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21 décembre 2018 5 21 /12 /décembre /2018 18:45

 

 

https://blogs.mediapart.fr/judith-bernard/blog/181218/le-ric-nest-ni-une-baguette-magique-ni-un-piege-cons

 

Le Référendum d'Initiative Citoyenne (RIC) n'est ni une baguette magique ni un piège à cons.

Mardi 18 Décembre 2018

Depuis que la revendication d'un RIC a émergé des mobilisations des Gilets Jaunes, les prises de position se multiplient pour disqualifier cette disposition, jugée inopérante et dangereuse, quelques réflexions sur cette revendication inédite, symptôme d'une métamorphose de la mobilisation et du corps social qui la porte.

RIC, piège à cons, l'insulte fleurit sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Il faut répondre d'abord quelques mots à cette injure, révélant l'insupportable surplomb donneur de leçons d'où de nombreux gauchistes prétendent apprendre au peuple ce qu'il devrait vouloir et croient pouvoir lui infliger la vexation de voir mieux que lui les impasses où il tend à s'aventurer. A l'évidence, ces gauchistes sont bien mal placés pour donner quelque leçon d'efficience politique que ce soit. Depuis trente cinq ans que la gauche sous toutes ses formes, institutionnelles ou pas, subit d'écrasantes défaites face à l'extension de l'empire néo libéral, elle serait avisée de s'interroger sur la forme de ses propres luttes et la nature de ses revendications plutôt que de condamner ceux qui tentent de se saisir d'un nouvel outil politique.

Car il s'agit de cela, d'un outil politique. Evidemment pas d'une baguette magique, en l'état actuel du corps politique et des institutions de pouvoir qui le structurent, il risquerait bien sûr d'être inopérant. Le champ médiatique étant ce qu'il est, détenu à quatre vingt dix pour cent par les puissances du capital, n'importe quelle campagne référendaire se verrait intoxiquée par les gardiens de l'ordre néo libéral qui mobiliseraient toutes leurs ressources médiatiques pour s'efforcer de piéger le débat. Mais d'abord, s'efforcer n'est pas toujours parvenir. En 2005, les français ont trouvé d'autres voies que les médias du système pour informer leur jugement sur le projet de Traité Constitutionnel Européen (TCE) qu'on soumettait à leurs suffrages. Les médias du système roulaient massivement pour le oui et les électeurs ont massivement voté non. Déjà, donc, en 2005, les citoyens ont opposé une saine distance critique à la propagande dont on les avait abreuvés. Ils ne furent pas si cons. Que leur vote ait ensuite été foulé aux pieds par les pouvoirs institués, gouvernement et parlement ratifiant le Traité de Lisbonne, fait justement partie du problème que les Gilets Jaunes dénoncent aujourd'hui et tentent de résoudre en se dotant d'outils institutionnels susceptibles de ne pas les déposséder de leur souveraineté.

S'ils ne furent pas si cons en 2005, que dire aujourd'hui, après qu'ils ont expérimenté pendant cinq semaines l'immense mascarade de la couverture médiatique du mouvement des Gilets Jaunes ? Croit-on qu'ils conservent la moindre illusion sur les inclinations idéologiques des médiacrates, après les avoir entendus vomir leur mépris et leur peur, mentir sur les chiffres de la mobilisation, la déclarer moribonde quand elle n'était que physiquement empêchée de s'exprimer, réduits à photoshoper les pancartes des manifestants et à inverser la représentation de l'événement en ne montrant que la violence émeutière, escamotant systématiquement les violences policières qui l'avait provoquée, violences policières dont à peu près tous les Gilets Jaunes ont désormais une expérience directe et douloureuse.

Car il faut mentionner cela aussi. Les Gilets Jaunes forment une mobilisation évolutive, qui apprend jour après jour de son expérience et qui s'en trouve transformée. Tous ceux qui ont participé aux manifestations, aux occupations et aux blocages, savent désormais parfaitement à quoi s'en tenir s'agissant du rôle réel des forces de l'ordre. Plus personne n'est dupe de la rhétorique du maintien de l'ordre et chacun a pu constater que les prétendus gardiens de la paix se livrent en fait à des exactions punitives et illégales, en lieu et place des réglementaires sommations et appels à la dispersion, arrestations préventives arbitraires, notoirement abusives, violation du droit de filmer, absence du matricule réglementaire sur leurs uniformes, usage disproportionné de la force et tirs à hauteur de la tête.

Les Gilets Jaunes sont on ne peut plus informés de la violence du système, de ses traquenards rhétoriques et de ses manipulations médiatiques. Quand ils réclament le RIC, c'est en connaissance de cause, en sachant dans quel paysage politique verrouillé il viendrait s'inscrire. Ils le savent, ils le disent et ils s'organisent au fur et à mesure pour tenter de déjouer les pièges que le pouvoir leur tend. Ils ont fait preuve d'une grande lucidité politique, en désavouant ceux qui s'auto proclamaient leurs représentants et qui prétendaient négocier en leur nom, alors qu'ils n'avaient aucun mandat pour le faire. Ils ont refusé les rendez-vous politiciens qui ne consentaient pas à la règle qu'ils imposent désormais comme un impératif catégorique, filmer et retransmettre en direct toute discussion entre quiconque se réclame des Gilets Jaunes et quiconque représente le pouvoir. Croit-on qu'un mouvement aussi conscient des stratégies manipulatoires du pouvoir ait la moindre naïveté vis-à-vis de l'outil politique qu'il s'agit de forger ?

Ils conçoivent le RIC comme on fabrique un pied de biche, à même de faire effraction dans la clôture du pouvoir. Ce faisant, ils se positionnent comme des braqueurs de pouvoir. C'est un braquage, qu'ils sont en train d'imaginer, un braquage de très long terme. Et comme des braqueurs, ils ne se contentent pas de construire le pied de biche, d'un métal assez robuste pour que l'effraction soit irréversible, le fameux en toute matière, pour éviter les entourloupes à la Suisse, où la fiscalité est sanctuarisée et exclue de la possibilité d'y faire une incursion référendaire. Ils travaillent au scénario du braquage, à quelles conditions, selon quelle temporalité, avec quels complices et face à quels adversaires. Quelle sera l'issue de cette réflexion, quel scénario sortira de ce brainstorming collectif et quelles initiatives concrètes ? Nul, à l'heure actuelle, ne peut le dire. Mais nul non plus ne devrait s'aviser d'insulter l'avenir, en souillant de son mépris et de sa prétendue culture politique une métamorphose collective aussi prometteuse.

Prometteuse, parce que par cette mutation les Gilets Jaunes s'arrachent à la condition infantile et geignarde où la gauche s'est enlisée depuis plus de trois décennies, implorant un peu plus de droits, un peu plus de salaires et un peu plus de répartition des richesses, auprès d'un système conçu pour que d'éventuelles concessions en la matière ne perturbent jamais la systématique reconduction au pouvoir du capital. En mettant le RIC au cœur de leurs revendications, les Gilets Jaunes ne se contentent plus de demander des droits. Ils exigent des responsabilités. Ils mettent un pied dans la porte, non plus en tant que partenaires d'éventuelles négociations, mais en tant que souverain décisionnaire. Le RIC signifie que c'est nous qui sommes souverains. C'est nous qui décidons, quelle loi doit être abrogée, quelle autre loi doit être examinée, quel élu doit être révoqué, quel article de la constitution doit être modifié et si une assemblée constituante doit être convoquée. Ils se positionnent en maîtres du jeu, capables d'exercer réellement la souveraineté que la démocratie doit leur garantir. Bien sûr ils ne deviennent pas maîtres du jeu aussitôt, mais ils revendiquent de le devenir, c'est nouveau et c'est décisif.

