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20 octobre 2019 7 20 /10 /octobre /2019 16:47

 

 

https://information.tv5monde.com/terriennes/pour-sama-de-waad-al-kateab-une-femme-au-coeur-de-la-guerre-en-syrie-325917

 

Pour Sama, de Waad al-Kateab, une femme au cœur de la guerre en Syrie

Mercredi 9 Octobre 2019

Dans Pour Sama, Waad al-Kateab filme cinq années de vie à Alep, des premières manifestations aux derniers mois de siège, mais aussi son histoire à elle, d'amour et de résistance. Elle livre un documentaire exceptionnel, primé à Cannes, dont nous ressortons bouleversés et assommés. Terriennes l'a rencontrée lors de son passage à Paris.

Dans l’entrée du lobby de l’hôtel Marriott, place de la République à Paris, Waad al-Kateab enchaîne les interviews depuis le matin avec les journalistes, veste noire élégante, petit bout de femme posée sur un canapé beige design. Cela fait déjà plusieurs mois qu’elle parcourt les quatre coins du globe pour présenter Pour Sama, son documentaire choc sur la survie des syriens d’Alep.

Malgré la fatigue, les cernes à peine dissimulés, elle ne montre aucune lassitude et ses beaux yeux verts ont gardé une détermination intacte et une rage froide. L’insoumise de vingt huit ans veut témoigner, expliquer et dénoncer, coûte que coûte.

De 2011 à 2016, elle a filmé les débuts des manifestations à l’université d’Alep, la vie dans les zones libérées, les ravages des bombardements russes déchiquetant les corps des enfants et l’impitoyable siège des quartiers rebelles par l’armée syrienne. Son documentaire s’adresse à Sama, sa petite fille, aujourd’hui âgée de trois ans.

Waad al Kateab a le journalisme dans le sang dès l’âge de quinze ans. Avec ses parents, elle est abreuvée de nouvelles des chaînes satellitaires, al Jazeera et la British Broadcasting Corporation (BBC). « Nous ne regardions jamais la télévision gouvernementale, qui ne racontait que des mensonges. Les services de sécurité avaient même leur mot à dire sur la météo. Quand elle prévoyait du beau temps, nous savions qu’il ferait mauvais », plaisante Waad al Kateab.

Encore adolescente, elle rêve de faire des reportages sur la Palestine et de trimbaler une caméra à travers le monde pour dénoncer les injustices. C’est trop risqué, jugent ses parents, « ils m’ont dit de faire d’autres études et, plus tard, tu pourras faire du journalisme, mais sûrement pas en Syrie. Ils étaient inquiets ».

C’est donc résignée que Waad al Kateab entame des études de marketing au campus universitaire d’Alep. Mais comme elle est têtue, elle prend quand même des cours d’allemand dans l’optique de devenir reporter à Berlin. Quelques mois après son entrée à l’université, des manifestations éclairs éclatent à l’université, au printemps 2011. La tranquille Alep met plus de temps que d’autres villes syriennes à embrasser la cause révolutionnaire.

Pourtant, les étudiants se mobilisent rapidement en soutien à Deraa, où la contestation a germé. Le cousin de Waad al Kateab a filmé la première protestation à l’université de littérature. Ils ne sont alors qu’une quinzaine. Waad al Kateab s’agace, « pourquoi tu ne m’as pas dit qu’il y avait une manifestation ».

Elle ne manque en revanche pas la deuxième manifestation au mois d’avril 2011, devant l’imposant bâtiment de la librairie centrale, puis toutes celles qui suivront. Comme de nombreux étudiants, elle commence à filmer les protestations avec un rudimentaire téléphone Nokia.

« Nous n’avions pas des Samsung élaborés comme aujourd’hui », sourit Waad al Kateab en désignant son smartphone, « la télévision officielle ressassait qu’il ne s’était rien passé. Filmer, c’était la seule façon de montrer que les manifestations existaient vraiment. Nous ne voulions plus nous taire ». Un ami lui fournit plus tard une caméra Sony.

Au début de l’année 2012, Alep se réveille et les grandes manifestations deviennent quotidiennes. Waad al Kateab reçoit une petite formation en journalisme et elle réalise son premier petit documentaire pour la chaîne d’opposition syrienne Orient News. Au mois de mai 2012, les étudiants hissent le drapeau de la révolution sur le bâtiment de l’université.

Puis tout s’accélère. A la fin du mois de juillet 2012, les soldats de l’Armée Syrienne Libre (ASL) prennent des villages autour de la capitale économique de la Syrie et les quartiers populaires d’Alep-Est. A l’époque, la jeune femme vit à Alep Ouest, plus bourgeoise. C’est là que se concentrent les bureaux de la police et des services de renseignement.

Trois mois après les conquêtes de l’ASL, elle décide de rejoindre les quartiers libérés, pour goûter à la liberté. Elle croit au rêve d’une Syrie débarrassée de Bachar al-Assad. Des comités de coordination locaux fleurissent pour gérer le mouvement révolutionnaire.

La journaliste en herbe a rencontré lors des manifestations un jeune médecin, étudiant comme elle. Il s’est rendu aussitôt à Alep Est pour venir en aide aux blessés des combats et pour organiser du ravitaillement médical. Avec plusieurs autres confrères, il décide dès l’hiver 2012 de réhabiliter un ancien hôpital privé, l’hôpital al Quds. Comme il n’a pas pu achever sa spécialisation, il dirige le service des urgences et il met en place un service pédiatrique. Il se fait appeler Hamza al Khatib, du nom d'un adolescent de treize ans torturé à mort dans une prison syrienne, à Deraa. Sa femme veut quitter Alep, il refuse et le couple se sépare. Au fil des mois, le médecin à l’éternel sourire se rapproche de plus en plus de Waad al Kataeb.

Elle crapahute chaque jour dans les quartiers rebelles d’Alep et elle filme tout, les manifestations, les combats, les bombardements et les révolutionnaires qui taguent les murs. Elle filme aussi bien l’horreur, les corps d’une centaine de détenus flottant dans la rivière Qoueyq qui traverse Alep, que des scènes banales et joyeuses du quotidien. Elle enregistre aussi sa vie de famille et celle de ses amis Salam et Afraa. « Je m’obstinais à filmer chaque détail », se souvient-elle, « le régime clamait que nous étions des terroristes, alors qu’il bombardait principalement des civils. Je voulais absolument que l’histoire de notre révolution puisse être racontée. J’avais l’impression que chaque jour pouvait être le dernier et filmer me donnait du courage, le sentiment que notre vie allait durer pour toujours ». En parallèle, la militante s’engage aussi discrètement en politique, devenant l’une des dix déléguées à l’assemblée démocratique qui élit le conseil municipal d’Alep.

Entre temps, Waad et Hamza al Khatib sont devenus plus que des amis et ils se sont installés dans le quartier résidentiel d’al Mashad. A la fin 2013, les barils d’explosifs largués par l’aviation syrienne pleuvent sur des immeubles entiers. Ils décident de déménager au sein de l’hôpital al Quds, où un flot de blessés arrive en continu. Waad al Kateab file parfois un coup de main à l’hôpital, tout en continuant à capturer des images dans des quartiers d’Alep-Est, rebelles et conservateurs, « j’ai été menacée plusieurs fois et des hommes sont venus à l’hôpital demander pourquoi je filmais. Ils n’étaient pas contents de voir une femme avec une caméra dans la rue. Mais ils m’ont aussi souvent vue avec l’équipe médicale et ils ont compris que je ne voulais pas leur nuire. Avec le temps, les choses se sont arrangées ».

