent un appel en sa faveur. La Ligue Communiste parvient à recueillir deux cent trente signatures d’élus pour parrainer son candidat, plus du double du nombre requis de cent signatures à l’époque. Alain Krivine bénéficie alors d’une permission spéciale. Après avoir mené une campagne rouge, comme le nom de l’organe de presse, Rouge, dont s’est dotée la jeune formation, il recueillera un peu plus d’un pour cent des voix. Il sera de nouveau candidat en 1974, après la mort de Georges Pompidou, et il aura moins d’un demi pour cent des voix. « Je n’ai pas été élu président de la république. Il m’a toujours manqué quatre-vingt-dix-neuf pour cent des voix », aimait-il répéter.

Entre-temps, la Ligue Communiste a été dissoute après qu’elle se fut opposée par la force, le 21 juin 1973, à un meeting du mouvement d’extrême droite Ordre Nouveau contre l’immigration sauvage. Alain Krivine est de nouveau interpellé, inculpé d’infraction à la loi anticasseurs et écroué à la prison de la Santé. Appuyé par un fort mouvement de soutien, il est libéré cinq semaines plus tard.

Révolutionnaire, il l’est resté toute sa vie, cela ne lui est pas passé avec l’âge, contrairement à ce que dit le titre de ses Mémoires, parues en 2006, aux éditions Flammarion. Il a traversé plus de cinquante ans de vie politique sans jamais dévier de la conviction que la révolution est possible et qu’il n’y a jamais eu autant de raisons de se révolter, attentif à tous les mouvements de contestation susceptibles de contribuer à l’émancipation sociale et de faire bouger les lignes du mouvement ouvrier. « Le véritable bonheur pour tout homme digne de ce nom, c’est de participer, conscient, à toutes les luttes d’émancipation », déclarait-il en 1973 alors qu’il s’apprêtait à prendre part une nouvelle fois au premier tour des élections présidentielles, où il fait campagne sur le thème « ni trêve ni compromis ».

De Lip aux comités de soldats, des mouvements féministes aux mobilisations lycéennes et étudiantes, des manifestations internationalistes aux combats antiracistes et antifascistes, du soutien aux sans-papiers aux actions pour le droit au logement, des coordinations aux soubresauts du mouvement syndical, sans négliger les tribunes électorales, l’organisation dirigée par Alain Krivine, devenue la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) au mois de décembre 1974, a été de tous les terrains de lutte. Avec l’obsession constante de faire bouger les choses et de trouver un débouché politique aux mouvements sociaux, le leader trotskiste, même s’il n’aimait pas ce terme, a tenté de semer les graines d’une nouvelle gauche, ni sociale-démocrate ni stalinienne, inlassablement prêt à s’enflammer malgré les reculs, les échecs et les déceptions.

Sur tous les fronts de contestation, Alain Krivine était au premier rang, toujours disponible, toujours prêt à donner un coup de main aux camarades, à exploiter son impressionnante liste de contacts pour populariser une initiative et à servir de relais pour élargir le champ des soutiens. Le mouvement social de l’hiver 1995 insuffle une énergie décuplée à une LCR qui pense pouvoir rencontrer un écho plus large auprès de nouvelles couches radicalisées.

Aux élections européennes de 1999, la LCR fait liste commune avec Lutte Ouvrière. Alain Krivine est en deuxième position derrière l’emblématique porte-parole de Lutte Ouvrière, Arlette Laguiller. La liste recueille plus de cinq pour cent des voix et elle obtient cinq élus. A cinquante-huit ans, celui qui a déjà derrière lui plus de quarante ans de militantisme politique occupe un premier mandat électif. L’élection au parlement européen, outre la découverte du monde politique institutionnel, lui permet de disposer de moyens supplémentaires et d’embaucher un assistant parlementaire. Pendant un an, c’est un jeune militant syndicaliste de la Poste, Olivier Besancenot, qui occupera cette fonction.

