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16 mars 2019 6 16 /03 /mars /2019 17:41

 

 

http://ricochets.cc/Le-4eme-appel-des-gilets-jaunes-de-Commercy-a-raviver-l-esprit-du-17-novembre.html

 

Quatrième appel des Gilets Jaunes de Commercy avec les Gilets Jaunes de Ligny en Barrois, de Saint Mihiel, de Toul, de Verdun, de Saint Dizier et de Nancy, à raviver l’esprit du Samedi 17 Novembre 2018, tous ensemble.

Samedi 16 Mars 2019

Depuis bientôt quatre mois dans tout le pays, et même ailleurs, les Gilets Jaunes se mobilisent tous les jours et manifestent tous les samedis pour une véritable justice sociale et fiscale.

Notre mouvement populaire, spontané et apartisan, porté par la protestation contre l’augmentation inacceptable du prix des carburants et la baisse des retraites, s’est depuis enrichi d’une multitude de nouvelles revendications. Nous les avons placé au centre des débats, c’est notre principale réussite. Malgré le temps, la violence et la multiplication des revendications portées par le mouvement, nous ne nous sommes pas égarés en chemin, bien au contraire.

En contact permanent avec la population, dans nos cabanes et sur nos ronds points, ou en allant à sa rencontre, dans les portes à portes ou dans la rue, nous sommes plus que jamais conscients de la réalité sociale de ce pays et de la responsabilité que nous portons désormais. Bien-sûr, nous savons tous que le système actuel a atteint ses limites et que seul un changement radical de gouvernance pourra nous apporter des solutions durables.

Désormais nombreux sont celles et ceux qui savent que, au delà de la fin du mois, la fin du monde n’est pas si loin. Mais pour autant, tant que de nombreuses personnes n’arriveront pas à boucler, ou à commencer leur fin de mois, tant que neuf millions de personnes vivront sous le seuil de pauvreté, tant que le sort des plus fragiles, comme les enfants, les retraités, les handicapés ou les parents isolés, ne seront pas une priorité absolue pour le gouvernement, il est du devoir de chacun de se mobiliser pour que cela cesse dès que possible.

Beaucoup de militants, qui agissaient bien avant la majorité d’entre nous, en ont pris conscience et ont rejoint nos rangs. D’autres militants ont agit ou manifesté avec nous lors de convergences ponctuelles, contre un ennemi commun, les puissants, que ce gouvernement n’a de cesse de favoriser. Les principales réponses ont été la répression digne des pires régimes autoritaires selon l’Organisation des Nations Unies (ONU), la récupération politique par Emmanuel Macron et son soit disant grand débat et notre diabolisation par de trop nombreux médias. Que ce soit les Gilets Jaunes, ou tout autre mouvement, ce président ne nous écoute pas.

Depuis Commercy, nous appelons donc chacun d’entre vous, que vous portiez un gilet ou pas, à vous faire entendre Samedi 16 Mars 2019, à Paris et ailleurs. Nous appelons à raviver l’esprit du Samedi 17 Novembre 2018, pour que dans toute la France, celles et ceux qui ne peuvent pas aller à Paris viennent exprimer leur soutien à notre lutte en se rassemblant durablement sur les ronds points et les places publiques, dans toutes les villes et tous les villages. Il y aura un temps pour une nouvelle démocratie et un temps pour sauver notre chère planète quand nous aurons été capable de nous aider nous mêmes.

Aussi nous appelons également à maintenir la mobilisation sous toute ses formes jusqu’à ce que le gouvernement mette en œuvre des mesures significatives pour mettre fin à toutes formes de précarité et d’injustices sociales et fiscales dans notre pays.

Puisque nos élus ne nous représentent plus à l'assemblée nationale et même si nous souhaitons un changement profond de mode de gouvernance, il appartient au président de la république de mettre fin aux profondes inégalités et injustices qui gangrènent notre pays et ramener la paix sociale.

N’oubliez jamais que l'histoire vous jugera sur ce que vous aurez fait et qu'elle ne vous jugera pas sur ce que vous aurez dit.

Vive le pouvoir au peuple, pour le peuple et par le peuple.

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16 mars 2019 6 16 /03 /mars /2019 17:22

 

 

https://www.elwatan.com/a-la-une/4e-vendredi-de-manifestations-a-alger-son-excellence-le-peuple-vous-a-tous-vires-16-03-2019

 

Des marches imposantes dans tout le pays, la réponse cinglante du peuple

Quatrième vendredi de manifestations à Alger, « son excellence le peuple vous a tous virés »

Et encore une claque, et quelle claque, les algériens ont répondu massivement au dernier courrier du président par correspondance et ses vaguemestres, Noureddine Bedoui et consorts. Et, comme toujours, ils l’ont fait avec classe.

Le clan présidentiel tablait sur un essoufflement du mouvement du 22 février 2019 et une fissuration dans l’opinion après sa dernière proposition de sortie de crise. La réponse du peuple a été claire et nette, cinglante, sans appel et toujours avec le sourire, sur le mode « silmiya », avec des « smiley » et des « smahli » en veux-tu en voilà et des gestes de douceur et de bienveillance d’une rare prodigalité. De la tendresse à profusion, sauf envers ceux qui l’ont cherché et qui ont manqué de respect à son intelligence du cœur.

Vendredi 15 Mars à 11 heures 30, nous quittons la maison de la presse et nous marchons vers la place du premier mai en passant par la maison du peuple. Les portraits géants à l’effigie d'Abdelaziz Bouteflika accrochés sur la façade de l’Union Générale des Travailleurs Algériens (UGTA) doivent se sentir affreusement seuls comme le patient de Zéralda. Sur la place du premier mai, un important groupe de manifestants est déjà entré en action sous le regard passif de la police qui est encore plus décontractée par ce vendredi printanier. D’ailleurs, le dispositif antiémeute est sensiblement allégé.

Ce sont des citoyens qui organisent la circulation automobile entre deux blocs de manifestants. Des citoyens massés sur la place Mohand Tayeb Ferkoune donnent le ton avec des pancartes sur lesquelles on peut lire « Ni Nourddine Bedoui, ni Lakhdar Brahimi, ni Ramtane Lamamra, ils sont tous du système », « deuxième bataille d’Alger, la famille d'Abdelaziz Bouteflika contre le peuple », « non à cette mascarade politique » et « Abdelaziz Bouteflika, rends-nous notre patrie ». Sur le bord d’en face, un jeune brandit une large pancarte qui nous fend le cœur, « pour la première fois, je n’ai pas envie de te quitter, mon Algérie », écrit-il en français.

Et il a ajouté en arabe ce message bouleversant, « à nos frères harragas dévorés par les poissons, nous sommes désolés que vous ne soyez pas avec nous. Nous vous demandons pardon, parce que nous étions en retard. Nous essayons maintenant de bâtir l’Algérie que vous désiriez ».

Sur la rue Hassiba Ben Bouali, des cortèges de marcheurs drapés de l’emblème national, certains coiffés d’un chapeau ou un bob vert blanc rouge, défilent allègrement dans une ambiance festive.

Des vendeurs sur le trottoir proposent des articles aux couleurs nationales, des fanions, des écharpes, mais aussi des vuvuzelas, ces trompettes qui faisaient fureur dans les stades lors de la coupe du monde de 2010 en Afrique du Sud. Deux jeunes paradent au milieu de la chaussée avec une large banderole, « barakat, à bas le régime des gangs ». Nous coupons par la rue Ahmed Zabana pour gagner la rue Didouche Mourad.

Des jeunes avec des gilets oranges et des brassards font partie d’un comité de vigilance. « C’est pour éviter tout grabuge et parer à d’éventuels dérapages », explique l’un d’eux. Ils ont disposé une table sur le trottoir derrière laquelle trône un mur d’images.

On y reconnaît les doux visages de Maurice Audin, d’Hassiba Ben Bouali, de Larbi Ben M’hidi et de Didouche Mourad. Des images satiriques sont également placardées, celles d’Abdelmalek Sellal et d’Ahmed Ouyahia, avec des bulles rigolotes.

Un wanted donne à voir quelque-unes des personnalités les plus impopulaires du moment, Djamel Ould Abbès, Ali Haddad, Sidi Saïd et Mouad Bouchareb. Des pancartes au ton plus solennel proclament « construisons le futur, système dégage ». Un peu plus bas, des jeunes sur le trottoir arborent cet écriteau, « on ne règle pas les problèmes avec ceux qui les ont créés ». Deux jeunes femmes descendent la rue Didouche Mourad avec une banderole sur laquelle est marqué « ni prolongation, ni report, partez ».

