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20 avril 2018 5 20 /04 /avril /2018 16:54

 

 

https://lundi.am/ZAD-pour-l-autodefense-et-la-communalite-par-Alessi-Dell-Umbria

 

Zone A Défendre (ZAD), pour l’autodéfense et la communalité

 

Par Alèssi Dell Umbria

 

« J’ai choisi une vie d’éleveur de brebis et de maraîcher. Avant tout, je voulais fuir le néant du salariat. Devant l’horizon saturé de la société industrielle, j’aurais pu me satisfaire d’une discrète fréquentation du vivant, un petit jardin, une petite basse-cour, deux ou trois brebis et quelques fruitiers. Mais j’ai eu le pressentiment tenace que, à ces petites fréquentations de la nature, quelque chose manque ou, plutôt, que d’une fréquentation, nous pouvons toujours nous absenter et que cela, confusément, je n’en voulais pas. Au contraire, je cherchais à être pris », écrivait Yannick Ogor dans « le paysan impossible ».

Cela fait donc onze jours que les habitants de la ZAD de Notre Dame Des Landes (NDDL) sont exposés à une attaque militaire en règle. Deux mille cinq cent gendarmes mobiles, dont des maîtres-chiens, plusieurs véhicules blindés et deux hélicoptères sont engagés dans l’opération, ainsi que des drones de surveillance. La gendarmerie mobile aura tiré huit mille grenades lacrymogènes et trois mille grenades explosives, causant deux cent blessés dont une dizaine gravement atteints. Il est même miraculeux qu’il n’y ait pas eu encore de morts dans nos rangs, vu le niveau de violence employée par les militaires. La quasi totalité des constructions en bois édifiées depuis l’automne 2012, concentrées à l’est de la route départementale 81, ont été détruites. Ne restent à ce jour que les constructions en dur que l’état va très certainement tenter d’expulser la semaine prochaine, ce qui concerne principalement la zone ouest de la ZAD, notamment les Fosses Noires, la Grée, la Wardine, Bellevue, le Liminbout et Saint Jean du Tertre.

L’injonction faite aux zadistes de signer avant le Lundi 23 Avril 2018 une convention d’occupation précaire strictement individuelle constitue la clé de voûte de l’opération, signature qui ne garantit rien vu que chaque candidature devrait être examinée et éventuellement validée par les services préfectoraux en fonction de la validité économique du projet. On ne saurait être plus insultant, alors que les habitants de la ZAD avaient publié au mois de janvier 2018 une déclaration en six points dans laquelle ils affirmaient leur volonté de poursuivre en commun l’expérience ouverte par cinq années d’occupation et de solidarité. Les projets agricoles viables que le gouvernement exige, ce sont des projets d’exploitation individuelle et donc compatibles avec la politique agricole en vigueur. Les habitants de la ZAD devraient donc se livrer pieds et poings liés aux services administratifs précisément chargés de piloter la liquidation du monde paysan et se soumettre à leurs normes et à leurs procédures ubuesques faites pour ne laisser subsister qu’une agro-industrie. Que la préfète Nicole Klein ait été auparavant en poste dans la Somme, où elle eut à traiter le dossier de la ferme des mille vaches n’a rien de fortuit. La vision macronienne du monde, entre start-up et auto entreprenariat, ne saurait admettre que perdure une quelconque forme de vie commune et autonome sur un territoire.

L’argument de la défense de la propriété privée, mis en avant par le gouvernement pour justifier cette opération, ne manque pas de sel vu que l’état a quand même bafoué ce fameux droit de propriété en expulsant jadis les paysans propriétaires de la ZAD. Mais au-delà du fait que la petite propriété individuelle ne pèse jamais bien lourd devant les exigences du capital, en l’occurrence celles d’entreprises comme Vinci, reste une question fondamentale, et qui n’a rien d’anecdotique.

C’est même une question qui se pose pratiquement dans d’innombrables luttes en défense de la terre et du territoire de par le monde. Celle qui, à l’encontre de tout régime d’appropriation privative ou étatique, revendique la communalité. L’expérience de la ZAD aura d’ores et déjà eu l’immense mérite de poser cette question ici même.

L’état a certes toutes les raisons de vouloir détruire la ZAD. D’abord, parce que l’emprise étatique sur l’espace ne peut qu’être totale. La puissance de l’état éprouve ici son point faible. Il suffit d’une faille pour compromettre toute la clôture qui comprimait les possibles. Pour que cela tienne, il ne faut aucune échappée ni aucune zone d’autonomie. L’existence des gens d’armes et de cette police d’ancien régime qui aura passé les époques est la garantie ultime de ce contrôle totalitaire.

Ensuite, parce que la liquidation des mondes paysans menée depuis cinquante ans sous le nom de politique agricole ne peut tolérer aucune expérimentation libre. L’état admet à la marge l’existence d’exploitations agricoles biologiques. En aucun cas il ne tolère que des gens s’organisent et instaurent un rapport commun à la terre, au risque que se constitue une paysannerie d’un genre inédit. Le seul modèle autorisé est celui de la grande exploitation agro-industrielle tandis que la petite exploitation familiale ployant sous les charges et les crédits, source d’enrichissement sans fin pour diverses banques, n’en finit pas d’agoniser. Dans ce contexte, les expériences ouvertes sur la ZAD ont l’insolence de tracer les contours d’un autre possible.

Enfin, l’existence de la ZAD contredit toutes les politiques d’aménagement du territoire qui ont abouti à faire des campagnes une simple annexe de la métropole capitaliste. Le territoire de la ZAD et ses alentours avaient échappé au remembrement, plaie des années 1970 et des années 1980 du fait qu’ils étaient destinés à disparaître de toutes façons sous le béton aéroportuaire. Reste donc ce magnifique bocage, si rare dans une région sinistrée plusieurs décennies durant, par le remembrement, mais aussi par les constructions suburbaines, zones pavillonnaires, hangars et hubs divers, rocades et parkings. Si ce n’était les bruits d’hélicoptères et les détonations de grenades, nous serions réveillés chaque matin par le chant de milliers d’oiseaux peuplant les haies et les bosquets de la ZAD. Partout ailleurs, dans le territoire aménagé et remembré, le silence règne.

Être pris, dans des attachements, des liens de réciprocité, des dons et contre-dons et des amitiés éprouvées par l’action, voilà que ce qu’ont réussi à créer les habitants de la ZAD. Défendre cela vaut la peine de prendre de gros risques.