En 2002, Alain Krivine le convainc, non sans mal, d’être le candidat de la LCR au premier tour des élections présidentielles. Le jeune postier recueille quatre pour cent des voix au premier tour d’une élection présidentielle qui voit le candidat du Parti Socialiste, Lionel Jospin, être éliminé du second tour, qui met aux prises Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen. Cinq ans plus tard, Olivier Besancenot est de nouveau candidat au premier tour des élections présidentielles et obtient plus de quatre pour cent des voix à l’issue d’une campagne qui soulève un engouement sans précédent pour un candidat d’extrême gauche. La LCR décide de se dissoudre pour céder la place à un Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) plus à même, espère-t-elle, d’élargir l’audience de l’ancienne formation trotskiste.

Une nouvelle génération prend le relais. Alain Krivine a pris du champ et n’exerçait plus de responsabilités politiques, mais il restait toujours présent. Bien qu’il ait fait valoir ses droits à la retraite en 2004, il continuait encore, bien après, à occuper un bureau au-dessus de l’imprimerie Rotographie, à Montreuil, et à distiller ses conseils, « siempre presente », une vie de révolutionnaire sans révolution.

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11 mars 2022 5 11 /03 /mars /2022 17:11

 

 

https://www.liberation.fr/international/europe/tanks-embourbes-soldats-affames-ou-est-passee-larmee-russe-20220310_3FWXK4E35RHTXJOTAYUO5VH6NI/

 

Tanks embourbés et soldats affamés, où est passée l’armée russe ?

Vladimir Poutine aurait pu atteindre ses objectifs en Ukraine par la simple menace d’envoyer sa puissante armée, mais les deux premières semaines de la guerre laissent entrevoir une stratégie militaire défaillante.

La réputation de l’armée russe s’est effondrée tout aussi rapidement que celle de Napoléon Bonaparte dans la déroute décrite par Victor Hugo, « en un clin d’œil, comme s’envole au vent une paille enflammée, s’évanouit ce bruit qui fut la grande armée ». Vladimir Poutine aurait pu atteindre ses objectifs en Ukraine par la simple menace de lancer contre l’Ukraine son armée, quand elle était encore considérée comme la seconde puissance militaire au monde.

Comment peut-il les atteindre maintenant ? L’armée russe peut toujours détruire l’Ukraine, mais peut-elle la gouverner ? Les adversaires de la Russie regardent, incrédules, ces images de tanks ­embourbés, de convois ­enlisés, de soldats hagards et affamés et de cette guerre supposée éclair qui est en passe de devenir un cauchemar de dissuasion évanouie. Erreurs stratégiques, problèmes logistiques et défaillance structurelle, tout y est, y compris un système de communication sécurisé inutilisable, car l’armée russe aurait bombardé les antennes cellulaires dont il dépendait.

Dans une interview peu remarquée mise en ­ligne Mardi 8 Mars 2022 par un think tank américain, le général Thierry Burkhard, chef d’état-major de l’armée française, a tiré de ces images la conclusion que l’armée russe n’était absolument pas préparée à un conflit de haute intensité. Elle combat pourtant des ukrainiens tellement moins nombreux et sous-armés que la comparaison avec le mythe de David et de Goliath est presque ­immédiate. On oublie souvent que, peu après cette humiliation du géant philistin par le jeune guerrier israélite, « les philistins livrèrent bataille contre Israël, les hommes d’Israël ­prirent la fuite devant les philistins et ils tombèrent morts sur la montagne de Guilboa ». Vladimir ­Poutine patine, mais sa force de destruction reste redoutable.

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11 mars 2022 5 11 /03 /mars /2022 16:58

 

 

https://rsf.org/fr/actualites/guerre-en-ukraine-poutine-termine-dachever-la-presse-independante-russe

 

Guerre en Ukraine, Vladimir Poutine termine d’achever la presse indépendante russe

Après l'adoption, Vendredi 4 Mars 2022, d’un amendement qui prévoit jusqu’à quinze ans de prison pour les journalistes qui publieront des fausses informations contre les forces armées russes, l’avenir s’assombrit définitivement pour les derniers représentants de la presse indépendante. Reporters Sans Frontières (RSF) demande aux autorités russes de supprimer immédiatement cette loi liberticide.

Samedi 5 Mars 2022, nombreux sont les médias étrangers, British Broadcasting Corporation (BBC), Cable News Network (CNN), Bloomberg News, American Broadcasting Company (ABC), Columbia Broadcasting System (CBS) et Radio Canada, à avoir pris la décision de suspendre temporairement leur diffusion ou leur collecte d’information en Russie. Ces mesures font suite à la promulgation d’un amendement, signé Vendredi 4 Mars 2022 par Vladimir Poutine, punissant toute personne russe ou étrangère de quinze ans de prison pour la diffusion d’informations mensongères contre les forces armées russes.