Ambiance de folie aux abords de la place Maurice Audin, pas de cordon de police, pas de Brigade de Recherche et d’Intervention (BRI), un homme propose des dattes aux passants. Une forêt de drapeaux et de pancartes, plus inspirées, plus inventives et plus créatives les unes que les autres, nous happe d’emblée. Les slogans rivalisent d’ingéniosité, et nous nous en voulons de ne pouvoir les restituer et les documenter tous.

Un slogan fait l’unanimité, « il faut tous les virer ». La tirade est extraite d’une vidéo devenue culte, où l’on voit un jeune fhal, comme on les aime, répondre par ces termes à une journaliste de la chaîne Sky News Arabic qui recueillait ses sentiments le soir de l’annonce de l’annulation de l’élection.

On en trouve des déclinaisons très inspirées. Des militants l’ont même imprimée sur des t-shirts et l’un d’eux a eu la gentillesse de nous en offrir un, merci Samir. Une jeune femme a détourné pour sa part le fameux jeu télévisé, « questions pour un champion ». « Que veulent les algériens » interroge-t-elle, avant de proposer l’une de ces réponses, « qu’on viole leur constitution, un quatrième mandat sans fin, qu’on marie leur président ou bien que le système dégage ». Il y a d’autres pancartes, comme par exemple « on ne peut bâtir un nouveau bateau avec de vieilles planches », « demain sera plus beau qu’hier », « notre revendication est que vous partiez et notre projet est de construire l’état du peuple et des jeunes », « son excellence le peuple a décidé de vous virer », « la rue ne se taira pas », « nous ne sommes pas sur Facebook, nous sommes dans la rue », « nous avons demandé des élections sans Abdelaziz Bouteflika et nous n’avons pas demandé un coup d’état », « dégagez, laissez-nous vivre », « rendez-vous, vous êtes cernés par le peuple », « ce camembert président pue moins que votre système », « non à Abdelaziz Bouteflika et à ses dérivés », « vous avez prolongé votre mandat, nous prolongeons notre combat », « vous serez les prochains harragas » et « nous écrirons nous-mêmes notre histoire ».

Une jeune manifestante résume l’un des enjeux des prochains jours en disant « vigilance, qui va nous représenter, c’est à nous de nous représenter. Il faut que les jeunes soient dans la transition. Il faut être du côté du peuple et rester vigilant ».

Une femme en haïk arbore une pancarte sur laquelle elle a écrit « système corrompu, dégagez ». Elle s’appelle Nacera, elle est mère de huit enfants « et je suis grand-mère. Nous sommes là pour leur dire de dégager. Vingt ans, c’est trop. Il y a de jeunes cadres et de jeunes généraux qui sont prêts à prendre la relève. Il faut un changement de A à Z. Noureddine Bedoui et Ramdane Lamamra, c’est du passé. Il faut laisser la place aux jeunes générations. Beaucoup ont fait des études supérieures, on ne leur a pas donné leur chance. On a préféré la donner aux imbéciles heureux. Il faut un changement radical », dit-elle.

Zoubir, lui, est venu manifester avec ses deux enfants, une fille et un garçon. Ils brandissent une pancarte avec un arrache-clous. Il dit que « le cadre est tombé et les clous sont restés. Nous sommes là pour notre libération effective afin que nos enfants vivent libres et indépendants. La France est partie en 1962, mais elle a laissé ses enfants ici. Ce sont eux qui dirigent le pays. Ce régime est corrompu, nous le connaissons. Depuis toujours, il ne travaille que pour ses propres intérêts. Ces gens-là n’ont jamais œuvré pour l’intérêt du peuple. C’est toujours le peuple qui paie. Eux, ils ont tous une planque à l’étranger, pour se mettre à l’abri, eux et leur progéniture. Notre action depuis le 22 février 2019, c’est pour chasser ce régime afin que l’Algérie soit réellement indépendante, libre et démocratique ». Son fils dit que « nous espérons que cela sera la dernière ».

Dans la foule compacte, nous croisons Badi Abdelghani, avocat et défenseur des droits humains, qui s’est battu avec acharnement, en 2014 déjà, contre le quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika. Nous lui avons posé la question sur la suite du mouvement et la question de la représentativité dans la période de transition. « Il est trop tôt pour parler de représentativité. Cela risque de casser le mouvement. Il faut laisser le hirak grandir. Il faut le laisser mûrir. C’est un mouvement horizontal qui produira lui-même ses formes de représentation. Le mouvement est en train de s’exprimer très clairement. Sa réponse est sans appel. Ses désirs sont des ordres. Ce ne sont pas des demandes qu’il est en train de formuler, mais des décisions scellées et non négociables», dit Badi Abdelghani.

Nous avons inévitablement croisé aussi l’infatigable Abdelouahab Fersaoui, président du Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), qui a été de toutes les manifestations depuis le début. Son regard sur l’évolution du mouvement du 22 février 2019 et ses perspectives fait sens. Il nous dit que « le peuple algérien est sorti, d’une manière très forte, durant les trois premiers week-ends et aujourd’hui il est sorti pour la quatrième fois d’une manière tout aussi forte. C’est une réponse claire à ce pouvoir qui a essayé d’étouffer, de manipuler et d’affaiblir ce mouvement, avec sa proposition d’aller vers une conférence nationale et d’enclencher des réformes, alors que le peuple algérien est sorti pour dire qu’il ne veut pas des réformes, qu’il ne veut pas un changement de personnes et qu’il veut un changement du système. Donc aujourd’hui c’est un message très clair qui est transmis au pouvoir et à ces responsables qui continuent d’insulter l’intelligence des algériens et de mépriser ce peuple. Je pense qu’ils n’ont d’autre choix que de céder à la rue. La revendication de la rue est très claire, c’est le changement de ce système. La mobilisation de la rue doit continuer et je pense que la démission d’Abdelaziz Bouteflika du poste de président n’est qu’une mesure d’apaisement de la rue. Il est là jusqu’au 26 avril ou au 27 avril et, au-delà du 26 avril, il ne peut plus exercer ses fonctions, donc il est temps pour lui et pour son gouvernement d’annoncer sa démission et de rendre le pouvoir au peuple. Ce peuple, j’en suis sûr et j’ai confiance en lui, va s’en occuper et va mettre les premiers jalons d’une république démocratique et sociale. L’Algérie n’est pas le premier pays qui va faire cette transition d’un régime autoritaire à une démocratie, il y a des méthodes et des procédures qui ont été éprouvées de par le monde, une période de transition gérée par des compétences nationales qui font le consensus est indispensable, mais pas par ces gens qui ont échoué durant des décennies et qui, aujourd’hui, veulent gérer la transition. Donc la transition devra être gérée par des personnes durant cette période qui sera bien déterminée. Nous allons réunir toutes les conditions pour revenir à l’exercice politique dans le respect des standards de démocratie, des libertés et de respect des droits de l’homme. Aujourd’hui c’est tout le peuple qui est sorti, mais notamment les jeunes. Le pouvoir n’a pas fait confiance à ce peuple et il nous a considérés comme des mineurs, mais le peuple algérien, particulièrement ses jeunes, ont donné une gifle à ce pouvoir, cela fait quatre semaines que ce peuple et que cette jeunesse sortent dans les rues sans qu’il y ait des incidents, sans qu’il y ait de violence, donc leur argument de la peur, comme ce qui se passe en Syrie, dans la région ne tient plus la route. Ils n’ont aucun argument aujourd’hui. Le moment est venu qu’ils partent et qu’ils laissent la place à ce peuple ».

Vendredi 15 Mars 2019 à 14 heures, l’avenue Didouche Mourad est noire de monde jusqu’à la Grande Poste. La foule, compacte, a déferlé par l’avenue Pasteur, jusqu’au Tunnel des Facultés, puis elle a pu franchir la barrière de police qui coupait le boulevard Mohammed V.

Plusieurs collègues sont bloqués, les clameurs montent encore et jamais Alger n’a connu une telle liesse. C’est historique. S’il vous reste une once de dignité, Abdelaziz Bouteflika, partez.

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15 mars 2019 5 15 /03 /mars /2019 17:26

 

 

https://www.revolutionpermanente.fr/800-personnes-et-une-ambiance-electrique-a-la-soiree-Fin-du-grand-debat-debut-du-grand-debarras

 

Huit cent personnes et une ambiance électrique à la soirée pour la fin du grand débat et pour le début du grand débarras

Deux jours avant le dix huitième acte du mouvement des Gilets Jaunes, l’affluence a déjoué les pronostics à la soirée qui réunissait à la même tribune Priscillia Ludosky, Jérôme Rodrigues, Youcef Brakni, Juan Branco, Frédéric Lordon, Hervé Kempf et une lycéenne mobilisée pour le climat, Jeudi 14 Mars 2019 à la Bourse du Travail de Paris.