Que cette aspiration à la souveraineté populaire réelle fasse peur aux élites est la moindre des choses et qu'elles veuillent le récupérer à leur profit, nous allons faire un grand débat, n'est que de bonne guerre. Obtenu dans des conditions que les Gilets Jaunes commencent à revendiquer, en toutes matières et dans le cadre d'un débat équitable et éclairé, le RIC constituerait une brèche probablement à même de fissurer le capitalo-parlementarisme qui tient lieu de république et qui l'empêche de devenir une démocratie, depuis plus de deux siècles. Et bien sûr le pouvoir n'y consentira qu'en dernière extrémité, réduit à cette capitulation par un rapport de forces très supérieur à celui que les Gilets Jaunes, pourtant déjà assez impressionnants, ont réussi pour l'instant à mettre en œuvre. Mais la lutte est un très long processus, nous ne jugeons pas des ses perspectives futures à partir du cliché instantané de ses faits d'armes immédiats. Ce qui importe ici est la dynamique enclenchée par la mobilisation et la méthode explorée est inédite, puisqu'elle frappe du côté du droit constitutionnel.

Ce n'est certes pas la méthode privilégiée par la plupart des commentateurs de gauche, qui sont habitués à contester le système par son volet économique, le capitalisme, comme rapport social d'exploitation, qu'il faudrait renverser pour émanciper la multitude des exploités. Les Gilets Jaunes ne parlent pas d'eux-mêmes dans cette langue-là. Avec la revendication du RIC, ils ne se situent pas tant comme victimes économiques que comme sujet du droit constitutionnel. Le sociologue Michalis Lianos, qui a mené une enquête de terrain auprès des manifestants mobilisés dans le secteur des Champs Elysées produit à ce sujet une analyse hautement significative, « les Gilets Jaunes rejettent de façon très rigide une posture d’exclu, de victime, d’exploité et de perdant ». Ce n'est donc pas l'imaginaire de l'exploitation, auquel, à gauche, nous sommes habitués, qui structure actuellement cette mobilisation. Aussi faut-il observer et comprendre cet autre imaginaire qui est en train de le supplanter.

Il me semble qu'à travers le RIC et sa revendication de souveraineté populaire, c'est l'imaginaire de l'autonomie et de la responsabilité qui est en train de prendre corps. Le même imaginaire que Bernard Friot promeut s'agissant du champ de la valeur et du travail, appelant lui aussi les luttes à changer de braquet.

Nous ne voulons pas une meilleure répartition de la valeur, nous voulons définir la valeur nous-mêmes. Nous ne voulons pas plus de droits pour les travailleurs, nous voulons décider nous-mêmes ce qu'est le travail, ce qu'il produit et dans quelles conditions.

La gauche anticapitaliste ne devrait pas ignorer, et encore moins mépriser, ces approches politiques utilisant le levier de la souveraineté et réclamant désormais non plus des droits, mais des responsabilités. Elles manifestent une maturité dont il faut s'inspirer, au lieu de la nier en des réflexes assez condescendants. En cinq semaines, c'est perceptible dans le cheminement des revendications, cette mobilisation puissamment évolutive a déjà profondément transformé ses protagonistes. Puisse la gauche abandonner ses vieilles manies d'avant-garde prétendument éclairée, se plonger dans cette dynamique inédite et apprendre d'elle, au lieu de prétendre l'instruire. C'est la lutte, ici, qui fait école.

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21 décembre 2018 5 21 /12 /décembre /2018 18:18

 

 

Le secrétaire américain à la défense, James Mattis, démissionne (Reuters)

 

Le secrétaire américain à la défense, l'ancien général des marines James Mattis, a présenté sa démission et il quittera ses fonctions à la fin du mois de février 2018, a déclaré Donald Trump, Jeudi 20 Décembre 2018, après l'annonce par le président américain du retrait des troupes présentes en Syrie, Mercredi 19 Décembre 2018.

James Mattis a fait part de sa volonté de démissionner après s'être entretenu en tête à tête avec Donald Trump dans le bureau ovale, une discussion lors de laquelle les deux hommes ont exprimé leurs désaccords, a dit un haut représentant de la Maison Blanche.

Le choix de retirer les forces américaines de Syrie a constitué un énième point de désaccord entre James Mattis et Donald Trump, de même que le possible retrait d'une partie des troupes présentes en Afghanistan, une hypothèse dont ont fait part à Reuters deux représentants américains, Jeudi 20 Décembre 2018.

Dans sa lettre de démission, James Mattis a expliqué qu'il préférait laisser la place à un secrétaire à la défense qui partagera davantage la vision du chef de la Maison Blanche.

Le secrétaire à la défense dit sa conviction que les Etats-Unis doivent conserver des alliances fortes et respecter leurs alliés, une critique à peine voilée contre Donald Trump et ses politiques isolationnistes.

En communiquant sur Twitter ce nouveau départ au sein de son administration, Donald Trump a précisé qu'il nommerait bientôt un successeur à James Mattis.

« Le président et lui avaient des divergences sur certaines questions. Je ne sais pas si c'est lié spécifiquement à la Syrie », a dit le haut représentant de la Maison Blanche.

James Mattis explique par ailleurs dans sa lettre que les Etats-Unis doivent selon lui adopter une position ferme et sans ambiguïté contre les pays dont les intérêts stratégiques sont de plus en plus opposés à ceux de Washington, citant la Russie et la Chine.

La démission du secrétaire à la défense a été accueillie avec déception par les députés, aussi bien dans les rangs républicains que démocrates.

Le leader de la majorité républicaine au sénat, Mitch Mac Connell, a déclaré qu'il partageait l'opinion de James Mattis sur la Russie et sur l'importance des alliances internationales des Etats-Unis.

Il a souligné dans un communiqué sa grande détresse de constater que James Mattis avait démissionné à cause de divergences avec Donald Trump sur ces questions.

Le départ de James Mattis constitue « une perte importante et une nette indication que le programme de politique étrangère du président Donald Trump a échoué et continue de sombrer dans le chaos », a réagi pour sa part le démocrate Bob Menendez, qui siège à la commission sénatoriale des affaires étrangères.

L'hypothèse d'un départ de James Mattis avait pris de l'épaisseur depuis le mois d’octobre 2018 et un entretien de Donald Trump à Columbia Broadcasting System (CBS) dans lequel le président américain décrivait le général comme une sorte de démocrate qui pourrait quitter l'administration. James Mattis avait alors réagi en déclarant qu'il avait le soutien total du président. Un conseiller de la Maison Blanche a déclaré voir dans cette démission une opportunité pour les Etats-Unis.

« C'est l'occasion pour le pays tout entier d'avoir un nouveau secrétaire à la défense dont les positions seront alignées sur celles du président sur des questions majeures, qu'il s'agisse de la Syrie ou du Moyen-Orient d'un point de vue plus général », a déclaré Stephen Miller à Cable News Network (CNN).

James Mattis, de même que plusieurs conseillers à la sécurité nationale de la Maison Blanche, ont dit être opposés au retrait des troupes américaines de Syrie. De nombreux parlementaires ont aussi fait part de leur inquiétude et ils ont demandé à Donald Trump de revoir sa décision.

Le secrétaire à la défense prônait aussi le maintien d'une forte présence militaire américaine en Afghanistan afin de contraindre les insurgés taliban à venir à la table des négociations avec le gouvernement afghan.

La ministre française des armées, Florence Parly, a salué l'action de James Mattis, en soulignant l'importance du travail mené ensemble sur la Syrie.

« C'est un collègue que j'apprécie énormément et avec lequel j'ai beaucoup travaillé, c'est un grand soldat et cela a été un remarquable ministre et un partenaire de tous les instants », a-t-elle dit sur Radio Télévision Luxembourg (RTL). Florence Parly a répété que la France ne partageait pas l'opinion de Donald Trump sur le fait que la lutte contre l'Etat Islamique était terminée en Syrie.