L’état tablait sur le fait que, en abandonnant le projet d’aéroport, il déconnecterait une partie du mouvement. Il est plus facile de mobiliser en négatif, contre le projet d’une multinationale, qu’en positif, en faveur de formes de vie alternatives. Dans le premier cas, l’objectif apparaît clair et net. Dans le second cas, l’objectif apparaît incertain et en plein devenir. Pour autant, la solidarité avec les habitants de la ZAD est là, qui ne se dément pas.

La manifestation du Samedi 14 Avril 2018 à Nantes en a apporté la preuve. Précédée d’une première manifestation des cheminots et des étudiants, qui rejoignit massivement la seconde manifestation en défense de la ZAD, elle rassembla environ dix mille personnes. Les cheminots s’engagent dans une lutte dont ils savent qu’elle sera sans retour. Les étudiants occupent plusieurs universités, malgré des agressions fascistes et des opérations d’expulsion policière. Pour tous ces gens, la ZAD est une référence puissante. La résistance zadiste rebondira sur ces luttes qui commencent.

Quand au territoire de la ZAD, il ne sera jamais pacifié. Quand bien même la soldatesque parviendrait à en expulser les habitants, aucun dispositif ne sera jamais assez étanche pour empêcher les incursions, les expéditions et les réoccupations. Que les capi mafiosi de la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA) ne se fassent pas d’illusions. Jamais aucun de leurs affidés ne pourra s’installer là-bas pour bafouer ce qui a été créé avec tant de courage et de générosité. Bellevue ne deviendra jamais la ferme des mille vaches. La paix agro industrielle ne s’imposera jamais sur ces champs.

Les gens se pressent sur les barricades menacées et ils encaissent le choc. Les renforts affluent, qui permettent aux premiers défenseurs de se reposer un peu. La boue est notre amie pour recouvrir les visières des gendarmes et le pare-brise des blindés, pour éteindre les grenades lacrymogènes, pour faire déraper les engins ennemis dans les fossés et pour faire glisser et tomber comme un château de cartes des groupes de casqués engoncés dans leur carapace, tels de gros cafards lancés à travers les champs. En première ligne, la fraternité est immédiate. Quiconque est touché est aussitôt relevé, soigné et transporté à l’arrière si besoin. Les équipes des streets medics font preuve d’un dévouement et d’une efficacité admirables. En seconde ligne, qui pioche, qui scie, qui tronçonne et qui traîne des tonnes de matériel pour consolider les barricades, sur lesquelles les équipes de guet se relaient sans cesse. Les bases arrières fonctionnent, les cantines tournent à plein régime, nul ne pâtit de la faim en ces jours, les tonnes de vivres et de médicaments continuant d’affluer dans la ZAD et les lignes de communication fonctionnent tout aussi bien, à l’intérieur de la ZAD comme à l’extérieur. Radio Klaxon assure l’information en temps réel, chacun peut savoir où mettre les pieds. Les barrages installés aux carrefours sont impuissants à bloquer les allers et les venues de milliers de personnes. Le bocage est notre terrain et nous comprenons que le remembrement était aussi bien une opération de neutralisation des territoires.

L’opération contre la ZAD est aussi menée sous la pression de tout ce que la Loire-Atlantique compte de revanchards, tous ces potentats locaux qui n’ont pas digéré l’abandon de l’aéroport Vinci, de la chambre d’agriculture à la République En Marche (REM). La délégation qui s’est rendue en préfecture Mercredi 18 Avril 2018 s’est vue opposer une fin de non recevoir catégorique. Dans ce contexte, il est probable qu’une nouvelle phase de l’opération en cours débutera Lundi 23 Avril 2018.

En attendant, les habitants de la ZAD appellent tous ceux et celles qui les soutiennent à répondre à l’arbitraire préfectoral en renvoyant des centaines de formulaires, histoire de les noyer sous la paperasse.

Ces gouvernants confits dans leur arrogance de classe sous-estiment la puissance des liens qui nous attachent tous à la ZAD et qui nous porteront à la défendre quel que soit le prix à payer.

Que tous ceux et celles qui le peuvent se portent à la rescousse à partir du Lundi 23 Avril 2018. Force et courage, la ZAD doit vivre.

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20 avril 2018 5 20 /04 /avril /2018 16:24

 

 

https://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKBN1HR0EP-OFRTP

 

L’université de Tolbiac évacuée par la police (Reuters)

 

Les locaux du site universitaire de Tolbiac, à Paris, ont été évacués Vendredi 20 Avril 2018 par la police, après plusieurs semaines d’occupation par des étudiants opposés entre autres à la réforme des conditions d’accès aux études supérieures.

De cent à deux cent policiers ont participé aux opérations, qui ont commencé Vendredi 20 Avril 2018 vers 5 heures du matin dans le centre Pierre Mendès France, son nom officiel, situé dans le treizième arrondissement de Paris, a-t-on dit de source policière.

Une centaine de personnes auraient été expulsées, selon la préfecture qui précise, dans un communiqué, qu’un seul suspect aurait été interpellé, pour outrage et rébellion.

Globalement, l’opération se serait déroulée dans le calme et sans aucun incident, malgré quelques jets de projectiles dans la rue de Tolbiac, et aucun blessé ne serait à déplorer, peut-on lire dans ce même communiqué.

Toujours selon les autorités, certains occupants auraient quitté les lieux en escaladant les grilles à l’arrivée de la police et les autres, regroupés dans les amphithéâtres, auraient obtempéré sans résister aux injonctions des forces de l’ordre.

L’occupation du site, fréquenté en temps normal par environ six mille personnes chaque jour, avait débuté le 26 mars 2018.

« Partout, l’état de droit sera rétabli », a réagi via Twitter le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, qui avait tenu un discours similaire devant les députés, Mercredi 18 Avril 2018.

« Désormais, le site de Tolbiac sera repris par l’université qui le fermera pour des raisons de sécurité et de remise en état, suite aux dégradations des occupants », peut-on lire dans un communiqué de son ministère.

Les autorités ont organisé des visites du site haut de vingt deux étages, dont les murs étaient par endroits couverts de graffitis et le sol couvert d’objets en tout genre.

 

Selon le président de l’université Panthéon Sorbonne, Georges Haddad, les dégâts causés au cours du mois se chiffrent à plusieurs centaines de milliers d’euros et les travaux de rénovation effectués ces deux dernières années, pour un montant de huit cent mille euros, ont été réalisés en pure perte.

« La tâche va être immense pour remettre tout cela en ordre », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

« Il est clair que l’occupation était loin d’être pacifique », a encore dit le président de l’université, qui réclamait depuis deux semaines l’intervention de la préfecture de police.

