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14 mars 2021 7 14 /03 /mars /2021 13:59

 

 

https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/enquete-le-virus-du-covid-19-sest-il-echappe-dun-laboratoire-de-wuhan_4330585.html

 

Le coronavirus s’est-il échappé d’un laboratoire de Wuhan ?

Plus d'un an après le début de la pandémie, l'origine exacte du coronavirus n'a toujours pas été déterminée. Les journalistes d'Envoyé Spécial et de France Info ont enquêté pendant plusieurs mois sur l'hypothèse d'une fuite de laboratoire.

Samedi 13 Mars 2021

Cela fait plus d'un an que la question reste sans réponse. D'où vient le coronavirus ? Au début de l'année 2020, le coupable était tout désigné, c'était un pangolin, vendu sur les étals d'un marché de Wuhan. Mais cette théorie a désormais du plomb dans l'aile. Interrogé par France Télévision, George Gao, le directeur du centre de contrôle et de prévention des maladies chinois, le reconnaît lui-même, « après un an de recherches, nous n'avons trouvé aucun animal porteur du virus sur ce marché. Donc il a sans doute été un amplificateur de l'épidémie, mais pas la source directe et le virus découvert chez les pangolins est en fait complètement différent du coronavirus ».

Il y a une seule certitude, le virus vient d'une chauve-souris. Comment est-il passé à l'homme ? Deux hypothèses sont aujourd'hui jugées crédibles par les scientifiques. La première, considérée comme la plus probable, est celle d'une zoonose, c'est-à-dire d'une infection par un animal, une chauve-souris infectée a pu contaminer un homme directement ou à travers un animal intermédiaire non identifié pour le moment. La deuxième hypothèse, beaucoup plus sensible, est celle d'une fuite de ce virus depuis un laboratoire, peut-être lors d'une erreur humaine. Longtemps assimilée à une thèse complotiste, elle est aujourd'hui jugée plausible par une partie de la communauté scientifique.

Wuhan, connue pour son activité de recherche sur les virus, abrite trois laboratoires, un laboratoire pathogène de quatrième classe de très haute sécurité, où sont étudiés des virus comme Ebola, et deux laboratoires pathogènes de troisième classe, où sont étudiés les coronavirus. Ces derniers se trouvent en centre-ville, à quelques dizaines de mètres du marché où s'est déclarée l'épidémie. Tous ces laboratoires sont soumis à des règles de sécurité drastiques. Dans les laboratoires pathogènes de troisième classe, les chercheurs doivent passer par un sas où ils enfilent une tenue de protection. Interrogé par France Télévision, Manuel Rosa-Calatrava, le codirecteur du laboratoire pathogène de troisième classe de Lyon, dit que « c’est un environnement confiné, complètement étanche. De plus, il est en sous-pression, c'est-à-dire que la pression atmosphérique à l'intérieur est inférieure à celle de l'extérieur. En conséquence, par un principe physique, il ne peut pas y avoir de fuite de l'atmosphère de l'intérieur vers l'extérieur ». Pour les laboratoires pathogènes de quatrième classe, les consignes sont encore plus strictes. Les manipulateurs doivent porter un scaphandre grâce auquel ils respirent de l'air filtré.

Malgré ces consignes drastiques, l'hypothèse d'une fuite du virus depuis un laboratoire à Wuhan reste crédible aux yeux d'Etienne Decroly, directeur de recherche du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) à l'université Aix-Marseille, « je crois que les autorités chinoises sont extrêmement rigoureuses sur les normes de sécurité, mais il faut se rappeler que ce sont des virus respiratoires et donc qu'ils persistent dans l'air un certain temps. Nous avons tous vu que, malgré le port du masque, nous pouvons quand même nous contaminer. Donc dans un laboratoire pathogène de troisième classe, où les manipulateurs n’ont pas de scaphandre, il y a des possibilités qu'il y ait des contaminations ». Dans l'histoire de la virologie, ce type de contamination s'est d'ailleurs déjà produit. En 2004, le virus responsable du Syndrome Respiratoire Aigu Sévère (SRAS) s'était échappé de l'Institut de Virologie de Pékin (IVP), laboratoire pathogène de troisième classe. Cinq cadres de l’IVP, accusés d’erreurs et de manquements, avaient alors été sanctionnés par Pékin.

Dans le cas du coronavirus, une incohérence géographique pousse aussi à creuser l'hypothèse d'une intervention humaine derrière la pandémie. Monali Rahalkar, microbiologiste à l’institut de recherche Agharkar, en Inde, étudie les origines du virus depuis le début de la pandémie. Elle souligne un point fondamental, « nous savons que le virus vient d'une chauve-souris. Mais toutes ces chauves-souris vivent dans le sud de la Chine, dans le Yunnan. C'est à plus de mille kilomètres de Wuhan, là où l'épidémie a démarré ». Pendant des années, les scientifiques de Wuhan ont fait de nombreuses expéditions dans cette région du Yunnan pour collecter des coronavirus. La question se pose ainsi de savoir s'ils ont pu, ou non, rapporter le coronavirus lors de l'une de leurs expéditions.

C'est d'ailleurs dans cette région qu'a été prélevé le virus le plus proche du coronavirus. C'est Shi Zhengli, la directrice adjointe de l’Institut de Virologie de Wuhan (IVW), qui l'a découvert en 2013. Le coronavirus de la chauve souris a quatre vingt seize pour cent de ressemblances avec le coronavirus. Le coronavirus de la chauve souris a été prélevé dans une ancienne mine du Yunnan.

Depuis la pandémie de coronavirus, cette mine fascine tous ceux qui s'intéressent aux origines du virus. Plusieurs équipes de journalistes ont tenté de s'en approcher. Toutes ont été bloquées par des villageois avant d'arriver à la mine. Une journaliste chinoise, originaire de cette région montagneuse, s'y est rendue pour France Télévision et elle a réussi à interroger un caféiculteur installé à proximité, « la mine est fermée en ce moment. Je ne sais pas pourquoi. C'est le gouvernement qui l'a fermée et il a mis des caméras de vidéosurveillance partout autour du lieu. Si vous y allez, je vous préviens, il va vous filmer et vous prendre en photographie. Personne ne peut rentrer. Ils ont installé un grand barrage devant la mine et la route est barrée ». De fait, notre journaliste n'a pas pu accéder à cette mine.

Car la difficulté lorsqu'on enquête sur l'origine du virus, c'est avant tout l'attitude de la Chine, qui n'autorise l'accès ni aux lieux ni aux données sensibles. C'est d'ailleurs le problème auquel s'est heurtée l'équipe de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui comptait dix scientifiques, partie au mois de janvier 2021 à Wuhan pour étudier l'origine du virus. Ce voyage, réalisé sous haute tension diplomatique, a nécessité plusieurs mois de négociations. Il a d'abord été annulé à la dernière minute une première fois par les autorités chinoises, avant d'être finalement autorisé le 12 janvier 2021.

Avant même son départ en Chine, Fabian Leendertz, un des membres de l'équipe et médecin vétérinaire à l'Institut Robert Koch (IRK), se disait conscient du caractère quasi-impossible de cette mission, « ce n'est pas moi ou un autre membre de l'équipe qui trouverons la réponse. Ce sont nos collègues chinois, c'est clair, et cela prendra peut-être six mois, un an, cinq ans, vingt ans ou même plus. Nous verrons ».

Au mois de janvier 2021, lorsque les scientifiques ont atterri à Wuhan, ils ont d'abord été placés en quarantaine pendant deux semaines. Lorsqu'ils ont pu enfin sortir, chaque déplacement s'est fait sous haute surveillance, les experts de l'OMS étant toujours accompagnés par des scientifiques et des officiels chinois. Ils ont visité le marché de Wuhan, mais aussi le fameux IVW. La visite la plus scrutée de leur voyage, comme en témoigne le récit du responsable de la mission de l'OMS, Peter Ben Embarek, « nous devons leur poser des questions difficiles et il faut orchestrer tout cela d'une certaine manière pour pouvoir les amener à parler de sujets difficiles sans les offenser ».