« Nous ne partageons pas du tout l'analyse selon laquelle le califat territorial serait anéanti », a-t-elle dit, « le risque, en ne finissant pas ce travail, est de laisser perdurer des groupes et que ces groupes reprennent leurs activités et que, au-delà du califat territorial, ils puissent agir sur un territoire qui est au moins aussi grand que celui l'Europe ».

L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a également salué le travail de James Mattis, soulignant sa contribution à la préservation de l’OTAN.

« Il est respecté comme soldat et comme diplomate. Le secrétaire général de l’OTAN va continuer de travailler avec le secrétaire James Mattis jusqu'au terme de son mandat et il travaillera étroitement avec son successeur », a déclaré la porte-parole de l’OTAN, Oana Lungescu.

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 20:37

 

 

http://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/nanterre-fin-du-blocage-de-l-universite-20-12-2018-7973589.php

 

Fin du blocage de l’université de Nanterre

Nanterre, Jeudi 20 Décembre 2018, moins de cent cinquante étudiants et personnels de l’université ont participé à l'assemblée générale, alors qu’ils étaient encore entre six cent et huit cent, Mardi 18 Décembre 2018, et environ mille sept cent une semaine auparavant.

Les plus mobilisés des étudiants appellent toutefois à une nouvelle assemblée générale à la rentrée.

La contestation s’essouffle à l’université de Nanterre. Alors que l’assemblée générale de la semaine dernière avait mobilisé plus de mille sept cent étudiants, ils étaient à peine cent cinquante à voter, Jeudi 20 Décembre 2018, la levée du blocage de l'université. Un blocage commencé Lundi 10 Décembre 2018 contre l’annonce d’une augmentation des frais d’inscription pour les étudiants étrangers.

Si le mouvement a bel et bien perturbé la bonne tenue des partiels, l'université fait savoir que la plupart des examens ont bien eu lieu. Seuls quelques départements comme Sciences Economiques Gestion Mathématique Informatique (SEGMI), droit, sciences politiques et sciences psychologiques, ont été contraints d’annuler certains partiels.

« Ces partiels sont reportés et seront reprogrammés avant le 19 janvier 2019 », précise l’administration. Les étudiants eux, appellent à une nouvelle assemblée générale le 10 janvier 2019.

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 20:25

 

 

https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/14/gilets-jaunes-vingt-quatre-photographes-et-journalistes-vont-deposer-plainte-pour-violences-policieres_5397844_1653578.html

 

Vingt-quatre photographes et journalistes veulent porter plainte pour violences policières

Le gouvernement avait appelé journalistes et photographes à effectuer des signalements à la suite de nombreux témoignages d’altercations violentes avec la police lors de la manifestation du Samedi 8 Décembre 2018.

Par Simon Auffret

Confiscation de matériel, tirs de Lanceurs de Balles de Défense (LBD)dans le dos ou dans la tête et coups de matraque répétés, lors de la manifestation des Gilets Jaunes du Samedi 8 Décembre 2018, de nombreux journalistes et photographes de presse ont publiquement témoigné d’altercations parfois violentes avec les forces de l’ordre.

Photographies à l’appui, le journaliste du Parisien Yann Foreix montre sur Twitter son casque de moto endommagé par une munition de LBD, tirée par un officier d'une Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) positionné à deux mètres derrière lui. Le photographe du Journal Du Dimanche (JDD), Eric Dessons, voit à deux reprises un policier lui abattre une matraque télescopique sur la main tenant son appareil photographique. Le premier s’en sortira avec un important hématome sur la nuque et le second avec une fracture de la main et quatre semaines d’arrêt de travail.

L’avocat Jérémie Assous a envoyé, Vendredi 14 Décembre 2018, un courrier au préfet de police de Paris, Michel Delpuech, au procureur de la république de Paris, Rémy Heitz, et au ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, pour les avertir du dépôt de vingt-quatre plaintes de photographes et de journalistes pour des altercations avec les policiers.

Au moins huit de ces procédures rapportent des faits de violences avec arme, selon le courrier que le Monde a pu consulter, certaines plaintes concernent des faits antérieurs aux manifestations des Gilets Jaunes, remontant jusqu’à des violences lors des manifestations contre la loi travail, au printemps 2016.

« Au-delà de la manifestation des Gilets Jaunes, il y a de la part des forces de l’ordre un comportement identifié et similaire contre les journalistes, peu importe le lieu et le cadre », selon Jérémie Assous.

 L’Union des Photographes Professionnels (UPP), le Syndicat National des Journalistes (SNJ), Reporters Sans Frontières (RSF), la Confédération Générale du Travail (CGT) et la CGT Force Ouvrière, se porteront parties civiles sur chacune des plaintes déposées. « Des procédures individuelles de ce type auraient très peu de chances d’aboutir, mais avec une action collective le procureur ne peut ignorer la récurrence de ces faits », espère l’avocat.

Parmi les photographes prenant part à cette action figure Véronique de Viguerie, visa d’or humanitaire en 2018, qui s’est fait confisquer son matériel de protection, casques et masques à gaz, par des policiers, Samedi 8 Décembre 2018, alors qu’elle couvrait la manifestation parisienne pour le Washington Post.

Gravement blessé aux mains par un tir de grenade lors d’une précédente manifestation à Paris, le 19 avril 2018, Jan Schmidt-Whitley a lui aussi décidé de déposer plainte.

« En 2015, j’ai été blessé dans un attentat kamikaze de l’organisation Etat Islamique à la frontière turco-syrienne, sans avoir de séquelles. Aujourd’hui, je suis toujours en rééducation pour une blessure en France, causée par la police républicaine. Je trouve cela complètement absurde », témoigne le photographe de l’agence Pictorium, qui a été auditionné au mois d'août 2018 par l'Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN). Il espère que l’action collective lancée Vendredi 14 Décembre 2018 permettra de « mettre en lumière d’une manière différente, dépolitisée car non militante, la question des violences policières ».

Confrontés, au début du mouvement des Gilets Jaunes, à l’animosité des manifestants contre les médias, de nombreux journalistes et photographes chargés de suivre les cortèges font désormais également face à un durcissement de l’action des forces de l’ordre.

« La stratégie policière était différente, Samedi 8 Décembre 2018, le niveau de violence était beaucoup plus important que les week-ends précédents », témoigne Boris Kharlamoff, journaliste pour l’agence A2PRL touché par un tir de LBD dans le dos sur les Champs-Elysées. « Je leur ai montré le courrier d’accréditation que m’avait donné Libération, mais ils n’ont rien voulu savoir », rapporte le photographe Boris Allin, qui s’est fait confisquer son matériel de protection lors d’un contrôle de police dès son arrivée sur place.

L’UPP avait recensé, dès le lendemain de la manifestation, quinze altercations entre photographes journalistes et forces de l’ordre pour la seule journée du Samedi 8 Décembre 2018. Lundi 10 Décembre 2018, un communiqué commun de l’ensemble des syndicats de journalistes a évoqué une situation inédite pour la profession et il a dénoncé les dérapages inadmissibles des forces de police, notamment à Paris.

« Nous ne sommes pas les principales victimes des violences policières », tient à rappeler Pierre Morel, membre du conseil d’administration de l’UPP, « mais nous sommes les premiers à pouvoir les signaler pour les photographes et les journalistes et c’est important que cela ne devienne pas la norme ».

Lors d’une rencontre des syndicats et de Christophe Castaner, dès le 30 novembre 2018, pour évoquer les violences subies par les journalistes de la part de certains Gilets Jaunes, le ministre de l’intérieur les avait encouragés à faire remonter systématiquement les faits de violences policières, par une plainte ou un signalement à l’IGPN.

« Lorsque il y a une bavure, elle doit être sanctionnée. C’est ce que je rappelle aux forces de l’ordre régulièrement, nous avons un devoir d’exemplarité », a déclaré à cette occasion Christophe Castaner, selon un compte rendu de la réunion consulté par le Monde.

