Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 janvier 2021 7 24 /01 /janvier /2021 15:09

 

 

https://www.revolutionpermanente.fr/A-Paris-les-manifestants-posent-la-premiere-pierre-d-une-lutte-d-ensemble-contre-les-licenciements

 

À Paris, les manifestants posent la première pierre d’une lutte d’ensemble contre les licenciements

Samedi 23 Janvier 2021 à Paris, plusieurs milliers de manifestants étaient présents à l’appel des salariés de Travel Union International (TUI) France et de différentes organisations politiques et syndicales pour manifester contre les licenciements. Des raffineurs de Grandpuits, des salariés de Svenska Kullager Fabriken (SKF), de Cargill et de General Electric, étaient notamment présents. Une première date de coordination de secteurs confrontés à des plans sociaux qui appelle d’autres initiatives en ce sens.

« Il y a quelques semaines, nous avons dit que pour vaincre ces plans sociaux il fallait nous mettre tous ensemble. Nous avons donc téléphoné aux salariés de Cargill, d'Auchan et de Grandpuits », au micro de Révolution Permanente, Lazare Razkallah, délégué de la Confédération Générale du Travail (CGT) de TUI France, revenait Samedi 23 Janvier 2021 sur l’initiative à l’origine de la manifestation pour l’interdiction des licenciements et contre les suppressions d’emplois. Au départ de l'assemblée nationale, celle-ci s’est déroulée dans les rues du septième arrondissement de Paris, passant par le ministère du travail pour finir à quelques mètres des locaux du mouvement des entreprises de France (MEDEF)

Deux mille manifestants ont répondu à l’appel. Dans le cortège, la présence remarquée des raffineurs de Grandpuits, venus à une vingtaine en tenues et équipés de leurs désormais fameux barils. A leurs côtés d’autres travailleurs d’entreprises confrontées à des licenciements telles que Nokia, Cargill, Sanofi ou encore SKF. Les travailleurs du site situé à Avallon dans l’Yonne sont en grève et ils refusent le Plan Social d'Entreprise (PSE) que tente d’imposer la direction. « Nous sommes en grève permanente, nous sommes dans le combat. La lutte contre les licenciements va être un combat difficile contre le patronat et c’est tous ensemble qu’il va falloir le mener », dit Lhoussaine Amchi, délégué de la CGT Force Ouvrière de SKF. Les politiques ont également répondu à l’appel, comme Olivier Besancenot du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Jean-Luc Mélenchon et des militants du Parti Communiste Français (PCF), présents dans la manifestation.

Si toutes les entreprises présentes ne sont pas en grève, de nombreux manifestants insistent sur la nécessité de la coordination comme levier dans la lutte contre les licenciements. D’autres dénoncent la passivité des directions syndicales. Militant de la CGT et membre du Collectif Aéro, Gaëtan Gracia note ainsi que « les directions syndicales nous laissent face à l’hécatombe. Nous attendons depuis longtemps un plan de bataille conséquent, mais il n’y a rien à part une date isolée le 4 février 2021 et des dates de fédérations, sans plan de bataille conséquent ». Expression claire de cette attitude, la direction de la CGT n’a pas appelé à la manifestation du Samedi 23 Janvier 2021, dont était totalement absent Philippe Martinez.

Corollaire de cette absence de plan de bataille coordonné, de nombreuses entreprises choisissent la voie de la négociation et évitent l’épreuve du rapport de forces. Une logique qu’une partie des manifestants était bien décidée à battre en brèche, Samedi 23 Janvier 2021. « Je ne suis pas content de voir ce qui s’est passé à Bridgestone à Béthune, qui ont signé un accord et se félicitent de ne pas avoir brûlé de pneus. Il n’y a aucune prime, aucun PSE quel qu’il soit, qui ne vaudra notre emploi. Partout où l’employeur veut licencier, il faut qu’on se lève et qu’on se mette debout », expliquait ainsi Michaël Wamen, figure de la lutte des Goodyear au micro de Révolution Permanente. « Ne tombez pas dans la farce du dialogue social, prenez la rue, mettez-vous en grève et occupez vos usines. Ils ne comprennent que le rapport de forces », lançait de son côté Adrien Cornet de la CGT de la raffinerie de Grandpuits.

En définitive, cette première manifestation coordonnée aura constitué un point d’appui pour avancer dans la construction d’un front uni contre les licenciements et elle aura permis de visibiliser la volonté de combat de différents secteurs, en dépit de la passivité des directions syndicales. Il s’agit désormais de continuer ce travail en coordonnant les secteurs en grève et en mettant en avant la nécessité de lutter non seulement contre les suppressions d’emplois, mais aussi pour l’interdiction des licenciements, revendication qui ne pourrait être imposée que par une lutte de très grande ampleur.

Une perspective que craint d’ailleurs plus que tout le gouvernement. Comme l'écrivait le Monde du Vendredi 22 Janvier 2021, la majorité et le gouvernement s’inquiète en effet que la colère s’agglomère et qu'elle donne lieu à un printemps social. Une crainte incarnée très concrètement Samedi 23 Janvier 2021 par le dispositif policier massif déployé pour encadrer le cortège et pour tenter d’étouffer la contestation dans l’œuf. De quoi poser la question d’un mouvement d’ensemble qui, à partir de la lutte contre les licenciements, prenne également en charge la question de la répression et des violences policières en lien avec les mobilisations contre la loi de sécurité globale.

Partager cet article
Repost0
24 janvier 2021 7 24 /01 /janvier /2021 14:48

 

 

https://www.reuters.com/article/us-russia-politics-navalny/police-clamp-down-on-russian-protests-against-jailing-of-kremlin-foe-navalny-idUSKBN29R10S

 

La police réprime les manifestations russes de soutien à Alexei Navalny (Reuters)

La police a arrêté plus de trois mille personnes et elle a utilisé la force pour disperser Samedi 23 Janvier 2021 des rassemblements dans toute la Russie alors que des dizaines de milliers de manifestants ont ignoré le froid extrême et les avertissements de la police pour exiger la libération du critique du Kremlin Alexei Navalny.

Alexei Navalny avait appelé ses partisans à manifester après avoir été arrêté le week-end dernier alors qu'il rentrait d'Allemagne en Russie pour la première fois depuis qu'il avait été empoisonné avec un agent neurotoxique qui lui avait été inoculé par des agents de la sécurité de l'état russe au mois d'août 2020.

Les autorités avaient demandé au peuple de ne pas participer aux manifestations du Samedi 23 Janvier 2021, affirmant qu'ils risquaient d'attraper le coronavirus ainsi que des poursuites et d'éventuelles peines de prison pour participation à des événements non autorisés.

Mais les manifestants ont défié l'interdiction, dans au moins un cas, à des températures inférieures à moins cinquante degrés Celsius. Leonid Volkov, un allié d'Alexei Navalny, les a appelés à faire de même le week-end prochain pour tenter de libérer Alexei Navalny de ce qu'il a appelé les griffes de ses assassins.

Dans le centre de Moscou, où les journalistes de Reuters ont estimé que quarante mille personnes s'étaient rassemblées dans l'un des plus grands rassemblements non autorisés depuis des années, la police a été vue en train d'arrêter des personnes, les regroupant dans des fourgons à proximité.

Les autorités ont déclaré que seulement quatre mille personnes s'étaient présentées, tandis que le ministère des affaires étrangères remettait en question l'estimation de la foule de Reuters.

« Pourquoi ne pas dire quatre millions de personnes », a-t-il suggéré sarcastiquement sur sa chaîne de messagerie officielle Telegram.