En tant que femme, elle peut aussi pénétrer dans l’intimité des familles et capter des moments qu’on voit rarement dans des documentaires de guerre, « elles me livraient leurs sentiments, leurs peurs et leurs envies. Elles me faisaient confiance, alors qu’elles n’auraient pas raconté par exemple leur grossesse à un homme. C’est comme dans notre relation avec Hamza al Khatib, lui préférait cacher ce qu’il ressentait, alors que j’avais besoin de parler de tout ».

La jeune journaliste et le médecin respecté dans tout Alep se marient à la fin de l’année 2014. Lui en costume cravate et elle en robe blanche et bouquet assorti, dans un décor de ballons rouges et sous une pluie de paillettes. La joie illumine leurs visages. « Hamza al Khatib a beaucoup encouragé sa femme à filmer. Ce n’était pas seulement son mari, mais son bras droit. Si elle avait des soucis, il débloquait la situation grâce à ses multiples contacts », raconte Hatem, ancien directeur de l’hôpital pour enfants d’Alep-Est, qui a rejoint en 2016 Hamza al Khatib comme pédiatre à l’hôpital al Quds.

La petite Sama naît le premier janvier 2016. « Avoir un enfant nous a donné encore plus envie de nous accrocher à nos racines, de ne jamais quitter Alep et de nous battre pour notre cause », raconte Waad al Kateab.

L’arrivée de Sama n’a pas entamé sa détermination. « Dès qu’une bombe baril faisait des morts, elle attrapait aussitôt sa caméra et elle laissait Sama à l’équipe médicale. Je lui demandais si sa caméra compte plus que son enfant. Elle me répondait qu’il fallait montrer au monde ce qui arrivait aux enfants et qu’elle n’avait pas le choix », se souvient Hatem. En 2016, il s’est installé au deuxième étage de l’hôpital al Quds, dans une chambre mitoyenne de celle du trio.

Depuis le mois de septembre 2015, l’aviation russe pilonne sans relâche les quartiers rebelles. Waad al Kateab voit arriver à la chaîne aux urgences des corps en sang d’enfants sans vie, le corps recouvert de poussière grise et noirâtre. Elle filme tout, jusqu’à la nausée, « parfois, j’étais tellement écœurée que je voulais éteindre ma caméra, mais c’était plus fort que moi, je ne pouvais pas m’arrêter ».

Une mère qui vient de perdre son enfant lui hurle de désespoir, « ne t’arrête pas de filmer. Filme je te dis ». Dans une série de reportages intitulée Inside Aleppo pour la chaîne britannique Channel Four, la réalisatrice raconte l’horreur quotidienne à l’hôpital al Quds.

Le couple s’accorde chaque mois une respiration de quelques jours pour rendre visite aux parents d’Hamza al Khatib, à la frontière turque. Quand l’hôpital al Quds est frappé au coeur par une bombe baril le 27 avril 2016, ils viennent de partir à Gaziantep voir le père d’Hamza al Khatib, malade. Le bilan de l’attaque est de cinquante cinq morts et de plus de quatre vingt blessés. L’hôpital est déplacé dans un autre immeuble, cinq cent mètres plus loin. C’est à peu près la période où débute le siège d’Alep Est.

« Je leur ai suggéré plusieurs fois de placer Sama en sécurité, qui était angoissée et qui ne régissait pas comme une enfant normale, mais l’un comme l’autre étaient tellement convaincus par leur combat, qu’ils ne songeaient pas une minute à partir », raconte Hatem, qui était aussi le pédiatre de Sama.

Lorsque le siège est levé une première fois, le couple emprunte la route du Castello pour se rendre en Turquie. Mais apprenant que le siège a repris, ils font le pari fou de revenir dans le quartier assiégé de Sukkari, où se situe l’hôpital, « nous ne pouvions pas laisser seuls les habitants d’Alep. C’était plus dur de vivre le siège de l’extérieur que de l’intérieur ». Ils sont accueillis avec des cris de joie et des accolades. « Les dernières semaines, il ne restait presque plus rien à manger. Sama pleurait parce qu’elle voulait manger des bananes. Waad al Kateab s’angoissait parce qu’il n’y avait plus de lait pour sa fille », se souvient Hatem, qui a depuis fondé l’hôpital de l’espoir en Syrie dans la ville de Jarablous.

Au mois de décembre 2016, des négociations sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies (ONU) aboutissent à l’évacuation des derniers habitants d’Alep-Est. Cette fois, Waad al Kateab et Hamza al Khatib ne sont plus maîtres de leur destin. Ils seront restés dans le dernier des neufs hôpitaux aleppins en activité jusqu’au bout. Dans des scènes de drone à couper le souffle, Waad al Kateab, capte les ruines encore fumantes d’Alep et le départ de leur ville tant aimée. Le 21 décembre 2016, dans un froid glacial, le couple fait partie du dernier convoi à quitter Alep. Waad al Kateab est enceinte de cinq mois, « partir était pire que mourir ». Elle camoufle douze disques durs et trois cent précieuses heures de rushs, mais est surtout tétanisée à l’idée qu’Hamza al Khatib soit arrêté aux check-points contrôlés par le régime. Car son visage est connu. Finalement, la petite famille passe sans encombre et elle rejoint une semaine plus tard la Turquie.

En 2018, le couple obtient l’asile politique en Angleterre et il s’installe à l’est de Londres, où Sama a désormais une petite sœur, Taima. La journaliste a mis deux ans pour monter son documentaire avec le réalisateur britannique Edward Watts, auteur notamment d’Escape from Isis, qui révèle le sort de quatre millions de femmes vivant sous le contrôle de l’Etat Islamique. Waad al-Kateab espère que son film fera figure d’électrochoc alors que, à Idlib, une des dernières régions échappant au régime, les hôpitaux sont des cibles quotidiennes. Et que son témoignage servira de preuve en cas de futur procès, « pour que Bachar al Assad et son régime rendent des comptes ».

La jeune femme de vingt huit ans s’est même rendue à l’ONU pour témoigner. Mais certains jours, elle se sent impuissante. Même si elle s’est fait des amis à Londres, vivre réfugiée à l’étranger reste plus difficile que de sentir utile à Alep, où elle côtoyait pourtant la mort, « raconter le cœur battant de notre révolution me donnait une raison de vivre ». Waad al Kateab échange toujours de nombreux messages sur la messagerie Whatsapp avec ses amis syriens. Son pays ne quitte jamais son esprit, « Alep est mon seul et unique chez moi. Je continue chaque jour à vivre dans l’espoir d’y retourner ».

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20 octobre 2019 7 20 /10 /octobre /2019 16:04

 

 

https://www.lejdd.fr/Politique/exclusif-76-soutiens-de-macron-appellent-a-la-creation-dun-pole-de-gauche-dans-la-majorite-3926443

 

Soixante quinze soutiens d'Emmanuel Macron appellent à la création d'un pôle de gauche dans la majorité

Samedi 19 Octobre 2019

Anciens socialistes ou anciens écologistes, ils ont rallié Emmanuel Macron en 2017 face au danger de la montée de l'extrême droite. Aujourd'hui, ils appellent à former au sein de la majorité présidentielle un pôle de gauche.

Voici le manifeste des soixante quinze élus, anciens élus et militants pour un pôle de gauche dans la majorité.

Élus, anciens élus, militants ou sympathisants de gauche et ­écologistes, nous sommes pour la plupart issus du Parti Socialiste. Nous avons assisté de l’intérieur à son implosion lors du quinquennat précédent. Face à la vague populiste et démagogique en Europe et dans le monde, nous avons, comme beaucoup de progressistes, soutenu Emmanuel Macron. Son programme présidentiel ­s’inscrit pour une grande part dans la continuité des réformes de la ­précédente mandature, contrariées ou édulcorées par les divisions de sa majorité politique.

