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24 décembre 2021 5 24 /12 /décembre /2021 11:18

 

 

https://la1ere.francetvinfo.fr/guadeloupe/le-collectif-obtient-une-rencontre-avec-le-president-de-region-1188148.html

 

Le Collectif des Organisations en Lutte (COL) obtient une rencontre avec le président du conseil régional

Après s'être introduits dans l'enceinte de l'hémicycle du conseil régional, les manifestants mobilisés par le COL ont obtenu qu'une délégation formée par eux puisse rencontrer l'exécutif du conseil régional, une rencontre qui se déroule à huis clos.

Jeudi 23 Décembre 2021

Après avoir traversé la périphérie du chef-lieu, les militants du COL ont décidé d'envahir les bâtiments du conseil régional où, peu de temps avant leur arrivée, se tenait la dernière séance plénière du conseil régional pour cette année 2021. Avertis de leur intention, les élus avaient préféré écourter leur séance.

C'est donc dans un hémicycle vidé de ses occupants habituels que les manifestants ont pris place, menant un siège en exigeant d'être reçus par l’exécutif régional.

Cette intrusion a suscité de nombreuses réactions de réprobation, notamment du président du conseil régional, de la commission permanente du conseil départemental et de la fédération du Parti Socialiste.

A Paris, le ministre de l’Outre-Mer s'est insurgé contre l'entrave au bon déroulement d'une assemblée d'élus, un avis partagé par le président du sénat, Gérard Larcher.

Pour autant, Ary Chalus a accepté de les rencontrer en posant deux conditions préalables, que les locaux de la région soient évacués et que le COL forme une délégation de dix personnes qu'il rencontrerait. Après avoir rejeté ces conditions, les manifestants ont obtempéré, permettant ainsi à la rencontre de se tenir. Leur délégation était composée d'Elie Domota, Maïté Mtoumo, Gaby Clavier, Max Evariste, Jean-Marie Nomertin et Jocelyn Zou, auxquels se sont jointes une infirmière et une personne de l'action sociale.

Le COL comptait d'ailleurs reprocher à Ary Chalus la double attitude des élus qui, après avoir trouvé un libellé commun avec eux pour l'accord de méthode afin d'entamer les négociations, s'étaient ensuite rétractés en reformulant leur position, pour finalement refuser de siéger le premier jour des négociations. Ils avaient alors souligné que le préalable maintenu par le COL, à savoir la non application de la loi sur l'obligation sanitaire et le passeport sanitaire, n'étant pas de leur ressort mais de celui de l’état, ils ne pouvaient poursuivre des discussions assujetties à ce préalable.

C’est une forfaiture selon les membres du COL qui reprochent aux élus une telle attitude depuis Mardi 21 Décembre 2021, depuis le jour où les négociations prévues à cette date n'ont pas pu se tenir.

Bien que forcée, la rencontre entre la délégation et le président de la région est le premier pas franchi depuis Mardi 21 Décembre 2021 en faveur d'une éventuelle reprise du dialogue. On aura pu remarquer le choix stratégique de la région pour cela. Le COL a en mémoire que l'accord trouvé lors de leurs précédents échanges l'avait été en présence d'Ary Chalus et en l'absence de Guy Losbar. Le retour de ce dernier dans la discussion s'était traduit par la réécriture de cet accord et la rupture du dialogue entre les deux parties.

L'affaire est loin d'être un simple aparté et elle suscite de nombreuses autres réactions.

Dans un communiqué, le collectif contre les violences au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) s'élève contre cette attente supplémentaire et inqualifiable aux libertés et droits reconnus par la constitution et condamne la dérive de plus en plus grave du COL vers la violence, l'intimidation, le refus du dialogue pacifié et le rejet du vivre ensemble.

Dans un autre communiqué, l’Alyans Nasyonal Gwadloup (ANG) appelle chacune des parties à prendre la mesure de cette situation pour rapprocher leurs positions pour trouver ensemble une organisation qui permette aux guadeloupéens de bénéficier des soins de qualité et de protocoles adaptés pour organiser la réponse face à cette crise sans précédent.

Pour l'heure, la rencontre entre l’exécutif régional et la délégation du COL se poursuit. Les manifestants ont décidé de siéger dans l'hémicycle aussi longtemps que leurs revendications n'auront pas trouvé de réponse.

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23 décembre 2021 4 23 /12 /décembre /2021 18:29

 

 

http://www.cadtm.org/La-pandemie-du-coronavirus-a-renforce-le-fosse-entre-Nord-global-et-Sud-global

 

La pandémie du coronavirus a renforcé le fossé entre le nord global et le sud global

Par Eric Toussaint

Jeudi 23 Décembre 2021

Face à la pandémie du coronavirus qui a commencé à la fin de l'année 2019 et au début de l'année 2020, la réponse des gouvernements des pays qui font traditionnellement partie des puissances impérialistes, Europe Occidentale, Amérique du Nord, Japon, Australie et Nouvelle Zélande, et celle des grandes firmes pharmaceutiques privées ont augmenté le fossé entre le nord global et le sud global.

Pour les grandes firmes pharmaceutiques, il est plus profitable et plus sûr de fournir en priorité les pays riches car les gouvernements du nord préfinancent une partie de la production et sont prêts à payer le prix fort. Dès lors les grandes firmes du Big Pharma leur ont donné une priorité absolue. Les chiffres indiquant la distribution géographique des fournitures des vaccins sont éloquents. Pour Moderna, l’Union Européenne et les États-Unis représentent quatre vingt quatre pour cent de ses ventes totales. Quatre vingt dix huit pour cent des livraisons de Pfizer et soixante dix neuf pour cent des livraisons de Johnson et Johnson ont été allouées aux pays à revenu élevé ou intermédiaire supérieur. Pfizer et Biontech ont pour l’instant livré au seul état suédois neuf fois plus de doses de vaccin qu’à tous les pays à faible revenu.

La cartographie des vaccinations indique elle aussi très clairement qu’une partie du monde est laissée de côté. Rappelons que, au début du mois d'octobre 2021, sur les six milliards de doses injectées dans le monde, trois pour mille sont allées à des pays à faible revenu où vivent environ sept cent millions de personnes. Seuls deux pour cent de la population de vingt-sept pays à faible revenu ont reçu une dose d’un vaccin contre le coronavirus tandis que plus de soixante pour cent de la population d’Amérique du Nord et d’Europe Occidentale sont vaccinés.

Les gouvernants d’une poignée de pays riches s’opposent à la levée des brevets voulue par plus de cent pays du sud global. Parmi les opposants notoires à la levée des brevets, il y a l’Union Européenne, la Suisse et le Japon. Dans le cas des États-Unis, alors que le président Joseph Biden avait annoncé au mois de mai 2021 qu’il était favorable à la levée des brevets, jusqu’ici il n’a pas fait le nécessaire pour convaincre les gouvernements qui bloquaient le dossier à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

Les prix pratiqués par le Big Pharma sur les vaccins contre le coronavirus sont totalement abusifs. Selon les estimations basées sur les recherches de Public Citizen, la production à grande échelle du vaccin Pfizer coûte à l’entreprise un dollar par dose. Le vaccin de Moderna coûte à Moderna environ trois dollars par dose. En revanche, Pfizer demande jusqu’à vingt-trois dollars par dose dans certains pays et Moderna demande jusqu’à trente-sept dollars par dose.

Pour justifier des prix élevés pour des vaccins, des médicaments ou des traitements, les représentants de l’industrie pharmaceutique font valoir le niveau élevé des investissements en recherche et développement et en essais cliniques. Cet argument est généralement facile à récuser mais, dans le cas de la production des vaccins contre le coronavirus, il tombe immédiatement, car les dépenses en recherche et développement et en essais cliniques ont été financées par les pouvoirs publics avec l’argent des contribuables.

Les gouvernements du nord en décidant de réaliser une troisième injection favorisent les intérêts particuliers du Big Pharma qui en tirera un profit supplémentaire. Si les brevets sur les vaccins contre le coronavirus, sur les tests et sur les médicaments, ne sont pas levés ou purement et simplement supprimés, les grandes entreprises privées qui dominent le secteur de la pharmacie vont engranger pendant vingt ans des revenus colossaux sur le dos des populations, des budgets des états et des systèmes publics de santé.

L’enjeu est énorme car nous savons que des injections de rappel vont être recommandées ou imposées. Imaginons une injection annuelle pendant vingt ans avec un vaccin protégé par un brevet et donc vendu au prix fort. Cela procure une rente extraordinaire.