Ivan Zhdanov, un allié de Navalny, a estimé le taux de participation dans la capitale à cinquante mille personnes, a rapporté le média Proekt.

Certains manifestants ont scandé « Poutine est un voleur », « disgrâce » et « liberté pour Navalny ».

L'épouse d'Alexei Navalny, Yulia Navalnaïa, a été brièvement détenue lors du rassemblement avant d'être libérée. Certains des alliés politiques d'Alexei Navalny ont été arrêtés dans les jours précédant la manifestation, d’autres le jour même.

À un moment donné, les manifestants ont encerclé une voiture noire élégante avec une lumière clignotante utilisée par de hauts responsables, lui lançant des boules de neige et lui donnant des coups de pied. Un groupe de policiers a également été bombardé de boules de neige par une foule beaucoup plus nombreuse.

Le groupe de surveillance des manifestations OVD Information a déclaré que trois mille quatre cent trente cinq personnes, dont mille trois cent soixante personnes à Moscou et cinq cent vingt trois personnes à Saint-Pétersbourg, avaient été arrêtées lors de rassemblements dans une centaine de villes.

Les États-Unis ont condamné les tactiques dures utilisées contre les manifestants et les journalistes et ont appelé à la libération immédiate et inconditionnelle d'Alexei Navalny.

« Nous appelons les autorités russes à libérer toutes les personnes détenues pour avoir exercé leurs droits universels », a déclaré le porte-parole du département d'état américain Ned Price dans un communiqué.

Le chef de la politique étrangère de l’Union Européenne, Josep Borrell, a déclaré dans un message sur Twitter qu’il déplorait l’usage disproportionné de la force par les autorités, tandis que le ministre britannique des affaires étrangères, Dominic Raab, a condamné le recours à la violence contre des manifestants pacifiques et des journalistes.

Alexei Navalny, un avocat de quarante quatre ans, est détenu dans une prison de Moscou en attendant le résultat de quatre affaires juridiques forgées de toutes pièces. Il accuse le président Vladimir Poutine d'avoir ordonné sa tentative de meurtre. Vladimir Poutine a rejeté cette accusation, disant qu'Alexei Navalny faisait partie d'une campagne soutenue par les États-Unis pour le discréditer.

Certains manifestants ont marché sur la prison, où la police les attendait pour les arrêter. Des images de manifestants blessés avec des têtes ensanglantées ont circulé sur les réseaux sociaux.

Les scènes rappelaient les troubles qui ont duré des mois en Biélorussie, alliée voisine de la Russie, où des manifestations antigouvernementales ont éclaté au mois d'août 2020 en raison d’allégations de fraude électorale.

Un manifestant de Moscou, Sergei Radchenko, cinquante trois ans, a déclaré que « je suis fatigué d’avoir peur. Je ne suis pas seulement venu pour moi et pour Alexei Navalny, mais aussi pour mon fils, car il n'y a pas d'avenir dans ce pays ».

Il n'y a eu aucun commentaire immédiat de la part du Kremlin, qui avait auparavant dit que les manifestations étaient illégales et qu’elles étaient l’œuvre de provocateurs.

Les procureurs de l’état ont ouvert des poursuites pénales sur des allégations de violences contre des policiers par des manifestants.

À Berlin, Hambourg et Munich, mille personnes ont manifesté contre l’arrestation d’Alexei Navalny. De petites manifestations ont également eu lieu en Bulgarie et deux cent à trois cent personnes ont manifesté à Paris.

La police de Yakoutsk, en Sibérie, l'une des villes les plus froides du monde, où la température était de moins cinquante deux degrés Celsius, Samedi 23 Janvier 2021, a attrapé un manifestant par les bras et les jambes et l'a traîné dans une camionnette, selon des images vidéo.

À Moscou, des journalistes couvrant les manifestations ont été arrêtés, suscitant la critique de l'ambassade américaine.

« Les autorités russes arrêtent des manifestants pacifiques et des journalistes », a déclaré la porte-parole Rebecca Ross sur Twitter, « c’est une campagne concertée pour supprimer la liberté d'expression et de réunion pacifique ».

Il y a eu des pannes sur les services de téléphonie mobile et d’internet, a montré le site de surveillance downdetector.ru, une tactique parfois utilisée par les autorités pour empêcher les manifestants de communiquer entre eux.

Afin de galvaniser le soutien avant les manifestations, l’équipe d’Alexei Navalny a publié cette semaine une vidéo sur un palais opulent sur la mer Noire qui, selon elle, appartient à Vladimir Poutine, ce que le Kremlin a démenti. Samedi 23 Janvier 2021, la vidéo avait été visionnée plus de soixante dix millions de fois.

Les alliés d’Alexei Navalny espèrent tirer parti de ce que les sondages qualifient de frustrations refoulées du peuple russe après des années de baisse des salaires et de retombées économiques de la pandémie.

Mais l'emprise de Vladimir Poutine sur le pouvoir semble inattaquable pour le moment et le président de soixante huit ans enregistre régulièrement un taux d'approbation de plus de soixante pour cent, bien supérieur à celui d’Alexei Navalny.

Partager cet article
Repost0
23 janvier 2021 6 23 /01 /janvier /2021 14:23

 

 

https://www.maritima.info/depeches/societe/marseille/73568/troisieme-sauvetage-en-48-heures-pour-l-ocean-viking-106-personnes-secourues.html

 

Troisième sauvetage en quarante huit heures pour l'Ocean Viking, cent six personnes secourues

Entendu sur Maritima Radio, cent six nouvelles personnes ont été secourues Vendredi 22 Janvier 2021 au large de Libye par l'Ocean Viking, le navire de secours en mer de SOS Méditerranée, portant à trois cent soixante quatorze personnes le nombre de rescapés récupérés en quarante huit heures par l'Organisation Non Gouvernementale (ONG) basée à Marseille.

« Cent six personnes ont été secourues dans les eaux internationales à vingt huit milles nautiques des côtes libyennes », a tweeté SOS Méditerranée, « la majorité des personnes à bord du canot pneumatique qui ont été retrouvées par l’équipe de sauvetage étaient très intoxiquées par les vapeurs de carburant ».

Les rescapés sont originaires de Guinée, du Soudan et de la Sierra Leone, selon la même source.

Partager cet article
Repost0
23 janvier 2021 6 23 /01 /janvier /2021 14:10

 

 

https://jacobinmag.com/2021/01/joe-biden-administration-liberalism-policy

 

Si Joseph Biden fait une politique de gauche, vous pouvez remercier la gauche

Joseph Biden a publié une série de décrets qui sont étonnamment progressifs. Mais nous savons qui il faut remercier, la gauche organisée, qui a contribué à transformer la politique américaine.

Joseph Biden, pour le dire de manière diplomatique, est un porte-drapeau improbable pour un programme politique de transformation. Il est profondément impliqué dans une grande partie de ce qui ne va pas dans l'Amérique et dans le monde, il travaillait avec les ségrégationnistes dans les années 1970, il était un architecte de la législation criminelle qui a conduit à l'incarcération de masse et il était un champion de la guerre en Irak, qui a tué des centaines de milliers de civils irakiens et des milliers de soldats américains. Vous pouvez lire à propos de cette personnalité publique déprimante et conservatrice le beau livre de mon collègue de Jacobin, Branko Marcetic, dont le titre est « l'homme d'hier ».

Il vaut donc la peine de se demander pourquoi, compte tenu de cette histoire, l'agenda à venir de Joseph Biden semble-t-il jusqu'ici étonnamment décent. Cela s'explique en partie par les dommages causés à nos facultés critiques au cours des quatre dernières années. Il est vrai que son prédécesseur, un aspirant dictateur aimé des fascistes du monde entier, a placé la barre très basse. Mais ce n’est pas toute l’histoire.