Dans les faits, les experts de l'OMS n'ont eu qu'un accès limité à l’IVW et ils n'ont pas pu étudier eux-mêmes les données détaillées. C'est à la fois une question de moyens, car l'équipe de l'OMS n'a eu ni le temps, ni les ressources pour se plonger dans toutes les données de l’IVW, et une question de réticence de la Chine. La collaboration avec les chercheurs chinois n'a d'ailleurs pas toujours été simple. Au mois de février 2021, Peter Ben Embarek nous racontait depuis Wuhan que « les réunions commencent à être compliquées. Nous avons commencé à discuter des différentes hypothèses sur l'origine du virus et, bien sûr, certaines hypothèses ne sont pas très populaires ici ».

Après deux semaines sur le terrain, l'OMS finit par donner une conférence de presse le 9 février 2021 pour marquer la fin de la mission à Wuhan. Devant les caméras du monde entier, Peter Ben Embarek explique que « l'hypothèse d'une fuite de laboratoire est hautement improbable ». Cette affirmation provoque l'incompréhension de nombreux scientifiques, qui soulignent que l'équipe de l'OMS n'a pas eu un accès direct aux données essentielles, échantillons prélevés sur les premiers malades et dossiers complets des laboratoires. Les Etats-Unis, de leur côté, répondent qu'ils n'accepteront pas ces conclusions sans vérification. Dans les faits, le contenu des discours de la délégation de l'OMS a été négocié avec les scientifiques chinois, selon nos informations.

Face à ces réactions, le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, est obligé de revenir sur la déclaration. Quelques jours plus tard, il assure publiquement que, après avoir parlé avec l'équipe de la mission, « toutes les hypothèses restent ouvertes et nécessitent des études plus poussées ». Peter Ben Embarek nous confirme ainsi que, n'ayant pas fait un audit du laboratoire, l'OMS ne peut en réalité rien affirmer de définitif, « nous laissons tomber cette hypothèse, mais elle est toujours sur la table. Nous n’avons pas dit que c'était impossible ».

A la suite de ce couac diplomatique, vingt six scientifiques ont signé une lettre ouverte réclamant une nouvelle enquête approfondie et crédible, qui n'exclurait aucune piste. Ils exigent également un accès direct aux échantillons et aux dossiers pertinents pour comprendre ce qu'il s'est passé. Le saura-t-on un jour ? La réponse à la question repose sur la Chine. Si le pays ne se montre pas transparent, les scientifiques en sont conscients, il est possible que nous ne connaissions jamais la vérité.

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14 mars 2021 7 14 /03 /mars /2021 13:27

 

 

https://www.francetvinfo.fr/culture/cinema/cesar-2021-adieu-les-cons-d-albert-dupontel-triomphe-avec-sept-recompenses-dont-celle-du-meilleur-film-et-de-la-meilleure-realisation_4330771.html

 

Ce qu'il faut retenir de la quarante-sixième cérémonie des Césars aux accents très politiques

Albert Dupontel a remporté pour la première fois de sa carrière le César du meilleur film pour Adieu les Cons, à l'issue d'une cérémonie marquée par la colère du monde du cinéma contre le gouvernement.

Les Césars avaient promis de rompre avec le passé. Ils ont poursuivi leur mue, Vendredi 12 Mars 2021, à l'occasion de leur quarante-sixième cérémonie qui s'est tenue à l'Olympia à Paris. Cette édition 2021 a aussi pris une tournure très politique alors que, en pleine épidémie de coronavirus, les cinémas restent fermés depuis des mois, sans perspective d'ouverture. Voici ce qu'il faut retenir de cette soirée animée.

Combien de fois la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, a-t-elle été apostrophée depuis la scène des Césars par des acteurs, réalisateurs ou producteurs, lui demandant qu'elle agisse pour leur assurer un avenir en pleine pandémie. Il est difficile d'en tenir le compte, tant les prises de position ont été nombreuses.

Il y a eu d'abord le discours d'ouverture de la maîtresse de cérémonie, Marina Foïs, réclamant de retrouver le public des salles obscures et disant que « je veux rire avec des inconnus. Cela manque à crever. Même vos pop-corn, cela me manque ». L'actrice a aussi moqué « la pharmacienne en poste au ministère de la culture, occupée à écrire un livre de cuisine avec ses recettes au gorgonzola en pleine pandémie. Je perds confiance en vous ».

Il y a également eu les remettants, comme Anny Duperey, disant dans une allusion aux gloires du cinéma français disparues ces derniers mois que « Roselyne, il va falloir se battre plus fort pour nous, avant qu'ils ne se tirent tous », ou Isabelle Huppert disant que « maintenant, il va falloir trouver une solution. Il faut ouvrir les salles de cinéma le plus vite possible ».

Il y a encore eu Laure Calamy, César de la meilleure actrice pour son rôle de randonneuse amoureuse dans Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal. « Laissez-nous assouvir notre soif de sens ou de non-sens, laissez-nous nous exiler dans nos imaginaires et entendre ce qui fait de nous des êtres humains », a-t-elle déclaré en recevant sa récompense et elle a conclu, trophée en main dans une allusion aux lieux de culture fermés car jugés non-essentiels, « cela, ce n'est pas essentiel, mais cela fait vachement plaisir ».

Il y a surtout eu l'actrice Corinne Masiero, entrée sur scène avec un costume sanguinolent de Peau d’Ane et se mettant à nu, dans une figuration de la nudité de la culture abandonné par le gouvernement. Sur sa poitrine, il y avait le slogan « no culture, no future » et, sur son dos, il y avait l'inscription « rends nous l'art, Jean », qui s'adressait au premier ministre Jean Castex. « Maintenant, nous sommes comme cela, tout nus », a conclu la comédienne, défendant les intermittents, fragilisés par des mois d'inactivité en raison de la fermeture des lieux culturels.

A son arrivée, la ministre avait tenté de faire passer un message d’espoir. « Nous sommes en train de bâtir avec la filière les conditions d’ouverture des salles », avait assuré Roselyne Bachelot au micro de Canal Plus. La productrice d'Adieu les Cons, Catherine Bozorgan, lui a répondu plus tard dans la soirée sur scène, « nous ne comprenons pas la politique du gouvernement ».

En 2020, les Césars avaient été accusés de cultiver leur entre-soi et de manquer de diversité. L'édition 2021 s'est ouverte sur la césarisation de deux acteurs noirs comme meilleurs espoirs, Jean-Pascal Zadi et Fathia Youssouf. En recevant son prix pour Tout Simplement Noir, Jean-Pascal Zadi a transformé la scène de l'Olympia en tribune.

« Chaque génération doit trouver sa mission, l'accomplir ou la trahir », a déclaré l'acteur-réalisateur, citant l'essayiste Frantz Fanon. « Ma mission, c'est la mission de l'égalité », a-t-il ajouté, soulignant que son film parlait avant tout d'humanité et remerciant des acteurs et cinéastes noirs ou issus de la diversité qui ont ouvert la brèche avant lui, Omar Sy et Ladj Ly.

Jean-Pascal Zadi s'est interrogé sur cette humanité, en évoquant Adama Traoré, mort en 2016 après son arrestation par des gendarmes, Michel Zecler, le producteur de rap victime de violences policières au mois de novembre 2020, l'esclavage et ses figures ayant encore des statues et des rues à leur nom et le scandale sanitaire du chlordécone aux Antilles.