« Soyez assurés qu’en termes d’enquêtes administratives et judiciaires les plaintes seront reçues et traitées avec sévérité », s’est aussi engagé le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, en réponse à une question posée par Boris Kharlamoff lors d’une conférence de presse, Mercredi 12 Décembre 2018.

Le gouvernement propose aussi « l’accueil systématique de journalistes le souhaitant à l’arrière des dispositifs de police afin de pouvoir les protéger ». Une mesure risible pour plusieurs photographes, qui n’y voient qu’un moyen d’orienter l’information pendant les manifestations.

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 20:01

 

 

http://www.revolutionpermanente.fr/Mobilisation-a-Tolbiac-et-Paris-8-Le-NPA-mange-t-il-les-enfants

 

Mobilisation à Tolbiac et à Saint Denis, le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) mange-t-il les enfants ?

Dimanche 16 Décembre 2018, a paru, sur le site Paris Luttes Info, un article fustigeant les prétendues pratiques de noyautage et de sabordage des militants du NPA sur les sites des université de Saint-Denis et de Tolbiac. Militants du NPA, de Révolution Permanente et du Poing Levé, nous souhaitons exercer notre droit de réponse.

L’article paru sur Paris Luttes Info fait aux militants du NPA présents à Tolbiac et à Saint Denis un certain nombre de griefs, parmi lesquels le fait de tendre partout vers les mêmes objectifs, de vouloir faire croitre ses propres rangs et de tendre vers la convergence des luttes. Pour des raisons politiques assez peu explicitées, l’auteur de l’article nous reproche en fait ce que nous revendiquons de façon transparente. Que nous, militants du NPA, nous nous efforcions d’avoir une orientation commune dans toutes les universités n’est absolument pas une faute à nos yeux. Au contraire, nous avons toujours explicitement revendiqué notre volonté de forger dans la lutte une orientation collective unifiée, et non point unique, de tous les étudiants en lutte, convaincus qu’il s’agit là du fondement indispensable pour construire un rapport de force réel contre un pouvoir très organisé et unifié lui aussi, bien plus que notre camp. Comment gagner contre Emmanuel Macron si les étudiants de Tolbiac manifestent seuls le mardi pendant que les étudiants de Saint Denis manifestent seuls le mercredi ?

Dans le prolongement de cette conception, nous n’avons jamais dissimulé notre volonté de construire une organisation dotée d’un programme clair et cohérent qui soit capable de proposer dans les luttes une orientation efficace pour la victoire. Nous cherchons à convaincre loyalement de nos conceptions tous ceux aux cotés de qui nous militons sans calomnier, sans diffuser de fausses rumeurs et sans intimider aucun militant appartenant à d’autres courants politiques que le nôtre.

Ensuite, Paris Luttes Info nous accuse de vouloir tendre à la convergence des luttes. Mais c’est pour nous un motif de fierté. Le combat des Gilets Jaunes a en effet donné une signification beaucoup plus profonde et concrète à ce mot d’ordre devenu, il est vrai, une sorte de rengaine creuse au fil des mouvements sociaux cadenassés par la bureaucratie syndicale. La véritable contamination de la colère à l’œuvre dans le mouvement des Giles Jaunes exigeait que nous poussions de toutes nos forces les mouvements étudiants et lycéens naissants pour qu’ils deviennent des piliers, en propre et avec leurs revendications, de l’offensive contre le gouvernement. C’est d’ailleurs dans cette logique que nous nous sommes efforcés de construire des cortèges communs, très réussis en dépit des fortes intimidations policières, avec le comité Adama Traoré, le collectif de cheminots de l'intergare et de nombreux militants, le samedi aux côtés des Gilets Jaunes.

Mais l’article nous reproche d’avoir voulu faire des mobilisations un levier pour nos mobilisations plus larges. Là encore l’auteur est, comme il s’en rend compte d’ailleurs lui même, tristement schématique. D’une part, s’il s’imagine que les luttes plus larges et notamment celle des Gilets Jaunes sont nos mobilisations, alors il tient là un scoop et il devrait sans tarder écrire un autre article sur la question qui fera assurément grand bruit. D’autre part, faire de nos luttes un levier n’est, encore une fois, pas un problème selon nous. Nous avons une conception marxiste révolutionnaire des combats sociaux et non corporatiste, c’est-à-dire que nous pensons que chaque lutte qui combat les oppressions, l’exploitation et l’inégalité, tend à l’abolition progressive de l’ordre existant et qu’elles peuvent et doivent s’appuyer les unes sur les autres et converger pour se donner toute la force qu’elles peuvent, dans l’intérêt de tous. Emmanuel Macron, à l’instar de l’auteur, trouve également cela ignoble, c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a sollicité les bureaucraties syndicales, les vraies, afin qu’elles en appellent au calme et à la responsabilité.

Pour autant, nous ne pensons pas que cette convergence implique la dissolution des spécificités de différents mouvements dans l’horizon d’un combat commun. Selon nous, et comme nous l’avons défendu tout au long de la mobilisation, la jonction des étudiants avec les Gilets Jaunes ne peut se faire que sur la base d’intérêts communs, en cherchant à faire le pont entre les revendications des deux mouvements, sans les faire disparaître dans leur particularité.

En clair, les Gilets Jaunes ont intérêt à ne pas voir les frais d’inscription à l’université augmenter, quand bien même cette mesure ne concernerait temporairement que les étudiants étrangers, tandis que les étudiants ont intérêt à un recul de la précarité et de l’injustice fiscale. Cette logique se situe à des années lumières de l’invisibilisation des questions étudiantes qui sont essentielles et qui doivent même s’étendre, par-delà la hausse des frais d’inscription, à la revendication d’une université ouverte à toutes et tous, gratuite et émancipatrice.

Le refus de se lier aux autres secteurs est au contraire la rhétorique commune des directions syndicales. L'auteur aurait-il déjà oublié que, le 22 mars 2018, la fonction publique et les cheminots défilaient séparément et que cet argument était précisément celui de Bernadette Groison, secrétaire générale de la Fédération Syndicale Unitaire (FSU), qui rappelait amèrement que le statut des cheminots n’est pas celui de la fonction publique et qui défendait alors l’idée d’un cortège séparé contre l’avis et l’intérêt général ?

Finalement, l’auteur nous accuse de bureaucratisme, c’est-à-dire d’orchestrer en sous main l’encadrement du mouvement étudiant à des fins de contrôle et pour défendre nos intérêts. Mais n’est-ce pas là justement la définition des initiatives du Mardi 11 Décembre 2018, initiatives d’appareil qui, de l’aveu de l’auteur lui-même, ne regroupaient que des militants autonomes et qui visaient à bloquer l'université sans se soucier de l’avis du plus grand nombre. Le véritable noyautage est bien au contraire l’œuvre de ces autonomes qui font du comité de mobilisation l’instance décisionnaire de leur petit appareil politique au détriment des étudiants. Pour être bureaucrate, il n'y a pas besoin de carte.

Mais afin d’aider l’auteur à sortir de son schématisme qui manifestement l’attriste, ajoutons quelques éléments au tableau. Ce dernier néglige en effet de mentionner que ses camarades autonomes de Saint Denis, organisés dans le Syndicat Unitaire et Démocratique (SUD) des étudiants, se sont abstenus au conseil d'administration sur une motion accueillie unanimement par la bureaucratie universitaire concernant les frais d’inscription, celle là même qui par ailleurs est responsable de l’évacuation des réfugiés au printemps et de la casse des grèves étudiantes. Cette motion, visiblement bien accueillie par les autonomes élus dans les conseils, non seulement vante les réactions d’une présidence qui ne soutient en rien la mobilisation, mais elle dénonce également le blocage de l’université, invitant donc les étudiants à cesser de se mobiliser. Entre blocages minoritaires fantômes et cogestion compromettante, force nous est de reconnaître au moins que les autonomes ont une panoplie assez étoffée de méthodes.