Il a ajouté que la direction ferait en sorte que les examens, censés débuter dans une dizaine de jours, se déroulent dans les meilleures conditions possibles, sans préciser dans quels locaux.

Depuis le début de la contestation, qui a pris racine notamment à Montpellier, d’autres facultés ont été occupées entièrement ou partiellement, comme à Nanterre, à Toulouse, à Bordeaux et même à l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Paris.

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19 avril 2018 4 19 /04 /avril /2018 19:26

 

 

https://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKBN1HP27T-OFRTP

 

Gérard Collomb veut rétablir l'état de droit dans les universités (Reuters)

 

Le ministre français de l'intérieur, Gérard Collomb, s’est déclaré Mercredi 18 Avril 2018 déterminé à rétablir l'état de droit en réponse aux dégradations commises par des casseurs en marge du mouvement de contestation étudiant dans certaines universités.

Lors des questions d’actualité à l'assemblée nationale, il a demandé que la convergence des luttes ne soit pas synonyme de convergence des casseurs, allusion à une formule chère au Mouvement de la France Insoumise (MFI), laquelle rejette toute idée d’une instrumentalisation du mouvement étudiant.

« Ce qui s’est passé à Montpellier Samedi 14 Avril 2018 est totalement inacceptable », a dit le ministre à propos d’incidents survenus dans la ville de naissance de la contestation étudiante après l’expulsion de jeunes manifestants hostiles au nouveau système d’inscription à l’université Parcoursup.

Selon Gérard Collomb, deux cent contestataires « cagoulés, armés de pierres, de boules de peinture et d’engins incendiaires, se sont livrés à des dégradations inqualifiables » et sept membres des force de l’ordre ont été blessés.

« Partout, nous rétablirons l’état de droit et en particulier dans les universités ou une minorité empêche les étudiants de passer leur examens », a-t-il ajouté.

Le tribunal administratif de Montpellier a ordonné Mercredi 18 Avril 2018 aux occupants de l’université Paul-Valéry, foyer de la contestation étudiante contre la réforme de l’accès aux études universitaires, de libérer les lieux sans délais.

Gérard Collomb a assorti ses propos d’un avertissement à la gauche, affirmant que « chacun a le droit de manifester mais il ne faudrait pas faire en sorte que la convergence des luttes puisse être synonyme des la convergence des casseurs ».

Comme lui, certains membres de la majorité soupçonnent l’extrême gauche d’instrumentaliser le mouvement étudiant qui, aux dires de la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, ne prend pas d’ampleur.

Interrogés par Reuters, plusieurs députés du MFI ont catégoriquement repoussé toute idée de manipulation des manifestants.

« C’est un grand mépris pour les étudiants que de dire qu’ils sont instrumentalisés par le MFI », a déclaré Eric Coquerel, « attention aux théories complotistes qui font très ancien régime. Dire cela a juste l’effet contraire, c’est tellement gros que cela énerve tout le monde ».

Qualifiant ces soupçons de plaisanteries, Clémentine Autain a réaffirmé son soutien au mouvement étudiant, tout comme Bastien Lachaud, selon qui ces accusations « montrent bien qu’ils n’ont jamais organisé de mouvement étudiant ».

La ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a fait état Mercredi 18 Avril 2018 de quatre universités bloquées et d’une dizaine d’universités perturbées.

« Les choses ne se sont pas amplifiées », a-t-elle déclaré sur BFM Télévision, assurant que les examens auraient lieu. « Quand les présidents d’université font appel aux forces de l’ordre pour évacuer, c’est qu’il y a un danger pour les personnels et pour les étudiants », a-t-elle justifié.

Outre l’université Jean Jaurès de Toulouse, l’université Paul Valéry de Montpellier, l’université de sciences sociales de Rennes et l’université de Saint Denis, d’autres universités connaissent des blocages plus circonscrits dans toute la France.

A Rouen, le président de l’université Joël Alexandre a suspendu tous les cours et tous les examens du campus principal de Mont-Saint-Aignan jusqu’au Samedi 21 Avril 2018 face « aux menaces d’une extension des blocages et au risque accru de débordements ».

A Avignon, le président de l’université, Philippe Ellerkamp, a pris une décision comparable, annonçant la fermeture administrative de l’établissement jusqu’au Lundi 23 Avril 2018 à 7 heures 30 du fait du « risque d’occupation inopinée entraînant des menaces de désordre ».

A Strasbourg, le président de l’université Michel Deneken a organisé une consultation en ligne par laquelle soixante douze pour cent des étudiants ayant répondu se sont prononcés contre les blocages. « Nous devons mettre tout en oeuvre pour que le droit inaliénable d’un étudiant de terminer son année soit respecté », a-t-il dit Mercredi 18 Avril 2018, tout en excluant de recourir à la justice.

A Marseille, où le campus de l’université Saint-Charles a été ponctuellement occupé ce mois-ci, des lycéens de l’Union Nationale Lycéenne (UNL), jusqu’alors relativement absents de la contestation face à une réforme qui les concerne en premier lieu, appellent à des blocages et à des manifestations pacifiques, Jeudi 19 Avril 2018.

En Ile De France, outre l’université de Tolbiac et l’université de Saint Denis, des élèves de l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Paris ont rejoint le mouvement et ils occupent Mercredi 18 Avril 2018 le hall de leur école, un blocage partiel qui a déclenché sa fermeture par la direction pour la journée du Mercredi 18 Avril 2018.

A Nanterre, université partiellement bloquée cible d’une intervention policière la semaine dernière, le président Jean-François Balaudé a semblé Mercredi 18 Avril 2018 arrondir les angles. « Quelque chose s’exprime à travers ces blocages, une opposition à la loi relative à l’Orientation et à la Réussite des Etudiants (ORE), peut-être un malaise plus profond », a-t-il déclaré sur France Inter, appelant les bloqueurs à ne pas empêcher la tenue des examens et proposant des discussions entre tous.

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19 avril 2018 4 19 /04 /avril /2018 19:03

 

 

https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/180418/les-etudiant-e-s-ont-raison-de-se-revolter-contre-l-ordre-de-la-selection-et-de-la-rep

 

Les étudiants ont raison de se révolter contre l’ordre de la sélection et de la répression

 

Mercredi 18 Avril 2018

 

Deux cent cinquante universitaires dont Etienne Balibar, Ludivine Bantigny, Stéphane Beaud, Frédéric Lordon, Toni Negri, Danièle Linhart et Michèle Riot-Sarcey, s'insurgent contre la répression à l’œuvre aujourd’hui sur les campus. « Les mêmes arguments ou presque, cinquante ans après le mouvement du mois de mai 1968, sont resservis pour faire sonner l’heure de la matraque et pour discréditer la jeunesse », relèvent-ils.