Malgré de regrettables ­maladresses, le cap est le bon et la France est gouvernée. Mais le monde est ­devenu dangereux et instable, y compris dans les plus anciennes démocraties.

Le réchauffement climatique et la ­multiplication de conflits armés nous soumettent à la pression de flux ­migratoires et à des replis ­identitaires. L’impératif écologique et la transition énergétique, sauf à se heurter à des résistances violentes, nécessitent ­l’accompagnement plutôt que l’ostracisation des professions et des populations les plus exposées aux changements de notre modèle de croissance.

Face à ces défis, de profondes fractures sociales, territoriales et culturelles, menacent la cohésion nationale et les fondements de nos démocraties. Le pacte républicain est fragilisé. La réduction des inégalités et la laïcité doivent rester au cœur de nos valeurs et de notre exigence républicaine.

La construction européenne est le seul projet nous permettant de faire face à la mondialisation et aux bouleversements géopolitiques, mais elle doit dépasser le marché ­intérieur et prendre en compte le besoin de protection sociale, économique, ­écologique, identitaire et militaire de ses peuples.

Enfin, il faut revaloriser ­l’éducation et la culture pour offrir à ­chacun le bagage éducatif nécessaire à son ­autonomie dans la société de l'internet et des réseaux sociaux.

Nous adhérons à l’ambition ­d’égalité des chances et de mobilité sociale par une revalorisation du mérite et du travail. Nous devons réinvestir la république au cœur de nos territoires, qu’il faut appréhender comme des ­potentialités de progrès et d’avenir plutôt que les abandonner au darwinisme du marché foncier et des centralismes urbains. Nous en appelons à une revue générale de la présence territoriale des services publics et à un pacte national ­d’aménagement du territoire entre les tous les acteurs territoriaux.

Par ailleurs, nous avons la conviction que le rapport de nos concitoyens à la politique et à notre démocratie représentative a changé de manière irréversible. Le principe démocratique lui-même est déprécié face aux pertes de repères anxiogènes, à la manipulation des émotions, aux bouleversements mondiaux et à la radicalisation du débat public. Nous devons être clairs et sans complaisance avec les mensonges du populisme, la banalisation de la violence physique et verbale, la dévalorisation de la démocratie et des institutions, l’hystérisation des émotions et le poison complotiste. Cette exigence implique en contrepartie une éthique politique scrupuleuse et un usage reconsidéré de la force publique lorsqu’elle est nécessaire.

Nous devons être clairs sur notre positionnement et nous devons tirer les leçons de la sanction électorale du grand écart de la gauche. En tant que sociaux-démocrates longtemps marginalisés, nous nous sentons dépositaire d’une culture de gouvernement plus proche aujourd’hui du réformisme gouvernemental que de la dérive illibérale de la gauche protestataire.

Nous souhaitons la réussite des ­réformes et de ce quinquennat, ­dernière chance pour éviter que la France rejoigne les démocraties déstabilisées par les fausses solutions nationales ­populistes. Nous sommes convaincus qu’il faut élargir la majorité présidentielle, la rendre plus ­pluraliste et y faire entendre fortement une voix sociale et républicaine.

Notre projet, c’est de créer un pôle de gauche indépendant de la République En Marche (REM) au sein de la majorité présidentielle, autour de ministres tels que ­Jean-Yves Le Drian et Olivier ­Dussopt, et de régénérer notre démocratie par la mobilisation des territoires et la participation citoyenne.

Premiers signataires

Roland Ries, Marc Goua, François Loncle, Jean-Pierre Masseret, Tony Dreyfus, Gilles Savary

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20 octobre 2019 7 20 /10 /octobre /2019 11:20

 

 

https://www.equinoxmagazine.fr/2019/10/20/video-pillages-et-saccages-cette-nuit-a-barcelone/

 

Pillages et saccages dans la nuit du Samedi 19 Octobre au Dimanche 20 Octobre 2019 à Barcelone

Récit d’une nouvelle nuit compliquée à Barcelone en pleine crise de sécurité suite au verdict du procès des indépendantistes catalans.

La soirée du Samedi 19 Octobre 2019 à Barcelone a été moins violente que prévue, grâce à une nouvelle disposition venant des manifestants, créer un cordon pacifique pour séparer les casseurs de la police. Plaça Urquinaona, Samedi 19 Octobre 2019 de 21 heures à 24 heures, près d’un millier d’émeutiers gantés, casqués et capuchés, rodaient près des cordons de la police. La foule de manifestants a alors fait un sit in géant devant la police, pour éviter à la fois que les casseurs puissent s’approcher pour tirer des projectiles et la police de charger en retour.

Le stratagème a fonctionné et, à part une charge musclée carrer Pau Claris, la manifestation a bien finie, sans violence.  Cependant, après le rassemblement, Samedi 19 Octobre 2019 vers minuit, la situation a complètement dégénéré. Le Mediamarket de la plaça Catalunya a été pillé  avec une rare violence, occasionnant des affrontements avec des passants indignés. Pendant une dizaine de minutes, avec une incroyable absence de toute force de police, le magasin a été vidé, même sort pour la boutique Vodafone Porta del Angel et celle d’Orange carrer Pelai.

Au même moment, trois barricades sur la Rambla de Barcelone ont été allumées. Il y avait des colonnes de fumée, du mobilier urbain saccagé et des touristes hébétés.

Les Mossos étaient visiblement agacés d’avoir perdu momentanément le contrôle de l’un des symboles de la ville. En réponse, un lourd dispositif a été déployé pour retrouver les auteurs, la police circulant à toute allure dans les rues adjacentes du Gotic et du Raval.

Une dizaine de personnes ont été arrêtées. C’est la sixième nuit consécutive de troubles à Barcelone.

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19 octobre 2019 6 19 /10 /octobre /2019 18:35

 

 

https://www.equinoxmagazine.fr/2019/10/19/photos-barcelone-a-ete-saccagee-cette-nuit/

 

Barcelone a été saccagée cette nuit

Saccages, violences et incendies, Barcelone a vécu une nouvelle vague d’émeutes dans la nuit du Vendredi 18 Octobre au Samedi 19 Octobre 2019.

Toujours le même scénario se répète inlassablement, une journée de manifestations indépendantistes totalement pacifiques, bon enfant telles qu’on les connait depuis 2012 et une seconde partie convertie en violences urbaines de plus en plus graves au fil des jours. Notable différence, les émeutes ont commencé Vendredi 18 Octobre 2019 à 16 heures, un démarrage rapide en comparaison des jours précédents où les rues étaient tranquilles jusqu’à 21 heures.  Les premiers affrontements ont commencé Via Laetania, devant le commissariat de la police espagnole à Barcelone.

Lieu symbolique de l’État espagnol à Barcelone qui cristallise les rassemblements indépendantistes violents. Vendredi 18 Octobre 2019 le niveau de haine qui s’est répandu sur ce boulevard de Barcelone a fait sauter toutes les alarmes.  Armés de frondes, de barre de fers et de cocktails Molotov, casqués et masqués, les émeutiers ont attaqué la police sans relâche pendant près de cinq heures, blessant gravement un agent à la tête avec un jet de projectile.

La police est venu à bout des rebelles en tirant un nombre hallucinant de gaz lacrymogènes. L’odeur est arrivée jusqu'à Plaça Catalunya. Le matériel urbain à été ravagé sur cette artère de la ville, qui est méconnaissable après la guérilla.