L’auteur porte des accusations lourdes, puisqu’il nous reproche de vouloir consciemment inhiber toute volonté de lutte, mais il les étaye sur des exemples partiels et entièrement fallacieux. Loin d’affirmer que notre orientation dans l’action était irréprochable, nous avons été soumis aux aléas et aux tâtonnements inévitables qui composent toute situation de lutte, nous pouvons néanmoins revendiquer une cohérence et une stratégie. Alors que l’auteur semble avoir vu dans nos propositions l’expression de nos intrigues et de nos arrières-pensées, nous souhaitons ici éclairer sa lanterne.

Depuis le début de la mobilisation, nous avons soutenu et participé activement à l’ensemble des actions et manifestations centrées contre la hausse des frais d’inscription pour les étudiants étrangers. Nous avons par ailleurs défendu les actions et les blocages de fin de semaine, pensant qu’il s’agissait là de la meilleure stratégie pour correspondre et s’inscrire dans le tempo insufflé par la mobilisation des Gilets Jaunes. Le reste du temps, nous n’avons pas craché, mais nous avons critiqué la pertinence tactique du blocage, considérant que celui-ci devait être utilisé de façon parcimonieuse, comme un outil au service de la mobilisation, parce que telle est la question, à moins que le blocage de l’université ne soit un programme politique, dans un contexte où la présidence de Tolbiac s’échinait à nous couper l’herbe sous le pied en fermant administrativement nos sites pour en faire des universités mortes.

Nous avons défendu l’idée qu’il fallait reprendre la main sur l'université en suspendant le blocage certains jours afin de convaincre, car nous avons la faiblesse de croire que le combat que nous menons est dans l’intérêt du plus grand nombre et que ce plus grand nombre peut nous rejoindre comme il a rejoint les Gilets Jaunes. Nous sommes allé nous adresser directement aux étudiants, partout, y compris dans les filières réputées hostiles aux mouvements de grève afin de défendre nos modes d’action dont le blocage, non pas illimité mais méthodique.

Nous ne souscrirons jamais à la radicalité minoritaire qui n’est qu’une radicalité de posture, c’est-à-dire son contraire. Nous réaffirmons sans cesse la légitimité des assemblées générales, non par le goût d’un pluralisme abstrait ou par fétichisme, nous cherchons à convaincre et à emporter l’adhésion, mais parce que c’est dans les assemblées générales que se forge un moral de lutte et sur leur base que nous pouvons aller de l’avant.

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 19:35

 

 

https://www.liberation.fr/france/2018/12/19/quand-ruffin-cite-chouard-un-hommage-facheux_1698848

 

Quand François Ruffin cite Etienne Chouard, un hommage fâcheux

Par Rachid Laïreche

Une scène étrange, Mardi 18 Décembre 2018, dans une petite salle de presse du Palais-Bourbon, le Mouvement de la France Insoumise (MFI) a organisé une conférence de presse afin de présenter sa proposition de loi visant à instaurer le Référendum d'Initiative Citoyenne (RIC). Il y a huit députés sur la petite estrade. Parmi eux, il y a François Ruffin. Et l’élu de la Somme, jamais avare d’effet de style, ne s’est pas adressé à la petite poignée de journalistes face à lui, mais à la caméra de son collaborateur, un discours tourné vers l’extérieur sous le regard de ses collègues insoumis les bras croisés et la mine sérieuse et une gêne mal dissimulée face à l’envolée de François Ruffin, digne de ses prestations sur les parkings de Goodyear ou de Norauto.

Entre les mots et sa rage contre les politiciens qui se goinfrent de petits fours, le député de la Somme a rendu hommage à Etienne Chouard, le chantre du tirage au sort, qui a porté, bien avant la naissance des Gilets Jaunes, l’idée du RIC. Une dédicace qui passe mal. Pour cause, il a été un temps proche d’Alain Soral, qui avait des positions intéressantes selon lui, et au passage, il a également répandu quelques théories du complot.

François Ruffin connaît la réputation d’Etienne Chouard sur le bout des doigts. En 2013, dans un long papier sur Fakir, il soulignait sa trajectoire à sa manière, « Etienne Chouard vole d’émerveillements en indignations. C’est beau, en un sens, cela apporte de la naïveté, de la fraîcheur et de la hardiesse. Mais cela comporte une part d’errance ».

Depuis, plusieurs collègues insoumis tirent la tronche. Notamment Clémentine Autain. « Je suis évidemment en phase avec la proposition pour le RIC mais j’avoue que je n’aurais pas pris en modèle Etienne Chouard. Mais sans doute suis-je trop sensible aux dérives rouges brunes », a-t-elle tapoté sur les réseaux sociaux. D’autres élus du MFI se grattent la tête en cachette. Ils évitent de sortir publiquement, pas question de paraître divisés face au parti médiatique. Au risque de trinquer collectivement, « c’est vrai que ce n’est pas toujours évident mais tout le monde sait que François Ruffin a son style et qu’il parle très souvent en son nom », affirme un député.

Ces derniers mois, François Ruffin évite de répondre aux polémiques qui le concernent, pas cette fois. « J’ai cité Etienne Chouard dans mon discours sur le RIC. Parce que, objectivement, quel nom revient sur les ronds-points, le sien. Ce qui n’ôte rien à nos désaccords, déjà signalés ici, avec force et avec clarté, il y a plusieurs années. Depuis, Etienne Chouard a mis fin à ses étranges liens. Alors, doit-on éternellement traiter les hommes en pestiférés », a-t-il argumenté sur Twitter.

Le résultat est que François Ruffin, après avoir assuré que la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI) a enquêté sur lui et après avoir demandé la démission d’Emmanuel Macron de manière étrange, crée une nouvelle polémique.

Le député de la Somme, au-delà de sa personne, met en porte-à-faux le MFI en marchant sur un fil brûlant, persuadé que le peuple est derrière lui, au risque de trébucher et surtout de se perdre en route.

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19 décembre 2018 3 19 /12 /décembre /2018 20:27

 

 

http://revolutionpermanente.fr/Toulouse-500-Gilets-Jaunes-en-Assemblee-Generale-determines-a-poursuivre-le-mouvement

 

Cinq cent Gilets Jaunes en assemblée générale déterminés à poursuivre le mouvement

Dimanche 16 Décembre 2018, au lendemain du cinquième acte des Gilets Jaunes, une assemblée générale était appelée à Sesquières. Malgré la pluie et alors que les médias ne cessent de clamer que le mouvement s'éteint, ce sont cinq cent Gilets Jaunes qui se sont retrouvés pour organiser les prochaines échéances de la mobilisation.

Après le cinquième acte de la mobilisation des Gilets Jaunes à Toulouse, marqué, comme ailleurs en France, par une forte répression, l’heure était à la préparation des prochaines échéances. C’est ainsi que cinq cent personnes se sont rassemblées au lac de Sesquiéres en assemblée générale, Dimanche 16 Décembre 2018.

Au début de l'assemblée générale, ce sont différents secteurs qui ont pris la parole, revendiquant la convergence avec le mouvement des Gilets Jaunes contre Emmanuel Macron. Ainsi, du côté de la jeunesse, ce sont Anna et Christophe de l’université du Mirail qui ont pris la parole, mettant en avant les points de convergence entre les revendications de l'université et celles du mouvement des Gilets Jaunes. Etudiant à l'Institut d'Etudes Politiques (IEP) de Toulouse, qui s’est également mobilisé massivement avec plus d’une semaine d’occupation, Florian s’est lui aussi exprimé, énonçant les revendications démocratiques votées en assemblée générale, fin de la cinquième république, dissolution du sénat, fin des privilèges pour les représentants et justice et vérité pour l’ensemble des victimes des violences policières. Enfin, Ondine, lycéenne, a elle aussi pris la parole, alors que les lycées ont été un des secteurs à la pointe de la mobilisation, subissant au passage une effroyable répression policière, dans cette première moitié du mois de décembre 2018.