« Des professionnels du désordre », la phrase a été lâchée par Emmanuel Macron, en direct au journal télévisé de la première chaîne de la télévision française, Jeudi 12 Avril 2018 à 13 heures, et il a persisté et signé en prime time Dimanche 15 Avril 2018. Cinquante ans après le mouvement du mois de mai 1968, ou presque, dans la droite ligne de Charles de Gaulle, Emmanuel Macron a désigné la chienlit. Mieux encore, il a envoyé les Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS) contre les campus mobilisés, après avoir déployé deux mille cinq cent gendarmes contre la Zone A Défendre (ZAD) de Notre Dame Des Landes (NDDL). Tout un programme pour qui souhaite remettre le pays en marche ou, plutôt, au pas.

Les étudiants sont vent-debout contre la loi relative à l'Orientation et à la Réussite des Etudiants (ORE), qui grave dans le marbre une sélection sociale déjà à l’œuvre dans l’université d’aujourd’hui, mais qui fermera plus encore la porte des universités aux bacheliers issus des classes et des quartiers populaires. Manipulés par de prétendus professionnels du désordre minoritaires, ces milliers de jeunes, réunis en assemblées générales, notamment à Tolbiac, Censier, Saint Denis, Nanterre, Nantes, Lyon, Strasbourg, Marseille, Rennes, Grenoble, Rouen, Poitiers, Bordeaux, Toulouse ou encore Montpellier ? Manipulés par de prétendus agitateurs professionnels, ces multiples collectifs universitaires et les personnels de plus d’une centaine de composantes disciplinaires, voire les présidents de plusieurs universités, plus de huit mille pétitionnaires qui ont déjà condamné ou d’ores et déjà décidé de boycotter le dispositif Parcoursup et ce qui l’accompagne ?

Les mêmes arguments ou presque, cinquante ans après le mouvement du mois de mai 1968, sont resservis pour faire sonner l’heure de la matraque et pour discréditer la jeunesse. Le gouvernement répond à cette dernière par le mensonge, l’infantilisation, le chantage abject aux examens et la répression brutale.

Philosophie simple et pas très innovante, révise tes examens partiels, laisse les autres penser à ta place, plie-toi dès le lycée au monde du chômage de masse, de la précarité et de la sur flexibilité, marche droit et regarde tes pieds en disant merci.

Mais cette mobilisation n’est pas seulement le fait des étudiants, des enseignants et des lycéens. C’est aussi celle des personnels administratifs, techniques et bibliothécaires, sans parler des collègues précarisés à tous les étages, toutes ces petites mains invisibles sans qui l’université ne marcherait pas, mais qui sont les premières cibles des compressions budgétaires et d’un management qui devient aussi brutal que celui qui sévit dans le privé et qui n’en peuvent plus.

Alors que dans plusieurs secteurs, la colère s’exprime contre le mal boulot et les salaires au rabais, dans la santé, les Etablissements d'Hébergement des Personnes Agées Dépendantes (EHPAD), à Air France ou le secondaire et alors que les cheminots ont entamé un bras-de-fer décisif contre Emmanuel Macron qui veut faire de la contre réforme ferroviaire l’acte fondateur de son quinquennat, le gouvernement craint comme la peste que la jonction puisse se faire entre la jeunesse et le monde du travail. C’est pour cela que le pouvoir décide de casser de l’étudiant et du gréviste à Nanterre, Lille, Strasbourg, Bordeaux, Grenoble, Lyon, Nantes, la Sorbonne et Tolbiac. Et quand ce n'est pas la police en uniforme qui frappe, c'est l'extrême droite, comme à Montpellier ou Strasbourg.

Pour toutes ces raisons, nous nous solidarisons pleinement avec la révolte étudiante actuelle, la grève des cheminots et les luttes en défense des services publics. La réponse collective doit être proportionnelle à la violence de ces attaques. Nous devons unir nos combats pour obtenir le retrait de la loi ORE, de Parcoursup, du pacte ferroviaire et de la loi asile et immigration.

Nous demandons l’arrêt de la répression et le retrait des forces de police présentes sur les campus comme à leurs abords.

Nous exigeons la libération immédiate et l’arrêt des poursuites engagées contre les jeunes et les travailleurs mobilisés et interpellés depuis le début du mouvement.

 

Premiers Signataires :

 

Etienne Balibar, Ludivine Bantigny, Emmanuel Barot, Dominique Batoux, Stéphane Beaud, Pierre Cours-Salies, Alexis Cukier, Eric Fassin, Franck Gaudichaud, Jérôme Gleizes, Nacira Guénif, Ingrid Hayes, Pierre Khalfa, Razmig Keucheyan, Stathis Kouvélakis, Thierry Labica, Olivier Le Cour Grandmaison, Danièle Linhart, Frédéric Lordon, Robi Morder, Toni Negri, Ugo Palheta, Willy Pelletier, Michèle Riot-Sarcey, Catherine Samary

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18 avril 2018 3 18 /04 /avril /2018 19:38

 

 

https://www.syllepse.net/lng_FR_srub_37_iprod_725-33-jours-qui-ebranlerent-la-sorbonne.html

 

Trente trois jours qui ébranlèrent la Sorbonne

 

Par Jean Philippe Legois

 

La Sorbonne, c’est à la fois l’alma mater, le cœur vibrant de l’ancien régime universitaire et un des nombreux centres des événements du mois de mai 1968.

Occupée pendant trente trois jours par les étudiants, les enseignants et les non enseignants, la Sorbonne est au cœur de la contestation du système universitaire et de la société tout entière. La vieille Sorbonne n’y survivra d’ailleurs pas.

Les trente trois jours d’occupation ne viennent pas de nulle part. Au-delà des cliches véhiculés de commémorations en commémorations, la Sorbonne, alors principalement université des lettres et des sciences humaines de Paris, est une des failles tectoniques d’un système d’enseignement supérieur en crise.

C’est à la Sorbonne que le syndicalisme étudiant tente des expériences de démocratie directe et qu'il revendique le pouvoir étudiant, c’est là que trouvent refuge les dissidences de gauche et que les groupes de la gauche révolutionnaire tiennent le haut du pavé.