Dans un dossier bien construit intitulé « les dessous du vaccin de Pfizer, une aubaine formidable », le Financial Times explique que cette firme des États-Unis, dans le cadre de son accord avec la firme allemande Biontech, a pris le dessus dans le domaine de la production et de la commercialisation du vaccin sur ses concurrents Moderna, Astra Zeneca et Johnson et Johnson. Comme Moderna, elle a donné la priorité absolue aux marchés des pays riches. A la fin de l’année 2021, elle réalise quatre-vingt pour cent de la vente des vaccins contre le coronavirus dans l’Union Européenne et soixante-quatorze pour cent du marché des États-Unis. Face aux gouvernements des pays du sud global, elle est extrêmement exigeante et elle leur impose de modifier leur législation comme condition préalable à la fourniture de vaccins. Le Financial Times écrit que « Pfizer a exigé, avant de conclure des accords, que les pays modifient leur législation nationale afin de protéger les fabricants des vaccins contre les poursuites judiciaires. Du Liban aux Philippines, les gouvernements nationaux ont modifié les lois pour garantir leur approvisionnement en vaccins ».

Le Financial Times cite Jarbas Barbosa, directeur adjoint de l’organisation panaméricaine de la santé, qui estime que les conditions imposées par Pfizer étaient abusives, à un moment où, en raison de l’urgence, les gouvernements n’avaient pas la possibilité de refuser.

Le quotidien financier londonien explique que les négociations avec l’Afrique du Sud ont été particulièrement tendues. Le gouvernement s’est plaint des exigences déraisonnables de Pfizer, qualifiées ainsi par son ancien ministre de la santé, Zweli Mkhize. Cela a retardé la livraison des vaccins. Selon le Financial Times, à un moment donné, Pfizer a demandé au gouvernement de mettre des actifs souverains en gage pour couvrir les coûts de toute compensation potentielle, ce qu’il aurait refusé de faire. Selon des personnes connaissant bien le dossier, le trésor sud-africain a rejeté la demande du ministère de la santé de signer l’accord avec Pfizer, estimant que cela équivalait à un abandon de la souveraineté nationale.

Le Financial Times ajoute que « Pfizer a insisté pour être indemnisé contre les poursuites civiles et a demandé au gouvernement de financer un fonds d’indemnisation ». Selon un haut fonctionnaire qui a préféré gardé l’anonymat, des membres du gouvernement sud-africain lui ont dit que « ces types nous mettent un pistolet sur la tempe ».

L’organisation sud-africaine Health Justice s’apprête à saisir la justice pour imposer la publication des contrats signés entre Pfizer et le gouvernement sud-africain. « Nous voulons savoir sur quoi d’autre ils ont joué les gros bras », a déclaré Fatima Hassan, la fondatrice d’Health Justice, « une entreprise privée ne peut pas avoir autant de pouvoir. Le contrat devrait être public. Il montrerait ce que Pfizer a réussi à soutirer à des pays souverains dans le monde entier ».

Le comportement scandaleux des gouvernements des pays capitalistes les plus industrialisés qui renforcent délibérément le gouffre qui les sépare des peuples des pays à bas revenus est illustré par la troisième injection de vaccin. Jusqu’au mois de novembre 2021, ces gouvernements ont fait administrer une troisième dose de vaccin à cent vingt millions d’habitants des pays riches, alors que le total des vaccins administrés dans les pays à bas revenus n’atteint que soixante millions. Il s’agit d’un véritable apartheid en matière de santé publique.

Par ailleurs, Amnesty International a raison de dénoncer Astra Zeneca, Biontech, Johnson et Johnson, Moderna, Novavax et Pfizer, « ces six entreprises aux manettes du déploiement des vaccins contre le coronavirus alimentent une crise des droits humains sans précédent en refusant de renoncer à leurs droits de propriété intellectuelle et de partager leur technologie, la plupart d’entre elles s’abstenant en outre de livrer des vaccins aux pays pauvres ».

Les gouvernements des pays du sud qui voudront permettre à leur population d’être vaccinée devront s’endetter car les initiatives du type COVAX sont tout à fait insuffisantes et consolident l’influence du secteur privé. COVAX est codirigé par trois entités, l’alliance GAVI qui est une structure privée à laquelle participent des entreprises et des états, la coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI) qui est une autre structure privée à laquelle participent également des firmes capitalistes et des états et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui est une agence spécialisée de l’Organisation des Nations Unies (ONU).

Parmi les entreprises qui financent et influencent l’alliance GAVI, il y a notamment la Fondation Bill et Melinda Gates, la Fondation Rockefeller, Black Berry, Coca Cola, Google, l’International Federation of Pharmaceutical Wholesalers (IFPW), la banque espagnole Caixa, la principale banque privée suisse et la plus grande banque de gestion de fortune dans le monde, les sociétés financières Mastercard et Visa, le constructeur de moteurs d’avion Pratt and Whitney, la firme multinationale américaine spécialisée dans les biens de consommation courante Procter et Gamble, la multinationale agroalimentaire Unilever, la société pétrolière Shell International, la firme suédoise de streaming musical Spotify, la firme chinoise Tik Tok et la firme automobile Toyota.

La deuxième structure qui codirige COVAX est la coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI) qui a été fondée en 2017 à Davos à l’occasion d’une réunion du forum économique mondial. Parmi les sociétés privées qui financent et influencent fortement la CEPI, il y a encore la fondation Bill et Melinda Gates qui y a investi quatre cent soixante millions de dollars.

La composition de l’initiative COVAX en dit long sur la renonciation des états et de l’OMS à prendre leur responsabilité dans la lutte contre la pandémie en particulier et en matière de santé publique en général. Cela s’inscrit dans la vague néolibérale qui déferle depuis les années 1980 dans le monde entier. Le secrétariat général de l’ONU ainsi que les directions des agences spécialisées du système onusien, par exemple l’OMS chargée de la santé et la FAO chargée de l’agriculture et de l’alimentation, ont fortement évolué dans le mauvais sens au cours des trente à quarante dernières années en s’en remettant de plus en plus à l’initiative privée dirigée par un nombre restreint de grandes entreprises qui ont une action planétaire. Les chefs d’état et de gouvernement ont emprunté la même voie. Nous pouvons d’ailleurs dire que ce sont eux qui en ont pris l’initiative. En faisant cela, ils ont accepté que les grandes entreprises privées soient associées aux décisions et qu’elles soient favorisées dans les choix qui sont faits.

Rappelons que, il y a plus de vingt ans, des chercheurs et des mouvements sociaux spécialisés dans le domaine de la santé ont proposé que les pouvoirs publics investissent des sommes suffisantes pour produire des remèdes efficaces et des vaccins contre les différents virus de nouvelle génération liés à l’augmentation des zoonoses. L’écrasante majorité des états a préféré s’en remettre au secteur privé et lui a permis d’avoir accès aux résultats des recherches réalisées par des organismes publics, alors qu’il aurait fallu investir directement dans la production des vaccins et des traitements dans le cadre d’un service public de santé.

L’initiative COVAX ne constitue pas du tout une solution. COVAX avait promis de fournir, avant la fin de l’année 2021, deux milliards de doses aux pays du sud qui en ont fait la demande et qui sont associés à l’initiative. En réalité, il a été constaté au début du mois de septembre 2021 que seules deux cent quarante-trois millions de doses avaient été expédiées. En conséquence l’objectif des deux milliards de doses est reporté au premier semestre 2022.

Toutes les grandes puissances du nord sont en deçà des promesses qu’elles avaient faites. Par exemple, l’Union Européenne, qui s’était engagée à livrer deux cent millions de doses aux pays les plus pauvres d’ici la fin de l’année 2021, n’a envoyé qu’une vingtaine de millions de doses, comme l’a reconnu, Mardi 7 Septembre 2021, Clément Beaune, secrétaire d’état chargé des affaires européennes du gouvernement français.

Selon un bilan officiel réalisé au mois de décembre 2021, COVAX n’a pour l’heure livré qu’environ six cent millions de doses dans cent quarante-quatre pays ou territoires, loin de l’objectif initial de deux milliards de doses avant la fin de l’année 2021. À ce jour, neuf doses ont été administrées pour cent habitants dans les pays à faible revenu, selon les chiffres de la Banque Mondiale. À titre de comparaison, la moyenne mondiale s’élève à cent quatre doses pour cent habitants. Ce chiffre atteint cent quarante-neuf doses pour cent habitants pour les pays à revenu élevé. L’Afrique est le continent le moins vacciné, avec dix-huit doses administrées pour cent habitants.

Coronavirus Technology Access Pool (CTAP) est une autre initiative décevante prise par l’OMS. CTAP inclut les mêmes protagonistes que COVAX. Il a été créé pour mettre en commun la propriété intellectuelle, les données et les procédés de fabrication, en encourageant les firmes pharmaceutiques détentrices de brevets à concéder à d’autres firmes le droit de produire le vaccin, des médicaments ou des traitements en facilitant le transfert de technologie. Or, à ce jour, aucun fabricant de vaccins n’a utilisé CTAP pour partager des brevets ou du savoir-faire.