Mercredi 20 Janvier 2021, le premier jour de son mandat, Joseph Biden a signé une série de décrets. Certaines de ces actions sont des actions que tout démocrate aurait prises mais qui méritent d'être notées car elles sont essentielles à la survie humaine, il a signé un décret imposant le port du masque dans toutes les administrations fédérales, il a rejoint l'Accord de Paris et l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et il a rétabli la capacité du gouvernement fédéral de lutter contre la pandémie de manière coordonnée.

Il a également arrêté la commission anti-intellectuelle de Donald Trump et il a remis les bénéficiaires du programme Deferred Action for Childhood Arrivals (DACA) sur la voie de la citoyenneté permanente. D'autres décrets représentent un pas bienvenu contre l'assaut barbare et sectaire de l'administration de Donald Trump contre la classe ouvrière internationale, mais qui auraient pu prendre plus de temps ou être négligés à un autre moment politique, mettre fin aux restrictions de voyage en provenance de certains pays à majorité musulmane, relancer les demandes de visa de ces pays, se déplacer pour réunir les familles séparées à la frontière, ajouter des protections contre la discrimination raciale, arrêter la construction du mur frontalier et compter à nouveau les non-citoyens dans le recensement.

Pourtant, certains des ordres exécutifs de Joseph Biden, au premier jour de son mandat, sont allés plus loin, incarnant un abandon plus décisif des Reaganomics bipartites que nous ne l'aurions imaginé. Il a arrêté le pipeline Keystone, révoqué les permis pétroliers et gaziers dans toutes les réserves nationales de la faune, prolongé les moratoires d'expulsion et de forclusion, suspendu les paiements de prêts étudiants et gelé les mesures réglementaires de dernière minute destructrices pour l'environnement de Donald Trump.

Son programme législatif annoncé s'écarte également de l'austérité que beaucoup d'entre nous attendaient de lui il y a un an. N'importe quel démocrate, nous l'espérons, rejetterait la bouffonnerie machiste anti-scientifique entourant la réponse à la pandémie de Donald Trump et tenterait au moins une relance de l’économie à moitié assommée pour lutter contre la récession.

Mais Joseph Biden propose de dépenser de l'argent réel pour ces crises urgentes. Il demande au congrès deux mille milliards de dollars pour faire vacciner tout le monde le plus rapidement possible, financer l'aide aux ménages américains en difficulté, aider les écoles à rouvrir en toute sécurité, aider les gouvernements des états à répondre aux besoins publics vitaux et augmenter le salaire minimum à quinze dollars. Il a nommé Janet Yellen au Trésor, à la place d’un faucon du déficit de capital-risque. Joseph Biden a indiqué sa volonté de taxer les riches. Il dit qu'il veut élargir l'accès aux soins de santé.

Joseph Biden a également mis un accent sans précédent sur le changement climatique, même au milieu d'autres crises que la plupart des électeurs pourraient trouver plus urgentes, nommant une équipe d'experts du climat à son personnel de la Maison Blanche et se fixant pour objectif de décarboner le système électrique dans quinze ans, surprenant à la fois l'industrie des combustibles fossiles et les militants pour le climat.

Les plans de Joseph Biden ne sont pas les mêmes que l’agenda social-démocrate de Bernie Sanders. Il ne fait pas pression pour Medicare for All, le Green New Deal complet ou l'université gratuite. Bernie Sanders demandait l’annulation du loyer et de la dette étudiante, cette dernière pour de bon. Pourtant, dans une tournure inimaginable il y a un an, Joseph Biden a, pour le moment, l'air d'un bon libéral.

Cette espèce longtemps en voie de disparition a tendance à prospérer lorsque son habitat comprend deux conditions historiques à la fois, de graves crises et de grands mouvements sociaux. Sans la grande dépression et la seconde guerre mondiale, nous nous souviendrions probablement maintenant de Franklin Roosevelt comme un White Anglo Saxon Protestant (WASP) qui parlait bien avec une femme inhabituellement consciente socialement et non conventionnelle.

Pouvez-vous imaginer Joseph Biden sans la pandémie dévastatrice du coronavirus, la récession et les soulèvements de rue massifs de cet été contre la brutalité policière raciste, et sans les deux campagnes présidentielles de Bernie Sanders et leurs séquelles, l'émergence de nouveaux leaders politiques socialistes démocratiques comme Alexandria Ocasio-Cortez, Cori Bush et Jamaal Bowman, la nouvelle importance des priorités sociales démocrates comme les soins de santé et le logement, et la croissance de l'activisme de gauche organisé ? Bien sûr que vous le pouvez. Nous ne connaissons que trop bien Joseph Biden.

La meilleure stratégie pour la gauche n'est pas d'ignorer l'émergence du nouveau Joseph Biden, ni d'insister sur le fait que l'ancien est parti pour de bon. Au lieu de cela, nous devrions revendiquer le mérite du bon libéral actuellement à la Maison Blanche et créer les conditions pour nous assurer qu'il fasse tout ce qu'il dit, et bien plus encore. Cela est particulièrement vrai sur le climat, une question où il y a si peu de temps à perdre et tellement de potentiel d'action.

Nous, de gauche, semblons toujours plus intelligents et réalistes à nos camarades lorsque nous roulons des yeux et rejetons la possibilité d'extraire quoi que ce soit des démocrates nationaux, lorsque nous ignorons les nuances et lorsque nous disons simplement que nos adversaires sont des néolibéraux comme si rien d'inhabituel ne se passait. Mais nous devons reconnaître les victoires de la gauche et les crises mondiales dramatiques qui ont produit l’incarnation actuelle de Joseph Biden.

Renoncer à faire pression sur cette administration serait une erreur. Nous devons exiger que Joseph Biden tienne ses promesses, tout en expliquant pourquoi notre monde a besoin de plus qu'un bon libéralisme. Nous devons également nous prémunir contre le plus grand danger d'un bon libéralisme. Si l'histoire est un guide, la politique étrangère de Joseph Biden pourrait être vicieusement anti-socialiste et meurtrièrement interventionniste.

Par-dessus tout, nous devons renforcer le pouvoir socialiste de gauche et ouvrier à partir de la base, en nous concentrant sur les gouvernements locaux et étatiques et sur nos lieux de travail. C’est la seule façon de garantir que les générations futures pourront s’attendre à mieux que Joseph Biden, édition libérale. Nous ne pouvons pas laisser ce moment compliqué et chaotique se perdre.

Partager cet article
Repost0
23 janvier 2021 6 23 /01 /janvier /2021 13:28

 

 

https://www.reuters.com/article/us-russia-politics-navalny/police-round-up-more-than-350-at-russia-protests-backing-jailed-kremlin-foe-navalny-idUSKBN29R10S

 

La police rafle plus de trois cent cinquante personnes dans les manifestations de soutien à Alexei Navalny (Reuters)

La police a arrêté plus de trois cent cinquante personnes dans toute la Russie Samedi 23 Janvier 2021 et elle a dispersé des rassemblements dans tout le pays, alors que les manifestants défiaient un froid glacial et l’interdiction des autorités  pour exiger la libération du critique emprisonné du Kremlin Alexei Navalny.

Alexei Navalny avait appelé ses partisans à manifester après avoir été arrêté le week-end dernier alors qu'il rentrait à Moscou pour la première fois depuis qu'il avait été empoisonné avec un agent neurotoxique de qualité militaire au mois d'août 2020. Alexei Navalny avait été soigné en Allemagne.