C’est pour mettre un point final à l’enfumage du grand débat orchestré par Emmanuel Macron que le Samedi 16 Mars 2019 se prépare depuis plusieurs semaines dans les rangs des Gilets Jaunes, voulu comme un ultimatum posé au gouvernement. Ce qui pose encore question, ce sont les suites de la mobilisation, si le gouvernement ne cédait pas aux pressions de la rue, alors qu’il compte rester droit dans ses bottes. Quoi qu’il en soit, cette soirée intitulée « fin du grand débat et début du grand débarras » a relevé le défi, celle de transmettre une ambiance d’un début de quelque chose, malgré les quatre mois de mobilisation qui nous séparent du Samedi 17 Novembre 2018, autant par l’affluence ayant déjoué les pronostics annoncés sur l’évènement Facebook, que par l’ambiance électrique qui se dégageait des rangs de la Bourse du Travail qu’on n’avait pas vue aussi pleine à craquer depuis bien longtemps. Devant la banderole « 16 mars, ultimatum » que l’on a vu défiler dans la capitale les derniers samedis, les intervenants ont tour à tour mis sur la table les luttes contre les inégalités sociales, pour l’écologie, contre les violences policières dans les quartiers populaires et contre la répression des manifestants, et la nécessité de converger vers un objectif commun, certes encore peu défini, mais dont les mots d’ordre « Macron démission » et « anticapitalistes » semblaient faire consensus. En débat également, les moyens d’y arriver, et à ce sujet, Jérôme Rodrigues a mis les pieds dans le plat, lançant un appel sans détour à la grève générale, titillant au passage les directions syndicales, le tout sous un tonnerre d’applaudissements.

Après une brève introduction d’Hervé Kempf, du site Reporterre, saluant le mouvement des Gilets Jaunes comme un mouvement formidable et inattendu, c’est Youcef Brakni qui prend la parole pour le comité pour la vérité pour Adama Traoré. Sous les applaudissements, il rappelle les conditions de la mort d’Adama Traoré, « parce qu’il était noir, qu’il était habitant des quartiers et qu’il n’a pas voulu se soumettre à un contrôle de police le jour de son anniversaire, il l’a payé de sa vie ». L’émotion est palpable quand Youcef Brakni égrène les noms de victimes des violences policières, dont plusieurs enfants. Il rappelle les racines de ces violences d’état, remontant au 17 octobre 1961, « la plus jeune avait 14 ans, imaginez qu’un policier l’a jetée dans la Seine ». Avant de lancer une interpellation, « mais le plus grave c’est encore l’indifférence et le fait qu’on regarde ailleurs à chaque crime policier. On utilise tous les termes du monde sauf de dire qu’ils sont noirs et arabes et qu’ils ont été tués pour cela. Il y en a qui sont tués pour ce qu’ils font et d’autres qui sont tués pour ce qu’ils sont. Cela fait une différence ».

Youcef Brakni embraye alors avec l’actualité, « quand nous avons vu le mouvement des Gilets Jaunes, nous avons décidé d’y aller. On nous a dit que nous étions fous. Les Gilets Jaunes ce sont des personnes qui sont dans la misère et qui ne sont plus rien, c’est avec eux que je veux militer. Ceux qui ont toujours été dans le déni, ce sont les pseudos-intellectuels de gauche. Et ce sont les mêmes qui ont eu un discours ultra méprisant contre les Gilets Jaunes. Cela nous a renforcés dans notre conviction. Nous nous sommes dit que la violence policière allait forcément à un moment se retrouver au centre de la lutte, car ils commençaient à réprimer. Et c’est arrivé au douzième acte, quand le mot d’ordre principal de la marche a été porté contre les violences policières ».

Youcef Brakni conclut sur la victoire remportée cette semaine par le comité pour Adama Traoré, parvenant à faire reconnaître la mort par asphyxie après près de trois ans de combat, « le procureur a osé dire qu’Adama Traoré était mort à cause de l’alcool. Puis on nous a dit qu’il était mort d’infection généralisée. Et on parle là d’experts nommés par la justice. Nouvelle expertise, nous apprenons qu’Adama Traoré serait mort de drépanocytose après avoir couru. Et tout cela, c’est la république française. Alors nous en avons eu marre et nous avons demandé un travail indépendant par des grands médecins. Aujourd’hui, ils ont reconnu que toutes les causes avancées étaient scientifiquement fausses et que la seule cause possible de la mort d’Adama Traoré était d’origine mécanique, liée aux conditions d’immobilisation par placage ventral ».

Ces violences policières dans les quartiers populaires prennent d’autant plus d’écho qu’elles viennent de s’illustrer à nouveau avec la mort de Fatih et Adam, dix sept et dix neuf ans, rappelée par Taha Bouhafs pendant le débat, « parce qu’ils ne portaient pas de casque, ces jeunes ont été condamnés à mort par la Brigade Anti Criminalité (BAC) à Grenoble ».

Jérôme Rodrigues prend le relais, touché par l’intervention de Youcef Brakni, lui qui a grandi dans un quartier populaire, « en ce qui concerne la convergence, moi j’appelle tout le monde, les gilets jaunes, rouges et roses, tout le monde est le bienvenu du moment qu’il se reconnaît dans les revendications émises par le mouvement. C’est cette fameuse fraternité que craint le gouvernement que nous devons retrouver. Moi j’avais la mère de mon ami quand j’étais gamin qui sortait avec son fichu sur la tête et cela ne dérangeait personne dans le quartier. Il y a de tout dans ce mouvement. Ce qui compte ce n’est pas ce que nous sommes mais ce que nous voulons changer. Cela me gonfle que nous soyons considérés comme des machines à cash. Tant qu’à avoir tout perdu, autant aller au bout. Allons chercher notre dû, tous ensembles. L’autre revendication, c’est celle de la démocratie. La démocratie nous appartient. Pourquoi les gouvernants qui nous mutilent ne payent pas ? Nous devrions pouvoir les dégager du pouvoir. Ils cherchent à nous diviser, par exemple en faisant passer les cheminots pour des privilégiés parce qu’ils auraient une prime pour le charbon. Mais je suis qui pour exiger qu’on leur retire leurs acquis sociaux ? S’ils ont un billet en plus, je veux pas qu’on leur retire, je veux le même billet ».

Jérôme Rodrigues en vient alors à la dénonciation du traitement médiatique du mouvement des Gilets Jaunes, ajoutant que « personne ne s’est insurgé qu’on ait un président qui tire contre son peuple. Personne n’est capable de reprocher à Christophe Castaner à la télévision qu’il tire contre son peuple. Si nous ne gagnons pas ce combat aujourd’hui, nous le perdrons pour l’éternité. La question qui m’embête le plus est de savoir s’il faut continuer à marcher le samedi. J’ai connu 1995, j’ai connu le Contrat Première Embauche (CPE), un million de personnes dans la rue, c’était plié. Alors moi je vais oser appeler à la grève générale. Oui il nous faut la grève générale. En 1995 les rails rouillaient, c’est cela qu’il nous faut, paralyser le pays ».

Il ne peut néanmoins s’empêcher de prononcer un appel au pacifisme, qui ne fait pas l’unanimité dans la salle. Il se rattrape, « restons soudés, pour Zineb Redouane et pour tous les autres. Samedi 16 Mars 2019, cela va être énorme, mais ne le prenons pas comme une finalité. Nous arrivons à un point de rupture, dans un camp comme dans l’autre. De notre côté, montrons-leur que nous n’allons pas nous arrêter là ».

Juan Branco, avocat de Maxime Nicolle, n’est pas moins bien accueilli, « ce samedi est essentiel. Je pense que nous arrivons à un point de rupture. Je vois des personnes qui s’usent toutes les semaines pour conquérir leur droit. Les violences policières sont le résultat du refus du gouvernement d’entendre son peuple. Ils nous parlent de violence mais ce sont eux qui sont dans la coercition et nous n’avons que nos corps à leur opposer. Nous devons sortir samedi et leur montrer que nous sommes capables de les faire tomber ».

L’accueil est tout aussi chaleureux pour Priscillia Ludosky qui commence son intervention sur une question polémique, « j’entends Jérôme Rodrigues parler de pacifisme, je suis aussi pour le pacifisme mais je n’entends pas me mettre à genoux pour exiger ce qui est notre droit et je n’entends pas non plus tendre la joue gauche. Ils nous ont formatés depuis l’enfance pour qu’on croie que tout est cloisonné. Nous avons la Province, Paris et la banlieue, et nous nous regardons de loin parce qu’ils ont réussi leur travail. Mais aujourd’hui nous sommes tous ensemble dans la rue ». Priscillia Ludosky peine à finir ses phrases tant l’ambiance est électrique, « j’invite Emmanuel Macron à aller se faire voir ».