Face à l’échec de COVAX et de CTAP, les signataires du manifeste « mettons fin au système des brevets privés », lancé par le Comité pour l’Abolition de la Dette du Tiers Monde (CADTM) au mois de mai 2021 ont raison d’affirmer que « des initiatives telles que COVAX ou CTAP ont échoué lamentablement, non seulement en raison de leur inadéquation, mais surtout parce qu’elles répondent à l’échec du système actuel de gouvernance mondiale par des initiatives où les pays riches et les multinationales, souvent sous la forme de fondations, cherchent à remodeler l’ordre mondial à leur guise. La philanthropie et les initiatives de coopération entre le public et le privé en plein essor ne sont pas la solution. Elles le sont encore moins face aux défis planétaires actuels dans un monde dominé par des états et des industries guidées par la seule loi du marché et du profit maximum ».

Les signataires du manifeste avancent huit exigences principales. Ils demandent la suspension des brevets privés sur toutes les technologies, connaissances, traitements et vaccins liés au coronavirus.

Ils demandent l’élimination des secrets commerciaux et la publication d’informations sur les coûts de production et les investissements publics utilisés de manière claire et accessible à l’ensemble de la population.

Ils demandent la transparence et le contrôle public à tous les stades du développement des vaccins. Ils demandent l’accès universel, libre et gratuit, aux vaccins et aux traitements.

Ils demandent l’expropriation et la socialisation sous contrôle citoyen de l’industrie pharmaceutique privée comme base d’un système public et universel de santé qui favorise la production des traitements et des médicaments génériques.

Ils demandent l’augmentation des investissements et des budgets publics alloués aux politiques publiques de santé et de soins de proximité, incluant une augmentation des embauches et des salaires et une amélioration des conditions de travail du personnel de ces secteurs.

Ils demandent l’introduction de taxes sur la richesse, le patrimoine et les revenus des plus riches qui représentent un pour cent de la population mondiale pour financer la lutte contre la pandémie et pour assurer une sortie socialement juste et écologiquement pérenne des différentes crises du capitalisme mondial.

Ils demandent la suspension du paiement des dettes pendant la durée de la pandémie et l’annulation des dettes illégitimes et de celles contractées pour financer la lutte contre le virus.

Les premiers signataires du manifeste sont Eric Toussaint, Noami Klein, Miguel Urban Crespo, Noam Chomsky, Arundhati Roy, Andrej Hunko, Mohammad Yunus, Pierre Galand, Luciana Genro, Eulalia Reguant, Elisenda Perez, Jose Maria Gonzalez Santos, Pedro Santisteve, Teresa Rodriguez, Dan La Botz, Manon Aubry, Julien Bayou, Olivier Besancenot, Manuel Bompard, Bastien Lachaud, Damien Carême, Leila Chaibi, Karima Delli, Didier Epsztajn, Frank Gaudichaud, Pierre Khalfa, Raymonde Poncet, Christine Poupin, Philippe Poutou, Frank Prouhet, Michèle Rivasi, François Ruffin, Catherine Samary, Yorgos Mitralias, Panagiotis Sotiris, Gilbert Achcar, Costas Lapavitsas et Charles André Udry.

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23 décembre 2021 4 23 /12 /décembre /2021 17:02

 

 

https://rue89bordeaux.com/2021/12/sur-fond-de-crise-interne-a-bordeaux-en-luttes-antoine-boudinet-demissionne-du-conseil-municipal/

 

Sur fond de crise interne à Bordeaux en Lutte, Antoine Boudinet démissionne du conseil municipal de Bordeaux

Dans un communiqué publié Mardi 21 Décembre 2021, le collectif Bordeaux en Lutte a annoncé la démission d’Antoine Boudinet, élu au conseil municipal. Cette démission intervient suite à des tensions internes après la placardisation de Myriam Eckert, attachée du groupe. Quatrième sur la liste, celle-ci se retrouve sur les bancs de l’opposition à Bordeaux.

Gilet Jaune devenu conseiller municipal, Antoine Boudinet quitte son poste d’élu à la mairie de Bordeaux. Depuis 2020, il siégeait au sein du groupe Bordeaux en Lutte aux côtés de Philippe Poutou et d’Evelyne Cervantes-Descubes.

Dans un récent entretien accordé à Rue Quatre Vingt Neuf Bordeaux, Antoine Boudinet confiait déjà ne pas être sûr de faire tout le mandat.

Huit jours plus tard, lors d’une assemblée générale du collectif Bordeaux en Lutte, Jeudi 16 Décembre 2021, l’élu a annoncé sa démission. Cette décision propulse Myriam Eckert, quatrième de la liste de Bordeaux en Lutte, sur les bancs du conseil municipal.

L’explication de ce départ est donnée dans un communiqué publié Mardi 21 Décembre 2021, en raison de la placardisation de Myriam Eckert, l’attachée du groupe, situation qui serait allé contre les convictions d’Antoine Boudinet.

« Cette placardisation a été perçue au travers de déplacements des lieux des réunions de travail sans l’en informer, de l’absence de missions et de tâches » détaille le communiqué. Dans un post Facebook, Myriam Eckert évoque des méthodes dégueulasses de management, « cette situation fait que j’étais en arrêt maladie depuis près de deux mois pour des symptômes dépressifs sévères, me laissant tout d’abord complètement sidérée ».

Toujours selon ce communiqué signé des deux attachés du groupe Bordeaux en Lutte, Nordine Raymond et Myriam Eckert, mais envoyé par d’autres membres du collectif Bordeaux en Lutte, une commission de médiation interne avait été saisie au début du mois d’octobre 2021. Celle-ci n’a visiblement abouti à rien.

« Les trois élus ont alors refusé de rencontrer cette commission et ils ont adressé à la fin du mois d’octobre 2021 une lettre ouverte à Myriam Eckert et à tous les adhérents de Bordeaux en Lutte dans laquelle ils expliquent ne plus vouloir ni pouvoir travailler avec elle », affirme le communiqué.

Parmi ces élus figurait donc Antoine Boudinet, qui considère rétrospectivement qu’ila été associé à cette mise à l’écart, malgré ses propres convictions.

« S’ils étaient confirmés, la contradiction entre ces agissements et les valeurs qui ont prévalu à la constitution de notre liste aux élections municipales de 2020 et dans lesquelles se sont reconnus six mille électeurs serait telle que nous ne pourrions les cautionner », prévient sans plus de précision le communiqué de Bordeaux en Lutte.

L’assemblée générale du collectif demande aux deux autres élus du groupe, Philippe Poutou et Evelyne Cervantes-Descubes, de revenir devant le collectif, ce qu’ils n’ont pas fait depuis trop longtemps, et de répondre aux demandes de la commission de médiation ».

Avec des conseillers municipaux en conflit ouvert, la crise ne fait sans doute que démarrer au sein de Bordeaux en Lutte, coalition de militants du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), du Mouvement de la France Insoumise (MFI) et de la société civile. Sollicité par Rue Quatre Vingt Neuf Bordeaux, Philippe Poutou a fait savoir qu’une conférence de presse sera donnée au mois de janvier 2022 pour expliquer les problèmes internes du groupe municipal de Bordeaux en Lutte et pour la suite de son action.

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23 décembre 2021 4 23 /12 /décembre /2021 16:41

 

 

https://www.courrierinternational.com/article/justice-condamne-4-ans-de-prison-lex-president-tunisien-marzouki-denonce-un-jugement

 

Condamné à quatre ans de prison, l'ancien président tunisien Moncef Marzouki dénonce un jugement politique

Accusé d’avoir joué un rôle dans le report du sommet international de la francophonie qui devait se dérouler au mois de novembre 2021, l’ancien président de la république tunisienne Moncef Marzouki a été condamné Mercredi 22 Décembre 2021 à quatre ans de prison ferme avec effet immédiat, a indiqué la radio privée Mosaïque FM. La condamnation a été prononcée par contumace, Moncef Marzouki vivant désormais en France.

Selon les juges qui ont rendu le verdict, Moncef Marzouki est coupable d’atteinte à la sûreté extérieure de l'état, en nuisant aux intérêts diplomatiques de la Tunisie, en raison d'une déclaration dans laquelle l’ancien président de 2011 à 2014 s’est dit fier d’avoir contribué au report du sommet international de la francophonie, initialement prévu le 20 novembre et le 21 novembre 2021 à Djerba.

Depuis son lieu de résidence actuel en France, Moncef Marzouki a dit que « cette condamnation a été rendue par un misérable magistrat sur ordre d’un président illégitime ». L’ancien président s’est également dit convaincu que « cet apprenti dictateur partira », allusion à Kaïs Saïed, actuel chef de l’état tunisien, rapporte le site d’information Tunisie Numérique.