Dans le centre de Moscou, la police a arrêté au moins une centaine de personnes avant même le début de la manifestation, les regroupant dans des fourgons à proximité. Mille personnes s'étaient rassemblées avant le début du rassemblement, Samedi 23 Janvier 2021 à 11 heures.

Certains ont scandé « Vladimir Poutine est un voleur » et « disgrâce », alors que la police faisait évacuer les rues.

Des images vidéo de Vladivostok montraient des policiers anti-émeute poursuivant un groupe de manifestants dans la rue, tandis que des manifestants à Khabarovsk, bravant des températures d'environ moins quatorze degrés Celsius criaient « bandits ».

La police de Yakoutsk en Sibérie, l'une des villes les plus froides du monde où la température était de moins cinquante deux degrés Celsius, Samedi 23 Janvier 2021, a attrapé un manifestant par les bras et les jambes et l'a traîné dans une camionnette, selon des images vidéo de la scène.

Le groupe de surveillance des manifestations OVD-Info a déclaré qu'au moins trois cent soixante neuf personnes, dont soixante sept personnes dans la ville sibérienne de Novossibirsk, avaient été arrêtées, Samedi 23 Janvier 2021.

Il a signalé des arrestations lors de rassemblements dans près de quarante villes. Le militant de l'opposition Dmitri Goudkov a déclaré que l'ampleur et l'ampleur des manifestations dans les régions étaient inhabituelles.

« Tout le monde doit vraiment en avoir assez des vols et des mensonges si les régions se sont levées ainsi sans attendre Moscou. Des centaines et des milliers même dans les petites villes », a-t-il écrit sur Twitter.

Les autorités ont déclaré que les manifestations étaient illégales car elles n'avaient pas été dûment autorisées. Alexei Navalny a été placé en détention provisoire pendant trente jours plus tôt cette semaine pour des violations présumées de la libération conditionnelle. Il n'y a eu aucun commentaire sur les manifestations du Kremlin, Samedi 23 Janvier 2021.

Les services de téléphonie mobile et internet ont subi des pannes, Samedi 23 Janvier 2021, a montré le site de surveillance downdetector.ru, une tactique parfois utilisée par les autorités pour empêcher les manifestants de communiquer entre eux et de partager des séquences vidéo en ligne.

Alexei Navalny, un ancien avocat qui a accusé Vladimir Poutine d'avoir ordonné son meurtre, pourrait faire face à des années de prison pour des affaires judiciaires forgées de toutes pièces. Vladimir Poutine a nié toute implication dans l'empoisonnement.

Les partisans d'Alexei Navalny espèrent pouvoir provoquer des manifestations de rue contre le Kremlin malgré les conditions hivernales et la pandémie de coronavirus pour faire pression contre les autorités afin qu'elles le libèrent.

L'occident a demandé à Moscou de le libérer, déclenchant de nouvelles tensions dans des relations déjà tendues avec la Russie alors que le président américain Joseph Biden forme son administration.

Dans un effort pour galvaniser le soutien avant les manifestations, l'équipe d'Alexei Navalny a publié une vidéo sur un palais opulent sur la mer Noire qui, selon elle, appartient à Vladimir Poutine, ce que le Kremlin a nié. Samedi 23 Janvier 2021, le clip avait été visionné plus de soixante cinq millions de fois.

La police a sévi à l'approche des rassemblements, arrêtant plusieurs alliés d'Alexei Navalny qu'ils accusaient d'avoir appelé à des manifestations illégales et elle a emprisonné au moins deux d'entre eux, y compris la porte-parole d'Alexei Navalny, pendant plus d'une semaine chacun.

Les autorités ont également annoncé une enquête pénale contre les partisans d'Alexei Navalny pour des appels exhortant les mineurs à assister à des rassemblements illégaux qui, selon elles, ont été organisés sur divers réseaux sociaux.

Les alliés d'Alexei Navalny espèrent tirer parti de ce que les sondages qualifient de frustrations refoulées du peuple russe après des années de baisse des salaires et de retombées économiques de la pandémie. Mais l'emprise de Vladimir Poutine sur le pouvoir semble inattaquable et le président de soixante huit ans enregistre régulièrement un taux d'approbation de plus de soixante pour cent, bien supérieur à celui d'Alexei Navalny.

Partager cet article
Repost0
23 janvier 2021 6 23 /01 /janvier /2021 13:06

 

 

https://www.reuters.com/article/russie-politique-navalny-manifestation-idFRKBN29R1EF

 

Arrestation de la porte-parole d'Alexeï Navalny (Reuters)

Un tribunal russe a condamné Vendredi 22 Janvier 2021 la porte-parole d’Alexei Navalny à neuf jours prison, ce qui signifie qu’elle ne pourra pas assister à la manifestation de l’opposition prévue Samedi 23 Janvier 2021 pour demander la libération de l’opposant russe, a-t-elle déclaré sur Twitter.

Kira Yarmysh fait partie des nombreux alliés d'Alexeï Navalny qui ont été arrêtés par la police avant la manifestation du Samedi 23 Janvier 2021 que le Kremlin a déclaré illégale.

Alexei Navalny a été arrêté Dimanche 17 Janvier 2021 et il a été emprisonné pour violation présumée de sa liberté conditionnelle, après être rentré en Russie pour la première fois depuis son empoisonnement par un agent neurotoxique.

Le président du conseil européen, Charles Michel, a demandé Vendredi 22 Janvier 2021 par téléphone au président Vladimir Poutine de libérer Alexei Navalny et il a exigé une enquête sur son empoisonnement.

« Dans mon appel avec le président Vladimir Poutine, Vendredi 22 Janvier 2021, j’ai réitéré que l’Union Européenne est unie dans sa condamnation de la détention d’Alexei Navalny et qu’elle demande sa libération immédiate », a écrit Charles Michel sur Twitter.

Les ministres des affaires étrangères de l’Union Européenne devraient débattre Lundi 25 Janvier 2021 à Bruxelles de nouvelles sanctions économiques contre la Russie.

Les législateurs européens ont adopté Jeudi 21 Janvier 2021 une résolution demandant à l’Union Européenne l’arrêt de la construction du gazoduc Nord Stream entre la Russie et l’Allemagne, en réponse à l’arrestation d’Alexei Navalny.

Avant son retour en Russie, l’opposant et ses partisans avaient anticipé une probable arrestation et ils avaient planifié des manifestations répétées, dont celles du Samedi 23 Janvier 2021, pour forcer sa libération, a déclaré un proche allié.

L’avocat de quarante quatre ans a été placé en détention pour trente jours, jusqu’au 15 février 2021, et l’administration pénitentiaire de Moscou a demandé que la peine de trois ans et six mois de prison avec sursis prononcée dans une affaire de détournement de fonds, qui, selon Alexeï Navalny, a été inventée de toutes pièces, soit convertie en une véritable incarcération.

Leonid Volkov, un proche allié, a déclaré à Reuters que l’opposition prévoyait également la publication d’enquêtes vidéo comme celle diffusée Mardi 19 Janvier 2021 par Alexei Navalny, qui dénonce un palais dont se serait doté le président russe et qui a déjà été vue plus de cinquante trois millions de fois sur You Tube.

« Nous savons que le Kremlin craint les manifestations de masse », a déclaré Leonid Volkov, « nous savons que le Kremlin n’a jamais manqué ces dernières années de plier dans un sens ou dans l’autre si les manifestations étaient suffisamment puissantes et fortes ».

Deux sources proches du gouvernement russe estiment cependant qu’Alexei Navalny devient une menace et qu’il sera probablement maintenu en détention même si le soutien populaire se prolonge. Le Kremlin n’a pas répondu immédiatement à une demande de commentaires.