Une fois dispersés, les émeutiers ont semé la terreur dans les beaux quartiers de Barcelone, Rambla Catalunya, Balmes, Passeig de Gracia, Via de les Cortes Catalanes et Diputacío. La très chic Rambla Catalunya a été victime d’actes de vandalisme.

Derrière les vitrines des lobbies de leurs hôtels, les touristes regardent les scènes d’émeutes.  Des barricades en feu bloquent tous les croisements de rue de l’Eixample. Des flammes de grandes hauteurs brûlent les arbres des rues, que les pompiers doivent éteindre avec leurs lances.

Des nuages de fumée toxiques s’engouffrent dans les fenêtres des immeubles. Il y a une ambiance d’insurrection. Les fourgons de Mossos traversent littéralement les flammes des barricades pour déloger les émeutiers.

A chaque passage de la police, les rebelles tirent projectiles et cocktails Molotov contre les Mossos qui ripostent avec des tirs de balles en caoutchouc souple.  Samedi 19 Octobre 2019 vers une heure du matin, la police a réussi a fatiguer la majorité des émeutiers qui ont quitté la zone dévastée. Plaça Catalunya  et Passeig des Gracia portent alors les stigmates des affrontements.

Restent quelques traînards se baladant avec des cocktails Molotov. Les fourgons de Mossos s’arrêtent à leur hauteur pour tirer des balles en caoutchouc souple. L’opération a fonctionné et le calme est revenu.

« Nous ne savons qui sont exactement ces personnes, ce sont des personnes qui veulent retourner la ville », confiait un Mossos d’Esquadra à Equinox ajoutant que « vous connaissez très bien cela à Paris ».

Samedi 19 Octobre 2019, la police espagnole et les Mossos s’attendent à ce que la violence de ces groupes hétérogènes soit encore plus élevée. Les forces de l’ordre sont conscientes que ces éléments perturbateurs n’ont aucun lien avec les manifestations indépendantistes pacifiques de la journée. Ce sont des commandos entraînés et organisés qui cherchent à faire tomber le dispositif policer en épuisant les agents qui enchaînent des journées de vingt heures de travail. Les Mossos reconnaissent que Barcelone vit sa plus grosse crise de sécurité depuis des décennies.

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19 octobre 2019 6 19 /10 /octobre /2019 16:45

 

 

https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/sncf/droit-de-retrait-ou-greve-sauvage-on-vous-decrypte-le-bras-de-fer-qui-s-est-engage-entre-la-sncf-et-les-cheminots_3666509.html

 

Droit de retrait ou grève sauvage, on vous décrypte le bras de fer qui s'est engagé entre la Société Nationale des Chemins de Fer (SNCF) et les cheminots

Les cheminots et leurs syndicats ont fait jouer leur droit de retrait après un accident de train. Mais face aux perturbations provoquées par ce brusque arrêt de travail, en plein week-end de départ en vacances, la direction de l'entreprise et le gouvernement dénoncent une grève qui ne dit pas son nom.

Un droit de retrait légitime pour les syndicats après un accident de train à la SNCF, mais une grève sans préavis selon la SNCF, voire surprise d'après son patron et même sauvage pour le chef du gouvernement, alors que le trafic des trains est toujours très perturbé au premier jour des vacances scolaires, Samedi 19 Octobre 2019, les conducteurs et les contrôleurs sont attaqués par leur direction et par leur tutelle sur la légitimité de leur action.

Tout salarié dispose d'un droit d'alerte et de retrait, prévu dans le code du travail. Il peut le faire valoir lorsqu'il a un motif raisonnable de penser qu'une situation dans son travail présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé ou s'il constate une défectuosité dans les systèmes de protection. Le danger peut être individuel comme collectif.

Selon la circulaire de la direction générale du travail, citée par le site officiel du service public, ce danger grave et imminent est un danger « susceptible de produire un accident ou une maladie entraînant la mort ou paraissant devoir entraîner une incapacité permanente ou temporaire prolongée et susceptible de se réaliser brutalement dans un délai rapproché ».

Pour exercer son droit de retrait, le salarié doit alerter son employeur du danger sans délai. Mais il peut aussi s'adresser aux représentants du personnel ou au Comité Social et Economique (CSE), anciennement appelé Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT). Surtout, il a le droit d'arrêter son travail sans l'accord de son employeur. II n'est pas tenu de reprendre son activité tant que la situation de danger persiste.

Enfin, aucune sanction, ni aucune retenue de salaire ne peut être infligée par l'employeur aux salariés ayant exercé leur droit de retrait de manière légitime. Et l'employeur ne peut imposer au salarié de signaler par écrit une situation dangereuse afin de faire valoir son droit de retrait. Mais ce retrait du salarié « ne doit toutefois pas entraîner une nouvelle situation de danger grave et imminent pour d'autres personnes ».

L'arrêt de travail des employés de la SNCF fait suite à un accident survenu Mercredi 16 Octobre 2019. Un Train Express Régional (TER) reliant Charleville-Mézières à Reims a percuté un convoi exceptionnel coincé sur un passage à niveau à Saint-Pierre-sur-Vence, dans le département des Ardennes. Onze personnes ont été blessées et certaines ont été hospitalisées, selon la préfecture des Ardennes. Et le conducteur, blessé et choqué, « a dû porter secours aux passagers car c'était le seul agent de la SNCF à bord », a dénoncé le Syndicat Unitaire et Démocratique (SUD) du Rail dans un communiqué.

Jeudi 17 Octobre et Vendredi 18 Octobre 2019, des agents de conduite et des contrôleurs ont donc fait valoir leur droit de retrait. SUD, la Confédération Générale du Travail (CGT), la CGT Force Ouvrière et la Fédération Générale Autonome des Agents de Conduite (FGAAC) de la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT), contestent le mode d'exploitation Equipement Agent Seul (EAS) qui permet de faire circuler des trains sans contrôleur, alors que, selon la direction, il existe depuis des dizaines d'années. Ces syndicats évoquent des risques de sécurité pour les cheminots et les voyageurs.

« Nous considérons que c'est un droit de retrait, car le danger n'est pas écarté », a expliqué Samedi 19 Octobre 2019 à l'Agence France Presse (AFP) Didier Mathis, secrétaire général de l'Union Nationale des Syndicats Autonomes (UNSA) de la SNCF, deuxième syndicat du groupe. « C'est bien un droit de retrait car les agents ne se sentent plus en sécurité », a abondé Julien Troccas, secrétaire confédéral de SUD-Rail. « Partout où nous nous sommes tournés vers l'inspection du travail, c'est-à-dire le représentant de l’état, tous les inspecteurs du travail nous ont dit que le droit de retrait était légitime, donc fin de la discussion », a dit Fabien Villedieu, délégué syndical de SUD-Rail, Samedi 19 Octobre 2019 à France Info. « Le droit de retrait, c'est un droit des travailleurs pour dire attention, il se passe quelque chose de grave », a dit le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.

Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, a dénoncé Samedi 19 Octobre 2019 sur BFM Télévision « une grève surprise qui ne respecte pas la loi sur la grève dans les services publics. Ce n'est pas un droit de retrait, il n'y a aucun danger grave et imminent sur aucun train à la SNCF », a-t-il argué. Et il a assuré que l'entreprise était « en train d'étudier la voie judiciaire pour faire juger qu'il s'agit bien d'une grève et non pas d'un droit de retrait ». Sur son compte Twitter, la compagnie ferroviaire est sur la même ligne et communique à propos d'une grève sans préavis. De même, le directeur de la branche des TER, Frank Lacroix, a pointé « une grève sans préavis, totalement irrégulière ».