Camille, lycéenne en lutte pour l’environnement, intervient en portant le gilet jaune, « je fais partie des jeunes qui depuis un mois à Paris ont commencé à sécher les cours le vendredi. Nous sommes dans la rue pour l’environnement et contre les discours culpabilisants qui ne permettent pas de penser quelles sont les causes réelles du problème écologique. L’écologie c’est un combat systémique. Nous sommes un peu trop frileux, nous n’osons pas dire que nous sommes anticapitalistes, alors que c’est sûr que nous n’allons pas répondre à la crise actuelle en triant nos déchets. Alors nous serons nombreux dans la rue Vendredi 15 Mars 2019, nous devons entrer en résistance contre cette guerre menée contre les vivants. Des Gilets Jaunes ont bloqué des lieux comme l’usine Monsanto. Ce que nous faisons c’est aussi de viser des lieux stratégiques. Vendredi 15 Mars 2019, nous bloquerons le siège d’une multinationale. Notre slogan c’est vendredi vert, samedi jaune. Nous essayons de faire un pas vers les Gilets Jaunes et de créer les convergences, mais je trouve que c’est encore trop timide, la marche du siècle samedi va se passer à l’autre bout de Paris, nous devrions manifester tous ensemble. Il faut aller vers la grève générale, il faut tout bloquer ».

Frédéric Lordon enchaîne, en dernier intervenant très attendu. La salle esclaffe lorsqu’il raconte qu’il a été invité par l’Elysée à participer à une rencontre dans le cadre du grand débat. « Nous y allons tous », entend-on depuis la salle, proposition reprise par l’assistance. « Ce serait ma seule raison d’accepter », répond Frédéric Lordon. Puis il s’élance dans une grande tirade, sous l’engouement général, s’adressant directement à Emmanuel Macron, « dans quelle réalité vivez-vous ». Puis citant le Gorafi selon lequel le Lanceur de Balles de Défense (LBD) serait bon pour la santé, « Emmanuel Macron, vous êtes la gorafisation du monde. Mais si le macronisme est un gorafisme, nous allons devoir ajuster nos moyens en conséquence. Et à défaut de vous ramener à la raison, nous devrons vous ramener à la maison ».

L’économiste poursuit en saluant la lutte des algériens, « l’international nous donne aussi de l’espoir. Les algériens sont en train de nous montrer comment on se débarrasse d’un pouvoir ». Il cite alors la banderole réalisée par des étudiants de Saint Denis, « Macron soutient Bouteflika, les algériens soutiennent les Gilets Jaunes, solidarité internationale », grand succès dans la salle pour ce soutien internationaliste.

Frédéric Lordon termine en disant que « les Gilets Jaunes sont en position de faire l’histoire. Et d’une certaine manière, Emmanuel Macron, vous les y invitez. Vous êtes des démolisseurs. Si vous n’avez plus aucune légitimité, le peuple a la légitimité de démolir ses démolisseurs. Mais comme en arriver là n’est souhaitable pour personne, Emmanuel Macron il faut partir, rendez les clés ». La salle se lève au slogan de « Macron démission » et des poings se lèvent.

Priscillia Ludosky reprend brièvement le micro, « en 2009, les Départements d’Outre Mer (DOM) et les Territoires d’Outre Mer (TOM) se sont levés. Aujourd’hui c’est toujours la misère. Cela donne l’ampleur de la tâche qui est devant nous ».

Après quelques minutes de pause, les interventions reprennent depuis la salle cette fois, l’assistance restant très nombreuse. Malgré les départs, des dizaines de personnes n’ont pas trouvé de place assise. « On évite que les intervenants racontent leur vie s’il vous plaît, ne prenez la parole que si vous avez des questions », prévient la modératrice du débat.

Les rendez-vous pour samedi sont rappelés, notamment par Youcef Brakni, « pour la marche des solidarités, nous donnons rendez-vous à Madeleine à 13 heures 12 puis nous ferons un bout de chemin avec la marche du climat. Dès le matin avec des cheminots de l’inter gares et le comité pour Adama Traoré, nous serons à la Gare du Nord pour accueillir les Gilets Jaunes de province. Puis à 15 heures, tout le monde s’arrête et nous mettons tous un genou au sol et un poing en l’air ».

Parmi les intervenants, un syndicaliste de la Confédération Générale du Travail (CGT) de l’agence EDF de Barbès raconte comment les salariés ont réouvert l’agence de Barbès, pour le service public, « nous attendons juste une chose, c’est que Philippe Martinez lève son cul de sa chaise. La CGT Énergie Paris est dans la lutte avec les Gilets Jaunes depuis le début ».

Le débat s’enflamme dans la salle lorsqu’un intervenant interroge, « admettons qu’Emmanuel Macron quitte le pouvoir, le jour d’après l’état doit bien continuer, que fera-t-on à ce moment-là ». Des voix dans la salle crient « constituante ».

Juan Branco réintervient alors sur la question démocratique, « à l’assemblée nationale, il y a un pour cent d’employés et d’ouvriers. Donc la rue restera mobilisée puisqu’elle n’est pas représentée. Ceux qui prennent les décisions font tous partie de la même classe sociale, la bourgeoisie, qui a accaparé tous les leviers lui permettant d’imposer une façon de penser. Evidemment que quelqu’un qui n’a jamais connu la souffrance ne ressentira pas la même urgence à s’engager dans la lutte. Il faut démocratiser la décision politique pour créer du consentement. C’est le seul moyen de sauver la planète. Il nous faut une représentation populaire à l’assemblée nationale avec des ouvriers et des employés aux côtés des bourgeois ». On reconnaît alors l’ancien candidat aux élections législatives pour le Mouvement de la France Insoumise (MFI).

Eric Beynel, porte-parole national de l’Union Syndicale Solidaire (USS), tente d’intervenir malgré des interpellations houleuses de Gilets Jaunes depuis la salle, « vous n’appelez pas à la grève générale ». Le syndicaliste est mis en difficulté, « la grève générale ne dépend pas de nous, il faut la construire sur les lieux de travail, pas seulement le samedi mais aussi le lundi, le mardi et le mercredi ». Son intervention n’a pas plu à Nadia, l’une des rares à porter le gilet jaune dans la salle, « nous sommes a-partis et a-syndicats, nous sommes le peuple ». La salle est divisée sur son intervention, « nous n’avons pas de leaders, nous sommes tous des leaders. Nous nous battons pour dégager tout ce système », les pour et les contre se départagent à l’applaudimètre.

Torya, cheminote, rebondit sur le clin d’oeil de Jérôme Rodrigues à la lutte des cheminots, « l’année dernière j’ai fait trois mois de grève, j’ai perdu trois mois de salaire alors que je suis mère célibataire et ce n’est pas Philippe Martinez qui va me dire comment je dois mener ma grève. Il y a une confusion entre les bureaucraties syndicales et les syndiqués de base qui se battent dans la rue pour le service public et pour nos droits. Alors comment va-t-on faire pour réaliser cette union entre les Gilets Jaunes et la base syndicale ».

Question à laquelle Jérôme Rodrigues répondra brièvement, « la base c’est nous tous ici, c’est vous, alors je n’ai qu’une chose à dire, rejoignez-nous. Si les bases syndicales nous rejoignent sur le même mot d’ordre de pas de leader et de pas de représentant, Philippe Martinez, nous l’emmerdons ».

A l’heure de quitter la grande salle de la Bourse du Travail, les débats se poursuivent tandis que des militants agitent des cagnottes de soutien aux postiers en grève. Si la réponse du jour d’après la démission d’Emmanuel Macron n’a pas trouvé de réponse ce soir, l’énergie semble au rendez-vous pour un Samedi 16 Mars 2019 réussi. Reste à savoir si ce dix-huitième acte qui promet d’être massif sera réellement le début du grand débarras.

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15 mars 2019 5 15 /03 /mars /2019 16:32

 

 

https://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRL8N2122JX

 

Manifestation monstre à Alger pour exiger le départ d’Abdelaziz Bouteflika (Reuters)

Des centaines de milliers de manifestants se sont rassemblés Vendredi 15 Mars 2019 à Alger pour exiger le départ du président Abdelaziz Bouteflika et pour maintenir la pression contre les autorités qui ont proposé Lundi 11 Mars 2019 une feuille de route pour la transition rejetée par l’opposition.

Il s’agit de la manifestation la plus imposante dans la capitale depuis le début de la contestation au mois de février 2019. La police a bloqué les rues conduisant au siège du gouvernement et au parlement.

Après trois semaines de manifestations sans précédent depuis des décennies, le chef de l’état, qui est âgé de quatre vingt deux ans et qui a été victime d’un Accident Vasculaire Cérébral (AVC) en 2013, a renoncé Lundi 11 Mars 2019 à briguer un cinquième mandat mais il reste à la tête de l’exécutif. L’élection présidentielle programmée le 18 avril 2019 a été repoussée sine die.