Partager cet article
Repost0
22 janvier 2021 5 22 /01 /janvier /2021 14:11

 

 

DE QUOI LE TRUMPISME EST IL LE NOM

Par Bernard Fischer

Vendredi 22 Janvier 2021

Pendant quatre ans, les Etats Unis offraient au monde entier une extraordinaire superproduction hollywoodienne, une extraordinaire émission de télé réalité dont l’acteur principal était le quarante-cinquième président des Etats Unis. Il y avait un seul petit problème. Ce n’était justement pas un film, une émission de télé réalité, un mauvais rêve ou une fake news, c’était la véridique histoire du quarante-cinquième président des Etats Unis.

Nous connaissons maintenant la fin de l’histoire. L’apothéose finale surprenait seulement les victimes de la sidération et de la fascination médiatique. Il y avait tellement de signes avant coureurs.

Donald Trump était un président d’extrême droite. C’était clair dès le premier jour et, pendant quatre ans, chaque jour de sa présidence en était une confirmation supplémentaire.

Tout commençait par une première prise d’assaut, totalement politique et pacifique, la prise d’assaut du Parti Républicain et l’élection de Donald Trump comme le candidat du Parti Républicain aux élections présidentielles du mois de novembre 2016 par la convention républicaine du mois de juillet 2016. Les résultats des élections présidentielles du mois de novembre 2016 étaient totalement dans les résultats des élections primaires républicaines et démocrates de l’été 2016, quand Donald Trump gagnait les élections primaires républicaines et quand Hillary Clinton, la candidate de l’appareil du parti démocrate, gagnait les élections primaires démocrates contre Bernie Sanders, le candidat de la gauche du Parti Démocrate et des Democratic Socialists of America (DSA). C’était une lointaine conséquence d’autres élections primaires démocrates huit ans avant en 2008, quand Barack Obama, le candidat de la gauche du Parti Démocrate, gagnait les élections primaires démocrates en 2008 contre la même Hillary Clinton.

Pendant les deux premières années de son mandat, les représentants du Parti Républicain étaient majoritaires à la chambre des représentants et les sénateurs du Parti Républicain étaient majoritaires au sénat et pourtant Donald Trump n’appliquait jamais son propre programme. Il ne supprimait jamais l’Obamacare, il ne supprimait jamais le programme Deferred Action for Childhood Arrivals (DACA) et il ne construisait jamais son mur à la frontière entre les Etats Unis et le Mexique.

L’intervention de la Russie dans la campagne des élections présidentielles de 2016 provoquait la nomination d’un procureur spécial, l’ancien directeur du Federal Bureau of Investigation (FBI) de Barack Obama, Robert Mueller, dès le mois de mai 2017. Son enquête durait deux ans, elle provoquait la mise en accusation de plusieurs des principaux collaborateurs de Donald Trump et acteurs de sa campagne victorieuse de 2016.

Robert Mueller publiait le rapport de sa commission d’enquête au mois de mars 2019. Il avait suffisamment de preuves de l’ingérence russe dans la campagne de 2016, mais il ne demandait pas la destitution de Donald Trump. De son point de vue, sa commission d’enquête était une commission d’instruction de la procédure de destitution et ensuite le congrès ouvrait ou n’ouvrait pas la procédure de destitution.

Entre temps, aux élections de mi mandat du mois de novembre 2018, le Parti Républicain perdait sa majorité à la chambre des représentants et la nouvelle présidente démocrate de la chambre des représentants, Nancy Pelosi, ouvrait la première procédure de destitution de Donald Trump au mois de septembre 2019.

La première procédure de destitution durait six mois. Au mois de février 2020, le trumpisme était encore monolithique et la majorité républicaine sénatoriale votait l’acquittement de Donald Trump.

L’année 2020 était l’année de toutes les catastrophes. C’était la première année de la pandémie du coronavirus et du mouvement Black Lives Matter.

Donald Trump perdait les élections présidentielles du mois de novembre 2020. La candidature de Donald Trump en 2020 obtenait soixante quatorze millions de voix, soit huit millions de voix de plus par rapport à la candidature de Donald Trump en 2016, mais la candidature de Joseph Biden obtenait quatre vingt un millions de voix, le plus grand nombre de voix de toute l’histoire des élections présidentielles américaines.

Pendant plus de deux mois, entre les élections présidentielles du mois de novembre 2020 et l’investiture du nouveau président au mois de janvier 2021, Donald Trump refusait la reconnaissance et l’acceptation de sa défaite. Donald Trump et ses avocats déposaient plus de cinquante recours pour fraude électorale, mais ils perdaient la totalité de leurs recours. La cour suprême elle-même à majorité républicaine refusait leur recours. Les plus hauts dignitaires du Parti Républicain les uns après les autres abandonnaient Donald Trump et félicitaient Joseph Biden pour sa victoire.

C’était enfin l’apothéose du Mardi 5 Janvier et du Mercredi 6 Janvier 2021. Mardi 5 Janvier 2021, le Parti Républicain perdait deux élections sénatoriales partielles en Géorgie et sa majorité sénatoriale au profit de deux nouveaux sénateurs démocrates, un pasteur noir de l’église de Martin Luther King et le plus jeune sénateur américain depuis près de cinquante ans, depuis un certain Joseph Biden en 1972. Mercredi 6 Janvier 2021, plusieurs centaines de militants d’extrême droite prenaient d’assaut le Capitole de Washington le jour de la certification des résultats des élections présidentielles du mois de novembre 2016 et faisaient cinq morts. Cet assaut avait de nombreuses conséquences dont la fermeture du compte Twitter de Donald Trump et l’ouverture d’une deuxième procédure de destitution contre lui.

L’histoire véridique du quarante-cinquième président des Etats Unis est une nouvelle vérification de toute l’histoire de l’extrême droite internationale. L’extrême droite n’est jamais monolithique. Elle comporte toujours au moins deux composantes, l’extrême droite parlementaire et l’extrême droite extra parlementaire. Ces deux composantes sont totalement contradictoires. L’extrême droite parlementaire est toujours forte quand l’extrême droite extra parlementaire est faible et réciproquement. Le trumpisme commençait comme un mouvement d’extrême droite parlementaire et il finissait comme un mouvement d’extrême droite extra parlementaire.

Ou vont les Etats Unis ? La rupture entre le Parti Républicain et Donald Trump sera-t-elle provisoire ou définitive ? La rupture entre Donald Trump et l’extrême droite sera-t-elle provisoire ou définitive ? De la même manière, quelle sera la politique de Joseph Biden ? Sera-t-elle un pas en arrière dans le sens de la politique traditionnelle de l’appareil du Parti Démocrate ou bien sera-t-elle un pas en avant dans le sens de la gauche du Parti Démocrate, des DSA et des community organizers du mouvement de Saul Alinsky, et de leur programme, Medicare for All et le Green New Deal ? Personne n’en sait rien.        

Partager cet article
Repost0
22 janvier 2021 5 22 /01 /janvier /2021 13:13

 

 

https://www.middleeasteye.net/fr/opinion-fr/tunisie-emeutes-revolution-pauvrete-injustice-sociale-corruption-kais-saied

 

La vague de violences en Tunisie est un soulèvement politique

Depuis Vendredi 15 Janvier 2021, la Tunisie est le théâtre d’émeutes dans les quartiers populaires de quasiment toutes les villes du pays. Sont-elles de simples actes de délinquance ou bien la résurgence d’une protestation politique dix ans après la révolution ?