Le gouvernement ne dit pas autre chose. Le premier ministre, Edouard Philippe, a dénoncé un « détournement du droit de retrait qui s'est transformé en grève sauvage » lors d'une visite surprise, Gare de l'Est à Paris, Samedi 19 Octobre 2019. Et d'enjoindre la direction de l'entreprise à « examiner toutes les suites qui pouvaient être données et notamment judiciaires ». Le secrétaire d’état aux transports, Jean-Baptiste Djebbari, a lui aussi déploré une grève « hors du cadre légal ».

Si, comme la direction de l'entreprise et le gouvernement, on considère qu'il s'agit d'une grève et non d'un droit de retrait, voici les règles qui auraient dû être appliquées par les syndicats et les salariés.

Depuis 2007, la loi sur le dialogue social et la continuité du service public dans les transports terrestres réguliers de voyageurs contient plusieurs dispositions sur le droit de grève à la SNCF et à la Régie Autonome des Transports Parisiens (RATP), une obligation de négociation, la déclaration individuelle des grévistes quarante huit heures avant le début du mouvement, la réaffectation des personnels et la publication des prévisions de trafic vingt quatre heures à l'avance.

« Il faut une alarme sociale avant que chaque salarié déclare par écrit son intention de faire grève », a précisé Guillaume Pepy sur BFM Télévision. Après l’alarme sociale, la direction a trois jours pour recevoir les syndicats. C'est seulement après cette réunion qu'ils peuvent déposer un préavis de grève, expliquent SUD-Rail et l'UNSA. Rien de tout cela n'a été appliqué.

« Nous pouvons penser que nous avons à faire à une grève de solidarité. Il est difficile de considérer qu’il y a un danger imminent pour les cheminots », estime Alexandre Ebtedaei, avocat spécialiste du droit du travail au cabinet FTPA, interrogé par le magazine Challenges. Ses consœurs, contactées par le Figaro, ne sont pas de cet avis. Valérie Duez-Ruff, avocate et membre du conseil national des barreaux, explique que le juge n'a pas à apprécier la réalité du danger, mais le caractère raisonnable du motif.

Et comme l'atteste la jurisprudence, cela tourne en général à l'avantage des employés. « Des situations comme celle-ci sont généralement admises par la jurisprudence, du fait de l’émotion qu’il peut y avoir », observe Audrey Pascal, avocate au barreau de Limoges et spécialiste du droit du travail. En effet, « la loi exige seulement d’avoir un motif raisonnable de penser que la situation de travail présente un danger grave et imminent. Elle n’exige pas une cause réelle de danger, l’apparence et la bonne foi suffisent », relève Valérie Duez-Ruff.

Si le juge confirme la légitimité du droit de retrait, la SNCF s'exposerait au risque d'une condamnation pour ne pas avoir assuré la sécurité de ses employés. A l'inverse, si la justice estime que le droit de retrait était illégitime, les employés l'ayant exercé pourraient encourir des sanctions, retenues sur salaire, avertissement, blâme voire licenciement. Mais d'après la juriste, ce scénario est « peu probable dans la situation actuelle ».

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19 octobre 2019 6 19 /10 /octobre /2019 16:07

 

 

https://www.elwatan.com/a-la-une/35e-vendredi-de-mobilisation-le-hirak-maintient-le-cap-19-10-2019

 

Trente-cinquième vendredi de mobilisation, Le hirak maintient le cap

La mobilisation demeure infatigable comme à chaque rendez-vous hebdomadaire

Alger, Vendredi 18 Octobre 2019, trente cinquième vendredi du hirak, depuis la rentrée, la bonne santé du mouvement se confirme de semaine en semaine, malgré l’ampleur de la répression, les anathèmes, la propagande et la désinformation.

Vendredi 18 Octobre 2019, les algériens sont, de fait, sortis par centaines de milliers à Alger, pour réaffirmer leur rejet catégorique des élections présidentielles du 12 décembre 2019 et pour exiger la libération des détenus du hirak, dont le nombre a atteint des proportions effrayantes.

Vendredi 18 Octobre 2019 dans la matinée, un calme lourd régnait sur la ville. Le déploiement imposant des forces de police et les camions stationnés tout le long de la rue Didouche Mourad, renforcés par des véhicules tout-terrains, bouchaient le moindre interstice. Sensation d’étouffement, les quelques hirakistes qui arpentent les rues se montrent prudents. Quelques rares manifestants se baladent drapeau sur l’épaule.

Sinon, par petites grappes ou individuellement, ils sont adossés aux murs de l’artère principale ou s’abritent dans les cafés. Il a fallu attendre Vendredi 18 Octobre 2019 à 12 heures pour voir les premiers cortèges se former. Des dizaines de citoyens se donnèrent à ce moment-là le mot et se mirent à scander « état civil, pas militaire », « dégage Gaïd Salah, pas de vote cette année » et « les généraux à la poubelle et l’Algérie accédera à l’indépendance ».

La police forme une haie le long de la rue Didouche Mourad jusqu’à la place Maurice Audin pour dégager une voie de circulation à l’usage des automobilistes. Les manifestants ne se font pas prier pour occuper la bande restante de la chaussée et remonter la rue en répétant « pas d’élections avec la bande » et « Ali Ammar, mon pays est en danger. Nous allons continuer la bataille d’Alger, pas de marche arrière, le gouvernement est à la peine. Main dans la main, nous aurons l’indépendance ».

La libération des détenus était au cœur des revendications populaires, comme l’exprime le slogan « relâchez les prisonniers, ce ne sont pas des vendeurs de cocaïne ». On pouvait également entendre « jetez-nous tous en prison, le peuple ne s’arrêtera pas ». Sur un air qui rappelle la chanson el Menfi, la foule chante « nous ne voulons pas d’un nouveau régime militaire ». Sur les quelques pancartes brandies, on peut lire « nous nous sommes débarrassés de la charrette, il reste la casquette » et « vos lois et vos urnes sont en confinement ».

Un jeune plaide la tolérance après la fermeture de lieux de culte chrétiens à Tizi Ouzou, « musulmans, chrétiens, juifs ou athées, nous sommes les enfants libres de l’Algérie plurielle. Ne détournez pas le sujet ». Il y avait aussi le slogan « nous sommes tous Nabil Alloun », en solidarité avec un jeune détenu d’opinion. Le cortège a défilé jusqu’à la rue Victor Hugo avant de rebrousser chemin.

Vendredi 18 Octobre 2019 à 13 heures, après ce tour de chauffe, plusieurs manifestants devaient rejoindre les mosquées pour la grande prière hebdomadaire, en promettant de revenir. Un jeune dit que « nous allons faire une prière pour les maudire ». Les abords de la mosquée Errahma sont cernés par les groupes de fidèles et, en haut de la rue Victor Hugo, une foule de non-prieurs s’est massée en attendant la fin de l’office religieux pour refaire bloc et lancer la grosse manifestation rituelle.

Vendredi 18 Octobre 2019 à 13 heures 40, les fidèles fusent de la mosquée Errahma et remontent la rue Victor Hugo avant de fusionner avec les autres. Un cri monte, « état civil, pas militaire ». S’ensuit une véritable déferlante humaine par vagues successives qui vont se déverser rue Didouche Mourad sans discontinuer. Un cri sourd déchire le ciel limpide, « dégage Gaïd Salah, pas de vote ». Des voix crient « félicitations à la Tunisie, vivement notre tour, qu’ils dégagent tous ». Les slogans contre les élections pleuvent, « pas de vote, je jure que je ne le ferai pas, Noureddine Bedoui et Abdelkader Bensalah doivent dégager. Même si vous tirez contre nous à balles réelles, nous ne nous arrêterons pas ». Nous pouvions entendre aussi que « le hirak est un devoir national ». Une jeune manifestante résume l’agenda du mouvement en écrivant que « le mardi est le jour des étudiants, le jeudi est le jour du pilon et des youyous, le vendredi est le jour des marches et le dimanche est le jour du parlement ». Elle ajoute « félicitations à la Tunisie et au peuple libanais ».