Quant à Fathia Youssouf, récompensée à seulement quatorze ans pour son rôle dans Mignonnes de Maïmouna Doucouré, elle est devenue l'une des plus jeunes lauréates du cinéma français. « J'aimerais dire à toutes les personnes de mon âge qui veulent faire du cinéma ou qui ont une passion de suivre leurs rêves, car c'est le plus important », a déclaré celle qui a répondu par hasard à un casting sur Facebook et qui fait désormais partie de la liste des vingt meilleures actrices en 2020 selon le New York Times.

Fidèle à son habitude, Albert Dupontel a été le grand absent des Césars, mais aussi le grand vainqueur de cette quarante-sixième cérémonie. Son film Adieu les Cons a remporté sept trophées dont les deux plus prestigieux, ceux du meilleur film et de la meilleure réalisation, ce dernier trophée avait déjà échu au réalisateur en 2018 pour Au Revoir Là Haut. La comédie, qui a vu sa carrière en salle brisée par le deuxième confinement après avoir rassemblé sept cent mille spectateurs en une semaine, a aussi eu les honneurs du nouveau César des lycéens. L'acteur Nicolas Marié, vieux complice d'Albert Dupontel, est reparti avec le César du meilleur second rôle masculin.

Avec douze nominations, Adieu les Cons faisait partie des trois grands favoris de cette quarante-sixième édition. Au fil de la cérémonie, le film d'Albert Dupontel a éclipsé la concurrence. « Les choses qu'ont dit, les choses qu'ont fait », d'Emmanuel Mouret, sélectionné dans treize catégories, n'a été récompensé qu'avec le César du meilleur second rôle féminin pour Emilie Dequenne. Quant à François Ozon, éternel maudit des Césars, qui totalisait douze nominations pour Eté Quatre Vingt Cinq, il est reparti bredouille.

Le César du meilleur acteur est lui revenu à Sami Bouajila pour Un Fils de Mehdi Barsaoui, où il joue à cinquante quatre ans un père déchiré. « J'ai souvent l'impression que les rôles nous choisissent, plus que nous les choisissons », a déclaré l'acteur, expliquant en recevant son prix comment le tournage dans le désert tunisien lui avait rappelé les récits d'enfance de son propre père.

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13 mars 2021 6 13 /03 /mars /2021 14:34

 

 

https://secure.avaaz.org/community_petitions/en/gouvernement_grec_solidarite_avec_le_greviste_de_la_faim_dimitris_koufontinas/

 

Solidarité avec le gréviste de la faim Dimitris Koufontinas

Vendredi 26 Février 2021, une délégation à l'initiative d'étudiants et de travailleurs grecs s'est réunie devant le consulat grec à Paris et a accroché une banderole de solidarité avec la lutte du gréviste de la faim Dimitris Koufontinas.

Dimitris Koufontinas a été condamné à onze fois la prison à perpétuité plus vingt cinq ans pour onze actions qu’il a effectuées comme membre de l'Organisation Révolutionnaire du 17 Novembre. Cette organisation a agi en Grèce de 1975 à 2002 et elle est est responsable de vingt trois assassinats politiques. Dimitris Koufontinas s’est rendu en 2002 après l’arrestation de plusieurs membres de son organisation et il  a assumé la responsabilité politique ainsi que l’exécution de la plupart des assassinats.

De 2002 à 2018 il a été retenu dans une section spéciale de la prison de Korydallos et il a ensuite été transféré à la prison de Volos. Bien qu’il avait la permission de sortir depuis 2010, il n’a pu effectuer sa première sortie qu’en 2017 et seulement cinq fois jusqu’en 2021. Les permissions de sortie de Dimitris Koufontinas ont été critiqués par les médias, par l'ambassade des Etats-Unis et par certains hommes politiques, lesquels ont publiquement demandé l’annulation de ses permissions de sortie. Parmi ces hommes politiques il y avait le premier ministre actuel Kiriakos Mitsotakis, qui s’était engagé dans sa campagne électorale à faire voter une loi pour exclure ce prisonnier du droit de sortie et de sa possibilité d’être retenu à la prison de Volos.

Au mois de décembre 2020, une loi a été votée contre Dimitris Koufontinas, en excluant aux condamnés d’actes terroristes le droit de sortir et la possibilité d’être retenu dans des prisons agricoles. A l’époque il y avait que Dimitris Koufontinas qui était retenu comme prisonnier terroriste dans une prison agricole. Pendant le vote de la loi au parlement grec, le débat s’est effectué autour de Dimitris Koufontinas. L’actuel premier ministre est le beau-frère de Pavlos Bakogiannis qui a été assassiné en 1989 par l'Organisation Révolutionnaire du 17 Novembre.

Finalement Dimitris Koufontinas, au lieu d’être transféré à la prison de Korydallos, s’est retrouvé à celle de Domokos, sans qu’il soit informé de cette décision, mais sans avoir aussi le temps pour récupérer ses affaires et informer sa famille. Depuis, sa demande légale pour recevoir les documents officiels concernant son transfert à Domokos n’a pas été traitée.

Le contexte général indique que le transfert fait partie d’un traitement et d’un esprit rancunier du gouvernement contre Dimitris Koufontinas. Plusieurs membres du gouvernement ont publiquement déclaré que les conditions de sa retentions doivent être plus sévères.

Dimitris Koufontinas a commencé une grève de la faim, en protestant contre les abus commis à son encontre et en demandant à être transféré à la prison de Korydallos, comme prévu par la loi. Vendredi 26 Février 2021, il effectuait son cinquantième jour de grève de la faim.

Sa vie est en danger, surtout après sa décision de commencer une grève de la soif. Il a aussi demandé qu’on arrête son hydratation par voie intraveineuse. La seule chose qu’il réclame est l’application de la loi pour son cas et l’arrêt du traitement rancunier qui lui est appliqué. Dimitris Koufontinas, âgé de soixante trois ans et ayant déjà effectué plusieurs grèves de la faim, est maintenant en unité de soins intensifs. Il ne lui reste pas beaucoup de temps.

Plusieurs organisations, comme le département grec d'Amnesty International, se sont positionnés en faveur de la cause de Dimitris Koufontinas. L’association grecque des juges et des procureurs, ainsi que mille avocats se sont adressés au gouvernement grec pour satisfaire les demandes de Dimitris Koufontinas. Cependant, le gouvernement grec semble décidé à provoquer la première mort par grève de la faim en Europe depuis la mort de Bobby Sands, le 5 mai 1981, pendant la gouvernance de Margaret Thatcher.

La seule chose que nous demandons est le transfert de Dimitris Koufontinas à la prison de Korydallos et l'arrêt des actions illégales contre lui. Nous considérons qu’un régime démocratique existe seulement par le traitement égal et légal de tous les prisonniers, même de ceux qui sont condamnés pour des assassinats politiques.

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13 mars 2021 6 13 /03 /mars /2021 14:15

 

 

https://www.theatredunord.fr/accueil/test/le-theatre-occupe

 

Communiqué du Théâtre du Nord de Lille

Mercredi 10 Mars 2021, les élèves de L’Ecole du Nord de Lille et sa direction ont affirmé leur soutien aux actions menées au Théâtre de l'Odéon, au Théâtre National de la Colline (TNC) et au Théâtre National de Strasbourg (TNS).

Jeudi 11 Mars 2021, cette prise de position a été renforcée par l’occupation physique du Centre Dramatique National (CDN) de Lille par des intermittents du spectacle.

David Bobée, nouveau directeur du Théâtre du Nord, affirme son soutien plein et entier à cette nouvelle mobilisation qu’il a accueilli dans le dialogue, au côté de Marie-Pierre Bresson, adjointe à la culture de la Ville de Lille.

Nous partageons l'objectif commun que revive au plus vite le spectacle  vivant.

Cette occupation s’effectuera dans le plus strict respect des consignes sanitaires et dans des espaces du théâtre permettant la continuité du travail des équipes et de l’activité artistique, à savoir la création en cours de Christophe Rauck Dissection d’une chute de neige.