De son côté, Business News estime que, en actionnant la machine judiciaire contre Moncef Marzouki, le président Kaïs Saïed lui rend service. « Moncef Marzouki ne pouvait espérer meilleur cadeau de son successeur. Alors qu’il était traité de tous les noms, il y a à peine deux mois, le voilà devenu victime aux yeux de ceux-là mêmes qui le vilipendaient et qui le qualifiaient de traître et de menteur », commente Business News.

Depuis le 25 juillet 2021, Kaïs Saïed détient les pleins pouvoirs et il entend bousculer la vie politique tunisienne. Même s’il s’en est toujours défendu, l’actuel président tunisien est accusé de chercher à faire main basse sur la justice.

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23 décembre 2021 4 23 /12 /décembre /2021 14:44

 

 

https://www.liberation.fr/checknews/covid-19-quelle-est-la-part-des-vaccines-dans-les-entrees-en-reanimation-selon-les-derniers-chiffres-20211222_Z6TWKSKPLBHOBA46QNCANHVBLY/

 

Quelle est la part des non-vaccinés dans les entrées en réanimation, selon les derniers chiffres ?

Alors que plusieurs responsables de services de réanimation expliquent voir arriver une très grande majorité de non-vaccinés dans leurs unités, la moyenne, au niveau national, est proche de cinquante pour cent.

Vous êtes nombreux à nous interroger sur la part respective des vaccinés et des non-vaccinés dans les entrées, dans les services de réanimation, des malades atteints du coronavirus, après les récentes déclarations des responsables hospitaliers expliquant relever une très grande majorité de non-vaccinés parmi les arrivées dans leurs unités.

Au Centre Hospitalier Régional (CHR) de Metz-Thionville, par exemple, le directeur général adjoint affirme que quatre-vingt-cinq à quatre-vingt-dix pour cent des patients admis en service réanimation sont non-vaccinés, selon le site Tout Metz. Au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) d’Avignon, ce taux atteindrait quatre-vingt-dix pour cent, selon France Info.

Il y a deux semaines déjà, nous avions répondu à cette question, après les déclarations de l’infectiologue Karine Lacombe de l’hôpital Saint-Antoine à Paris, selon laquelle « quatre-vingts pour cent des personnes qui arrivent à l’hôpital avec un coronavirus ne sont pas vaccinées et ce sont celles majoritairement qui passent en réanimation et qui meurent ».

Sur la base des données de la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (DREES) pour l’ensemble de la France, nous estimions alors la part des non-vaccinés à quarante-trois pour cent dans les entrées en hospitalisation conventionnelle pour cause de coronavirus et à cinquante pour cent dans les entrées en soins critiques, incluant réanimation, soins continus et soins intensifs. Ce qui ne signifiait pas pour autant que les vaccins n’étaient pas efficaces contre les formes graves de coronavirus. Il y avait en effet sept fois moins d’hospitalisations parmi un million de vaccinés que parmi un million de non-vaccinés. Mais les vaccinés représentant quatre-vingt-dix pour cent de la population des plus de douze ans et le vaccin n’étant pas efficace à cent pour cent, il est logique que, en valeur absolue, cette population soit désormais majoritaire dans les entrées à l’hôpital.

Qu’en est-il maintenant ? Le ministre de la santé, Olivier Véran, est revenu sur ce sujet Mercredi 22 Décembre 2021 sur BFM Télévision, « nous trouvons deux types de patients dans les services de réanimation. Nous trouvons d’abord des personnes non-vaccinées, selon les hôpitaux, de cinquante à quatre-vingt-dix pour cent, retenez une petite majorité à l’échelle nationale de patients non-vaccinés. Nous trouvons d’autre part des patients qui sont vaccinés, mais qui sont très fragiles, des patients chez qui la vaccination n’a pas la même efficacité que chez vous et moi, des personnes très âgées, parce que, quand vous êtes centenaire, ou que vous approchez de cent ans, votre système immunitaire est moins réactif au vaccin, des personnes qui ont des maladies chroniques qui affectent leur système immunitaire, par exemple des personnes qui ont été greffées, ou des personnes qui ont des maladies chroniques ».

Notons tout de suite, concernant les vaccinés, que les centenaires ou quasi centenaires sont en réalité très peu présents en réanimation. Dix-sept personnes âgées de plus de quatre-vingt-dix ans sont actuellement en soins critiques, sur trois mille quatre-vingt-seize patients à la date du Mardi 21 Décembre 2021, soit moins que les trente enfants de moins de neuf ans et, pour les comorbidités, la DREES ne livre pas, du moins publiquement, ce type d’informations.

Concernant la part des non-vaccinés, le ministre est en revanche proche de la réalité. Certes, nous ne disposons pas de données sur le stock de personnes vaccinées ou non-vaccinées, qui plus est dans les seuls services de réanimation.

Mais concernant le flux, autrement dit les entrées en soins critiques, les non-vaccinés représentent bien, ces derniers jours, et pour l’ensemble de la France, une petite moitié, plus précisément cinquante-deux pour cent au début du mois de décembre 2021, selon les données de la DREES, la cellule des statistiques du ministère de la santé, un taux quasi stable depuis un mois.

Mais là encore, ces chiffres en valeur absolue ne disent rien sur l’efficacité des vaccins. Car rapporté à un million de vaccinés de plus de vingt ans, d’une part, et à un million de non vaccinés de plus de vingt ans, d’autre part, les entrées en soins critiques sont bien plus nombreuses du côté des non-vaccinés. Pour eux, le risque d’entrer dans ce type d’unité est ainsi onze fois plus élevé que pour les vaccinés.

Il existe même une forte différence entre vaccinés sans rappel et vaccinés avec rappel, ces derniers ayant vingt fois moins de risques d’entrer en soins critiques que les non-vaccinés.

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22 décembre 2021 3 22 /12 /décembre /2021 16:43

 

 

https://www.bfmtv.com/politique/elections/presidentielle/presidentielle-sandrine-rousseau-depose-plainte-contre-des-sympathisants-d-eric-zemmour_AN-202112220310.html

 

Sandrine Rousseau porte plainte contre des sympathisants d'Éric Zemmour

L'ancienne candidate aux élections primaires écologistes a annoncé sur Twitter porter plainte après que des militants favorables au polémiste ont tambouriné et collé des tracts sur la porte de son domicile.

Sandrine Rousseau, la présidente du conseil politique de Yannick Jadot, a annoncé Mercredi 22 Décembre 2021 qu'elle avait porté plainte contre des sympathisants d'Éric Zemmour venus taper à sa porte et coller des tracts devant son domicile dans la nuit du Mardi 21 Décembre au Mercredi 22 Décembre 2021.

« Des militants d’Eric Zemmour ont tambouriné et collé des tracts sur ma porte. Un pas de plus a été franchi dans la dénégation de la démocratie. Ces intimidations décuplent mon énergie à porter des discours écologistes, sociaux, feministes et antiracistes. J’ai porté plainte », a expliqué sur Twitter l’ancienne candidate aux élections primaires écologistes.

La plainte, déposée Mercredi 22 Décembre 2021 au commissariat de la Rochelle, fait état d'une dégradation de son habitation, à Lille, par des autocollants du mouvement d'Éric Zemmour, Reconquête, présentant le visage du polémiste apposé sur la façade et la porte d'entrée, à hauteur d'homme, ainsi que des sacs poubelles déposés sur la façade.

Sandrine Rousseau n'était pas sur place au moment des faits. Le conjoint de l’ancienne candidate aux élections primaires écologistes était présent au domicile, il dormait et a été réveillé par des bruits de sonnettes continus. En ouvrant la porte, il n'y avait plus personne dans la rue, précise la plainte.

Le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot a rapidement assuré Sandrine Rousseau de son plein soutien sur Twitter.

Eric Coquerel, député du Mouvement de la France Insoumise (MFI) de Seine-Saint-Denis, a également fait part de sa solidarité à l'égard de la présidente du conseil politique de Yannick Jadot.

Ce dépôt de plainte survient alors que le député Alexis Corbière et la conseillère régionale d'Ile-de-France, Raquel Garrido, tous les deux militants du MFI, ont annoncé qu’ils portaient plainte après la diffusion de vidéos de partisans de l’ancien éditorialiste, tirant à l'arme en feu tout en parlant de les chasser.

Ce n'est pas la première fois que des sympathisants du candidat font polémique. Plusieurs membres de la Famille Gallicane, un groupuscule d'extrême droite, avaient diffusé sur une boucle Telegram des vidéos les mettant en scène en train de tirer contre des caricatures racistes, comme l'a révélé le média en ligne Street Press. « Ils ont immédiatement été dégagés de Génération Z », a assuré Stanislas Rigault après ces révélations.