Les quartiers populaires se sont invités à la célébration du dixième anniversaire de la fuite du président Ben Ali, Jeudi 14 Janvier 2021, et les troubles sociaux annoncés depuis des mois comme inéluctables ont fini par se produire.

Le gouvernement voulait-il éviter que le rappel des événements de 2011 soit l’étincelle dans un baril de poudre en décrétant un confinement complet de quatre jours, du Jeudi 14 Janvier au Lundi 18 Janvier 2021, baptisé le pont-finement par des internautes facétieux, à l’efficacité sanitaire discutable ? Dans ce cas, c’est raté.

Au lieu du morne défilé rituel sur l’avenue Habib Bourguiba à Tunis, théâtre du dernier acte de l’insurrection devant le ministère de l'intérieur, où des clowns fatigués tentent d’amuser les badauds après le défilé des organisations politiques, une vague de violences nocturnes s’est répandue dans la plupart des villes du pays.

Depuis Vendredi 15 Janvier 2021, les heurts entre la police et les jeunes des quartiers populaires font tache d’huile, pneus brûlés pour barrer les rues, pillages de commerces, attaques de bâtiments publics ou d’agences bancaires et jets de pierres contre des véhicules des forces de l’ordre.

La riposte sécuritaire semble pour le moment attiser les flammes. Les manifestants sont tabassés, six cent trente deux manifestants ont été arrêtés selon le ministère de l'intérieur, y compris des personnes accusées d'incitation aux troubles sur les réseaux sociaux, des descentes de police ont eu lieu dans des quartiers inondés de gaz lacrymogène et l’armée a été déployée dans les gouvernorats de Sousse, Kasserine, Siliana et Bizerte.

Des blindés de la garde nationale tunisienne patrouillaient Lundi 18 Janvier 2021 dans les rues de Hay Tadhamon, l’un des plus grands quartiers populaires de la banlieue de Tunis.

La riposte est aussi médiatique. Les troubles sont qualifiés par la plupart des commentateurs d’actes de pure délinquance et de vandalisme en raison de leurs cibles et du jeune âge des manifestants, dont la majorité sont mineurs.

Politique ou criminel, le débat est un enjeu récurrent devant des troubles sociaux sans revendications explicites. La disqualification des manifestations est évidemment le moyen de justifier l’usage de la force et d’inhiber l’empathie pour ses victimes.

Elle permet aussi aux organisations de revendiquer le monopole de la parole et aux historiens de limiter leur regard aux sphères supérieures de la société.

« Les mouvements contestataires se déroulent le jour, devant les lieux de souveraineté », disait Samedi 16 Janvier 2021 au journal télévisé Walid Hakima, porte-parole de la direction générale de la sécurité nationale.

Mais, par nature, les révoltes ne sont pas sagement ordonnées selon le cadre défini par la loi. Qu’une qualification pénale puisse s’appliquer à un acte n’exclut pas sa signification politique. Or, dans le mouvement en cours, celle-ci crève les yeux.

Par ses causalités d’abord, la géographie péri urbaine des troubles désigne les zones où l’économie informelle et le travail précaire constituent les sources essentielles de revenus, précisément les plus appauvries par le confinement.

Dans cette économie de survie, le vol tend à devenir une source d’appoint. Un nouveau confinement, même de courte durée, et un couvre-feu plus strict exacerbent encore davantage ces difficultés.

Les relations historiquement tendues entre la police et les jeunes des quartiers populaires ne peuvent, dans ces conditions, que se dégrader.

La réponse policière aux protestations des jeunes supporteurs du club africain, la semaine précédente, a ajouté au contentieux.

L’agitation de la classe politique impuissante depuis dix ans à tenir les promesses d’égalité, de probité et de dignité de la révolution, ajoute à la défiance à l’égard de l'état et à la perte de confiance dans les institutions représentatives.

Le peuple, la part de la société que la représentation institutionnelle ne représente pas, se rappelle ainsi au bon souvenir de ses gouvernants.

L'Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT), le Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux (FTDES) et l’Association Tunisienne des Jeunes Avocats (ATJA) soulignent d’ailleurs dans leurs communiqués respectifs la responsabilité des gouvernements successifs depuis 2011 dans la dégradation de la situation sociale, dans l’aggravation de la corruption et dans le détournement de la révolution au profit des lobbies.

L’UGTT considère que « se contenter de solutions répressives et pousser les institutions sécuritaire et militaire à la confrontation avec la population sont inefficaces et incapables de solutionner les problèmes de centaines de milliers de jeunes marginalisés ».

Le syndicat appelle également les émeutiers à renoncer aux pillages, aux attaques de biens et aux manifestations nocturnes en raison des possibilités d’infiltrations et d’excès.

L’ATJA appelle « les organisations nationales et toutes les forces vives à se coordonner immédiatement et de toute urgence pour encadrer les manifestations et corriger leurs objectifs ».

En réalité, ces manifestations soulignent également l’échec des organisations censées porter les objectifs de la révolution à rejoindre les frustrations populaires et à leur faire franchir le cap d’une énonciation politique. Il est peu probable qu’elles soient mieux entendues que les autorités par des jeunes exaspérés.

Le mouvement est aussi politique par ses modalités. La simultanéité des troubles à l’échelle nationale et la similarité des cibles montrent que, en dépit de l’absence de cadre organisé, toute une partie de la population partage la même expérience, les mêmes antagonismes et la même manière de se représenter les figures du juste et de l’injuste.

Cette conscience immanente n’est pas qu’une projection de théoriciens sur des actions aux motivations bassement et strictement matérielles. « C’est la révolte des affamés », annonce un slogan peint sur un mur de Kabbariya, un quartier de la banlieue sud de Tunis.

Si les cibles des attaques ne sont pas des lieux de souveraineté, elles ont, pour les émeutiers, une signification qui dépassent leur fonction, le pillage des magasins, dont le butin est d’ailleurs essentiellement constitué de produits de première nécessité, renvoie évidemment à la difficulté de subvenir aux besoins.

Mais ces attaques visent aussi ceux qui sont réputés s’enrichir quand la population s’appauvrit. Nous pouvons même émettre l’hypothèse que les supérettes de la chaîne Aziza, très présentes dans les quartiers populaires, sont particulièrement ciblées parce que notoirement proches du parti al Nahda, désormais identifié au pouvoir, il représente la première force au sein du parlement.

Mêmes les pillages ont valeur d’interpellation à l’intention des responsables, « vous voulez que nous restons chômeurs. Nous allons bientôt manger de la ferraille. Nous allons bientôt nous manger les uns les autres », disait un jeune manifestant de Zahrouni, non loin de Tunis, interrogé Dimanche 17 Janvier 2021 par le reporter de Tunisie Info, une chaîne vidéo en ligne.

Quant aux agences bancaires et postales, leur présence dans des quartiers où l’épargne et le crédit bancaire sont inaccessibles résonne comme une provocation. Le sens politique des heurts avec la police, institution souveraine s’il en est, se passe d’explication.

La surdité du gouvernement et la dureté de la répression aiguisent le contenu explicitement politique des manifestations.

« C’est la continuité de 2010 et de 2011, parce que rien n’a changé, le pouvoir a appauvri davantage le peuple et il a marginalisé davantage les régions. Avant, nous avions un problème avec la famille corrompue de Ben Ali. Maintenant, nous avons un problème avec la nouvelle famille au pouvoir, la famille d'al Nahda et les affairistes corrompus, les mêmes qu’avant en plus des nouveaux », dit un manifestant visiblement politisé, de Jelma, une localité rurale du centre du pays.