C’est vers la Sorbonne occupée par la police le Vendredi 3 Mai 1968 que convergent les manifestations. Après la nuit des barricades du Vendredi 10 Mai 1968 et alors que la grève générale s’étend à partir du Lundi 13 Mai 1968, la Sorbonne, libérée le Lundi 13 Mai 1968, devient un point de ralliement et un symbole. Durant trente trois jours et trente trois nuits d’occupation, étudiants et enseignants inventent une autre université, en commissions et en assemblées. Tout ce qui était en gestation dans la phase précédente fait irruption. Elle est ouverte à l’extérieur. Les lycéens, les travailleurs et la population dans sa diversité viennent faire connaissance avec ce monde étudiant, discuter politique et refaire le monde.

La Sorbonne s’organise, elle assure sa protection avec un service d’ordre, elle nourrit ses occupants et elle soigne ses blessés. La Sorbonne est un territoire libéré qui ­s’auto-administre.

Le 16 juin 1968, les étudiants quittent la Sorbonne. Mais rien ne sera plus comme avant. Au terme des trois années d’une révolution universitaire post-1968, la vieille Sorbonne se meurt et de nouvelles universités prennent la place.

Cette invitation au voyage dans l’espace sorbonnard, dans un temps court qui s’intègre dans les années 1968, se mène à partir d’archives, publiques et privées, institutionnelles et militantes.

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18 avril 2018 3 18 /04 /avril /2018 19:24

 

 

Nouvelle condamnation d'un zadiste de Notre Dame Des Landes (Reuters)

 

Un étudiant belge a été condamné Mardi 17 Avril 2018 en comparution immédiate à huit mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Nantes, au lendemain de trois autres condamnations de manifestants opposés aux expulsions des zadistes de Notre Dame Des Landes (NDDL).

Le jeune belge condamné Mardi 17 Avril 2018 était accusé d'avoir aspergé des gendarmes mobiles avec un extincteur, Dimanche 15 Avril 2018, dans la Zone A Défendre (ZAD) où devait initialement être construit un aéroport.

Le prévenu, âgé de vingt deux ans, devra purger sa peine en Belgique. Il aura également interdiction de revenir en Loire-Atlantique pendant cinq ans et il doit verser mille six cent euros de dommages et intérêts et de frais de justice aux deux gendarmes qui s'étaient constitués parties civiles.

La procureure de la république avait demandé un an de prison ferme et l'incarcération immédiate de ce jeune homme, jusqu'alors inconnu des justices françaises et belges.

« Il faut que la paix revienne sur ce territoire », avait-elle déclaré, « nous n’avons pas besoin de personnes comme lui pour venir semer le désordre et participer à une guérilla rurale ».

A l'audience, l'accusé a nié être l'auteur des violences qui lui sont reprochées.

Un autre zadiste, interpellé Dimanche 15 Avril 2018 au même endroit, a pour sa part été maintenu en détention jusqu'au 17 mai 2018, date de son nouveau procès. Il a demandé un délai supplémentaire pour préparer sa défense.

Lundi 16 Avril 2018, trois autres prévenus ont été condamnés à des peines de cinq et six mois de prison avec sursis pour avoir jeté des projectiles contre les forces de l'ordre, Samedi 14 Avril 2018 à Nantes, lors d'une manifestation de soutien aux zadistes expulsés.

Le procureur de la république avait là encore demandé des peines de prison ferme et des mandats de dépôts pour ces personnes aux casiers judiciaires pratiquement vierges.

« Il faut que les peines soient exemplaires. C’est aujourd'hui qu'il faut marquer les esprits et la loi doit avoir une fonction intimidante », avait argué le procureur de la république dans ses réquisitions.

Ces premières condamnations surviennent alors qu'un calme relatif s'est installé Mardi 17 Avril 2018 dans la ZAD de NDDL.

La préfète de Loire-Atlantique a donné Vendredi 13 Avril 2018 un nouveau délai aux zadistes pour déposer un dossier de projet agricole individuel. Celui-ci va arriver à échéance Lundi 23 Avril 2018.

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18 avril 2018 3 18 /04 /avril /2018 19:12

 

 

Les experts de l'Organisation pour l'Interdiction des Armes Chimiques (OIAC) ne sont pas à Douma (Reuters)

 

Les inspecteurs de l'OIAC ont dû reporter leur visite sur le site de l'attaque présumée à l'arme chimique du Samedi 7 Avril 2018 à Douma dans la banlieue de la capitale syrienne pour des raisons de sécurité, apprend-on auprès de spécialistes du dossier.

Une équipe de l'Organisation des Nations Unies (ONU) chargée de la sécurité qui s'est rendue Mardi 17 Avril 2018 à Douma pour étudier le terrain avant l'arrivée des inspecteurs a fait état de tirs sur le lieu prévu de leur déploiement.

Une des personnes interrogées par Reuters a déclaré à Reuters que l'équipe de l'ONU avait rencontré un problème de sécurité. Il y a eu notamment des coups de feu, a-t-on dit sans pourvoir fournir de détails supplémentaires.

Selon une autre personne au fait du dossier, l'équipe d'éclaireurs est tombée sur des manifestants qui réclamaient de l'aide et des coups de feu ont été entendus. Le personnel de l'ONU a alors quitté les lieux.

L'ambassadeur de Syrie auprès de l'ONU a déclaré Mardi 17 Avril 2018 que la mission d'enquête commencerait son travail à Douma Mercredi 18 Avril 2018 si l'équipe de sécurité de l'ONU jugeait que la situation était sûre.

Par ailleurs, une source de l'ONU a déclaré que les inspecteurs de l'OIAC ne se rendraient probablement pas à Douma Mercredi 18 Avril 2018. La source de l'ONU n'a pas donné de précisions sur l'affaire de la fusillade et elle n'a pas précisé quand les inspecteurs pourraient visiter le site. Les inspecteurs sont arrivés à Damas le week-end dernier.

L'attaque chimique présumée du Samedi 7 Avril 2018 a tué plusieurs dizaines de personnes à Douma, selon des organisations humanitaires.

Cela a conduit le groupe rebelle qui contrôlait Douma à accepter de céder le contrôle de la ville au gouvernement syrien.

Le gouvernement et ses alliés russes affirment que l'attaque de Douma a été inventée comme un prétexte pour justifier les frappes militaires menées Samedi 14 Avril 2018 par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France.

La France a déclaré qu'il était très probable que les preuves de l'attaque au gaz toxique disparaissent avant que les inspecteurs puissent atteindre la ville.

Les Etats-Unis ont accusé la Russie Lundi 16 Avril 2018 d'empêcher les inspecteurs d'atteindre le site de l'attaque présumée et ont déclaré que les russes ou les syriens avaient peut-être trafiqué des preuves sur le terrain.

Moscou nie ces accusations et met les retards sur le compte des frappes de représailles du week-end dernier.