Il est apparu à tous qu’il était essentiel de ne pas perturber le concours de recrutement de la septième promotion de l'Ecole du Nord qui se déroulera du 15 mars au 27 mars 2021. Il s’agit en effet de ne pas perturber l’accueil et les auditions de sept cent cinquante jeunes de dix huit à vingt six ans, venus de toute la France pour qui ce concours reste un enjeu majeur.

Nous arrivons à la date anniversaire d’une année carnage pour le secteur culturel et nous sommes à quelques mois de présenter au public une nouvelle saison, pour une hypothétique rentrée au mois de septembre 2021.

Nous travaillons tous, artistes, intermittents, permanents et indépendants, pour l’avenir du spectacle  vivant, dans l’incertitude la plus totale.

Ces occupations sont un recours nécessaire  pour faire entendre les voix et revendications d’un secteur isolé et ignoré depuis des mois.

Malgré les concertations entre l’Association des Centres Dramatiques Nationaux (ACDN) et le ministère de la culture, malgré des propositions raisonnables de reprise d’activité, indexées aux différents stades de l’épidémie, faites au mois de janvier 2021, malgré les protocoles sanitaires responsables mis en place par l’ensemble des lieux culturels entre le mois de juin et le mois de novembre 2020, malgré plusieurs journées de mobilisation des professionnels du spectacle et des étudiants des écoles d’art dramatique et malgré les demandes répétées d’un calendrier d'ouverture, nous ne pouvons que constater un épuisement des équipes et pour certains une précarité de plus en plus inquiétante.

Nous prenons acte des mesures prises par le gouvernement Jeudi 11 Mars 2021 répondant partiellement aux revendications du secteur, mais elles sont loin d’être suffisantes.

Nous réaffirmons ici, les revendications partagées par nombre de professionnels du spectacle.

Nous demandons, en l’absence de confinement global, l'ouverture des lieux de culture dans le respect des consignes sanitaires.

Nous demandons l'accompagnement urgent de la jeunesse et de la nouvelle génération d’artistes coupée en plein envol et sans visibilité d’avenir.

Nous demandons le prolongement de l’année blanche.

Nous demandons l'abandon de la réforme de l’assurance chômage, profondément injuste, dans un contexte où les plus fragilisés de nos concitoyens sont déjà les grandes victimes de la crise que nous traversons.

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13 mars 2021 6 13 /03 /mars /2021 14:00

 

 

https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/islamo-gauchisme-l-universite-jean-jaures-porte-plainte-suite-aux-accusations-contre-ses-enseignants-chercheurs-1994962.html

 

L'université Jean-Jaurès de Toulouse porte plainte suite aux accusations d'islamo-gauchisme

L’université Jean-Jaurès de Toulouse porte plainte contre des blogs d'extrême-droite qui ont qualifié une vingtaine de ses enseignants-chercheurs d’islamo-gauchistes. Ceux-ci avaient cosigné la pétition du Monde réclamant la démission de la ministre de l'enseignement supérieur.

L'université dénonce de graves accusations et des propos injurieux, voire diffamatoires, contre certains de ses enseignants-chercheurs.

Suite à la polémique qui a opposé la Ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation (MESRI), Frédérique Vidal, aux universitaires, six cent enseignants-chercheurs ont signé une pétition dans le Monde pour demander sa démission. Parmi eux, il y a une vingtaine d'enseignants-chercheurs de l'université Jean-Jaurès. Or, un site internet a diffusé les noms de ces chercheurs et les a traités d'islamo-gauchistes.

L'université Jean-Jaurès a déposé une plainte avec constitution de partie civile auprès du procureur de la république contre ce site. Son conseil d'administration mentionne dans un communiqué  « de graves accusations et des propos injurieux, voire diffamatoires à l’égard de collègues de différentes universités, dont la nôtre. De tels agissements, attentatoires aux personnes et à leurs fonctions, appellent une réaction ferme de la part de notre établissement ».

L'université va, en outre, soutenir ses enseignants-chercheurs s'ils choisissent eux aussi la voie judiciaire, en leur accordant la protection fonctionnelle. Dans son communiqué, le conseil d'administration précise que « les propos tenus dans les médias par la MESRI à la fin du mois de février 2021 ont suscité de vives réactions d’incompréhension, voire de défiance, dans les milieux universitaires et scientifiques. Face aux affirmations récentes relatives à un prétendu mouvement islamo-gauchiste à l’œuvre dans les universités françaises, le conseil d’administration de l’université Jean Jaurès de Toulouse réitère son attachement à la liberté académique inscrite dans le code de l'éducation et il dénonce les propos délibérément polémiques qui tendent à décrédibiliser la recherche en sciences humaines et sociales, alors même que celle-ci devrait être défendue haut et fort comme une ressource fondamentale pour comprendre et faire face à la complexité du monde contemporain ».

L’islamo gauchisme est un néologisme qui désigne la proximité supposée entre les idéologies de gauche et l'islamisme radical. Ce terme est le plus fréquemment utilisé dans les médias proches ou se réclamant de l'extrême-droite.

Franck Gaudichaud est professeur d'histoire à l'université Jean-Jaurès. Il fait partie des signataires de la pétition du Monde et il s'est vu taxé d'islamo-gauchiste sur internet. Il a participé cette semaine à un colloque sur le thème de la liberté d'expression à l'université avec d'autres enseignants-chercheurs qui s'estiment calomniés et des étudiants, « c’est intéressant de regarder dans les années 1930 et de rappeler que, dans ces années, il y a eu ce type de propos, de chasse aux intellectuels qui étaient à l'époque déclarés judéo-bolcheviques, termes qui traînaient dans la presse d'extrême-droite comme Gringoire ou Je suis Partout. Nous sommes dans un contexte de grande précarité étudiante et de problèmes récurrents de financement de la recherche et Frédérique Vidal lance une espèce de diatribe et de boule puante idéologique. Elle parle d’islamo-gauchisme pour dévier des problèmes réels qui sont ceux de la précarité du financement de la recherche ».

Pour Anna Trotzky du collectif étudiant du Poing Levé, l'une des organisations étudiantes solidaires des enseignants-chercheurs signataires de la pétition contre la ministre, « ce n'est pas juste une diversion, c'est aussi le prolongement d'une attaque islamophobe et sécuritaire sur le plan universitaire puisque les études qu'elle vise en fait, ce sont les études sur le genre, la classe et la race. Ce sont des études essentielles et pourtant très minoritaires dans l'enseignement supérieur et la recherche qui visent à comprendre et déconstruire les rapports d'oppression et d'exploitation ».

Les enseignants-chercheurs soutenus par leur université dénoncent une menace contre l'indépendance de la recherche et contre les débats contradictoires. Le colloque qu'ils ont organisé a été relayé sur les réseaux sociaux.

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13 mars 2021 6 13 /03 /mars /2021 13:41

 

 

https://www.elwatan.com/a-la-une/des-milliers-de-personnes-ont-marche-hier-dans-plusieurs-villes-du-pays-le-hirak-face-a-de-nouveaux-defis-13-03-2021

 

Des milliers de personnes ont marché dans plusieurs villes du pays, Vendredi 12 Mars 2021, le hirak face à de nouveaux défis

Alger, Vendredi 12 Mars 2021, c'est le troisième vendredi depuis le retour du hirak. La capitale est tranquille. La ville se réveille doucement. Il fait très beau. C’est un temps pour aller prendre un bol d’air à la campagne, partir en forêt ou faire une escapade en bord de mer, surtout que ce sont les vacances scolaires. Le dispositif policier est relativement souple.

Des unités des forces de l’ordre sont massées en haut de la rue Victor Hugo. Mais il n'y a pas d’uniformes aux abords de la mosquée Errahma. Fait curieux, on n’entend pas le prêche de l’imam qui, habituellement, est répercuté par haut-parleur.