La Coordination des Intermittents et des Précaires (CIP) était également représentée par Hégoa, ainsi qu’une délégation des Street Médics, qui ont évoqué leur rôle dans les manifestations et la répression qui va crescendo contre le mouvement des Gilets Jaunes avec cent trente à cent soixante dix blessés sur Toulouse, uniquement sur la journée du Samedi 15 Décembre 2018. Une avocate s’est également exprimée sur la répression qui touche les manifestants dans la période.

Déterminés et en colère, les Gilets Jaunes toulousains s’organisent pour la suite de la mobilisation

La première des informations de cette assemblée générale, qui a duré un peu plus de deux heures trente, était structurée en deux points distincts, organisation et action, c’est que la colère et la détermination sont toujours aussi fortes, en dépit de la propagande médiatique laissant à penser que la mobilisation est quasi-terminée et malgré la forte répression contre le cinquième acte. Cette dernière question a par ailleurs été un des sujets principaux de la discussion.

Le premier point du débat a fait ressortir la volonté, chez les Gilets Jaunes toulousains, de ne pas élire de porte-paroles. L’expérience faite avec Benjamin Cauchy, qui s’était autoproclamé porte-parole avant de fonder un mouvement, très cyniquement nommé Gilets Jaunes Libres, libres de qui et de quoi, sans doute des décisions collectives prises par la base, est encore dans toutes les têtes. Une expérience qui a nourri aussi la discussion collective, pour faire émerger des alternatives. C’est ainsi que trois commissions ont été mises en place, politique, action et communication, à la fin de l'assemblée générale.

Le deuxième point a abordé là encore bien des sujets et il a fait émerger une série de revendications. Sur le plan démocratique d’abord, avec un fort rejet des institutions de la cinquième république et un débat sur les alternatives possibles au monde d'Emmanuel Macron et des capitalistes. Ici, la question du Référendum d'Initiative Citoyenne (RIC) a été largement abordée et, malgré les limites du RIC sur le plan démocratique, c’est aujourd’hui une revendication largement partagée par les Gilets Jaunes. La question des hausses de salaires et des pensions, revendication centrale de la lutte contre la vie chère en général, a également été un point central de la discussion.

Enfin, et alors que les troupes de Christophe Castaner opèrent, en parallèle, des opérations de déblocages des ronds points partout en France, la question des actions a été bien entendu un moment fort de l'assemblée générale. Ainsi, des propositions de blocages de ronds points ont également été proposées, mais aussi de points économiques stratégiques.

Là aussi, c’est l’expérience pratique du terrain qui s’exprime, avec un bilan positif tiré des expériences de blocage des sites d’Airbus, d’Amazon ou encore de Monsanto, dans Toulouse et sa périphérie. La question de la grève générale était ainsi dans toutes les têtes, avec la volonté de se coordonner et de taper tous ensemble sur le même clou pour faire plier définitivement Emmanuel Macron. C’est le sens de l’intervention, par exemple, de Gaëtan, ouvrier dans une usine de sous-traitance dans l’aéronautique, et dont l’intervention a été très largement applaudie.

Si le débat a été largement dominé par des discussions, propositions et alternatives très progressistes tout au long de l'assemblée générale, à l’opposé de l’image que les médias dépeignent de la mobilisation, où les Gilets Jaunes sont considérés comme une masse informe, véhiculant des idées réactionnaires et ne proposant aucune solution de sortie de crise, un paradoxe est à souligner.

En effet, alors qu’il y a une forte volonté de démocratie interne au mouvement, la principale limite de l'assemblée générale a été la quasi-impossibilité de proposer des actions, des revendications et des propositions de structuration, au vote. Objectivement, ce paradoxe qui peut apparaître contradictoire avec cette volonté de démocratie directe à la base, est tout à fait compréhensible. En effet, bien des Gilets Jaunes se mobilisent pour la première fois, ils expérimentent de nouvelles formes de lutte et, en définitive, il n’y a pas d’éléments de tradition d’organisation des Gilets Jaunes, comme peuvent en avoir le mouvement étudiant ou le mouvement ouvrier.

Mais comme nous le voyons depuis plusieurs semaines maintenant, le mouvement des Gilets Jaunes a cette capacité à tirer collectivement les bilans et à identifier les limites, que cela soit en terme d’action comme d’organisation, pour franchir des paliers qualitatifs. Sur cette question de démocratie interne, l’exemple de l’auto-organisation étudiante peut être une source d’inspiration des Gilets Jaunes.

En effet, c'est en assemblée générale que sont non seulement décidées, mais également proposées au vote de l’ensemble des participants les modalités d’action et d’organisation, sans aucune exclusive, et tranchées par un vote à main levée. Cette forme de fonctionnement démocratique ne s’embarrasse pas des modalités soit disant démocratiques du modèle républicain, comme par exemple le vote à bulletin secret, qui individualise au maximum les prises de décisions et qui est, dans les faits, un moyen d’éviter l’échange collectif et constructif. Mais au-delà de cela, c’est aussi au niveau de la représentation et de l’organisation du combat à l’échelle nationale que le modèle étudiant peut être une source d’inspiration. Ainsi, dans les moments de lutte, ce sont les assemblées générales qui définissent les mandats et les personnes représentant les aspirations de la base dans les grandes coordinations régulièrement appelées à l’échelle nationale. A leur retour en assemblée générale, ces délégations doivent, devant tout le monde, répondre de leurs votes et de leurs prises de position dans ces cadres nationaux. La même logique vaut également pour les porte-paroles du mouvement. Et, bien entendu, les portes paroles comme les représentants des assemblées générales sont révocables à n’importe quel moment. En d’autres termes, ce mode de fonctionnement, fruit d’une tradition de mobilisation, est totalement en phase avec les aspirations démocratiques internes du mouvement des Gilets Jaunes.

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19 décembre 2018 3 19 /12 /décembre /2018 20:01

 

 

https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/18/le-premier-ministre-belge-charles-michel-annonce-sa-demission_5399480_3210.html

 

En Belgique, grande incertitude après la démission du premier ministre Charles Michel

Le premier ministre libéral, à la tête d’une coalition minoritaire, a tenté, en vain, d’obtenir une collaboration temporaire de l’opposition.

Par Jean-Pierre Stroobants

Ses tentatives de maintenir à flot un gouvernement minoritaire jusqu’aux élections législatives prévues le 26 mai 2019 ont fait long feu. Le premier ministre belge Charles Michel s’est rendu, Mardi 18 Décembre 2018, au Palais de Laeken pour présenter la démission de sa coalition au roi des belges, Philippe de Belgique. Un peu plus tard, le palais indiquait que le chef de l'état tenait sa décision en suspens. Une manière de faire baisser la pression politique, à son maximum après une après-midi de débats houleux à la chambre des députés, Mardi 18 Décembre 2018.

L’hypothèse qui semblait la plus probable était que le roi finisse, après un round de consultations et quelques jours, voire quelques heures, de réflexion par accepter cette démission, ce qui ouvrirait une période dite d'affaires courantes sous la conduite de Charles Michel, jusqu’aux élections fédérales, régionales et européennes du mois de mai 2019.

L’histoire du royaume de Belgique a été émaillée d’épisodes de ce genre, le plus long ayant duré cinq cent quarante et un jours entre 2010 et 2011. Un gouvernement d’affaires courantes ne peut plus exercer la plénitude de ses attributions mais il évite un vide institutionnel. L’équipe démissionnaire est donc tenue de prendre toutes les mesures nécessaires à assurer la continuité du fonctionnement des institutions, explique le constitutionnaliste Marc Uyttendaele. Notion imprécise, les affaires courantes permettent à la fois de gérer le quotidien, sans engagement sur le long terme, et d’affronter des situations d’urgence.

Charles Michel avait d’abord espéré échapper au débat parlementaire du Mardi 18 Décembre 2018, soutenant que l’équipe ministérielle qu’il conduisait depuis une dizaine de jours était une simple réplique de la précédente. Même si elle était désormais minoritaire, privée de sa principale composante, la Nieuw Vlaamse Alliantie (NVA), première formation de Flandre et du royaume.