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18 avril 2018 3 18 /04 /avril /2018 18:49

 

 

http://clubpolitiquebastille.org/spip.php?article205

 

La question de la Catalogne

 

Réunion-Débat du Club Politique Bastille (CPB) Samedi 21 Avril 2018 à 14 heures 30 au local de l’Emancipation, 8 impasse Crozatier, 75 012 Paris, RER Gare de Lyon.

Elle est ouverte à toutes et à tous.

Pour préparer la réunion-débat, Francis Pallares Aran nous a fait parvenir les éléments de présentation ci-dessous.

Quelques éclairages sur la question de la Catalogne

L'état nation est relativement récent. L’historien tchèque, Miroslav Hroch remarque « qu'au début du dix neuvième siècle, il n’y avait en Europe que huit états nations avec une langue littéraire plus ou moins développée, avec une tradition de haute culture et avec des élites gouvernementales établies ».

Il apparaît que la constitution de l'état-nation coïncide avec le développement d’une bourgeoisie nationale consciente de ses intérêts et l’essor de la révolution industrielle. Qu’en est-il du cas de l’Espagne ?

Ni au dix neuvième siècle, ni au début du vingtième siècle, la bourgeoisie libérale n’a été capable de se doter des instruments indispensables à la constitution de la nation, l’école, l’industrie et le service militaire citoyen. La restauration des Bourbons en 1874, directement pilotée depuis l'école militaire de Sandhurst en Grande Bretagne, ne parviendra pas à moderniser l'état libéral. Le philosophe Ortega y Gasset, en 1922, parlait déjà d’une « Espagne invertébrée ».

À la fin du dix neuvième siècle, deux régions industrielles modernes émergent en Espagne, la Catalogne et le Pays Basque. Progressivement un profond sentiment d’identité va se constituer contre l'invasion d’un prolétariat émigré venu des régions pauvres de la péninsule ibérique, andalous, aragonais, castillans, galiciens et murciens. Cette réaction gagne d’abord le bas clergé et elle s’étend ensuite à la hiérarchie ecclésiastique et à grande bourgeoisie industrielle, particulièrement en Catalogne. Les coutumes et la langue ne sont-elles pas menacées d’extinction ? En même temps des lettrés et des érudits vont faire renaître et/ou imaginer une histoire de la Catalogne. La grande bourgeoisie textile catalane, de son côté, va tenter constamment de faire pression sur Madrid afin de bénéficier de mesures protectionnistes. Bientôt cependant, ce régionalisme est dépassé sur sa gauche par un mouvement nationaliste, plus radical, encadrant la petite et moyenne paysannerie et la bourgeoisie.

Ce sera la constitution d'Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) conduite par le colonel Francesc Macià et ensuite par Lluis Companys. Précédé de peu par la ville basque d’Eibar, Francesc Maciá proclame la république catalane avant même Madrid, le 14 avril 1931.

Soulignons, par ailleurs, que cet indépendantisme catalan bourgeois ou petit-bourgeois s’oppose violemment dans les années 1930 aux masses prolétariennes affiliées à la Confédération Nationale du Travail (CNT) ou à la Fédération Anarchiste Ibérique (FAI).

Francisco Franco, après sa victoire du premier avril 1939, interdit toute référence aux langues, aux traditions et aux emblèmes des nationalités périphériques, les catalans, les basques et les galiciens. Le statut d’autonomie est aboli. Le président du gouvernement catalan, Lluis Companys, livré par Philippe Pétain et par la Gestapo à Francisco Franco, est torturé et fusillé. Des milliers d’exilés fuient la terreur de la Phalange. Ce qui n’empêche nullement la bourgeoisie catalane d’adhérer en masse au régime franquiste.

Le 20 novembre 1975, c'est la mort de Francisco Franco. Les discussions entre les diverses forces politiques se concluent par la constitution octroyée de 1978 et se scellent par le pacte du silence.

Juan Carlos de Bourbon, désigné par Francisco Franco, sera intronisé sans que les espagnols puissant décider du choix d’une monarchie ou du rétablissement de la république. Le 11 septembre 1977, une gigantesque manifestation se déroule à Barcelone toutes bannières catalanes déployées. Immédiatement, Adolfo Suárez et le roi octroient un semblant de statut d’autonomie à la Catalogne. Mais pour mieux noyer les particularismes catalans, basques et galiciens, ils décident de créer dix sept communautés autonomes.

Pendant vingt trois ans, Convergence i Union (CiU), une coalition démocrate-chrétienne conservatrice va diriger la Catalogne.

L'honorable président du gouvernement catalan, Jordi Pujol règnera sans partage en exacerbant un nationalisme des plus démagogiques. Il accuse Madrid de voler les catalans pendant qu’il détourne allègrement trois pour cent des marchés publics et il s’illustre dans l’évasion fiscale.

De 2011 à 2016, c’est Artur Mas, son héritier, actuellement le Parti Démocratique Européen de CATalogne (PDECAT), qui prendra le relais en opérant des coupes budgétaires drastiques et en réprimant violemment avec ses Mossos d’Esquadra toutes les manifestations de salariés et de jeunes.

La crise actuelle est née à Madrid. Après un recours du Parti Populaire, en 2010, le Tribunal Constitutionnel déclare l’inconstitutionnalité du nouveau statut de 2006 pourtant débattu et approuvé par le parlement catalan et les cortès de Madrid et ratifié par référendum. Les choses s’accélèrent à partir de l’énorme manifestation du 10 juillet 2010, rappelant celle du 11 septembre 1977, « nous sommes une nation, c'est nous qui décidons ».

D’une part, la crise de 2008 frappe violemment toutes les catégories de salariés et les jeunes, sans compter les milliers de gens expulsés de leurs logements par les banques. Ensuite la corruption du système de Jordi Pujol dégrade l’image d’Artur Mas et du catalanisme conservateur.

La CiU devient le PDECAT. Il est dépassé sur sa gauche par ERC. Enfin il apparaît une force encore plus radicalisée qui se déclare contre le système, la Candidature d’Unité Populaire (CUP).

Cela se manifeste par les symboles. Alors que dans les manifestations on ne voyait que la bannière nationale catalane, jaune à quatre bandes rouges, ce qui domine à présent c’est la bannière étoilée, au triangle bleu frappé de l’étoile blanche, que le vieux colonel Francesc Macià avait ramené de Cuba. Artur Mas, malgré son entêtement, ne peut accéder à la présidence. La CUP oppose son véto. Finalement, c’est par défaut que Carles Puigdemont accèdera à la présidence du gouvernement catalan. Dans cette surenchère clientéliste, les autonomistes catalans de la CiU se déclarent à présent nationalistes pour ne pas perdre leur électorat au profit d’ERC ou de la CUP.