Le youtubeur Papacito, qui soutient la candidature de l'ancien journaliste du Figaro, est également visé par une enquête. Il a publié sur sa chaîne YouTube une vidéo mettant en scène la mise à mort d'un électeur du MFI.

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22 décembre 2021 3 22 /12 /décembre /2021 12:50

 

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaston_Crémieux

 

POSTERITE DE GASTON CREMIEUX

Mercredi 22 Décembre 2021

La mort de Gaston Crémieux provoque une profonde émotion dans toute la ville mais également à la chambre. Elle est à rapprocher de l'exécution d'un autre communard nîmois, Louis-Nathaniel Rossel, qui eut lieu à Satory. Le 9 décembre 1871, le député Francisque Ordinaire, né en 1844 et mort en 1896, est suspendu pour avoir vilipendé la commission des grâces comme étant une commission d'assassins. Maurice Rouvier, pour des faits similaires, est condamné à l'amnistie du dédain.

Avocat et proche du peuple, animé d'un grand idéal d'éducation, Gaston Crémieux a cru jusqu'au péril de sa vie à l'instauration d'une république sociale et universelle. Martyr de la Commune marseillaise, il reste durant de longues années la figure emblématique du mouvement ouvrier de la cité phocéenne car, jamais, il n'a cessé de se battre en faveur de tous les opprimés. Son nom même demeure dangereux. Gilly la Palud, rédacteur du journal l'Égalité, est condamné au mois de décembre 1871 pour avoir publié sa biographie. En 1872, cependant, le bruit court dans les milieux de droite que la mairie de Marseille vote une bourse pour les études d'un de ses fils, ce qui défrise les légitimistes. Certains réactionnaires n'hésitent pas à se moquer des larmes de la veuve de Gaston Crémieux comme le fait le polémiste Léonce Dupont par la publication de lettres prétendument anonymes.

En 1872, Noémie Crémieux envoie une copie des œuvres de son mari à Victor Hugo, qui lui répond que « je reçois votre précieux et douloureux envoi. J'avais vu votre vaillant mari chez mon fils Charles Hugo. Tous les deux sont morts. Je mets à vos pieds mon émotion profonde ». Afin de subsister, la veuve de Gaston Crémieux ouvre, rue Saint-Ferréol, un magasin de vêtements à l'enseigne des trois orphelins.

En 1873, Prosper-Olivier Lissagaray met en scène le fantôme de Gaston Crémieux dans une pièce de théâtre, la Vision de Versailles. En 1876, le magasin de Noémie Crémieux fait faillite.

En 1877, le polémiste Léonce Dupont réitère ses attaques. Dans ses mémoires, il dépeint Gaston Crémieux comme un beau brun, au teint mat et à la voix éclatante et vibrante , puis il affirme que c'était un démagogue sans retenue, d'une irrésistible vanité. Pour la droite française de l'époque, comme pour le journaliste, la mort de Gaston Crémieux, juif et franc-maçon, demeure la conséquence logique de son engagement, qu'elle juge naïf voire crapuleux.

Le 30 novembre 1878, une manifestation silencieuse réunissant cinq cent personnes se porte au cimetière Saint-Pierre, vers sa tombe. La cérémonie est autorisée à condition qu'aucun discours ne soit prononcé et seuls les porteurs de gerbes peuvent pénétrer dans le cimetière.

En 1879, Patrice de Mac-Mahon démissionne et la république devient vraiment républicaine. Noémie Crémieux fait publier les œuvres posthumes de son époux chez Dentu avec l'aide de Clovis Hugues et d'Alfred Naquet, un autre boulangiste. Leur succès est mitigé, Noémie Crémieux est déçue. En 1881, elle s'installe rue Marcadet, puis rue Fontaine, à Paris. Elle ouvre un bureau de tabac. Albert Crémieux devient avocat. André Crémieux devient publiciste.

En 1881, l'ancien préfet d'Alexandre Ledru Rollin, l'avocat aixois, conseiller général et membre du cercle des proscrits de 1851, Ernest Brémond, publie dans Socialisme et Liberté sa sympathie pour le vénéré Gaston Crémieux. Le 10 mars 1882, Clovis Hugues présente au théâtre du Gymnase à Marseille sa pièce du « neuf thermidor ou la vengeance de Robespierre ».

En 1886, l'antisémite Édouard Drumont fait courir le bruit que Gaston Crémieux a été gracié par Adolphe Thiers et qu’il a été fusillé sur les seuls ordres d’Henri Espivent. En 1888, l'historien Paul Blondois reconnaît dans son histoire de la Commune, que la clémence eût pu s'exercer à son égard. Albert Crémieux meurt en 1890, il laisse deux enfants, Gaston et Maurice Crémieux. En 1900, Clovis Hugues dévoile à Camille Flammarion une étrange affaire parapsychique renforçant l'idée d'un destin messianique.

Le journal de l’Humanité, fondé par Jean Jaurès, lui rend régulièrement hommage, notamment en 1907. Un premier hommage officiel et tardif lui est rendu en 1923 par le Parti Communiste Français (PCF) et d'autres éphémérides le célèbrent en 1926 et en 1928. Un boulevard de Marseille porte son nom, que la municipalité vichyste débaptise le 13 janvier 1941. Le boulevard retrouve son nom le 31 octobre 1944. Gaston Crémieux, son petit-fils, meurt en déportation à cinquante et un ans, le 15 août 1942.

En 1967, Pierre Vidal-Naquet fonde le cercle Gaston Crémieux. En 1970, Jean-Claude Izzo écrit dans les colonnes de la Marseillaise que « son exécution qui fut sans mesure avec son activité politique est une des hontes ineffaçables de la répression antipopulaire après le printemps 1871 ».

On réévalue aujourd'hui le rôle historique joué par la franc-maçonnerie dans cet épisode ainsi que la responsabilité personnelle d’Adolphe Thiers dans l'exécution de ce jeune avocat. « Gaston Crémieux est franc-maçon », affirme Adel Joshua, « il pense que Marseille, avec sa forte population ouvrière, peut être un laboratoire social. Il a été vénérable de sa loge, mais il n'a aucune responsabilité maçonnique pendant les événements. Là aussi, la récupération s'effectue a posteriori. Au moment des Communes de Marseille et de Paris, le président du conseil de l'ordre du Grand Orient de France (GOF) juge qu'il s'agit d'une criminelle sédition qui ensanglante la France et qui déshonore la franc-maçonnerie. Gaston Crémieux n'est pas soutenu par ses frères au niveau national. Les dignitaires considèrent que les communards maçons sont des éléments isolés dont la franc-maçonnerie ne peut se réclamer. Certaines loges s'impliquent, mais les plus révolutionnaires feront l'objet de sanctions. La franc-maçonnerie revendique, en revanche, la Commune à partir de 1880, quand les communards sont amnistiés. Quant à Gaston Crémieux, il est la seule victime de l'insurrection marseillaise, fusillé sur l'ordre d'Adolphe Thiers ».

Rien n'est moins sûr, la commission des grâces ayant condamné Gaston Crémieux en suivant Henri Espivent contre l'avis d’Adolphe Thiers. On trouve cependant le même propos sous la plume de Paul Lombard qui, selon les mots de Jean Contrucci, se mue en procureur pour chasser la houppette sanglante d'Adolphe Thiers de son dictionnaire et pour mieux célébrer celui qu'il fit assassiner, le chef de la Commune de Marseille et avocat des pauvres, Gaston Crémieux.

Le 2 décembre 2011, à l’occasion des cent quarante ans de la Commune de Marseille, une séance exceptionnelle de reconstitution du procès de Gaston Crémieux a lieu à l'initiative de l'avocat Roger Vignaud dans la petite salle du tribunal de Marseille, la salle du procès historique, la Chancellerie ayant donné son autorisation. Elle réunit pendant deux heures d’audience et de plaidoiries Sylvie Canovas, vice-procureur à Marseille, incarnant l’avocat général, Jean-Pierre Deschamps, ancien président de la cour d’assises des Bouches-du-Rhône, interprétant le rôle du président du tribunal militaire, et Sixte Ugolini, ancien bâtonnier de Marseille, tenant le rôle de l’avocat de Gaston Crémieux.

L’anniversaire de la mort de Gaston Crémieux est célébré à Marseille par les partis de gauche et d’extrême-gauche. Outre un boulevard marseillais, son nom a été donné à une place et une rue d'Évry, à des rues de Montceau-les-Mines et de Saint-Mitre-les-Remparts, à une rue et à une impasse à Martigues. Le nom du boulevard Gaston Crémieux de Marseille a été donné par arrêté du 13 janvier 1941 puis, après un changement de nom, il a repris sa dénomination par arrêté du 31 octobre 1944.

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22 décembre 2021 3 22 /12 /décembre /2021 12:13

 

 

https://www.liberation.fr/checknews/combien-de-personnes-sont-reellement-malades-du-covid-parmi-les-cas-positifs-20211218_KJ225FYP4RH4NMUV3MLEQV5XFI/

 

Combien de personnes sont réellement malades du coronavirus parmi les cas positifs ?