Ses ministres ont quitté, Dimanche 9 Décembre 2018, la coalition à quatre qu’ils formaient avec le Mouvement Réformateur de Charles Michel, ainsi que les chrétiens-démocrates flamands et les libéraux flamands. La NVA avait exigé, en vain, que Charles Michel refuse l’adoption par la Belgique du pacte sur la migration de l’Organisation des Nations Unies (ONU), signé Lundi 10 Décembre 2018 à Marrakech.

Sans trop y croire sans doute, le premier ministre tablait néanmoins sur la loyauté de ses anciens alliés, pour voter notamment le projet de budget 2019, que la NVA avait déjà approuvé en commission. La NVA n’en avait pas l’intention, sauf si Charles Michel renonçait au pacte de l'ONU et s'il acceptait le principe d’une nouvelle révision de la structure institutionnelle du pays, avec l’hypothèse de l’instauration d’un système confédéral.

Au fil des jours, les nationalistes flamands insistaient aussi pour obtenir des élections anticipées. Ils considéraient visiblement qu’une campagne axée prioritairement sur les questions de l'immigration et de l'identité leur serait profitable et qu'elle éviterait la progression de leurs rivaux directs, les extrémistes de droite du Vlaams Belang.

Charles Michel répliquait en évoquant le chantage et les demandes inacceptables de son ancien allié, rompant ainsi le lien avec le parti de Bart De Wever. Peu désireux de courir le risque de l’impopularité, la plupart des autres partis ne voulaient pas apparaître comme ceux qui auraient provoqué des élections anticipées. Ils refusaient cependant de cautionner la prolongation d’une expérience gouvernementale contre laquelle ils ferraillaient depuis quatre ans et demi.

Ecologistes, socialistes et chrétiens démocrates francophones ont donc élaboré une liste de dossiers sur lesquels ils réclamaient un engagement précis de Charles Michel. Des demandes sur le climat, le pouvoir d’achat, des baisses de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) et les retraites, vaines pour la plupart, puisqu’elles allaient à contre-courant de toute la politique menée par la coalition au pouvoir.

Charles Michel a toutefois tenté, Mardi 18 Décembre 2018, de creuser une troisième voie, entre la démission et le gouvernement minoritaire, avec ses deux alliés, il ne totalisait plus qu’un tiers des cent cinquante sièges de la chambre. Il s’est adressé avec honnêteté et conviction, selon lui, à l’opposition pour lui lancer un appel à la collaboration dans l’intérêt de notre pays et des citoyens.

Après une suspension de séance, il a rapidement compris que ses demandes étaient inutiles, socialistes et écologistes ont déposé une motion de méfiance qui pouvait le mettre en minorité. Refusant de se soumettre à un tel vote, il déclarait, applaudi par les députés de la majorité, que « je respecte et je prends note. Je décide de présenter ma démission et je me rends immédiatement chez le roi ».

« Notre pays plonge dans l’instabilité parce que certains ont refusé la main qui leur était tendue », expliquait David Clarinval, chef du groupe du Mouvement Réformateur. Il désignait aussi la NVA « qui voulait le scalp de Charles Michel ». « Il fallait surtout qu’une politique nocive s’arrête », répliquait Ahmed Laaouej du Parti Socialiste, tandis qu’Olivier Maingain, président des centristes du Défi évoquait la lourde responsabilité de celui qui a amené la NVA au pouvoir.

La chute de la coalition signifie, en tout cas, l’abandon d’une série de projets, dont l’augmentation de certaines allocations sociales, le recrutement de policiers et des investissements dans le domaine énergétique. Si les puissantes organisations syndicales peuvent se réjouir de la mise à l’écart d’un projet de dégressivité accélérée des indemnités de chômage, elles regretteront en revanche le gel d’une négociation sur la marge salariale, la progression des salaires au-delà de l’indexation automatique de ceux-ci.

Mercredi 19 Décembre 2018, la majorité des commentateurs francophones et flamands s’entendait sur un point. La crise qui s’ouvre pourrait être très longue et elle ne s’arrêtera sans doute pas au soir du scrutin du 26 mai 2019.

L’évolution politique très divergente de la Flandre et de la Wallonie, avec une probable confirmation de la prépondérance de la NVA au nord du royaume et le glissement à gauche du sud, où écologistes et radicaux du Parti du Travail de Belgique (PTB) sont annoncés comme les vainqueurs du scrutin, devrait compliquer un peu plus la formation d’une majorité fédérale. Et donner raison, peut-être, aux nationalistes flamands qui jugent que, avec deux démocraties à ce point différentes, il faudra bien convenir, un jour, que ce royaume n’a pas d’avenir sous sa forme fédérale.

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19 décembre 2018 3 19 /12 /décembre /2018 19:36

 

 

http://merejkowskypierre.over-blog.com/2018/12/mardi-matin-appel-a-la-creation-d-une-bac-buvette-d-action-cinematographique.html

 

Mardi Matin appelle à la création de Buvettes d'Action Cinématographique (BAC)

Par Pierre Merejkowsky

Mercredi 19 Décembre 2018

Un projet pas du tout mystérieux de BAC  présenté par Pierre Merejkowsky du Comité Invisible de la rue du docteur Roux

L’humanité s’est affranchie du comité dieu, puis du comité des dix commandements, puis du comité central

Pierre Merejkowsky du Comité Invisible de la rue du docteur Roux appelle donc les professionnels et les non professionnels du cinéma à réfuter l’organisation  du cinéma dit professionnel avec ses hiérarchies de comité central de production et de réalisation, ses barrières sur les voix publiques, son salariat d'exploitation, sa spéculation fondée sur les droits d’auteur de la pensée et sa visibilité.

Il est en effet impossible de s’inscrire à une newsletter du Comité Invisible de la rue du docteur Roux.

Pierre Merejkowsky du Comité Invisible de la rue du docteur Roux appelle non pas le peuple français, mais les résidents sédentaires nomades sans papiers et avec papiers vivants sur le territoire nommé France à constituer des Buvettes d’Action Cinématographique (BAC) qui s’inspirent non pas d’un appel à une violence révolutionnaire planifiée par des cinéastes intellectuels qui appellent à la violence révolutionnaire en se gardant bien de poser eux même les bombes contraires à leurs statut d’intellectuels cinéastes qui sont là pour penser, tandis que les non penseurs exécutent et vont en prison.

Enfin je n'ai aucunement la prétention d'appeler à de nouveaux lieux de diffusion, contrairement à certains cinéastes intellectuels qui nient et donc veulent chapeauter tous les innombrables lieux de diffusion indépendante qui existent depuis des décennies hors de tout comité central dans des squats, des cafés et des associations.

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19 décembre 2018 3 19 /12 /décembre /2018 19:19

 

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Candidature_de_Coluche_lors_de_l%27%C3%A9lection_pr%C3%A9sidentielle_fran%C3%A7aise_de_1981

 

La candidature de Coluche au premier tour des élections présidentielles françaises de 1981

La candidature de Coluche au premier tour des élections présidentielles françaises de 1981 est au début une simple plaisanterie, puis elle devient sérieuse lorsque des sondages le créditent de plus de seize pour cent des intentions de vote. À partir de ce moment, diverses pressions sont exercées contre l'humoriste, incluant des menaces de mort, pour que ce dernier renonce à se présenter. Il annonce son retrait le 16 mars 1981 en affirmant avoir reçu assez de promesses de signatures pour que sa candidature soit valide.

Pour avoir parlé des diamants de Valéry Giscard d’Estaing sur l'antenne de Radio Monte Carlo (RMC) et avoir lâché « bonjour, nous sommes en direct du rocher aux putes », faisant référence au rocher de Monaco, Coluche et son assistant Romain Goupil sont renvoyés par le directeur de la radio Michel Bassi, ancien chef du cabinet de Valéry Giscard d'Estaing, le 2 février 1980, après avoir été engagés le 21 janvier 1980.