La suite est connue. Malgré son interdiction, le référendum pour l’indépendance se tient le premier octobre 2017. Ensuite, c'est la proclamation de la république catalane, l'application par

Madrid de l’article cent cinquante cinq, l'état d’exception prévu dans la constitution de 1978, les arrestations des dirigeants nationalistes catalans et la fuite de Carles Puigdemont et de ses proches. Les centrales syndicales minoritaires de tendance anarcho-syndicaliste, la CNT et la Confédération Générale du Travail (CGT) appelaient à la grève générale le 3 octobre 2017 contre les violences policières.

L’Union Générale des Travailleurs (UGT) et les Commissions Ouvrières (CCOO) s'y ralliaient in extrémis. Il est à noter que les syndicats des dockers de Barcelone boycottaient les navires transportant les forces de l’ordre, la Policía Nacional et la Guardia Civil.

On ne pensait pas que le référendum pourrait avoir lieu et pourtant, malgré un déploiement de forces inouï, il s’est tenu.

Incontestablement, ce sont surtout les Comités de Défense du Référendum (CDR) qui ont été l’instrument de mobilisation de ce vote.

De fait, malgré sa violence, l'état espagnol se révèle être un état faible. Quant au gouvernement de Mariano Rajoy, il sort étrillé au profit de Ciudadanos de l'opération des élections en Catalogne. Complètement corrompu et englué dans les mensonges, il a sauté à pieds joints sur l’affaire catalane afin de masquer tous ses truandages derrière le vieil attirail chauvin hérité du franquisme. Les élections régionales du 21 décembre 2017 en Catalogne ont à nouveau confirmé une majorité indépendantiste et le Parti Populaire de Mariano Rajoy ne tient plus que par la grâce du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) et de Ciudadanos. Toutefois, et c’est à souligner, les banlieues ouvrières d’origine émigrée andalouse, murcienne et aragonaise, ont refusé le vote catalaniste et elles ont opté pour le Parti Socialiste de Catalogne (PSC) ou pour Ciutatans.

Du côté basque, le Partido Nacionalista Vasco (PNV), qui jusque-là avait soutenu le gouvernement de Mariano Rajoy, refuse à présent de voter le budget tant que l’article cent cinquante cinq demeure en vigueur. C'est la moindre des choses que pouvaient faire les nationalistes basques. Enfin, l’Allemagne d’Angela Merkel ne semble pas s’empresser de livrer Carles Puigdemont à la police espagnole. L’image de l’Union Européenne déjà peu reluisante n’en sortirait pas grandie, après le scénario écœurant de l’étranglement de la Grèce, mais sait-on jamais ?

La crise catalane pose une question plus générale. Comment des états nations comme la Belgique, le Royaume-Uni et l’Espagne, peut-être demain la France, peuvent-ils voir à nouveau ressurgir cette question au vingt et unième siècle ? Nous pouvons nous risquer à avancer une explication à trois niveaux.

D’une part la crise économique et le chômage de masse monstrueux qui frappe depuis des décennies les salariés et la jeunesse peuvent donner l’espoir ou l’illusion que, en se réfugiant dans une communauté nationale proche, on vivra mieux et dans un système plus démocratique. Le deuxième facteur qui entre probablement en jeu c’est celui de l’Union Européenne qui tend à disloquer les prérogatives des vieux états nations.

Enfin et surtout la formidable puissance des entreprises multinationales et financières du capitalisme mondial globalisé fait que les états nations apparaissent de plus en plus démunis. Google, Facebook, Arcelor-Mittal, Amazone, HSBC et Goldman Sachs, imposent à présent leurs décisions aux états.

Après tout, les penseurs libéraux, marxistes et libertaires, pour des raisons différentes, avaient envisagé la disparition des nations et des frontières. Comme le disait l’historien des relations internationales Bertrand Badie, « les frontières et les états nations ne sont pas éternelles ».

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17 avril 2018 2 17 /04 /avril /2018 19:53

 

 

Le président de l'université Panthéon Sorbonne dénonce le capharnaüm du site de Tolbiac (Reuters)

 

Le président de l'université Panthéon Sorbonne a déclaré Mardi 17 Avril 2018 qu'il pourrait faire appel au ministère de l’intérieur pour obtenir l'évacuation du site de Tolbiac, dans le treizième arrondissement de Paris, accusant les militants qui l'occupent d'avoir déjà provoqué pour près d'un million d'euros de dégâts.

« Il faut voir aujourd'hui l'état du centre, il est complètement dégradé », a indiqué Georges Haddad.

« C'est un vrai capharnaüm. La violence, la drogue et le sexe même, on me l'a dit et je crois que c'est vrai, il se passe des choses indignes », a-t-il ajouté.

« Je pense qu'on est déjà proche du million d'euros de dégâts matériels et, ce que je crains, si la police tarde à intervenir, c'est que le matériel informatique soit pillé, dévasté ou détruit », a-t-il encore dit.

« J'ai fait appel comme vous le savez à la préfecture de police pour qu'elle intervienne parce qu'il est de ma responsabilité d'assurer la sécurité des personnes et des biens. Je ne suis plus en mesure de le faire », a poursuivi Georges Haddad, qui n'a pas exclu d'interpeller directement le ministère de l’intérieur.

« C'est une question que je me pose. Vais-je être obligé de faire appel directement au ministre de l’intérieur par l’intermédiaire de mes avocats », a-t-il demandé, « je suis pénalement responsable. S'il arrive quoi que ce soit de dramatique, c'est l'université et ma modeste personne qui sommes responsables ».

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17 avril 2018 2 17 /04 /avril /2018 19:33

 

 

http://clubpolitiquebastille.org/spip.php?article207

 

Romain Goupil Mains Sales

 

Mardi 17 Avril 2018

 

Dimanche 8 Avril 2018, Romain Goupil, sur la cinquième chaîne de la télévision française, au détour d’une intervention pour défendre la réforme de la Société Nationale des Chemins de Fer (SNCF) et donc stigmatiser les grévistes, a pris Jean Luc Mélenchon à partie en ces termes, « Jean Luc Mélenchon était à l'Organisation Communiste Internationaliste (OCI) et ils étaient contre le mouvement du mois de mai 1968. Ce sont les premiers pavés que nous avons lancés, le Vendredi 10 Mai 1968. Ils nous traitaient de petit-bourgeois merdeux déjà à l’époque, ils n’ont pas manifesté le Vendredi 10 Mai 1968 et les premiers pavés que nous avons dépavés, c'était sur lui, sur eux et sur son groupe de l’OCI ».