Toujours dans cet esprit de détermination, un citoyen arbore une pancarte avec le message « coupez les routes, coupez internet, coupez le téléphone, coupez l’électricité, coupez l’eau et, si vous le pouvez, coupez même l’air et faites disparaître le soleil. Nous ne céderons pas ». Un manifestant s’emporte face aux policiers qui encerclent la place Maurice Audin.

« L'Algérie arrachera son indépendance. Nous ne nous arrêterons pas », crie-t-il. Un autre manifestant, déguisé en loup, parade avec une pancarte, « des loups sont partis et ils veulent ramener leurs enfants, mais jamais tu ne pourras dresser un loup ».

Une jeune manifestante aux slogans toujours bien sentis tenait pour sa part à délivrer ce message à travers sa pancarte, « nos espoirs pour l’Algérie sont plus grands que vos prisons ». Au verso, elle ajoute « Algérie libre, démocratique et civile ». Un jeune défilant à ses côtés affiche une autre pancarte percutante, « police nationale, pas politique ». Un homme crie « libérez nos enfants ». Une femme adresse ces mots aux juges, « hommes de loi, libérez-vous ». De larges bannières à l’effigie de Lakhdar Bouregaâ, de Karim Tabbou, de Samir Belarbi, de Fodil Boumala et d’autres prisonniers politiques, sont portées fièrement par des bras solidaires. Près de l’université centrale, des mères à la mine déconfite affichent les photographies de leurs enfants injustement incarcérés, des portraits notamment de Boudjemil Mohand et d’Ider Ali.

Un citoyen fustige les élections en écrivant « la bêtise, c’est de sortir pour faire tomber Abdelaziz Bouteflika et de participer à des élections organisées par le système d’Abdelaziz Bouteflika ». Réagissant au projet de loi sur les hydrocarbures adopté en conseil des ministres, une citoyenne écrit « pour nos enfants, notre sous-sol est un gage, faisons barrage aux lois du bradage ». Un petit garçon drapé de l’emblème national et hissé sur les épaules de son père brandit une pancarte qui dit sensiblement la même chose, « mon avenir n’est pas à vendre ».

Nous descendons prendre la température, boulevard Amirouche. Une marée humaine défilait là aussi avec la même ardeur, en provenance de la rue Hassiba Ben Bouali, de la rue Belouizdad et des quartiers de la banlieue-est d’Alger, tandis que, de l’autre côté, de grosses vagues de marcheurs arrivaient de Bab El Oued.

A Maurétania, près de l’ancien siège du ministère des finances, un carré scande « la loi de finances est contre les pauvres ». Rue Hassiba Ben Bouali, une foule dense exprime là encore son rejet des élections. Un homme a une pensée émue pour les victimes des massacres du 17 Octobre 1961 en écrivant « Maurice Papon, criminel de guerre ».

Des supporters de l’Union Sportive Madinet al Harrach arrivent en force. « Quelle est la cause de nos malheurs, c’est l’état », chantent-ils. A un moment, un carré de manifestants entonne Qassaman. Chair de poule, l’hymne national est suivi d’une salve de hourras triomphants. Puis, ce mot d’ordre martelé à volonté, « indépendance ».

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19 octobre 2019 6 19 /10 /octobre /2019 15:02

 

 

https://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKBN1WX0WY-OFRTP

 

Violences à Barcelone à l'issue d'une manifestation monstre des indépendantistes (Reuters)

De violents affrontements ont éclaté Vendredi 18 Octobre 2019 à la nuit tombée au centre de Barcelone au soir d'une journée marquée par une manifestation monstre des indépendantistes et une grève générale.

Pour le cinquième jour depuis la condamnation de neuf dirigeants séparatistes pour la tentative de sécession de 2017, plusieurs centaines de manifestants ont affronté les forces de l’ordre, érigeant des barricades et jetant des projectiles dans leur direction.

Dans la journée, des centaines de milliers de personnes s’étaient rassemblées dans la ville, en scandant « indépendance » et « libérez les prisonniers politiques ».

Les syndicats avaient appelé Vendredi 18 Octobre 2019 à la grève générale et les indépendantistes, engagés depuis Mercredi 16 Octobre 2019 dans des marches de la liberté, ont convergé vers la capitale catalane pour protester contre la condamnation de neuf dirigeants séparatistes pour la tentative de sécession de 2017.

La police a dénombré cinq cent vingt cinq mille manifestants et la manifestation s’est globalement déroulée dans le calme.

Mais les choses ont dégénéré après la tombée de la nuit. Les forces de l’ordre ont répliqué aux jets de projectiles et feux de poubelle par des tirs de balles caoutchouc et de grenades lacrymogènes.

Des incidents ont été recensés dans au moins quatre autres villes de Catalogne, selon les autorités.

La contestation a pris un tour radical en Catalogne depuis que le Tribunal Suprême espagnol a condamné Lundi 14 Octobre 2019 pour sédition neuf dirigeants indépendantistes catalans à des peines de prison allant de neuf à treize ans pour leur implication dans le référendum d’autodétermination du premier octobre 2017 et la déclaration unilatérale d’indépendance qui a suivi.

« Les incidents ont été menés par des groupes minoritaires mais très organisés. Ces actions ne resteront pas impunies », a déclaré le ministre espagnol de l’intérieur, Fernando Grande-Marlaska, lors d’une conférence de presse.

Evoquant des violences sans précédent en Catalogne, il a ajouté que deux cent sept policiers avaient été blessés depuis Lundi 14 Octobre 2019 et que les forces de l’ordre avaient procédé à cent vingt huit interpellations dans la région.

Le ministère de l’intérieur a annoncé qu’il était prêt à envoyer des renforts policiers de la Guardia Civil, corps de sécurité publique de statut militaire, aux abords de Barcelone.

Plusieurs rues de Barcelone avaient été fermées à la circulation et le métro et les trains régionaux avaient réduit leur trafic en raison de la grève.

Des manifestants ont bloqué l’accès à la Sagrada Familia, la basilique inachevée d’Antonio Gaudi, dans le centre-ville et l’édifice a été fermé au public.

La fédération espagnole de football a annoncé que la rencontre entre le Football Club de Barcelone et le Real Madrid prévue le 26 octobre 2019 au Camp Nou était reportée pour des raisons de sécurité. Les deux clubs ont proposé que le Clasico se dispute le 18 décembre 2019.

Cinquante-sept vols ont été annulés Vendredi 18 Octobre 2019 à l’aéroport El Prat de Barcelone, a indiqué l’opérateur Aena.

La ville de Barcelone évalue à plus d’un million cinq cent mille euros les dégâts causés depuis Lundi 14 Octobre 2019. Une estimation qui ne prend pas en compte les violences du Vendredi 18 Octobre 2019.

L’ancien président indépendantiste catalan Carles Puigdemont, réfugié en Belgique à la fin de l’année 2017 pour échapper à des poursuites judiciaires, s’est vu signifier à Bruxelles le troisième mandat d’arrêt délivré par la justice espagnole pour sédition et détournements de fonds publics, a précisé Vendredi 18 Octobre 2019 le parquet belge, qui l’a laissé libre sous conditions.

Une audience est prévue à Bruxelles le 29 octobre 2019 pour statuer sur le mandat d’arrêt.