Du côté des médias russes indépendants, le grand journal russe d’investigation Novaïa Gazeta a annoncé Vendredi 4 Mars 2022 la suppression de toutes ses publications concernant la guerre en Ukraine, expliquant que la censure militaire russe était rapidement entrée dans une nouvelle phase et que le média n’avait pas le droit de risquer la liberté de ses journalistes. Le site d'information économique russe Bell a également annoncé avoir décidé de ne plus couvrir la guerre en Ukraine afin de protéger ses journalistes des sanctions pénales.

« Nous assistons impuissants à la mise à mort en direct de la presse russe indépendante », déplore Jeanne Cavelier, responsable du bureau de l’Europe de l’Est et de l’Asie centrale de RSF, « avec ce nouvel amendement qui fait courir le risque d'importantes sanctions pénales pour les journalistes en Russie, Vladimir Poutine donne le coup de grâce et il termine d’achever la presse indépendante russe, pour une part déjà considérablement affaiblie par la loi contre les agents de l’étranger promulguée à la fin de l’année 2017. Nous demandons aux autorités russe de supprimer immédiatement cette loi liberticide ».

Jeudi 3 Mars 2022, la radio Écho de Moscou, figure de proue de l’audiovisuel indépendant en Russie, a annoncé son autodissolution et elle a supprimé son site internet ainsi que ses comptes sur les réseaux sociaux. Dans la foulée, la chaîne de télévision Dojd a également cessé sa diffusion. Jeudi 3 Mars 2022, en cascade, Znak a annoncé la suspension de ses publications, Village a annoncé la fermeture de son bureau en Russie et la radio Serebrianny Dojd a annulé la programmation de la plupart de ses émissions, remplacer par de la musique et de courts flashes d’information, se justifiant en disant que « nous ne pouvons pas parler, nous ne voulons pas mentir ».

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, le régulateur des médias du gouvernement russe, le Roskomnadzor, répertorié comme prédateur numérique de la liberté de la presse par RSF, n'a cessé d'intensifier ses attaques contre les médias indépendants. Les médias russes ont d’abord reçu l’ordre de n’utiliser que les informations et les données reçues des sources officielles russes et d’employer le terme d’opération spéciale pour qualifier le conflit sous peine d’être censuré.

En l’espace d’une semaine, le Roskomnadzor a bloqué une trentaine de sites de médias indépendants russes et ukrainiens. Les derniers blocages en date concernent l’édition russophone de la BBC, la radiotélévision allemande Deutsche Welle, Radio Svoboda, la filiale russe de Radio Free Europe et de Radio Liberty et le site indépendant russe Meduza. Les derniers médias indépendants non bloqués, Mediazona, Novaïa Gazeta, Svobodnaya Pressa, Journaliste et Lenizdat, sont menacés de l’être prochainement. Pour parer au blocage des sites des médias indépendants en Russie, RSF a relancé son opération Collateral Freedom qui permet de contourner la censure des autorités grâce à la technologie du site miroir.

La Russie occupe la cent cinquantième position sur cent quatre-vingt pays dans le classement mondial de la liberté de la presse de RSF en 2021.

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11 mars 2022 5 11 /03 /mars /2022 16:27

 

 

https://ukrainesolidaritycampaign.org/2022/03/09/people-around-the-world-demand-imf-to-cancel-ukraines-unjust-debt/

https://www.openpetition.eu/petition/online/people-around-the-world-demand-imf-to-cancel-ukraines-unjust-debt

 

Les peuples du monde entier demandent au Fonds Monétaire International (FMI) d'annuler la dette injuste de l'Ukraine

Jeudi 24 Février 2022, la Russie a lancé une guerre à grande échelle contre l'Ukraine

L'indépendance de l'Ukraine est menacée par une invasion russe à grande échelle sur le territoire de notre pays.

L'état ukrainien ne peut plus se permettre de rembourser sa dette car l'économie ukrainienne est déstabilisée à la suite de la campagne militaire, de l'augmentation des dépenses militaires et de la nécessité de faire face aux conséquences de la guerre.