Vendredi 12 Mars 2021 à 13 heures 40, dès la fin de la prière collective, un grondement sourd rugit, « état civil, non militaire ». Des cordons de police coupent l’accès à la rue Mohamed Châbani et, comme tous les vendredis, un barrage sécuritaire compact barre la route vers le haut de la rue Didouche Mourad.

Les manifestants remontent la rue Victor Hugo avant de bifurquer à droite, en direction de la place Maurice Audin et de la Grande-Poste en scandant les chants et slogans habituels, contre Abdelmadjid Tebboune et la police politique. On pouvait entendre aussi des voix crier « le peuple veut la chute du régime ». Un drapeau amazigh est agité.

Des jeunes crient en hissant le portrait du détenu d’opinion Sami Dernouni, « ils oppriment les pauvres, services de renseignements terroristes ». Un carré se démarque d’emblée en scandant avec énergie « Algérie libre et démocratique ». Ce carré, ouvertement progressiste, déploie une banderole reprenant ce même slogan.

Le même mot d’ordre est répercuté sur plusieurs pancartes. Toujours dans ce carré progressiste, plusieurs pancartes étaient brandies, assorties de messages ciblés, « pour un état de droit et de justice », « pour une Algérie libre et plurielle », « union, justice et liberté », « presse libre et justice indépendante », « révolution pour la liberté et la dignité », « ni peur ni crainte, la rue appartient au peuple », « libération des détenus d’opinion » et « dissolution de la police politique ». Nous étions en train de prendre en photographie ces pancartes pour les besoins de notre reportage, lorsqu’un jeune homme nous a interpellés sur un ton de reproche en nous disant que « vous ne faites que les photographies des féministes. Il y a aussi les autres, devant ». Que notre ami se rassure, nous notons scrupuleusement toutes les pancartes. Voilà d’ailleurs ce que disaient quelques-unes des pancartes relevées auprès d’autres groupes de marcheurs, « non au pouvoir militaire », « la force des idées est plus forte que l’idée de la force », « l’Algérie n’est pas à vendre, ni au nom de la religion, ni au nom de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) », « le peuple s’est libéré, c’est lui qui décide » et « non à la torture ». Dans le lot, il y avait un panneau hissé par un vieil homme, « la mafia est toujours présente dans les daïras et les communes. Que dieu protège notre pays et nos enfants ». A noter également une autre banderole, « le hirak demande la souveraineté populaire et l’édification d’un état basé sur des institutions avec une ingénierie politique éclairée ».

On s’attendait à ce que l’un des thèmes qui allaient ressortir dans les manifestations soit le sujet des élections législatives après l’annonce faite Jeudi 11 Mars 2021, fixant la date de la tenue des élections législatives anticipées au 12 juin 2021. Mais le hirak, grosso modo, a traité cela comme un non-événement à en juger par le peu de cas fait de cette annonce, que ce soit sur les pancartes ou dans l’oralité vibrante des manifestations.

Un confrère croisé rue Didouche Mourad  relevait justement la même chose et, quelques secondes plus tard, à hauteur de la Banque Nationale d’Algérie (BNA), une voix s’élevait, bientôt suivie par d’autres voix, criant « pas d’élections avec les gangs ». On a ainsi ressorti pour l’occasion le slogan-phare des actions de protestation contre les élections présidentielles du mois de décembre 2019. Place Maurice Audin, des groupes répétaient « pas de vote ». Un citoyen arbore la pancarte suivante, « il n’y aura pas d’élection sans état de droit. Justice indépendante, suppression de l’article deux de la constitution, égalité des chances, liberté de conscience et liberté de culte, ce sera l’Algérie de demain ».

Un manifestant dans la quarantaine écrit « vous comptez encore nous berner avec vos élections ». Interrogé, il explique que « le vote, c’est une diversion pour détourner le peuple du cœur du problème. Ils nous traitent comme des enfants qui s’agitent et à qui on concède une friandise pour les calmer. Je suis pour une période de transition. Nous avons des hommes politiques de valeur pour la conduire. Ce vote n’est qu’une supercherie de plus ». Le thème des élections revenait également sur les pancartes d’un groupe d’étudiants en provenance de la place du Premier Mai.

L’un d’eux déroule le mot d’ordre suivant, « notre objectif est une transition démocratique souple qui garantisse la continuité de l’état pour aller vers un état de l’égalité et des libertés, un état fort qui assure une vie digne à tous ses citoyens ». Une étudiante proclame pour sa part que « l’agenda électoral ne règle pas la crise politique, nous sommes des étudiants conscients ». Une autre manifestante brandit le message suivant, « l’Algérie ancienne, c'était le dialogue, et l’Algérie nouvelle, c'est la négociation. Il n’y a ni dialogue ni négociation avec un régime dont le seul souci est d’aller aux élections législatives. Le hirak n’est pas concerné par les élections législatives ».

Contrairement aux deux précédents vendredis, le cortège qui prenait son départ de la rue Victor Hugo était clairsemé, de même que celui en provenance de Belouizdad. En arrivant à hauteur de l’université centrale et sur la rue Khettabi qui mène à la Grande Poste, il n’y avait que la police et à peine quelques grappes de hirakistes. Il était pourtant plus de 14 heures. Nous descendons la rue Sergent Addoun pour gagner la rue Asselah Hocine et rejoindre le cortège en provenance de Bab El Oued. Et là, c’était carrément un autre hirak qui commençait.

C’était spectaculaire, ces vagues formées de dizaines de milliers de manifestants qui déferlaient de Bab El Oued, de la Casbah et de la place des Martyrs. Voilà qui relançait complètement le cinquante neuvième vendredi. La foule arbore des portraits de Khaled Nezzar et de Mohamed Médiène, en ajoutant la mention « criminels ». Les slogans, rageurs pourfendaient à l’unisson l’ancienne Direction des Renseignements et de la Sécurité (DRS), « services terroristes, à bas la mafia militaire ».

Concentrée derrière le bâtiment de l’assemblée nationale, la foule crie à tue-tête, « vous avez pillé le pays, bande de voleurs ». Une femme défile avec la pancarte suivante, « ni dialogue, ni concertation, le peuple est la source du pouvoir ». Un autre citoyen relève que « le peuple s’est soulevé à cause de la hogra, de l’injustice et de la marginalisation contre une bande qui ne craint pas dieu. Non aux querelles idéologiques ».

Plusieurs pancartes disent que « la révolution continue ». Un jeune réaffirme le caractère résolument pacifique du mouvement en écrivant que « le hirak, son approche est révolutionnaire et sa conduite est pacifique ». Le cortège, transfiguré, scande un nouveau chant qui fait fureur, « dites à Toufik comme le DRS est bon. Le peuple n’oublie pas dix ans de boucheries. Demandez-leur qui a tué Matoub et Hachani ».

En termes d’animation, le cortège de Bab El Oued est définitivement le roi de la rue. « Normal, ces jeunes ont tous fait l’école des stades, c’était notre seul espace d’expression politique », souligne Abdenour, étudiant. Un homme dans la soixantaine fulmine à propos des élections législatives annoncées, « il n’y aura pas de vote jusqu’à ce qu’ils partent tous. Nous allons droit dans le mur. Ce scrutin ne va absolument rien régler. Pour moi, c’est un non-événement. Nous n’avons pas besoin de leurs élections ».

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12 mars 2021 5 12 /03 /mars /2021 13:41

 

 

https://www.ladepeche.fr/2021/03/11/toulouse-le-theatre-de-la-cite-occupe-par-des-intermittents-9420873.php

 

Le Théâtre de la Cité de Toulouse occupé pour réclamer la réouverture des lieux culturels

Plusieurs centaines d’intermittents du spectacle occupent depuis Jeudi 11 Mars 2021 la scène nationale du Théâtre de la Cité à Toulouse. Une occupation qui intervient après celle du Théâtre de l’Odéon à Paris pour réclamer la réouverture des lieux culturels.