Environ cinquante pour cent des cas positifs ont des symptômes au moment du dépistage et moins de trois pour cent nécessiteront une hospitalisation.

Samedi 18 Décembre 2021

Contrairement à une facilité de langage répandue associant un cas positif à un malade, une contamination au coronavirus ne signifie pas forcément qu’on est malade du coronavirus. En effet, une part significative des personnes infectées par le virus ne développent jamais de symptômes, même légers. Interrogée sur ce point, Santé Publique France (SPF), en charge du suivi de l’épidémie, considère en effet qu’une personne positive asymptomatique n’est pas un malade, mais un cas auquel doivent s’appliquer les mêmes mesures que les symptomatiques, comme le contact tracing et l’isolement.

Combien tombent vraiment malades ? SPF communique chaque semaine dans son bulletin épidémiologique la part de symptomatiques parmi les cas positifs. « Dans le dispositif SIDEP qui permet de récupérer le résultat des tests, il est possible de préciser la présence de symptômes », précise ainsi SPF. Dans le dernier point, portant sur la semaine du 6 décembre au 12 décembre 2021, il est ainsi précisé que « la proportion de cas positifs présentant des symptômes se maintenait à cinquante pour cent ».

Parmi les personnes qui développent des symptômes, toutes ne connaissent pas non plus le même degré de gravité de la maladie. Par exemple, dans la semaine du 22 novembre au 28 novembre 2021, on comptait près de trente mille nouveaux cas par jour, d’après SPF, soit deux cent huit mille six cent trente contaminations sur la semaine, dont environ la moitié de cas symptomatiques. Il faut ensuite compter un décalage d’une semaine en moyenne pour connaître la part de ces personnes infectées qui a développé une forme grave du virus nécessitant une hospitalisation.

Dans la semaine du 29 novembre au 5 décembre 2021, cinq mille huit cent cinquante-six patients ont été hospitalisés dont mille trois cent soixante-neuf en soins critiques, soit respectivement trois pour cent et un pour cent du nombre de contaminés la semaine précédente, soit six pour cent et un pour cent des contaminés symptomatiques. A noter que d’après SPF, sur les sept derniers jours, quatre-vingt-six pour cent des hospitalisations étaient liées au coronavirus et quatorze pour cent pour d'autres raisons que le coronavirus, mais avec un test positif au coronavirus. En soins critiques, la part de patients pris en charge pour un coronavirus monte à quatre-vingt-quinze pour cent.

Pour revenir à notre exemple et connaître la part de malades testés positifs dans la semaine du 22 novembre au 28 novembre 2021 qui sont morts, il faut attendre une semaine supplémentaire, en moyenne, après la date d’hospitalisation. D’après le dernier bulletin épidémiologique portant donc sur la période allant du 6 décembre au 12 décembre 2021, huit cent quatre-vingt-dix morts ont été enregistrés, à l’hôpital, dans un Etablissement d'Hébergement des Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) ou dans un autre établissement médico-social, soit quatre pour mille du nombre de nouvelles contaminations enregistrées deux semaines auparavant.

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22 décembre 2021 3 22 /12 /décembre /2021 09:25

 

 

https://actualitte.com/article/103955/droit-justice/egypte-cinq-ans-de-prison-pour-alaa-abdel-fattah-figure-revolutionnaire

 

Cinq ans de prison pour Alaa Abdel Fattah, figure de la révolution égyptienne

Depuis le mois de septembre 2019, Alaa Abdel Fattah se trouve en détention provisoire dans une prison de haute sécurité égyptienne. Notamment accusé d’avoir rejoint une organisation illégale, ou encore de propagation de fake news et d'abus sur les réseaux sociaux, ce blogueur, informaticien et militant de gauche, a subi sept ans de mesures punitives. Lundi 20 Décembre 2021, Alaa Abdel Fattah a été condamné à cinq ans de prison ferme, tout comme deux autres accusés.

Âgé de quarante ans, Alaa Abdel Fattah est devenu une icône de la révolution égyptienne de 2011. Lundi 20 Décembre 2021, il a été déféré devant la cour de sûreté de l'état pour délit d'urgence avec l'éminent avocat des droits humains Mohamed al-Baqer et le blogueur Mohamed Oxygen Ibrahim, quelques jours avant que le président n'annonce la fin de l'état d'urgence dans le pays. Aucune procédure d’appel n’est possible.

Avant son arrestation en 2019, Alaa Abdel Fattah avait passé une longue période dans des conditions de probation stricte, suite à une première peine, celle-ci, de cinq ans, de 2014 à 2019, s’expliquait par une infraction de la loi sur les manifestations. Le 3 juillet 2013, il avait participé à une manifestation non autorisée, quelque temps après le coup d'état militaire du général Abdel Fatah al-Sissi.

Au moment de son arrestation le 29 septembre 2019, le blogueur et son avocat Mohamed al Baqer, du Centre Adalah pour les droits et les libertés, avaient été soumis à des défilés de bienvenue. Cette méthode de torture consiste à obliger les nouveaux prisonniers à ramper entre deux lignes de policiers, de façon à les maltraiter physiquement et psychologiquement. Au total, le militant aurait ainsi passé environ les deux tiers des dix dernières années en prison.

Laila Soueif, mathématicienne et activiste, mère du militant politique Alaa Abdel Fattah, s’est exprimée dans une tribune publiée dans le New York Times, Vendredi 17 Décembre 2021, « son crime, comme de millions de jeunes en Égypte et ailleurs, est d’avoir cru qu’un autre monde pouvait advenir et d'avoir fait en sorte que cela soit le cas ».

Malgré le récent déni des violations des droits humains par le président Abdel Fattah al Sissi, la persécution incessante d'Alaa Abdel Fattah, ainsi que des membres de sa famille, démontre une relation de l'état envers la liberté d’expression des plus ambigües. En particulier avec, à ce jour, plus de soixante mille détenus d'opinion au compteur du pays, rappelle l'Agence France Presse (AFP). En effet, ces verdicts particulièrement sévères illustrent l'utilisation draconienne par l'Égypte d'un système judiciaire défectueux, afin d’étouffer toute forme de contre-expression.

Le Pen International a annoncé estimer que les condamnations d'Alaa Abdel Fattah, de Mohamed al-Baqer et de Mohamed Oxygen Ibrahim, font suite à un procès inéquitable devant un tribunal d'exception et qu’elles constituent des actes de représailles pour leur pratique légitime du droit à la liberté d'expression, appelant ainsi les autorités égyptiennes à annuler les condamnations, à abandonner toutes les charges retenues contre eux et à les libérer immédiatement et sans condition.

Répondant à la condamnation, Ma Thida, président du comité des écrivains en prison du Pen International, a déclaré que « personne ne devrait être emprisonné pour avoir partagé un message ou tweeté sur des violations des droits humains. Le verdict d'aujourd'hui illustre la répression impitoyable des autorités égyptiennes contre la liberté d'expression, visant à punir, intimider et réduire au silence les voix indépendantes. Alaa Abdel Fattah, Mohamed al Baqer et Mohamed Oxygen Ibrahim doivent tous être libérés et toutes les charges retenues contre eux doivent être abandonnées ».

Selon la famille d’Alaa Abdel Fattah, les autorités pénitentiaires lui ont refusé l'accès aux livres et aux journaux pendant près de deux ans. De la même manière, il lui est formellement interdit de quitter sa cellule, l’empêchant de pratiquer une quelconque activité physique, des mesures extra-punitives, qui ont sans aucun doute un réel impact sur la santé physique et mentale du militant.

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21 décembre 2021 2 21 /12 /décembre /2021 17:07

 

 

https://www.marxist.com/cuba-echec-des-manifestations-reactionnaires-alors-que-les-foulards-rouges-se-rassemblent-pour-defendre-la-revolution.htm

 

Echec des manifestations réactionnaires, alors que les foulards rouges se rassemblent pour défendre la révolution cubaine

Par Jorge Martin   

Mardi 23 Novembre 2021

La manifestation tant attendue de l’opposition au gouvernement cubain, prévue pour le Lundi 15 Novembre 2021, n’a finalement pas eu lieu. Les liens de ses organisateurs avec Washington et avec des éléments contre-révolutionnaires et terroristes ont ôté toute légitimité à leurs appels. La répression policière ciblée a fait le reste.

Après avoir annulé la manifestation, le porte-parole du mouvement, le dramaturge Yunior García, a fini par quitter le pays et partir pour Madrid. Mais le développement le plus intéressant de ces derniers jours, dont les médias capitalistes occidentaux n’ont rien dit, est peut-être l’émergence du mouvement des foulards rouges.