Privé de voix sur les ondes, son ami Romain Goupil, qui a déjà organisé la campagne présidentielle d’Alain Krivine en 1969, lui suggère de se présenter au premier tour des élections présidentielles françaises de 1981 afin de prendre la parole librement dans les médias et que personne ne puisse le censurer. Initialement, selon Romain Goupil, « c’était une farce, une énorme farce ».

Pendant plusieurs mois, avec Romain Goupil et son régisseur et factotum Jean-Michel Vaguelsy, il prépare son programme et il fait convoquer la presse le 30 octobre 1980 au théâtre du Gymnase. Fidèle à lui-même, revêtu d'une veste queue-de-pie sur sa salopette et d'une écharpe tricolore, sa déclaration de candidature « bleu blanc merde » ne manque pas de saveur, « j'appelle les fainéants, les crasseux, les drogués, les alcooliques, les pédérastes, les femmes, les parasites, les jeunes, les vieux, les artistes, les taulards, les gouines, les apprentis, les noirs, les piétons, les arabes, les français, les chevelus, les fous, les travestis, les anciens communistes, les abstentionnistes convaincus et tous ceux qui ne comptent pas pour les hommes politiques, à voter pour moi, à s'inscrire dans leurs mairies et à colporter la nouvelle. Tous ensemble pour leur foutre au cul avec Coluche. Le seul candidat qui n'a aucune raison de vous mentir ».

Il lance également son slogan de campagne, « jusqu’à présent la France est coupée en deux, avec moi elle sera pliée en quatre ».

Il s'y jette avec ardeur, bientôt soutenu par Paul Lederman sous la bannière de la dérision et patronné par Cavanna en tête et l'équipe d'Hara-Kiri, dont Gébé. Coluche est depuis longtemps un compagnon de route des romans-photos et des bouclages du journal bête et méchant. Il sera le candidat nul, avec pour tout programme « d'emmerder la droite jusqu’à la gauche ».

Au début, tout le monde croit au canular et au coup médiatique, mais le 14 décembre 1980, un sondage publié par le Journal Du Dimanche (JDD) le crédite de seize pour cent des intentions de vote. C'est une interprétation biaisée, car la question formulée par le sondage était « pourriez-vous envisager de voter pour Coluche ». C'est la panique chez les principaux candidats. Coluche reconsidère alors le sérieux de sa candidature et il décide de s'y engager véritablement. Plusieurs sondages le placent quasiment en troisième position, avec dix à douze pour cent des intentions de vote. Ainsi le sondage présidentiel de l'Institut Français d'Opinion Publique (IFOP) pour le Point réalisé du 26 décembre 1980 au 2 janvier 1981 donne trente deux pour cent des intentions de vote pour Valéry Giscard d'Estaing, dix huit pour cent pour François Mitterrand, quatorze pour cent pour Georges Marchais, onze pour cent pour Coluche, huit pour cent pour Jacques Chirac, sept pour cent pour Michel Debré et trois pour cent pour Brice Lalonde.

Des ralliements hétéroclites soutiennent la candidature de Coluche, du poujadiste Gérard Nicoud, leader de la CIDUNATI, au comité d'intellectuels conduit par Félix Guattari, avec parmi eux Pierre Bourdieu et Gilles Deleuze, mais aussi Alain Touraine. Le soutien de Gérard Nicoud occasionne d'ailleurs le départ de Romain Goupil, en désaccord avec Coluche sur ce rapprochement.

Brice Lalonde déclare que ce Michel Colucci est peut-être « l'un des meilleurs candidats de gauche ». Le Nouvel Observateur consacre sa une au phénomène Coluche, la même semaine que l'annonce de la candidature de François Mitterrand.

Coluche s'étant pris finalement au sérieux, sa candidature canular à l'origine se transforme en contestation du système établi, prenant une teinte populiste, « un pour tous, tous pourris », « voter pour moi, c'est voter contre la politique », proclame-t-il.

Selon Jacques Attali, dans son livre C'était François Mitterrand publié en 2005, c'est lui-même, pour le compte de François Mitterrand, qui aurait piloté la candidature de Coluche. L'auteur fait remarquer que généralement le grand public ignore ce fait et soutient que « dès le début, Coluche travaille avec son ami Jacques Attali dans le but de faire élire François Mitterrand ». Ce stratagème est confirmé par le journaliste Cyril Auffret dans sa biographie sur Jacques Attali.

François Mitterrand, le candidat du Parti Socialiste, pressent que Coluche risque de lui prendre de nombreuses voix et pourrait donc l'empêcher d'atteindre le second tour des élections présidentielles. Deux émissaires du Parti Socialiste, Gérard Colé, voire Jacques Pilhan, et Jean Glavany, sont chargés de persuader Coluche d'abandonner sa candidature qui pourrait nuire à François Mitterrand. L'humoriste se méfie et refuse l'offre. Jean-Pierre Soisson, l'émissaire de Valéry Giscard d'Estaing, est également chargé de le dissuader, en vain.

Valéry Giscard d'Estaing est depuis plusieurs années la cible de Coluche. Pour déstabiliser le président de la république, il pourrait user de l'affaire des diamants révélée par le Canard Enchaîné en 1979. Une consigne aurait alors été passée sur les trois chaînes de la télévision française et le réseau de Radio France, qui sont publiques et dont les directeurs sont nommés par l'exécutif, Coluche n'a pas droit de cité. Tandis qu'au Gymnase, le public le rappelle sur l'air de « Coluche président », le boycott des médias s'organise.

Mais il persiste et sa popularité ne faiblit pas. Des méthodes plus radicales et illégales auraient alors été employées. Le ministre de l'intérieur de l'époque, Christian Bonnet, donne l'ordre aux renseignements généraux d'espionner et de rechercher tous les faits pouvant discréditer Coluche. C'est ainsi que L'Express reçoit des informations qu'il publie le 27 décembre 1980, où l'on apprend que Coluche a été condamné à trois mille francs d'amende pour outrages à agent de la force publique.

Les choses commencent à mal tourner. Le journal Minute exhume un procès-verbal relatant un larcin de Coluche à l'âge de dix neuf ans. René Gorlin, régisseur de Coluche, est retrouvé par la police, le 27 novembre 1980, abattu de deux balles dans la nuque. Mais il semblerait que la police se garde de dire que c'est un crime passionnel, ce qui laisse Coluche supposer que ce meurtre est lié à sa candidature.

Il reçoit alors des lettres anonymes et des coups de téléphone menaçants sur les risques à conduire en moto. Il reçoit également une menace de mort signée du groupe Honneur de la Police fustigeant son rôle dans Inspecteur la Bavure.

Cependant, il est davantage un candidat à la candidature qu'un candidat au premier tour des élections présidentielles, car pour pouvoir se présenter, il lui faut réunir cinq cent signatures de parrainages, qu'il n'aura pas. Le 9 février 1981, Coluche se vante auprès de la presse anglo-saxonne d'avoir recueilli six cent trente deux promesses de signatures d'élus. Romain Goupil avouera sarcastiquement qu'il n'en avait recueilli finalement qu'une.

Coluche, victime de pressions et même de menaces, annonce le 16 mars 1981 qu'il renonce à sa candidature, sans plus d'explication que « je préfère que ma candidature s'arrête parce qu'elle commence à me gonfler » et il proclame alors son intention d'entamer une grève de la faim jusqu'à ce que cesse la censure qui le frappe à la télévision et à la radio. Il annonce cesser sa fausse grève de la faim le 29 mars 1981 après un malaise et, le 7 avril 1981, il renonce à se présenter. Il appelle à voter pour François Mitterrand qui sera élu le 10 mai 1981. Coluche est invité, le soir même, au siège du Parti Socialiste, pour fêter la victoire de la gauche.

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