Les premiers sont arrivés Jeudi 11 Mars 2021 vers 8 heures 30 dans le hall du Théâtre de la Cité, à Toulouse, en vue d’une occupation des lieux, jour et nuit, sur le modèle en cours au Théâtre de l’Odéon, à Paris. Ils sont comédiens, musiciens, metteurs en scène, chanteurs, techniciens, attachés de production du spectacle vivant et de l’audiovisuel, guides conférenciers et saisonniers, tous demandent, en plus de la réouverture des lieux culturels dans le respect des consignes sanitaires, une prolongation de l’année blanche pour les intermittents et son élargissement à tous les travailleurs précaires et saisonniers. Cet appel est soutenu par la Coordination des Intermittents et Précaires (CIP) de Midi-Pyrénées, le Syndicat des Artistes Musiciens Midi-Pyrénées de la Fédération du Spectacle de la Confédération Générale du Travail (CGT), la Fédération de la Culture du Syndicat Unitaire et Démocratique (SUD) du département de la Haute Garonne et le Syndicat des Cirques et des Compagnies de Création (SCCC).

« Nous sommes venus pour montrer le mécontentement de la profession, du monde de la culture et plus largement de toutes les personnes précaires. Nous avons choisi d’occuper ce théâtre car c’est un symbole fort. L’idée est de tenir la place », annonce Maël Tortel, secrétaire du SCCC et par ailleurs artiste sur piste et directeur artistique du cirque Pardi.

Parmi les premières revendications, il est demandé « une prolongation de l’année blanche au-delà du 31 août 2021, sinon beaucoup vont se retrouver au Revenu de Solidarité Active (RSA) ou même sans rien », ajoute Mathieu Valls, attaché de production. En plus de la nécessité de retrouver leurs publics, les manifestants réclament « le retrait pur et simple de la réforme de l’assurance chômage. Beaucoup d’argent a été déployé pour de grosses entreprises alors que les intermittents de l’emploi, extras et saisonniers, n’ont plus rien, leurs secteurs sont à l’arrêt et ils n’ont rien obtenu », ajoute à son tour Corinne, intermittente et membre du CIP Midi-Pyrénées.

Le directeur délégué du Théâtre de la Cité, Centre Dramatique National de Toulouse, Stéphane Gil, a apporté son soutien au mouvement de protestation. « Nous nous sentons solidaires avec cette action. Ce matin, le premier mot que j’ai prononcé, c’est le mot de bienvenue. Il y a une nécessité à ce que nous soyons ensemble car nous revendiquons les mêmes choses », a-t-il dit.

À l’issue d’une première assemblée générale, il a été décidé que trente personnes dormiraient dans le Théâtre de la Cité dans la nuit du Jeudi 11 Mars au Vendredi 12 Mars 2021, sur inscriptions préalables. Dans les préparatifs toujours, il a été décidé de la mise en place d’une caisse de soutien pour assurer le financement des repas. Jeudi 11 Mars 2021 à 12 heures, quatre cent quarante cinq euros avaient déjà été récoltés. Quant au hall du Théâtre de la Cité, il va rester ouvert toute la journée. Des banderoles et des musiciens ont déjà pris possession des lieux.

La ministre de la culture Roselyne Bachelot a jugé Mercredi 10 Mars 2021 que l’occupation des théâtres pour réclamer la réouverture des lieux culturels, mouvement qui prend de l’ampleur, était inutile et dangereuse.

« L’occupation des lieux de culture n’est pas le bon moyen, elle est inutile. Ces manoeuvres sont dangereuses, car elles menacent des lieux patrimoniaux fragiles », a déclaré la ministre lors des questions d’actualité au gouvernement.

L’occupation du Théâtre de l’Odéon à Paris la semaine dernière a enclenché un mouvement qui se poursuit, suivi notamment par une mobilisation des autres théâtres nationaux, le Théâtre National de la Colline (TNC), dans l’est parisien, le Théâtre National de Strasbourg (TNS) et donc le Théâtre de la Cité à Toulouse.

Benjamin est comédien depuis vingt cinq ans. Depuis Jeudi 11 Mars 2021, ce toulousain est un des manifestants qui ont choisi d’occuper le Théâtre de la Cité. Depuis un an, il vit de ses indemnités d’intermittent, « soit mille trois cent euros par mois car j’avais fait mes heures mais, avec un loyer de sept cent euros et deux enfants à charge, une semaine sur deux, je survis », dit-il. Il souhaite que ses droits soient prolongés, pour lui, mais aussi pour tous les intermittents de l’emploi et pas seulement du spectacle. Depuis une quinzaine de jours, le comédien a la chance de rejouer pour les scolaires, c’est tout neuf. Il s’estime presque privilégié, « j’ai la chance d’avoir quelque chose mais il y a beaucoup de personnes qui n’ont plus rien ».

Lætitia est chanteuse et comédienne. Elle fait partie des artistes toulousaines qui se mobilisent pour demander « la réouverture immédiate de tous les lieux de culture et, en même temps, la prorogation de l’année blanche pour tous ». Depuis un an, Laetita vit maigrement de ses allocations. « Avec ma troupe, j’en suis à six annulations de spectacles, nous n’arrivons plus à nous payer. Pour l’avenir, nous cumulons un état d’incertitude financier et moral », explique-t-elle. Lætitia exerce ce métier depuis douze ans. Elle touche en ce moment cinq cent euros par mois alors que, « avec la compagnie, nous commencions à dégager des revenus pour pouvoir en vivre. Nous nous retrouvons la tête dans le mur ». Il n’est pas question pour autant de changer de voie, « je ne sais faire que cela et je n’en ai pas envie. Je refuse d’abandonner ce métier tant que je peux me battre », dit-elle.

Stéphanie est guide conférencière depuis quinze ans. Si elle a pris part à cette manifestation, c’est parce qu’elle a aimé l’idée de rassembler tous les acteurs de la culture. Depuis le mois de mars 2020, sa situation est très compliquée, « par le fonds de solidarité du gouvernement, je perçois six cent cinquante euros par mois quand je le demande car il faut perde cinquante pour cent de son chiffre d’affaire, par rapport à l’année précédente, pour l’obtenir. Inutile de préciser que, avec cette somme, nous n’allons pas très loin ». Aussi, temporairement, Stéphanie travaille dans des Centres de Loisir Associés à l’Ecole (CLAE), « moralement, c’est très dur aussi, car nous ne savons pas quand les choses vont se décanter. Nous ne pouvons pas nous projeter. Aussi, j’ai plein de copains qui sont en train de se réorienter. Nous avons en vie de travailler. Nous ne demandons que cela ». Pour se faire entendre, Stéphanie est prête à passer des nuits au Théâtre de la Cité de Toulouse.

Ginger est comédienne et effeuilleuse burlesque. À vingt cinq ans, elle fait partie des primo-arrivants dans le métier. À ce titre, elle aurait dû obtenir le statut d’intermittent lors du premier confinement, « il ne me manquait que quelques heures ». Mais tout s’est arrêté brutalement pour elle au mois de mars 2020 avec un retour à la case zéro, « je n’ai droit à aucune aide, ni au RSA, ni au chômage, c’est la catastrophe ». Par force, Ginger s’est réorientée vers un service civique dans une radio et elle gagne un peu plus de cinq cent euros par mois. Elle n’oublie pas le monde du spectacle, « j’espère y retourner dans un an ».