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18 octobre 2019 5 18 /10 /octobre /2019 18:50

 

 

https://www.equinoxmagazine.fr/2019/10/18/photos-nuit-de-violence-extreme-a-barcelone/

 

Nuit de violence extrême à Barcelone

Alors que la soirée du Jeudi 17 Octobre 2019 avait bien commencé dans une ambiance bon enfant lors de la manifestation indépendantiste, Jeudi 17 Octobre 2019 vers 24 heures des affrontements entre les militants et la police ont fait sombrer Barcelone dans une violence extrême.

Jeudi 17 Octobre 2019 à 19 heures, les indépendantistes se mobilisaient une nouvelle fois en haut du Passeig de Gràcia pour exprimer leur mécontentement face au verdict judiciaire. Dans une ambiance jeune et festive, les manifestants ont transformé les rues en un immense terrain de jeu collectif dans un esprit potache.

Au même moment, dans une ambiance beaucoup plus glauque, sur les hauteurs de la ville à Sarria-Sant Gervasi, des groupuscules néo-nazis et d’extrême-gauche s’affrontaient.

Jeudi 17 Octobre 2019 vers 22 heures, la manifestation officielle indépendantiste prenait fin et les Mossos d’Esquadra ont dispersé les néo-nazis et les groupuscules d’extrême-gauche. On pensait la situation sous contrôle, mais Jeudi 17 Octobre 2019 vers 24 heures, des affrontements ont fait sombrer Barcelone dans la violence extrême. Des centaines d’émeutiers sont apparus dans les rues Rambla Catalunya, Passeig de Gracia, Provença et Valencia, pour en découdre avec la police et les quelques néo-nazis qui traînaient encore dans le secteur.

Un indépendantiste a été passé à tabac par des néo nazis sur la Carrer Balmes. Un militant d’extrême-droite à son tour a été roué de coups par une bande de jeunes hommes d’ultra-gauche et anti-système.

Comme depuis Mardi 15 Octobre 2019, les Mossos d'Esquadra ont à faire à des bandes d’émeutiers maniant avec dextérité les objets incendiaires. Une nouvelle fois containers, motos et mobilier urbain, ont brûlé. Mais les rebelles ont encore dépassé un cran dans la violence en tirant des cocktails Molotov directement contre les forces de l’ordre.

Une banque et une boutique de la rue Aragón avec Pau Claris ont été saccagées. Les Mossos d'Esquadra ont eu, cette fois-ci, le plus grand mal à venir à bout des émeutiers en perdant le contrôle des rues de l’Eixample à de nombreuses reprises dans la nuit du Jeudi 17 Octobre au Vendredi 18 Octobre 2019.

Au total, dix neuf personnes ont été arrêtées suite aux troubles en Catalogne sur la journée du Jeudi 17 Octobre 2019 et quarante deux personnes ont été blessées, la majorité à Barcelone. Les forces de l’ordre, épuisées par une semaine d’émeutes de plus en plus violentes, devront gérer Vendredi 18 Octobre 2019 une gréve générale à Barcelone avec probablement une tension encore en hausse.

Selon l’ampleur et le niveau de violence atteint Vendredi 18 Octobre 2019, le gouvernement espagnol pourrait décréter l’état de siège, d’alerte ou d’exception, en Catalogne dans les prochains jours, un dispositif similaire à l’état d’urgence en France.

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18 octobre 2019 5 18 /10 /octobre /2019 18:33

 

 

https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/sncf/sncf-quatre-questions-sur-le-dispositif-equipement-agent-seul-au-centre-du-mouvement-social-des-cheminots_3664939.html

 

Quatre questions sur le dispositif Equipement Agent Seul (EAS), au centre du mouvement social des cheminots

Les syndicats de cheminots critiquent la présence d'un seul agent à bord de certains trains, comme dans celui accidenté mercredi dans les Ardennes, Mercredi 16 Octobre 2019.

Un mouvement social inopiné perturbe le trafic ferroviaire dans de nombreuses régions, Vendredi 18 Octobre 2019. Des cheminots ont fait valoir leur droit de retrait à la suite d'un accident survenu sur un passage à niveau dans les Ardennes, Mercredi 16 Octobre 2019, où une collision entre un camion et un Train Express Régional (TER) a fait onze blessés.

Le conducteur, unique agent à bord du train, a dû gérer la situation. Le train fonctionnait en EAS, un système qui permet de faire circuler les trains sans contrôleur. Ce dispositif est vivement critiqué par les syndicats qui évoquent des risques pour les voyageurs et les conducteurs. France Info fait le point sur ce mode d'exploitation des trains.

Le système EAS permet de faire circuler les trains sans contrôleur. « C'est un dispositif qui existe depuis près de quarante ans en Ile-de-France », explique un porte-parole de la Société Nationale des Chemins de Fer (SNCF) à France Info. La possibilité d'étendre ce mode d'exploitation en province a été évoquée dès 2002, au moment de la régionalisation des transports ferroviaires. Plusieurs régions pilotes, comme la Picardie, ont testé ce dispositif. « Depuis quatre ou cinq ans, il a été progressivement déployé », indique un porte-parole de la SNCF. Aujourd'hui, l'EAS est présent dans toutes les régions, indique la SNCF. « Les trois-quarts des TER sont exploités seuls à bord », ajoute Jean-Baptiste Djebbari, le secrétaire d’état aux transports.

L'objectif principal de ce système est de lutter contre la fraude. Il permet « de renforcer et de concentrer la présence humaine dans les trains où les fraudes et les incivilités sont des phénomènes importants et de l'alléger sur certains autres services », indiquait en 2002 le ministère des transports. « La SNCF perd chaque année cent millions d'euros sur les lignes des TER à cause de la fraude », justifie un porte-parole de la SNCF.

En mode EAS, le conducteur assure lui-même la fermeture des portes, fait les annonces et surveille les passagers, des opérations normalement assurées par le contrôleur. Pour que le conducteur soit autonome, les trains sont notamment équipés d'un système de fermeture automatique des portes, d'un dispositif audio et de caméras.

La Confédération Générale du Travail (CGT), la Fédération Générale Autonome des Agents de Conduite (FGAAC) de la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT), la CGT Force Ouvrière et le Syndicat Unitaire et Démocratique (SUD), sont vent debout conte la circulation de trains sans contrôleur. « Le rôle du contrôleur ne se limite pas à la vérification des billets, il assure aussi la sûreté du train et la sécurité des passagers », explique Bruno Poncet, secrétaire fédéral de SUD Rail, à France Info.

« Dans ces nouveaux TER où il n'y a plus de contrôleurs, dès qu'il y a une collision, le conducteur ne peut plus assurer la sécurité », alerte Olivier Maigret, secrétaire général de la fédération des cheminots de la CGT du secteur de Reims, où le mouvement a été lancé. « C'est un miracle qu'il n'y ait eu que des blessés », dit Bruno Poncet, en évoquant l'accident de train dans les Ardennes. « C'est l'agent de conduite, blessé, qui est arrivé à appliquer les règles de sécurité pour arrêter un train qui arrivait en face et à éviter le sur accident », explique un communiqué publié par SUD Rail.

L'absence de contrôleurs dans les trains engendrerait également des tensions entre les passagers, selon les syndicats. « Cela a aggravé les problèmes de sécurité dans les trains. Il y a des agressions physiques, notamment le soir », déplore le secrétaire fédéral de SUD-Rail.

Les syndicats critiquent aussi la mise en place prochaine d'une nouvelle procédure de départ des trains, qui doit entrer en vigueur le 15 décembre 2019, autorisant à supprimer les agents sur les quais. Ce serait alors au conducteur de s'assurer lui-même que le train peut partir en toute sécurité.