Actuellement, les ukrainiens sont à l'épicentre de la guerre, incapables de travailler et de gagner leur vie, nous perdons nos maisons, notre économie et nos biens. De plus, la campagne d'occupation militaire de la Fédération de Russie détruit des sites et des entreprises d'infrastructures stratégiques et critiques, des artères de transport et le potentiel économique de notre pays, alors que toutes les ressources possibles sont mobilisées pour soutenir la campagne de défense militaire.

Actuellement, la dette extérieure de l'Ukraine s'élève à cent vingt cinq milliards de dollars. Les dépenses de service de la dette pour 2022 devraient être d'environ six milliards et deux cent millions de dollars. Cela représente environ douze pour cent de toutes les dépenses budgétaires de l'état.

La dette de l'Ukraine envers le FMI est de deux milliards et sept cent millions de dollars. Cela équivaut à seize millions cinq cent mille dollars de pensions mensuelles moyennes en Ukraine.

Au nom de tous les ukrainiens, nous demandons l'annulation de la dette qui étouffe actuellement notre état et nous demandons une aide financière multiforme. Nous demandons que l'Ukraine soit libérée du joug de la dette.

La dette est injuste car l'Ukraine est un des pays les plus pauvres d'Europe, qui est désormais obligé de se défendre contre l'agression et l'offensive militaire de l'armée russe, la deuxième plus grande armée du monde. Les dépenses budgétaires consacrées aux armes et aux besoins médicaux des blessés ont augmenté de façon exponentielle. Au lendemain de la guerre, l'Ukraine aura également besoin d'argent pour reconstruire ses maisons et ses infrastructures.

Dans ces conditions, le service de la dette n'est possible que si l'Ukraine refuse à ses citoyens la satisfaction de leurs besoins les plus urgents.

Les emprunts chaotiques et la conditionnalité antisociale de la dette étaient le résultat d'une oligarchisation totale. Peu disposés à combattre les riches, les dirigeants de l'état continuaient de s'endetter davantage.

Les prêts ont été émis dans des conditions de réduction des dépenses sociales et, pour leur remboursement, il faudra économiser sur les besoins vitaux et appliquer l'austérité aux secteurs fondamentaux de l'économie.

En raison du manque de fonds, les hôpitaux ukrainiens sont mal équipés, les emplois de travailleurs médicaux de tous grades sont supprimés et ceux qui ont des emplois restants sont sous-payés, tout comme les enseignants et les autres travailleurs du secteur public. Par exemple, beaucoup de travailleurs dans certaines industries minières ne sont pas payés du tout, les salaires sont en retard.

Les plus grandes organisations syndicales du pays qui représentent cinq millions de travailleurs se sont également jointes à l'appel à l'annulation de la dette.

Qui bénéficierait de l'annulation de la charge de la dette ? Une telle décision aiderait le peuple ukrainien car, en raison de l'invasion militaire, il a besoin de fonds pour protéger ses civils, fournir des logements aux personnes déplacées et des médicaments aux blessés.

Une telle décision serait bénéfique pour nos voisins de l'Union Européenne car elle revigorerait l'activité économique en Ukraine, elle réduirait ainsi le risque d'une guerre en cours en Europe et elle permettrait de reconstruire l'économie ukrainienne et les infrastructures détruites par les bombes. Le bien-être de l'Ukraine est d'une importance cruciale pour la stabilité de toute l'Europe et du monde entier.

Quelles seraient les conséquences de l'annulation de la charge de la dette ? Cela faciliterait la reconstruction des entreprises stratégiques et des infrastructures détruites à la suite d'une action militaire.

Elle stopperait l'austérité dans le domaine social, elle permettrait, avec le temps, de reconstruire leur fonctionnalité et leur qualité, elle permettrait à leurs travailleurs de vivre décemment, elle établirait la justice dans les relations entre l'Union Européenne et l'Ukraine et elle serait un autre acte significatif de solidarité.

Nous exprimons notre gratitude au parti polonais Razem qui a déjà demandé que les obligations de l'Ukraine soient prises en charge par la Banque Centrale Européenne (BCE) et par d'autres créanciers.

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