L’échec total de la manifestation du Lundi 15 Novembre 2021 a été un coup dur pour tous ceux qui s’attendaient à de grandes manifestations contre le gouvernement, à une répression policière féroce et à un changement de régime, et ils avaient préparé le terrain dans ce sens. Les Etats-Unis avaient sévèrement menacé de nouvelles sanctions si le gouvernement cubain réprimait le mouvement, avec l’hypocrisie typique des impérialistes qui ferment les yeux devant la répression brutale de manifestants pacifiques et les assassinats commis par la police dans leur propre pays. Des députés européens ont essayé d’atterrir sur l’île en criant qu’ils voulaient pour Cuba ce qu’ils avaient en Europe. Ils faisaient référence aux droits humains que la police polonaise, dans cette même Union Européenne capitaliste, semble défendre d’une façon bien différente en opposant des gaz lacrymogènes, des barbelés et des canons à eau, aux réfugiés qui tentent de franchir la frontière pour chercher un asile et une protection humanitaire.

Mais tous ont fait la même erreur cruciale. Ils ont sous-estimé les sentiments anti-impérialistes très profondément ancrés dans la population cubaine. Le 11 juillet 2021, des milliers de cubains sont sortis protester dans plusieurs villes de l’île. Leurs motivations étaient variées. Beaucoup manifestaient contre la détérioration de leurs conditions de vie et contre les épreuves qu’ils subissent au quotidien. Le premier responsable de cette détérioration est l’embargo américain, renforcé par Donald Trump et laissé intact par Joseph Biden. Elle a ensuite été sévèrement aggravée par la pandémie qui a supprimé tous les apports économiques vitaux venant du tourisme et elle n’a fait qu’empirer avec l’application des mesures d’ordenamiento du gouvernement depuis le premier janvier 2021. A tout cela s’ajoutent les problèmes chroniques causés par la gestion bureaucratique de l’économie planifiée et l’impact négatif des mesures d’ouverture au marché capitaliste.

Parmi ceux qui ont manifesté contre le gouvernement le 11 juillet 2021, il y avait également une couche de jeunes en colère contre l’arbitraire de l’état, la censure et le bureaucratisme étouffant. Enfin, il y avait également des éléments contre-révolutionnaires favorables à l’annexion de Cuba par les Etats-Unis. Parce que ces derniers étaient les seuls participants à être véritablement organisé, dotés d’idées claires et d’un programme, ce sont eux qui ont dominé politiquement les manifestations.

Ce regroupement de différentes couches de mécontents ne s’est pas renouvelé Lundi 15 Novembre 2021. Les organisateurs, qui se désignent comme la plateforme de l’Archipel, se sont concentrés uniquement sur les droits démocratiques des personnes arrêtées et inculpées après les manifestations du 11 juillet 2021. Ils n’ont pas abordé la pénurie économique et ils n’ont fait aucune tentative de se connecter aux secteurs les plus touchés par la crise, dont certains avaient exprimé leur frustration en manifestant le 11 juillet 2021.

Pire encore, alors que les militants de l’Archipel essayaient de se présenter comme non-violents contre la répression de l’état et partisans du dialogue et du consensus contre l’autoritarisme, une bonne partie de ceux qui ont ouvertement soutenu leur appel étaient en réalité des éléments ouvertement contre-révolutionnaires, voire des terroristes. Ni Yunior García, ni l’Archipel n’ont pris leurs distances avec eux. Au contraire, toute leur stratégie reposait sur la construction de l’unité d’action la plus large possible contre le gouvernement cubain. Sans surprise, leur rhétorique ni de droite, ni du centre, ni de gauche, s’est révélé vouloir en réalité signifier un front uni contre la révolution avec les plus répugnantes des couches réactionnaires.

Ce qui a achevé de couler l’appel à la manifestation du Lundi 15 Novembre 2021 furent les liens avérés de l’organisateur Yunior García avec les projets onéreux élaborés à Washington pour provoquer une transition à Cuba, c’est-à-dire un changement de régime et la restauration du capitalisme, un plan qui envisage également clairement une forme ou une autre d’annexion de l’île.

Les cubains sont très critiques, à juste titre, de la situation à laquelle ils sont confrontés et un certain nombre de ces critiques sont dirigées, de façon tout à fait compréhensible, contre le gouvernement et contre l’état cubain. Ces critiques ne sont pas le fait seulement de ceux qui se considèrent comme oppositionnels, mais elles sont également répandues parmi ceux qui appuient la révolution. Mais à Cuba, un mouvement contestataire ou critique se condamne d’avance s’il semble connecté à l’impérialisme américain.

Dès que ces liens ont été connus du grand public, la manifestation du Lundi 15 Novembre 2021 n’avait plus aucune chance de réussir. Yunior García lui-même, conscient de son inéluctable échec, a décidé de l’annuler quelques jours plus tôt. Saisissant le prétexte d’une possible répression policière, il a conseillé à ses partisans de ne pas manifester. Pour tenter de sauver les apparences, il a déclaré qu’il sortirait de chez lui Dimanche 14 Novembre 2021, pour aller seul déposer une fleur blanche au pied de la statue de José Martí, le héros de l’indépendance cubaine, dans le Parc Central de la Havane. Il a également appelé tous les cubains à sortir pour marcher individuellement, Lundi 15 Novembre 2021, habillés de blanc, à frapper sur des casseroles et à applaudir depuis leur balcon. Rien de tout cela ne s’est produit.

La répression sélective, marquée par des mesures comme l’arrestation préventive de militants les plus connus, a indéniablement joué un rôle. Mais le facteur le plus important était que les organisateurs étaient politiquement discrédités et qu’ils sont finalement passés de la défiance à la docilité envers le gouvernement. Contrairement à ce qu’il avait annoncé, Yunior García n’est pas sorti de chez lui, Dimanche 14 Novembre 2021. Son immeuble était cerné par une démonstration de répudiation, essentiellement constituée de femmes et de policiers en civil. Il est important de relever que cet évènement a suscité l’opposition et le rejet de la part de beaucoup de défenseurs de la révolution. Ceux-ci considèrent qu’il faut apporter à l’opposition une réponse politique et que la solution ne se trouve pas dans le harcèlement individuel, qui évoque les pires moments de la répression stalinienne du Quinquenio Gris, les cinq années grises de 1971 à 1976.

Face à cette situation, l’homme qui se prend pour le Vaclav Havel cubain est resté chez lui plutôt que de sortir seul, comme il l’avait annoncé à ses partisans. S’il avait essayé de sortir de chez lui, il aurait certainement été arrêté et cet épisode aurait fait la une des médias du monde entier. Washington et Bruxelles auraient pu l’utiliser pour intensifier leur campagne contre la révolution cubaine. Mais il est clair qu’Yunior García avait déjà pris la décision de quitter l’île quelques jours plus tard, révélant au passage ce que valait son statut de leader, ainsi que la profondeur de sa conviction à se sacrifier pour la cause qu’il défend. Evidemment, Lundi 15 Novembre 2021, les masses vêtues de blanc ne sont pas descendues dans les rues.

Un autre facteur important dans l’échec de la manifestation du Lundi 15 Novembre 2021 fut le fait que cette date coïncidait avec la levée officielle de toutes les restrictions pesant sur le tourisme et sur le retour des élèves en présentiel, après des mois de confinement pour contenir la pandémie. La levée des restrictions a été rendue possible par l’impressionnante campagne de vaccination de masse, avec des vaccins fabriqués à Cuba, qui a permis à l’île de devenir en peu de temps un des pays les plus vaccinés au monde, y compris parmi les enfants âgés de plus de deux ans.

En d’autres termes, le potentiel des manifestations publiques a été directement contrebalancé par son possible impact négatif sur le tourisme, un élément que tout le monde sait essentiel pour l’économie cubaine, et sur l’éducation, une des plus importantes conquêtes de la révolution, aux yeux de la population.

Ceux qui croient que les principaux facteurs responsables de l’échec de la manifestation du Lundi 15 Novembre 2021 ont été l’interdiction officielle de manifester et les mesures policières n’ont rien compris. Il suffit de regarder d’autres pays d’Amérique Latine, le Chili, l’Equateur et la Colombie, pour ne citer que des exemples récents, où une brutale répression policière a débouché non seulement sur des arrestations, mais sur la mort et la mutilation de manifestants, sans pourtant réussir à empêcher des manifestations populaires massives.

La révolution cubaine fait face à de très sérieuses difficultés et il est évident qu’il existe un sentiment critique répandu dans de larges couches de la population. Mais cela ne signifie pas pour autant que ceux qui partagent ces critiques vont participer à une manifestation explicitement contre-révolutionnaire, opposée aux conquêtes de la révolution et liée à la puissance impérialiste qui, depuis soixante ans, utilise tous les moyens dont elle dispose pour briser la détermination de la population cubaine qui veut pouvoir décider de son propre sort.