Pour Bruno Poncet, cet accident est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Du côté de la fédération des cheminots de la CGT, Olivier Maigret pense que l'objectif principal de l'exploitation EAS est la réduction des coûts. « Les gains économiques ne peuvent pas se faire sur le dos de la sécurité et de l'humain », a dit Olivier Maigret à France Info.

Dans un communiqué, la fédération des cheminots de la CGT, premier syndicat de la SNCF, « exige le retour de contrôleurs sur l'ensemble de ces circulations afin de permettre aux agents de conduite de se concentrer uniquement sur la gestion de la sécurité ferroviaire ». Même son de cloche chez SUD-Rail, « nous voulons que la SNCF prenne des décisions fortes », dit Bruno Poncet à France Info, « il faut remettre du personnel dans les trains ».

D'autres revendications sont également annoncées. La fédération des cheminots de la CGT a exigé le « déclenchement immédiat de rencontres dans les régions sur l'équipement des trains ». De son côté, SUD-Rail souhaite « un calendrier d'embauches immédiates de contrôleurs et l’abandon de la suppression des autorisations des départs des trains dans les gares », indique un communiqué. La FGAAC de la CFDT a aussi demandé « le report de la mise en application le 15 décembre 2019 des évolutions des règles des départs des trains ».

Pour tenter de trouver une issue à ce mouvement social, une réunion de concertation entre les syndicats et la direction a été organisée Vendredi 18 Octobre 2019 au siège de la SNCF. « Nous sommes bien dans une grève qui se passe aujourd'hui sans préavis et qui, de ce point de vue, n'est pas acceptable », a cependant dénoncé Franck Lacroix, directeur général des TER de la SNCF.

Il affirme être réceptif aux inquiétudes des cheminots qui dénoncent le manque de sécurité dans les trains faute de contrôleur. Mais pour l'entreprise, EAS est un dispositif éprouvé.

« Cela fait des années que ce dispositif est déployé en Ile-de-France, avec des rames de Réseau Express Régional (RER) bien plus remplies que les TER », a dit un porte-parole de la SNCF à France Info.

Dans un communiqué, l'entreprise a promis « une concertation territoriale dans chacune des régions, sur des questions de sécurité et de sûreté posées par les conducteurs, une réunion de concertation nationale entre la direction et l'ensemble des organisations et l'étude de la possibilité juridique et technique de repousser de quelques mois la nouvelle procédure de départ des trains ».

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18 octobre 2019 5 18 /10 /octobre /2019 17:56

 

 

https://www.francetvinfo.fr/monde/syrie/offensive-turque-en-syrie/offensive-turque-en-syrie-que-prevoit-le-cessez-le-feu-organise-par-washington-et-ankara_3664841.html

 

Offensive turque en Syrie, que prévoit le cessez-le-feu organisé par Washington et Ankara ?

Les Etats-Unis et la Turquie ont annoncé cinq jours de trêve, pour permettre aux kurdes d'évacuer les zones d'affrontement en Syrie.

Un accord inattendu, la Turquie a accepté, Jeudi 17 Octobre 2019, de suspendre son offensive dans le nord-est de la Syrie pour cinq jours. C'est le résultat d'une négociation de plus de quatre heures, entre le vice-président américain, Mike Pence, et le président turc, Recep Tayyip Erdogan. Mais que contient cet accord, longtemps boudé par la Turquie ? Faut-il en conclure que la guerre est terminée ?

Cette trêve est surtout l'occasion pour la Turquie d'obtenir ce qu'elle revendiquait par les armes, la création d'une zone de sécurité, de trente deux kilomètres de profondeur sur quatre cent kilomètres de long, allant de l'Euphrate à la frontière irakienne. Ankara milite depuis plusieurs mois en faveur de cette mesure qui devrait satisfaire deux de ses exigences, repousser les unités de protection du peuple (YPG), considérées par la Turquie comme une organisation terroriste, et permettre le rapatriement des réfugiés syriens.

Pour le moment, l'accord prévoit uniquement le retrait des troupes kurdes et alliées des zones d'affrontement entre les deux camps. « Nous pourrons arrêter l'opération seulement lorsque les forces kurdes se seront retirées complètement de la région », a toutefois précisé le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu. Mike Pence a par ailleurs affirmé que Washington avait commencé à « faciliter le retrait des forces kurdes de cette zone de près de trente deux kilomètres en Syrie au sud de la frontière turque ».

Les turcs ont toutefois promis aux Etats-Unis que cette zone tampon serait temporaire et qu’elle n'impliquerait pas de déplacements massifs de populations, a indiqué le représentant spécial américain pour la Syrie, James Jeffrey.

Malgré le feu vert plus ou moins implicite donné par Donald Trump à Ankara, avec le retrait des troupes américaines, la Maison Blanche avait vivement désapprouvé l'offensive turque. Le tollé international qui a suivi a poussé les Etats-Unis à infliger de lourdes sanctions à la Turquie. Les ministres turcs de l’énergie, de la défense et de l’intérieur sont personnellement interdits de séjour aux Etats-Unis, les transactions internationales en dollar d'Ankara sont bloquées, les droits de douane sur l'acier turc sont revus à la hausse de cinquante pour cent et les négociations commerciales entre les deux pays sont bloquées. Lors de la déclaration conjointe avec la Turquie, Mike Pence a annoncé que ces sanctions seront levées dès lors que l'offensive aura cessé.

L'offensive turque contre les forces des YPG a suscité de vives réactions du fait de l'implication des kurdes dans la lutte contre le groupe Etat Islamique. Ils étaient la principale force au sol pour combattre les djihadistes et ils sont à l'origine du recul significatif de l'Etat Islamique en Syrie. Ils ont notamment repris Kobané, première défaite symbolique pour l’Etat Islamique, puis Tell Abyad et Raqqa.

Les dirigeants de l'Union Européenne ont fermement condamné, lors d'un sommet à Bruxelles, « l'intervention militaire menée unilatéralement par la Turquie, qui provoque des souffrances humaines inacceptables, qui compromet la lutte contre l’Etat Islamique et qui menace gravement la sécurité européenne ». Huit cent proches de djihadistes, vivant dans des camps gérés par les kurdes, se sont échappés lors de l'offensive.

A l'annonce du cessez-le-feu, la Turquie et les Etats-Unis se sont donc engagés à « poursuivre les efforts visant à éliminer l'Etat Islamique dans le nord-est de la Syrie », ainsi qu'à se coordonner au sujet des centres de détention des djihadistes.

Dans les faits, un cessez-le-feu est toujours difficile à mettre en place dans cette région du Moyen-Orient. « Les cessez-le-feu qu'il a pu y avoir dans la région ont toujours été très fragiles », a estimé au micro de France Info Michel Goya, spécialiste des questions militaires, « là, en l'occurrence, il y a beaucoup d'acteurs présents, de forces et de milices, qui sont regroupées sous plusieurs bannières de part et d'autre, donc tout n'est pas forcément complètement contrôlable. Il n'y a pas que des kurdes, des turcs et l'armée syrienne, dans la région ».

D'autant plus que les contours de l'accord restent flous. Selon Mazlum Kobane, l’un des leaders des YPG en Syrie, le cessez-le-feu se limitera aux régions situées entre Tell Abyad et Ras al-Aïn, deux points stratégiques du combat. En aucun cas, la frontière ne sera contrôlée par les turcs, a-t-il promis. De leurs côtés, les turcs refusent même de parler de cessez-le-feu, estimant qu'aucun accord n'a été passé directement entre les deux parties.

Malgré la trêve, des raids aériens de la Turquie ont tué des civils Vendredi 18 Octobre 2019 dans le nord de la Syrie, selon l'Observatoire Syrien des Droits de l'Homme (OSDH).

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