Jeudi 14 Mars 2019, Hocine Kheldoun, un responsable du Front de Libération Nationale (FLN) au pouvoir, a déclaré sur la chaîne de télévision Ennahar Télévision que le président Abdelaziz Bouteflika faisait maintenant partie de l’histoire.

Hocine Kheldoun, ancien porte-parole du FLN, a ajouté que le FLN devait se tourner vers l’avenir et répondre aux espérances des manifestants.

« Fin de partie, Abdelaziz Bouteflika n’a pas d’autre choix que de démissionner maintenant », a par ailleurs commenté un ancien membre du gouvernement qui a requis l’anonymat.

Les opposants ont dénoncé une demi-mesure, voire un piège, après le retrait d’Abdelaziz Bouteflika des élections présidentielles et le report du scrutin et leur appel à manifester Vendredi 15 Mars 2019 a été largement entendu.

« Ceux qui pensent que nous sommes fatigués ont tort. Nos protestations ne cesseront pas », a déclaré l’un des manifestants dans le centre d’Alger, Madjid Benzida, un médecin de trente sept ans.

Des enfants étaient venus manifester avec leurs parents. « Je veux un avenir meilleur », a dit Mohamed Kemime, dix ans, enveloppé dans le drapeau national.

« Abdelaziz Bouteflika et les siens doivent s’en aller aussi vite que possible », a lancé Yazid Ammari, un étudiant de vingt trois ans.

L’un des dirigeants religieux les plus influents du pays, Mohamed Abdelkader Haider, a lancé un appel aux manifestants pour qu’ils fassent preuve de patience. « Soyons optimistes, l’Algérie doit surmonter cette crise », a-t-il dit dans une mosquée de la ville.

Le nouveau premier ministre algérien Noureddine Bedoui a promis Jeudi 14 Mars 2019 de former un gouvernement composé notamment d’experts, où les jeunes et les femmes seront représentés, avant l’ouverture d’une conférence nationale sur la réforme de la constitution.

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14 mars 2019 4 14 /03 /mars /2019 19:22

 

 

https://www.solidarites.ch/journal/d/article/9113

 

 Lutter pour un monde plus juste

Notre rédaction s'est entretenue avec Anna Gabriel, ancienne députée de la Candidature d'Unité Populaire (CUP) au parlement de Catalogne, au sujet des procès qui se sont ouverts contre les représentants institutionnels du gouvernement catalan pour sédition.

Juan Tortosa. Dix représentants du gouvernement catalan et deux porte--paroles des mouvements sociaux, de l'Assemblée Nationale Catalane (ANC) et de l'Omnium Cultural, en prison depuis une année, sont appelés à comparaître depuis le 12 février 2019. Pourquoi ce procès ?

Anna Gabriel. Le procureur général de l'état espagnol a déposé une plainte pénale contre le gouvernement et l'ensemble du bureau du parlement de Catalogne. Ils sont accusés de rébellion et de sédition. Les deux présidents de l'ANC et de l'Omnium Cultural, associations qui comptent cent soixante mille membres, sont emprisonnés depuis le 16 octobre 2018 au motif qu'ils auraient pu inviter la population à une mobilisation, un appel jugé criminel par le procureur de l'état espagnol. Le parti d'extrême droite Vox, récemment élu au sein du parlement andalou, fait partie de l'accusation. Placé aux côtés des avocats de l'état, il demande soixante quatorze ans de prison pour les prisonniers politiques. Vox, fort de son récent succès, a été invité cette semaine au parlement européen par le parti Loi et Justice de Hongrie qui soutient littéralement que l'immigration peut amener en Europe des pandémies ou encore que la loi contre les violences de genre doit être abrogée. Ce procès signifie la défaite de la société civile. Il est la conséquence de l'irresponsabilité de nombreux dirigeants politiques de l'état espagnol, qui déclarent depuis des décennies que l'unité de l'Espagne ne peut pas être remise en cause. Donc, ce procès est un non-sens. C'est pourquoi certains défenseurs et certains accusés ont clairement déclaré vouloir accuser l'état espagnol de violations des droits fondamentaux perpétrées au nom de l'unité de l'Espagne.

Juan Tortosa. Et maintenant, que faire ?

Anna Gabriel. Il faut continuer à défendre la lutte pour les droits économiques, sociaux, culturels, civils et politiques, car elle en vaut plus que jamais la peine. Continuer à nous battre, car pour l'instant aucun argument raisonnable n'a été avancé qui indique qu'un référendum n'est pas un bon moyen de connaître le véritable appui de la population à l'indépendance de la Catalogne, une confrontation indispensable contre l'état espagnol que la CUP articule avec la nécessité de proposer des alternatives économiques au système actuel. Dans le cadre de la monarchie parlementaire, de par la genèse même de l'état espagnol, et cela nécessiterait une analyse approfondie, il y a peu d'options pour la création d'un système économique plus juste et générant moins d'inégalités. Les partis de gauche ont trop souvent relégué la question de l'indépendance à un addendum de leur lutte politique et sociale. Notre alliance avec eux passe par la reconnaissance de l'exigence de fonder la république, qui est le meilleur moyen de démocratiser l'état. Certains pourraient penser qu'il faut oublier tout ce qui s'est passé et attendre de voir si, un jour prochain, les deux tiers du congrès espagnol décident de modifier la constitution espagnole de 1978, notamment l'article stipulant que l'unité de l'état espagnol est indissoluble. Notre réponse est simple. Nous ne luttons pas pour établir un nouveau cadre territorial. Nous voulons contribuer à un monde plus juste, nous voulons mettre la vie au centre et nous désirons établir des normes juridiques et politiques qui répondent aux besoins de la majorité de la population et non des élites. Rien de tout cela n'est possible dans le cadre de l'état espagnol, malheureusement, car la tendance à l'autoritarisme est encore trop présente. Ainsi, je ne sais pas si la république catalane sera féministe, mais je sais qu'il sera possible, au moins, d'avoir un processus permettant de définir des bases constitutionnelles dans une perspective de genre. C'est déjà beaucoup plus que ce que nous avons et c'est quelque chose que nous ne pouvons ni ne devons abandonner.

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14 mars 2019 4 14 /03 /mars /2019 19:03

 

 

https://www.elwatan.com/edition/actualite/exclusif-appel-de-djamila-bouhired-a-la-jeunesse-algerienne-en-lutte-ne-les-laissez-pas-voler-votre-victoire-13-03-2019

 

Appel de Djamila Bouhired à la jeunesse algérienne en lutte, ne les laissez pas voler votre victoire

Djamila Bouhired, Icône de la révolution algérienne, appelle la jeunesse algérienne à rester mobiliser et surtout à veiller à ce qu’elle ne se laisse pas voler sa victoire. « Ne les laissez pas voler votre victoire », a-t-elle averti dans une lettre qu’elle lui a adressée Mercredi 13 Mars 2019.

Voici le texte intégral de son appel à la jeunesse algérienne.

Mes chers enfants et petits enfants, je voudrais d’abord vous dire tout mon bonheur d’être parmi vous, pour reprendre ma place de citoyenne dans ce combat de la dignité, dans une communion fraternelle.

Je voudrais vous dire toute ma gratitude pour m’avoir permis de vivre la résurrection de l’Algérie combattante, que d’aucuns avaient enterrée trop vite.

Je voudrais vous dire toute ma joie et toute ma fierté de vous voir reprendre le flambeau de vos aînés. Ils ont libéré l’Algérie de la domination coloniale. Vous êtes en train de rendre aux algériens leur liberté et leur fierté spoliées depuis l’indépendance.

Alors que les algériens pleuraient leurs chers disparus dans la liesse et la dignité retrouvée, les planqués de l’extérieur avaient déclaré une nouvelle guerre au peuple et à ses libérateurs pour s’installer au pouvoir.

Au nom d’une légitimité historique usurpée, une coalition hétéroclite formée autour du clan d’Oujda, avec l’armée des frontières encadrée par des officiers de l’armée française, et le soutien des combattants du 19 mars 1962, a pris le pays en otage.

Au nom d’une légitimité historique usurpée, ils ont traqué les survivants du combat libérateur et ils ont pourchassé, exilé et assassiné nos héros qui avaient défié la puissance coloniale avec des moyens dérisoires, armés de leur seul courage et de leur seule détermination.

Plus d’un demi siècle après la victoire sur la domination coloniale et l’accession du pays à l’indépendance, le système politique installé par la force en 1962 tente de survivre par la ruse, pour continuer à opprimer les algériens, détourner nos richesses et prolonger la tutelle néocoloniale de la France pour bénéficier encore de la protection de ses dirigeants.