Pour autant, l’échec de la manifestation du Lundi 15 Novembre 2021 ne signifie pas que tout à Cuba est revenu à la normale. Les problèmes auxquels la révolution est confrontée, les agressions impérialistes, le traitement injuste de Cuba sur le marché mondial et l’existence de la bureaucratie, sont encore là. Ce sont des problèmes sérieux qui doivent être abordés franchement.

De ce fait, le développement le plus intéressant de ces derniers jours est sans doute le rassemblement des foulards rouges. Cela ne tient pas au nombre des participants, mais à son importance politique. Naturellement, aucun média international n’a accordé d’intérêt aux activités des foulards rouges. Ces vautours ne sont venus sur l’île que dans l’espoir de pouvoir prendre des photos de violence et de répression et illustrer ainsi la chute du régime.

Peu après les manifestations du 11 juillet 2021, un groupe de jeunes révolutionnaires cubains a décidé d’organiser une action publique contre l’embargo et pour la défense de la révolution, mais de l’organiser indépendamment des institutions officielles. Après de longues procédures, ils ont enfin pu appeler à un rassemblement de quarante-huit heures devant la statue de José Martí au centre de la Havane, du Vendredi 12 Novembre au Dimanche 14 Novembre 2021. Les organisateurs ont décidé de s’appeler les foulards rouges. Des militants de divers groupes les ont rejoints, venant du Centre Martin Luther King, des Cimarronas, de la Tizza, du Proyecto Nuestra América, des militants des droits homosexuels luttant pour le nouveau code de la famille, des artistes et des étudiants.

Le sit-in a rassemblé des dizaines de révolutionnaires pour deux jours d’art, de musique, de culture et de discussions politiques, malgré une météo peu clémente. Le caractère de ce rassemblement est comparable à celui du Tángana au Trillo, le rassemblement de défense de la révolution organisé après la manifestation devant le ministère de la culture du 27 novembre 2020 et, en effet, certains des participants étaient les mêmes, bien que le noyau organisateur fût différent.

Il y a un an, un groupe de jeunes révolutionnaires avait appelé à un rassemblement révolutionnaire au parc du Trillo, où se trouve une statue du patriote noir cubain Quintin Bandera. Rapidement, les institutions officielles, l’Union des Jeunes Communistes et la Fédération Etudiante Universitaire, ont essayé de coopter l’évènement et d’en atténuer le caractère critique pour en faire un simple festival de musique, même s’ils n’ont pas réussi à effacer complètement son contenu politique.

Le rassemblement récent des foulards rouges comprenait diverses tendances politiques, mais leurs points communs étaient une claire opposition au blocus impérialiste et la défense de Cuba et de la révolution, tout en mettant parallèlement en avant une position critique de gauche. Cela se reflétait dans les discussions politiques qui ont eu lieu en parallèle des activités culturelles et artistiques.

Une des chansons que le troubadour cubain Tony Ávila a jouée pendant le rassemblement en résume bien l’esprit politique. Dans cette chanson, Tony Ávila parle des changements dont sa maison a besoin, mais il prévient que ces changements ne doivent absolument pas endommager les fondations. Au-delà de cela, l’idée n’est pas que la révolution a besoin de quelques changements tout en maintenant ses conquêtes fondamentales qui reposent sur la propriété publique des moyens de production, mais bien plutôt que la révolution et ses fondations ne peuvent être défendues qu’en faisant ces changements.

Pendant le rassemblement, un discours politique très important a été fait par Luís Emilio Aybar, membre du Proyecto Nuestra América et de la Tizza. Il insistait sur une série d’idées qu’on retrouve dans ses derniers articles, « ceux parmi nous qui sommes des révolutionnaires, des communistes et des anti-impérialistes, nous sommes conscients de tout ce qui ne va pas, car nous faisons partie de la population et nous souffrons de ces maux, qui peuvent être expliqués non seulement par le blocus, mais aussi par le fait que, en de nombreuses occasions, nous ne faisons pas ce qu’il faut et c’est cela que nous voulons combattre ». Luis Emilio Aybar a nettement mis en garde contre les fausses solutions et les fausses promesses, « quand les entreprises de l’état ne fonctionnent pas, on nous dit qu’elles doivent être privatisées. Quand ils mettent en place un embargo contre nous, on nous dit que nous devons leur remettre le pays pour ne plus être soumis au blocus ».

Faisant allusion aux récentes déclarations du président Miguel Díaz-Canel à propos du pouvoir populaire, Luis Emilio Aybar a souligné que « le problème est que les choses ne peuvent pas appartenir à tout le monde, si nous n’avons pas de pouvoir sur elles et si nous n’avons pas le pouvoir de les changer. Le socialisme a besoin d’un peuple puissant, il a besoin que le peuple ait la capacité de transformer sa réalité et il n’a pas besoin d’un peuple impuissant ».

Il est évident que ces questions sont cruciales, elles pointent dans la bonne direction. L’économie planifiée a besoin de démocratie ouvrière, de la même façon que le corps humain a besoin d’oxygène. La planification bureaucratique mène au gaspillage, aux privilèges, à la corruption et à la fainéantise. Les conquêtes de la révolution ne peuvent être défendues que par la participation réelle et décisive de la classe ouvrière dans l’administration de l’état et de l’économie.

« La meilleure façon de combattre la contre-révolution, c’est de faire la révolution », a déclaré Luis Emilio Aybar, qui a conclu son discours avec une série de slogans révélateurs repris en chœur par le public, parmi lesquels « à bas le bureaucratisme, la corruption, l’inégalité, le capitalisme, le machisme et l’homophobie », et son pendant, « longue vie à la révolution, à Fidel et au socialisme ».

L’intervention d’Ariel Cabrera a été encore plus tranchante. Cet étudiant communiste de Santa Clara n’a pas pu se rendre à la Havane, mais il a transmis un message de soutien aux foulards rouges. Son intervention était nettement anti-impérialiste, mais elle était en même temps dirigée contre la bureaucratie et contre toute tentative de restauration du capitalisme, « qu’elles viennent de nos ennemis déclarés ou de ceux qui se présentent comme nos amis », et en faveur d’un véritable pouvoir ouvrier dans les lieux de travail et dans les quartiers et de mécanismes de gestion démocratique par les ouvriers dans les entreprises d’état.

Ce qu’Ariel Cabrera a déclaré est parfaitement exact. Ce sont précisément de ces changements dont a besoin la maison de la révolution cubaine, pour paraphraser la chanson de Tony Ávila, si elle veut combattre les attaques des impérialistes et le danger de la restauration du capitalisme, le contrôle ouvrier et la démocratie ouvrière.

Comme on pouvait s’y attendre, le président Miguel Díaz-Canel a fait une apparition à la fin du rassemblement, précisément au moment où Tony Ávila chantait à propos des réformes nécessaires à appliquer dans sa maison. Les autorités ont clairement tenté de récupérer politiquement cet événement. Des photographies et des comptes rendus du rassemblement des foulards rouges et de la présence du président sont apparus dans tous les médias officiels.

Cependant, aucun d’entre eux n’a fait état des discours les plus marquants et des débats qui y ont eu lieu. Personne n’a mentionné la lutte contre la bureaucratie, le contrôle ouvrier ou la prise de décision par les travailleurs. Ceci soulève une autre question qui doit obligatoirement être posée si l’on veut défendre la révolution cubaine. Les médias de l’état doivent être ouverts à toutes les tendances révolutionnaires.

L’apparition des foulards rouges est importante pour deux raisons. Elle est importante, premièrement, car il s’agit d’une étape vers l’organisation autonome de jeunes communistes révolutionnaires et, deuxièmement, car elle encourage la discussion d’idées avancées sur la façon de défendre la révolution cubaine. Nous accueillons très favorablement cette initiative, nous nous engageons à la soutenir et nous proposons d’y participer autant que possible, car il s’agit d’un processus absolument nécessaire de discussion et de clarification politique.

La position de la Tendance Marxiste Internationale (TMI) est claire. Nous devons défendre la révolution cubaine. Cela veut dire avant tout s’opposer à l’embargo impérialiste et à l’agression que subit la révolution et cela veut dire défendre la nationalisation des moyens de production sur laquelle reposent ces conquêtes.

Nous nous opposons à la restauration du capitalisme et au contrôle bureaucratique de l’économie et de l’état qui sape la révolution. L’économie planifiée a besoin de la démocratie ouvrière et de la participation démocratique de la classe ouvrière à toutes les décisions. La lutte pour la défense de la révolution cubaine se mène aussi sur le terrain de la lutte des classes internationale. La démocratie ouvrière a pour corollaire l’internationalisme prolétarien et la lutte pour le socialisme international, qui briserait l’isolement de la révolution.

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