Dimanche 14 Mars 2021, cela fera un an que les salles de cinéma sont fermées. Six mille cent quatorze salles, deux mille quarante cinq cinémas sont à l’arrêt en France et quinze mille salariés de l’exploitation ne peuvent plus exercer leur activité. Face à ce constat, la Fédération Nationale des Cinémas Français (FNCF) a invité tous les cinémas à se faire entendre, ou voir, à travers les réseaux sociaux, des affichages et des prises de parole, dans le respect des gestes barrières, pour alerter les spectateurs et les élus sur la situation.

Nombre de salles ont ainsi choisi de frapper à la porte des journaux locaux pour exprimer leur blues grandissant. « Nous n’avons que peu de solutions, mais il est important de montrer combien notre situation est difficile. Nous ne pensons pas qu’il y ait plus de danger à être dans une salle remplie à moitié, régulièrement désinfectée, dans laquelle nous ne parlons pas et nous portons un masque que dans un supermarché où tout le monde touche tout. Nous sommes devenus les oubliés de cette crise », dit Patrick Jannitte, du Méliès, à Castelmaurou. Ce gérant et son équipe de bénévoles savoureront sans doute moins la quarante deuxième cérémonie des Césars qui se déroule Vendredi 12 Mars 2021 car, disent-ils, « notre priorité est ailleurs, laissez nous ouvrir ».

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12 mars 2021 5 12 /03 /mars /2021 13:07

 

 

https://www.francetvinfo.fr/culture/mesures-de-soutien-a-la-culture-la-cgt-spectacle-n-est-pas-du-tout-satisfaite-et-denonce-une-aumone-des-miettes_4328933.html

 

Mesures de soutien à la culture, la Fédération du Spectacle de la Confédération Générale du Travail (CGT) n'est pas du tout satisfaite et elle dénonce une aumône et des miettes

« Nous ne sommes pas du tout satisfaits », a dit Jeudi 11 Mars 2021 à France Info le secrétaire général de la Fédération du Spectacle de la CGT, Denis Gravouil, alors que le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures pour l'emploi dans le secteur culturel et l'accès des intermittents aux congés maladie et maternité. Vingt millions d'euros supplémentaires seront mobilisés pour trois des secteurs les plus en difficulté, une somme qui vient s'ajouter aux trente millions d'euros prévus dans le plan de relance pour 2021.

Denis Gravouil dénonce une aumône et des miettes. Les intermittents réclament un calendrier de réouverture et un plan d'aide à la reprise. Selon le secrétaire général de la Fédération du Spectacle de la CGT, « vingt millions d’euros, cela permet de faire travailler quelques personnes pendant une semaine. Ajoutés aux trente millions d'euros tirés du plan de relance, cela représente cinquante millions d'euros, soit exactement le volume de la masse salariale correspondant à ceux qui travaillent uniquement dans le champ du spectacle occasionnel, c'est-à-dire les comités des fêtes, les mariages et autres, un volume d'activité qui ne correspond même pas à dix pour cent de l'ensemble de l'activité du spectacle. Il faudrait au moins un zéro de plus pour qu'on puisse tous travailler et avoir un niveau d'activité un peu plus proche de celui de 2019. Sur l'ensemble des mesures d'accompagnement à la reprise, il n'y a quasiment rien. Sur les droits sociaux, il y a une bonne nouvelle avec la situation des congés maternité qui devrait être réglée, mais nous attendons le décret. Enfin, sur la question de l'assurance chômage, les intermittents constatent qu'il y a un refus d’annuler la réforme de l'assurance chômage. Pour la prolongation de l'année blanche pour les droits des intermittents, il faut attendre la remise d’un rapport à la fin du mois de mars 2021, dans un contexte où on va faire des économies sur le dos des chômeurs, des précaires, des intérimaires, de nos collègues des festivals, de ceux qui sont à l'accueil, à la billetterie, qui n'ont pas le régime des intermittents et qui, eux, voient leurs droits baisser considérablement. Il faut annuler la réforme de l’assurance chômage et ouvrir des droits pour tous les précaires concernés. Nous avons besoin d'un plan de relance pour la culture ».

Denis Gravouil appelle donc à amplifier la mobilisation des intermittents qui occupent plusieurs lieux culturels, « nous voulons continuer à défendre le fait que tout le monde puisse travailler et que tout le monde doit avoir des droits sociaux et pas seulement les intermittents du spectacle. Le premier ministre assure qu'il prend en compte la culture. Il a même dit, quoi qu'il en coûte. Il n'a pas sorti le carnet de chèque ».

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12 mars 2021 5 12 /03 /mars /2021 12:51

 

 

https://www.ledauphine.com/faits-divers-justice/2021/03/10/isere-sciences-po-grenoble-un-ferme-rappel-a-l-ordre-pour-l-un-des-deux-professeurs-accuse-d-islamophobie

 

Institut d'Etudes Politiques (IEP) de Grenoble, un ferme rappel à l’ordre pour l'un des deux professeurs accusé d'islamophobie

À l’issue du conseil d’administration du Mardi 9 Mars 2021, la directrice de l’IEP de Grenoble a fait savoir que l’un des deux professeurs accusé d’islamophobie avait fait l’objet d’un rappel à l’ordre.

Après l’assemblée générale du Lundi 8 Mars 2021, la direction de l'IEP de Grenoble, ses professeurs et des représentants étudiants se réunissaient à nouveau Mardi 9 Mars 2021 pour un conseil d’administration. Prévu de longue date, il ne devait porter que sur de l’administratif classique.

Seulement, l'IEP de Grenoble est secouée par l’affaire des collages sur fond d’islamophobie présumée de deux enseignants. Dans ce climat de tension, où chaque prise de parole est minutieusement décortiquée, Sabine Saurugger, directrice de l’IEP de Grenoble, est intervenue fermement.

Contactée par téléphone, elle explique que, si une motion a été approuvée pour rappeler les valeurs fondamentales de cette université mais aussi souligner les efforts pris par la direction pour essayer de retrouver la sérénité, l’équipe pédagogique et la direction sont stupéfaites par le détaillement médiatique dont fait preuve l’un des professeurs ayant vu son nom placardé. Elle rappelle que, si la liberté de la parole et de la parole académique sont les garanties du bon fonctionnement de l’IEP, elles s’accompagnent d’un droit de réserve.

En clair, la directrice de l’IEP, et ses collègues, n’ont guère goûté l’omniprésence médiatique de l’un des professeurs. Au point de créer une fracture entre enseignants, « pour le reste de l’équipe, il est difficile de voir l’un de leurs collègues aller en place publique pour raconter sa version des faits, surtout quand il y a une grande différence d’interprétation entre comment il présente sa version et ce que nous vivons réellement ».

Sabine Saurugger est aussi revenue sur les propos des professeurs qui leur ont valu les collages du Jeudi 4 Mars 2021. Elle estime que, si les professeurs peuvent débattre de l’islam, le ton employé est extrêmement problématique. Elle révèle aussi que les deux professeurs ont fait l’objet d’un rappel à l’ordre et qu’une incitation au dialogue a été entreprise.

Le Mercredi 10 Mars 2021 a aussi marqué l’arrivée des deux inspecteurs généraux missionnés par Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur. Ces deux représentants du rectorat n’ont pas pour mission de trouver les auteurs des collages, mais ils doivent permettre de comprendre comment ces accusations ont pu arriver sur la place publique. Leurs conclusions peuvent amener à des sanctions disciplinaires plus graves concernant les professeurs, mais elles doivent aussi permettre à la direction de savoir comment affronter collectivement cette situation pour retrouver une collaboration permettant d’enseigner, notamment vis-à-vis des syndicats étudiants qui dénoncent l’islamophobie des professeurs.

Sabine Saurugger rappelle aussi que, si le dispositif de sécurité a été renforcé autour de l’IEP, il n’est pas question que l’établissement soit fermé.

