Emmanuel Macron reprend les critiques de l’extrême-droite contre les Organisations Non Gouvernementales (ONG)
Après l’affaire de l’Aquarius, refusé par l’Italie et Malte, et finalement accueilli par l’Espagne, c’est au tour du bateau de l’ONG allemande Lifeline de voguer depuis six jours en mer avec à son bord deux cent trente trois migrants. Sous pression, Emmanuel Macron a accepté d’accueillir une partie des réfugiés, mais il s’est surtout illustré en reprenant les critiques de l’extrême-droite italienne en fustigeant les ONG de faire le jeu des passeurs.
La réplique est illustre. En dénonçant Mercredi 27 Juin 2018 les ONG venant au secours des migrants de faire le jeu des passeurs, Emmanuel Macron a passé un nouveau cap à droite. Car ces propos sont directement repris de son homologue italien, Matteo Salvini, leader de l’organisation d’extrême-droite de la Ligue du Nord, devenu ministre italien de l'intérieur à la suite des élections générales italiennes de 2018.
En effet, après l’épisode de l’Aquarius, Emmanuel Macron a été mis sous pression. Le ministre italien, hostile à l’accueil des migrants, avait dénoncé la posture française qui refuse l’accueil tout en renvoyant la balle à ses partenaires. En refusant d’accueillir les réfugiés de l’Aquarius, Emmanuel Macron a creusé un peu plus le fossé avec une partie de sa majorité et de son électorat de centre-gauche. Les masques sont tombés.
Dans l’affaire du Lifeline, sous pression, il a donc accepté d’accueillir une partie des réfugiés tout en dénonçant, en même temps, les pratiques des ONG en Méditerranée. De nouveau un coup à droite pour redresser la barre et s’éviter la sanction du camp de l’électorat conservateur sur lequel il compte désormais s’appuyer. Les acrobaties politiques du candidat élu face à l’extrême-droite sont de plus en plus visibles et risibles. La crise de l’accueil qui pousse les états membres de l’Union Européenne à se renvoyer la balle met à jour le vrai visage des dirigeants politiques. De l’extrême-droite populiste et xénophobe de Matteo Salvini à Emmanuel Macron ou Angela Merkel, les différences concernant la politique migratoire s’expriment beaucoup plus sur la forme que sur le fond.
Piqués par ses déclarations, quatre organisations humanitaires françaises, Amnesty International France, le Comité Inter Mouvements Auprès Des Evacués (CIMADE), Médecins Sans Frontières (MSF) et Médecins Du Monde (MDM), ont demandé un rendez vous collectif auprès du président de la république française.
« En prétendant que les ONG font le jeu des trafiquants, le président de la république porte une atteinte inédite à l’action de la société civile », ont-elles déclaré dans leur communiqué. Pour elles, ces déclarations « marquent une étape supplémentaire dans le cynisme et l’hypocrisie de la politique migratoire française mais aussi européenne ». Après la loi asile et immigration, cette nouvelle crise politique autour des questions migratoires fait éclater la logique du « en même temps » et elle révèle les contradictions de la macronie.