Ceux qui, au nom d’un patriotisme de bazar, exigeaient la repentance de la France, ont fini par tomber les masques. Combien de dirigeants, à la retraite ou encore en activité, combien de ministres, combien de hauts fonctionnaires, combien d’officiers supérieurs de l’armée et combien de chefs de partis, se sont repliés sur l’hexagone, leur patrie de rechange et le refuge du fruit de leurs rapines ?

Dernier signe révélateur de ces liens pervers de domination néocoloniale, le soutien du président français au coup d'état programmé de son homologue algérien est une agression contre le peuple algérien et contre ses aspirations à la liberté et à la dignité. Au nom de quelle conception bien singulière de la démocratie et au nom de quelles valeurs universelles peut-on voler au secours d’un régime autoritaire, pour prolonger, hors de toute base légale, le pouvoir d’un autocrate, de sa famille, de son clan et de leurs clientèles, massivement rejetés par la volonté du peuple algérien ?

Dans son long combat libérateur, le peuple algérien ne s’est jamais trompé de cible. Si notre génération a combattu le système colonial, elle a su apprécier à sa juste valeur la solidarité active du peuple français, notamment de son avant-garde progressiste.

Mes chers enfants et petits enfants, par ce rappel historique, je voudrais attirer votre attention, vous la jeunesse algérienne en lutte, sur les dérives qui menacent votre combat.

En renouant le fil de l’histoire interrompu au mois de juillet 1962, vous avez repris le flambeau qui va éclairer le chemin de notre beau pays vers son émancipation, dans la dignité retrouvée et dans les libertés à reconquérir. Là où ils se trouvent, je suis convaincue que nos martyrs, qui avaient votre âge lorsqu’ils avaient offert leur vie pour que vive l’Algérie, ont, enfin, retrouvé la paix de l’âme.

Par votre engagement pacifique qui a désarmé la répression, par votre civisme qui a suscité l’admiration dans le monde et par cette communion fraternelle tapie dans nos cœurs et qui resurgit chaque fois que la patrie est en danger, vous avez ressuscité l’espoir, vous avez réinventé le rêve et vous nous avez permis de croire de nouveau à cette Algérie digne du sacrifice de ses martyrs et des aspirations étouffées de son peuple, une Algérie libre et prospère, délivrée de l’autoritarisme et de la rapine, et une Algérie heureuse dans laquelle tous les citoyens et toutes les citoyennes auront les mêmes droits, les mêmes devoirs et les mêmes chances, et jouiront des mêmes libertés, sans discrimination aucune.

Après des semaines d’une lutte pacifique, exemplaire dans l’histoire et de par le monde, votre mouvement est à la croisée des chemins. Sans votre vigilance, il risque de sombrer dans le catalogue des révolutions manquées.

Tapis dans l’anonymat et la clandestinité, des manipulateurs déguisés en militants, des agents-provocateurs en service commandé et des serviteurs zélés du système fraîchement repentis, tentent de détourner votre combat, pour le mener vers une impasse, dans le but de donner un sursis aux usurpateurs et de maintenir le statu quo. Des listes de personnalités confectionnées dans des laboratoires occultes circulent depuis quelques jours pour imposer, dans votre dos et contre votre volonté, une direction fantoche à votre mouvement.

Mes chers enfants et petits enfants, en quelques semaines, vous avez révélé au monde, surpris, ce que le peuple algérien avait de plus beau et de plus grand, malgré des décennies d’oppression pour vous imposer le silence.

Il vous appartient à vous qui luttez dans les universités pour une formation de qualité, dans les entreprises pour imposer vos droits syndicaux, dans les tribunaux pour faire reculer l’arbitraire et dans les hôpitaux pour exiger des soins de qualité pour tous, il vous appartient à vous les journalistes, qui traquez la vérité pour démasquer le mensonge et la manipulation, et dont certains d’entre vous l’ont payé de leur vie, il vous appartient à vous les artistes, qui mettez de la lumière dans l’obscurité de notre quotidien, il vous appartient à vous qui résistez contre la déchéance pour imposer de l’éthique, il vous appartient à vous tous de dessiner votre avenir et de donner corps à vos rêves.

Il vous appartient à vous, et à vous seuls qui luttez au quotidien, de désigner vos représentants par des voies démocratiques et dans une totale transparence.

Notre génération a été trahie. Elle n’a pas su préserver son combat contre le coup de force des opportunistes, des usurpateurs et des maquisards de la vingt cinquième heure qui ont pris le pays en otage depuis 1962. Malgré la colère du peuple qui l’a rejeté, leur dernier représentant s’accroche encore au pouvoir, dans l’illégalité, le déshonneur et l’indignité.

Ne laissez pas ses agents, camouflés dans des habits révolutionnaires, prendre le contrôle de votre mouvement de libération.

Ne les laissez pas pervertir la noblesse de votre combat.

Ne les laissez pas voler votre victoire.

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14 mars 2019 4 14 /03 /mars /2019 18:44

 

 

https://blogs.mediapart.fr/francois-bonnet/blog/130319/commercy-le-maire-fait-detruire-la-cabane-des-gilets-jaunes

 

Le maire de Commercy fait détruire la cabane des Gilets Jaunes

Trois jours après l’organisation par les Gilets Jaunes d’un référendum citoyen local, le maire divers droite de Commercy, dans le département de la Meuse, a fait détruire leur cabane, appelée le chalet de la solidarité. Installée sur une grande place en plein centre-ville, elle était devenue le lieu emblématique où se construisait une nouvelle démocratie directe.

Cela n’a pas traîné. Dimanche 10 Mars 2019, le groupe des Gilets Jaunes de Commercy, qui avait organisé la première assemblée des assemblées, au mois de janvier 2019, a tenu un premier Référendum d'Initiative Citoyenne (RIC) sur des questions locales.

Il y avait deux questions, pour ou contre le maintien de la cabane des Gilets Jaunes place Charles de Gaulle et pour ou contre une plus forte participation des habitants aux décisions qui concernent la commune, par exemple la venue d’un Mac Donald’s et la construction d’un centre nautique de douze millions d’euros. Les réponses sont sans appel. Sur près de six cent voix, sur environ trois mille cinq cent électeurs inscrits sur la ville, cinq cent trente quatre voix se prononçaient pour le maintien de la cabane et presque autant pour une plus grande implication des habitants dans les choix affectant leur ville.

Trois jours plus tard, Mercredi 13 Mars 2019, la mairie décidait de faire détruire par ses services la fameuse cabane, qui était devenue un lieu permanent de débats. Le maire divers droite, Jérôme Lefebvre, a même participé à cette destruction, en présence de forces de l’ordre et du sous-préfet de la Meuse. À deux jours de la fin du Grand Débat National (GDN), il est donc clairement signifié que le temps est venu que chacun rentre chez soi.

« Le maire de Commercy s’enfonce dans la violence antidémocratique », écrivent les Gilets Jaunes dans un communiqué sur leur page Facebook, « en détruisant ce symbole de la lutte populaire et de la solidarité, le maire de Commercy s’affiche dans la droite ligne du gouvernement d’Emmanuel Macron, un autoritarisme borné et une absence totale de considération pour la souffrance du peuple. Face à ces despotes, il y a une seule solution, continuer le mouvement et le renforcer. D’une manière ou d’une autre nous sommes là et nous y resterons. De toute façon, notre cabane est toujours debout dans nos cœurs. La souffrance la colère et la solidarité lui servent de murs, stop aux injustices, aux violences d’état et au mépris des élus, vive l’assemblée populaire ».

Les Gilets Jaunes de Commercy, qui appelaient Mercredi 13 Mars 2019 à 19 heures à un rassemblement place Charles de Gaulle, notent que cette cabane, construite au mois de novembre 2018, était devenue « un lieu de cohésion sociale, un lieu où la parole se libère et un lieu où nous avons imaginé un autre lendemain ». C’est à la fin du mois de janvier 2019, après l’organisation de la première assemblée des assemblées qui avait réuni soixante dix délégations venues de la France entière, que le maire de Commercy avait fait connaître son intention de démolir la cabane, lors d’une rencontre avec une délégation des Gilets Jaunes.

Ces derniers avaient alors demandé un débat public avec les habitants. « Ce n’est pas les habitants de Commercy qui décident », avait répondu le maire à la délégation. D’où la préparation durant trois semaines de ce référendum local. « Nous avons organisé des réunions dans plusieurs quartiers, nous avons fait du porte-à-porte dans un premier temps pour avoir dix pour cent du corps électoral favorable à un RIC local. Nous avons continué à enregistrer les doléances des uns et des autres. Puis nous avons organisé le référendum, où seuls les habitants majeurs de Commercy pouvaient voter », raconte l’un des membres du groupe, soucieux de mettre en place un scrutin incontestable.