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12 mars 2021 5 12 /03 /mars /2021 12:37

 

 

http://www.snjmg.org/blog/post/tribune-il-faut-dissoudre-l-ordre-des-medecins/1864

 

Il faut dissoudre le Conseil National de l'Ordre des Médecins (CNOM)

Mardi 9 Mars 2021

Après le rapport accablant de la Cour des Comptes du mois de décembre 2019, le CNOM tente de se justifier et il réaffirme qu'il est au service des médecins dans l'intérêt des patients. Comme pour l'ensemble des ordres des professions de santé, le CNOM se présente comme indispensable. Qui le CNOM sert-il vraiment et dans l'intérêt de qui ?

Le CNOM affirme représenter l’ensemble des médecins et il se targue de pouvoir ainsi conseiller les pouvoirs publics. Mais l'unité professionnelle qu'il affiche est factice. L'obligation faite à chaque médecin de s'y inscrire pour pouvoir travailler conduit le CNOM à être de fait un syndicat obligatoire. Les médecins ne choisissent donc pas d'être représentés par le CNOM, ils y sont contraints. Et encore représentés est un grand mot, puisque la participation aux élections départementales est à moins de trente pour cent. Les autres élections sont pyramidales.

La démocratie du CNOM n'est donc ni directe ni représentative. Le rapport de la Cour des Comptes montre bien que sa gouvernance est sociologiquement peu représentative de l'ensemble des médecins en exercice et surtout qu'elle est fermée avec des cumuls de mandats très fréquents. Nous sommes donc en droit de nous demander à qui bénéficient les conseils du CNOM, a fortiori face à la désorganisation territoriale des soins de premiers recours mais aussi de second recours, sans parler de la crise majeure que traverse l’hôpital public. Le CNOM a longtemps pris position contre l'exercice collectif de la médecine et il fait aujourd'hui preuve d'un silence assourdissant face à la privatisation à peine masquée de l'hôpital. Les institutions publiques n'ont visiblement pas besoin du CNOM pour les conseiller et elles s'intéressent plus aux notes des think tanks libéraux qu'aux commissions obscures du CNOM. Les médecins ont toute liberté pour adhérer à des syndicats qui se chargent déjà de les représenter et de défendre leurs intérêts.

Le CNOM se présente comme le garant de la déontologie dans le double but de veiller à la qualité des soins et de défendre l'indépendance et l'honneur des professionnels. De quelle qualité des soins parle-t-on lorsque le CNOM conteste le droit à l'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) pour toutes les femmes ou bien lorsqu'il s'oppose au tiers-payant, outil pourtant indispensable à un accès aux soins pour tous.

 Le président actuel du CNOM défend ainsi l'existence des dépassements d'honoraires, dont il a bénéficié lui-même dans son exercice professionnel dans le département de la Seine Saint Denis, alors que cete pratique remet explicitement en cause l'égalité d'accès à des soins de qualité pour tous. De quelle indépendance parle-t-on lorsque le CNOM se montre complaisant vis-à-vis des pratiques corruptives exercées par l'industrie pharmaceutique au profit des médecins ? De quel honneur parle-t-on lorsque le CNOM couvre des soignants violeurs et pédo-criminels, pourtant dénoncés par les patients victimes ou leurs proches ? Le code de déontologie étant inscrit dans le code de santé publique, le droit commun peut tout à fait en être le garant. Les évolutions pourraient se faire dans un processus concerté entre les professionnels et les usagers du système de santé avec le concours du Comité National d'Éthique, comme ce fut le cas pour les dernières lois de bioéthique.

Le CNOM met en avant sa capacité de conseil juridique lors des démarches d'installation, sur les différents statuts et contrats, alors que d’autres structures comme les Unions Régionales des Professionnels de Santé (URPS), les syndicats ou les plateformes d'installation des Agences Régionales de Santé (ARS) sont parfaitement aptes à renseigner les médecins.

Le CNOM souligne sa capacité d'entraide pour les professionnels en difficulté et /ou leurs familles grâce à des fonds dédiés. Le rapport de la Cour des Comptes montre explicitement que les premiers bénéficiaires de cette entraide sont les conseillers ordinaux eux mêmes avec des indemnités pouvant aller jusqu'à près de dix mille euros par mois bruts pour le président national qui exerce cette fonction bénévolement. Le CNOM semble être dans l'incapacité de rendre des comptes clairs et exhaustifs sur son patrimoine, initié par la confiscation des biens des syndicats médicaux en 1940 puis développé par les cotisations obligatoires des médecins, quelle drôle de solidarité.

Le CNOM dit veiller au maintien de la compétence et de la probité des médecins. En réalité il se montre incapable d'identifier les situations problématiques liées à des praticiens dont l’insuffisance professionnelle ou l’état de santé rendent dangereux l’exercice de la médecine. Malgré sa volonté affichée d'assurer la gestion de la formation continue, il ne porte à ce jour aucun regard sur les obligations légales de formation qui incombent à chaque médecin. Les inscriptions au tableau valant droit d'exercer pourraient être gérées par le ministère de la santé, les ARS ou tout autre organisme public, sous forme d'un registre. Ce dernier vérifierait alors la validation de la formation initiale puis le contrôle de l'obligation de la formation continue, possiblement en lien avec l'Agence Nationale du Développement Professionnel Continu (ANDPC) qui agrée déjà la plupart des organismes de formation. Les médecins sont des humains comme les autres, c'est pourquoi ils ont besoin, non pas d’un ordre professionnel, mais d'un véritable service de santé au travail pour les accompagner en cas de diminution de leurs facultés physiques et/ou psychiques.

Le CNOM déclare également assurer un rôle d’instance disciplinaire pour les médecins qui ne respecteraient pas les principes de la déontologie. Mais il s'agit d'une justice d'apparat sans compétence juridique réelle. Les jugements sont rendus sans possibilité d'enquête, donc sans contrôler si les faits sont établis. Les chambres de conciliation appliquent un pseudo respect du contradictoire en contrevenant ouvertement au respect du secret médical. Ce qui aboutit d'un côté à une tolérance vis-à-vis de médecins ayant commis des actes violents contre des patients et de l'autre côté à la condamnation des médecins qui ont établi un lien entre des pathologies et des conditions de travail, c'est-à-dire pour avoir utilisé leurs compétences médicales et fait leur travail.

Cette justice d'exception se fait au détriment des intérêts publics et des patients. Elle n'a donc aucune raison d'être. Le droit commun pénal et/ou civil est parfaitement capable de remplir ces fonctions juridiques à condition qu'on lui donne les moyens associés, notamment la possibilité de prononcer des sanctions limitant l'exercice médical. Ces différents éléments prouvent l'inutilité du CNOM puisqu'il se montre incapable de réaliser les missions qui lui sont confiées, voire qu'il s'est arrogées lui-même, et qu'il existe déjà des institutions ou des organismes publics pouvant les assurer, sous réserve de leur donner les moyens humains et financiers à la hauteur. Nous insistons sur le fait que cette institution protège des professionnels de santé corrompus et maltraitants, tout en maltraitant des usagers du système de soin et des professionnels qui tentent de respecter leur éthique professionnelle. Les personnes qui ont à se plaindre de médecins ont donc tout intérêt à se tourner vers la justice de droit commun et à ne pas se tourner vers l'apparat de justice agité par le CNOM.

Nous demandons donc sa dissolution immédiate et nous appelons l'ensemble des professionnels concernés et plus largement la société tout entière à s'emparer de ce sujet, car la santé est une question bien trop sérieuse pour la confier aux seuls médecins.

Organisations signataires :

Syndicat de la Médecine Générale (SMG), Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG), Union Fédérale des Médecins, Ingénieurs, Cadres et Techniciens (UFMICT) de la Confédération Générale du Travail (CGT), Association Santé et Médecine du Travail (ASMT), Union Générale des Ingénieurs, des Cadres et des Techniciens (UGICT) de la CGT, Fédération Santé Sociaux de l'Union Syndicale Solidaire (USS)

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