Si le message adressé à la classe politique relève plutôt de la défiance, le président Kais Saied, dont l’élection doit beaucoup à cette partie marginalisée de la société, est interpellé comme un recours, mais un recours dont l’inaction et le silence suscitent l’incompréhension et commencent à prendre l’allure d’une trahison.

« J’ai un message au président », clame le manifestant interrogé à Zahrouni, « réveille-toi, c’est le peuple qui t’a élu, il faut vraiment que tu te réveilles »

Lundi 18 Janvier 2021, le chef de l'état est allé à la rencontre de la population à Mnihla, à l’ouest de Tunis, où il a déclaré, au milieu d’un attroupement que « je sais que les jeunes sont assiégés par la pauvreté. Mais je veux que vous n’agressiez personne, ni n’attaquiez les biens et les institutions. Vous avez le droit de vous exprimer, mais je veux que vous donniez une leçon au monde. Nous ne sommes pas un peuple qui agit dans l’obscurité, il y a des personnes qui veulent vous utiliser la nuit. Ne vous laissez pas utiliser. Au contraire, soyez ceux qui protègent les institutions », avant qu’un des membres de l’assistance l’interpelle, « supprimez les partis politiques. Ce sont eux qui ont ruiné le pays », et que le groupe lui demande de dissoudre le parlement.

Spectaculaire déplacement de la colère, en dix ans, de la présidence au parlement, censé pourtant incarner la démocratie et devenu le symbole de sa corruption.

Lundi 18 Janvier 2021, des heurts ont opposé près du centre-ville de la capitale les forces de l’ordre et les manifestants qui criaient « Mechichi, vendu, rappelle tes chiens et démissionne » et « martyrs, c’est de nouveau la révolution ».

Partager cet article
Repost0
22 janvier 2021 5 22 /01 /janvier /2021 12:40

 

 

https://www.liberation.fr/debats/2021/01/21/loi-separatisme-une-grave-atteinte-aux-libertes-associatives_1818075

https://www.lacoalition.fr/Loi-separatisme-une-atteinte-inacceptable-contre-les-libertes-associatives-et

 

 Loi séparatisme, une grave atteinte aux libertés associatives

Jeudi 21 Janvier 2021

Pour un collectif d'associations et de chercheurs, ce nouveau texte, qui a pour objectif d’encadrer, contrôler et sanctionner davantage l’action associative, constitue une menace grave pour l'ensemble de leurs actions.

Après la loi sécurité globale, le projet de loi confortant le respect des principes de la république, dite loi séparatisme, constitue une atteinte sans précédent aux socles de notre république et il menace nos libertés les plus fondamentales.

Contrairement à ce qui est avancé par ses promoteurs, ce nouveau texte liberticide ne concerne pas seulement les associations cultuelles et celles qui perçoivent des fonds publics, mais il constitue une menace très grave pour l’ensemble des associations françaises. Nous, associations, collectifs, chercheurs et avocats, organisés en coalition pour défendre et promouvoir les libertés associatives, tenons à alerter nos pairs, l’opinion publique et les parlementaires.

Le conseil d'état l’a admis en premier, « les mesures du projet de loi concernent pratiquement tous les droits et libertés publiques ». Ces libertés garantissent que, au-delà du contrôle légitime de la légalité d’une association, l’état et ses représentants respectent l’indépendance d’action des associations.

Un large pan de cette loi a pour objectif d’encadrer, de contrôler et de sanctionner davantage l’action associative, notamment en instituant un contrat d’engagement républicain. Ce contrat liste au moins dix principes républicains qui contraindraient uniquement les associations, sans aucune forme d’engagement réciproque comme l’a justement soulevé le mouvement associatif. Le conseil d’état et le défenseur des droits soulignent que ce contrat comporte des notions sujettes à des interprétations antagonistes et des incertitudes qui ne manqueraient pas d’introduire de sérieux risques d’arbitraire. Par ailleurs, le défenseur des droits s’inquiète de ce que ce projet participe d’un renforcement global du contrôle de l’ordre social.

Dans la droite ligne de la loi sécurité globale, qui élargit les prérogatives de police à de nouveaux acteurs, Gérald Darmanin et le gouvernement voudraient aussi faire des associations des supplétifs du ministère de l’intérieur en insérant une clause de sauvegarde de l’ordre public dans le contrat républicain. Dans un contexte d’urgence et aussi de surdité des autorités aux revendications citoyennes, de plus en plus d’associations ou de groupes militants ont recours à la désobéissance civile non violente qui n’a pas vocation à sauvegarder l’ordre public. Ces actions militantes n’en restent pas moins légitimes et parfois reconnues comme telles par les tribunaux au nom de la liberté d’expression comme en attestent les relaxes de décrocheurs de portraits d’Emmanuel Macron, tout en revendiquant aussi les libertés d’opinion et de manifestation chères aux associations.

Au-delà de ces nouvelles dispositions, se pose aussi la question de leur application. Comment éviter que les entraves institutionnelles aux activités associatives, déjà nombreuses, souvent abusives et méconnaissant le droit, ne se multiplient contre les acteurs qui interviennent, souvent de manière critique, dans le débat public ? Au mois d’octobre 2020, l’Observatoire des Libertés Associatives (OLA) tirait déjà la sonnette d’alarme avec le rapport dont le titre était « une citoyenneté réprimée » et qui documentait cent cas de répression contre les associations. Le non-respect d’un contrat républicain aux contours imprécis entraînerait des sanctions telles que la suspension ou le remboursement des subventions, véritable mise à mort financière pour des associations déjà précarisées, comme par exemple la perte des contrats aidés.

Cela entraînerait aussi la perte d’un agrément indispensable pour agir en justice au nom des français et de l’intérêt général, voire plus quotidiennement pour intervenir en milieu scolaire ou extrascolaire. Plus localement cela pourrait signifier le refus ou la perte d’accès aux espaces et aux équipements publics.

Le projet de loi, dans son article huit, élargit aussi les conditions pour prononcer la dissolution d’une association en remplaçant l’organisation de manifestations armées dans la rue par des agissements violents contre les personnes et les biens, le terme d’agissement ouvrant là aussi un large champ d’interprétation. Il est également plusieurs fois fait état dans le texte d’atteintes à l’intégrité psychique, notamment concernant les personnes dépositaires de l’autorité, ce qui n’est pas sans rappeler l’article vingt quatre de la proposition de loi sécurité globale sur l’interdiction de diffuser des images des forces de l’ordre.

D’autre part, les commentaires sur les réseaux sociaux de personnes liées à l’association, et même de simples followers, seraient reconnus comme des éléments justifiant la dissolution d’une association, même si ces messages sont postés à titre personnel et alors qu’ils ne peuvent pas toujours être effacés. Cette disposition fait peser des risques de déstabilisation d’associations ciblées par des campagnes malveillantes en ligne.

Comment ne pas voir dans ces lois sécuritaires l’expression d’une défiance généralisée contre les associations et les groupements de citoyens organisés pour faire entendre leur voix et agir pour l’intérêt général ? Nous refusons que des associations soient arbitrairement dissoutes ou privées de financement sur des critères flous et infondés avec des possibilités de recours amoindries. Nous refusons également la stigmatisation que ce projet de loi fait peser contre des personnes de confession musulmane, en raison de leur croyance ou de leurs origines supposées, en laissant croire que ce texte de loi répondrait à des enjeux de sécurité ou de vivre-ensemble. Nous refusons qu’un pouvoir politique impose une interprétation moralisante et autoritaire des principes républicains déjà parfaitement exprimés dans notre devise nationale.