Jean Luc Mélenchon se défendra très bien lui-même d’autant plus qu’il n’était ni à l’OCI ni à Paris à cette époque.

Mais tout en se demandant ce que ces polémiques factuelles et énervées, dignes de piliers de bar avinés à la langue pâteuse et à l'esprit brumeux, viennent faire dans une discussion sérieuse sur la défense du service public, il convient quand même de remettre les événements du passé à leur place.

Militants de l’OCI en 1968, nous tenions un meeting au Palais de la Mutualité à Paris le Vendredi 10 Mai 1968 au soir. L’objectif de ce meeting était de préparer une manifestation de grande ampleur au Quartier Latin en soutien aux étudiants, « cinq cent mille travailleurs au Quartier Latin ».

A l’issue du meeting, sur le parvis de la Mutualité, la direction de l’organisation a cru bon d’intervenir en voyant que les participants au meeting s’apprêtaient à remonter le boulevard Saint Michel pour rejoindre les barricades. C’est Clément, pseudonyme d’un des moins connus du bureau politique de l’OCI, qui prit le mégaphone. Il rappela l’objectif, une grande manifestation pour « mettre les étudiants sous la protection de la classe ouvrière » et il appela à retourner dans les usines et les banlieues pour organiser la mobilisation. L’assemblée était convaincue du bien fondé de l’objectif mais elle ne se dissolvait pas. Alors, dans un élan d’éloquence, Clément s’en prit « aux jardiniers de la lutte des classes » et il appela les militants à remonter le boulevard Saint Michel aux cris de « cinq cent mille travailleurs au Quartier Latin ». La manifestation remonta jusqu’à la hauteur de Cluny et les barricades étaient déjà montées plus loin vers Luxembourg. La manifestation se noya au milieu de la foule. Une discussion, certes vive, s’engagea par mégaphone interposé entre Claude Chisserey et Nicolas Baby, militant pabliste, futur dirigeant de l’Alliance Marxiste Révolutionnaire (AMR).

Aucun pavé ne vola alors, aucun horion ne fut échangé. Il y avait un désaccord politique évident, une discussion vive et une indécision compréhensible dans le feu de l’action. Le cortège de la Fédération des Etudiants Révolutionnaires (FER) s’éparpilla, mais tous ces membres ne rentrèrent pas immédiatement diffuser le tract en banlieue. Beaucoup se sont fondus dans la masse des jeunes étudiants et ouvriers qui tenaient les barricades.

Il est devenu de bon ton de tourner en farce les événements d’il y a cinquante ans, d’appuyer d’un ton rigolard sur les différences entre organisations et de mettre en exergue des positions et des expressions qui semblent aujourd’hui bien datées. Si l’on veut voir l’apport du mouvement du mois de mai 1968 dans les luttes et les mobilisations actuelles, il convient de contextualiser, d’analyser et d’éviter de reprendre les invectives et les injures de l’époque. On est tous le petit-bourgeois de quelqu’un mais on n’est pas tous devenus des thuriféraires d’Emmanuel Macron, lequel expose ses anciens soixante-huitards comme des trophées de l’ancien monde.

Romain Goupil a certes les idées brouillées mais il n’a pas de chance car cet épisode du mouvement du mois de mai 1968 reste dans la mémoire des militants de l’OCI d’alors, car il a largement contribué à partager cette organisation. Sur le moment la direction était divisée. Claude Chisserey, Charles Berg et Martin, voulaient participer au combat des étudiants, Stéphane Just, François de Massot et Clément, s’y opposaient. Pierre Lambert était en province à un congrès de la Confédération Générale du Travail (CGT) Force Ouvrière comme souvent. C’est Stéphane Just qui a pris la décision de se différencier radicalement du mouvement de ce soir là. Depuis le 3 mai 1968, la FER était dans toutes les actions. Jusqu’au mois de juin 1968, l’OCI et la FER participeront à toutes les manifestations. Dire que l’OCI était contre le mouvement du mois de mai 1968, c’est non seulement une contre-vérité énorme, mais c’est surtout une grande stupidité. A moins qu’en voulant ridiculiser l’histoire, l’objectif assigné à Romain Goupil est de ridiculiser toute révolte, toute grève et toute affirmation d’un espoir révolutionnaire. Il va de soi que la révolution du mois de mai 1968 est l’exact opposé de celle que son mentor préconise dans son livre dont le titre est « Révolution ».

Dire que cet événement du Vendredi 10 Mai 1968 est politiquement important, nul ne le contestera. De quoi s’agit-il en fait ? Il s’agit d’un problème auquel nous nous heurtons encore aujourd’hui, celui de la convergence des luttes. L’OCI de 1968 connaissait les récits et les théories révolutionnaires de Léon Trotski et de Vladimir Lénine. Et quand les étudiants prirent la rue au nom de « libérez nos camarades », les camarades en question étaient membres de la FER, la direction et les militants ont été pris de cours et ils ont opposé à l’explosion de vitalité, de révolte et d’espoir, une théorie qui était devenu un dogme.

Ce problème pesa lourdement dans l’histoire de l’OCI. Il ne fut jamais abordé ouvertement, car il ne pouvait que se transformer en problème de pouvoir. Les problèmes refoulés restent sur l’estomac des militants, beaucoup ne s’en sont pas remis comme Claude Chisserey, d’autres se sont éloignés et un renouvellement de plus en plus ténu s’est opéré. Le dogme s’est alourdi. Mais cela est vrai pour toute organisation qui privilégie son régime intérieur à l’irruption de la vie.

C’est pourquoi nous nous interrogeons toujours, souvent loin des organisations, non pas sur le fait de savoir si la vie sociale et politique correspond bien à la théorie, non pas sur le fait de savoir si la lutte appelle la lutte, mais nous cherchons toujours le point de convergence pour ensemble abolir l’ordre existant et construire enfin la société de nos rêves toujours renouvelés.

En conclusion, nous sommes toujours vivants, nous. Loin des ors et des projecteurs, mais libres et jamais imposés dans les média par le pouvoir, jamais aux ordres.

Plaignons Emmanuel Macron, qui voudrait une loi contre les fake news, d’avoir à son service un valet comme Romain Goupil Mains Sales qui arrange le passé à sa guise.

Premiers signataires

Michel Lanson, Jacky Assoun, Jacques Kirsner, Bruno Slama, Marie Paule Raby, Michel Pantou, Claude Deleville, Pierre Sauve, Vincent Présumey, Eva Blumenfeld, Jean Estivill, Marc Boyer

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