Depuis le mois de novembre 2018, les Gilets Jaunes de Commercy se sont distingués par l’expérimentation de nouveaux modes de décision et de représentation, création d’une assemblée populaire citoyenne, parité systématique, représentants tournants et votes pour toutes les décisions. Cet apprentissage de la démocratie directe et les appels nationaux lancés par le groupe ont eu un écho national. Le groupe de Commercy est devenu un modèle pour de nombreux autres.

Le 30 janvier 2019, Mediapart organisait son émission vidéo Mediapart Live depuis la cabane de Commercy pour donner la parole au groupe de Commercy et faire débattre ses membres entre eux et avec des chercheurs et des politologues.

Mêlant des personnes très diverses de droite et de gauche, un gaulliste social, un ancien militant du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), des militants écologistes, un ancien candidat du Mouvement de la France Insoumise (MFI) aux élections législatives et surtout beaucoup de personnes éloignées de longue date de la politique, le groupe de Commercy tente aussi de faire prospérer au niveau local cette démocratie directe. À un an des élections municipales, le maire a-t-il pris peur de cette concurrence possible ? Il ne souhaite pas s’exprimer, la municipalité s’en tenant à une occupation illégale de l’espace public et aux plaintes d’habitants contre cette cabane. Ce que tendent à démentir fortement les résultats du référendum local du Dimanche 10 Mars 2019.

Le chalet de la solidarité désormais détruit, comme cela a été le cas de la plupart des cabanes des Gilets Jaunes dans le reste de la France, le groupe entend continuer ses actions à Commercy et en France. Il participera à la deuxième assemblée des assemblées, qui se tiendra au mois d’avril 2019 à la Maison du Peuple de Saint-Nazaire. Et certains de ses membres seront à Paris Samedi 16 Mars 2019 pour le grand rassemblement national appelé par de nombreux collectifs des Gilets Jaunes.

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14 mars 2019 4 14 /03 /mars /2019 18:19

 

 

https://www.change.org/p/sos-démocratie-en-péril

 

SOS démocratie en péril

Jeudi 14 Mars 2019

En écho aux mobilisations unitaires des Gilets Jaunes, du mouvement social et des quartiers populaires,  cette pétition, à l'initiative d'une centaine d'intellectuels et de militants, préconise de constituer une coordination nationale contre la répression.

Depuis l’instauration de l'état d'urgence sous la présidence de François Hollande et d’une législation liberticide par Emmanuel Macron, des milliers de citoyens, de jeunes même mineurs, de militants et d’élus notamment, ont connu le talon de fer dans le cadre d’interventions policières et de suites judiciaires, agressions physiques, blessures, morts, arrestations, perquisitions, condamnations, assignations à résidence et contrôles. Cette répression, d’abord appliquée aux quartiers populaires et aux concitoyens descendant d’immigrations et souvent originaires, comme les migrants, de pays encore soumis à la prédation néo-coloniale, s’est vue étendre à l’ensemble du mouvement social et écologique.

Les Gilets Jaunes qui, à partir des périphéries abandonnées, remobilisent le pays de manière très majoritairement pacifique, paient un lourd tribut et l’emploi d’armes meurtrières par les forces de l’ordre françaises fait l’objet de condamnations internationales, de la part du défenseur des droits, de l’Organisation des Nations Unies (ONU), du parlement européen et du Conseil de l’Europe. Une telle politique de maintien de l’ordre ne peut que favoriser la montée de l’extrême-droite.

C'est pourquoi nous militons pour qu’une campagne associant le mouvement social, les Gilets Jaunes, les quartiers populaires et les comités de soutien des victimes, articule étroitement la reconquête démocratique et celle de notre modèle social issu du Conseil National de la Résistance (CNR). Il est urgent de lancer une alerte citoyenne et de constituer une coordination qui organise des meetings nationaux et régionaux contre la répression et qui ouvre une caisse nationale de soutien aux victimes ou aux familles de victimes, alimentée en particulier par les organisations qui ont les moyens dont les syndicats, ainsi que par les citoyens.

Enfin des états généraux doivent débattre et lister des éléments programmatiques et stratégiques pour le refus du néolibéralisme autoritaire et pour la promotion d’un véritable état de droit, démocratique et émancipateur, dont l’interdiction des armes mutilantes.

Premiers signataires

Etienne Adam, Nils Andersson, Martine Boudet, Henri Braun, Pierre Cours-Salies, Alexis Cukier, Bruno Della Sudda, Didier Epsztajn, Patrick Farbiaz, Yann Fiévet, Bernard Fischer, Isabelle Garo, Karl Ghazi, Gilles Houdouin, Samy Johsua, Pierre Khalfa, Christian Laval, Olivier Le Cour Grandmaison, Patrick Le Moal, Philippe Marlière, Gustave Massiah, Bénédicte Monville, Robi Morder, Richard Neuville, Ugo Palheta, Jean-François Pellissier, Evelyne Perrin, Yves Quintal, Michèle Riot-Sarcey, Catherine Samary, Patrick Silberstein, Jean-Paul Vanhoove, Pierre Zarka

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13 mars 2019 3 13 /03 /mars /2019 19:52

 

 

https://www.elnacional.cat/es/politica/manifestacion-madrid-sabado-entitades-madrilenas_363540_102.html

 

Des dizaines d'entités madrilènes appellent à manifester Samedi 16 Mars 2019, « il y a un autre Madrid »

Le procès politique du Tribunal Suprême n’est pas seulement un procès contre les douze accusés. C’est aussi un procès contre tous les républicains des peuples de l’état espagnol. Ainsi, lors d'une conférence de presse au Théâtre du Barrio de Lavapiés, Mardi 12 Mars 2019, des dizaines d'entités madrilènes ont appelé à participer à la manifestation appelée Samedi 16 Mars 2019 par les entités souverainistes au centre de la capitale espagnole. « Il n'y a pas de démocratie sans droit à décider », affirment-ils dans leur manifeste, dans lesquels ils exigent la libération des prisonniers politiques.

Comme nous l'avons dit, plus de cinquante entités ont adhéré au manifeste, en plus d’autres organisations d'autres points de l’état, qui est toujours ouvert à davantage d'adhésions. Il y a Madrilenos por el Derecho a Decidir, la Coordination du 25 Septembre, les Marches de la Dignité, les Mères contre la Répression et Izquierda Castellana.

« Il y a un autre Madrid », a déclaré Elena Martínez, d'Izquierda Castellana et de la Coordination du 25 Septembre, qui a défendu avec acharnement le droit à décider. « Cette manifestation n'est pas seulement une manifestation de catalans à Madrid », a-t-elle insisté. Et elle a mis en garde contre la dérive autoritaire, « nous devons dire que défendre la Catalogne, c’est défendre Madrid ».

Dans le même ordre d'idées, le professeur d'université Jaime Pastor, de Madrilenos por el Derecho a Decidir, a affirmé qu'il « existe un autre Madrid très différent de Colon, très différent du bloc réactionnaire qui souhaite davantage de répression contre la Catalogne ». Le militant de Podemos a averti que « c'est le procès de plus de deux millions de personnes qui ont exercé leur droit légitime à la désobéissance civile non violente ».

Alejandra Matamoros, du Mouvement Anti Répression de Madrid, a assuré que les raisons sont nombreuses pour participer à la manifestation. « Le principe fondamental est que le droit à l'autodétermination de la Catalogne est un droit démocratique », a déclaré Alejandra Matamoros, qui a dénoncé que « depuis 1939, il n'y a pas eu un seul jour dans l’état espagnol sans prisonniers politiques. En Catalogne, ils se battent pour une république démocratique ».

Dans leur manifeste, ces entités avertissent que « ce n'est pas contre le mouvement souverainiste républicain catalan qu’on construit une alternative à ce régime et à la menace du fascisme » et elles ajoutent que « la convergence des mouvements démocratiques et républicains est nécessaire pour réaliser un projet digne pour la justice sociale ».

Le représentant de l'Assemblée Nationale Catalane (ANC) à Madrid, Jaume Bardolet, n'a pas parlé de la participation de Podemos à la manifestation. Il a dit qu'il y aura encore de nouvelles adhésions.