Le législateur français a construit au fil du temps des lois plus équilibrées qui ne demandent qu’à être appliquées. Nous surveillerons avec attention le débat parlementaire de ces prochaines semaines, tant sur le projet de loi séparatisme que sur la loi sécurité globale qui mobilise déjà largement, pour alerter les citoyens français contre cette dérive autoritaire que nous constatons avec effroi et inquiétude. Loin de contribuer à la sécurité et à la cohésion nationale, cette loi contre le séparatisme, si elle était votée, serait contre-productive et elle affaiblirait les principes républicains. Cette loi déstabiliserait l’ensemble des associations pourtant si essentielles face aux épreuves que nous traversons et pour notre démocratie.

Premiers signataires

Julia Cagé, Karel Yon, Marwan Mohammed, Vanessa Codaccioni, Vincent Brengarth, William Bourdon, Raphaël Kempf, Stéphane Maugendre.

Partager cet article
Repost0
22 janvier 2021 5 22 /01 /janvier /2021 12:20

 

 

https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/tribune-nous-elus-avons-decide-de-soutenir-sosmediterranee-lappel-de-28collectivites-pour-linconditionnalite-du-sauvetage-en-mer_4265431.html

 

Nous avons décidé de soutenir SOS Méditerranée, l’appel de vingt huit collectivités pour l’inconditionnalité du sauvetage en mer

Ces élus, maires et présidents d’intercommunalités, de conseils départementaux et de conseils régionaux ont décidé, avec leurs assemblées locales, d'apporter un soutien moral et financier à SOS Méditerranée, qui vient en aide aux migrants.

Vingt-huit maires ou présidents de collectivités lancent un appel dans une tribune publiée par France Info Jeudi 21 Janvier 2021 pour soutenir SOS Méditerranée et pour affirmer collectivement l’inconditionnalité du sauvetage en mer. La Méditerranée est la route migratoire la plus meurtrière au monde, rappellent les signataires, parmi lesquels il y a la maire de Paris, Anne Hidalgo, il y a le maire de Lyon, Grégory Doucet, il y a le maire de Marseille, Benoît Payan, il y a la maire de Lille, Martine Aubry, il y a le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, et il y a le maire de Grenoble, Eric Piolle. Ils appellent les villes, intercommunalités, départements et régions de France à apporter leur soutien moral et financier aux trois missions poursuivies par l'association SOS Méditerranée, secourir les personnes en détresse en mer, protéger les rescapés et témoigner.

Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas et nous appelons les villes, intercommunalités, départements et régions de France à soutenir SOS Méditerranée.

Plus de vingt mille personnes ont péri noyées ces six dernières années en tentant de traverser la Méditerranée sur des embarcations de fortune. L’Organisation Internationale des Migrations (OIM) a dénombré mille deux cent vingt quatre morts sur la seule année 2020, dont huit cent quarante huit morts sur l’axe reliant la Libye à l’Europe. Faute de témoins, le nombre de naufrages et de victimes est en réalité bien plus élevé.

Ainsi, aux portes de l’Europe, la Méditerranée confirme son terrible statut de route migratoire la plus meurtrière au monde.

Pourtant, l’assistance aux personnes en détresse en mer est non seulement une obligation morale, valeur cardinale chez les marins, mais aussi un devoir inscrit dans les textes internationaux et dans le corpus législatif français. Pourtant, l’Europe dispose de tous les moyens techniques, financiers et humains pour sauver ces vies.

Or, face à cette tragédie au long cours, les états européens se sont progressivement soustraits à leur obligation de secours en mer et de débarquement des rescapés en lieu sûr. Les navires de l’opération Mare Nostrum ont d’abord été retirés. Puis la coordination des opérations de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale a été déléguée à la Libye, un pays dont les gardes côtes ne disposent ni des moyens ni des compétences pour assumer une telle mission, et qui en aucun cas ne peut être considéré comme sûr pour le débarquement des personnes secourues.

Pour pallier cette défaillance des états, des citoyens décidés à agir afin de ne plus laisser mourir des milliers de femmes, hommes et enfants, affrètent des navires et leur portent secours. Ainsi a été créée en 2015 SOS Méditerranée. Bien implantée en France et labellisée en 2017 grande cause nationale par l'état, l’association a, depuis cinq ans, sauvé trente et un mille huit cent personnes, avec l’Aquarius les premières années, puis avec l’Ocean-Viking à compter du mois d'août 2019.

Pour SOS Méditerranée comme pour toutes les Organisations Non Gouvernementales (ONG) de sauvetage intervenant en Méditerranée centrale, l’année 2020 aura été des plus éprouvantes. Au printemps, les ports fermés d’une Europe confinée les ont amenées à suspendre leurs missions de sauvetage, tandis que les départs depuis la Libye se poursuivaient. Au déconfinement, à peine avaient-elles repris la mer qu’un véritable harcèlement administratif s’est abattu contre elles, aggravant des pratiques observées depuis 2017 et avec pour seul résultat de les empêcher de rejoindre les zones de secours. Les navires humanitaires ne sont d’ailleurs plus les seules cibles de ce cynisme depuis que, au mois d'août 2020, le pétrolier Maersk-Etienne a été empêché par les autorités maltaises de débarquer les naufragés qu’il avait auparavant recueillis à la demande de ces mêmes autorités. De son côté, poursuivant son leitmotiv de respect du droit, qui est au fondement même de sa mission, il aura fallu cinq mois à SOS Méditerranée afin de satisfaire aux exigences zélées des autorités italiennes et pour lever la détention dont a été victime l’Ocean-Viking pour, enfin, reprendre ses opérations en mer, Lundi 11 Janvier 2021.

Parce qu’elle nous montre le cap du refus de l’indifférence et que nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas, en cohérence avec les actions déjà menées par nos collectivités pour l’accueil et l’intégration des personnes exilées, nous, élus, maires et présidents d’intercommunalités, de conseils départementaux et de conseils régionaux, avons décidé, avec nos assemblées locales, de soutenir SOS Méditerranée et d’affirmer collectivement l’inconditionnalité du sauvetage en mer.

Nous appelons aujourd’hui tous les maires et présidents des villes, intercommunalités, départements et régions de France, à rejoindre la plateforme des collectivités solidaires avec SOS Méditerranée, lancée Jeudi 21 Janvier 2021, et à apporter leur soutien moral et financier aux trois missions poursuivies par cette association, l'aide aux personnes en détresse en mer grâce à ses activités de recherche et de sauvetage, la protection des rescapés, à bord de son navire ambulance, en leur prodiguant les soins nécessaires jusqu’à leur débarquement dans un lieu sûr et le témoignage du drame humain qui se déroule en Méditerranée centrale.

De la plus petite à la plus grande, du littoral et de l’intérieur, du centre, du sud, du nord, de l'est et de l'ouest, toutes nos collectivités sont concernées, chacune à la mesure de ses moyens. Il s’agit de sauver des vies, sans distinction, et de faire vivre la devise républicaine qui fait battre le cœur de nos territoires, liberté, égalité et fraternité. Il s’agit de sauver nos valeurs et d’assumer la part qui est la nôtre dans ce qui est l’honneur de notre pays.

Tant que les états européens se soustrairont à leurs devoirs, nous serons là pour nous mobiliser et les rappeler à leurs responsabilités et nous serons aux côtés des citoyens de SOS Méditerranée pour faire vivre sa mission vitale de sauvetage en mer.

Premiers signataires

Anne Hidalgo, Carole Delga, Martine Aubry, Bertrand Kern, Grégory Doucet, Pierre Hurmic, Benoît Payan, Eric Piolle, Nathalie Appéré, Johanna Rolland

Partager cet article
Repost0