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13 mars 2019 3 13 /03 /mars /2019 19:17

 

 

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2019/03/12/16-mars-une-manifestation-a-madrid-qui-met-letat-en-accusation/

https://alencontre.org/europe/espagne/etat-espagnol-16-mars-une-manifestation-a-madrid-qui-met-letat-en-accusation.html

https://vientosur.info/spip.php?article14656

 

Samedi 16 Mars 2019, une manifestation à Madrid qui met l'état en accusation

Par Martì Caussa

L’Assemblée Nationale Catalane (ANC) et l'Omnium Cultural, une association, fondée en 1961, dont le but initial était la promotion de la langue catalane, avec le soutien de nombreuses associations, organisations et partis, participeront le Samedi 16 Mars 2019 à Madrid à un rassemblement pour exiger la liberté des prisonniers politiques et des indépendantistes exilés, afin de rappeler que l’autodétermination n’est pas un crime, que le droit à décider fait partie des libertés démocratiques et que le procès qui se déroule devant le Tribunal Suprême est un procès contre la démocratie et un nouvel exemple de la dérive de l'état espagnol vers l’autoritarisme et la restriction des libertés.

De nombreux autocars au départ de la Catalogne sont organisés. Nombreux sont ceux qui ont déjà réservé des billets de train et d’avion ou ont décidé de voyager en voiture. La participation de représentants d’autres villes de l'état espagnol et, en particulier, de la ville de Madrid est attendue. La manifestation débutera Samedi 16 Mars 2019 à 18 heures à la gare d’Atocha et se terminera Samedi 16 Mars 2019 vers 20 heures à la place Cibeles.

C’est la première fois que les organisations indépendantistes organisent une manifestation à Madrid. Elles le font, en outre, conjointement à différentes organisations sociales et politiques de la communauté de Madrid. Le 7 décembre 2018, pour les mêmes raisons, une marche à Bruxelles a rassemblé entre quarante cinq mille et soixante mille personnes selon les chiffres de la police municipale et fédérale. Certains secteurs indépendantistes ont accueilli initialement avec quelques réticences l’annonce de la marche du Samedi 16 Mars 2019, mais celles-ci se sont progressivement atténuées. Ces derniers jours, une forte volonté de participation s’est confirmée. Il reste difficile de prévoir le nombre de participants, bien qu’il ne fasse guère de doute que la manifestation sera importante.

Cet article entend souligner l’importance de cette initiative, tant du point de vue de la Catalogne que pour l’ensemble de l'état espagnol.

Le Tribunal Suprême de Madrid juge en ce moment douze prisonniers, inculpés pour le délit de rébellion, le parquet exigeant cent soixante dix sept ans de prison pour l’organisation du référendum du premier octobre 2017 et pour la déclaration politique d’indépendance de huit secondes le 27 octobre 2017. En ces temps difficiles, il est nécessaire que les prisonnières et les prisonniers puissent constater que les citoyens sont avec eux, comme ils ont pu le faire lors des rassemblements citoyens devant les prisons, ou comme l’ont vérifié les exilés à Bruxelles le 7 décembre 2018.

Madrid est la capitale de l'état espagnol, le domicile du roi d'Espagne, la ville du parlement et le siège des principaux médias. Il est aussi important que ces institutions puissent faire le constat de la force et de la détermination du mouvement de solidarité avec les prisonniers et pour la lutte en défense de la démocratie.

Le Samedi 16 Mars 2019 peut jouer un rôle important en favorisant la rencontre et la convergence avec des associations, des organisations et des personnes solidaires de la Catalogne, luttant contre la régression répressive de l'état espagnol et partageant le point de vue selon lequel nous devons unifier les luttes pour la démocratie et pour les droits sociaux contre le régime monarchique. On dit parfois que ces secteurs, en dehors du Pays Basque et de la Galice, n’existent pas. Mais ce n’est pas vrai. Ils sont là, ils travaillent, ils se mobilisent et il existe des possibilités qu’ils se renforcent. Des moments de convergence comme le Samedi 16 Mars 2019 peuvent aider un renforcement mutuel.

La manifestation est une occasion de montrer aux habitants de Madrid la réalité du mouvement souverainiste catalan populaire, transversal, pacifique et attaché à la démocratie. L'état et les médias ont réussi à imposer à l’opinion publique hors de Catalogne l’image déformée d’un mouvement manipulé par la bourgeoisie et ethnicisé, qui veut marginaliser le castillan et qui n’est pas solidaire avec les autres peuples de l'état espagnol. Il faut rendre visible l’affirmation formulée par Jordi Cuixart devant ses accusateurs. Nous sommes des peuples frères et ils ne réussiront pas à nous opposer.

Au cours des dernières années, qui ont été intenses, un secteur du peuple catalan s’est vu tellement attaqué par l'état qu’il se sent totalement étranger. Il considère que sa lutte n’a reçu que très peu d’appui de la part des partis, des associations et des personnes qui se déclarent démocrates. Ils sont convaincus que cela ne changera pas et ils ont finalement décidé de se déconnecter de ce qui se passe en Espagne. Cela revient à se mettre des bâtons dans les roues. Parce que l'état non seulement ne se déconnecte pas de nous, mais parce qu’il veut nous écraser et gagner le référendum que nous réclamons. Nous devons trouver des alliés parmi les autres peuples de l'état, ce qui est parfaitement possible. C’est pourquoi nous devons nouer des liens avec eux et les convaincre de l’objectif de la construction de luttes communes pour la défense de la démocratie et des droits sociaux.

De nombreuses associations, organisations et personnes dans toute l’Espagne partagent une analyse similaire et travaillent pour cette convergence.

Un bon exemple réside dans l’extrait suivant du manifeste du syndicalisme alternatif et de classe qui appelle à la manifestation du Samedi 16 Mars 2019 à Madrid, « la lutte pour le droit à l’autodétermination en Catalogne a constitué non seulement l’un des principaux facteurs politiques de déstabilisation du régime de 1978, l'année du vote de la constitution post franquiste, mais c’est aussi un nouveau terrain de lutte permettant de démasquer l’agenda caché de l'état espagnol, c’est-à-dire celui qui mobilise l’arsenal de l’exceptionnalité répressive du pouvoir législatif, médiatique, politique, judiciaire et policier, lequel, avec une intensité variable, est ensuite dirigé contre l’ensemble de la population, les mouvements et les classes laborieuses ».

C’est dans le même sens qu’ont travaillé, les signataires du manifeste No hay Justicia qui ont appelé à une manifestation à Madrid le 15 décembre 2018, « nous voulons mettre en évidence que la judiciarisation de la vie politique est un mécanisme systématiquement appliqué contre toute forme d’opposition politique qui se veut transformatrice et qui tente d’agir pour dépasser le régime de 1978 ».

Si, comme le roi Philippe VI l’a dit, n’est démocratie que ce qui est légal, si ce qui n’est pas légal est un délit, si les lois et leur interprétation sont chaque fois plus restrictive des libertés, si les manifestations pacifiques sont des tumultes et si la désobéissance est rébellion, alors tous les mouvements sociaux qui visent une transformation de l’ordre des choses sont sérieusement menacés.

Pour s’opposer à cette dérive réactionnaire de l'état, il faut plus que des résolutions de congrès, des déclarations et des interventions parlementaires. Il faut de l’action dans la rue. Cela, Podemos devrait le comprendre. Podemos est dans l’ensemble de l'état espagnol une organisation de gauche forte, qui partage théoriquement une bonne partie de ces arguments, mais qui, jusqu’à présent, est absente de la mobilisation dans la rue.

Le manifeste du syndicalisme alternatif et de classe ne s’arrête pas à des déclarations, « contre les atteintes à la souveraineté populaire, à la régression démocratique, aux coupes budgétaires, à la répression, aux privatisations et à la précarité, nous avons besoin d’œuvrer à une unification des luttes et de construire ensemble un calendrier commun des mouvements sociaux et du syndicalisme combatif afin de porter les revendications de la rue dans tous les centres de travail et dans les institutions », et il lance un appel à descendre dans les rues de Madrid le Samedi 16 Mars 2019.

Si nous ne nous mobilisons pas ensemble, nous serons écrasés séparément, en première ou en seconde instance. Le résultat de l’appel en justice des jeunes d’Altsasu devant l’Audience Nationale en est un bon exemple. Certes la bagarre de bar n’est plus qualifiée de terrorisme, mais des peines de deux à treize ans sont maintenues parce que l'Audience Nationale ratifie que ce fut une agression pour des raisons idéologiques, pour le fait d’avoir blessé des gardes civils. Par contre, on ne considère pas que les policiers et les gardes civils qui ont matraqué les citoyens catalans lors du référendum du premier octobre 2017, pour le simple fait qu’ils voulaient voter, l’aient fait pour des raisons idéologiques, malgré la campagne menée autour du mot d’ordre d'en finir avec eux. Les policiers et les gardes civils l'auraient fait en défense de la démocratie.

Le Samedi 16 Mars 2019 est une bonne occasion d’essayer d’arrêter cette dynamique perverse, pour dénoncer l'utilisation de la justice pour réprimer les libertés et droits fondamentaux et pour accuser l'état espagnol et sa dérive autoritaire.

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